Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U, était l'invité du Face à Face sur RMC et BFMTV ce jeudi 24 avril. Il est revenu sur la guerre commerciale menée par Donald Trump mais aussi sur la consommation des Français lors de la semaine de Pâques.
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00:0032 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Dominique Schellcher.
00:04Bonjour Apolline de Malherbe.
00:05Merci d'être à mon micro ce matin. Vous êtes le patron des magasins U, PDG de Coopérative U.
00:10Et vous êtes d'ailleurs vous-même à la tête de votre propre magasin, le méga super U de Fessenheim.
00:15En quelques chiffres, votre Coopérative U, c'est 1726 magasins U, 73 000 collaborateurs.
00:23Et je ne compte pas les clients, qui sont évidemment extrêmement nombreux.
00:25Vous êtes donc aux avant-postes de la consommation en France.
00:29On va parler dans un instant de ces fameuses négociations commerciales, parce que ça y est, elles sont bouclées.
00:33Quelles sont les conséquences ? Les conséquences pour les prix dans nos rayons.
00:36On va parler essence, parce que les prix à la pompe n'ont quasiment jamais été aussi bas.
00:41Est-ce que ça va continuer d'ailleurs à baisser ?
00:44Et puis guerre commerciale. Guerre commerciale avec une conséquence particulièrement étrange,
00:49qui est une sorte de nouvelle guerre presque idéologique entre patrons.
00:53Et j'ai un peu envie de commencer par ça, Dominique Schellcher, ce matin avec vous.
00:58On a entendu la semaine dernière presque un bras de fer à distance entre un Bernard Arnault et un Michel-Édouard Leclerc.
01:05J'y reviendrai dans un instant.
01:07Et puis vous avez entendu certains propos de gens qui jusqu'à présent étaient plutôt pro-entreprise,
01:12comme Jacques Attali. Jacques Attali, il était l'invité de BFM TV vendredi soir.
01:17Et ça vous a fait réagir immédiatement sur les réseaux sociaux.
01:19Je voudrais qu'on puisse partager avec ceux qui nous écoutent et qui nous regardent.
01:22La moitié, sinon les trois quarts des entrepreneurs, empoisonnent le monde par leurs produits.
01:31Empoisonnent le monde par des produits qui empoisonnent le monde.
01:34Donc il ne faut pas idéaliser les entrepreneurs.
01:35Il ne faut pas oublier qu'une grande partie d'entre eux exploitent des gens en les payant mal
01:41et en accumulant des dividendes.
01:44Il ne faut pas oublier que les entrepreneurs ne sont pas un modèle de vie,
01:47et en particulier parce qu'ils décident lorsqu'ils sont les maîtres chez eux d'une façon dictatoriale.
01:52Nous avons construit depuis 2000 ans un certain nombre de valeurs en Europe et ailleurs.
01:59Des centaines de millions de gens sont morts pour ces valeurs.
02:02On ne va pas les brader simplement pour glorifier des gens qui ont conduit la planète où elle est,
02:07c'est-à-dire en train d'être détruite, ruinée, les forêts, le climat et tout ce qui va avec.
02:14Et l'obésité dont l'Amérique en est la trace.
02:17Donc je veux qu'on sorte de cette idéalisation des entrepreneurs qui doit faire leur métier,
02:22encadré par des lois, des normes, pour cesser de produire ce qui nous tue et ce qui tue les générations futures.
02:28Il faut que vous cessiez de produire ce qui nous tue, les empoisonneurs, les exploiteurs, voire même les dictateurs.
02:35C'est ça les entreprises aujourd'hui ?
02:36Mais bien sûr que non.
02:37Mais j'étais absolument stupéfait de ces propos qui sont pour moi totalement excessifs
02:42et pas représentatifs de la situation.
02:45Là, je regrette.
02:47On a quelqu'un qui nous montre comme des coupables d'une situation,
02:50alors que je pense moi profondément que les chefs d'entreprise, que les entreprises,
02:55que les entrepreneurs font partie de la solution pour contribuer à régler les immenses difficultés
03:00qu'on a en face de nous.
