🌐 Dans ce nouveau numéro du Samedi Politique sur TVL, nous analysons la situation géopolitique en Ukraine, trois ans après le début du conflit.
La paix est-elle encore possible ou la guerre est-elle vouée à durer ?
Quels sont les intérêts en jeu ?
Avec notre invité, Hervé Carresse, ancien colonel de la BSSP et de l’Etat Major de l’Armée de Terre, breveté de l’Ecole de Guerre et spécialiste de la gestion de crise, nous décryptons :
Les accords sur les terres rares entre Washington et Kiev : opération stratégique ou simple communication ?
Les déclarations de Donald Trump, entre revirement sur l’aide militaire et rumeurs de proximité avec la Russie.
Les obstacles aux pourparlers de paix : que bloquent Zelensky, Poutine et les Occidentaux ?
La reprise du saillant de Koursk par la Russie et les frappes sur Odessa : quelles conséquences ?
La présence nord-coréenne aux côtés de Moscou : quel impact géopolitique ?
Au sommaire :
Analyse des déclarations de Michael Waltz, Marco Rubio, et Vladimir Poutine.
Retour sur la trêve demandée par la Russie pour le 9 mai et la réponse de Zelensky.
Le rôle de l’Europe avec les prises de position de Jean-Noël Barrot.
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🙏🏼 Merci à tous
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Les accords sur les terres rares entre Washington et Kiev : opération stratégique ou simple communication ?
Les déclarations de Donald Trump, entre revirement sur l’aide militaire et rumeurs de proximité avec la Russie.
Les obstacles aux pourparlers de paix : que bloquent Zelensky, Poutine et les Occidentaux ?
La reprise du saillant de Koursk par la Russie et les frappes sur Odessa : quelles conséquences ?
La présence nord-coréenne aux côtés de Moscou : quel impact géopolitique ?
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Analyse des déclarations de Michael Waltz, Marco Rubio, et Vladimir Poutine.
Retour sur la trêve demandée par la Russie pour le 9 mai et la réponse de Zelensky.
Le rôle de l’Europe avec les prises de position de Jean-Noël Barrot.
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NewsTranscription
00:00Générique
00:00Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouveau numéro du Samedi Politique.
00:20Cette semaine, nous allons encore évoquer l'avenir du conflit ukrainien.
00:24L'Ukraine est-elle face à sa dernière chance de faire la paix ?
00:2824 heures, puis 100 jours, tous les délais annoncés par Donald Trump sont pour le moment dépassés.
00:34Alors peut-on encore croire à une sortie de crise imminente ?
00:37Qui a intérêt à encore voir durer cette guerre ?
00:40C'est ce que nous allons voir tout de suite.
00:41Mais avant toute chose, comme chaque semaine, je compte sur vous pour le succès de cette émission.
00:46Alors bien sûr, cliquez sur le pouce en l'air pour améliorer le référencement.
00:50Laissez vos commentaires juste en dessous et puis évidemment, relayez au maximum cette émission.
00:55A tout de suite.
00:58Et à mes côtés, cette semaine, Hervé Caresse, bonjour monsieur.
01:10Bonjour.
01:10Merci beaucoup d'être avec nous.
01:12Vous êtes désormais un habitué du Samedi Politique, mais aussi du journal de TVL.
01:17Vous êtes ancien colonel de la BSPP, la brigade des sapeurs-pompiers de Paris
01:21et de l'état-major de l'armée de terre.
01:23Vous êtes aujourd'hui spécialiste de la gestion de crise, ça tombe bien.
01:26On est en plein dedans depuis plus de trois ans et on n'en sort pas.
01:29Alors aujourd'hui, Hervé Caresse, est-ce que vous avez l'impression qu'on se trouve à un moment plus proche de la paix que jamais ?
01:36Alors d'abord, sur mon CV, il faudrait rajouter que j'ai eu plusieurs métiers dans les armées
01:40et notamment que j'étais breveté de l'école de guerre et que j'étais également officier d'incentri.
01:44Sinon, les spectateurs pourraient se poser quelques questions quant à la pertinence de mes propos.
01:50Donc, votre question ?
01:52Ma question, c'est, est-ce que vous avez le sentiment, après plus de trois ans après l'entrée des troupes russes en Ukraine,
01:58que nous approchons véritablement de cette sortie de crise et que ces négociations de paix sont plus avancées qu'elles ne l'ont jamais été ?
02:04Alors, il y a une volonté très nette des Américains, de la nouvelle administration Trump,
02:09de solder, je dis bien solder, ce conflit le plus rapidement possible,
02:13qui considère comme un boulet hérité de l'administration précédente,
02:16c'est-à-dire de l'administration démocrate, pour pouvoir développer une nouvelle politique internationale
02:22avec une vision nouvelle qui se rapprochera peut-être d'ailleurs de la vision des Russes,
02:29qui est une vision de relation de nation à nation avec des sphères d'influence
02:35et notamment des sphères d'influence qui pourraient se partager entre les trois grandes puissances
02:39que sont la Chine, la Russie et bien sûr les États-Unis.
02:42Donc, il y a cette volonté qui est affichée.
02:45Le problème, c'est que dans ce jeu à trois, alors je parlerai après un peu des Européens,
02:49dans ce jeu à trois, Russie, États-Unis et puis Ukraine,
02:54il y en a un qui a une volonté affirmée de terminer le conflit,
02:57peut-être même par tous les moyens d'ailleurs, c'est les États-Unis.
03:01Ensuite, il y a deux joueurs qui jouent un rôle de poker menteur.
03:06D'abord, le président ukrainien, puisque politiquement et peut-être même physiquement,
03:11pour lui, c'est dangereux d'abonder vers une fin rapide du conflit
03:16avec une cession de territoire qui ne pourrait pas être acceptée
03:20par les franges les plus radicales des nationalistes ukrainiens
03:25et qui font partie de son entourage,
03:28et qui ont noyauté l'appareil d'État ukrainien,
03:30notamment l'appareil sécuritaire et même l'armée.
03:32Ensuite, le président russe qui est dans un momentum militaire
03:34qui fait qu'ils ont l'ascendant sur le terrain
03:37et qu'ils n'ont pas toujours conquis les limites territoriales
03:42qu'ils revendiquent, celles des quatre oblastes qu'ils ont annexées,
03:45mais qu'ils n'ont toujours pas conquis.
03:47Et donc, leur intérêt, c'est de continuer la guerre
03:50et d'attendre un hypothétique effondrement partiel
03:55de certaines zones du front à la faveur de l'épuisement
03:57des forces ukrainiennes qui seraient les résultats
03:59de la stratégie d'attrition qu'ils conduisent depuis novembre 2022.
04:03– Alors justement, cette stratégie d'attrition,
04:05on dirait qu'elle a ses limites,
04:07parce que ça fait quand même plus de trois ans
04:08qu'on nous prédisait un effondrement du front ukrainien
04:12et il n'est toujours pas intervenu.
04:14– Oui, non, mais de toute façon,
04:16il est clair que les Ukrainiens ont une capacité de résistance
04:21qui est affirmée, quoi qu'on en dise.
04:24Le front ukrainien tient toujours,
04:26malgré les difficultés matérielles et humaines
04:28qui sont celles de l'armée ukrainienne,
04:32et qu'en face, par contre, l'armée russe,
04:35contrairement à ce qui se dit sur la plupart des plateaux
04:38des grandes chaînes de télévision,
04:40notamment des chaînes 24-7,
04:42les dirigeants russes conduisent cette guerre
04:45à l'économie sur le plan humain.
04:47En fait, ils ne cherchent pas à avoir des pertes importantes
04:51comme celles qu'ils ont eues lorsqu'ils ont pris des risques énormes
04:54au début de ce conflit avec ces grandes opérations de cavalerie
04:57qu'ils ont amenées aux limites de Nikolaïev vers Odessa
05:02et ensuite qui leur ont permis d'encercler également Kiev.
05:06Donc ils sont sur une stratégie maintenant prudente
05:09qui s'inscrit dans la durée.
05:11Pourquoi ? Parce qu'on en revient toujours à Mamarod,
05:14celle des centres de gravité.
05:15Il y a un des centres de gravité qui est important pour le pouvoir russe,
05:18même si c'est un pouvoir autoritaire.
05:19C'est l'assentiment de la population par rapport à ce conflit
05:23et l'acceptation sociétale et sociale de ce conflit.
05:26Alors pour l'instant, il est clair que les volontaires,
05:29les recrues russes qui sont des volontaires,
05:31considèrent que le jeu en vaut la chandelle, entre guillemets,
05:35puisqu'on est passé, selon les renseignements américains,
05:38de 25 000 volontaires par mois en 2024 à 30 000, voire 40 000 par mois.
05:43Donc ça veut dire que les jeunes russes qui se déclarent volontaires
05:47et s'engagent dans l'armée russe pour participer à ce conflit,
05:49considèrent que le risque est quand même jouable
05:54et que surtout, ils sont partisans de cet élan patriotique.
05:57– Ce n'est pas du tout la même situation qu'en Ukraine, bien sûr.
05:59– Alors, les Ukrainiens ont tenté de mettre en place
06:02un système comparable à celui des Russes,
06:05avec des primes qui sont très très importantes pour les engagés
06:09et pour les volontaires qui viendraient combler les rangs de l'armée ukrainienne.
