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Linda Kebbab, policière et secrétaire nationale du syndicat Un1té, était l'invitée du Face à Face sur RMC et BFMTV ce vendredi 25 avril. Elle est revenue sur l'attaque au couteau meurtrière ce 24 avril à Nantes dans un lycée.

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Transcription
00:00C'est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Linda Kebab.
00:05Bonjour.
00:06Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions et pour nous éclairer.
00:09Vous êtes policière, vous êtes secrétaire nationale du syndicat Unité.
00:13On revient évidemment sur ce drame, ce drame hier.
00:15Justin, 15 ans, qui a poignardé quatre de ses camarades, une lycéenne est morte.
00:21Trois autres sont blessés, dont un, au moment où l'on se parle, dans un état très grave.
00:26La violence des jeunes, les couteaux, la sécurité dans les collèges et les lycées,
00:30les questions de psychologie, de psychiatrie, la question même d'une forme de terrorisme large
00:37qui se revendique de très nombreuses radicalités.
00:40Tout cela, il y a dans ce drame d'hier et de très nombreuses réactions politiques
00:45auxquelles je voudrais aussi vous poser de nombreuses questions.
00:49D'abord, est-ce que l'on peut empêcher ce genre de drame ?
00:54Les couteaux, les jeunes, collèges et lycées, on a terriblement l'impression
01:00que ça revient régulièrement désormais dans l'actualité.
01:04Alors, si le risque zéro, je commence par ça, n'existe pas,
01:07on peut réduire en l'état actuel des choses en France.
01:11En France, on a un millier d'homicides par an.
01:14Un tiers qui sont imputables aux couteaux.
01:16400, c'est énorme pour un pays développé comme le nôtre.
01:20Et on peut prendre exemple, et d'ailleurs, j'ai entendu hier l'appel du Premier ministre
01:24de prendre de bonnes pratiques à l'étranger dans la lutte contre le port de couteaux,
01:29mais également de son utilisation.
01:31Il y a des pays comme l'Écosse qui a, à travers notamment un programme
01:34de violence réduction unite, je crois de mémoire,
01:37mis en place des politiques coercitives,
01:40mais également de l'interaction avec les professeurs, les éducateurs sociaux,
01:43pour faire baisser justement cette appétence que peuvent avoir les jeunes.
01:47Ça a marché, oui, bien sûr, avec une réduction de près de 60%
01:49et du port et de l'utilisation du couteau, notamment entre les bandes.
01:54Donc ça peut marcher.
01:55Il y a d'autres pays, je pense notamment à l'Australie,
01:57qui, eux, ont une politique plutôt qui va impliquer les communautés et les familles.
02:02Clairement, ça, c'est un vrai sujet en France.
02:04On a un problème, notamment avec la disparité culturelle,
02:07le fait que dans certains quartiers,
02:09eh bien malheureusement, le couteau est aussi symbole d'un statut.
02:11Et le fait d'avoir un couteau, c'est aussi banalisé.
02:15Je vais vous donner un exemple tout simple.
02:16Il y avait deux couteaux, le jeune homme qui est passé à la...
02:19Absolument. Il y a une banalisation du port de couteau en France.
02:22Alors, le port d'un couteau, de manière très simple,
02:24c'est un an d'emprisonnement en France.
02:26Il y a des pays qui ont décidé d'alourdir cette sanction.
02:29Sauf que, déjà, en France, il n'y a pas d'emprisonnement pour un port de couteau.
02:32C'est-à-dire que ça, c'est théorique ?
02:33C'est très théorique.
02:34Qu'est-ce que, si vous vous promenez avec un couteau,
02:37un an d'emprisonnement ?
02:38Mais ça n'est jamais appliqué.
02:39Ça n'est jamais appliqué.
02:41Il y a des pays qui ont décidé d'en faire une politique extrêmement dure
02:44et de mettre en application les peines d'emprisonnement.
02:46Et ça participe à faire fonctionner, en tout cas,
02:48la baisse du port de couteau et de son utilisation.
02:51Et puis, il y a la deuxième chose, c'est cette banalité,
02:53cette banalisation du port du couteau.
02:54Je vous l'ai dit il y a quelques instants.
02:55C'est un statut, avoir un couteau.
02:57C'est-à-dire que, pour certaines personnes,
02:58le sentiment d'être plus fort.
