Depuis trente ans, tous les 9 juin, les proches de Karine Leroy, en premier lieu sa maman et sa sœur jumelle, pensent toute la journée à elle. Le 9 juin 1994, Karine, 19 ans, a disparu sur le chemin de son lycée dans une ville de Seine-et-Marne. On allait découvrir son corps un mois plus tard à l'orée d'une forêt. Une silhouette tellement martyrisée que sa mère ne sera pas autorisée à la voir. L'enquête va creuser plusieurs pistes successives pour retrouver un meurtrier qui a délibérément agi de façon sadique.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 03 juin 2024
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00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:04 Jean-Alphonse Richard.
00:06 Moi je vois pas Karine monter, ou alors si elle a monté en voiture, c'est qu'elle connaissait la personne.
00:12 Mais sinon comme ça non.
00:14 Elle faisait le trajet toujours avec une amie, puis elle aurait pas été à Montsoré-Monts à pied.
00:19 C'est pas possible.
00:20 Donc on a bien embarqué pour pouvoir la mettre là-bas malheureusement.
00:24 Bonjour. Depuis 30 ans, tous les 9 juin,
00:28 les proches de Karine Leroy, en premier lieu sa maman et sa sœur jumelle,
00:32 pensent toute la journée à elle.
00:34 Le 9 juin 1994, Karine, 19 ans, a disparu sur le chemin de son lycée dans une ville de Seine-et-Marne.
00:42 Son corps sera retrouvé un mois plus tard à l'orée d'une forêt,
00:46 une silhouette tellement martyrisée que sa mère ne sera pas autorisée à la voir.
00:51 L'enquête va alors s'efforcer de retrouver ce meurtrier qui a délibérément agi de façon sadique,
00:57 les hypothèses d'un maniaque sexuel, d'un petit ami frustré ou même d'un tueur en série
01:02 vont être passées en revue à cause du mode opératoire.
01:05 Le nom de François Vérove, alias le Grêlé, démasqué et suicidé en 2021,
01:10 fait aujourd'hui l'objet d'intenses spéculations et de vérifications continues.
01:15 Mais est-il réellement le seul suspect ?
01:18 Et si le nom du coupable figurait depuis la première heure dans le dossier ?
01:22 Questions posées aujourd'hui à nos invités.
01:25 L'affaire Karine Leroy, la suppliciée de la forêt de Montsolemo.
01:30 Dix jours après la disparition, c'était notre anniversaire.
01:33 Elle n'était pas là. Ce jour-là, j'ai su que je ne la reverrai pas.
01:37 L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait divers.
01:41 A tout de suite sur RTL.
01:43 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:47 Jean-Alphonse Richard.
01:49 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:54 Jean-Alphonse Richard.
01:56 Dans l'heure du crime, aujourd'hui, la disparition est la mort de Karine Leroy.
01:59 Au printemps 94, à Meaux, en Seine-et-Marne,
02:02 cette jeune femme va brutalement s'effacer du paysage en pleine journée,
02:06 sur le chemin du lycée.
02:07 Tout le contraire d'une fugueuse, la famille va aussitôt redouter le pire.
02:13 Jeudi 9 juin 1994, 21h.
02:16 Le commissariat de Meaux est prévenu de la disparition inexpliquée
02:20 d'une résidente de la cité Beauval.
02:23 Les parents de Karine Leroy, son père Michel, sa mère Annick, sa soeur jumelle Nathalie,
02:28 sont depuis la fin de l'après-midi sans nouvelles d'elle.
02:32 Avec des voisins et des amis, ils l'ont cherchée dans tout le quartier,
02:35 dans la rue, dans les coursives d'immeubles, les parkings souterrains, les commerces,
02:39 mais ils n'ont rien trouvé.
02:41 La famille raconte que Karine a quitté, au matin, vers 9h10,
02:45 l'appartement de la tour Cheverny, où elle vit avec son père et sa jumelle.
02:49 Les Leroy sont divorcés, mais Annick, la maman, remariée,
02:53 habite tout près, dans la tour Aquitaine.
02:55 Karine se rendait au lycée Jean-Villard, où sa scolarité accuse deux ans de retard.
03:00 Elle est en classe de première.
03:01 Elle a fait un crochet par le bureau de tabac pour acheter un paquet de cigarettes.
03:05 Je l'ai aperçue depuis la fenêtre, sur le terre-plein central de l'avenue d'Ordinaire.
03:10 Elle fait le chemin du lycée avec sa grande copine Farida.
03:14 Mais ce jour-là, Farida n'était pas là, elle s'est éloignée.
03:17 « C'est la dernière fois que je l'ai vue », témoigne la sœur.
03:20 La famille s'est inquiétée, quand à 18h, Karine, toujours ponctuelle, n'est pas rentrée.
03:25 Le lycée a alors informé les Leroy que leur fille a été absente toute la journée.
03:30 Vendredi 10 juin, le signalement de Karine Leroy, 19 ans,
03:34 est transmis au commissariat et gendarmerie du département.
03:37 Une photo de la lycéenne, cheveux longs, bruns, lunettes de vue, yeux marrons, circule.
03:42 Les autorités n'excluent pas une fugue, mais la famille n'y croit pas une seconde.
03:46 Karine est une fille réservée, sérieuse, pas du tout secrète.
03:50 Elle, qui rêve de devenir un jour prof d'éducation physique,
03:53 devait participer ce jour-là à une rencontre sportive entre enseignants et élèves.
03:59 Il n'était pas question qu'elle rate ce rendez-vous.
04:02 Les enquêteurs et les proches cherchent le moindre indice sur le chemin de la disparition.
04:07 10 à 15 minutes de marche entre la cité Beauval et le lycée Jean-Villard.
04:11 En pleine ville, mais personne n'a rien vu, aucun cri n'a été entendu.
04:15 La lycéenne est sans doute montée de gré ou de force dans un véhicule, mais à quel endroit ?
04:21 Un parking qui sert de raccourci pour rejoindre le lycée est exploré.
04:25 Le lieu est réputé pour être fréquenté par quelques zonards.
04:29 19 juin, 20e anniversaire des jumelles Karine et Nathalie.
04:33 « Ma sœur n'était pas là, j'ai compris ce jour-là qu'elle ne reviendrait pas », indique Nathalie.
04:39 Mardi 12 juillet, 33 jours après la disparition de Karine Leroy,
04:43 un couple de promeneurs qui avancent dans un bois au milieu des champs de Montsault-les-Maux,
04:48 à 8 km de Mauds, tombent sur un corps en décomposition.