03:03Et donc, tout ce qui est trop excessif, comme c'est le cas-là, c'est un peu vain,
03:08mais c'est incroyable.
03:10On ne peut pas dire ça.
03:11Ça vous a sidéré.
03:12Vous dites qu'on ne peut pas dire ça.
03:13Il parle à la fois de l'alimentation, il parle du social,
03:15sur la question de l'exploitation aussi des salariés.
03:20Il parle du climat, avec la question aussi du rapport à la planète.
03:24Bien évidemment, tous les chefs d'entreprise ont conscience de leur immense responsabilité
03:29dans les temps qui courent.
03:30ont conscience de l'impact qu'ils doivent avoir, un impact positif,
03:35sur toutes les transformations auxquelles on fait face,
03:37dans notre métier, mais dans de nombreux métiers, bien sûr.
03:40Et bien sûr, avec un défi majeur qui est celui de préserver notre planète
03:44et donc de trouver des solutions pour être moins impactant.
03:46Mais ça, c'est le quotidien des chefs d'entreprise.
03:48Vous trouvez qu'on vous fait porter le chapeau ?
03:50Je pense évidemment aussi au propos du patron de l'entreprise Safran,
03:53qui, la semaine dernière, a déclaré qu'il ne mettrait plus d'usine
03:57après s'être fait mal accueillir par des élus écolos à Rennes,
04:01qu'il ne mettrait plus d'usine avec la création parfois à la clé de 500 emplois
04:05dans des endroits où on l'accueille avec des tomates.
04:08Écoutez, encore une fois, moi je pense que la situation de la France,
04:12même de l'Europe, est grave.
04:13D'un côté, on a le défi du budget de la France, de notre dette à régler,
04:18c'est extrêmement important.
04:20Au niveau européen, on doit tous se retrouver ensemble
04:22pour faire face à cette nouvelle situation internationale,
04:26ces nouveaux équilibres, la guerre commerciale.
04:28Et pour faire face à ça, il ne faut pas qu'on s'oppose,
04:31il faut qu'on se mette ensemble, qu'on se mette autour de la table
04:33et qu'on trouve des solutions ensemble.
04:35Ce n'est pas le moment de s'opposer.
04:36Je trouve trop souvent qu'en France, on cherche à s'opposer,
04:41à opposer les uns contre les autres,
04:43alors que les défis sont immenses
04:45et qu'il faut qu'on se mette ensemble pour les résoudre.
04:48Les défis sont immenses, on va y revenir,
04:49mais sur le front de l'emploi,
04:51effectivement, quand on voit, par exemple,
04:53comme ArcelorMittal qui l'a annoncé hier soir,
04:56qu'il y a probablement 600 emplois menacés,
05:00il y en a 11 000 menacés dans la sidururgie côté allemand,
05:03de l'autre côté du Rhin.
05:04Est-ce qu'aujourd'hui, les patrons ne profitent pas
05:08en quelque sorte de ce moment d'extrême tension
05:11pour, au fond, se délester
05:14et faire des coupes qui ne sont pas toujours justifiées ?
05:18Mais non, à un moment, il y a des réalités économiques.
05:21La demande mondiale est en recul.
05:23C'est ce qui explique ce que vous avez dit
05:25au départ de votre lancement, le prix du carburant.
05:28Pourquoi le prix du carburant est relativement bas ?
05:31Parce que la demande mondiale est à la baisse.
05:34S'il y a moins de besoin de transport,
05:35la demande mondiale est à la baisse.
05:37Et donc, ça veut dire que les usines tournent moins,
05:39que l'économie ralentit,
05:41et que donc, derrière ça, il y a des réalités économiques.
05:43Donc, moi, après, on ne peut que regretter, évidemment,
05:45des licenciements et des décisions difficiles.
05:48Mais là, c'est chaque chef d'entreprise,
05:51avec sa vision,
05:52c'est les réalités qu'il a,
05:53qui prend ses décisions en âme et conscience,
05:56mais toujours avec une idée d'impact,
05:59de responsabilité.
