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Marguerite Edwards était une Américaine de 25 ans, curieuse et pétillante. Elle était venue étudier en France, inscrite à la faculté de droit de Montpellier. Heureuse de découvrir ce pays qui l'amusait et dont elle parlait parfaitement la langue. Un jour de l'automne 1982, elle s'est volatilisée sur le campus. Plus aucune nouvelle d'elle. Disparue avec sa bicyclette. Les enquêteurs vont se retrouver face à la plus compliquée des énigmes. Pas de témoin. Pas d'indice susceptible d'expliquer cette évaporation soudaine. Pas de suspect évident.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.

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Transcription
00:0114h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:12Inquiétude à la fac de droit de Montpellier, une étudiante américaine, Marguerite Edwards, a disparu depuis une semaine.
00:21Vue pour la dernière fois dans les locaux de l'université, la gendarmerie vient de publier un avis de recherche.
00:28Bonjour, Marguerite Edwards était une américaine de 25 ans, curieuse, pétillante.
00:36Elle était venue étudier en France, inscrite à la faculté de droit de Montpellier.
00:41Heureuse de découvrir ce pays qui l'amusait et dont elle parlait parfaitement la langue.
00:46Un jour de l'automne 82, elle s'est volatilisée sur le campus, plus aucune nouvelle d'elle, disparue avec sa bicyclette.
00:54Les enquêteurs vont se retrouver face à une énigme compliquée, pas de témoins, pas d'indices, pas de suspects.
01:01À la tête des investigations, un gendarme tenace va avoir le sentiment que tout s'est joué dans le dédale des bâtiments de l'université.
01:10Ces pas vont le conduire vers un ténébreux personnage qui hante les lieux, en connaît tous les recoins, au point d'y disposer d'une pièce secrète.
01:20Qui est donc cet homme qui répète que ses mains ne servent qu'à faire le bien ?
01:25Quel lugubre scénario s'est déroulé derrière les murs de l'université ?
01:29Question posée aux invités de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:34Marguerite Edwards, la séquestrée de la fac de Montpellier, c'est tout de suite sur RTL.
01:40Mercredi 13 octobre 1982, quatre jeunes gens se présentent au commissariat de Montpellier.
01:54Ils ont hésité avant de pousser cette porte, mais leur inquiétude est trop forte.
01:58Ils viennent signaler la disparition de leur copine, de son nom complet, Marguerite Harris Edwards, 25 ans, de nationalité américaine, inscrite à la fac de droit, en étant en pleine rentrée universitaire.
02:13Et Marguerite n'a plus donné signe de vie depuis jeudi dernier, le 7 octobre.
02:19Marussia, sa colocataire brésilienne qui partage avec elle un petit appartement au numéro 12 de la rue du Chemin Vert,
02:27l'a vue pour la dernière fois ce matin-là.
02:30Elle explique que Marguerite s'est levée à 9h.
02:34Elles ont pris ensemble leur petit déjeuner.
02:36Sa copine est allée récupérer le courrier à la boîte aux lettres.
02:39Elle a quitté l'appartement à vélo vers 10h30 avec son sac à dos rouge.
02:45Plus aucune nouvelle depuis.
02:47Marussia, tout comme Nancy, Myriam ou encore Luc, tout jeune médecin du SAMU à Montpellier,
02:53certifie aux policiers que Marguerite n'a certainement pas fugué.
02:58Ils l'ont cherché partout en ville.
03:00Ils ont fait le tour des hôpitaux, des services de secours sans succès.
03:05Même sa bicyclette rouge reste introuvable.
03:08Les policiers se disent alors démunis.
03:10Marguerite Edwards est majeure.
03:12Et rien ne lui interdit de disparaître.
03:14Vendredi 15 octobre, deux jours après le signalement de la disparition de Marguerite Edwards,
03:21un avis de recherche est publié, transmis à tous les commissariats et gendarmeries.
03:27C'est la famille de la jeune femme et le consulat des Etats-Unis à Marseille
03:32qui ont insisté pour obtenir cette publication.
03:35La disparue est décrite comme de taille et de corpulence moyenne,
03:39cheveux châtains clairs.
03:41Elle porte des lunettes de vue.
03:42Au moment de la disparition, elle était vêtue d'un jogging
03:45et circulait sur un vélo rouge.
03:48Marguerite a été vue à la fac le jeudi 7 octobre au matin.
03:53On perd ensuite sa trace en début d'après-midi.
03:56La thèse de l'accident est exclue.
03:58Ses amis, dont sa confidente Myriam, ne croient pas à la fugue ou au suicide.
04:03Marguerite n'a aucune idée sombre.
04:05Elle n'a pas connu de peine de cœur.
04:08Son seul souci est le renouvellement de sa bourse.
04:11Elle vient en effet de rater son dug.
04:14Dimanche 17 octobre, Gilles Doucet, spéléologue amateur,
04:20est à la recherche de l'entrée d'une grotte à une vingtaine de minutes de Montpellier.
04:24Au bout d'un chemin de terre, dans un sous-bois cerné de chênes verts,
04:28il aperçoit un corps.
04:30Une jeune femme gît sur le sol en soutien-gorge.
04:33Son pantalon de jogging rose et son slip abaissé jusqu'aux chevilles.
04:38Les gendarmes sont alertés.
04:40Le rapprochement aussitôt fait avec l'américaine disparue.
04:44Son sac à dos est retrouvé à une dizaine de mètres dans les taillis.
04:48Il contient des papiers d'identité au nom de Marguerite Edwards.
04:52Un carnet de tickets de restaurant universitaire.
04:55Un bloc-notes avec des numéros de téléphone.
04:58Le cou de la victime porte un sillon sombre, régulier.
05:02Les bras affichent des éraflures, des égratignures, des érosions, notamment autour des poignets.
05:08Le légiste confirme une mort par asphyxie mécanique.
05:12Un étranglement avec un lien.
05:15On pense d'emblée à une attaque sexuelle, mais aucune trace de viol n'est constatée.
05:20La jeune femme ne s'est pas défendue, ses habits sont intacts.
05:23Marguerite était entravée quand on l'a tuée.
05:26L'autopsie indique que la mort est survenue entre le 14 et le 16 octobre.
05:31soit une semaine après sa disparition.
05:35Marguerite Edwards a donc été séquestrée.
05:41Séquestrée.
05:41Voilà donc l'élément majeur qui est apporté par le médecin légiste.
05:46Ce sont à ce moment-là les gendarmes qui sont chargés de l'enquête.
05:50La section de recherche de Montpellier avec à sa tête le major Robert Gatoun.
05:53On va parler de cet homme évidemment au fil de cette émission parce que c'est vraiment lui qui a tenu cette enquête.
05:58C'est le premier à se poser des questions et à chercher qui est derrière ce crime abominable.
06:04Alors on va voir dans la suite de l'heure du crime que toutes les pistes mènent à la fac de Montpellier.
06:11Et même derrière les murs de cette fac de Montpellier.
06:14Alors c'est une enquête qui démarre vraiment avec la découverte du corps.
06:18Bonjour François Barère.
06:20Bonjour Jean-Alphonse.
06:21Merci beaucoup beaucoup d'être avec nous dans cette heure du crime.
06:25Vous êtes reporter spécialisé police-justice au journal Le Midi Libre.
06:30Vous avez réalisé un podcast, un épisode sur cette affaire dans le podcast de Midi Libre, Crimes et Justice.
06:38Et c'est évidemment un podcast qu'on peut retrouver sur internet.
06:42François Barère, vous connaissez bien ce dossier, évidemment vous l'avez compulsé pour réaliser votre podcast.
06:49Il y a donc cette disparition, mais c'est vraiment avec la découverte du corps que ça démarre l'enquête.
06:55Parce que jusqu'à présent, ces étudiants, on ne les prenait pas vraiment au sérieux.
07:00Effectivement, au départ, une étudiante qui disparaît à Montpellier,
07:03on sent que le commissariat n'a pas mis le paquet sur cette disparition qui n'était pas jugée comme inquiétante au départ.