06:15Et aux dernières nouvelles, ils n'ont eu que 500 volontaires.
06:17Donc c'est un fiasco en fait.
06:19C'est un fiasco et ça peut s'expliquer parce qu'évidemment,
06:23on n'a pas de chiffres sur les pertes ukrainiennes,
06:25ni d'ailleurs sur les pertes russes,
06:26mais on peut faire une corrélation entre le nombre de volontaires côté russe
06:29et bien sûr l'absence de volontaires côté ukrainien.
06:32– Oui, donc on a le sentiment que les pertes, évidemment,
06:34ukrainiennes sont bien plus importantes que les pertes russes.
06:36– De toute façon, statistiquement, du fait de la suprématie des feux russes,
06:41notamment en termes d'artillerie,
06:43alors je ne parle pas des drones puisqu'il y a quasiment équivalence des deux côtés
06:46en termes de capacité de drones, je parle des petits drones FPV,
06:50mais la capacité des feux AirSol et SolSol russes
06:53est tellement supérieure à celle des Ukrainiens
06:55que les pertes ukrainiennes sont probablement très très supérieures
06:59à celles des russes, je parle des pertes des blessés et des morts.
07:01À titre d'exemple, c'est le renseignement américain qui a déclaré
07:06qu'il y avait 10 000 bombes planantes, 10 000 bombes planantes et guidées,
07:11qui ont été lancées en 2024 par les russes.
07:13Donc il faut imaginer les effets de ce type de frappe
07:18avec des bombes qui font entre 500, 1500, voire 3000 kilos,
07:22c'est complètement destructeur.
07:23– Alors dans l'actualité, avec AirS, on a beaucoup parlé de ce fameux accord
07:28sur le minerai ou sur les terres rares, etc., etc.
07:31C'est un peu le serpent de mer de ces dernières semaines.
07:34On a appris jeudi 1er mai qu'enfin un accord avait été trouvé
07:37entre Kiev et Washington.
07:38Avant que vous me décryptiez, entre guillemets, cet accord,
07:41je vous propose tout de suite qu'on écoute le secrétaire adjoint
07:43de la Maison Blanche, Michael Waltz.
07:46– Cet accord est bon pour le contribuable américain
07:52qui récupère les milliards de dollars que nous avons investis
07:55dans le soutien à l'Ukraine.
07:56Il est bon pour l'Ukraine et l'aide à se développer
07:59et l'aider à faire croître le gâteau en termes de développement
08:01et de reconstruction.
08:03Et c'est bon pour sa sécurité avec le 50-50,
08:06la société de financement du développement du département du Trésor
08:09qui investit dans les minéraux essentiels,
08:11les éléments de terres rares dont les Etats-Unis ont besoin
08:13et dont l'Ukraine a besoin pour son avenir.
08:16– Alors, ce qui est amusant, c'est que j'ai trouvé,
08:31c'est mon impression que dans les médias,
08:32on avait présenté cet accord comme un accord presque de défense
08:36ou de guerre, alors qu'en réalité, on a le sentiment
08:39que c'est plutôt du business, comme d'habitude.
08:40– C'est un accord économique qui se projette déjà sur l'Ukraine post-guerre.
08:46C'est ça, c'est l'élément, à mon avis, le plus important.
08:49Comme je l'ai dit, les Américains sont pressés de solder ce conflit
08:53et là, ils sont déjà dans l'Ukraine post-guerre.
08:57Ce que l'on peut constater, c'est qu'il y a eu quand même
08:59une avancée de la part des Américains
09:01où il ne parle plus de dette ukrainienne
09:03et qu'il laisse libre choix aux Ukrainiens
09:06de l'exploitation des ressources minières de leur pays.
09:12Alors, je vais quand même ouvrir une parenthèse
09:14sur la notion de terres rares,
09:17qui est souvent citée dans les médias.
09:19En fait, les richesses minières du sous-sol ukrainien
09:23comportent des minéraux stratégiques
09:26et également des terres rares,
09:27mais de manière assez… c'est une portion congrue.
09:30Et que, paradoxalement, le Donbass étant historiquement
09:35une zone minière, énormément de ces ressources
09:38se trouvent actuellement dans les territoires
09:41qui sont sous le régime de Moscou.
09:46Donc, les territoires qui ont été conquis par les Russes.
09:50Donc, d'abord, il y a un grand flou derrière ces notions-là économiques,
09:55surtout qu'à l'issue, il faudra quand même les exploiter.
09:57Et les exploiter, ça demandera quand même des investissements
09:59qui seront colossaux, je dis bien dans l'optique post-guerre.
10:03Maintenant, en ce qui concerne les garanties,
10:08il n'y a aucune garantie de sécurité militaire derrière cet accord.
10:12C'est vraiment un accord commercial et d'investissement.
10:16Maintenant, il est clair que l'engagement des Américains
10:20auprès des Ukrainiens dans cet accord,
10:23c'est quand même un signal fort vis-à-vis de Moscou.
10:25qui montre que les Américains veulent vraiment aller vers cette sortie de guerre
10:30et aller se projeter vers une Ukraine qui sera différente de celle d'avant-guerre,
10:35ne serait-ce qu'au plan territorial.
10:37Ensuite, le dernier point, c'est qu'on remarquera l'absence intégrale
10:42des Européens dans cette négociation-là.
10:45que les Américains sont en passe de sortir comme les grands vainqueurs de cette guerre,
10:51puisqu'ils sont en train de transférer la responsabilité de la défaite vers les Européens
10:56qui, de manière très très imprudente, au lieu d'accompagner la nouvelle administration Trump,
11:01sont en train de conduire des combats derrière garde
11:04qui sont ceux de l'ex-administration Biden.
11:08– Alors, l'administration Biden paraissait très très pro-ukrainienne,
11:14c'était le fait, sur le plan militaire,
11:16mais n'oublions pas que les échanges commerciaux avec la Russie ont toujours perduré,
11:20que ce soit l'achat d'un uranium enrichi pour les centrales nucléaires américaines,
11:25l'achat d'engrais très important pour l'agriculture américaine,
11:31et n'oublions pas également que la coopération spatiale a également continué,
11:35puisque la station internationale, sans l'apport logistique des lancements russes,
11:39elle ne fonctionnerait pas.
11:41– C'est assez amusant ce jeu de dupes, parce que finalement,
11:43on se rend compte que là encore, les dindons de la farce ont toujours été les Européens,
11:47puisque eux, avec leurs sanctions qui étaient censées mettre l'économie à genoux,
11:50l'économie de Moscou à genoux, ont creusé leur propre tombe.
11:54– De toute façon, même l'administration Biden,
11:58lorsque les Européens ont déclaré qu'ils allaient faire des sanctions
12:01contre les hydrocarbures russes, ce que n'ont pas fait les États-Unis,
12:06l'administration Biden les avait mis en garde.
12:10Alors la différence entre toutes ces administrations et tous ces dirigeants,
12:13que ce soit le dirigeant ukrainien et les dirigeants américains,
12:16notamment au travers de cet accord, c'est qu'ils défendent les intérêts de leur pays.
12:20Or, on ne peut que le déplorer, mais c'est quand même assez paradoxal et étonnant,
12:24c'est que lorsqu'on regarde le positionnement du Premier ministre anglais-britannique
12:30et d'Emmanuel Macron, on dirait qu'ils se positionnent comme les vice-présidents ukrainiens
12:35et qu'ils, en fait, oublient les intérêts de leur propre pays
12:40au profit des intérêts de l'Ukraine.
12:44Et on voit très bien que…
12:46– Et au mépris de la souveraineté ukrainienne dont ils parlent tout le temps.
12:48– Bien sûr, bien sûr.
12:49Mais on voit très bien que le président ukrainien,
12:54qui pourrait sembler être le grand copain d'Emmanuel Macron,
12:59en fait, a totalement oublié les intérêts de son meilleur copain
13:03dans le cadre de cet accord avec les États-Unis.
13:07– Alors justement, ces accords avec les États-Unis,
13:09on pourrait aussi le voir un peu comme une opération de communication,
13:12parce qu'on sait que pendant plusieurs semaines,
13:13parmi les critiques qui ont été formulées à l'égard de Donald Trump,
13:17nombreuses critiques.
13:18Il y a celles qui consistaient à dire que Donald Trump reprenait
13:21le narratif de Moscou.
13:24Parmi ces commentateurs qui ont fait ces objections,
13:28évidemment le général Yakovlev, on l'écoute tout de suite.
13:30– J'ai une théorie personnelle qui est que Trump est un agent de l'étranger,
13:34enfin un agent de Poutine.
13:35– Vous y croyez vraiment, sérieusement ?
13:37– Alors, qu'il soit tenu par Poutine et tout, je ne sais pas,
13:40mais qu'il soit convaincu, qu'il soit stockholmisé,
13:45si vous voulez, que le cerveau de Poutine contrôle le cerveau de Trump,
13:51ça c'est…
13:52– Il a été travaillé par les services de collège pour vous ?
13:54– On juge un arbre à ses fruits.
13:55Pas forcément, ils ont joué sur son égo.
13:57– Alors pour vous c'est crédible, Donald Trump, agent du KGB,
14:07d'ailleurs depuis il a été agent chinois aussi, je crois.