04:53 Celui d'une femme, vêtue d'un jean et d'un t-shirt, elle repose sur le dos.
04:57 La victime est rapidement identifiée comme étant Karine Leroy.
05:00 Elle a été étranglée avec un lien plastique resté sur place,
05:04 une attache qu'on appelle un feuillard, destiné à lier les paquets de journaux ou les prospectus.
05:10 La victime a été étranglée par derrière, le cou serré en torsa dans le lien plastique,
05:16 une méthode de torture qui porte le nom de « garot espagnol ».
05:20 Un fil électrique de fer à repasser, fermé par un nœud coulant, est également retrouvé.
05:25 Le t-shirt porte des lacérations, le corps est tellement abîmé qu'il est impossible de savoir si des coups de couteau ont été portés.
05:32 Impossible encore de savoir si la victime a été violée.
05:36 Même si son soutien-gorge est retrouvé dans la poche arrière de son jean,
05:40 le paquet de cigarettes de la lycéenne est retrouvé.
05:43 Une seule a été fumée.
05:45 Enquête qui change du tout au tout, on passe d'une disparition à un meurtre.
05:50 Les gendarmes qui vont devoir désormais être chargés des investigations vont se pencher sur la vie de la victime,
05:57 ses fréquentations, sa famille bien sûr, ses amis, ses habitudes.
06:01 C'est comme cela que l'on procède.
06:02 On va d'abord vers les proches, immédiat d'une victime, pour ensuite élargir le cercle de l'enquête.
06:08 C'est une méthode d'enquête des plus classiques.
06:10 Un homme va beaucoup les intéresser, mais on va voir ça dans la suite de l'heure du crime.
06:14 Bonjour Nathalie.
06:16 Oui bonjour.
06:17 Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui au Téléphone de l'heure du crime.
06:20 Vous êtes la soeur jumelle de Karine Leroy.
06:23 Et évidemment à cette époque vous êtes aux premières loges de cette disparition,
06:27 parce que vous êtes tout simplement sans doute la dernière personne, peut-être l'une des dernières personnes,
06:32 je ne parle pas là du meurtrier, à avoir vu votre soeur vivante, Karine.
06:37 Quel souvenir vous avez Nathalie de cette disparition,
06:40 et surtout le moment où vous vous rendez compte qu'elle n'est pas là, qu'elle n'est pas rentrée ?
06:45 Le souvenir que j'ai d'elle, c'est que le matin elle m'a réveillée,
06:48 on s'est même discuté parce que moi j'avais plus court,
06:51 elle m'avait réveillée pour que je puisse surveiller Farida par la fenêtre.
06:54 Et Farida n'est pas passée parce qu'elle était déjà partie plus tôt.
06:57 Et moi je lui ai crié par la fenêtre comme quoi il n'y a personne qui a été passé.
07:01 Et la dernière personne qui l'a vu c'était mon père qui était en train de sortir le chien en bas,
07:05 et on a discuté avec elle, et puis voilà, elle est partie sur le chemin de l'école.
07:09 Tout de suite Nathalie, je pense que votre soeur Marine,
07:12 qui est également notre invitée aujourd'hui, va le confirmer,
07:15 mais tout de suite, ce n'est pas possible de croire à une fugue ?
07:18 Non du tout.
07:20 Et pourquoi ?
07:22 On était très fusionnel, elle n'avait pas de soucis dans sa vie particulière,
07:29 c'était une personne lambda, elle était au lycée,
07:33 elle avait ses copains, ses copines,
07:35 moi j'étais tout le temps avec elle, comme on est soeur jumelle,
07:39 j'étais tout le temps avec elle, on parlait de tout,
07:42 elle n'avait jamais de soucis, je n'avais jamais eu l'impression qu'elle allait fuguer.
07:46 Dès le départ, je me suis dit que ce n'était pas possible.
07:48 Ce n'était pas possible.
07:49 Bonjour Marine.
07:50 Bonjour.
07:52 Merci infiniment d'être vous aussi au téléphone, en direct, dans l'heure du crime.
07:55 Vous êtes vous aussi la soeur de Karine Leroy,
07:58 alors on entend ce que dit votre soeur Nathalie sur ce portrait qui est fait de Karine,
08:03 vous êtes d'accord avec ça ?
08:04 C'est une fille qui n'allait pas partir comme ça à l'aventure,
08:07 elle était plutôt prudente et discrète Karine.
08:10 Oui, tout à fait, effectivement, j'étais beaucoup plus jeune que les jumelles,
08:15 mais tout de suite quand je revois encore maman à la fenêtre
08:18 et qu'elle me dit que Karine, ta grande soeur, n'est pas rentrée,
08:21 même toute jeune, je me suis dit, il lui est arrivé quelque chose, elle est morte.
08:25 Parce que la fugue, c'était sûr que ce n'était pas possible.
08:28 Tout allait bien on va dire,
08:31 et puis elle était tellement proche de Nathalie que s'il y avait eu un souci,
08:33 ça aurait été les deux et pas qu'une qui auraient fugué.
08:36 Alors à l'époque, on le dit Marine, il n'y a pas de téléphone portable,
08:39 sinon elle aurait appelé évidemment,
08:42 mais jamais elle n'aurait pas parti comme ça,
08:45 elle aurait donné un signe de là où elle allait, c'est ça ?
08:48 Oui, bien sûr, puisque la seule situation où les jumelles avaient pété un plomb,
08:56 je les vois encore toutes les deux en train de reprendre leur télévision
09:00 pour quitter de chez leur papa pour venir à la maison.
09:03 Donc voilà, tout se faisait à deux.
09:06 Donc Karine part seule pour fuguer, ce n'était pas possible.
09:09 C'était ou les deux ou personne.
09:11 Bonjour maître Corine Hermann.
09:13 Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'Or du crime.
09:16 Vous êtes avocate au barreau de Paris,
09:18 vous connaissez bien ces dossiers de disparition et de cold case,
09:21 vous en traitez beaucoup, beaucoup trop, on dit toujours ça avec vous,
09:24 lorsqu'on vous reçoit Corine Hermann.
09:26 Et dans cette affaire, vous êtes l'avocate de la famille de Karine Leroy.
09:29 Il y a quelque chose de très frappant dans cette affaire,
09:31 vous êtes en pleine ville, Maud, ce n'est pas une petite ville,
09:34 c'est une ville de certaine importance.
09:37 On ne voit rien, on n'entend rien,
09:39 elle est sur le chemin de l'école, c'est très court, 200-300 mètres,
09:42 et personne ne voit rien.
