Avec Brigitte Prot, enseignante et formatrice à l'Institut Supérieur de Pédagogie de Paris & Marilyne Baranes, docteure en psychologie, spécialiste du psycho traumatisme, experte judiciaire
En partenariat avec Acadomia.
Retrouvez l'émission "La vie en mieux" avec Catherine Bully, tous les dimanches sur Sud Radio.
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##LA_VIE_EN_MIEUX-2025-05-04##
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NewsTranscription
00:01Académien vous présente La vie en mieux, questions d'éducation, Catherine Bulli.
00:07Bonjour à tous, merci d'être avec nous sur Sud Radio.
00:09Nous sommes ravis de vous retrouver comme chaque dimanche pour ce spécial éducation.
00:13Merci pour vos questions.
00:15Vous savez que vous pouvez retrouver La vie en mieux, questions d'éducation, sur l'appli
00:18et bien évidemment sur le site internet sudradio.fr.
00:22Les questions nous touchent tous et aujourd'hui particulièrement,
00:25nous sommes mobilisés face à cette actualité qui nous oblige à nous intéresser à la santé mentale des jeunes
00:31qui devient un sujet récurrent et surtout un vrai problème de société.
00:36Qu'on parle d'Elias, 14 ans, qui succombait à sa blessure pour ne pas avoir donné son portable à son agresseur
00:42ou la petite Louise, 11 ans, qui a reçu plusieurs coups de couteau en suivant naïvement Owen, 23 ans,
00:48qui avait soi-disant perdu quelque chose et qui en fait avait juste besoin de déverser sa colère
00:55après avoir perdu un jeu vidéo ou bien que l'on parle encore de la jeune Lorraine à Nantes
01:00et des trois blessés.
01:01Lorraine est décédée après avoir reçu 57 coups de couteau dans son lycée devant des tiers présents.
01:07Depuis quelques années, force est de constater une augmentation très inquiétante de la violence chez les jeunes,
01:13souvent de plus en plus jeunes.
01:14Cette violence et toutes les questions qu'elle suscite nous interpellent forcément,
01:19nous obligent à nous mobiliser pour comprendre les causes, les responsabilités, les actions aussi peut-être,
01:25qui peuvent être entreprises pour sortir de cette spirale infernale.
01:32Pour essayer d'y voir un peu plus clair, je suis aujourd'hui avec Brigitte Praud, enseignante,
01:37formatrice à l'Institut supérieur de pédagogie de Paris,
01:40et le docteur Marilyn Baranes.
01:42Bonjour.
01:43Bonjour.
01:44Alors spécialiste des traumatismes et experte judiciaire sur...
01:48Eh bien on va essayer de mieux comprendre ce passage à l'acte criminel, à l'acharnement,
01:52pour essayer de comprendre, c'est vrai, ce qui se passe dans l'esprit de ces jeunes adolescents meurtriers.
01:58Brigitte Praud, si on se positionne un peu en tant que spectateur face à cette escalade de violence,
02:06qu'est-ce qu'on doit comprendre ?
02:07Qu'il n'y a plus de règles aujourd'hui en fait ?
02:11Il n'y a plus de filtres ?
02:12Il n'y a plus de conscience du bien, du mal ?
02:15Alors effectivement, toute une génération d'adolescents, là, vit quoi ?
02:23Le fait qu'il n'y ait plus de filtres entre eux et le monde.
02:26C'est-à-dire lorsqu'on leur a mis dans les mains, dès la petite enfance,
02:31une boîte de Pandore ouverte, en quelque sorte, c'est-à-dire le portable, le smartphone,
02:37les adultes ont été pris de court dans la société,
02:40ils ne savaient pas ce que ça signifiait que de leur mettre ça dans les mains.
02:43Donc il y a effectivement à la fois des adultes absents,
02:49à la fois ils ont ça dans les mains,
02:51donc ils prennent de plein fouet le monde dans la figure, si j'ose dire.
02:57Alors il y a le pire et le meilleur sur ces smartphones,
03:00simplement ils ont besoin forcément d'un accompagnement.