14:09– Oui, d'abord le général Yakovlev, dernièrement sur le plateau de Darius Rochebin,
14:13a dit qu'il comprenait, il a explicité les raisons du conflit en Ukraine
14:18par rapport aux intérêts stratégiques russes,
14:21et il a fait référence à la guerre du Kosovo.
14:23Donc il est rentré, d'une certaine manière, de manière assez étonnante,
14:27dans ce qu'il appelle le narratif russe.
14:29En fait, le narratif russe, bien souvent, en étant uniquement factuel,
14:34il relève en fait de faits historiques.
14:36Alors après, il est manipulé, bien sûr, à la faveur des intérêts russes,
14:40mais au départ, ce sont des faits, notamment la guerre du Kosovo
14:43qui a été déclenchée de manière un petit peu précipitée,
14:47on ne va pas développer le sujet.
14:51Donc non, le président Trump, ce n'est pas un agent de Poutine,
14:55il n'a pas été retourné par les services secrets russes,
15:01c'est tout simplement, ce sont des pragmatiques en fait et des réalistes.
15:03Il regarde l'état du front, et c'est pour ça que les déclarations
15:08du vice-président Vence sont également très intéressantes,
15:11puisqu'une de ses dernières déclarations, il a dit qu'il fallait
15:13que les choses avancent rapidement, et que dans ce cas-là,
15:18il fallait que les deux belligérants soient prêts à faire des concessions.
15:21Et quand il parle de concessions, c'est bien sûr des concessions territoriales.
15:24Cela voulait dire que les Ukrainiens devaient considérer
15:27que le front délimitait en fait ce qu'ils devraient laisser à la Russie,
15:34et que d'un autre côté, les Russes, s'ils n'arrivent pas à conquérir
15:36le reste des oblastes qu'ils ont en accès, ils devraient considérer que,
15:41eh bien, tant pis, on prendra les choses dans l'État,
15:45et le front tel qu'il est pour les négociations.
15:47– Accessoirement, ce n'est pas ridicule, entre guillemets, comme point de vue,
15:51puisqu'on pourrait même considérer que si les Russes n'ont pas réussi
15:54à avancer au-delà, jusqu'aux frontières des dix oblastes,
15:58c'est qu'il y a une résistance dans ces territoires
16:00qui montre qu'ils n'ont pas envie d'être Russes, tout simplement.
16:03– Bien sûr, et de toute façon, l'intérêt des Ukrainiens,
16:05c'est de résister là maintenant.
16:06Ils ont eu cette opération, à mon avis, qui était malheureuse sur course,
16:10où ils ont usé de manière inappropriée leur réserve stratégique,
16:13qui leur aurait permis certainement de résister de manière plus prononcée
16:17notamment sur le front du Dormos,
16:19et peut-être sur le front de Zaporizhia si jamais ils se réveillent.
16:22Mais il est clair que tant que les Ukrainiens résistent,
16:25en fait, ils rentrent dans ce cas-là dans la logique de celle des Américains.
16:28C'est qu'en fait, les Américains, ils veulent que les accords de paix
16:32soient autour du résultat militaire du conflit.
16:36Et ce que demandent les Russes, ce qui est inacceptable pour les Ukrainiens,
16:39surtout après toutes les pertes et les efforts qui ont été ceux de l'armée ukrainienne,
16:44et puis également les souffrances et les destructions en Ukraine,
16:47c'est inacceptable en fait.
16:51Ce que demandent les Russes, c'est qu'il y a un accord
16:54et que les troupes ukrainiennes reculent, reculent d'elles-mêmes
16:58aux limites des oblastes qui ont été annexées par la Russie.
17:01C'est inacceptable sur le plan politique et ce n'est pas cohérent sur le plan militaire.
17:06– Ce qui ne serait pas acceptable, surtout, c'est que finalement,
17:09c'est trois ans et demi pour rien.
17:10– Oui, mais de toute façon, les deux bénigérants ont eu des sacrifices qui sont importants,
17:16évidemment, beaucoup plus du côté ukrainien que du côté russe,
17:18mais il faut que les populations comprennent un petit peu ces sacrifices.
17:23Alors, le seul moyen de faire comprendre, peut-être,
17:26ces sacrifices aux populations des deux côtés,
17:29c'est de les projeter sur l'après-guerre.
17:31La projection de l'après-guerre en Russie, c'est déjà le cas,
17:34puisque je dirais que le conflit est presque vécu de manière marginale
17:38dans les grandes villes russes.
17:40La plupart des gens qui vont à Moscou, personne ne parle quasiment du conflit.
17:42C'est un conflit qui, en termes de recrutement,
17:45touche essentiellement toutes les petites bourgades de Russie,
17:48où souvent, les jeunes ont trouvé une opportunité
17:49derrière l'engagement dans cette guerre.
17:53Par contre, en Ukraine, la situation est beaucoup plus difficile et dramatique,
17:57avec les destructions, elles sont estimées à 50%
18:01les destructions des installations énergétiques ukrainiennes
18:05par le ministre de l'Énergie ukrainienne,
18:07plus toutes les frappes qui ont eu lieu sur des objectifs
18:09qui étaient insérés dans les villes,
18:13et bien sûr, l'importance des pertes militaires,
18:15que ce soit des morts et des blessés,
18:17qui touchent toute la nation ukrainienne,
18:18puisqu'on voit que de plus en plus, il y a un rejet de cette mobilisation.
18:24Donc, ces concessions territoriales,
18:27elles ne pourront être acceptables que si c'est le résultat du terrain,
18:31c'est un résultat militaire.
18:34Et c'est pour cela que, d'une certaine manière,
18:39même si les Russes ont le temps, entre guillemets,
18:41ne veulent pas se précipiter dans des négociations,
18:44on pourrait assister à une accélération des opérations militaires russes,
18:48post-9 mai, pour gagner un maximum de terrain,
18:52avant que les Américains reviennent à la charge,
18:55avec cette notion de gel du conflit et d'acceptation des pertes
18:59et des gains territoriaux de part et d'autre.
19:01Alors, on a vu ces dernières semaines tout de même une sorte d'essoufflement
19:05des États-Unis au cours des négociations qui ne les voyaient pas avancer.
19:09J'aimerais peut-être qu'on réécoute Marco Rubio, le secrétaire d'État,
19:12qu'il évoquait il y a plusieurs semaines à son départ de Paris.
19:15Nous sommes venus ici hier pour commencer à discuter des grandes lignes
19:18de ce qu'il faudrait faire pour mettre fin à une guerre,
19:21pour essayer de déterminer très rapidement,
19:23et je parle de quelques jours, pas de quelques semaines,
19:25s'il est possible ou non de mettre fin à cette guerre.
19:28Si c'est le cas, nous sommes prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir
19:31pour faciliter cette fin et faire en sorte qu'elle se produise,
19:35qu'elle se termine de manière durable et juste.
19:37Si ce n'est pas possible, si nous nous sommes si éloignés l'un de l'autre
19:40que cela ne se produira pas, alors je pense que le président
19:44est probablement arrivé à un point où il dira
19:46« Eh bien, nous en avons terminé. Nous ferons ce que nous pourrons à la marge.
19:50Nous serons prêts à vous aider lorsque vous serez prêts à faire la paix,
19:53mais nous n'allons pas poursuivre cette entreprise pendant des semaines et des mois.
19:57Nous devons donc déterminer très rapidement, et je parle de quelques jours,
20:00si cela est faisable ou non au cours des prochaines semaines.
20:03Si c'est le cas, nous sommes prêts.
20:05Sinon, nous devrons nous concentrer sur d'autres priorités.
20:14Alors, est-ce que vous croyez sérieusement en cette hypothèse
20:17de voir les Américains se détourner du conflit ukrainien et de ses résolutions ?
20:22– Alors, ils peuvent très bien s'en éloigner.
20:25Alors, s'en éloigner comment ?
20:27D'abord, sur le plan logistique, ils peuvent très bien arrêter
20:30de soutenir logistiquement les armées ukrainiennes.
20:34Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
20:36Ensuite, ils peuvent également arrêter de partager du renseignement.
20:40Et ce renseignement-là a été primordial dans toutes les opérations ukrainiennes.
20:43D'ailleurs, on le sait maintenant, qui ont été copilotés par un État-major stratégique
20:48qui est situé dans un des pays de l'OTAN, mais de mémoire, c'est en Allemagne,
20:52où il y avait les officiers ukrainiens, les officiers de l'OTAN, surtout américains,
20:56qui aidaient les Ukrainiens dans la planification des opérations
20:59à la faveur du renseignement.
21:00Alors, quand je dis planification des opérations,
21:02c'est opérations offensives, défensives, mais également les frappes.
21:04– Et pour la première fois, là, on a vu Donald Trump
21:08qui demandait au Congrès de valider une nouvelle enveloppe,
21:11à peu près 50 millions d'euros de produits défensifs.
21:15C'est comme ça que c'est expliqué.
21:18Est-ce que c'est un nouveau signal ?
21:21Est-ce qu'au contraire, 50 millions, on sait bien que c'est très faible,
21:24finalement, comme investissement ? Comment vous voyez ça ?
21:26– Eh bien, écoutez, 50 millions d'euros, vous dites,
21:29le dernier blindé de l'armée de terre française, le Griffon,
21:33de mémoire, l'unité, je crois que c'est presque 1 million d'euros.
21:38Donc, j'ai dit peut-être une bêtise.
21:41Un rafale, c'est 1 million d'euros.