06:00Et surtout, moi, je pense à tous les petits chefs d'entreprise,
06:03les petits entrepreneurs qui se lèvent tôt tous les matins,
06:06qui entendent des propos comme ça.
06:08Mais c'est presque insupportable,
06:10c'est invivable.
06:11Ils se lèvent tôt,
06:13ils donnent beaucoup d'énergie,
06:14dans un contexte qui n'est pas facile,
06:15pas facile.
06:16Recruter, ce n'est pas simple en ce moment.
06:19Trouver les bonnes compétences, etc.
06:21Donc, plutôt que nous opposer,
06:22il faut défendre ces modèles-là,
06:24défendre le fait que les entreprises,
06:26les chefs d'entreprise ont un rôle majeur à jouer
06:29et sont une partie de la solution
06:31dans ces immenses difficultés.
06:32Immenses difficultés, vous le disiez.
06:35Vous parliez à l'instant de la baisse des transports
06:37parce qu'il y a moins de demandes.
06:39Est-ce qu'il y a aussi moins de consommation ?
06:41Alors, là, il y a une petite bonne nouvelle.
06:43Vous savez, moi, je suis à l'affût de tout ça.
06:45Comme vous dites, je suis aux avant-postes.
06:47La petite bonne nouvelle, l'année dernière,
06:48les volumes étaient négatifs.
06:49On en a parlé ici, d'ailleurs.
06:51Au premier trimestre,
06:52ils sont légèrement positifs,
06:54plus 1%, on va dire, environ.
06:55Ça veut dire que les gens, à nouveau,
06:57quand vous parlez de volume d'achat,
06:59là, on ne parle pas du prix qu'on paye à la caisse.
07:01Tout à fait.
07:01On parle du nombre de produits.
07:03On avait réduit nos achats.
07:04L'année dernière, c'était négatif.
07:06Cette année, ça tient.
07:07Ça tient.
07:08Et ça a été le cas la semaine de Pâques l'année dernière.
07:10Les clients étaient dans nos magasins,
07:12étaient au rendez-vous.
07:13Et ce sont, je dirais, même fait un peu plaisir.
07:16Tout en continuant à avoir un chapeau au-dessus de la tête,
07:19qui est celui d'un pouvoir d'achat quand même contraint
07:21pour beaucoup de Français.
07:23Et donc, ils continuent à faire des choix,
07:25des arbitrages très précis et qu'on peut expliquer.
07:27Typiquement, quand vous dites la semaine dernière,
07:29semaine de Pâques, semaine de consommation plaisir, familiale,
07:33quels sont les premiers chiffres que vous avez pu avoir ?
07:36Alors, très forte croissance des produits frais traditionnels,
07:39qui est un bon signe,
07:40parce que c'était plutôt des produits de la boucherie,
07:42les fruits et légumes qui étaient un peu en recul.
07:44C'est quoi ? C'est le gigot ?
07:45Le gigot a très bien marché.
07:46Mais certains clients ont fait aussi un Pâques au plateau.
07:50On avait dit un Noël au plateau.
07:52C'est quoi le plateau ?
07:53C'est le plateau de Pierrade.
07:53Dans le temps, Pâques, c'était 90% de gigot d'agneau.
07:57Aujourd'hui, il y a des gens qui achètent de la viande un peu moins chère,
08:01le plateau de Pierrade, facile à faire, convivial, en famille.
08:05Donc, ça continue à changer en termes de mode de consommation, d'envie, etc.
08:09Mais plaisir, pourquoi ?
08:11Derrière la contrainte, et ça, ça ressort de toutes les observations,
08:15un des premiers critères des Français, c'est quand même se faire plaisir.
08:18Et se faire plaisir, c'est quoi ?
08:19C'est le chocolat de Pâques, n'a pas été boudé.
08:21Chez U, c'est plus 1% de volume.
08:23Voilà, il n'y a pas de recul du chocolat, alors qu'il est plus cher.
08:26Il est malheureusement plus cher.
08:28Il n'a pas reculé.
08:29C'est tous les produits d'apéritifs, cacahuètes, chips, etc.
08:34On a parlé de l'explosion de la consommation de chips.
08:37Mais c'est vrai, pourquoi ?