03:04Et ce que dit Marcel Ruffeau cette semaine,
03:07c'est effectivement qu'avant 15 ans, cela pose question,
03:11et là j'adhère tout à fait à cela,
03:13ça fait 10 ans effectivement, moi dans ma pratique de psychopédagogue et d'enseignante,
03:18que je perçois qu'il y a une confusion du réel,
03:22c'est-à-dire peu finalement ont véritablement accès au réel,
03:27et il y a, comme vous le disiez, la notion du bien et du mal dans notre société,
03:32elles ne sont pas clairement identifiées ces notions-là,
03:35c'est-à-dire on a perdu dans notre société le bien commun,
03:39c'est-à-dire il y a autant de bon sens que d'individus,
03:43il y a autant de notions de bien et de mal que d'individus.
03:46Donc lorsqu'on parle de repères, en fait il y a énormément de repères,
03:50donc pas du tout en termes de cadre et de sécurité intérieure.
03:55Mais ça veut dire quoi ?
03:56Ça veut dire que les parents, en fait, ne font pas leur travail,
03:59devraient être plus attentifs, en fait, à tout ça ?
04:02Alors, les parents, bien sûr, font ce qu'ils peuvent, a priori,
04:07avec des fractures, des divisions pour eux-mêmes,
04:11une fracture de la société.
04:12Simplement, le fait même qu'ils aient ce smartphone dans les mains,
04:19alors même que les adultes n'en connaissent pas tous les aboutissants,
04:25eh bien, forcément, ça a mis ces enfants-là en position de toute puissance.
04:30Et c'est vrai que l'éducation qui a été effectivement à l'œuvre, là,
04:35c'est plutôt une éducation à la négociation,
04:39plutôt qu'une éducation au sens parents-enfants.
04:43C'est-à-dire, tous ces enfants qui sont devenus des adolescents
04:46sont devenus des référents.
04:49On parlait de l'enfant-roi, là, ils sont référents,
04:51comme s'ils avaient le code du monde d'aujourd'hui
04:54et que les adultes, finalement, s'effaçaient un peu.
04:57Donc, il y a vraiment une question pour nous tous aujourd'hui.
05:00Marilyn Baranes, est-ce que ces enfants qui deviennent des ados meurtriers,
05:08est-ce qu'ils ont ça en eux ?
05:11Ou est-ce que c'est quelque chose qui se construit, en fait,
05:13avec le temps, face à des frustrations, face à un mal-être ?
05:17Oui, c'est toujours une question de construction.
05:21Il n'y a pas un gène de violence,
05:25c'est un gène de perversion, il n'y a pas.
05:30Donc, c'est une question de construction.
05:32La construction, il faut bien comprendre ce que ça veut dire.
05:35Et c'est Sartre qui dit une phrase que moi, j'aime beaucoup et qui dit
05:40« L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous,
05:44l'important est ce que nous ferons de ce qu'on a fait de nous. »
05:49Alors, ça veut dire deux choses.
05:51Ça veut dire que, d'abord, un enfant qui se construit,
05:55va se construire avec quelque chose de l'ordre de la transmission.
05:58Il voit, il ressent, il vit,
06:02et il est donc emprunt de ce vécu-là.
06:07Et là où la construction intrinsèque joue un rôle important,
06:14c'est qu'on est quand même avec des traits de personnalité qui vont s'affiner.
06:21Donc, il y a des enfants, par exemple, qui dorment plus que d'autres.
06:24Il y a des enfants qui ont besoin de pleurer plus que d'autres.
06:28Donc, nous avons quelque chose qui est à nous.
06:32Et donc, en fonction de la représentation, de l'interprétation,
06:37qui n'est pas quelque chose de conscient,
06:39on ne se dit pas « Tiens, aujourd'hui, comment je vais interpréter le fait
06:42que mon père embrasse ma mère ou que mon père crie sur ma mère ? »
06:46Ou inversement.
06:47Donc, cette interprétation, cette représentation d'un vécu qui est là,
06:51c'est cette fameuse transmission.
06:53Je vois quelque chose, je vis dans un contexte,
06:57et je vais me construire là-dessus et avoir une représentation de ça.
07:02Et c'est cette représentation, en fonction de ce contexte,
07:06qui va faire de nous quelqu'un qui est construit de telle ou telle façon.
07:11Et donc, effectivement, avec soit des difficultés à gérer des frustrations,
07:19soit avec des troubles carrément psychiatriques,
07:23soit avec une absence de limites,
07:27parce que je me suis représentée le monde comme ça.
07:30D'accord, mais 57 coups de couteau, je veux dire,
07:33pour être capable d'infliger 57 coups de couteau à une jeune fille,
07:38a priori avec qui il avait une relation au départ.