21:43Donc, ça vous donne une idée, en fait, vous voyez,
21:47de l'enveloppe, du niveau de l'enveloppe.
21:50Je pense qu'une enveloppe de 50 millions d'euros,
21:53c'est des éléments de maintenance,
21:56pour permettre des pièces détachées, par exemple,
21:59pour permettre la maintenance des moyens
22:01qui ont déjà été fournis aux Ukrainiens,
22:03que ce soit, par exemple, les F-16 ou même les véhicules blindés.
22:07– Mais soit dit en passant, je crois que c'est la première fois
22:08qu'on parle d'un montant en millions et non pas en milliards
22:11depuis le début de l'aise à l'Ukraine.
22:12– Bien sûr, bien sûr. C'est ridicule.
22:14Au-delà du fait que c'est ridicule, il faut voir pourquoi 50 millions.
22:17Je pense qu'on est vraiment dans des sujets de maintenance.
22:19– Alors, dans le même temps,
22:21Volodymyr Zelensky a profité de l'occasion
22:23pour lui faire une nouvelle demande.
22:25Il veut acheter 15 milliards de dollars
22:27à Washington
22:28de missiles Patriot,
22:30qui sont des missiles de défense.
22:32– Alors, le problème, actuellement, des Ukrainiens,
22:34c'est qu'ils ont une défense antiaérienne
22:36qui est en mal de munitions.
22:38Je dis bien de munitions au sens large,
22:40c'est-à-dire des missiles,
22:41pour intercepter les missiles et les drones russes.
22:46Que, de ce fait,
22:47les défenses antiaériennes sont avant tout concentrées sur Kiev
22:50et que d'autres parties du front
22:54et des grandes villes ne sont plus défendues.
22:57Donc, c'est un vrai enjeu pour les Ukrainiens.
22:59Le problème, c'est que les Américains,
23:01notamment l'État-major américain,
23:04au cours de l'année 2024,
23:05avaient déjà tiré le signal d'alarme
23:07disant que leurs réserves en patriotes
23:09étaient en train de s'aménuiser de manière dangereuse.
23:13Donc, le sujet, ce n'est pas l'argent, en fait.
23:15Ce ne sont pas les sommes qui sont demandées.
23:17Le sujet, c'est la capacité à fournir les matériels.
23:20– Mais on a quand même l'impression que,
23:23jusque-là, Donald Trump essayait
23:25d'essentiellement concentrer ses efforts
23:27sur des négociations de paix.
23:30Les annonces quant à des envois d'armes,
23:32à des soutiens étaient plus limitées.
23:34Est-ce qu'on n'entre pas dans une nouvelle étape
23:38où, aujourd'hui, Washington,
23:41face à une impossibilité de réussir à faire la paix,
23:45remet un peu de l'eau au moulin de Zelensky, concrètement ?
23:47– Non, je pense que les Américains restent fermes
23:50sur le désir d'arrêter le plus rapidement possible le conflit.
23:54Mais comme je vous l'ai dit précédemment,
23:55c'est qu'il y a deux acteurs qui n'ont pas intérêt
23:58à le solder rapidement,
24:01que ce soit du côté ukrainien,
24:04pour des raisons politiques,
24:06et ensuite…
24:07– Du côté de l'élite politique, bien sûr.
24:09– Et du côté russe,
24:12parce que les Russes sont dans un élan, en fait.
24:14Et la stratégie d'attrition,
24:16c'est une stratégie qui est cruelle,
24:17mais qui s'énonce dans le temps, en fait.
24:20Ça prend du temps d'épuiser l'adversaire.
24:23Et comme ils sentent que, d'une certaine manière,
24:25en face, ils ont un genou à terre,
24:27ce n'est pas maintenant qu'ils vont demander
24:30à ce qu'il y ait, par exemple, une trêve de 30 jours.
24:32Une trêve de 30 jours, ça serait du pain béni
24:33pour l'armée ukrainienne.
24:35Ça lui permettrait de se reposer,
24:37de recompléter ses effectifs.
24:39Et sans doute de se réorganiser aussi,
24:41puisqu'il y a des projets de réorganisation
24:42de l'armée ukrainienne autour de corps,
24:45qui seraient en fait des divisions,
24:46puisque un des gros soucis organisationnels
24:48de l'armée ukrainienne,
24:49c'est qu'elle a des brigades.
24:51Et ensuite, entre le niveau brigade
24:52et en termes de commandement,
24:55il y a un commandement qui est à la fois
24:56un commandement territorial et puis opérationnel.
25:00Et ce n'est pas très satisfaisant,
25:01puisqu'on voit qu'il y a énormément de problèmes
25:02de coordination au sein de cette armée
25:04dès qu'on va au-delà du niveau de la brigade.
25:06– Est-ce qu'on n'a pas l'impression aussi
25:08que finalement, si les États-Unis avancent à nouveau
25:12vers l'envoi d'armes,
25:14vers en tout cas des signaux positifs envoyés à Zelensky,
25:17ce n'est pas aussi la réponse à la volonté initiale de la Russie,
25:21à savoir la démilitarisation de l'Ukraine,
25:24en disant, bon, ce point-là, il ne faut pas y compter,
25:26dans vos accords,
25:27et ça, asseyez-vous dessus pour être vulgaire.
25:30– Oui, bien sûr, enfin, les Russes restent pour l'instant
25:32très très fermes sur l'ouverture des négociations.
25:36En fait, leurs conditions sont celles d'une capitulation de l'Ukraine,
25:39c'est vrai clair.
25:39Sur le plan territorial, c'est-à-dire qu'intégralement,
25:42ils demandent la démilitarisation, la dénazification,
25:45la neutralisation et bien sûr, la récupération des quatre blasts.
25:48Donc ce qui, pour le moment, au plan militaire…
25:50– Et de la Crimée, bien sûr.
25:51– Ah, mais la Crimée, c'est même plus un sujet pour eux.
25:54Et d'ailleurs, même pour les Américains.
25:57– Mais pour Zelensky, oui.
25:58– Mais oui, parce qu'on est dans des textes,
26:04des textes qui sont des références constitutionnelles de l'État ukrainien
26:10sur l'interdiction de cesser des territoires,
26:14sur l'interdiction également d'engager des négociations,
26:17ça c'est le décret qu'avait sorti le président Zelensky
26:19avec le président Poutine,
26:20donc ils sont également aussi un petit peu prisonniers de leurs annonces
26:23et également des textes réglementaires et constitutionnels ukrainiens.
26:30– Mais alors, on a l'impression que c'est bloqué, finalement.
26:33– C'est bloqué, oui et non.
26:35Parce que le sujet des Ukrainiens, bien sûr, on parle souvent de matériel,
26:38mais le premier sujet des Ukrainiens, c'est la ressource humaine.
26:42Et comme je vous l'avais dit lors de ma première intervention,
26:44il y a déjà plus d'un an,
26:45l'un des centres de gravité ukrainien qui est le plus attaqué
26:49par la stratégie d'attruition russe,
26:52c'est la ressource humaine mobilisée et mobilisable.
26:55Et ça, c'est le vrai sujet.
26:57Et c'est le vrai sujet parce que c'est une guerre
27:00qui consomme énormément d'infanterie.
27:03Alors les effectifs ne sont pas énormes,
27:05mais si vous voulez, l'infanterie, c'est quand même l'arène des batailles,
27:08c'est surtout l'arme qui permet de tenir le terrain et de le conquérir.
27:14Donc c'est un sujet, c'est un sujet pour les Ukrainiens.
27:19Et quels que soient les matériels, il faudra qu'ils aient des fantasmes.
27:22– Vous avez parlé tout à l'heure de ces hypothétiques trêves de 30 jours
27:26qu'appelaient de leur vœu les Ukrainiens.
27:28Évidemment, on comprend bien pourquoi.
27:30On a parlé à plusieurs reprises aussi de cesser le feu
27:33et évidemment de violation de cesser le feu.
27:36Là aussi, est-ce que finalement, ce n'est pas des vœux pieux ?
27:40Parce que si on parle de trêve, mais que finalement personne ne la respecte,
27:42ça n'a pas vraiment de sens.
27:43– Le problème, c'est qu'on peut très bien décider
27:45à un niveau politique du cesser le feu,
27:48mais ensuite il y a également des acteurs de terrain,
27:50peut-être au niveau tactique le plus bas,
27:53qui peuvent en décider autrement.
27:55Vous voyez, quel est le niveau de subordination et d'obéissance
27:59à toutes ces directives politiques ?
28:01Aussi bien côté russe d'ailleurs que côté ukrainien.
28:04– Ça rend les choses encore plus problématiques.
28:07– On le voit très bien.
28:08– Parce qu'on peut imaginer qu'après des négociations de paix
28:10aboutit à une signature de paix, on est le même cas de figure.
28:15– Alors lorsqu'il y a un cesser le feu qui est brisé,
28:18il faut regarder à quel niveau il est brisé.
28:20Lorsque c'est un cesser le feu qui est brisé à des petits niveaux,
28:23on peut considérer que ce n'est pas le pouvoir politique qui l'a brisé.
28:29Ce sont des initiatives, entre guillemets, de terrain.
28:32Par contre, si on fait un parallèle avec le conflit au Moyen-Orient,
28:36notamment le conflit entre Israël et ses proches voisins,
28:39notamment le Liban, on voit que souvent le cesser le feu, par contre,
28:42est brisé à un niveau élevé, notamment de la part de l'État hébreu.