03:00Et puis, disons les choses, pour certaines personnes,
03:02je pense notamment dans les rivalités entre bandes,
03:04le couteau, c'est un moyen de protection.
03:05Lorsqu'on n'a plus confiance dans les institutions
03:07et dans la capacité des institutions à protéger,
03:10certains aussi portent un couteau.
03:11Et il n'est pas rare, et un tout policier vous dira,
03:13j'ai déjà contrôlé des personnes qui, a priori,
03:15ne sont pas des personnes violentes,
03:16mais qui, dans leur voiture ou sur elle, ont un couteau.
03:18Ils me disent, c'est pour me protéger ou me défendre
03:20d'une éventuelle attaque ou agression,
03:21parce que je n'habite pas le bon quartier,
03:23parce que je rentre chez moi tard le soir,
03:25parce que certaines personnes ont, par exemple,
03:28envie de s'en prendre à moi, etc.
03:29Et donc, il y a un vrai sujet aussi social et sociétal.
03:32Donc, c'est la question de la répression,
03:33c'est la question de l'éducation,
03:34c'est la question de l'implication des familles,
03:36c'est la question de la justice.
03:37Encore une fois, là, on va faire du couteau une question,
03:41et dans ce drame, je veux dire,
03:44on est notamment pour les parents,
03:46tous à même d'imaginer ce que vit cette famille
03:49qui vient de perdre cette jeune fille.
03:51On est à même aujourd'hui de se demander
03:53si le politique ne va pas faire encore du couteau
03:54une priorité nationale,
03:56parce qu'on enchaîne les priorités nationales dans notre pays,
03:58sans jamais amener ni les moyens,
03:59ni de véritables politiques.
04:00Même si, quand on vous écoute,
04:02on se dit qu'au fond, il y a des choses possibles.
04:04On peut, effectivement, en tout cas,
04:06d'autres pays, vous nous le dites immédiatement,
04:08l'ont fait.
04:09Comme vous le dites,
04:09il y a beaucoup de choses dans ce drame,
04:11je voudrais qu'on les prenne une par une,
04:12mais d'abord, écoutez les propos immédiats
04:14du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
04:16qui s'est rendu sur place hier,
04:18et pour qui ça n'est pas juste un fait divers,
04:21mais un fait de société.
04:22Écoutez.
04:23Ces lieux d'enseignement
04:24deviennent parfois des lieux d'ensauvagement,
04:28des lieux de mort.
04:30Je pense qu'au-delà des mesures
04:31qu'on peut prendre,
04:33qu'on doit prendre,
04:34qu'on a déjà prises,
04:36il y a une question beaucoup plus profonde
04:37qui concerne toute la société.
04:40Je pense que ce n'est pas un fait divers,
04:41ce drame, cette tragédie,
04:43c'est un fait de société.
04:45Nous sommes dans une société
04:46qui a encouragé le laxisme,
04:50qui a voulu déconstruire
04:51les interdits,
04:52l'autorité,
04:55l'ordre,
04:56les hiérarchies,
04:58et qui a accouché finalement
05:00de toute cette violence.
05:02Est-ce que vous partagez,
05:03Linda Kebab,
05:04ce constat sur une société
05:06trop laxiste ?
05:08Alors, ce que je partage,
05:09en tout cas,
05:09c'est le fait que ce ne sont plus
05:10des faits divers,
05:11mais des faits de société.
05:12C'est des choses, d'ailleurs,
05:12que je répète depuis de nombreux mois,
05:14voire années,
05:15au risque d'être taxé
05:16de trop alarmistes.
05:18Il y a un véritable sujet
05:19sur la question des violences,
05:20des atteintes aux personnes,
05:21en particulier avec carme,
05:22et notamment les couteaux,
05:23comme je vous l'ai dit
05:24en début de propos.
05:25La question du laxisme,
05:26aujourd'hui,
05:27sur cette affaire,
05:27en tout cas,
05:28elle se pose assez difficilement.
05:30De manière générale,
05:31il y a une question du laxisme,
05:32en tout cas,
05:33de l'insuffisance
05:34d'un point de vue judiciaire
05:35et pénal,
05:36vis-à-vis, je pense,
05:37notamment aux violences entre bandes,
05:38mais ce qui ne concerne pas
05:39ce drame-là, aujourd'hui.