07:12Et c'est effectivement de l'extérieur de Montpellier que finalement l'enquête va véritablement passer en phase extrêmement active.
07:21Lorsque le corps est découvert, dans ce sous-bois, comme vous l'avez décrit,
07:26on est à une vingtaine de kilomètres de la ville et donc c'est en zone de gendarmerie.
07:30Et donc c'est les gendarmes qui récupèrent l'enquête.
07:33Et ce n'est pas n'importe quel gendarme, ça vaut peut-être le coup de s'y attend des deux minutes.
07:37Puisqu'en fait, c'est la section de recherche de Montpellier qui est chargée de cette enquête.
07:43La section de recherche, en fait, c'est une unité spécialisée qui a été créée quelques années plus tôt,
07:48à la fin des années 70, lorsque les gendarmes ont voulu se spécialiser
07:51pour avoir des unités vraiment pointues pour lutter contre les grands criminels.
07:55Et donc, ils ont constitué une unité.
07:59L'ASR de Montpellier a été l'une des premières,
08:01mais surtout, c'est la seule ASR en France qui est dirigée,
08:06non pas par un colonel, par un officier, mais par un sous-offre.
08:09Le major Gatoun, qui est un homme rentré du rang,
08:13est sorti du rang et qui est un passionné des enquêtes criminelles
08:15et qui va créer cette unité qui va s'illustrer dans des affaires majeures dans la région,
08:20dont cette affaire qui est dans la mémoire des enquêteurs
08:24que j'avais rencontrées il y a une quinzaine d'années,
08:26qu'ils aient tous marqué, ils m'en ont tous parlé en disant
08:29« Ouah, l'affaire de l'américaine ».
08:31Ils ne parlaient pas de Marguerite, ils ne parlaient pas du long du suspect.
08:34Pour eux, c'était l'américaine.
08:35L'affaire de l'américaine.
08:37Et effectivement, vous avez raison de souligner le travail de cette SR de Montpellier,
08:40une des premières du genre en France, et notamment de ce major,
08:43le major Gatoun, parce qu'on lui doit beaucoup dans cette affaire.
08:47Alors, question suivante, toujours pour vous, François Barère.
08:50Il y a cette autopsie, elle est très très importante, cette autopsie,
08:55parce qu'effectivement, elle donne une autre vision de ce crime.
08:58On sait que cette jeune femme a été séquestrée,
09:01et là, ça change tout dans le paysage de l'enquête.
09:04Effectivement, ce que les gendarmes vont comprendre,
09:07c'est qu'en fait, la scène qu'ils ont découverte dans le sous-bois,
09:10c'est une mise en scène.
09:13On a cherché à leur faire penser à un crime sexuel,
09:17elle a un crime de rôdeur, un enlèvement suivi d'un viol.
09:22Mais l'autopsie dit le contraire.
09:23L'autopsie dit qu'il n'y a aucune trace de violence sexuelle,
09:25les habits sont en bon état,
09:28ils n'ont pas été déchirés, comme c'est souvent le cas
09:30lorsqu'une jeune femme peut être agressée.
09:32En revanche, elle a des traces très bizarres sur tout le dos,
09:37comme si elle avait été battue régulièrement.
09:40Et puis, elle a été étranglée, elle est morte étranglée.
09:44Et il y a un décalage entre la décomposition du corps
09:49et la trace des premières blessures.
09:51Donc effectivement, il y a un laps de temps
09:52où elle n'était pas dans ce sous-bois morte,
09:56en attendant qu'on la retrouve.
09:58Bonjour Jean-Pierre Fabre.
10:00Bonjour.
10:01Merci d'être avec nous également dans l'heure du crime.
10:03Vous êtes ancien officier de gendarmerie
10:05et vous êtes auteur de cet ouvrage,
10:07La double vie de l'étrangleur,
10:09publié aux éditions Michel Laffont,
10:10qui raconte toute cette histoire.
10:11C'est un ouvrage un peu ancien, je dis tout de suite,
10:13il ne vient pas tout juste de sortir,
10:15mais on peut effectivement encore le trouver sur Internet.
10:18Jean-Pierre Fabre,
10:20je vous repose la même question qu'à François Barère,
10:22parce que c'est vrai que cette disparition,
10:24elle démarre, elle a du mal à être acceptée
10:27par les autorités,
10:28l'enquête ne démarre pas tout de suite,
10:30tout simplement parce que,
10:31peut-être parce qu'elle est majeure,
10:33c'est ça, cette américaine ?
10:36Oui, quelqu'un qui est majeur,
10:38on ne prend jamais immédiatement la disparition en compte,
10:42en compte après 24 ou 48 heures,
10:45sauf si véritablement il y a des éléments
10:47qui font dire que sa disparition n'est pas normale,
10:50et que lorsqu'il y a derrière un phénomène criminel,
10:54sinon c'est toujours comme ça lorsqu'il y a une personne qui disparaît,
10:59et puis n'oubliez pas qu'en France,
11:02on est libre de disparaître,
11:04on est libre à un moment donné de changer de vie,
11:07donc c'est pour ça que ce point d'interrogation qui reste,
11:11on essaye de le lever que simplement au bout d'un certain temps.
11:15François Barère,
11:16qu'est-ce qu'on sait de Marguerite Edwards,
11:18étudiante étrangère,
11:19il y en a beaucoup à Montpellier des étudiants étrangers,
11:21elle parle bien français et elle a beaucoup d'amis, c'est ça ?
11:27Montpellier est une ville universitaire,
11:29donc effectivement on a des étudiants de toutes les nationalités,
11:33on sait qu'elle avait fait une formation scientifique aux Etats-Unis,
11:37dans la biologie,
11:38et puis qu'elle est venue étudier le droit,
11:41elle est là depuis deux ans,
11:42elle a beaucoup d'amis,
11:44elle est connue comme quelqu'un de sérieux,
11:46elle a un petit copain qui est un étudiant en médecine,
11:48qui est iranien,
11:49et qui au moment des faits est en voyage d'études aux Etats-Unis,
11:56donc il est totalement hors de cause,
11:58on sait qu'elle lui est très fidèle,
11:59qu'elle est amoureuse,
12:00donc ce n'est pas une fille,
12:02ce n'est pas une fêtarde,
12:03ce n'est pas du tout,
12:04c'est vraiment une étudiante sérieuse,
12:06qui a des petits moyens,
12:07elle vit en colocation,
12:09et en fait au moment où les faits vont se passer,
12:12elle a échoué à son doc de droit,
12:15en fait,
12:15et elle vient d'apprendre qu'elle a perdu sa bourse,
12:18puisqu'elle a échoué dans ses études,
12:21donc elle est en train de chercher comment...
12:23Des petits boulots, c'est ça.
12:24Des petits boulots,
12:25comment chercher peut-être un autre appartement moins cher
12:28que la colocation qu'elle partage avec son amie brésilienne,
12:32voilà,
12:32et puis on sait aussi que c'est quelqu'un qui connaît très très bien la ville,
12:36qui a l'habitude de circuler à vélo,
12:37donc elle est un peu comme un poisson dans l'eau dans cette ville,
12:42avec un autre détail aussi qui aura un peu son importance,
12:44c'est qu'elle est très myope,
12:46elle a absolument besoin de ses lunettes,
12:48et notamment le fait qu'on ne trouve pas ses lunettes à côté de son corps,
12:54là encore,
12:54va indiquer aux gendarmes qu'il s'est passé quelque chose de pas normal,
12:59et quand on l'a amenée dans cet endroit,
13:01elle était sans doute déjà morte,
13:02et va lui faire croire qu'elle venait d'y être violée.
13:05Et ça c'est un détail important que vous nous donnez effectivement François Barrère,
13:09Jean-Pierre Fabre,
13:10Marguerite Edouard,
13:11ça fallicilite un peu l'enquête,
13:13parce que les gendarmes ils savent très vite qui elle fréquente cette jeune femme.
13:18C'est facile de cerner son environnement,
13:21mais en même temps elle est étudiante,
13:23donc si vous voulez aller dans un cadre ouvert,
13:25avec beaucoup de jeunes autour,
13:27beaucoup de monde autour,
13:29et donc c'est plus complexe pour l'enquête évidemment.