28:46– Mais qu'est-ce que ça change sur le fond ?
28:48– Ah, vous parlez de l'État hébreu ?
28:50– Non, du cesser le feu, brisé…
28:53– Le problème du cesser le feu, c'est qu'après, il faut qu'il soit respecté
28:56et puis observé dans ce cadre-là.
28:59Donc, en tous les cas, les Russes n'accepteront jamais un cesser le feu
29:03de 30 jours dans l'état actuel du front.
29:06Ce n'est pas leur intérêt stratégique, ça n'a aucun intérêt.
29:08Par contre, c'est clair que les Ukrainiens y ont intérêt.
29:11– Alors, en revanche, il semble que la Russie ait réclamé trois jours de trêve
29:15pour coïncider avec les jours de la grande fête patriotique du 9 mai.
29:19Alors, Volodymyr Zelensky a déjà réagi à cette déclaration, on l'écoute.
29:22La Russie rejette constamment toutes propositions et manipule le monde pour tenter de tromper
29:31les États-Unis.
29:32Voici maintenant une nouvelle tentative de manipulation.
29:35Pour une raison inconnue, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite,
29:41afin de garantir la tranquillité de Poutine pendant le défilé.
29:44Ce qui compte pour nous, ce sont les vies humaines, pas les défilés.
29:49– Que pensez-vous de ces déclarations et puis surtout de cette demande russe
30:00qui avait quand même très peu de chances d'être honorée ?
30:02– Oui, alors là, je pense que c'est peut-être une forme d'humour noir
30:06de la part des dirigeants russes.
30:09Alors, la réponse du président Zelensky,
30:11on est tout à fait dans la gesticulation communicationnelle dont il a l'habitude.
30:16En fait, il n'y a aucun intérêt à y accorder.
30:20Surtout qu'il y a de mémoire le dirigeant chinois qui va être présent.
30:25Je ne pense pas que les Ukrainiens aient intérêt à se mettre à dos la Chine.
30:30Et qu'il y aura probablement également des troupes chinoises.
30:33Alors, je dis peut-être une bêtise, mais il me semble qu'il y aura
30:36des troupes chinoises qui risquent de défiler,
30:38puisqu'elles ont déjà défilé d'ailleurs pour l'anniversaire de la victoire
30:42à Saigon, enfin, au Chimineville, ex-Saigon.
30:47Et probablement des troupes nord-coréennes qui pourraient défiler également le 9 mai.
30:52– Alors, on va en parler justement de ces fameuses troupes nord-coréennes.
30:55J'aimerais clore avant tout ce morceau sur le front
30:59avec cette question du saillant de Kursk
31:02qui a officiellement été totalement repris par la Russie.
31:06Donc, on se rappelle, ça avait été lancé au mois d'août dernier
31:08par une offensive ukrainienne, donc dans le cœur du territoire russe.
31:13Ça a quand même duré longtemps, cette opération ?
31:16– Oui, ça a duré longtemps, puisque je pense que c'était une opération ukrainienne
31:21qui favorisait de manière paradoxale les objectifs russes dans le Donbass.
31:24puisque, comme je vous l'ai dit, les Ukrainiens ont engagé dans cette opération
31:29leur réserve stratégique et des troupes qui étaient bien équipées,
31:32entre guillemets, des troupes d'élite, dans cette opération.
31:35Et ces troupes-là, qui étaient la réserve stratégique de l'armée ukrainienne,
31:39auraient pu poser d'énormes problèmes aux Russes,
31:41notamment dans le cadre de leur offensive dans le Donbass.
31:45Donc, c'est pour cela que ça avait un intérêt pour les Russes,
31:49d'une certaine manière, de laisser vivre, entre guillemets, cette opération.
31:54Et, comme par hasard, dès que les notions de négociation sont arrivées,
31:58avec notamment cet engagement volontariste de l'administration Trump,
32:03on a vu que les opérations se sont accélérées, en fait, sur le saillant de Kursk,
32:05pour aboutir, tout simplement, à la réduction de ce saillant de Kursk,
32:10alors quasiment deux semaines.
32:11– Oui, parce qu'on avait le sentiment que Volodymyr Zelensky
32:13misait un peu tout sur ce saillant de Kursk
32:16que pour essayer de faire des négociations, tout simplement.
32:18– Oui, mais c'est tout le problème, en fait, de la conduite politique,
32:22en fait, de cette guerre du côté ukrainien.
32:25C'est que, d'ailleurs, je pense que le général Jalouzny,
32:27c'est une des raisons pour lesquelles le général Jalouzny
32:29a été exfiltré comme ambassadeur en Grande-Bretagne,
32:33et que, quoi qu'on dise sur le général Sierski,
32:35je pense qu'il y a également des affrontements sur ce plan-là.
32:37C'est que, sur le plan militaire, c'était incompréhensible.
32:40Enfin, tous ceux qui avaient quelques notions de stratégie militaire,
32:44ont été très, très étonnés de voir cette offensive-là,
32:46surtout qu'elle s'inscrive dans la durée.
32:48Si ça avait été une opération coup de poing pour déstabiliser le pouvoir russe
32:51et montrer qu'ils avaient cette capacité offensive en se retirant,
32:54après, ça avait du sens.
32:55– Un peu comme les initiatives qui sont menées en Crimée, en fait.
32:58– Oui, non, mais une opération de déstabilisation du pouvoir russe,
33:01d'ailleurs, ça les a déstabilisés au départ, ils ont été gênés.
33:03Mais à partir du moment où ils s'inscrivaient dans la durée,
33:06ils offraient une cible, en fait, qui était presque tentante pour les armées russes.
33:10Il faut comprendre qu'en saillant, en fait, vous êtes confrontés aux feux russes,
33:14qui ont déjà la supprimation des feux sur trois côtés, en fait.
33:16Donc c'est terrible, en fait, pour les troupes qui sont à l'intérieur.
33:19Donc ça a été une erreur stratégique militaire,
33:22qui a participé à l'attrition des forces ukrainiennes,
33:26de manière drastique, puisque les Russes,
33:29alors bien sûr, c'est les déclarations russes,
33:30estiment à 67 000 les pertes ukrainiennes dans cette offensive de Kursk.
33:36Donc c'est énorme, en fait, et difficilement remplaçable,
33:39étant donné que, comme je vous l'ai dit, c'était des troupes
33:41qui avaient une certaine aura, une certaine qualité au sein de l'armée ukrainienne.
33:46Donc, sur le plan stratégique militaire, c'est compliqué.
33:49D'où cette revendication, toujours, du gouvernement ukrainien,
33:54des 30 jours de trêve qui leur permettront de réorganiser leurs dispositifs
34:01et très certainement de faire souffler ces troupes
34:05qui étaient engagées dans le saillon de Kursk.
34:07En tous les cas, la communication de la Russie a mis le paquet,
34:10j'allais dire, sur la récupération totale de la région de Kursk.
34:14On va l'écouter avec le général Gerasimov et Vladimir Poutine.
34:19Aujourd'hui, la dernière localité sur le territoire de la région de Kursk,
34:23le village de Gornal, a été libéré des unités ukrainiennes.
34:26Je tiens à souligner la participation des militaires
34:29de la République populaire démocratique de Corée
34:31à la libération des zones frontalières de la région de Kursk.
34:38La défaite complète de l'ennemi dans la région frontalière de Kursk
34:41crée les conditions pour les actions réussies de nos troupes
34:44dans un autre secteur clé du front
34:46et rapproche la défaite du régime néo-nazi.
34:53– Alors, au-delà de cette victoire,
34:59cette nouvelle victoire, j'allais dire, de la Russie,
35:01quelles sont les perspectives ouvertes
35:03par ces reprises complètes de Kursk ?
35:06– De toute façon, c'est, comme je vous l'ai dit,
35:09c'était quand même une épée de Damoclès éventuelle
35:12dans le cadre des négociations pour les Russes.
35:14Les perspectives ouvertes, c'est que maintenant,
35:16les Russes ont déclaré qu'ils allaient créer une zone tampon
35:19à l'ouest de leurs frontières
35:23et que des villes comme Soumy,
35:26qui sont à peu près à 30 kilomètres du front,
35:28deviennent des cibles militaires,
35:30puisque forcément, les concentrations de forces
35:32et de moyens logistiques ukrainiens vont se faire dans cette ville.
35:36D'où la dramatique frappe d'il y a quelques semaines.
35:39– Oui, alors justement, cette frappe,
35:41on en a beaucoup parlé dans les médias, là encore,
35:42on a expliqué qu'il s'agissait de frappes délibérées de Moscou
35:46sur des civils, donc quel est votre point de vue ?
35:49– Comme je vous l'ai déjà dit, c'est que de part et d'autre,
35:51lorsqu'il y a des moyens, des vecteurs onéreux qui sont utilisés,
35:57on ne peut pas imaginer qu'ils sont utilisés sur des frappes de représailles.
36:02Parce qu'il y a une boucle de désignation de la cible
36:05et de décision de la frappe qui se fait,
36:08mais qui ne se fait pas au niveau politique,
36:09qui se fait au niveau opératif d'un État-major
36:12qui est celui du front considéré, de part et d'autre, je dis bien.
36:17Le niveau de décision est celui-là.