05:41Le drame d'aujourd'hui,
05:42et je laisse aux gens
05:43plus intelligents que moi
05:43de dresser le profil psychiatrique
05:45de cette personne,
05:46à quelques heures seulement
05:47de son interpellation,
05:48moi, je n'ai pas la possibilité
05:49de dire ce qui a conduit
05:51à cet acte.
05:52Alors, évidemment,
05:53on a tous eu connaissance
05:54de ce manifeste
05:54qui, pour moi,
05:56si je devais le catégoriser,
05:58puisque visiblement,
05:59on met les personnes
05:59dans des cases,
06:01je dirais surtout survivaliste.
06:02Donc, ni d'extrême-gauche,
06:03ni d'extrême-droite,
06:04ça, c'est l'enquête
06:04qui le dira,
06:05mais en tout cas, survivaliste.
06:06Une sorte de mélange,
06:06on entend le témoignage
06:07de ses camarades.
06:08Il y a évidemment
06:09cet élément qui est ce manifeste,
06:11je rappelle pour ceux
06:11qui ne l'auraient pas su,
06:13qu'il a,
06:14juste avant de passer à l'acte,
06:16envoyé un mail très confus,
06:18une sorte de grand manifeste,
06:19comme vous dites,
06:20où il est à la fois
06:21fait état
06:22de la question du capitalisme,
06:25de la question de l'écocide,
06:27de la question
06:27d'une forme de totalitarisme.
06:29C'est extrêmement confus.
06:30Il y a aussi
06:31le témoignage de ses camarades
06:32qui disent qu'il faisait référence
06:34à la fois au 11 septembre,
06:36au nazisme,
06:37au djihadisme.
06:39C'est une sorte,
06:40effectivement,
06:40de mélange de radicalité.
06:42Est-ce qu'on peut dire ça ?
06:43Oui, c'est tout à fait ça
06:44et c'est aussi très représentatif
06:45de cette nouvelle génération
06:46qui est abreuvée
06:48d'un ensemble
06:49de courants idéologiques,
06:50notamment à travers
06:50les réseaux sociaux.
06:51C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
06:52il n'y a plus
06:53cet apprentissage idéologique
06:56comme on pouvait le connaître
06:57traditionnellement
06:58du fait des lectures
06:59bien orientées.
07:00Aujourd'hui,
07:00tout arrive
07:00sans tri aux jeunes
07:02qui sont autant impactés
07:04par la question climatique
07:05que par la question nationaliste,
07:07par exemple.
07:08Et donc,
07:08tout est possible
07:09dans ce type de circonstances.
07:11Mais ce qui nous interpelle,
07:12ce sont aussi ces témoignages
07:13qui disent que c'était
07:15un jeune homme assez particulier
07:16avec un profil psy
07:17assez inquiétant.
07:18Et évidemment,
07:19l'enquête va le dire,
07:20c'est quel était
07:21le niveau de communication
07:22au sein de la famille,
07:23quel a été le niveau
07:24d'inquiétude
07:25au sein de l'établissement scolaire,
07:27quelle a été la relation
07:28avec les institutions.
07:29Et j'en reviens à ce sujet
07:30qui, vous le savez,
07:31me touche particulièrement
07:33puisque je pense que c'est
07:34un des leviers
07:35de notre société française,
07:36c'est la question psychiatrique
07:37en France.
07:38C'est la question
07:38de cet enfant pauvre
07:40de la médecine en France
07:42qui souffre d'un manque
07:43de suivi
07:43de tous les profils psy.
07:45Et on sait
07:45que chez les jeunes,
07:47c'est un véritable sujet
07:47post-confinement.
07:49Mais de manière générale,
07:50à chaque fois qu'il y a un drame,
07:51Madame de Malherbe,
07:52vous le savez,
07:53que ce soit un acte terroriste
07:54ou un fait divers dramatique,
07:56eh bien,
07:56on découvre qu'il y a
07:57une forme de déséquilibre
07:58psychiatrique,
07:59de troubles psychiatriques
08:00au minimum,
08:01parfois d'irresponsabilité pénale,
08:03ce qui n'est pas encore
08:03le cas de cette affaire.
08:04Et on apprend
08:06dans le même temps
08:06que la psychiatrie
08:07reste le parent pauvre
08:08de notre pays.
08:09Donc, moi,
08:09je m'attache quand même
08:11à toutes ces figures politiques
08:12qui s'émeuvent
08:13à chaque drame,
08:15mais qui ne disent pas
08:15qu'on va rouvrir
08:16des liens en psychiatrie,
08:17qu'on va en même temps
08:18amener de l'éducation
08:18et de la sanction.