08:38Parce que dans cette période anxiogène, difficile,
08:41où le moral n'est pas très bon,
08:42on parle parfois de guerre, par exemple,
08:45et les gens ont plaisir à se retrouver autour d'une bouteille,
08:47autour de quelques produits apéritifs.
08:49Ça, c'est des choses qui se marrant.
08:50Donc, la notion de plaisir, malgré la difficulté, elle est là.
08:54Je suis quand même frappée.
08:55Vous me parlez de viande, vous me parlez de chips,
08:57vous me parlez d'une bonne bouteille.
08:59Est-ce qu'il n'y a pas aussi une sorte de revanche ?
09:03On nous fait la leçon toute la journée
09:04sur le fait qu'il faut qu'on mange mieux,
09:07on nous parle du Nutri-Score.
09:08Et évidemment, on a fait beaucoup d'efforts
09:10sur les alertes pour la malbouffe, pour tout ça.
09:13Mais est-ce qu'il n'y a pas des moments
09:14où on a besoin de craquer ?
09:15Est-ce que c'est ça que vous voyez dans vos rayons ?
09:18La notion de plaisir, c'est exactement un peu ça.
09:20En numéro 1, derrière pouvoir d'achat.
09:22Numéro 2, derrière plaisir, c'est quoi ?
09:24C'est quand même la santé.
09:25Donc, les gens, après, le critère, c'est
09:27moi, j'achète des produits sains,
09:29des produits de qualité, des produits frais.
09:30Donc, on se permet de craquer un peu,
09:31mais par contre, la semaine d'après,
09:32on va bien manger.
09:34Exactement.
09:35Et troisième critère, la planète.
09:36Je pense quand même à ma planète.
09:39Je pense qu'en achetant ce produit,
09:41ce sera peut-être moins impactant sur les transports.
09:43Il ne vient pas de l'autre bout du monde.
09:44Donc, c'est par exemple, acheter français, local,
09:47bon pour notre souveraineté alimentaire.
09:49Ça, ça progresse aussi dans la tête des consommateurs.
09:50Ça progresse, ça veut dire que quand on a le choix,
09:54même si c'est parfois plus cher d'acheter français,
09:57est-ce que l'arbitrage des consommateurs dans vos rayons
09:59prend en compte cette question-là désormais ?
10:02Pour quelques clients, pas la majorité,
10:04parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont sous la contrainte.
10:07Je rappelle, le chiffre exact, c'est 22%.
10:09Des Français n'arrivent pas à boucler leur fin de mois.
10:11Et cette fin de mois, elle est de plus en plus tôt dans le mois.
10:13Donc, ça reste une réalité.
10:14Mais, quand on les interroge tous, pour un certain nombre,
10:18il y a cette prise de conscience planète santé
10:21qui progresse dans les études et les comportements.
10:24Lorsque l'on dit planète santé,
10:26on sait aussi qu'en ce moment, avec la guerre commerciale,
10:29certes, difficile à suivre,
10:30parce que, variable de jour en jour,
10:33entre Donald Trump et le reste du monde,
10:36est-ce que la question du rapport à l'origine du produit,
10:39est-ce que vous-même, vous allez devoir changer
10:42vos braquets, vos choix, vos produits ?
10:45Est-ce que certains de nos producteurs, ici, en Europe,
10:49vont devoir aussi tenter d'écouler davantage la marchandise chez nous ?
10:54Comment est-ce que vous voyez les conséquences concrètes ?
10:57À court terme, il n'y a pas de boycott visible chez nous,
11:00chez Cooperative U, dans nos magasins,
11:02des produits, par exemple, américains.
11:04Je vais vous dire un chiffre précis.
11:05On a, sur nos 30 000 produits, 96 produits exactement,
11:09on a fait vérifier ça de manière précise,
11:11qui sont fabriqués aux États-Unis.
11:13Fabriqués aux États-Unis d'entreprises américaines.
11:14Et ça, ce n'est pas seulement, par exemple, la marque Coca,
11:16elle n'est pas fabriquée aux États-Unis,
11:17elle est fabriquée chez les embouteilleurs en France.
