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Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était l'invitée de France Inter lundi 14 avril, pour présenter une enquête consacrée à la réforme des retraites et évoquer les économies budgétaires envisagées par le gouvernement.

Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00France Inter, le 7-10.
00:04Puisque vous recevez Sonia, la secrétaire générale de la CGT.
00:07Voilà, qui a claqué la porte du conclave des retraites il y a un mois, vous vous en souvenez,
00:12lorsque François Bayrou a balayé l'idée d'un retour du départ à l'âge à la retraite à 62 ans.
00:18Bonjour Sophie Binet.
00:19Bonjour.
00:19On va parler évidemment des retraites, d'autant que l'IFOP a réalisé à votre demande une enquête auprès de 2000 Français sur le sujet.
00:26Mais d'abord, les chiffres de la représentation syndicale sont tombés.
00:29La CGT n'est pas redevenue le premier syndicat de France, elle reste deuxième derrière la CFDT, suivie par Effo.
00:36Pas de surprise.
00:37En revanche, les Françaises et les Français qui travaillent votent et se syndiquent de moins en moins.
00:43Comment l'expliquez-vous après l'incroyable mobilisation justement sur les retraites ?
00:47C'est un défi pour tout le syndicalisme.
00:50Nous demandons à la ministre du Travail d'ouvrir des concertations sur ce point.
00:54Parce que d'abord, il y a un sujet particulier pour les entreprises de moins de 50 salariés,
00:58dans lesquelles la quasi-totalité des salariés n'a pas de représentation collective et dans lesquelles il n'y a pas de syndicat.
01:04Et puis ensuite, on souffre de discrimination syndicale.
01:07Et enfin, de l'impact très négatif des ordonnances travail, la réforme qu'a fait Emmanuel Macron en arrivant au pouvoir,
01:14qui a supprimé les CHSCT, les délégués du personnel, et qui a fait exploser les accidents au travail et les morts au travail.
01:20L'enquête que l'IFOP réalise pour vous sur le chômage présente un chiffre tout à fait spectaculaire.
01:2768% des Français se disent favorables, voire très favorables à l'organisation d'un référendum sur la réforme des retraites.
01:34C'est énorme.
01:35Mais ils ne votent pas plus pour renforcer les syndicats.
01:38C'est là peut-être le paradoxe des chiffres de ce matin qui s'entrechoquent.
01:43Les Français sont prêts à massivement s'en saisir directement de cette question des retraites ?
01:49Oui, tout à fait.
01:50Ce sondage montre que les Françaises et les Français sont au clair sur la solution.
01:54La solution en matière de retraite, c'est la démocratie.
01:57Le Parlement doit pouvoir voter, ou les Françaises et les Français doivent pouvoir voter.
02:02Et contrairement à la stratégie de la résignation diffusée par le patronat,
02:06les Françaises et les Français n'ont pas du tout tourné la page.
02:08Il y a toujours une large majorité de salariés qui sont pour l'abrogation de la réforme des retraites.
02:13Tout simplement parce que nous savons que nous ne pourrons pas tenir au travail jusqu'à 64 ans.
02:18Soit parce que notre boulot est trop pénible, soit parce qu'on sera licencié avant.
02:21Et vous comptez sur le 1er mai pour remobiliser, pour redonner chair, pour redonner corps à cet appétit-là ?
02:29Oui, le premier grand rendez-vous de mobilisation, c'est le 1er mai.
02:33C'est une journée très importante.
02:34Au cœur de nos revendications sera l'abrogation de la réforme des retraites.
02:38Et puis nous serons des millions à manifester dans le monde entier.
02:42C'est une journée internationale rapprochée par ce refus de la trumpisation du monde.
02:47Nous serons aussi mobilisés le 1er mai pour dire que nous refusons que les travailleurs et les travailleuses soient mis en opposition entre eux.
02:54Nous voulons la paix et la justice sociale, à commencer par l'abrogation de la réforme des retraites.
02:58Alors je reprends cette enquête que la CGT publie.
03:01Si référendum, il y avait 65% des Français voteraient pour abroger la réforme qui a instauré l'âge légal de la retraite, le départ à la retraite à 64 ans.
03:11Mais évidemment, si on demande aux gens de trancher, ils votent forcément pour un régime qui leur est plus favorable.