08:20Je pense qu'il ne suffit plus
08:21seulement de deux jambes
08:22dans notre pays.
08:23Il faut vraiment
08:23qu'on avance à quatre jambes
08:24parce qu'on a accumulé
08:25énormément d'autres.
08:26C'est la question
08:27de l'éducation
08:27et de la prévention,
08:28de l'implication des familles
08:29de manière coercitive
08:31s'il le faut.
08:31C'est la question
08:32de la psychiatrie,
08:33c'est la question
08:33de la sanction,
08:34c'est la question
08:35de la répression,
08:35c'est la question
08:36de la coercition.
08:37C'est un ensemble.
08:38C'est un ensemble.
08:39Et je pense très sincèrement
08:39aujourd'hui qu'on est défaillant
08:40sur l'ensemble des spectres
08:42qui vont amener
08:43un individu de sa naissance
08:44à sa mort
08:44à devenir quelqu'un
08:45d'à peu près normal.
08:46Effectivement,
08:47la question de l'implication
08:48des familles,
08:48j'y reviendrai aussi
08:49dans un instant
08:49parce que je voudrais
08:50vous interroger
08:50sur cette proposition
08:52de Robert Ménard
08:53qui décide désormais
08:54de sanctionner,
09:01l'implication
09:01de leurs enfants.
09:03Mais si l'on en reste
09:04effectivement aux réactions
09:05les plus politiques,
09:05elles ont été immédiatement
09:06tournées aussi
09:07sur la question
09:07de la sécurité.
09:08On le comprend bien,
09:09c'est sécurité et santé,
09:10mais si on s'arrête
09:10un instant sur sécurité.
09:12François Bayrou demande
09:14à ce qu'il y ait
09:15un sursaut collectif,
09:16je cite,
09:16face à cette violence
09:17endémique
09:18d'une partie
09:19de notre jeunesse.
09:21Il parle d'une explosion
09:22de violence
09:22qui ne peut pas être
09:23acceptée durablement.
09:25Il faut travailler
09:25dans les établissements
09:26pour que ce type
09:27d'armes blanches
09:28ne puissent pas rentrer.
09:30Certains parlent aussi
09:31de portiques de sécurité,
09:33de fouilles systématiques
09:34des sacs.
09:35Quelles sont les mesures
09:37à prendre
09:37de manière immédiate ?
09:39De manière immédiate,
09:40j'ai envie de vous dire,
09:42encore une fois,
09:43il y a des pays
09:44qui ont mis en place
09:44des politiques
09:45extrêmement fortes,
09:46c'est-à-dire une sorte
09:47de concorde nationale,
09:48notamment vis-à-vis
09:49des bandes,
09:50notamment des groupes
09:51de jeunes
09:52qui ont le port du couteau
09:53comme étant une banalité
09:55presque identitaire.
09:56Et ça a fonctionné.
09:57Là, dans l'immédiat,
09:58je vais vous dire,
09:59on n'a pas de solution
10:00parce qu'on part
10:00de tellement loin.
10:01Vous voulez des portiques ?
10:02Mettons des portiques,
10:03certes,
10:03mais les couteaux céramiques
10:04passeront le portique.
10:06Et puis, de toute façon,
10:07les clôtures d'établissements
10:07sont telles que,
10:08dans notre pays,
10:09on n'arrive pas à empêcher
10:10que des produits stupéfiants
10:11ou des armes
10:12atteignent les détenus
10:13dans les prisons.
10:13Vous pensez vraiment
10:14qu'on a une capacité
10:15d'éviter que des couteaux
10:16soient transmis
10:17à travers les clôtures
10:17des établissements ?
10:18Quand François Bayrou dit
10:19« Je demande à ce que
10:20sous quatre semaines
10:21des propositions
10:21me soient faites
10:22pour endiguer
10:23les violences des mineurs
10:25avec arme blanche.
10:26Vous proposeriez quoi ? »
10:27Exactement ce que je vous dis
10:28depuis le début du propos,
10:29c'est-à-dire d'aller prendre
10:30de bonnes pratiques,
10:31que ce soit en Écosse,
10:31au Japon,
10:32en Australie
10:33et même en Inde,
10:34même si évidemment,
10:35à la bas,
10:35la question de la corruption
10:35peut falsifier un petit peu
10:37les chiffres,
10:37qui ont amené
10:38des politiques générales
10:39qui vont de l'éducation
10:40à la répression
10:41en passant par,
10:42je vous ai dit encore une fois,
10:43la coopération des familles,
10:45des communautés,
10:46du quartier,
10:47des établissements psychiatriques,
10:49des éducateurs sociaux,
10:51c'est inévitable.