36:18Alors d'autant plus du côté ukrainien,
36:20puisque ce sont des moyens comme les Heimars,
36:23qui relèvent également très probablement
36:24de l'intervention de techniciens occidentaux.
36:27Alors côté russe, ils ont très probablement,
36:30d'ailleurs c'est ce qui a été confirmé,
36:32détecté un rassemblement de militaires
36:35dans le cadre d'une cérémonie de remise de décoration,
36:37et ils ont décidé de frapper.
36:39Donc ça c'est un niveau opératif qui a pris la décision
36:42de frapper à ce moment-là.
36:43Maintenant on peut quand même s'interroger sur l'intelligence,
36:46au-delà du drame humain,
36:47sur l'intelligence de ceux qui ont décidé la frappe.
36:50Parce que sur le plan politique,
36:52je dis bien au sens de la stratégie globale,
36:54à un moment donné où les Russes et les Américains
36:57sont en train de se rapprocher,
36:59et d'une certaine manière de se mettre d'accord
37:00sur la fin du conflit,
37:03ce type de frappe qui a certes, je ne sais pas,
37:06à la limite un intérêt militaire,
37:08quoique ça pourrait être discuté,
37:10n'a aucun effet sur le plan stratégique,
37:13voire un effet qui est complètement contre-productif,
37:16puisque ça met en difficulté les États-Unis
37:17qui sont plutôt dans de bonnes dispositions
37:19vis-à-vis du gouvernement de Moscou.
37:23– D'ailleurs Trump avait parlé d'erreur au départ
37:25pour qualifier ses frappes,
37:26il était assez mal à l'aise.
37:27– Bien sûr.
37:27– Alors on a terminé avec ce saillant de Kursk,
37:31mais on ne peut pas le terminer
37:33si on n'évoque pas ces fameuses troupes nord-coréennes
37:35qui ont été tellement agitées pendant des mois
37:39dans la presse française mais occidentale.
37:42Aujourd'hui, ce que je vous propose,
37:44c'est qu'on revoie vos propres propos
37:46que vous avez tenus en janvier dernier,
37:48on les réécoute tout de suite.
37:49– Non mais c'est absurde sur le plan militaire,
37:52ça n'a pas de sens.
37:54Qu'il y ait des nord-coréens pour assister techniquement les Russes,
37:57pour utiliser les canons, les armes,
38:00oui c'est même incontournable.
38:04Qu'il y ait des observateurs nord-coréens, c'est probable.
38:07Ce qui peut être concevable à la limite,
38:08c'est qu'il y ait une petite unité d'une centaine d'hommes,
38:10de 100 hommes de force spéciale nord-coréenne
38:12engagés sur des objectifs très très ponctuels
38:15comme la prise d'un village,
38:16parce que c'est facile à coordonner.
38:17100 hommes dans un dispositif russe,
38:20c'est facile à coordonner.
38:21Mais c'est tout.
38:27– Alors on est à peu près trois mois plus tard,
38:30est-ce que vous ressignez ?
38:31– Alors, la réflexion que j'avais,
38:34c'était par rapport à l'extravagance de ce qui était annoncé.
38:37– Les fameux 10 000 soldats nord-coréens.
38:39– On a les mêmes 10 000, 14 000,
38:40certains ont même annoncé 25 000.
38:42Parce que c'est le niveau d'engagement d'une division.
38:48Ce qui était incontournable,
38:49et ce qu'il est toujours d'ailleurs,
38:51c'est en fait la présence de militaires nord-coréens
38:53pour l'utilisation des matériels d'artillerie
38:56et de missiles balistiques qui ont été livrés.
38:59Ensuite, ce qui est probable,
39:01c'est la présence d'officiers nord-coréens
39:05dans les états-majors russes pour observer,
39:08et également peut-être pour assurer la liaison
39:10avec les fameux techniciens qui sont actuellement engagés
39:15dans l'utilisation des matériels qui ont été fournis.
39:18Ça, c'est incontournable du fait de la différence de langue.
39:21Ensuite, comme je le disais à cette époque-là,
39:23c'est les forces spéciales.
39:24C'est la notion d'infanterie légère, en fait.
39:27Alors maintenant, on commence à avoir des éléments
39:29qui sont quand même consolidés,
39:31que ce soit de la part des déclarations des Russes,
39:34mais également des Coréens.
39:36Et également, maintenant, il y a des films qui commencent à apparaître
39:38montrant des soldats, des fantassins nord-coréens
39:42qui sont à l'entraînement.
39:45Alors, ce que l'on peut remarquer sur les fantassins nord-coréens
39:49qui sont à l'entraînement,
39:50c'est qu'ils sont habillés à la Russe,
39:52ils sont équipés à la Russe.
39:54Donc, ils sont très probablement arrivés
39:56sans leur matériel,
40:00à la limite avec leurs uniformes à eux,
40:02mais après, ils ont été équipés à la Russe.
40:03Et ils sont encadrés, bien sûr, par des instructeurs russes
40:06et, bien sûr, il y a des interprètes.
40:10Cela veut dire qu'on est vraiment dans l'hypothèse
40:11que j'avais abordée,
40:14c'est celle des forces spéciales de l'infanterie légère.
40:17Pourquoi des forces spéciales de l'infanterie légère ?
40:20Parce que le propre de l'engagement des forces spéciales,
40:23c'est qu'elles ne tiennent pas le terrain.
40:25En fait, les problèmes de coordination et de relève,
40:27notamment, ce que j'avais souligné il y a trois mois,
40:30ils arrivent lorsque vous tenez une position.
40:31Et lorsque vous tenez une position,
40:33en plus qu'il y a une différence de langue,
40:35c'est vraiment un moment de fragilité,
40:37un moment de la relève.
40:38Et c'est d'ailleurs souvent les offensives russes
40:41qui ont lieu dans le Donbass et qui ont été victorieuses,
40:43c'était au moment de relève d'unité ukrainienne,
40:45qui pourtant avait la même langue.
40:46Donc, ça n'avait pas d'intérêt militaire.
40:49Par contre,
40:51engager de l'infanterie type force spéciale
40:54sur des objectifs ponctuels,
40:56la prise d'un village,
40:57la prise d'un point particulier
40:58en opération coup de poing,
41:00ça a du sens parce que les problèmes de coordination
41:02et des risques de relève n'existent pas dans ce cas-là.
41:06Donc, on en revient à la troisième hypostèse,
41:09ce que je disais,
41:10ce qui est concevable,
41:11ce qui est concevable est en train d'être vérifié.
41:14C'est qu'en fait,
41:15il y a eu un engagement de force spéciale coréenne.
41:19Alors, après,
41:20on peut bloser sur le niveau d'engagement.
41:22Quelques centaines,
41:24quelques milliers,
41:26le saura-t-on jamais.
41:27Il y a les services sud-coréens
41:30qui ont dit qu'il y avait eu environ 500 ou 600 morts
41:33dans les forces nord-coréennes
41:34qui avaient été engagées.
41:36Est-ce qu'on doit apporter crédit à ces déclarations ?
41:40En tous les cas,
41:42ce type d'engagement,
41:44c'est vraiment une ou deux centaines d'hommes
41:48sur des objectifs particuliers, en fait.
41:50On est vraiment sur des opérations coup de poing
41:53qui vont au-delà des lignes russes
41:55et qui vont attaquer un objectif particulier
41:57et qui, après, se retirent
41:59et vont en arrière du front,
42:00en partie pour se reposer
42:02et pour être préparés pour une autre opération.
42:05Et d'ailleurs, c'est très intéressant
42:06puisque Régis Le Saumier,
42:08qui va souvent sur le front à course,
42:09que lui n'avait vu aucune force nord-coréenne
42:11structurée, je dis bien.
42:13Donc on est bien sur des petits détachements
42:14de type force spéciale.
42:16Et d'ailleurs, le dirigeant nord-coréen
42:19parle de sous-unités,
42:20de sous-unités,
42:21c'est-à-dire de petites unités
42:22qui ont été engagées.
42:23Donc un effectif global
42:25qui méritera d'être précisé
42:26et ensuite des engagements de type ponctuel
42:29sur des points très particuliers du front.
42:30– Comment vous expliquez cette appétence,
42:33je vais l'appeler comme ça,
42:35des médias occidentaux
42:36pour cette information
42:37et pour cette participation ?
42:38– Oui, alors d'abord,
42:39au départ, c'était vraiment quand même
42:40très très extravagant
42:41et toutes les preuves qui ont été avancées
42:43n'étaient pas du tout convaincantes.
42:44Surtout en raison du nombre
42:45de combattants qui étaient avancés.
42:50Pourquoi ?
42:50Parce qu'à ce moment-là,
42:51il y avait un enjeu,
42:52c'était l'internationalisation du conflit
42:55et notamment un engagement plus avant,
42:57on était à la fin de la période Biden,
43:00plus avant des Américains
43:02et des Européens.
43:03Les Américains qui quand même,
43:05quoi qu'on en dise,
43:06étaient très prudents,
43:07avaient fait intervenir leur chef d'état-major
43:10qui avait dit en décembre 2024,
43:12qui avait annoncé qu'il n'avait pas de preuves
43:14flagrantes de l'engagement
43:16des forces nord-coréennes.