03:17Est-ce que c'est aux citoyens ? Est-ce que c'est aux citoyennes de prendre à leur compte les déficits annoncés ?
03:23On va y revenir, mais les chiffres de la Cour des comptes sont quand même eux aussi extrêmement spectaculaires.
03:30Donc le déficit de la caisse des retraites, 6,6 milliards d'euros en 2025, risque de se chiffrer à 15 milliards à l'horizon 2035, 30 milliards à l'horizon 2045.
03:41Ça, ça se vote dans la rue ? Ça, ça se vote par référendum ?
03:44Oui, bien sûr, il faut arrêter de prendre les Françaises et les Françaises pour des abrutis.
03:48Ce qui est intéressant, c'est que dans notre enquête, on a aussi interrogé les Françaises et les Françaises sur les moyens de financer notre système de retraite.
03:55Il y a une très large majorité de répondantes et de répondants qui disent qu'ils ne veulent pas que les pensions baissent ou que l'âge soit reporté.
04:01Et qui disent, par contre, qu'ils sont prêts à une augmentation des cotisations.
04:05Dans le détail, par exemple, qu'il faudrait enfin soumettre à contribution les dividendes qui explosent en France.
04:12Jamais on n'a distribué autant aux actionnaires qu'en 2024.
04:15Nous avons le record d'Europe.
04:16Les sondés sont aussi favorables au fait de réaliser l'égalité salariale entre les femmes et les hommes.
04:23Ça permettrait de résoudre la moitié du déficit.
04:26Et puis, si on élargissait l'assiette de cotisation, si on soumettait à cotisation l'intéressement, la participation, les primes,
04:34ça ferait rentrer aussi beaucoup de ressources supplémentaires.
04:36Il n'empêche que les Françaises et les Français ont néanmoins intégré, et vos chiffres le montrent, que s'en est fini l'âge du départ à la retraite à 60 ans.
04:47C'est-à-dire que, par exemple, une majorité de Français, c'est 56%, est toujours favorable à un retour de l'âge légal à 60 ans.
04:54Mais ça a énormément baissé depuis 20 ans.
04:57Oui, au vu de tous les discours qu'on entend tous les matins, moi je suis impressionnée qu'on soit toujours à 56%.
05:06Et surtout, quand on regarde, c'est chez les retraités que ça a chuté.
05:09Chez les salariés, c'est toujours 61% des salariés qui sont pour la retraite à 60 ans, un chiffre qui est assez stable,
05:14parce que nous savons que nous ne pouvons plus travailler dans beaucoup de métiers après 60 ans.
05:19Il y a quasiment 40% des métiers qui sont pénibles.
05:22Il n'y a aucune mesure de prévention, ni aucune mesure de départ anticipé en retraite.
05:26Le scandale est là.
05:27Donc le fait que ça baisse, ce regard sur le chiffre de 60 ans,
05:32ce n'est pas parce que les Français ont intégré néanmoins une forme de réalisme économique, une forme de réalisme budgétaire ?
05:38Écoutez, il y a des discours anxiogènes qui sont tenus matin, midi et soir sur toutes les antennes.
05:43Mais qui ne sont que des discours ?
05:44Oui, mais forcément ça pèse.
05:47Mais ce qui est intéressant dans notre enquête, c'est qu'on voit aussi, par exemple, que les femmes sont encore plus favorables.
05:53Ça n'est pas qu'un discours.
05:54De l'autre côté, justement, c'est pour cela que nous portons des propositions pour financer notre système de retraite.
06:00Il faudrait trouver 10 milliards.
06:0210 milliards, c'est tout à fait possible à trouver avec toutes les propositions que j'ai détaillées.
06:08Faire contribuer les dividendes, faire l'égalité salariale, augmenter l'assiette de cotisation,
06:14augmenter le taux de cotisation de façon très progressive et dans le temps.
06:17Tout ça, c'est possible et il y a une majorité des Françaises et des Français qui sont favorables.
06:21Alors, justement, il y a un contexte budgétaire.
06:25On vient de le dire dans l'édito économique.
06:27Le gouvernement baisse ses prévisions de croissance à 0,7 au lieu de 0,9.
06:31D'autres organismes, comme l'OFCE ou l'INSEE, tablent sur 0,5.
06:36Plusieurs voix du gouvernement ont commencé à annoncer 40 milliards d'économies
06:40pour boucler le budget l'année prochaine et maintenir notre difficile.