10:51Et puis aussi,
10:52la réponse pénale.
10:53On en parle tellement peu.
10:54Il y a une banalisation
10:55du port du couteau aujourd'hui,
10:56même chez des jeunes
10:57qui, visiblement,
10:58comme ce type de profil,
10:59ne posent pas problème,
11:01ne sont pas connus
11:02des services de police
11:02et de gendarmerie,
11:03mais parce qu'il y a
11:04une banalisation du port du couteau.
11:05Je vous ai dit,
11:05on est à un an de peine
11:06d'emprisonnement
11:07normalement en France
11:07et jamais la peine de prison
11:09n'est prononcée
11:10pour ce type de fait.
11:11J'ai, il y a quelques semaines,
11:13publié avec notamment
11:13Jean-Michel Fauvergue
11:14et Bruno Pommard,
11:16puisque nous avons confondé
11:17un cercle de réflexion,
11:18une tribune sur les très courtes peines.
11:19Nous avons fait une étude
11:20en prenant notamment exemple
11:21sur des pays à l'étranger
11:22comme les Pays-Bas,
11:23sur des très très courtes peines
11:24non désociabilisantes,
11:26c'est-à-dire une semaine,
11:26deux semaines,
11:27en particulier pour les plus jeunes.
11:28Vous ne privez pas effectivement
11:30de votre, en général,
11:31votre vie de famille
11:32n'explose pas en vol
11:33parce que vous ne partez
11:34qu'une semaine ou deux,
11:35vous ne perdez pas votre job.
11:37Exactement.
11:37Donc quand vous sortez de prison,
11:38vous retrouvez votre travail.
11:39Pas dans les établissements.
11:40C'est ça ce que vous voulez dire
11:40quand vous dites,
11:41la question de la désociabilité.
11:43Exactement.
11:44Et avec évidemment
11:45des conditions sine qua non
11:46qu'on n'est pas en capacité
11:46aujourd'hui de mettre en oeuvre
11:47mais qu'il faut mettre en oeuvre,
11:48c'est-à-dire des établissements
11:49spécialisés qui ne sont pas
11:50les établissements
11:51qu'on connaît aujourd'hui
11:52au risque de contamination criminelle.
11:53Mais également,
11:54et c'est là où le Babelès
11:55a porté des moyens,
11:56on le fait notamment
11:57pour les détenus en fin de peine.
11:58Vous savez,
11:59de longues périodes.
11:59Ce sont des SASS,
12:00ce sont des structures
12:00d'accompagnement à la sortie
12:02pendant lesquelles on met en oeuvre
12:03des éducateurs,
12:04des formateurs,
12:05des psys.
12:06C'est-à-dire qu'on va apprendre
12:08les individus détenus
12:09à se réintégrer dans la société.
12:12Eh bien, vous pouvez,
12:12pour des très jeunes,
12:13dès les très courtes peines,
12:14les accompagner au sein de SASS
12:16dès le début,
12:16dès le premier jour
12:17et les réintégrer
12:18et faire le job
12:19que les parents n'ont pas pu
12:20ou n'ont pas su faire.
12:21Mais qu'ils aient l'expérience
12:21de la prison.
12:22Et qu'ils aient l'expérience.
12:23Parce que parfois et souvent,
12:24je veux vous dire,
12:25Madame de Malherbe,
12:25ce n'est pas être fasciste
12:27que de dire qu'il y a
12:28des environnements toxiques
12:29dans des familles,
12:31dans le quartier,
12:32dans parfois
12:32les établissements scolaires,
12:33parfois dans le groupe d'amis.
12:35Eh bien, parfois,
12:35il faut faire sortir
12:36notamment des ados,
12:37des jeunes adultes
12:38de ces environnements toxiques
12:39et les apprendre
12:39à devenir des adultes meilleurs
12:41ou en tout cas
12:41de futurs adultes meilleurs.
12:42Je pense très sincèrement
12:43que ces très courtes peines
12:44exclusivement sous le format
12:45que je vous décris
12:46peuvent être une solution, oui.