09:43 Non, c'est un passage un peu particulier,
09:45 puisqu'elle passe à un endroit un petit peu masqué,
09:48 mais néanmoins c'est à une heure anormale je dirais pour disparaître,
09:51 puisque dans les disparitions que nous suivons,
09:53 c'est plutôt le soir, c'est plutôt dans l'après-midi,
09:55 rarement le matin tôt, et rarement à une heure où tout le monde part au travail,
09:58 tout le monde va au lycée, où elle aurait dû croiser des dizaines de personnes,
10:02 et on aurait dû avoir des dizaines de témoignages.
10:04 Et les gendarmes ne les ont pas, il faut dire tout de suite que les gendarmes,
10:07 ils travaillent quand même assez vite sur la disparition,
10:09 et de manière sérieuse.
10:10 Oui, oui, oui, ils font l'environnement,
10:12 peut-être on trouve toujours que c'est jamais assuré,
10:14 mais là ils vont faire l'environnement parce qu'il y a une alerte de la famille,
10:18 il y a évidemment une inquiétude de la famille,
10:21 mais oui, parce que c'est aussi le chemin du lycée,
10:24 et bien c'est un chemin qui peut être dangereux parfois,
10:26 et où il y avait des personnes peut-être peu recommandables.
10:28 Encore une question Corine Hermann, il y a la technique,
10:31 il y a ce corps qui est retrouvé, il y a beaucoup d'indices,
10:34 et notamment cette technique un peu particulière d'étranglement,
10:37 ce garrot espagnol, en général on étrangle de façon mécanique avec les mains,
10:41 ou avec un lien, mais juste en tirant, là c'est un peu plus compliqué.
10:44 Là il y a tout un mécanisme effectivement qui s'appelle le garrot espagnol,
10:47 en tout cas qui s'inspire de ce garrot-là,
10:49 où finalement il faut plusieurs liens, il faut plusieurs nœuds,
10:54 et puis ça va être aussi la résistance musculaire qui va contribuer à la mort de la victime.
10:58 C'est un système qu'on a très rarement vu, en tout cas nous,
11:01 et ça fait longtemps qu'on est sur les affaires criminelles,
11:03 on ne l'a quasiment jamais vu, sauf dans un dossier.
11:06 Sauf dans un dossier dont on va parler d'ailleurs un peu plus tard.
11:08 Parmi les témoins qui vont retenir l'attention, le petit ami de la victime.
11:12 L'affaire Carine Leroy, la suppliciée de la forêt de Montsolemo.
11:16 Le petit ami n'avait pas d'alibi, pour son travail il utilisait des liens en plastique
11:20 identiques à celui qui a servi à étrangler la victime.
11:23 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
11:27 Heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Carine Leroy.
11:41 Cette jeune femme de 19 ans a disparu pendant 33 jours au printemps 94 à Meaux.
11:46 Avant d'être retrouvée morte, étranglée, étouffée dans un bois de la région,
11:50 les enquêteurs s'intéressent à son entourage.
11:53 Samedi 23 juillet 94, 11 jours après la découverte du corps de Carine Leroy,
11:57 ses obsèques se déroulent dans le petit village de Brégy, dans l'Oise.
12:01 Les gendarmes scrutent discrètement les visages dans l'assistance à la recherche
12:05 d'une attitude qui pourrait retenir l'attention.
12:08 Les parents de la lycéenne Michel et Annick sont terrassés par l'émotion.
12:12 Michel Leroy sera fauché trois ans plus tard par une crise cardiaque,
12:15 mort de chagrin diront tous ceux qui le connaissaient.
12:19 Les enquêteurs, une trentaine d'hommes placés sous les ordres du capitaine Johnson,
12:23 multiplient les vérifications, ils refont plusieurs fois le parcours de Carine.
12:27 Au matin de la disparition, les bois et les champs de Montsolemo sont ratissés,
12:32 un cours d'eau exploré, son sac ainsi que ses lunettes n'ont jamais été retrouvées.
12:38 Les gendarmes retiennent l'hypothèse selon laquelle Carine Leroy,
12:42 lycéenne discrète et rangée, est peut-être montée en voiture avec quelqu'un qu'elle connaissait,
12:47 un homme qui lui aurait proposé de la déposer au lycée.
12:50 La famille, les proches de la victime font l'objet de vérifications,
12:53 trois garçons d'origine africaine qui connaissaient bien la jeune femme sont entendus,
12:58 deux disposent d'alibi solide, le cas du troisième, 30 ans, ancien petit ami de Carine, retient l'attention.
13:05 Il habite la tour Cheverny, cité Beauval.
13:08 Le 9 juin 94, jour de la disparition, quand Nathalie est allée le chercher
13:12 pour lui dire que sa soeur avait disparu, elle ne l'a pas trouvé, il n'était pas chez lui.
13:16 Les enquêteurs établissent que le petit ami était de repos,
13:19 ce jour-là il travaille pour une société de livraison de journaux, de publicité.
13:24 Il utilisait des feuillards, liens en plastique identiques à celui qui a servi à étouffer Carine, dit un enquêteur.
13:30 16 septembre, trois mois après le début de l'affaire, le jeune homme est placé en garde à vue,
13:36 il refuse de dire ce qu'il faisait le 9 juin, il s'énerve dès lors qu'on aborde la question
13:41 des rapports intimes qu'il avait avec la victime, il connaîtrait des problèmes sexuels.
13:47 Carine l'aurait-elle humiliée ? La mère de la victime connaît bien ce garçon,
13:51 elle est formelle, elle estime qu'il n'a pas pu tuer sa fille.
13:55 Le témoin est relâché, laissé sous surveillance, perquisitionné, deux fois réentendu.
14:00 Trois ans après le drame, il va agresser au pied de la cité la mère de Carine,
14:04 il la bouscule en lui disant "je vais t'envoyer en haut avec ta salope de fille".
14:09 Il sera condamné à six mois de prison avec sursis.
14:13 Mercredi 28 avril 99, après cinq ans d'enquête, la juge d'homo Sophie Combe rend à regret un non-lieu,
14:20 les investigations sont relancées en 2004 pour de nouvelles expertises génétiques,
14:25 mais l'ADN est trop dégradé. Les cas du tueur en série Michel Fourniret
14:30 ou du violeur suspecté de deux meurtres Raymond Guardo sont vérifiés.
14:34 Fourniret aurait pu se trouver dans la région lors de la disparition,
14:38 quant à Guardo, à l'époque il vient juste de mourir, il était commerçant ambulant,
14:44 il connaissait bien la cité Beauval. Les deux hommes sont écartés de la liste des suspects.