06:43Ça signifie donc des sacrifices, les sacrifices dans les dépenses sociales.
06:49Comment vous les voyez venir, Sophie Binet ?
06:51Le problème, c'est que le gouvernement a une pathologie.
06:55Sa pathologie, c'est qu'il ne s'intéresse jamais aux riches et que c'est toujours au même de faire des efforts.
07:01La France est maintenant...
07:02Ce n'est pas tout à fait vrai puisque les voix qui ont commencé à s'exprimer hier
07:06ont exclu totalement les hausses d'impôts pour les classes moyennes
07:09et en revanche veulent maintenir l'effort sur les très hauts revenus
07:13et sur les processus d'optimisation fiscale.
07:16J'attends de voir ce qui sera annoncé demain.
07:19La France est maintenant un pays de rentier dans lequel on taxe toujours moins le patrimoine,
07:23dans lequel les dividendes explosent.
07:25C'est là-dessus qu'il faut travailler.
07:26Il y a 200 milliards d'aides aux entreprises qui sont consenties chaque année sans condition ni contrepartie.
07:32Quand est-ce qu'on en parle de ces 200 milliards ?
07:34Et quand Catherine Vautrin laisse entendre que les rentiers ce sont plutôt les retraités,
07:37que les retraités sont les privilégiés en France ?
07:40Sauf que la solution soi-disant du gouvernement,
07:43c'est de taper sur les revenus des retraités au lieu de taxer le patrimoine.
07:47Il n'y a rien de plus inégalitaire que le patrimoine
07:49et c'est là-dessus que le gouvernement refuse de travailler.
07:52Nous avons porté avec plusieurs députés une proposition de loi
07:55qui a été votée à l'Assemblée nationale
07:57qui permettrait de faire entrer 20 milliards d'euros dans les caisses
07:59en taxant les plus hauts revenus.
08:01Bizarrement, le gouvernement n'en veut pas.
08:03La pathologie, c'est exactement le terme que François Bayrou utilise
08:07pour annoncer la réunion qu'il souhaite demain à Matignon
08:12et la conférence de presse qui va suivre.
08:14La pathologie, c'est la dépense, selon François Bayrou.
08:19La rumeur court, et déjà des voix se sont exprimées,
08:22que le gouvernement irait réformer l'assurance chômage
08:25dans un contexte où le chômage est en hausse,
08:28où les licenciements se multiplient.
08:31Vous, vous demandez un moratoire sur les licenciements.
08:34Vous, la CGT ?
08:35Oui, tout à fait.
08:35Rien que d'évoquer la piste d'une réforme de l'assurance chômage,
08:38c'est une honte au vu du contexte
08:40et au vu des quatre réformes précédentes de l'assurance chômage
08:44qui ont dégradé les droits des privés d'emploi.
08:46Dans le contexte de guerre commerciale que nous vivons,
08:48il faut de toute urgence mettre en place un moratoire sur les licenciements.
08:52Ça fait un an que la CGT alerte
08:54et que la situation ne cesse de se dégrader.
08:56Il y a un an, on était à 130 plans de licenciements.
08:58Aujourd'hui, on est quasiment à 360.
09:01C'est notre industrie qui est en train de plier bagages.
09:03Il faut que le gouvernement prenne des mesures d'urgence.
09:06Si le gouvernement est confronté à la censure,
09:09vous en diriez quoi ?
09:10Parce que le RN gronde, le PS gronde, la LFI gronde.
09:14Qu'est-ce que vous en diriez, vous, la CGT ?
09:16Nous, notre sujet, c'est toujours le même.
09:17Ça n'est pas le casting, c'est le contenu des politiques économiques et sociales
09:20menées en direction des salariés.
09:22Le problème, c'est qu'on a un gouvernement qui refuse d'agir sur l'économie,
09:25qui refuse de protéger notre industrie,
09:27à l'image de ce qui s'est passé sur Vancorex,
09:29un scandale d'État où on laisse fermer une entreprise,
09:34ce qui risque d'entraîner 5000 suppressions de postes,
09:37un désastre environnemental,
09:38alors que les salariés ont construit une alternative.
09:41Nous appelons le Premier ministre à mettre en place une nationalisation temporaire.
09:45C'est encore possible.
09:46Sophie Binet, merci.
09:47Et merci à vous, Sonia De Villers.

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