12:48Est-ce que là-dessus,
12:49j'ai quand même l'impression
12:50que vous êtes nombreux
12:50désormais à poser ce diagnostic.
12:52Je me souviens
12:53que la première,
12:53c'était Béatrice Brugière
12:54qui m'avait dit
12:54il y a déjà au moins
12:56deux ou trois ans
12:56qu'il fallait s'inspirer
12:58du modèle de la Hollande
12:59et des très courtes peines.
13:01Désormais,
13:01les politiques commencent
13:02également à s'en emparer.
13:03Est-ce que pour vous,
13:04c'est quelque chose
13:05qui serait possible
13:05de manière très rapide,
13:07là, vite ?
13:08Oui, vous savez,
13:09il y a les anciennes
13:09maisons d'arrêt départementales
13:10par exemple
13:11qu'on peut très bien convertir.
13:13Il y a la possibilité,
13:15aujourd'hui,
13:15il faut recruter évidemment
13:16des éducateurs sociaux,
13:17plus de psys,
13:18plus de formateurs,
13:19se mettre en relation
13:19avec les écoles.
13:20Sauf qu'aujourd'hui,
13:21nos écoles elles-mêmes
13:21sont en difficulté.
13:22Je vous rappelle
13:23que dans certains départements,
13:24notamment les plus pauvres,
13:25il y a encore des élèves
13:26qui n'ont pas de professeurs
13:27de français ou de mathématiques
13:27toute l'année.
13:28Donc, il y a un véritable sujet
13:29du côté éducation nationale
13:30qu'on oublie.
13:31Il y a la relation
13:32entre l'éducation nationale
13:32et la police.
13:34Moi, j'ai connu,
13:34vous avez certainement
13:35connu cela,
13:36des policiers,
13:36des formateurs antidrogues
13:38qui venaient dans les écoles
13:39très tôt dans le cheminement
13:40cognitif de l'enfant
13:42pour parler des méfaits
13:43de la consommation
13:46des produits stupéfiants.
13:47Eh bien, on peut faire
13:48la même chose
13:48sur la question de la violence,
13:50sur le fait de porter
13:51un couteau,
13:51sur en gros
13:53toutes les interactions sociales
13:54que l'enfant
13:54et l'adolescent va venir.
13:55Dès la fin
13:56peut-être de l'école élémentaire,
13:58le tout début du collège,
13:59ça peut être vous,
14:00ça peut être des policiers
14:01qui vont dans les écoles ?
14:01Bien sûr,
14:02et je pense qu'il faut
14:03remettre des moyens
14:03à la différence
14:05de ce que je vous dis,
14:06c'est-à-dire que les révisions
14:07générales de politique publique
14:09puis la modernisation
14:10de l'action publique,
14:11c'est-à-dire les politiques
14:12qui ont été menées
14:13de 2007 à 2019
14:15jusqu'à la loi de transformation
14:16de la fonction publique,
14:16je suis désolée,
14:17je suis un peu technique,
14:18ont eu tendance,
14:19un, à ne pas remplacer
14:20les fonctionnaires,
14:21notamment d'États,
14:21les plus importants,
14:23mais également à déconstruire
14:25le statut de ces agents
14:26qui doivent être ancrés
14:27dans la vie des individus
14:28et dans le service public
14:29sur du long terme.
14:30Donc oui,
14:31je pense que remettre en place
14:32un système à l'image
14:33des policiers formateurs
14:34anti-drogue,
14:35c'est-à-dire des policiers
14:36formateurs auprès des plus jeunes
14:37avant la construction cognitive
14:39de l'adolescent,
14:40dans la lutte contre la violence
14:41et les couteaux,
14:42et donc avec aussi,
14:43et c'est peut-être là
14:43où il y a un pendant idéologique,
14:45la coopération des professeurs
14:46et de l'éducation nationale,
14:47c'est aussi une solution,
14:48Madame.
14:49Linda Kebab,
14:50deux réactions en particulier,
14:51celle de Christian Estrosi
14:52et celle d'Éric Ciotti.
14:53Christian Estrosi,
14:54il dit cette violence intolérable
14:55nous rappelle l'urgence absolue
14:56que nos établissements
14:57redeviennent des sanctuaires
14:58inviolables de la République
15:00et il dit avec la région
15:01nous avions proposé
15:02des expérimentations
15:03portiques de sécurité,
15:05reconnaissance faciale
15:06dans l'Elysée,
15:07dans les lycées,
15:07elles nous ont été refusées.