14:48 30 octobre 2007, l'affaire est à nouveau frappée dans un non-lieu.
14:53 Ce qui signifie qu'en l'état des investigations, cette enquête cesse,
14:58 c'est toujours un coup très dur pour les familles, il faut persévérer ensuite pour que l'affaire ne soit pas oubliée.
15:04 On va voir que la maman de Karine Leroy, maman que l'on salue et qui nous écoute en ce moment,
15:13 elle va multiplier les efforts pour que le dossier ne soit pas fermé.
15:18 On retrouve dans cette émission Nathalie, la soeur jumelle de Karine Leroy.
15:24 Alors Nathalie, il y a le choc de cette mort, la mort de votre soeur,
15:30 c'est quelque chose de brutal qui est tombé sur votre famille.
15:34 Et puis il y a ce premier suspect, je le disais, le petit ami.
15:38 A cette époque, vous vous dites que c'est peut-être lui qui a tué Karine ?
15:42 Oui, à ce moment-là, c'était comme pour moi, le jour de la disparition de Karine,
15:49 j'étais chez lui, il n'était pas là, j'ai essayé de le contacter plusieurs fois, il n'a rien répondu.
15:54 Pour moi, c'est vrai qu'on parle dans un point de vue plus vicieux,
15:59 parce que dans le côté émotif, je me suis dit pourquoi pas.
16:03 Vous vous dites pourquoi pas ?
16:05 Oui, parce que je me suis dit pourquoi pas.
16:11 Je me suis dit pourquoi pas, un coup de colère, pourquoi pas.
16:17 Et puis il y a cette histoire de lien identique aussi, qui a servi à étrangler votre soeur.
16:23 Tout à fait, oui.
16:27 Je me souviens même d'avoir appris d'avoir fait des prospectus,
16:31 je l'avais aidé à distribuer des prospectus à ce moment-là.
16:35 Et c'est vrai que sur le coup, je n'ai pas fait le raccrochement,
16:38 et quand j'ai su au niveau des liens, ce qu'il en était, j'ai dit oui, c'est possible.
16:43 Marine, vous êtes également la soeur de Karine Leroy,
16:47 et vous êtes en ligne avec nous dans l'heure du crime.
16:49 Lorsqu'il y a l'annonce de la mort de Karine, c'est toute la famille qui est écrasée, qui est bouleversée.
16:55 Vous attendiez une issue fatale comme ça dans votre famille ?
17:00 Dans notre famille, bien sûr, on ne s'y attendait pas, on avait de l'espoir,
17:04 mais comme je le disais tout à l'heure, je ne sais pas, c'est vrai que les gendarmes parlaient de la fugue, etc.
17:09 Et puis même toute jeune, on entendait déjà pas mal de faits divers,
17:12 et je me suis dit, elle ne sera plus là.
17:16 Et c'est vrai que c'est un drame familial, ça fait 30 ans qu'on vit dans ça,
17:24 et ça fait ce qu'on est aujourd'hui, mais effectivement, ça a été un drame pour toute notre famille.
17:30 Maître Corine Hermann, il y a ce premier suspect, on en a parlé, qui me paraît très intéressant d'ailleurs,
17:35 parce qu'il y a beaucoup de choses qui sont contre lui.
17:39 Il y a ces liens qu'on a retrouvés dans sa voiture,
17:41 mais il lit des paquets de journaux avec ces liens, donc ce n'est pas tout à fait anormal.
17:45 Et puis, il a une attitude très étrange, il n'a pas d'alibi, il ne veut pas en donner.
17:50 Très longtemps, les enquêteurs vont se concentrer sur lui,
17:53 il va être soumis à plusieurs interrogatoires,
17:57 il va y avoir des perquisitions, des prélèvements génétiques dans son véhicule,
18:01 en tous les cas, ils vont explorer cette piste de façon très intense, complète,
18:07 et elle va être reprise d'ailleurs, à chaque fois que le dossier sera repris,
18:10 lorsqu'il y aura des traits génétiques qui vont être retrouvés sur les vêtements de Corine,
18:15 elles vont être comparées aussi à lui,
18:17 donc ça reste au départ la piste la plus importante, celle qui semble la plus évidente,
18:22 et qui est la plus classique en matière d'affaires criminelles de ce type-là.
18:25 Donc ça sera une des pistes, il y en aura plusieurs, mais ça sera une des pistes les plus explorées, effectivement.
18:29 Est-ce qu'on a suffisamment exploré la piste des détraqués sexuels, tout simplement ?
18:33 Est-ce que ça a été bien suivi ? Est-ce que les fichiers ont été regardés de près ?
18:39 En tout cas, il y a eu une enquête qui était quand même complète.
18:42 Est-ce que tout a été exploré ? Non. Est-ce que tout a été fait ? Non.
18:46 Mais beaucoup, beaucoup de suspects ont été approchés,
18:49 beaucoup de vérifications ont été faites,
18:51 et au départ, ça a été vraiment une enquête extrêmement poussée, extrêmement intense.
18:56 Il faut savoir qu'à l'époque, dans la région, il y avait d'autres affaires très graves,
18:59 et donc c'était l'affaire de trop, l'affaire de en plus,
19:03 qui justifiait que les vérifications soient faites aussi en parallèle avec d'autres dossiers.
19:07 Donc à l'époque, il y a quand même des investigations assez importantes, un dossier assez complet.
19:11 Et bien sûr, on va venir, mais ça c'est classique, c'est un milieu que vous connaissez bien,
19:15 on va venir sur les tueurs en série, possible, ou en tout cas les violeurs en série, même.
19:19 Je parlais là de Fourniret, de Guardot, alors lui c'est plus un violeur,
19:24 on peut lui prêter des meurtres, il a été soupçonné pour deux meurtres au moins,
19:28 mais c'est avant tout un violeur, donc ces pistes-là, elles sont creusées aussi.
19:32 Alors elles sont creusées tardivement, parce que la piste Fourniret va réapparaître,
19:36 c'est ce qui permet de rouvrir le dossier en 2004, parce que Michel Fourniret,
19:40 lors de l'audience, lors de ses interrogatoires, puis à l'audience de 2008,
19:44 il va faire mention de ces affaires du Grand Est parisien,
19:48 il va faire mention de cette affaire, et dès lors qu'il aborde un dossier,
19:52 on va aller voir tout de suite si leur implication ne peut pas être envisagée,
19:56 et c'est la première demande que nous allons faire nous pour la réouverture du dossier.
20:00 Et l'affaire Guardot, c'est quand même une affaire locale particulière.
20:03 - Qui connaît en plus cette cité à Meaux ? Il est du coin lui ?
