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00:00L'éditeur politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brézé.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06Alors Alexis, par un étrange hasard, alors que l'Espagne était victime d'une panne générale de courant,
00:10hier l'Assemblée débattait des choix énergétiques de la France pour les dix ans qui viennent.
00:16Pensez-vous, Alexis, que ce débat qui était sans vote, organisé par François Bayrou,
00:20ait permis de clarifier une stratégie passablement embrouillée ?
00:24Pour qu'il clarifie quoi que ce soit, il aurait peut-être fallu que les députés y assistent.
00:30Or, il n'était pas plus de dix hier dans l'hémicycle.
00:34C'est d'autant plus navrant, Dimitri, que le sujet, certes technique, est importantissime pour l'avenir de notre pays.
00:40L'environnement, bien sûr, alors on ne parle que de ça, on finirait par croire que c'est le seul enjeu.
00:44Mais enfin aussi, l'activité, l'emploi, la compétitivité, le pouvoir d'achat, la sécurité, l'indépendance nationale,
00:51c'est tout cela qui se joue dans le choix de ce qu'on appelle notre mix énergétique.
00:57Et en l'occurrence, ce choix, ça fait quatre ans qu'on le repousse.
01:01Quatre années que Jean Castex, Elisabeth Borne, Gabriel Attal remettent à plus tard le moment d'enterrer définitivement
01:09cette folle stratégie inventée par François Hollande et reprise ensuite par Emmanuel Macron,
01:14qui nous a conduit à sacrifier au lubis politique des verts et à l'intérêt bien compris de nos voisins allemands,
01:21notre atout majeur dans la bataille économique mondiale, ce parc nucléaire qui nous permet de disposer d'une électricité abondante,
01:29économique, stable, prévisible, tout ce que l'éolien et le solaire ne sont pas, et parfaitement décarboné.
01:35Alors, dans son discours de Belfort en février 2022, Emmanuel Macron a certes publiquement abjuré ce crédo
01:42en annonçant le grand retour du nucléaire. Bravo, il était temps.
01:46Mais il n'a pas abrogé pour autant l'ancienne loi de programmation,
01:50d'où une sorte de confusion générale et la nécessité d'afficher les nouveaux choix de l'État
01:55dans une nouvelle loi de programmation.
01:57Alors ces choix, justement, quels sont-ils ?
01:59Sur la forme, la première décision, c'est de faire passer par décret, sans vote,
02:04donc ce texte qui relève normalement de la loi.
02:07Alors c'est peut-être plus prudent politiquement,
02:09mais enfin, il faut bien reconnaître que s'agissant de 300 milliards d'investissements d'ici 2040,
02:14c'est un peu curieux de court-circuiter ainsi le Parlement, qui évidemment n'est pas content.
02:18Sur le fond, le choix qui est fait, malheureusement, c'est une fois encore de ne pas choisir.
02:25C'est l'application du grand principe dû en même temps à la politique énergétique.
02:30D'un côté, on relance le nucléaire en programmant la construction de nouveaux réacteurs,
02:36mais de l'autre, on prévoit de développer à marche forcée les énergies renouvelables
02:41avec le quadruplement du photovoltaïque et le triplement de l'éolien, surtout de l'éolien en mer.
02:47Le problème de ce non-choix, que l'Académie des sciences, dans un avis au vitriol,
02:53juge incohérent et irréaliste, c'est qu'il surestime grandement la demande électrique.
02:59Pensez aux voitures qui ne se vendent pas.
03:00Et donc, nous risquons fort de produire en trop grande quantité
03:05une électricité largement intermittente que nous ne pourrons pas exporter
03:09et qui coûtera fort cher, le coût de raccordement de l'éolien en mer sont exorbitants,
03:15fort cher aux contribuables comme aux consommateurs français.
03:18Tout ça pour ne pas toucher au grand tabou des énergies renouvelables.
03:22Et vous pensez, Alexis, que François Bayrou peut tomber sur ce sujet ?
03:27Alors, le RN brandit cette menace.
03:29Et les LR, qui parlent de décrets scélérats, de projets mortifères,
03:32sont particulièrement remontés.
03:34Enfin bon, on ne les voit pas voter ensemble une motion de censure.
03:37Et quand bien même le ferait-il, ça ne ferait toujours pas une majorité.
03:41Or, jamais la gauche ne votera pour le nucléaire et contre les renouvelables.
03:44Donc, le Premier ministre, qui a tout de même jugé plus prudent de repousser le décret à l'été,
03:48ne court sur le papier aucun risque.
03:50Le problème pour François Bayrou, c'est la suite.
03:53Ce qui se dessine, Dimitri, c'est la fin de la neutralité bienveillante du RN à son endroit.
03:59Et en politique comme en amour, il n'y a que le premier pas qui coûte.
04:03Quand l'EPS, après son congrès, voulant afficher sa combativité sur les retraites, par exemple,
04:09cessera à son tour à la censure,
04:11combien de temps pensez-vous que Marine Le Pen résistera à la tentation de la voter ?
04:17L'édito politique sur Europe 1. Merci Alexis Brès.
04:19Sous-titrage Société Radio-Canada