07:40Donc, qu'est-ce qui se passe ?
07:43C'est un acte qui a été prémédité,
07:46et du coup, ça tourne, ça tourne depuis un moment,
07:48et un beau jour, boum, ça éclate ?
07:51Ou alors, est-ce que c'est une folie passagère,
07:53et une espèce d'isolement dans une folie ?
07:56Tout est possible.
07:58On ne peut pas définir une chose en disant,
08:00voilà, sauf si on a fait l'expertise,
08:03et qu'en fonction de cette expertise,
08:05eh bien, nous pouvons dire que c'est quelqu'un
08:10qui a une structure psychique perverse,
08:14avec de la préméditation,
08:20avec une représentation paranoïaque du monde.
08:23Alors, on a pu voir,
08:25notamment au travers de ce cas-là,
08:27sur tout ce qu'il avait écrit,
08:30la fameuse charte,
08:35enfin, ce n'est pas tout à fait une charte,
08:37le mot m'échappe,
08:38où là, il a une représentation du monde
08:41extrêmement persécutive, d'accord ?
08:43Donc, en fait, il faut amener,
08:46enfin, il veut de l'écologie partout,
08:48il attaque la politique,
08:51et donc, il se construit comme ça,
08:55et au fur et à mesure,
08:57il a des comportements,
08:59enfin, il ne faut pas oublier non plus
09:00qu'il s'est scarifié le front, vous voyez ?
09:02Qu'est-ce que veut dire cette scarification ?
09:05Pour lui, est-ce que c'est un signe
09:07qui vient dire que,
09:09pour une partie de lui-même,
09:11c'est toujours, on est fait,
09:12on est imbriqué de plusieurs parties,
09:14une partie de lui-même,
09:15où il sait qu'il y a quelque chose
09:17qui ne va pas chez lui,
09:18il se scarifie le front.
09:19Alors, 57 coups de couteau,
09:23c'est quelque chose, d'abord,
09:28d'une pulsionalité violente extrême,
09:33c'est la violence, si vous voulez,
09:35il n'est pas en train de compter,
09:37j'ai décidé d'en mettre 57.
09:38Donc, en fait, il est dans cette extrême violence-là,
09:42et qui s'est arrêté à 57,
09:44qui aurait pu s'arrêter à 62,
09:45et qui aurait pu s'arrêter à 3 ou à 40.
09:49Mais, ce que ça nous montre,
09:51c'est qu'il est dans une crise délirante,
09:56violente,
09:58et il n'a pas accès à l'élaboration à ce moment-là.
10:02Donc, la grande question, ça va être de savoir,
10:05est-ce que c'est un enfant,
10:06enfin, un jeune adulte,
10:07il a 16 ans,
10:09qui avait déjà des troubles psychiatriques,
10:12et il était dans ce qu'on appelle,
10:13éventuellement,
10:14une BDA,
10:14une bouffée délirante aiguë,
10:16qui arrive à ce moment-là,
10:17ou est-ce que c'est quelqu'un qui s'est construit
10:19de façon extrêmement perverse,
10:22et cette perversion-là,
10:24elle amène à cette violence-là,
10:26étayée par sa paranoïa sur le monde,
10:31et où il a besoin de cette toute-puissance
10:33pour venger le monde.
10:35Et, malheureusement,
10:36c'est sur cette jeune fille,
10:37avec qui, effectivement,
10:38il avait eu un affect,
10:40donc ça, c'est pas un détail,
10:41c'est-à-dire qu'il choisit pas
10:42quelqu'un qu'il ne connaît pas,
10:44il choisit quelqu'un,
10:46alors, dans sa représentation,
10:48on ne sait pas ce que ça veut dire,
10:49mais il choisit quelqu'un qu'il connaît.
10:51Alors, on se quitte quelques minutes,
10:53parce qu'il y a une courte page
10:54de publicité à laisser passer,
10:56mais on se retrouve dans quelques instants,
10:57à tout de suite.
10:57La Vie en Mieux, spécial éducation,
11:07nous sommes ensemble jusqu'à midi et demi
11:09pour parler de la violence
11:10qui s'empare de certains adolescents
11:12pouvant conduire à des actes criminels,
11:14comme dernièrement pour Louise,
11:1511 ans, poignardée par Owen,
11:18Lorraine, lycéenne,
11:19poignardée 57 fois par Justin P.