43:18Et là, à la limite,
43:19on peut le comprendre
43:19puisque maintenant que l'on commence
43:21à avoir des informations,
43:23on s'aperçoit qu'ils sont très probablement
43:25arrivés en wagons complètement anonymes
43:29et ils ont été ensuite équipés
43:31de pieds en cap par les Russes
43:33et ils se sont entraînés environ
43:34pendant, à mon avis, un mois
43:36pour être au fait des modes opératoires russes
43:38pour justement éviter
43:39les quelques petits problèmes de coordination
43:41qu'il pourrait y avoir
43:41lors de leurs opérations coups de poing.
43:43Donc, on est dans ce sujet-là
43:46et comme ce sujet-là n'a pas fonctionné,
43:49si vous voulez,
43:49après, cette information s'est complètement délité.
43:52Et le plus paradoxal,
43:53c'est que maintenant,
43:54comme cette information n'a plus d'intérêt
43:55sur le plan de la manipulation politique,
43:58notamment la manipulation politique
43:59des opinions publiques occidentales,
44:03eh bien, on s'aperçoit que
44:04quasiment personne n'en parle
44:05du fait que les Nord-Coréens
44:07aient été engagés sur le front de Kursk.
44:10– Mais alors, justement,
44:11ce qui est un point quand même,
44:12à mon sens, important,
44:13c'est que s'ils ont été engagés
44:14sur le front de Kursk,
44:16ça n'a rien de très surprenant
44:17dans la mesure où la Corée du Nord
44:18est de toute façon un allié de Moscou
44:20et venir aider son allié
44:22en difficulté sur son propre territoire,
44:24on n'est pas tout à fait dans le cadre
44:25de l'internationalisation du conflit
44:27un peu agité par les Occidentaux
44:30et leurs alliés européens.
44:30– C'est dans le cadre des accords de défense
44:32qui ont été signés en juin 2024
44:34et ratifiés par la Douma de mémoire
44:36en novembre 2024.
44:37On est dans ce cadre des accords
44:39de défense mutuelle
44:40entre la Corée du Nord
44:43et puis la Russie.
44:44Donc, sur ce plan-là,
44:45il n'y avait pas d'interdiction,
44:47on va dire,
44:48ou d'interdiction légale
44:50à cet engagement sur le territoire russe.
44:52La question qu'on peut se poser maintenant,
44:54puisqu'on voit que maintenant
44:55que le territoire de course
44:57qui a été reconquis
44:57et que tout le monde parle du retrait,
45:01j'ai dit bien des forces spéciales,
45:02vous savez,
45:03des forces spéciales.
45:05La question qu'on peut se poser
45:07et à qui, à mon avis,
45:08il n'y a pas besoin de se la poser d'ailleurs,
45:10c'est qu'il y a très probablement encore
45:11des artilleurs nord-coréens,
45:13que ce soit des artilleurs
45:15type utilisation des canons
45:16et utilisation des missiles
45:18qui sont toujours présents.
45:19Maintenant que le saillon de Kursk
45:22a été libéré,
45:23est-ce que ceux-là vont participer
45:25aux autres opérations
45:26qui suivent celles du saillon de Kursk ?
45:28Bon, à mon avis,
45:29la réponse est dans la question,
45:31puisqu'on est sur l'utilisation des matériels.
45:33Ensuite,
45:34est-ce qu'il y a toujours
45:34des officiers nord-coréens
45:36dans les états-majors russes ?
45:38Très probablement aussi, vous voyez.
45:41– Mais sur le terrain,
45:42militaire, en tant que tel ?
45:43– À mon avis,
45:45ces déclarations signent
45:46le désengagement des forces spéciales
45:48qui avaient été engagées
45:49sur le front de Kursk.
45:51– Alors, on a parlé
45:52de toutes les parties.
45:53On a parlé de Washington,
45:54on a parlé de Moscou,
45:55on a parlé de Kiev,
45:56on a peu parlé des Européens.
45:58Vous avez quand même expliqué
45:59que les Européens
46:00étaient en train de se voir
46:01transférer la charge
46:02de cette guerre américaine,
46:04néo-conservatrice américaine,
46:06par Washington,
46:07avec un Donald Trump
46:07qui veut se désengager.
46:09Aujourd'hui,
46:09comment voyez-vous la suite
46:10pour les Européens
46:12qui semblent systématiquement
46:13mettre les freins
46:14quand il s'agit de parler
46:15de négociation de paix,
46:16en expliquant encore
46:18avec des déclarations
46:19assez outrancières
46:22de la part d'un diplomate
46:23comme le ministre
46:24des Affaires étrangères,
46:25Jean-Noël Barraud,
46:26qui explique que le seul
46:27et unique frein
46:28à la paix aujourd'hui
46:29est seulement Vladimir Poutine ?
46:31– Bon, en tous les cas,
46:33les Russes sont prêts à la paix,
46:35mais à leurs conditions, en fait.
46:36Et ces conditions
46:37sont inacceptables
46:38pour les Ukrainiens.
46:39Et puis, elles ne reflètent pas
46:40l'état du front,
46:41puisqu'ils n'ont pas conquis
46:42les quatre oblastes
46:44qu'ils ont revendiqués,
46:45qu'ils ont annexés.
46:47D'abord, moi,
46:48ce qui m'interroge,
46:49c'est en fait
46:50que ce conflit
46:52aux portes de l'Europe
46:53a complètement déstabilisé
46:56les économies européennes
46:58du fait de l'effet
47:00boomerang des sanctions.
47:02Cela veut dire
47:02que l'intérêt des Européens,
47:04je dis bien l'intérêt
47:05des États européens,
47:07quels qu'ils soient,
47:08c'était que le conflit
47:08soit le plus court possible.
47:10Et que les intérêts
47:11de l'Ukraine
47:12ne sont pas forcément
47:12ceux des Européens,
47:14ni d'ailleurs
47:14ceux des États-Unis
47:15sont particuliers,
47:18comme ceux de la Russie
47:18sont particuliers.
47:20Il faut,
47:20avant de s'engager
47:21dans un conflit,
47:22définir ses propres intérêts.
47:24– Et comment faire
47:24pour définir
47:25les intérêts européens
47:26quand on a
47:26une Moldavie,
47:29une Estonie,
47:30une Pologne,
47:31une Hongrie,
47:33une France ?
47:33– Mais on en revient
47:34au problème
47:35de la construction européenne,
47:36c'est qu'il y a eu
47:37un lissage,
47:38en fait,
47:39géopolitique
47:41des positionnements
47:43de l'Union européenne,
47:44en sachant que l'Union européenne,
47:45c'est un objet géopolitique
47:46non identifié,
47:47au sens des Américains,
47:48au sens des Chinois
47:49et au sens des Russes.
47:51– Au sens de tout le monde,
47:52quoi,
47:52à part des Européens.
47:52– Oui, oui,
47:53exactement.
47:54Parce que ce n'est pas
47:54le propos de l'Union européenne
47:55au départ.
47:55L'Union européenne,
47:56c'est d'abord tout,
47:58sa lettre de mission,
47:59c'est avant tout
47:59l'économie.
48:01Alors maintenant,
48:01après,
48:02c'est devenu un organe
48:02de réglementation.
48:03– Ce n'est pas vraiment
48:04réussi non plus.
48:05qui s'intéresse
48:05à la politique étrangère
48:07qui normalement fait partie
48:08des prérogatives des États
48:10et même maintenant
48:10à la défense.
48:12Où va-t-on s'arrêter ?
48:13Avec des résultats,
48:14d'ailleurs,
48:14qui sont assez catastrophiques.
48:16Donc, oui, bien sûr,
48:18comment voulez-vous
48:18que les intérêts stratégiques
48:22de pays aussi divers
48:23que la France,
48:24l'Italie,
48:25l'Espagne
48:25et la Pologne
48:27ou les Pays-Baltes
48:28se retrouvent
48:30dans le positionnement
48:32de l'Union européenne ?
48:33C'est pour ça que quand on regarde
48:34que la vice-présidente
48:36de l'Union européenne
48:37en charge des relations
48:38internationales,
48:39Mme Kaljakalas,
48:40qui est l'ex-premier ministre
48:42d'un pays
48:42de 1,3 million d'habitants,
48:44l'Estonie,
48:45avec 31% de russophones,
48:49est la mentor
48:50de notre positionnement
48:51géopolitique.
48:52Il ne faut pas s'étonner
48:53que les États-Unis
48:54ne veulent pas la recevoir.
48:55Elle n'est pas crédible.
48:56Elle n'est pas crédible.
48:57Le problème,
48:58c'est que si on était
48:59vraiment dans une structure,
49:00une vraie structure fédérale,
49:02chaque État,
49:02un petit peu comme
49:03dans les structures fédérales
49:04qu'on trouve aux États-Unis,
49:06chaque État
49:06devra avoir
49:07une représentativité
49:08et un poids
49:09en fonction de sa population.
49:11Or, actuellement,
49:12sur les positionnements
49:15qui sont,
49:16les votes
49:16qui sont à la majorité qualifiée,
49:18il y a bien sûr
49:19une notion
49:20de pourcentage
49:21de population,
49:22mais il n'est pas
49:22relié aux États.
49:24C'est un conglomérat d'États
49:25qui doit faire alliance
49:26pour faire basculer
49:27en sa faveur
49:28un vote
49:30à la majorité qualifiée.
49:31Or, aux États-Unis,
49:32structure fédérale historique,
49:34chaque État
49:35est représenté
49:37à la Chambre des représentants
49:38en fonction de sa population.