13:32L'enquête va se focaliser sur le monde étudiant,
13:35et voir un petit peu qui pouvait lui en vouloir à ce niveau-là.
13:41Il y a deux sortes de personnages qui peuvent lui en vouloir,
13:43il y a à la fois les étudiants,
13:46et en même temps évidemment tout ce qui est professoral,
13:48et tout ce qui est analyste,
13:52ou tout ce qui travaille pour l'université,
13:56mais qui n'est pas professeur.
13:57Bonjour Michel Sidobre.
13:59Bonjour.
14:00Merci d'être avec nous, vous êtes auteur et acteur,
14:03et vous étiez surtout étudiant à l'université de Montpellier,
14:05au moment de la disparition de Marguerite,
14:07vous vous souvenez parfaitement de ce moment.
14:09Avec vous juste, vous êtes un témoin de cette époque,
14:12c'est important pour nous.
14:13Quelle est l'ambiance à la fac quand on apprend la disparition de Marguerite Edwards ?
14:18Alors pas la panique, mais l'émotion, la solidarité étudiante,
14:22c'était ça quoi.
14:24C'est un désarroi, mais pas une panique.
14:26Je ne pensais pas se faire agresser,
14:28ou qu'il y ait d'autres choses comme ça.
14:30Les serial killers, on en parlait moins,
14:33c'était pas trop dans l'air du temps.
14:36Les enquêteurs vont focaliser toute leur attention sur l'université.
14:40Marguerite Edwards, la séquestrée de la fac de Montpellier,
14:43je lui ai demandé si elle voulait déjeuner avec moi,
14:45elle ne pouvait pas, elle avait un rendez-vous.
14:48L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
14:5314h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
14:5814h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
15:01Avec Jean-Alphonse Richard.
15:04L'heure du crime consacrée aujourd'hui à la disparition
15:06et la mort de Marguerite Edwards à Montpellier, automne 82.
15:10Cette étudiante américaine a été retrouvée étranglée,
15:13elle a été auparavant séquestrée.
15:15L'enquête va se concentrer sur l'université de la ville
15:19où la victime était inscrite.
15:22Mercredi 20 octobre 1982,
15:25les gendarmes de la section de recherche de Montpellier
15:27enquêtent sur les habitudes de Marguerite Edwards.
15:30Elle fréquentait toujours les mêmes cafés,
15:32le dôme, les autobus,
15:34où elle téléphonait à ses parents.
15:36Elle ne sortait pas en boîte de nuit.
15:38Sa colocataire Maroussia et sa meilleure amie Myriam
15:40ne lui connaissent pas d'aventure sentimentale.
15:43Huit mois avant le crime,
15:46elle a répondu à une curieuse petite annonce
15:48parue dans le journal de Montpellier.
15:51Un Français ayant vécu aux Etats-Unis
15:53cherchait à rencontrer des jeunes femmes américaines
15:56pour parler anglais.
15:57Marguerite avait répondu
15:59et rencontrait cet individu bedonnant,
16:02gêné, nerveux,
16:03auteur d'articles pour une revue spécialisée dans la toxicomanie.
16:07L'homme est retrouvé, il est entendu,
16:09tout de suite mis hors de cause,
16:12écarté également un à un de la liste des suspects,
16:15les proches de la victime,
16:17que l'on continue toutefois à surveiller.
16:20Les enquêteurs détaillent l'emploi du temps de Marguerite Edwards
16:25le jour de la disparition,
16:26jeudi 7 octobre.
16:28Après son départ du domicile,
16:30vers 10h, 10h30,
16:32elle s'est rendue à vélo à l'université.
16:34On l'a vu à la bibliothèque de la fac de droit.
16:37Elle y est restée jusqu'à 11h30.
16:39Elle est passée en coup de vent au bar Macumba
16:41pour y saluer Isabelle, une copine.
16:44Je lui ai demandé si elle voulait déjeuner avec moi.
16:47Elle m'a répondu qu'elle ne pouvait pas.
16:49Elle avait un rendez-vous,
16:50va déclarer Isabelle aux enquêteurs.
16:52Selon elle, l'étudiante est repartie sur son vélo.
16:55Les gendarmes épluchent alors des milliers de tickets
16:59remis par les étudiants
17:00pour pouvoir déjeuner dans un des restos U du campus.
17:05L'un d'eux provient du carnet qui appartient à Marguerite.
17:09Le 7, elle a bien déjeuné au resto U du Verbois.
17:12Elle aurait quitté la salle vers 13h15.
17:16Sa trace se perd à ce moment-là.
17:18Pour les gendarmes,
17:20tout se serait joué dans le seul périmètre de la fac.
17:24Trouver le vélo, c'est trouver le coupable,
17:27répète le chef des gendarmes, le major Robert Gatoun.
17:31Un avis de recherche est lancé.
17:335 novembre, la bicyclette rouge de Marc Rollier
17:37est découverte garée sur un emplacement vélo de la fac des sciences
17:41devant le laboratoire de biologie à un quart d'heure de la fac de droit.
17:48Les enquêteurs s'interrogent.
17:50Qu'est allé faire là-bas Marguerite Edwards
17:53alors qu'aucun étudiant ne se trouvait à cette époque dans ce bâtiment ?
17:58Il se renseigne sur un homme qui a été vu en train d'aborder Myriam,
18:02la meilleure amie de la victime.
18:04Un individu grand, musclé, la cinquantaine.
18:08Selon Myriam, il s'agit d'un certain Léon.
18:11Il est des Marguerites à trouver un petit boulot de traduction
18:14pour pouvoir financer ses études.
18:16Après vérification, le Léon en question est identifié comme étant Léon Deshaies,
18:2353 ans, technicien préparateur des travaux pratiques de première année à la fac des sciences,
18:31surnommé Léon le Boiteux en raison de sa légère clodication.
18:36En poste à la fac depuis plus de 20 ans, il est marié, sans enfant.
18:40Il est entendu comme témoin d'y connaître tous les étudiants.
18:46Marguerite, il l'a rencontrée au Restou U, chaleureuse, aimable.
18:51Elle m'a dit qu'elle avait des problèmes d'argent, je lui ai proposé de l'aider, dit-il.
18:55La dernière fois qu'il l'a vue, c'était au mois d'août, le jour de la disparition.
18:59Il l'a passé à entretenir le matériel du laboratoire.
19:03Il n'y avait ni cours, ni examen à cette époque.
19:06Il n'a pas croisé une seconde Marguerite de cette journée.
19:11Fin de l'audition.
19:14Deshaies n'a pas croisé Marguerite.
19:17Et pourtant, Marguerite avait laissé son vélo face au laboratoire de la fac de sciences.
19:22Là où officie justement cet homme, cet employé fidèle de la fac.
19:26Tout le monde le connaît, tout le monde connaît ici son visage.
19:29Est-ce qu'effectivement il est impliqué dans cette disparition, dans cette séquestration et peut-être dans ce meurtre ?
19:35Il est dans tous les cas dans la ligne de mire des gendarmes, à tort ou à raison.
19:39On va voir ça évidemment dans la suite de l'heure du crime.
19:43On va voir que cet homme va être à nouveau entendu.
19:46Il faut s'arrêter tout de suite sur le travail méticuleux, pointilleux des gendarmes.
19:51François Barère, vous connaissez parfaitement cette histoire.
19:55Vous êtes reporter police-justice au journal du Midi Libre.
19:59Vous avez réalisé un podcast sur cette affaire pour le Midi Libre, crimes et justice.
20:04C'est une série de podcasts d'ailleurs qu'on peut retrouver sur internet.
20:08François Barère, premier point, les gendarmes reconstituent, pas à la minute, mais au quart d'heure près, l'emploi du temps de la victime.
20:18Ça c'est déjà un exploit.
20:19Oui, parce qu'effectivement, ils vont recueillir les témoignages des amis et en fait, ils vont arriver à baliser à peu près la matinée du jour de sa disparition puisqu'elle avait effectivement rendez-vous avec plusieurs personnes pour rendre des documents, prendre des cours, etc.