11:22Dans le Gard,
11:22le fidèle musulman qui a reçu
11:24plusieurs dizaines de couteaux
11:25par Olivier H, 20 ans,
11:27Je suis avec Brigitte Praud,
11:29enseignante et...
11:31Psychopédagogue.
11:33Psychopédagogue, c'est ça.
11:35Et Marilyn Baranès,
11:37spécialiste du traumatisme
11:39et experte judiciaire.
11:41Alors, on parlait tout à l'heure
11:43de ces 57 coups de couteau,
11:45de cette folie meurtrière à un instant T.
11:47Moi, il y a quelque chose qui me choque
11:48dans le cas de Owen et de la petite Louise.
11:53Comment ce garçon,
11:55qui trouve les moyens
11:56le plus sereinement possible
11:57d'emmener cette gamine sous un prétexte
12:00dans le petit sous-bois,
12:02de la tuer de plusieurs coups de couteau,
12:04revient chez lui comme s'il n'avait rien fait,
12:07demande à sa copine de lui mettre un pansement
12:09parce qu'il est légèrement écorché,
12:12reprend le cours de sa vie
12:13comme s'il ne s'était rien passé.
12:15qu'est-ce qu'on doit comprendre
12:18de cette facilité à passer
12:20d'un acte abominable
12:23à la vie normale ?
12:25Je trouve ça d'une perversité.
12:27Est-ce que c'est maintenant
12:28le fil conducteur
12:30de ces actes abominables ?
12:33Les jeunes ont en eux
12:34une forme de perversité aujourd'hui ?
12:37Peut-être exacerbées
12:38par les réseaux sociaux,
12:39les jeux vidéo et tout ça,
12:41mais...
12:42On ne peut pas faire de généralité.
12:48Manifestement,
12:49en tout cas dans le cas d'Owen,
12:50il revient tranquillement
12:52parce qu'il essaie de se cacher.
12:56Donc...
12:56Il a cette capacité ?
12:59Oui,
12:59mais vous savez,
13:02la peur de se faire prendre,
13:04c'est-à-dire que vous pouvez avoir ce moment...
13:06Ce qui montre qu'il est tout à fait
13:08capable de réfléchir.
13:09C'est surtout ça que ça montre.
13:11C'est-à-dire qu'il rentre chez lui
13:12comme si de rien n'était.
13:14Il a tué une petite fille.
13:19Et ce que ça montre,
13:21ça montre déjà quelque chose
13:23de totalement pathologique.
13:27C'est-à-dire qu'un manque d'empathie,
13:29absence de reconnaissance de l'altérité,
13:33c'est-à-dire que l'autre existe,
13:34il est dans sa bulle.
13:36On sait qu'il avait donné...
13:38Enfin, qu'il avait joué
13:39à des jeux vidéo,
13:40qu'il n'était pas content
13:41d'avoir perdu, etc.
13:43Bon,
13:43Dieu merci,
13:45tous les enfants qui perdent
13:46aux jeux vidéo
13:47ne vont pas se mettre
13:47à aller tuer quelqu'un.
13:49Mais,
13:50on sait surtout que c'est un enfant,
13:51je rappelle,
13:52qui lui...
13:53Enfin,
13:54non, non,
13:54il a 23 ans.
13:55C'est un homme
13:56qui avait déjà eu
13:59de la violence
14:00vis-à-vis de sa sœur
14:01et où il y a eu
14:02donc déjà une plainte
14:04qui avait été faite à la police.
14:06Donc,
14:06c'est déjà quelqu'un
14:06qui est violent.
14:08Alors,
14:09ce qu'on peut dire
14:10d'une façon générale
14:11sur la violence,
14:13c'est que de toute façon,
14:14c'est toujours
14:14une analyse
14:16d'un ensemble
14:17de facteurs complexes.
14:19La violence,
14:20ça peut être...
14:22D'ailleurs,
14:23c'est des facteurs complexes
14:24imbriqués.
14:25Donc,
14:27il n'y a jamais
14:27un facteur isolé
14:29qui va faire que
14:30un facteur isolé,
14:31hop,
14:32va amener quelqu'un
14:33à aller donner
14:3457 ou
14:36X coups de couteau.
14:37Donc,
14:38on a des troubles
14:38de la personnalité,
14:40on a de l'impulsivité,
14:41donc tout ça,
14:42ce sont des troubles.