49:39Même les États
49:40les plus petits,
49:41ils ont au minimum
49:42un représentant
49:42et tout le monde
49:43a deux sénateurs.
49:44Les sénateurs,
49:44c'est un autre sujet.
49:45Mais on voit bien
49:45que dans une structure fédérale,
49:47c'est fondamental.
49:48Le problème
49:48de l'Union européenne
49:49actuellement,
49:50c'est que ce n'est pas
49:50une structure fédérale
49:52et ce n'est plus
49:53une structure confédérale.
49:54C'est une structure
49:55qui est complètement,
49:57on va dire,
49:59non seulement pas démocratique
50:00dans la mesure
50:01où on ne respecte pas
50:02cette règle
50:03de la majorité
50:04qualifiée
50:06en reprenant
50:08le poids respectif
50:09des États.
50:09Et ensuite,
50:10elle est complètement
50:10éloignée
50:12des intérêts propres
50:15des États.
50:15Donc,
50:16je pense qu'à l'issue
50:17de ce conflit,
50:18il se pourrait
50:18qu'il y ait
50:19une grande réforme
50:20de l'Union européenne
50:20pour qu'on aille
50:22vers une structure
50:24confédérale
50:25un petit peu
50:25sur le modèle russe
50:26ou peut-être
50:27une structure fédérale
50:28sur le modèle américain.
50:30Parce que vous remarquerez
50:30qu'aux États-Unis,
50:31il y a les lois fédérales
50:32et puis il y a les lois
50:33de chaque État.
50:34Et que parfois,
50:35il y a des États
50:35qui n'appliquent pas
50:36les lois fédérales
50:37ou qui vont à l'encontre
50:38des lois fédérales.
50:38C'est ça,
50:39une structure fédérale.
50:39Vous dites à l'issue
50:42de ce conflit,
50:42ce pourrait être
50:43l'Union européenne
50:43obligée de se reformer,
50:46de se reconstruire,
50:47de mettre de nouvelles bases.
50:48Est-ce que finalement,
50:49ça veut dire
50:50que l'issue de ce conflit
50:51qui semble plutôt
50:53une mauvaise posture
50:53pour l'Ukraine
50:54pourrait précipiter
50:56un peu
50:57une chute
50:58de l'Union européenne
50:59telle qu'on la connaît
51:00aujourd'hui ?
51:01Les grands vainqueurs
51:02de ce conflit
51:02sont d'ores et déjà
51:03les États-Unis.
51:06Quelle que soit
51:06l'issue du conflit,
51:07sur le plan économique,
51:08sur le plan de la césure
51:10qu'ils ont créée
51:11entre les ressources énergétiques
51:13russes
51:15et puis l'Union européenne,
51:17l'Union européenne
51:18qui est devenue
51:18le client
51:20des ressources énergétiques
51:22américaines
51:23et les économies européennes
51:25ont beaucoup perdu,
51:26à commencer par la France
51:27qui était le premier
51:27employeur en Russie.
51:29Donc les entreprises
51:30Renault,
51:30par exemple,
51:31qui a laissé
51:32de mémoire
51:333 milliards d'assets
51:35en Russie
51:36vendus au groupe symbolique,
51:37donné au groupe symbolique.
51:40Donc les Européens
51:42vont sortir
51:43les grands vaincus
51:44de cette guerre,
51:45les grands vaincus
51:46au plan économique,
51:48les grands vaincus
51:49au plan stratégique.
51:50Pourquoi ?
51:51Parce qu'il n'y a pas eu
51:52de définition
51:53des intérêts
51:54communs,
51:55européens.
51:56Je reviens à ce que je vous disais.
51:57Dans cette guerre,
51:58on s'est attelé
52:00à suivre
52:01la politique
52:02des États-Unis
52:02et également
52:04celle de l'Ukraine.
52:04mais les intérêts
52:06des États-Unis
52:06et de l'Ukraine
52:07ne sont pas ceux de l'Europe.
52:07On le voit très bien
52:08dans l'accord
52:09qui vient d'être signé.
52:12Où sont les Européens
52:13dans cet accord ?
52:14Non.
52:15– Nulle part.
52:15– Nulle part.
52:16– Et pourtant,
52:18ils ont soutenu l'Ukraine.
52:19Le problème,
52:19c'est qu'on ne peut pas
52:21s'impliquer
52:24pour des raisons émotionnelles
52:26ou des raisons
52:27de relations personnelles,
52:28par exemple,
52:28entre Emmanuel Macron
52:29et le président Zelensky,
52:30qui soi-disant
52:31s'appellent tous les jours.
52:32– Ce n'est pas ça
52:35le rôle d'un chef d'État.
52:37Le rôle d'un chef d'État,
52:38c'est de défendre
52:38les intérêts de son pays.
52:39On a un exemple
52:40emblématique quand même
52:41en Europe,
52:42d'ailleurs parmi
52:43un des trois grands pays
52:44fondateurs
52:45de la communauté européenne,
52:48la CE,
52:48c'est l'Italie.
52:51Mélanie
52:51défend les intérêts
52:53de son pays
52:53et s'est habilement joué
52:56des atouts de l'Italie.
52:58Vous seriez étonné
52:59de savoir que,
52:59par exemple,
53:00au Niger,
53:01les dernières troupes occidentales
53:02qui se trouvent,
53:04ce sont les troupes italiennes,
53:05personne n'en parle.
53:07C'est curieux quand même.
53:09Que l'Italie,
53:10avec notre désengagement
53:11en Afrique,
53:12cherche à se positionner
53:13de manière très très habile
53:14dans de nombreux pays
53:16de l'Afrique subsaharienne.
53:17– On se rappelle
53:17du discours très offensif
53:19de Mélanie
53:19contre Emmanuel Macron.
53:21– Exactement.
53:21que l'Italie
53:23est présente
53:24également en Libye
53:25pour défendre
53:26le gouvernement
53:28reconnu
53:29par les instances internationales.
53:31Donc,
53:31ce sont des soldats italiens
53:31aux côtés
53:32des soldats turcs.
53:35Que l'Italie
53:35a conclu
53:36des accords
53:37avec ses voisins
53:39méditerranéens
53:40maghrébins
53:42sur le plan énergétique
53:44avec l'Algérie,
53:47sur le plan migratoire
53:48avec la Tunisie.
53:51Voilà un dirigeant européen
53:52qui défend les intérêts
53:53de son pays
53:54de manière intelligente.
53:55Et rappelons-nous
53:56que c'est Mme Mélanie
53:59qui est allée défendre
54:00les intérêts européens
54:01économiques
54:02auprès des États-Unis
54:04lors de son entrevue
54:05avec le président Trump.
54:06Et ce n'est pas
54:07les représentants
54:08de la Commission européenne
54:10qui ne sont pas reconnus
54:11par le président Trump.
54:12– Sauf qu'on peut se demander
54:13si elle a vraiment défendu
54:14les intérêts européens
54:15qui sont difficiles à définir
54:16ou les intérêts italiens.
54:17– C'est tout le problème
54:18en fait de cette relation
54:20Italie-États-Unis
54:21sachant qu'il y a
54:22une diaspora italienne
54:23qui est très très importante
54:24aux États-Unis
54:25parfois pour leur malheur d'ailleurs
54:26mais en tous les cas
54:28les liens sont très forts
54:29entre l'Italie
54:32et les États-Unis
54:33du fait de cette diaspora.
54:35– Et du fait
54:35des bases de l'OTAN.
54:36– Et des bases de l'OTAN.
54:38Mais l'Italie
54:39c'est un des pays
54:40qui…
54:41un pays industriel
54:42la deuxième industrie
54:43au monde
54:44le quatrième exportateur
54:45de mémoire au monde
54:47qui va sortir également
54:49renforcée
54:49de cette épreuve ukrainienne
54:52parce que l'Allemagne
54:53va sortir très affaiblie
54:55du fait de son…
54:57de l'arrêt de la fourniture
54:58du gaz russe
54:58sur lequel…
54:59à bas prix
55:00sur lequel reposait
55:01son miracle économique.
55:03Elle est en train
55:04de prendre le leadership
55:05sur le plan industriel
55:06et peut-être même
55:07sur le plan stratégique
55:09et géopolitique.
55:10Quelle victoire quand même
55:10quand on regarde
55:12historiquement
55:13le positionnement
55:14qui était celui
55:15de l'Allemagne
55:16et de la France.
55:17– C'est les courbes inversées.
55:18– Exactement.
55:20– Je vous remercie
55:21beaucoup Hervé Caress
55:22pour tout ce décryptage.
55:24Merci à tous
55:25de nous avoir suivis.
55:26J'espère que cette émission
55:27vous a plu
55:28et que vous y voyez
55:29plus clair.
55:30En attendant,
55:30n'oubliez pas,
55:31si vous ne l'avez pas déjà fait,
55:32le petit pouce en l'air,
55:32ça améliore le référencement.
55:34Pensez aussi à m'écrire
55:35dans les commentaires.
55:36Vous savez que je vous lis
55:36chaque semaine
55:37et que je vous réponds.
55:39Et puis n'oubliez pas
55:39non plus de relayer cette vidéo.
55:41Je vous dis rendez-vous
55:42la semaine prochaine.
55:43En attendant,
55:44portez-vous bien.
55:45À bientôt.
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