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NewsTranscription
00:00Applaudissements
00:01Monsieur le ministre, vous avez ouvert lundi une séance de concertation sur l'introduction du scrutin proportionnel.
00:19Alors, si nous saluons toujours la concertation,
00:22pourquoi cet empressement, pourquoi vouloir de ce poison électoral dans une période où les tensions géopolitiques exacerbent les difficultés,
00:39où les Français s'inquiètent pour leur avenir ?
00:42On peut vous reconnaître une constance sur le sujet,
00:46mais force est de constater que sous la Ve République et bien avant,
00:50la proportionnelle n'a généré que de l'instabilité gouvernementale et un régime des partis politiques.
01:00Applaudissements
01:00Et puis, Monsieur le Premier ministre,
01:05quel proportionnel ?
01:06Une proportionnelle intégrale, une proportionnelle départementale ?
01:10On peut dès lors s'inquiéter pour la représentation des Français qui vivent dans la ruralité, qui vivent en Outre-mer.
01:18Le vrai sujet, Monsieur le Premier ministre, n'est-il pas de se concentrer sur l'essentiel,
01:26de préparer un budget sans hausse d'impôts,
01:29de s'attacher à défendre le pouvoir d'achat des Français,
01:33de donner plus de liberté à nos entreprises et de la sécurité pour tous ?
01:37Je vous remercie.
01:38Applaudissements
01:38Pour vous répondre, la parole est à Monsieur le Premier ministre.
01:44Applaudissements
01:44Merci, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Monsieur le Président d'Arnaud.
01:53La réponse que je vous fais, vous savez à quel point elle est amicale.
01:57Mais non, ça démarre très bien.
02:05Je viens d'entendre votre charge contre le scrutin proportionnel,
02:10dont vous avez dit qu'il était un poison de la démocratie
02:13et qu'il était la cause de toute instabilité.
02:20Est-ce que j'ai besoin de rappeler que le scrutin proportionnel, c'est celui par lequel est élu 75% des sénateurs,
02:29des membres de cette Assemblée ?
02:31Et je n'ai pas le sentiment que ce mode d'élection ait suscité un poison destructeur de la société démocratique
02:40et ait suscité l'instabilité.
02:42Il suffit de voir ses bancs pour mesurer qu'au contraire, il y a là un facteur de stabilité.
02:49Madame, quand vous dites qu'il n'y a rien à voir, il y a tout à voir.
02:53Et donc, c'est absolument une règle démocratique.
03:01Je veux rappeler que tous les pays européens de l'Union européenne, sans exception, ont ce mode de scrutin.
03:09C'est la première chose. Je vais vous dire pourquoi j'ai en effet décidé d'ouvrir des concertations très larges sur ce sujet.
03:19Au-delà de la constance que vous avez bien voulu reconnaître, puisque, en effet, j'ai passé beaucoup de temps dans ma vie politique
03:27à militer pour ce changement de nos règles.
03:32Pourquoi ? La première de ces règles, c'est parce que la proportionnelle, c'est le scrutin du pluralisme.
03:39Et Dieu sait que dans la société que nous vivons, dont le président du Sénat a rappelé à quel point elle était fragmentée,
03:48éclatée, opposée, archipélisée, Dieu sait qu'on a besoin d'apaiser la réalité du pluralisme.
03:59Deuxièmement, le scrutin majoritaire, il obéit à une règle simple.
04:04Il faut être ou tout pour ou tout contre.
04:07Et Dieu sait que les problèmes que nous avons à régler exigent des prises de conscience plus élaborées,
04:16plus concertées, mieux mises au point que l'affrontement systématique d'un côté ou de l'autre.
04:23Et enfin, c'est la garantie pour tous les grands courants politiques du pays, c'est-à-dire pour tous les citoyens,
04:31d'être représentés à mesure de leur engagement et de leur vote.
04:36Et je veux vous rappeler, je veux rappeler à votre groupe, que à la Libération,
04:42lorsque le général de Gaulle était à la tête des institutions du pays,
04:46le mode de scrutin qu'il a choisi, c'est la proportionnelle.
04:50Et peut-être pourrait-on réfléchir à tous ces facteurs.
04:53Merci beaucoup.
04:56Président Darnot.
04:58Oui, monsieur le Premier ministre, et force est de constater que ça n'a pas été concluant,
05:02puisqu'en 1958, le même général de Gaulle est revenu sur ce mode de scrutin.
05:09Rappelez qu'ici au Sénat, monsieur le Premier ministre,
05:12et je le dis avec la même amitié, c'est un mode de scrutin départemental,
05:16et que les plus petits départements ont un mode de scrutin majoritaire.
05:21Et puis, parce que je sais que vous aimez les grands auteurs,
05:24permettez-moi de conclure en citant Alain,
05:26qui disait que la représentation proportionnelle est un système évidemment raisonnable et juste.
05:32Seulement, partout où on l'a essayé,
05:35elle a produit des effets imprévus et tout à fait funestes
05:38par la formation d'une poussière de partis,
05:41dont chacun est sans force pour gouverner, mais très puissant pour empêcher.
05:45C'est ainsi que la politique devint un jeu des politiques.
05:48Je vous remercie.