14:43On a des traumatismes
14:44et abus,
14:45c'est-à-dire,
14:45est-ce qu'on a vécu ça,
14:46qui vont faire
14:47qu'on va avoir
14:48un problème psychique.
14:51Il y a la question psychiatrique
14:52à proprement parler
14:53avec de la dissociation,
14:55il y a des attitudes
14:56déshumanisantes,
14:57il y a des gens
14:58qui se construisent,
14:58des enfants,
14:59avec cette attitude
15:00déshumanisante.
15:02On a des dysfonctionnements
15:04cérébraux.
15:05Donc,
15:05en fait,
15:06il y a un ensemble
15:06de choses.
15:07Tout ça,
15:08ça ne se voit pas,
15:08par exemple,
15:09en classe,
15:10Brigitte,
15:10ça ne se voit pas,
15:11ça ?
15:11Ça ne peut pas
15:12se déceler ?
15:13Alors,
15:13en classe,
15:15les enseignants,
15:16bon,
15:16neuf enseignants
15:17au collège,
15:1925,
15:2030 élèves
15:21dans la classe,
15:22des délégués,
15:23la vie scolaire,
15:25évidemment,
15:26on ne peut pas
15:27passer à côté,
15:29en tout cas,
15:29de comportements
15:30symptomatiques.
15:32Simplement,
15:33en termes de diagnostic,
15:34c'est bien la sphère
15:35médico-psychologique
15:38ou bien
15:38la sphère médicale
15:41qui peut poser
15:41un diagnostic
15:42et qui peut,
15:43comme vous l'avez dit
15:44tout à l'heure,
15:45poser une expertise
15:46et évaluer à partir
15:49de là
15:49ce qu'il en est
15:50du comportement
15:52de cet adolescent.
15:53Et c'est vrai
15:54que ça se construit
15:56et c'est l'histoire
15:57aussi de l'historique,
15:58c'est-à-dire
15:59l'année d'avant,
16:00l'année encore d'avant.
16:02Donc,
16:02le rôle de l'école,
16:04là,
16:04forcément,
16:06l'équipe pédagogique
16:07ne pouvait pas passer
16:08à côté,
16:09effectivement,
16:10de symptômes.
16:11Or,
16:12ce qui se passe
16:12à l'intérieur de lui
16:13et comme vous dites
16:15là,
16:15madame,
16:16c'est complexe
16:17et donc,
16:18à un moment donné,
16:19le passage à l'acte,
16:21c'est important
16:22qu'il y ait
16:22une véritable évaluation
16:23précise
16:24et une expertise
16:25et une information
16:27à l'école,
16:28aux parents.
16:29Et là,
16:29il y a une espèce
16:30de trio
16:31à l'œuvre,
16:33c'est-à-dire
16:33l'école,
16:34que voit-elle,
16:35que dit-elle,
16:36effectivement,
16:36aux parents,
16:37les parents
16:38qui consultent
16:39et pour moi,
16:40il n'y a pas assez
16:41aujourd'hui,
16:42en tout cas,
16:43même si tous ces cas-là
16:44sont des exceptions,
16:45évidemment,
16:46de communication
16:47entre ces trois parties,
16:50entre ces trois instances-là.
16:52Et il y aurait
16:53une communication
16:54tout en respectant
16:55le secret médical,
16:56évidemment.
16:57Là,
16:58ça changerait pas mal de choses
16:59et il y a beaucoup
17:00de silence aussi
17:01autour de tout cela.
17:03Et il s'agit aussi
17:04de voir
17:05que ce qu'entendent
17:07les jeunes,
17:07des adultes,
17:09des enseignants,
17:09des parents,
17:10médiatiquement,
17:11ils entendent quoi ?
17:12Les enseignants
17:13qui ont peur,
17:14les parents
17:15qui ont peur,
17:16ils voient chez eux
17:16que souvent,
17:17les parents marchent
17:19sur des œufs
17:19pour leur parler,
17:21craignent aussi
17:21leur réaction,
17:22etc.
17:23Donc,
17:23il s'agit qu'aujourd'hui,
17:25les adultes
17:26s'affirment
17:27et s'affirment
17:28en tant qu'adultes,
17:29vraiment.
17:30Mais dans cette société,
17:31depuis 15 ans,
17:32c'est très difficile,
17:33cette histoire-là,
17:34puisqu'il y a eu,
17:35effectivement,
17:36toute la question
17:36de tout ce qui est
17:39vraiment l'individu,
17:40son bien-être,
17:42chacun avec son nombril.