20:38Donc tout ça, ça va être parfaitement recoupé en fait par les gendarmes qui vont se demander ensuite.
20:45En fait, on perd sa trace vers midi où elle est censée aller déjeuner au restaurant universitaire comme elle le fait d'habitude matin et soir puisqu'elle n'a pas beaucoup de sous.
20:54Donc elle utilise au maximum les ressources qui sont offertes aux étudiants.
20:59Donc à partir de là, va se...
21:01Non, non, c'est juste là François Barère parce que là, effectivement, ces histoires de tickets restaurant, il faut nous en dire un mot parce que c'est là-dessus que se fait le déclic.
21:10On s'aperçoit qu'elle a déjeuné.
21:12C'est là qu'il y a un travail incroyable des gendarmes parce qu'en fait, bon alors, moi j'étais étudiant à la même époque en fait puisque j'ai passé mon bac en 82 et effectivement, quand on allait au restaurant, on achetait au CRUS des tickets pour qu'ils donnaient, chaque ticket donnait droit à un repas.
21:28Et en fait, il y avait une traçabilité quelque part de l'administration qui avait acheté tel ticket avec les numéros.
21:34Voilà, donc il y avait des numéros de tickets et donc ce que vont faire les gendarmes, c'est qu'ils vont aller au restaurant universitaire, ils vont saisir tous les tickets qu'ils vont trouver pour chaque jour.
21:43On imagine que chaque repas, on mettait tous les tickets qui étaient pour la comptabilité, etc.
21:49Et donc, ils vont prendre tous ces sacs de tickets et ils vont chercher pour voir s'ils trouvent le numéro du ticket acheté par Marguerite.
21:57Et effectivement, ils vont voir qu'à midi, elle a déjeuné au restaurant universitaire.
22:00Donc, elle a bien déjeuné là. En revanche, le soir, elle n'a pas dîné là le soir.
22:07Et donc, ils vont se dire que c'est dans l'après-midi qu'elle a disparu, qu'elle a rencontré celui qui lui a ôté la vie.
22:15Et ça, c'est important, effectivement. Là, c'est vraiment le déclic. Il y a une très belle enquête qui est faite par les gendarmes.
22:21Jean-Pierre Fabre, vous êtes ancien officier de gendarmerie, vous aviez écrit un livre, La double vie de l'étrangleur, sur cette affaire.
22:27Jean-Pierre Fabre, il y a la découverte du vélo. Alors là, la découverte, elle est capitale aussi.
22:31La découverte du vélo est capitale, puisqu'elle se déplace constamment en vélo.
22:38Et par conséquent, à partir du moment où elle se déplace avec ce vélo, et que la dernière fois où on l'a vu, en tous les cas où on sait qu'elle s'est déplacée,
22:47c'est à la fac de science. Elle fait du droit, mais elle s'est déplacée à la fac de science parce qu'elle va au restaurant universitaire.
22:53À partir de là, il est évident que retrouver le vélo signifie, dans une certaine mesure, retrouver la personne en question.
23:01Alors là, retrouver vivante ou pas vivante, mais les deux sont concomitants, souvent.
23:07Michel Sidobre, vous étiez étudiant à l'époque à la fac de Montpellier.
23:10Vous l'avez vu, cet homme-là, qui est suspect pour les gendarmes.
23:16Quel souvenir vous avez de lui, de ce monsieur D ?
23:19Il était très visible, parce que c'était des gens qui venaient en groupe de la fac de science.
23:26Ils étaient tous plus ou moins en tenue de travail, plus âgés que nous.
23:29Et ce monsieur était très grand, l'échevelant, ce qui, à 5-4, à 60 ans, à l'époque, ça ne se faisait pas trop,
23:38et il boitait. Donc, il était très reconnaissable.
23:41Il avait l'air relativement jovial, en fait.
23:44Il avait l'air assez adapté, au moins, à son groupe de travail.
23:48Monsieur tout le monde, quoi.
23:49Monsieur tout le monde.
23:50D'où, je pense qu'il a pu facilement lier une relation, déjà, entre guillemets, amicale,
23:55ou d'approche du moine de Marguerite.
23:58Et Léon D, c'est plutôt un personnage étrange, Michel Sidobre.
24:02Avec sa femme, il fait les poubelles à Montpellier.
24:05C'était un diogène.
24:06Et ça, c'est quelque chose de très particulier,
24:09puisque ce sont des gens qui accumulent,
24:11et qui accumulent des choses, des fois, sans valeur,
24:14jusqu'à avoir leur appartement complètement submergé.
24:16C'était un homme qui était en couple avec une dame qui était institutrice,
24:21qui était plus âgée que lui.
24:23Et ils avaient plusieurs appartements, plusieurs voitures,
24:27alors qu'ils avaient des revenus modestes,
24:30où ils accumulaient des tas de cochonneries, quoi.
24:32Léon D va être interrogé, mais en garde à vue, cette fois.
24:37Marguerite Edouard, la séquestrée de la fac de Montpellier,
24:39elle s'est moquée de moi, j'ai pris le fil électrique.
24:42L'enquête de l'heure du crime.
24:43Que va raconter le mystérieux appariteur de la fac des sciences ?
24:47À suivre, dans un court instant, sur RTL.
24:49Dans Scafarnov, il y a un matelas au pied duquel les gendarmes remarquent des plateaux repas.
25:07Et en fait, Léon, il allait chercher des plateaux repas pour quelqu'un.
25:10Il raconte, lui, qu'il venait, mais il venait, il la caressait,
25:13il la regardait parce qu'il la trouvait fascinante.
25:15Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur la disparition et la mort de Marguerite Edouard.
25:20Cette étudiante américaine inscrite à l'université de Montpellier
25:24a été retrouvée étranglée dans un sous-bois.
25:27Un peu plus de trois mois après le meurtre,
25:29un employé de la fac des sciences est interrogé.
25:34Mardi 25 janvier 1983, Léon D, 53 ans,
25:38est interpellé à la sortie du laboratoire de la faculté de sciences.
25:42Le chargé des TP de première année dit ne pas comprendre ce qu'on lui veut.
25:47En garde à vue, il confirme qu'il connaissait Marguerite Edouard.
25:51Il répète l'avoir vue pour la dernière fois fin août, un mois et demi avant la disparition.
25:56Les heures s'égrènent, D restent sur ses positions.
25:59À propos de Marguerite, il jure qu'il n'éprouvait rien de spécial pour elle,
26:03si ce n'est une sorte de tendresse.
26:05« Elle aurait pu être ma fille », répète-t-il.
26:08Les gendarmes doutent des affirmations du suspect.
26:11Dans le bloc-notes de la victime retrouvée dans son sac à dos,
26:15elle avait écrit à la date du jeudi 7 octobre, le jour de la disparition,
26:20« Call LD, appelé LD. LD, les initiales de Léon D.E. »
26:27Les enquêteurs ont aussi déniché un détail troublant.
26:29Léon D.E. est un homme d'habitude.
26:32Chaque jour, il déjeune avec un ticket au restaurant universitaire.
26:36À partir du 7 octobre, il a utilisé pendant une semaine deux tickets.
26:41Un pour son repas, l'autre pour emporter un sachet repas.
26:46Ce sachet, c'était pour Marguerite, lui demande-t-on ?
26:49Il garde le silence.
26:51Mercredi 26 janvier, après presque 48 heures de garde à vue,
26:54Léon D.E. est épuisé, demande du papier et un stylo.
26:58Il écrit que le 7 octobre, à 15h30, Marguerite Edwards l'a rejoint
27:02dans la pièce presque secrète où il prépare les TP.
27:06Un bric-à-brac dont lui seul détient la clé et où il fait la sieste.
27:10Ils ont discuté.
27:11Il raconte en riant qu'il a séduit l'Américaine.
27:15Ils ont passé la nuit ensemble.
27:17Le lendemain, il a voulu la garder.
27:19Il l'a attachée avec du fil électrique et la baïonnée.