20:06 - La maman de Karine le connaissait, en tout cas de vue, connaissait cette espèce de véhicule ambulant.
20:11 - C'est un commerçant ambulant.
20:13 - Oui, il pratiquait la papeterie, il vendait du papier,
20:17 je ne sais pas exactement ce qu'il faisait, mais en tout cas il pouvait avoir des feuillards,
20:21 ce fameux lien blanc particulier, et donc c'est elle qui nous a alertés sur cette piste-là.
20:25 La justice n'y est pas allée toute seule, c'est la maman de Karine.
20:29 8 ans après le non-lieu, un autre criminel d'envergure va être soupçonné.
20:34 L'affaire Karine Leroy, la suppliciée de la forêt de Montsolemo.
20:38 Le grellet est un étrangleur pervers, la mort de la lycéenne pourrait porter sa signature.
20:43 L'enquête de l'heure du crime, François Vérove, alias le grellet, violeur et tueur insaisissable,
20:48 est-il l'homme qui a étranglé la lycéenne ? C'est à suivre dans un court instant sur RTL.
20:54 Jean-Alphonse Richard sur RTL.
20:56 L'heure du crime.
20:58 L'heure du crime. Jean-Alphonse Richard.
21:01 Jusqu'à 15h30 sur RTL.
21:03 Je vais taper à toutes les portes. Pour moi il faut le savoir.
21:07 Je ne lâcherai pas, je n'attends que Dieu me permette de rester avec vous, avec vous tous.
21:13 Je ne vais pas la lâcher, c'est ma fille.
21:15 Au programme aujourd'hui dans l'heure du crime, le meurtre de Karine Leroy.
21:19 Cette jeune femme, 19 ans, a été retrouvée morte et tranglée dans un bois de Seine-et-Marne au printemps 1994.
21:25 Aucun suspect retenu. Dernier non-lieu en 2007.
21:28 Sept ans plus tard, l'enquête repart.
21:30 Jeudi 12 juillet 2014, 20 ans après la découverte du corps de Karine Leroy,
21:35 l'avocate de la maman, maître Corinne Hermann, demande la réouverture du dossier au parquet de mots.
21:40 Elle souhaite que les scellés soient soumis à de nouvelles expertises ADN.
21:45 Dix mois plus tard, le procureur adjoint, Emmanuel Dupic, donne son feu vert.
21:49 Certains scellés n'ont pas été exploités.
21:51 Compte tenu des avancées scientifiques, on peut espérer trouver une empreinte génétique, indique le magistrat.
21:58 Allusion à peine voilée au grellet.
22:01 A l'époque, ce violeur meurtrier n'est pas identifié.
22:04 Il est recherché pour trois meurtres et six viols, commis entre 1986 et 1994,
22:09 mais a certainement fait davantage de victimes.
22:12 Les comparaisons génétiques ne donnent rien.
22:14 L'ADN retrouvé sur le lien et les affaires de Karine Leroy est trop détérioré pour livrer une piste.
22:20 Les enquêteurs insistent sur le fait que le mode opératoire pour tuer Karine, le "garot espagnol",
22:26 est identique à celui pratiqué par le grellet, notamment lors d'un double meurtre sadique à Paris en 1987.
22:33 C'est un étrangleur pervers.
22:35 C'est sa signature, une technique utilisée pour le meurtre de Karine Leroy,
22:39 dont la mise à mort ressemble à celle des autres victimes, indique alors Maître Jean-Claude Dys,
22:45 avocat de la famille de Cécile Bloch, l'une des premières victimes du grellet.
22:50 Mercredi 29 septembre 2021, l'ancien policier et gendarme François Vérove se suicide au gros du roi dans le Gard.
22:59 Il était le grellet et était sur le point d'être démasqué.
23:02 Son identification permet d'avancer à pas de géant sur le personnage.
23:06 Son parcours criminel s'éclaire entre 1993 et 2000.
23:10 Vérove vivait avec sa femme et ses enfants dans un pavillon à Long-Périer, en Seine-et-Marne,
23:16 à 23 km seulement de Meaux, la ville de Karine Leroy.
23:20 Ces années-là, il a connu la dépression, hospitalisé dans la région au centre médico-psychologique de Mitrimori, ainsi qu'à Meaux.
23:28 Et voilà donc pour la piste du grellet qui ressurgit, et surtout après sa mort,
23:34 parce que là on a un parcours criminel qui est beaucoup plus clair.
23:36 Maître Corine Hermann, vous nous faites l'honneur d'être avec nous aujourd'hui dans le studio du crime.
23:41 Vous êtes avocate et dans cette affaire vous défendez les intérêts de la famille, de Karine Leroy.
23:46 Vous relancez cette piste sur le grellet 2014, 2015, vous insistez, vous tapez encore sur la table, il faut faire des expertises.
23:55 Pourquoi vous avez envie comme ça que, finalement, de faire la clarté sur ce personnage qui a échappé jusque là à la police ?
24:03 Parce qu'à l'époque on est aussi dans le dossier du grellet, le dossier central, le dossier de Cécile Bloch, le dossier aussi de deux autres jeunes filles.
24:13 Et nous voyons des correspondances sur les mots d'opératoire, on a l'habitude d'étudier les mots d'opératoire.
24:18 On n'était pas seul puisque la police, le 36, qui est désormais fèvre à l'époque,
24:23 il y a un enquêteur fameux qui suivait les dossiers du grellet, avait lui-même demandé le dossier de Karine Leroy,
24:29 et arrivait aux mêmes conclusions que nous, on l'a su plus tard, mais en tous les cas on était en même temps sur cette piste-là,
24:35 parce qu'il y a un dossier qui ressemble au dossier de Karine Leroy, parce qu'il y a un mot d'opératoire.
24:39 Dans le marais, c'est ça, le couple du marais qui a été, effectivement, avec le gareau espagnol.
24:43 On les retrouve, effectivement, presque morts dans ces conditions.
24:47 L'ADN masculin qui est retrouvé sur la scène de crime de Karine Leroy, il est trop dégradé, c'est ça ?
24:52 Alors, on a certainement des ADN qui sont abîmés, qui sont des ADN aussi, personnes qui sont intervenues sur la scène de crime,
24:59 qu'on n'a pas identifiées pour l'instant. Il y a plusieurs ADN, il y a plusieurs comprintes génétiques qui ont été refaites,
25:04 sur les vêtements, et qui pour l'instant ne matchent pas, mais en tous les cas, ne matchent pas avec le grellet,
25:08 ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas l'auteur des faits, puisque je rappelle que les policiers, les gendarmes,
25:13 la personne qui ont découvert le corps, ont pu intervenir, toucher le corps, voir si elle était vivante, etc.