17:44Et là,
17:44il y a évidemment
17:45une co-responsabilité
17:47de nous tous,
17:48évidemment.
17:48Qui doit être observé.
17:50Du côté de l'école,
17:51dans une classe,
17:52on ne peut pas passer
17:53à côté
17:54de symptômes.
17:56Après,
17:57il n'y a pas de diagnostic
17:58dans le cadre scolaire,
17:59évidemment.
18:00Le couteau,
18:01c'est l'élément,
18:02c'est le dénominateur commun.
18:03Pourquoi le couteau ?
18:03Parce que finalement,
18:04tout le monde peut le prendre
18:05n'importe où,
18:05dans une cuisine,
18:06dans un...
18:07Il y a une symbolique
18:08derrière le couteau
18:09ou est-ce que c'est vraiment
18:10parce que c'est l'arme
18:10la plus facile
18:11à se procurer ?
18:12Écoute,
18:13on peut faire de la psychanalyse
18:14et parler
18:15d'une représentation
18:17phallique du couteau.
18:18Mais je crois,
18:19pour rester simple,
18:21le couteau,
18:22c'est facile.
18:23Alors le couteau,
18:24dans...
18:24J'ai deux choses à dire.
18:26D'une part,
18:27dans l'ambiance
18:28du monde actuel,
18:31le couteau sert aussi
18:34à se protéger.
18:36C'est-à-dire que,
18:37il y a aussi des gens,
18:39des jeunes,
18:40qui pourraient
18:41et qui peut-être,
18:43finalement,
18:44c'est facile à prendre
18:45au cas où
18:46j'ai un couteau
18:47pour me défendre.
18:48Donc ça,
18:48c'est déjà
18:49parce que,
18:51il ne faut pas oublier
18:51que dans les médias,
18:52mais dans les médias,
18:54parce que le monde
18:55est ainsi,
18:56c'est-à-dire qu'on allume
18:57les informations,
18:58la radio,
18:59la télévision
19:00et qu'on entend
19:01des choses terribles.
19:03Donc,
19:03il y a des jeunes
19:04qui vont dire,
19:05bon,
19:05moi,
19:06je prends un couteau
19:07parce que s'il y a
19:08quelqu'un qui veut
19:09me prendre mon portable,
19:10etc.,
19:10et que je suis en mesure
19:11de me défendre,
19:12au moins,
19:12je pourrais me défendre.
19:13Bon,
19:13et puis,
19:14il y a celui
19:14qui va prendre
19:14le couteau sciemment
19:16pour aller tuer.
19:20Bon,
19:20donc,
19:21voilà pourquoi le couteau,
19:22à mon avis,
19:23c'est parce que c'est vraiment
19:24très,
19:24très simple
19:24et qu'on n'est pas aux Etats-Unis
19:26et qu'on n'a pas,
19:27ici,
19:27il faut des ports d'armes
19:28et qu'on,
19:28voilà,
19:29donc,
19:29ça,
19:30c'est une première chose.
19:31La deuxième chose
19:32que je voulais dire
19:32pour rebondir
19:33sur vos propos précédents,
19:35c'est que,
19:36effectivement,
19:37la communication,
19:38c'est important.
19:39Effectivement,
19:40a priori,
19:41on va dire que les professionnels
19:42sont capables
19:42de repérer des troubles
19:44chez un enfant
19:46ou aussi,
19:47parce que ça existe
19:48dans la sémiologie psychiatrique,
19:52il y a ce qu'on appelle
19:55des familles pathologiques,
19:56donc,
19:56avec des dysfonctionnements
19:59à l'intérieur de la famille
20:00parce que le père
20:02n'a pas vraiment
20:03le rôle du père,
20:03parce que le fils
20:04ou la fille
20:05prend la place de l'autre,
20:07ça dysfonctionne.
20:08Quand ça dysfonctionne,
20:10eh bien,
20:10ça peut,
20:10effectivement,
20:11provoquer des troubles
20:12et des troubles graves.
20:15Mais,
20:16ce que je veux dire,
20:17c'est qu'un enfant
20:18qu'on repère avec,
20:20on va dire,
20:21des bizarreries,
20:22d'accord ?
20:22On se dit,
20:23tiens,
20:23il parle vraiment jamais
20:24ou il ne fait que parler
20:26ou il est agité
20:27ou il est violent
20:29ou il est agressif
20:31ou il est victime.