27:22Il l'a séquestrée pendant une semaine.
27:24À la publication de l'avis de recherche, il a paniqué.
27:28Il a étranglé Marguerite en lui faisant une clé au cou.
27:32Les enquêteurs ne croient pas à ce scénario.
27:34C'est la vérité, répètent D.E.
27:36Il apporte des détails plus ou moins scabreux.
27:39Il réaffirme que la victime était consentante.
27:42S'il l'a tuée, c'est qu'elle s'est moquée de lui
27:44et l'a humiliée lors de leur relation sexuelle.
27:48Il l'a giflée pendant 8 jours de séquestration.
27:51Il l'a nourrie parfois de force.
27:53Il lui donnait pour dormir des comprimés d'optiladon.
27:57J'étais dans une situation impossible.
28:00La seule façon était de lui donner la mort, indique Léon D.E.
28:03inculpé de meurtre et de séquestration.
28:08Une longue garde à vue.
28:09À l'époque, je crois que c'est d'ailleurs plus de 48 heures, les gardes à vue.
28:12François Barrère, vous êtes avec nous.
28:14Reporteur de police-justice au journal Le Midi Libre.
28:16Vous connaissez parfaitement cette histoire.
28:18On parlait des tickets-restaurant tout à l'heure
28:21qui indiquaient que la victime avait déjeuné au restaurant le jour de sa disparition.
28:27Mais lui aussi, il est trahi par les tickets-restaurant Léon D.E.
28:31Oui, effectivement, puisque tout d'un coup, on se rend compte qu'il achète deux tickets,
28:36qu'il n'est visiblement pas tout seul à manger.
28:39Et puis, il mange.
28:40Ce n'est pas avec sa femme qu'il dîne.
28:42Ce qu'il faut bien comprendre, en fait, je pense, dans cette enquête,
28:45c'est que les gendarmes, quand ils vont avoir des soupçons sur Léon D.E.,
28:48ils vont commencer à le prendre en filature et à le surveiller.
28:51Et en fait, ils vont être incroyablement surpris du personnage qu'ils découvrent,
28:57puisque cette espèce d'employé modèle de l'université de science,
29:01le soir, il retrouve sa femme, il part tous les deux en voiture
29:04et ils font tout le tour de Montpellier pour faire les poubelles.
29:08Les poubelles des restaurants,
29:09vendent des poubelles pour récupérer des affaires,
29:12toutes sortes de briques à braques,
29:14qu'ils vont ensuite stocker.
29:16Ils ont quatre voitures, un fourgon,
29:19ils sont propriétaires de trois appartements,
29:21ils louent deux autres appartements plus une cave.
29:24Et donc, ils vont déposer toutes ces affaires dans tous ces appartements
29:27pour ensuite se retrouver à dormir et à manger les restes
29:31qu'ils ont trouvés dans les poubelles des restaurants,
29:33dans leur propre voiture.
29:35Incroyable.
29:35Et là, ils se disent, mais qu'est-ce que c'est que ce personnage ?
29:38C'est un homme qui a une double vie, une double facette
29:41et qui n'a rien à voir avec la personne équilibrée qu'on nous présente.
29:45C'est ça qui va en fait attirer aussi des soupçons,
29:48autant que les histoires de tickets, etc.
29:50C'est la psychologie de cet homme dont on comprend
29:54qu'il a un comportement totalement anormal.
29:57Il y a un petit détail qui est assez rigolo.
29:59Quand sa propre épouse va être interrogée à la section des recherches,
30:03elle va venir et après son départ,
30:06les gendarmes vont se rendre compte que la boîte à outils est disparue.
30:09La boîte à outils du gendarme, elle est partie avec.
30:12Donc, ça montre à quel point on est face à des gens
30:15qui ne sont quand même pas du tout normaux,
30:17alors qu'ils disent « mais tout le monde vit comme ça, tout le monde vit comme ça chez nous ».
30:20Oui, et puis il apparaît effectivement, ce Léon D est tout à fait normal.
30:24Il est plutôt aimé à la fac, etc.
30:25Il y a un peu passe-partout, comme on disait tout à l'heure.
30:28Jean-Pierre Fabre, ancien officier de gendarmerie
30:30et auteur de « La double vie de l'étrangleur »,
30:32c'est un livre qui est paru il y a quelques années sur cette affaire.
30:35Jean-Pierre Fabre, le mobile de l'acte,
30:37comme ça, a priori, à vue de nez, il apparaît vraiment purement sexuel ?
30:41Non, non, je pense que pour lui,
30:43elle est à la fois un objet sexuel,
30:45mais en même temps, elle est un peu comme une fille
30:48qui n'a pas eu, vous avez expliqué tout à l'heure,
30:52sa vie très particulière, sa vie personnelle,
30:55sa vie intime très particulière avec une femme
30:57qui elle-même est assez abracabrantesque
31:01puisqu'en effet, ils font des poubelles le soir venu.
31:06Et donc, voilà, dans ces poubelles,
31:08d'un côté, il y a cette espèce d'écrin de l'autre côté
31:12et il va la nourrir d'ailleurs.
31:14Il va la nourrir pendant ces jours-là,
31:16il va essayer d'avoir un rapport amical,
31:19entre parenthèses, avec elle.
31:21Évidemment, elle, elle a peur
31:23et elle comprend très bien que ce type est dangereux
31:24et qu'il y a un côté détraqué chez lui.
31:29Encore une question, Jean-Pierre Fabre.
31:30Il est évidemment seul à décrire la séquestration
31:33et la mort de Marguerite,
31:34ça arrivait là trop souvent dans les histoires comme ça
31:36de séquestration et qui sont suivis de mort.
31:40Il n'y a personne pour confirmer ces dires ?
31:42Oui, mais ça, si vous voulez,
31:45alors, ça dépend de l'enquêteur.
31:47C'est évident qu'à partir du moment où vous êtes en garde à vue,
31:51où vous êtes capable d'avoir la subtilité
31:53d'amener l'individu à dire la vérité,
31:55ou alors vous prenez sa première version
31:57et vous n'en changez plus.
31:59Et là, je voudrais dire deux mots quand même
32:01sur le Major Gatoun que j'ai connu
32:02et qui a fait cette enquête.
32:04C'était un personnage extraordinaire,
32:07mais vraiment extraordinaire.
32:08Et il avait ce sens particulier
32:10qui le mettait en conformité,
32:12en fusion avec le personnage
32:15qui était en garde à vue.
32:16Et je pense que le Major Gatoun
32:17a dû avoir les mots qu'il fallait
32:19pour pouvoir convaincre le fameux Léon,
32:22non seulement d'avouer,
32:23mais petit à petit de dire véritablement la vérité.
32:26On n'a qu'une version, évidemment,
32:28mais je pense que cette version est la vérité
32:31et correspond exactement à ce qui s'est passé.
32:34Léon Day va être jugé.
32:37Marguerite Edwards l'a séquestré
32:39de la fac de Montpellier.
32:40On a eu mes aveux,
32:42mais on les a extorqués.
32:44Je suis innocent,
32:45l'enquête de l'heure du crime.
32:46On se retrouve dans un instant sur RTL.
32:49L'heure du crime,
32:50présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
32:5414h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
32:58Au programme aujourd'hui de l'heure du crime,
33:00l'affaire Marguerite Edwards
33:01en octobre 1982.
33:03Une jeune étudiante américaine
33:06séquestrée pendant huit jours
33:08derrière les murs de la fac à Montpellier.
33:10Etranglée au terme d'un sordide jeu sexuel,
33:13deux ans plus tard,
33:14un employé de l'université est jugé.
33:16Mercredi 5 décembre 1984,
33:21Léon Déhé, 55 ans,
33:23apparaît devant la cour d'assises de Léhéros,
33:26à Montpellier.
33:26Petite moustache,
33:28costume sombre,
33:29grand,
33:29plutôt costaud.
33:30Il se tient droit comme un I
33:33dans le box des accusés.
33:35Lors de l'interrogatoire de personnalité,
33:38il ne parle pas beaucoup de lui.