15:10Il est temps de revoir
15:10ces décisions
15:11et c'est aussi ce que propose
15:12Éric Ciotti
15:12qui dit qu'il ne faut
15:13rien s'interdire,
15:15je cite,
15:15portiques de sécurité,
15:16vidéo protection
15:17avec reconnaissance faciale.
15:19Est-ce que ces solutions-là,
15:21portiques de sécurité,
15:22voire même reconnaissance faciale,
15:24vous paraissent
15:24acceptables, souhaitables ?
15:26Eh bien,
15:27si on les accepte,
15:28c'est qu'on accepte
15:29un diagnostic
15:30et on doit être d'accord
15:31avec ça,
15:32c'est qu'on a une américanisation
15:33de notre société,
15:34vous savez,
15:34l'introduction de ces armes
15:36pour commettre des tueries
15:37dans des établissements scolaires
15:38et on doit encore
15:39se satisfaire
15:40que les armes
15:41de catégorie A et B
15:42ne soient pas accessibles
15:43aux quidames,
15:45des armes à feu
15:45en l'occurrence.
15:46Sinon,
15:47on peut imaginer
15:47qu'un drame comme hier
15:49aurait été beaucoup plus lourd.
15:51Donc oui,
15:52évidemment,
15:53malheureusement,
15:53là,
15:53dans l'immédiateté,
15:54on a envie de dire
15:55que le portique
15:55peut apporter une forme
15:56d'assurance aux familles
15:57notamment.
15:58Mais encore une fois,
15:59le portique ne va pas
16:00pouvoir tout détecter.
16:01Enfin,
16:01je veux dire,
16:02il ne faut pas non plus
16:02que les écoles deviennent
16:03des salles d'embarquement.
16:04On ne peut pas faire retirer
16:05les boucles de ceinture
16:07à tous les élèves
16:07qui entrent
16:08dans un établissement scolaire.
16:09C'est un tout.
16:10C'est un tout.
16:11Et le problème aujourd'hui,
16:12et je me permets de pousser
16:13mon petit coup de gueule syndicaliste,
16:14c'est que là,
16:15il y a la lutte
16:16contre les violences
16:17et notamment les violences
16:18à travers les armes blanches.
16:19Je vous ai dit
16:19400 homicides par an.
16:21Mais il y a également
16:21les violences intrafamiliales,
16:22le harcèlement scolaire,
16:23les agressions sexuelles,
16:24la sécurité routière,
16:25les servitudes,
16:26notamment les gardes
16:27d'établissements cultes.
16:28C'est-à-dire qu'en chaque fois,
16:29pour la police
16:30et la gendarmerie,
16:31c'est une mission prioritaire
16:32tous les jours
16:33avec zéro effectif supplémentaire.
16:35Je vous ai parlé
16:35il y a deux secondes
16:36de la RGPP et de la MAP.
16:37Depuis plus de dix ans,
16:39depuis plus de dix ans,
16:41dix écoles de police sont fermées.
16:42Elles n'ont jamais été rouvertes.
16:43C'est-à-dire aujourd'hui,
16:44les écoles de police
16:45qui tournent à l'heure actuelle
16:47sont au maximum
16:48de leur plan de charge.
16:49Néanmoins,
16:50elles ne compensent pas
16:51un, les départs.
16:52Deux, n'oublions pas
16:52les démissions
16:53qui sont de plus en plus
16:54importantes,
16:55notamment dans des professions
16:56qui sont difficiles à supporter.
16:58Et donc, je pense aujourd'hui
16:59qu'on peut prioriser
17:00tout ce qu'on veut
17:01et notamment la lutte
17:02contre cette forme-là
17:03de violence
17:03et se mettre en partenariat
17:05avec les écoles.
17:06C'est indispensable,
17:07mais sans effectifs supplémentaires.
17:08Je suis désolée,
17:08ça semble redondant,
17:09on ne pourra rien faire.
17:10Linda Kebab,
17:11un point aussi
17:11sur ce que vous disiez,
17:12la responsabilisation
17:13des parents.