20:35C'est quelqu'un
20:35qui prend des coups,
20:37etc.,
20:37et qui ne dit jamais rien.
20:38Tout ça,
20:39c'est des choses
20:40qu'on peut repérer.
20:41Donc,
20:42je voudrais démystifier,
20:45démystifier
20:46la question de l'aide.
20:49Et donc,
20:50il y a des professionnels
20:51qui s'appellent,
20:52des psychologues,
20:53qui s'appellent
20:54des docteurs
20:55en psychologie clinique,
20:57qui s'appellent
20:57des psychiatres.
20:59Un psychiatre,
20:59ça ne veut pas dire fou,
21:00ça veut dire
21:01quelqu'un qui connaît
21:02aussi
21:02les mécanismes.
21:05d'accord ?
21:06Et les psychiatres,
21:07souvent,
21:08quand ils n'ont pas
21:09de médicaments
21:10à donner,
21:10par exemple,
21:11ils vont adresser
21:12à un psychologue
21:13clinicien
21:14pour aider
21:16l'enfant,
21:17la personne,
21:17l'adulte,
21:18à mieux gérer
21:20sa vie,
21:21mieux se gérer
21:22soi-même.
21:22Donc,
21:23je voudrais
21:23faire un appel
21:25général et dire
21:26mais allez,
21:27consulter,
21:28ce n'est pas honteux
21:29d'aller se faire aider.
21:31Vous avez l'impression
21:31qu'il y a encore
21:32un tabou ?
21:32Mais il y a en France
21:34un tabou,
21:34c'est sûr et certain.
21:36Tous les anglo-saxons,
21:37ils ont tous un psy.
21:38Un psy, absolument.
21:39Donc,
21:39en fait,
21:40et dans les réunions amicales,
21:45au Brésil,
21:46c'est pareil,
21:47en fait,
21:48chacun raconte
21:49sa petite expérience
21:50avec son psy
21:51et c'est d'ailleurs
21:52toujours très sympathique.
21:53C'est très libéré
21:54comme parole.
21:55Mais en fait,
21:56ce n'est pas honteux
21:57de dire,
21:57bon,
21:57je sens qu'il y a
21:58un truc qui ne va pas,
21:59il y a quelqu'un
21:59qui va m'aider
22:00à voir ce que je ne vois pas.
22:02C'est ça,
22:03le métier de psychologue.
22:06Et ça,
22:06il faut l'accepter.
22:07Il faut l'accepter.
22:08Donc,
22:08les enseignants doivent,
22:09ben oui,
22:09mais il faut l'accepter.
22:10Pour l'accepter...
22:11Non,
22:11mais en tant que parent,
22:12il faut l'accepter.
22:13Accepter,
22:14mon fils,
22:15ma fille a peut-être
22:16besoin d'aide.
22:16Mais c'est de l'aide.
22:18C'est-à-dire que
22:19les problèmes psychologiques,
22:21il n'y a pas de médicaments,
22:22ce n'est que la parole.
22:23Donc,
22:23il faut bien comprendre ça.
22:24Donc,
22:24quand on a mal à la gorge,
22:25on va voir le médecin généraliste
22:27et il nous donne éventuellement
22:28un antibiotique
22:29et on va lui demander de l'aide.
22:30Monsieur,
22:31j'ai mal.
22:31Qu'est-ce que vous faites pour moi ?
22:33Eh bien,
22:33quand j'ai quelque chose
22:35dans mon comportement
22:36qui est bizarre,
22:36je ne dors pas,
22:37je mange trop,
22:38eh bien,
22:39madame,
22:40monsieur,
22:40j'ai besoin d'aide.
22:41Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?
22:42Je n'ai pas de comprimé.
22:42Donc,
22:43c'est la parole.
22:45Merci à toutes les deux.
22:46On va refaire une autre émission
22:48parce qu'il y avait trop de choses à dire
22:49et là,
22:49le temps qui nous est imparti.
22:51C'est écoulé.
22:52Merci à toutes les deux.
22:54La santé mentale de nos ados.
22:55On se retrouve dimanche prochain
22:57pour une prochaine émission
22:58Une autre question d'éducation.
23:00Belle semaine
23:00à l'écoute de Sud Radio
23:01et n'hésitez pas
23:02si vous avez des questions,
23:03lavie en mieux
23:03arroba sudradio.fr
23:05A la semaine prochaine.