25:19 Nathalie, on vous retrouve dans cette heure du crime, vous êtes au téléphone de l'heure du crime, vous êtes la soeur jumelle de Karine Leroy,
25:24 et depuis ces années, depuis 30 ans maintenant, vous attendez des réponses à vos questions avec votre maman,
25:29 d'ailleurs qu'on a entendu tout à l'heure dans ce petit élément sonore de l'heure du crime.
25:34 Je crois qu'à l'époque, vous vous êtes dit, peut-être qu'on a confondu ma soeur avec moi, vous êtes soeur jumelle,
25:40 peut-être que l'agresseur c'est moi et qu'il voulait attaquer.
25:44 Oui, parce qu'on est jumelle monozigote, donc physiquement, Karine c'était moi et moi j'étais Karine, en fin de compte c'est ça.
25:52 Et c'est vrai que les enquêteurs à ce moment-là ne se sont pas posé la question de savoir si ce n'était pas moi qui était ciblée,
25:58 et pareil, ils m'ont suivi, j'ai passé mes journées avec les gendarmes, ils m'ont suivi partout,
26:06 ils ont vécu avec moi pendant très longtemps, et en fin de compte, on n'a jamais eu de réponse à ce niveau-là.
26:12 Il y avait autre chose aussi avec votre ADN, parce que vous partagez le même ADN avec votre soeur,
26:17 et ça a été compliqué pour les recherches, parce que notamment la voiture du premier suspect,
26:21 on retrouve votre trace parce que vous êtes monté avec lui pour faire un tour de temps en temps, et votre soeur aussi.
26:27 Oui aussi, parce qu'en fin de compte, on a le même ADN, le seul truc qui peut nous différencier, c'est les empreintes palmaires.
26:35 C'est ça, les empreintes digitales et palmaires qui sont différentes.
26:43 Marine, vous êtes la soeur, l'autre soeur de Karine Leroy, un mot avec vous, vous êtes plus jeune dans cette affaire,
26:50 mais ces 30 années, elles se sont déroulées sous vos yeux, et sous les yeux de toute votre famille,
26:56 le dossier Karine Leroy, le nom de Karine, il ne cesse de réapparaître dans votre famille.
27:02 Oui, tout à fait, c'est notre leitmotiv, on va dire, dans le sens que tout tourne autour de Karine.
27:11 On est tous à fond derrière maman depuis de nombreuses années, on a repris aussi un peu le lide parce que maman vieillit,
27:19 maman est fatiguée des non-réponses, mais c'est vrai que toute notre vie tourne autour de cette affaire,
27:26 et on attend toujours des réponses.
27:28 La réouverture du dossier pourrait permettre l'examen d'autres pistes.
27:32 L'affaire Karine Leroy, la suppliciée de la forêt de Montsoré-Mau.
27:36 Je me demande comment j'ai tenu, on ne vit pas, on survit, cela fait 25 ans, mais la douleur reste la même.
27:42 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
27:54 Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur l'enlèvement et le meurtre au printemps 1994,
27:58 près de Maud de Karine Leroy, 19 ans, 20 ans après les faits.
28:02 Les enquêteurs se sont intéressés après fournirait au grêlé.
28:06 La famille espère que cette affaire ne restera pas non résolue.
28:10 Samedi 8 juin 2019, 25 ans après la mort de Karine Leroy,
28:15 une petite plaque en granit est déposée à la bordure du bois où son corps avait été découvert en juillet 1994.
28:21 La mère de la victime, Annick Cagné, avait pour habitude de venir régulièrement se recueillir ici.
28:27 La maman explique que depuis le décès de sa fille, elle ne vit plus.
28:31 Nathalie, la soeur jumelle de Karine, confirme dans le journal Le Parisien.
28:35 Je me demande comment j'ai tenu, on ne vit pas, on survit, cela fait 25 ans, mais la douleur reste la même.
28:41 Il y a des moments où je la sens monter et je la refoule.
28:44 Septembre 2023, le dossier Karine Leroy est transmis au pôle judiciaire des Colqueys, à Nanterre.
28:50 La juge Nathalie Turquet, chargée des investigations, continue à étudier un possible lien entre la mort de la lycéenne
28:57 et le parcours criminel de François Veyrove, alias le grellet.
29:02 Ce dernier reste ainsi l'un des possibles suspects, même si la magistrate ne referme pas d'autres pistes.
29:08 Une autre serait étudiée de près par les enquêteurs.
29:13 Et là c'est intéressant parce qu'effectivement le pôle Colquey vient de reprendre ce dossier.
29:18 La juge Nathalie Turquet, qui a beaucoup d'expérience, travaille énormément sur ce dossier et bien d'autres d'ailleurs
29:23 parce que le pôle commence à être hélas surchargé.
29:26 Maître Corine Hermann, on vous retrouve dans cette heure du crime et dans le studio de l'heure du crime.
29:29 Vous êtes avocate de la famille de Karine Leroy.
29:32 Il n'y a pas que le grellet comme suspect dans cette affaire ?
29:35 Il n'y a pas que le grellet, il y a d'autres suspects qui ont commis des faits dans la région
29:40 et il y a quelques mois de l'enlèvement et de la découverte du corps de Karine.
29:44 Des personnes qui pouvaient aussi agir de la même façon et pouvaient avoir eux-mêmes les mêmes liens
29:50 que ceux qu'on a retrouvés, en tout cas dans leur exploitation professionnelle,
29:54 les mêmes liens qu'on a retrouvés sur Karine.
29:56 Il se trouve que Madame Turquet est la spécialiste en matière de magistrats du grellet
30:01 puisque c'est elle qui a contribué et qui a même été à l'origine de l'identification du grellet.
30:06 Donc elle le connaît bien et c'était important qu'elle puisse regarder ce dossier,
30:10 vérifier son éventuelle implication avec tous les éléments qu'elle a sur le grellet dans l'autre dossier,
30:15 dans le dossier général.
30:17 Et puis il y a d'autres suspects dont on connaît aujourd'hui l'identité aussi depuis peu
30:22 qui ont oeuvré dans cette région et dont le parcours est fait aussi par le Pôle.
30:26 Donc on peut avoir beaucoup d'informations sur eux et eux sont vivants
30:30 et donc on va peut-être pouvoir les interroger.
30:32 Je sais que même sous la torture vous ne parlerez pas,
30:35 mais est-ce que ce sont des personnes qui à l'époque étaient déjà dans le dossier,
30:40 qui étaient apparues ou pas ? Ou bien on est passé à côté finalement ce qui peut arriver ?