11:18Exactement.
11:19Donc, les 96 produits, il n'y a aucun signe de j'en achète moins.
11:23Après, je rends attentif, tout le monde a un point important,
11:26c'est qu'il y a beaucoup de produits d'entreprises américaines
11:29qui sont fabriqués en France ou en Europe.
11:32Donc, il faut être très prudent, très vigilant par rapport à ça.
11:35Mais même sur eux, c'est-à-dire que sur les produits
11:36qui sont de marques, j'allais dire mythiques américaines,
11:40je parlais évidemment à l'instant de Coca,
11:42il n'y a pas de boycott, il n'y a pas de baisse de la consommation.
11:44Il n'y a pas de mouvement visible dans nos magasins,
11:45dans nos rayons pour l'instant.
11:46Et il n'y en a pas non plus pour ceux qui vraiment
11:48iraient chercher dans les étiquettes les quelques produits
11:51qui sont vraiment fabriqués aux États-Unis
11:53et qui donc sont les seuls qui auront un impact réel.
11:55Je pense qu'il y a quelques clients qui font attention,
11:56mais il n'y a pas de mouvement massif.
11:58Et encore une fois, il faut être très prudent par rapport à ça.
12:00Et je pense que les Français sont comme les chefs d'entreprise
12:02dans l'attentisme, dans qu'est-ce qui va se passer,
12:04que va-t-il décider au bout des 90 jours
12:07de droit seulement à 10%.
12:09Vous voyez, il y a une espèce d'attentisme, d'attente.
12:11Tout le monde observe, regarde, mais pas de mouvement massif.
12:14Et sur la question, vous le disiez à l'instant,
12:16de nos producteurs, de ce qui est produit ici,
12:19il y a à la fois la menace des États-Unis
12:22pour nombre de nos producteurs.
12:23On pense évidemment en particulier à nos viticulteurs.
12:25Et puis, il y a aussi souvent la menace
12:28de n'être que le dindon de la farce
12:30d'une négociation qui se joue entre vous,
12:32la grande distribution, et les grands industriels.
12:35Les fameuses négociations commerciales
12:36viennent de se terminer.
12:37Qu'en est-il en termes de prix ?
12:40Et qu'en est-il sur la rémunération
12:42de la matière première du producteur,
12:45notamment de l'agriculteur ?
12:47C'est très simple.
12:48C'est le médiateur des relations commerciales
12:50qui fait un rapport chaque année,
12:52qui a été publié ce lundi.
12:53Donc, on a les chiffres tout frais.
12:55C'est vraiment l'actualité.
12:57Les industriels, appelés en moyenne à une hausse,
13:00nous demandaient 5,7% de hausse.
13:02On en ressort après le travail qu'on a fait
13:04à une hausse de 1,5%.
13:071,5% de hausse cette année.
13:09Donc, qu'est-ce qu'on peut dire ?
13:10C'est un, beaucoup moins que les années précédentes.
13:12Je rappelle que sur plusieurs années,
13:13l'inflation alimentaire a été très forte,
13:15donc c'est déjà beaucoup moins.
13:17Ça veut dire que derrière 1,5% en moyenne,
13:20il y a aussi des baisses.
13:21Il y a de nombreuses baisses dans les rayons actuellement.
13:23Lesquelles ?
13:23On peut les citer.
13:24D'abord, les produits de droguerie, parfumerie hygiène.
13:26Ceux-là, ils sont à la baisse.
13:29Enfin, j'ai envie de dire.
13:29Enfin, enfin, ils sont à la baisse.
13:32Donc là, sur du papier WC, sur des produits de beauté,
13:36il y a de la baisse.
13:37Deuxième baisse, les produits à base de blé.
13:39Le blé était à la baisse ces derniers temps.
13:41Donc, certains gâteaux, il n'y a pas trop de chocolat,
13:43peuvent être à la baisse.
13:44Les pâtes, les pâtes.
13:46Certaines huiles, l'huile d'olive était montée très haut
13:48il y a quelque temps, elle rebaisse.
13:50Ça, c'est des exemples concrets de baisse.