33:40On apprend seulement qu'il y a plus de 20 ans,
33:42il a eu un grave accident de travail.
33:45Il s'est brisé la jambe,
33:46ce qui explique sa claudication
33:48et son surnom,
33:50Léon le Boiteux.
33:51Il s'est marié en 1960,
33:53à l'âge de 31 ans.
33:55Sa femme,
33:56qui se prénomme André,
33:57n'a jamais cessé de partager sa vie.
34:00Ils ont tous les deux
34:01l'obsession de l'économie,
34:03avare au point de faire la tournée des poubelles,
34:06de manger ce qu'ils trouvaient
34:08et de dormir dans leur voiture.
34:10Dès l'instant que ça ne gêne personne,
34:13autant de personnes,
34:15autant de modes de vie,
34:16déclare l'accusé.
34:18Les D,
34:18propriétaires de plusieurs appartements,
34:20sont pourtant riches.
34:21Comportement obsessionnel,
34:23il amasse et veut tout garder,
34:25dit un psychologue.
34:26Il aurait ainsi gardé pour lui
34:28Marguerite Edwards.
34:30Au fil des jours,
34:31Léon D dément avoir tué l'étudiante
34:33dans cette ténébreuse et lamentable affaire,
34:36comme il la qualifie.
34:37Les gendarmes l'auraient privé de nourriture,
34:40de sommeil,
34:41ils auraient extorqué ses aveux.
34:43On a des aveux,
34:44mais je suis innocent,
34:45martèle-t-il.
34:46Le major Gatoun vient à la barre
34:48défendre son enquête.
34:50Un expert psychiatre voit derrière la jovialité
34:53et la décontraction apparente de cet homme
34:56des fantasmes de mort et de suicide.
34:597 décembre,
35:00après une heure et demie de délibéré,
35:03Léon D est condamné à la perpétuité.
35:08Et je précise à l'époque,
35:09même si vous le savez,
35:11bien sûr,
35:11puisque vous suivez la chronique judiciaire,
35:14qu'à l'époque,
35:15il n'y a pas d'appel aux assises.
35:16Donc,
35:17Léon D,
35:17c'est une condamnation
35:19qui est définitive,
35:20tout de suite.
35:22François Barère,
35:23vous êtes avec nous dans cette heure du crime
35:24et vous nous aidez à mieux comprendre cette affaire,
35:26à mieux comprendre ce personnage.
35:27Vous êtes journaliste au journal Le Midi Libre,
35:30spécialiste des dossiers de police-justice,
35:32et vous connaissez bien cette affaire.
35:34Alors,
35:35évidemment,
35:35c'est un classique.
35:36Il y a le revirement de Léon D.
35:38Il dit,
35:38mes aveux ont été extorqués.
35:40Ça,
35:40on l'entend souvent.
35:42Mais là,
35:43il reste sur ses positions.
35:44Il dit,
35:45moi,
35:45je ne dormais pas,
35:46je mangeais mal,
35:47etc.
35:47Et voilà,
35:48on est tout extorqué.
35:50Il dit qu'on lui a même
35:52trempé la tête
35:53dans une bassine d'eau,
35:55des espèces de tortures
35:58comme pouvaient le faire
35:59les nazis à l'époque.
36:01Et ça,
36:03le major Gatoun est absolument indigné
36:05puisqu'il est à la barre
36:06et il doit se justifier
36:08du fait qu'il n'a
36:11évidemment pas du tout
36:12utilisé ses méthodes.
36:14Et il y a d'autres témoins
36:15qui vont venir,
36:16notamment les médecins
36:17qui ont examiné Léon D en garde à vue.
36:20Qui va dire,
36:21ben non,
36:21il n'a fait part de rien,
36:22il n'avait aucune trace
36:23de sévices sur le corps.
36:25On va même faire venir témoigner,
36:26ce qui est très rare,
36:27le juge d'instruction
36:28qui va venir raconter son enquête
36:32et puis lui qui va dire,
36:33ben non,
36:34mais d'ailleurs Léon D,
36:34quand on me l'a présenté
36:35à l'issue de sa garde à vue
36:36après ses aveux,
36:38j'ai été frappé par une chose,
36:39c'est sa décontraction.
36:41Donc pas du tout
36:42un type qui sort de l'enfer
36:43et qui veut dénoncer
36:45les sévices
36:45qu'il a subis en garde à vue.
36:47Donc il y a un décalage absolu
36:49entre l'attitude qu'il a à l'audience
36:51et puis les éléments du dossier
36:52parce que c'est un dossier
36:53extrêmement costaud
36:54avec des tas d'éléments de preuve
36:56qui font que son discours
36:59n'est pas recevable
37:01ni par le président
37:02ni par les jurés de l'héros.
37:04Un petit mot,
37:05François Barère,
37:06son épouse,
37:07je suppose qu'elle est au procès,
37:09mais elle le défend cet homme,
37:10elle dit qu'il n'a rien fait.
37:11Je n'ai pas le détail là-dessus,
37:15je dois vous avouer.
37:16Je pense qu'effectivement,
37:17mais en tout cas,
37:17elle l'a toujours soutenu.
37:18C'est ça.
37:19Elle a partagé son mode de vie
37:22et elle a toujours soutenu son mari.
37:24Après, je n'ai pas le détail
37:25de ses déclarations.
37:27Mais effectivement,
37:28elle est venue,
37:29mais j'ai l'impression aussi
37:29que c'est un peu
37:30la seule témoignée
37:32de personnalité en sa faveur
37:34parce qu'on a aussi le sentiment
37:35que ce couple était tellement bizarre
37:36qu'il devait quand même
37:38être très seul.
37:38Il était notamment en conflit
37:42avec la sœur de son épouse
37:44chez qui ils allaient parfois dormir
37:46également en expliquant
37:48qu'ils ne savaient pas où aller
37:49alors qu'encore une fois,
37:50ils étaient propriétaires
37:51de plusieurs appartements.
37:52Donc, je pense qu'il y a
37:54une espèce de voile
37:55qui est tombée
37:55lorsqu'on a compris
37:56qui était vraiment Léon.
37:59En tout cas,
38:00c'est très étonnant
38:01cette personnalité de Léon D.
38:02qui surgit comme ça
38:03à la barre
38:05et qui a été mise en exergue
38:06par cette enquête des gendarmes.
38:08Jean-Pierre Fabre,
38:09ancien officier de gendarmerie,
38:10auteur de La double vie
38:12de l'étrangleur
38:12qui avait été publié
38:13à l'époque aux éditions
38:14Michel Laffont.
38:15C'était évidemment
38:16sur cette histoire.
38:17Jean-Pierre Fabre,
38:18il y a quelque chose d'intéressant
38:19qui ressort aussi de ce procès.
38:21On l'a déjà abordé
38:22évidemment dans
38:22cette heure du crime
38:23mais c'est ce comportement
38:24obsessionnel
38:25de ramasser,
38:26de garder,
38:27de rien jeter.
38:28Ça apporte
38:29beaucoup de signification.
38:30Léon qui boite,
38:34comme on dit,
38:35c'est un personnage
38:36encore une fois
38:37atypique
38:38puisque d'abord
38:39il est aux mains
38:40un peu de sa femme.
38:41Sa femme joue un rôle
38:42considérable derrière
38:43et par conséquent
38:45avec cette femme
38:46il arrive à faire
38:48quelque chose
38:48qui est vraiment
38:49très sale.
38:51C'est un type
38:51qui s'habille très mal.
38:53Il fait les poubelles,
38:54vous vous rendez compte,
38:55il fait les poubelles
38:55tous les soirs.
38:56Tous les soirs
38:57il fait les poubelles
38:58et il a moncelle
38:59chez lui
39:00tous ses détritus
39:02et je crois
39:03que le personnage
39:04de Léon
39:05c'est à la fois
39:06le collectionneur
39:07et d'une certaine manière
39:08Marguerite
39:09ça va être aussi
39:10sa collection.
39:11C'est une collection
39:13qui évidemment
39:14a pour lui
39:15une valeur
39:16une valeur
39:18honorifique
39:20et en même temps
39:21une valeur
39:21sentimentale
39:23et je crois
39:25qu'il y a
39:26cette notion-là.