30:44 On est passé totalement à côté, ils n'étaient pas directement dans le dossier.
30:46 Néanmoins, quand Michel Fourniret avait parlé du dossier Karine Roy,
30:50 il avait parlé d'un autre dossier qui est le dossier Nadege Desnois.
30:53 Et ces deux dossiers-là intéressaient quand même, étaient dans la région,
30:56 étaient très proches en termes de temps et de localisation.
30:59 Et donc d'une certaine façon, certains suspects apparaissaient dans le dossier
31:03 par les crimes qui avaient été étudiés, mais ils n'étaient pas identifiés non plus à cette époque.
31:07 On a le sentiment que c'est quelqu'un de "local" qui a fait le secou,
31:13 en tout cas quelqu'un qui connaît bien la région et probablement qui y réside.
31:16 Le lieu où a été retrouvé le corps ne laisse à penser que c'est quelqu'un qui connaissait l'emplacement
31:21 puisqu'elle a été déplacée sur plusieurs kilomètres.
31:24 Karine n'a pas été retrouvée autour de son immeuble ou autour de son lycée,
31:28 elle a été retrouvée à quelques kilomètres de Meaux.
31:30 Donc c'est quelqu'un qui a déjà le courage de transporter quelqu'un vivant ou mort et de la déposer là.
31:35 Et c'est forcément quelqu'un qui connaît.
31:37 Mais les criminels auxquels on s'intéresse, qui sont des criminels qui ont commis plusieurs faits,
31:41 c'est des faits qui ont été commis aussi dans la région.
31:43 Même à un moment, on a croisé avec le dossier Estelle Mouzin,
31:46 puisque on est à côté de Meaux et on a regardé les suspects dans le dossier Estelle Mouzin aussi pour Karine Leroy.
31:51 Il y a eu des éléments qu'on avait croisés nous-mêmes.
31:54 - Nathalie, vous êtes avec nous dans l'ordre du crime, vous êtes la soeur jumelle de Karine Leroy
31:57 et je vous remercie encore une fois d'être aujourd'hui en ligne, en direct dans l'ordre du crime.
32:02 Il y a cinq ans, vous disiez "il y a des moments où je sens monter cette colère en moi, cette douleur et je la refoule".
32:09 Est-ce que cinq ans après, on n'a toujours pas évidemment retrouvé l'assassin de votre soeur ?
32:12 Est-ce que vous êtes toujours en colère aujourd'hui, Nathalie ?
32:15 - Toujours en colère, oui. La colère est toujours présente, oui.
32:18 La colère, la peine, tout.
32:21 Il y a des moments où j'ai du mal à gérer, oui.
32:25 - Vous pensez, je ne dis pas en permanence, mais vous pensez très souvent à votre soeur ?
32:30 - Vous savez, je me regarde le matin dans un miroir, je vois ma soeur.
32:33 Pour moi, c'est continuel, c'est tous les jours, refaire une vie, c'est compliqué.
32:40 Elle restera toujours présente avec moi.
32:44 - Je suppose que cette date du 9 juin, elle est particulière.
32:48 Vous la vivez de façon très particulière.
32:51 - Très particulière. En plus, dans dix jours, j'ai 50 ans, ma soeur a eu 50 ans aussi.
32:57 Une famille suspendue à l'enquête.
33:02 L'affaire Karine Leroy, la suppliciée de la forêt de Montsault-les-Maux.
33:06 Quelque part, un assassin se promène, mais il est toujours recherché.
33:09 L'enquête de L'Heure du Crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
33:13 - Jean-Alphonse Richard sur RTL. - L'Heure du Crime.
33:17 L'Heure du Crime, présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
33:22 - Dans L'Heure du Crime, aujourd'hui, nous revenons sur le meurtre de Karine Leroy.
33:25 Printemps 1994, en Seine-et-Marne, la jeune femme, 19 ans, avait été étranglée, étouffée.
33:31 Affaire non résolue, confiée au pôle des Colquets.
33:34 La famille cherche toujours le coupable.
33:36 Annick Cagné, la maman de Karine Leroy, répète depuis des années les mêmes mots.
33:41 "Je ne vis que pour ça, pour comprendre ce qui s'est passé ce jour-là et ce qu'on a fait à ma fille.
33:47 Ce n'est pas possible que personne ne sache. Karine est toujours avec moi.
33:51 Quand on trouvera, je pourrai partir."
33:54 - Humainement, ce sont des affaires qui vous poursuivent tout le temps.
33:57 Parce que, premièrement, ça concernait quand même un homicide où la victime...
34:05 Bien sûr, tous les homicides, la victime souffre.
34:07 Mais là, on pense qu'il y a quand même eu, compte tenu du scénario, un niveau de souffrance.
34:13 Et parce que vous n'avez pas solutionné cette affaire.
34:16 Quelque part, un assassin se promène.
34:19 - Le capitaine de gendarmerie Jeanne Son, qui avait supervisé à l'époque l'enquête,
34:24 et c'était dans l'émission "L'insoluble meurtre de Karine Leroy", diffusée sur RMC, Maître Corinne Hermann.
34:30 Vous êtes avec nous dans le studio, lors du crime "Avocate et avocate dans cette famille de la..."
34:34 "Dans cette histoire de la famille de Karine Leroy".
34:38 Alors, on va faire un point très très pratique, pour qu'on comprenne bien.
34:42 Les premiers suspects à l'époque, et notamment le fameux petit ami, là,
34:45 qui se baladait avec ses liens pour les journaux, qui aurait pu servir à étrangler la victime.
34:49 Les pistes de l'époque, elles sont éliminées, on est d'accord ?
34:53 - Pour l'instant, elles sont écartées, oui.
34:55 - Les pistes, actuellement, qui sont suivies au "Poll Call Case",
34:59 il y a combien, finalement, de suspects, grosso modo, qui peuvent intéresser les enquêteurs ?
35:05 - Il y a plusieurs suspects, dont deux principaux, sur lesquels Mme Turckey va avoir à travailler.
35:10 On sait le grêlé, puisqu'on le sait, c'est une des raisons du transfert au "Poll".
35:14 Et puis, il y a une autre piste, de quelqu'un qui a commis plusieurs faits.
35:17 - Oui, c'est ça. Donc, c'est déjà quelqu'un qui est connu de la justice,
35:21 qui est vivant, vous nous avez dit, on a cru comprendre que...
35:24 Donc, effectivement, ça, ça peut être une piste très intéressante.