13:52Mais il y a aussi, et vous l'avez largement dit
13:54sur vos antennes et vous l'avez commenté,
13:56un certain nombre de hausses, le cacao,
13:58le café, et pourquoi ?
14:00Et ça, c'est très intéressant.
14:02Et je pense que les Français maintenant,
14:04et les consommateurs particulièrement, le comprennent,
14:07c'est qu'il y a des dérèglements climatiques.
14:09La production en Afrique de cacao a été très mauvaise
14:12à cause d'une mauvaise météo.
14:14Or, elle fournit plus des deux tiers du besoin mondial.
14:20Et donc, il y a un impact de ces changements concrets
14:22sur la vie des gens.
14:23Et ça se traduit au bout par une tablette de chocolat qui est plus chère.
14:27Il y a donc des prix qui baissent, des prix qui montent.
14:31Il y a des pénuries.
14:31On parle d'une pénurie de pistaches.
14:33Alors ça, c'est un sujet très ponctuel autour de ce chocolat de Dubaï
14:37qui a eu un succès considérable ces derniers.
14:40C'est cette histoire de pistaches.
14:42C'est incroyable.
14:43C'est le monde d'aujourd'hui.
14:44Tout est parti d'une vidéo en 2023 d'une influenceuse
14:47qui présente un produit au chocolat à base de grandes quantités de pistaches.
14:52Depuis, ce produit est voulu par beaucoup de monde.
14:56Beaucoup de producteurs se sont mis à le faire.
14:57On a même vendu des lapins de Pâques Dubaï de chocolat là.
15:02Donc, ce qu'on appelle le Dubaï de chocolat, c'est le chocolat au pistache ?
15:05Chocolat au pistache.
15:06Et du coup, il y a pénurie de pistaches dans le monde.
15:08Mais ça, c'est un effet ponctuel, très un peu médiatique, réseaux sociaux, etc.
15:12Mais je trouve ça très intéressant quand on retrace avec vous le fil de cette...
15:16Quand on retrace, c'est incroyable.
15:16Plus grave, plus grave, encore une fois, tout ce qui est lié au dérèglement climatique.
15:20Mais y compris en France.
15:22J'étais hier avec les représentants des industriels, avec le président de la FNSEA.
15:26On a eu un échange hier.
15:27Tous ces gens nous alertent sur la disponibilité d'un certain nombre de produits,
15:32même en France, dans les temps qui viennent.
15:33Donc, soyons très prudents, continuons à acheter français et à soutenir l'achat français.
15:38Il y a effectivement les prix.
15:40Et puis, je vous repose la question, parce que je ne crois pas que vous m'ayez répondu,
15:43Dominique Schellcher, qu'en est-il de la rémunération à la fois des agriculteurs,
15:47mais aussi des petits producteurs ?
15:49C'est-à-dire, je pense, aux biscuteries familiales,
15:51je pense à nos PME de charcuterie.
15:54Dans cette fameuse négociation commerciale, est-ce qu'ils s'en sortent ?
15:57Déjà, il faut savoir que par rapport aux 5,7% moyennes demandées,
16:01les PME demandaient moins, bizarrement.
16:03Les grandes entreprises demandent toujours plus,
16:05et les PME sur les mêmes marchés demandent moins.
16:08Et voilà, elles s'en sortent...
16:10Est-ce qu'elles ont obtenu les hausses qu'elles demandaient ?
16:12Entre la demande de 5,7% et 1,5%, non, ils n'ont pas obtenu ce qu'ils voulaient.
16:18Mais c'est le résultat de la négociation libre en France.
16:21Et on a fait notre travail en prenant les indicateurs et en cherchant.
16:25Par contre, et vous m'avez posé la question, je ne vous ai pas répondu, je vous réponds,
16:29on a préservé la part de matière première agricole.
16:32La loi EGalim nous dit, messieurs les distributeurs,
16:35vous n'avez plus le droit de discuter de cette part.
16:37La part du blé, la part du lait dans le produit,
16:40on n'a pas le droit de la négocier.
16:42Elle n'a pas été négociée, et ça a profité au revenu des agriculteurs.