39:27C'est un collectionneur.
39:29Jean-Pierre Fabre
39:30les gendarmes
39:31un petit mot là-dessus
39:32parce que
39:33vous avez été
39:34officier
39:35de la gendarmerie
39:35les gendarmes
39:36ils vont devoir
39:36venir à la barre
39:37pour justifier leur enquête.
39:40Oui
39:41mais
39:41c'est normal
39:42d'abord
39:43n'oubliez pas
39:44que dans un procès
39:45il y a
39:45l'avocat de la défense
39:46et par conséquent
39:47il va essayer
39:48de mettre
39:50non pas en accusation
39:51mais de mettre
39:51sur le grill
39:52l'enquêteur
39:53et le major
39:55Gatoun
39:56était très connu
39:57encore une fois
39:58il avait cette capacité
39:59à résoudre
40:01les affaires
40:02et donc
40:03je crois que
40:04même sur l'avis
40:05sur le grill
40:05connaissant le major
40:06Gatoun
40:07il n'a eu aucun problème
40:08à s'en sortir.
40:09François Barrère
40:11quel est l'homme
40:12qui a été condamné
40:13est-ce qu'effectivement
40:14c'est le collectionneur
40:16comme dit très bien
40:17Jean-Pierre Fabre
40:18ou bien
40:19c'est tout simplement
40:19l'appariteur
40:21l'homme de l'université
40:23qui était plutôt sympathique
40:24et qui est en train
40:25de nier à ce moment-là ?
40:28Je pense qu'il y a vraiment
40:28sa part d'ombre
40:29qui est ressortie
40:30il faut quand même
40:31bien comprendre
40:31qu'à la fac
40:32c'était quelqu'un
40:33qui était chargé
40:34de préparer
40:35les travaux pratiques
40:36pour les étudiants
40:37qui manipulaient
40:38les produits chimiques
40:39les éprouvettes
40:39ce genre de choses
40:40mais il avait accès
40:42à un espèce de local
40:43en fait
40:44qui était là encore
40:46comme une espèce
40:47de caverne
40:48ou un peu comme
40:48le tonneau
40:49du syndrome de Diogène
40:51dont il souffrait
40:52puisqu'il n'y avait
40:52que lui qui avait la clé
40:54il y avait un invraisemblable
40:56bric-à-brac
40:56et puis il y avait
40:57une très grande table
40:58sur laquelle
40:59il avait disposé
41:01des coussins
41:02et dans lequel
41:02lui-même
41:03parfois dormait
41:04et c'est là en fait
41:05qu'il va attirer
41:06Marguerite
41:07qui était venue le voir
41:09parce qu'il lui avait
41:10promis peut-être
41:11de l'aider
41:11à trouver
41:11des petits boulots
41:13de traduction
41:13il va l'attirer
41:14dans cet endroit
41:15et c'est là
41:15qu'il va la garder
41:16donc là encore
41:17on est dans
41:17une espèce
41:18d'univers
41:18absolument
41:20incroyable
41:21un univers caché
41:22un univers secret
41:23et tout ce qu'on sait
41:25de ce qu'a subi
41:26Marguerite
41:27en fait
41:27c'est lui
41:28qui va le dire
41:29on a les éléments
41:30de médecine légale
41:31et on sait
41:32qu'elle a subi
41:32des sévices
41:33qu'elle a été attachée
41:34mais pour le reste
41:35le scénario du crime
41:36tel qu'il va le raconter
41:37dans ses aveux
41:38on peut avoir
41:39les plus grands doutes
41:41sur ce qui s'est
41:42réellement passé
41:43Léon D
41:45va mourir
41:46en détention
41:46Marguerite Edwards
41:48l'a séquestré
41:49de la fac de Montpellier
41:50regardez mes mains
41:52elles n'ont jamais
41:53apporté
41:53que de l'amitié
41:55l'enquête de l'heure du crime
41:56je vous retrouve
41:57tout de suite
41:57sur RTL
41:58dans l'heure du crime
42:09aujourd'hui
42:09l'affaire
42:10Marguerite Edwards
42:11une jeune étudiante
42:12américaine
42:13inscrite à l'université
42:14de Montpellier
42:14séquestrée
42:15et étranglée
42:16à l'automne
42:171982
42:18son meurtrier
42:20était un appariteur
42:21de la fac de science
42:22c'est un crime sexuel
42:24il est condamné
42:25à la perpétuité
42:26en 1984
42:27Léon D
42:30le tortionnaire
42:31et émeurtrier
42:32de Marguerite Edwards
42:33est mort en prison
42:35un cancer foudroyant
42:36quelques années
42:37après la condamnation
42:38avant de se rétracter
42:40il avait longuement décrit
42:42le calvaire
42:43de sa prisonnière
42:44chaque fois
42:45que j'enlevais
42:45son baillon
42:46à Marguerite
42:47elle criait
42:48et m'insultait
42:49salaud
42:50sadique
42:51cela me mettait
42:52en colère
42:53et m'obligeait
42:54à la frapper
42:54avec un câble électrique
42:56je l'utilisais
42:57comme un fouet
42:58Lors de l'enquête
43:01Myriam
43:02la meilleure amie
43:02de Marguerite Edwards
43:03disait avoir rencontré
43:05Léon D
43:06peu après
43:07la disparition
43:08ils avaient parlé
43:09de la jeune américaine
43:11l'appariteur
43:12avait eu cette phrase
43:13étrange
43:14en me montrant
43:15ses mains
43:16racontait Myriam
43:17il m'avait dit
43:18regardez ses mains
43:20elles n'ont jamais apporté
43:22que de l'amitié
43:23il y a une espèce
43:25de symbolique
43:26de pureté
43:27pour lui
43:27il veut simplement
43:28l'avoir pour lui
43:30comme une espèce
43:31de joyau
43:31c'est pour ça
43:32qu'il va la garder
43:33pendant 9 jours
43:34pour lui
43:35c'est ça
43:35c'est une espèce
43:36de cadeau
43:36qu'on lui a fait
43:37dans sa tête
43:38malade
43:39la voix
43:41de Jean-Pierre Fabre
43:43qui est l'un de nos invités
43:44aujourd'hui
43:44Jean-Pierre Fabre
43:45vous êtes ancien officier
43:46de gendarmerie
43:47auteur de l'ouvrage
43:48La double vie
43:49de l'étrangleur
43:49et bien justement
43:50La double vie
43:51de l'étrangleur
43:52c'est le titre
43:53de votre livre
43:54Jean-Pierre Fabre
43:55est-ce que c'est
43:56vraiment une double vie
43:58que menait cet homme
43:59Léon D
43:59absolument
44:01absolument
44:02puisqu'encore une fois
44:03il avait un travail
44:05très précis
44:07de préparateur
44:07au niveau
44:08de la faculté
44:10des sciences
44:10et puis
44:11brutalement
44:13en rentrant
44:14chez lui
44:15il se transformait
44:17en chiffonnier
44:18on peut dire ça
44:19et il attendait
44:21le soir
44:22la nuit
44:22donc si vous voulez
44:23il y avait
44:24Léon le jour
44:26et il y avait
44:26Léon la nuit
44:27il y a deux choses
44:28très différentes
44:29qu'est-ce que ça
44:31lui apportait
44:31en plus
44:32toutes ces affaires
44:33qu'il pouvait trouver
44:34on n'en sait trop rien
44:36mais bon
44:36c'était plus
44:37le fait
44:38de la quête
44:39de quelque chose
44:39de la recherche
44:40de quelque chose
44:41c'est pour ça
44:41qu'il y a une symbolique
44:42avec la recherche
44:44de la pureté
44:45de ce que pouvait
44:46exprimer
44:46Margaret
44:47et oui
44:48effectivement
44:48c'est une thèse
44:51qui est séduisante
44:52en tout cas
44:53c'est une thèse
44:54qui est près
44:55de la psychologie
44:56voire de la psychiatrie
44:56mais effectivement
44:57j'adhère assez
44:59à ce que vous dites
44:59Jean-Pierre Fabre
45:00François Barrère
45:02vous êtes journaliste
45:03reporter spécialisé
45:04police-justice
45:05au journal
45:05Midi Libre
45:06vous avez réalisé
45:07un épisode
45:07podcast sur cette affaire
45:09pour les podcasts
45:11de Midi Libre
45:11crimes et justice
45:13François Barrère
45:15il y a cette anecdote
45:16que rapporte Myriam
45:18Myriam c'était
45:18la meilleure amie
45:20de la victime
45:21l'anecdote sur les mains
45:23de cet homme
45:24Léon D.