35:27 Est-ce que ça va être long, ce travail d'expertise, d'ADN ?
35:32 Je sais qu'on ne peut pas donner une date, mais est-ce que vous avez le sentiment
35:36 que les faits sont en train, un petit peu, de se précipiter, de s'activer ?
35:40 - Les choses avancent à grands pas, depuis quelques mois.
35:43 Et c'est vrai que, depuis l'identification du grêlé, ça permet de faire des vérifications
35:47 sur son emploi du temps, ce jour-là, où il se trouvait, dans quel état il était,
35:52 est-ce qu'il avait des raisons de se retrouver à Meaux, de croiser Karine Leroy.
35:57 On sait qu'il a commis un fait juste à côté de Meaux,
35:59 donc on sait qu'il avait une jeune fille à cette époque.
36:02 Donc, on sait qu'à ce moment-là, il est actif dans la région,
36:04 et on a tous ces éléments qu'il faut retravailler,
36:07 et remettre dans leur contexte pour le dossier.
36:09 Et puis, il y a d'autres suspects, dont un en particulier,
36:12 qui lui-même a commis des faits dans la région,
36:14 et donc, on a aussi la possibilité, puisqu'il est identifié aujourd'hui,
36:17 c'était des faits anciens aussi, on connaît son parcours,
36:19 on est en train de remonter son parcours, il va être interrogé, etc.
36:22 Donc, on a des éléments concrets sur lesquels on peut travailler,
36:25 qui sont des nouveaux éléments.
36:26 - Alors ça, c'est intéressant, Nathalie, vous écoutez ce que dit votre avocate,
36:30 Maître Corine Hermann, je suppose que ça vous met du baume au cœur,
36:33 ce qu'elle dit, parce qu'elle est pleine d'optimisme, Maître Hermann.
36:36 Ça serait formidable qu'on trouve l'assassin ?
36:39 Ça fait 30 ans que vous attendez une réponse, Nathalie.
36:41 - Oui, ça serait formidable, oui.
36:43 Franchement, oui. On pourrait peut-être faire notre deuil correctement.
36:47 Et au moins penser à Karine en souriant, pas en pleurant,
36:50 et en se posant d'énormes questions.
36:52 - Qu'est-ce que... quelle est votre... Est-ce que vous avez une idée ?
36:55 Vous pensez que c'est plutôt quelqu'un qui était dans le coin,
36:58 ou peut-être quelqu'un que vous connaissiez, même,
37:00 ou bien vous avez abandonné ces pistes-là, Nathalie,
37:02 vous êtes la soeur jumelle de Karine Leroy, je le rappelle.
37:05 - Vu ce que je sais de l'affaire,
37:08 j'ai laissé tomber le côté "oui, c'est quelqu'un qu'on connaît".
37:13 Pour moi, je ne connais pas.
37:15 - Ça, vous l'avez écartée ?
37:18 - Oui, moi je l'ai écartée, oui.
37:20 - Marine, vous êtes également une soeur de Karine Leroy,
37:25 je vous pose la question, comment est-ce qu'elle va, Annick, votre maman ?
37:29 Parce que cette émission, on lui dédie aussi, aujourd'hui, à votre maman,
37:32 parce qu'elle a mené ce combat pendant des années.
37:35 Aujourd'hui, elle est plus fatiguée, parce qu'elle a peut-être un peu...
37:37 Elle est lasse d'attendre sans arrêt une réponse.
37:39 Comment est-ce qu'elle va ?
37:41 - Pour tout vous dire, maman va mal.
37:44 Comme vous dites, ça fait 30 ans, elle est beaucoup plus âgée.
37:49 C'est vrai qu'on sent qu'on est proche du but.
37:52 Je pense qu'on ne va pas attendre 30 ans pour avoir enfin la fin,
37:56 en tout cas avoir des réponses un peu plus poussées.
37:59 Mais il est temps, il est temps pour maman et pour nous tous,
38:02 mais surtout pour elle qui se bat depuis 30 ans et qui est toujours en première ligne.
38:06 - Elle vous parle toujours de Karine, aujourd'hui ?
38:09 - Oui, tout le temps, tout le temps.
38:12 Tous les jours, oui, bien entendu.
38:15 Elle a toujours de nouvelles idées,
38:18 demande toujours si j'ai un petit message de Maître Herman,
38:22 toujours, toujours, toujours.
38:24 - Nathalie, un petit mot.
38:26 On entend ce que dit Marine, mais vous êtes d'accord, évidemment.
38:28 C'est une histoire qui a foudroyé votre famille.
38:31 Votre papa, il est mort de chagrin.
38:33 Votre maman, elle porte toujours ce deuil qui n'est pas fait de Karine.
38:36 C'est très douloureux et cruel.
38:39 - C'est douloureux et cruel, surtout que par moments,
38:42 quand ma mère ne va pas bien, elle m'appelle Karine.
38:45 - Ah oui ?
38:46 - Oui, c'est vraiment...
38:48 Il y a même des moments où elle cherche à me voir parce qu'elle est en manque de Karine.
38:52 C'est maladif, c'est devenu maladif.
38:56 - Maître Herman, évidemment, c'est le cri des familles qu'on entend.
39:01 C'est très, très prenant ce que dit Nathalie.
39:04 Juste un tout petit mot pour terminer.
39:06 30 ans après, on fait un appel au témoignage ?
39:09 - Oui, je le fais habituellement.
39:11 Là, c'est les 30 ans.
39:13 La famille organise une manifestation sur le lieu de découverte du corps le 8 juin.
39:18 Cette manifestation, elle est très importante pour elle
39:20 parce que c'est la manifestation du souvenir,
39:22 mais c'est aussi l'occasion, si on pouvait relayer, y compris dans les médias,
39:25 si on pouvait relayer cet appel de la famille.
39:28 S'il y a des témoins, s'il y a des personnes qui ont vu quelqu'un,
39:31 si quelqu'un reconnaît M. Verov ou quelqu'un d'autre
39:34 qui vienne témoigner auprès du juge,
39:36 mais aussi auprès de la famille, auprès de notre cabinet.
39:40 Mais ça n'est pas trop tard pour témoigner.
39:42 - Ou auprès de RTL et de notre édition.
39:44 Et on vous relayera évidemment ces messages.
39:46 Merci infiniment, Maître Corine Herman, Nathalie et Marine,
39:49 d'avoir été les invités de L'Heure du Crime.
39:51 Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignot,
39:53 préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer, réalisation Jonathan Griveaux.
39:58 - Jean-Alphonse Richard sur RTL. - L'Heure du Crime.