17:14Vous l'avez sans doute entendu,
17:16Robert Ménard,
17:16le maire de Béziers,
17:17veut désormais supprimer
17:19les allocations familiales
17:20de tous les parents
17:21qui ne feraient pas l'effort
17:23d'emmener leurs enfants
17:24à l'école,
17:25de s'assurer qu'ils sont réveillés,
17:27de même parfois
17:28les inscrire tout simplement
17:29à l'école
17:29puisqu'un certain nombre
17:30ne sont même pas inscrits
17:31ou de ne pas les garder
17:33chez eux le soir
17:34et de les laisser sortir.
17:35Est-ce qu'il faut responsabiliser,
17:37sanctionner à ce point
17:39les parents aussi ?
17:41Alors moi,
17:41je suis pour la responsabilisation
17:43des parents.
17:44J'entends que des parents
17:44soient dépassés,
17:45sauf que des parents dépassés
17:47mais qui font de leur mieux
17:48malgré tout
17:49pour s'impliquer
17:50dans la vie de leurs enfants,
17:51ça existe aussi.
17:52Oui,
17:52inévitablement,
17:53et nous on le retrouve,
17:54et moi j'ai une vision empirique
17:56du terrain,
17:57mais j'ai aussi,
17:58enfin,
17:58les statistiques aussi
17:59mauvaises soient-ils
18:01du service statistique
18:02du ministère à l'intérieur,
18:03nous permettent en tout cas
18:04de faire coïncider deux choses,
18:05c'est que l'implication des familles
18:06est inévitable
18:07dans l'amélioration
18:08en tout cas des relations
18:09entre notamment
18:10les adolescents
18:10en matière de violence.
18:11Donc oui,
18:12évidemment,
18:12il y a des parents
18:12qui sont démissionnaires,
18:13oui,
18:13évidemment,
18:14il y a des parents
18:14qui sont,
18:15je m'en foutisse
18:15par donner l'expression triviale,
18:17et oui,
18:18il faut des mesures coercitives,
18:19mais Madame de Malherbe,
18:20à chaque fois qu'on parle
18:21de responsabiliser les parents
18:22et notamment d'un point de vue pénal,
18:23je ne parle pas seulement
18:24d'un point de vue pécuniaire,
18:24je laisse cette question
18:25aux sociologues
18:26et aux économistes
18:26de regarder les conséquences
18:28de cette suspension,
18:30comme on dit,
18:31des allocations familiales
18:32aux familles,
18:33mais je pense,
18:33en revanche,
18:34qu'on peut mettre en place,
18:35vous savez,
18:35le code pénal
18:36a un panel tellement large
18:37qu'en matière
18:38de responsabilisation
18:39des parents,
18:39on peut piocher
18:40et faire en sorte
18:41que ces parents
18:41soient présents
18:42un petit peu plus souvent
18:43et faire en sorte
18:43que quand un adolescent
18:44est convoqué
18:45devant le délégué
18:46du procureur
18:46pour autrefois
18:47un rappel à la loi,
18:48aujourd'hui,
18:49une composition pénale
18:50par exemple,
18:51et bien que ce soit
18:51un parent
18:52et non pas un parent vivant
18:53parce que parfois
18:54certains enfants
18:55ont deux parents vivants
18:55en bonne santé
18:56et c'est pourtant
18:57un éducateur social
18:58qui est présent
18:58aux côtés de l'enfant
18:59pour cette convocation.
19:00Donc, allez chercher les parents.
19:01Oui, allez chercher les parents,
19:02bien sûr,
19:02et les responsabiliser,
19:04les forcer.
19:04Et ça revient à ce que
19:05je vous ai dit tout à l'heure,
19:06vous savez,
19:06c'est l'implication communautaire.
19:08C'est-à-dire qu'il y a des pays,
19:08je pense notamment à l'Australie,
19:09qui ont mis en place
19:10une politique d'implication communautaire
19:11qui responsabilise les parents.
19:13Ce que vous appelez
19:13implication communautaire,
19:14c'est-à-dire qu'on implique
19:15les parents,
19:16les professeurs,
19:17toute la communauté.
19:18Toute la communauté,
19:19c'est-à-dire
19:19tout ce qui fait commun
19:20et de manière
19:21à faire en sorte
19:22que les parents
19:22se sentent un petit peu investis
19:24et qu'ils aient aussi parfois
19:25le sentiment
19:26que l'épée de Damoclès
19:26peut s'abattre aussi
19:27sur leur tête.
19:28Merci beaucoup Linda Kebab
19:29d'avoir répondu
19:30à toutes mes questions ce matin.

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