16:45Le prix du lait actuellement est à un des plus hauts depuis très longtemps.
16:50Et c'est donc une bonne nouvelle ?
16:51Ça, c'est des bonnes nouvelles.
16:52Tout n'est pas parfait, mais il y a des choses qui progressent grâce à cette loi.
16:56Et ce qui est important derrière ça, c'est un juste revenu.
17:00Il faut que les agriculteurs vivent de ce qu'ils produisent.
17:03Vous parliez à l'instant aussi de la question de l'essence.
17:07Vous dites que c'est parce qu'il y a moins de demandes.
17:08Est-ce que c'est aussi une des conséquences indirectes des promesses de Donald Trump de drill,
17:13c'est-à-dire de forer davantage aux Etats-Unis,
17:17ce qui fait que les pays producteurs de pétrole ont davantage ouvert le robinet ?
17:23Et est-ce que vous pouvez nous aider à nous projeter un peu ?
17:25C'est-à-dire, est-ce qu'il faut que tout le monde se rue à la pompe en se disant
17:27« le prix à la pompe est peu cher, profitons-en » ?
17:30Ou est-ce qu'on peut être serein en se disant « ça va durer » ?
17:33Moi, j'ai l'impression que ça peut durer pour deux raisons.
17:35Celle que vous venez de citer, un, cette demande en baisse.
17:37Et deux, effectivement, un certain nombre de producteurs, y compris l'OPEP,
17:41qui ont augmenté leur capacité de production.
17:43Et donc, ces deux facteurs-là sont assez durables depuis plusieurs mois,
17:47nous laissent penser que ça peut durer un certain temps.
17:49Donc ça, c'est une bonne nouvelle pour les Français.
17:51Regardez deux bonnes nouvelles ce matin.
17:53La conso en volume qui tient un peu.
17:55Soyons prudents, mais c'est un bon petit signe.
17:57Quand vous dites « conso volume », on comprend bien que c'est le volume de consommation.
18:02Je voudrais vous poser la question de manière un peu plus directe.
18:05Vous faisiez partie, vous, mais aussi le patron d'Auchan, le patron de Leclerc,
18:10de ceux qui avaient, il y a un an, alertés sur une déconsommation.
18:14Sur le fait que les Français déconsommaient, et le plus souvent, de manière subie,
18:20pas juste pour faire plaisir à la planète.
18:22Est-ce qu'aujourd'hui, vous estimez que cette déconsommation est derrière vous ?
18:26Non, c'est trop tôt pour le dire.
18:28Je viens de vous dire, c'est prudent.
18:30Je suis content de voir.
18:31Mais vous savez, quand ça descend très bas, l'année dernière, c'est quand même...
18:34Et depuis quelques temps, et sur certains créneaux, les fruits et légumes, la viande,
18:37on en vend moins depuis des années.
18:40Donc ce sont des petits signes que je lis avec prudence,
18:42et que je vois positivement dans une ambiance un peu anxiogène.
18:45C'est ça que je dis.
18:46Mais je pense que la tendance de fond n'est pas inversée aujourd'hui.
18:50La tendance de fond n'est pas inversée.
18:52Globalement, on vous sent évidemment volontairement optimiste,
18:55mais globalement sceptique.
18:58C'est ça.
18:58Je pense qu'il faut, en ce moment, face, encore une fois,
19:02à tous les défis qui sont les nôtres,
19:03il faut du volontarisme, il faut de l'optimisme,
19:05il faut de la volonté de collaboration.
19:07Il ne faut pas que les gens s'opposent.
19:09Il faut qu'on se mette autour de la table pour trouver ensemble des solutions.
19:11On ne les trouvera pas individuellement, chacun dans son coin.
19:15Les défis sont tellement importants.
19:16Et quand on observe d'autres pays, c'est ce qu'ils ont fait.
19:18Ils ont mis tout le monde autour de la table,
19:20et on a trouvé des solutions.
19:21Merci.
19:22Allons-y aussi.
19:23Merci beaucoup Dominique Schelcher d'être venue répondre à mes questions.
19:26Dominique Schelcher.