45:25qui lui montre ses mains
45:26et qui lui dit
45:26regardez ses mains
45:27elles n'ont jamais apporté
45:28que de l'amitié
45:29ça c'est glaçant
45:31comme anecdote
45:31ouais c'est glaçant
45:34et c'est vrai qu'on a
45:35bon c'est compliqué
45:36moi j'ai pas couvert
45:37ce procès à l'époque
45:38bien sûr
45:38donc c'est vrai
45:39qu'on a pas
45:39j'ai pas le vécu
45:40mais si vous permettez
45:41je peux vous lire
45:42quelque chose
45:42que j'ai trouvé
45:43en préparant l'émission
45:44que je trouve
45:46absolument incroyable
45:47en fait
45:47c'est la façon
45:48dont se passent
45:49les aveux
45:49de Léon D.
45:50on sait qu'il est placé
45:50en garde à vue
45:51pendant deux jours
45:52et en fait
45:52pendant deux jours
45:52il nie
45:53toute implication
45:55dans ce crime
45:56il va finir
45:57par reconnaître
45:58que Margaret
45:58est venue le voir
45:59et puis vers 23h
46:00il va demander au major Gatoun
46:01un papier et un crayon
46:02et il va écrire
46:04un texte
46:05qui est assez incroyable
46:06je peux vous en lire
46:07deux trois
46:08très brefs passages
46:107 octobre 15h30
46:12Marguerite Edward
46:13tiré
46:14arrive à mes TP
46:15tiré
46:15nous passons un moment
46:16à discuter
46:17tiré
46:18bourse
46:18tiré
46:19examen
46:19tiré
46:20publication
46:20après il raconte
46:21qu'ils vont
46:22qu'ils l'amènent en voiture
46:24qu'ils vont prendre
46:25un verre
46:26qu'ils la ramènent
46:27dans cette espèce
46:29de caverne
46:29dans sa pièce
46:30de rangement
46:31et là
46:32il fait une description
46:33qu'en fait
46:33Marguerite était
46:36tout à fait d'accord
46:37pour avoir un rapport
46:38sexuel avec lui
46:38il raconte les choses
46:39de sa façon suivante
46:40nous montons
46:41sur la grande table
46:42qui me sert souvent
46:43pour la sieste
46:44tiré
46:44nous discutons
46:45nous embrassons
46:46avec agréable suite
46:48tiré
46:49je suis dans l'impossibilité
46:50de lui prouver
46:51plus avant ma sympathie
46:52tiré
46:53ce qui la fait rire fort
46:54je lui donne
46:55quelques tapes
46:56sur la joue
46:56et sur les fesses
46:57en fait
46:58ce qu'il décrit
46:58de cette façon
46:59c'est quand même
47:00une tentative de viol
47:02et il le raconte
47:05d'une façon
47:06qui est quand même
47:06absolument incroyable
47:08et qui en dit long
47:08sur sa perception
47:10des choses
47:10et sur le monde
47:11dans lequel
47:11psychologiquement
47:12il évoluait
47:14alors effectivement
47:15ces extraits
47:15sont tout à fait
47:16saisissants
47:17on comprend aussi
47:18le personnage
47:19qui est enfermé
47:19dans une espèce
47:20de mécanique
47:21du crime
47:22qui va le dépasser
47:23parce que
47:23évidemment
47:24on va se demander
47:25pourquoi il en est arrivé
47:26jusque là
47:27François Barrère
47:29les psychiatres
47:30ont dit
47:30je pense que vous allez
47:31être d'accord
47:31et cultiver
47:32des fantasmes
47:33de mort
47:33et de suicide
47:34ça c'est les psychiatres
47:35qui le disent
47:36effectivement
47:37il est enfermé
47:38dans cette bulle
47:39il a passé
47:39cette fois
47:40il a passé le cap
47:41il a tué
47:42oui il a tué
47:44alors on sait
47:44que les gens
47:45qui souffrent
47:45du syndrome de Diogène
47:46qui ont ces besoins
47:47d'accumulation
47:47sont souvent des gens
47:48qui ont une angoisse extrême
47:51en fait
47:51et qui ont besoin
47:52de se rassurer
47:52en accumulant des choses
47:54donc c'est quelqu'un
47:55qui devait voir le monde
47:57d'une face comme
47:57quelque chose
47:59de très hostile
47:59on sait aussi
48:02qu'en fait
48:02il a décidé
48:04de tuer Marguerite
48:04le jour où
48:05à la demande
48:06d'ailleurs
48:06des autorités américaines
48:07un appel à témoins
48:08a été publié
48:09dans la presse
48:11et c'est une histoire
48:13qui a marqué le journal
48:14puisque moi je suis arrivé
48:15au journal
48:15une dizaine d'années après
48:16et qu'on avait toujours
48:17ce réflexe
48:18par rapport aux appels
48:19à témoins
48:19d'une très très grande prudence
48:21parce que quelque part
48:23le journal n'y était
48:23pour rien évidemment
48:24mais on sait que
48:25c'est quand il a vu
48:26l'appel à témoins
48:28pour Marguerite
48:29publié dans le journal
48:30qu'il a décidé
48:31qu'il a écrit
48:32d'ailleurs
48:32je suis dans une situation
48:34intenable
48:34et j'ai décidé
48:35de la mettre à mort
48:36donc on est aussi
48:37face à un homme
48:37qui agit
48:38dans un espèce
48:39de sang-froid
48:39totalement glaçant
48:41c'est pas vraiment
48:42un homme de pulsion
48:43c'est un homme
48:43très calculateur
48:44méthodique
48:45machiavélique
48:47et on a l'impression
48:49qu'il n'a aucun sentiment
48:50en fait
48:50pour sa victime
48:53puisque finalement
48:54il a nié à l'audience
48:56il n'a pas du tout
48:57ni rendu hommage
49:00à la vérité
49:01en assurant
49:01et en assurant
49:02ses faits
49:03donc ça montre
49:04que quelque part
49:05Marguerite
49:07c'était peut-être
49:07aussi un objet
49:09comme un autre
49:09accumulé
49:10au gré
49:11de ses
49:12tournées
49:14de récupération
49:16je pense qu'il y a un peu
49:17tout ça qui a joué
49:18en tout cas
49:18pas de regrets
49:19pas de remords
49:20c'est ce qu'exprime
49:21cet homme
49:21Michel Sidobre
49:22vous étiez étudiant
49:24à la fac de Montpellier
49:25à l'époque
49:25selon vous
49:26petit mot
49:26pourquoi est-ce qu'il a
49:27tué l'étudiante
49:28le fait qu'il s'en soit
49:30un peu occupé
49:31je ne sais pas trop
49:32si c'était purement sexuel
49:34c'est très compliqué
49:36parce qu'il l'a amené
49:37aussi dans son monde
49:37dans l'un de ses cafards
49:39il a fait quelque chose
49:40qui le dépassait
49:41il s'est trouvé
49:43devant une impossibilité
49:44il n'avait pas trop de choix
49:46et je pense qu'il a donné
49:47la mort par panique
49:48merci beaucoup
49:50Michel Sidobre
49:51François Barrère
49:52Jean-Pierre Fabre
49:53d'avoir été les invités
49:54de l'heure du crime
49:54merci à l'équipe de l'émission
49:56rédactrice en chef
49:56Justine Vignot
49:57Préparation Maribossar
49:59Lisa Canales
49:59Réalisation en direct
50:01Nicolas Godet

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