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La porte-parole du gouvernement était l'invitée de "franceinfo soir", lundi 6 janvier 2024. Elle répondait aux questions d'Aurélie Herbemont.

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00:00Bonsoir Sophie Prima. Bonsoir Aurélie Erpema. Vous êtes la porte-parole du gouvernement de François Bayrou.
00:05Votre collègue ministre de l'économie Éric Lombard a reçu aujourd'hui les dirigeants socialistes pour parler budget.
00:11Patrick Cannaire, le patron des sénateurs PS, dit qu'il y a une proposition de modification, d'évolution de la réforme des retraites.
00:19En quoi pourrait consister cette évolution sur les retraites ?
00:22Je peux vous dire en quoi elle va consister puisque surtout en quoi consistent les propos d'Éric Lombard
00:27et ce qu'avait annoncé aussi le Premier ministre, c'est qu'on est tout à fait favorable à réouvrir un dialogue avec les forces politiques
00:37sur le domaine des retraites comme sur d'ailleurs la constitution du budget.
00:41Il y a une obligation, c'est de ne pas dégrader les finances publiques.
00:45Et ensuite, si le dialogue doit être ouvert, si les partenaires sociaux, si les partenaires politiques ont des propositions à faire,
00:52eh bien le gouvernement sera à leur écoute, la ministre Catherine Vautrin l'a aussi indiqué dans ce sens.
00:58J'entends beaucoup de « si » dans vos propos Sophie Primat.
01:02Effectivement, Éric Lombard dit qu'il est ouvert au dialogue, y compris pourquoi pas sur la question des 64 ans.
01:08Mais il y a cette ligne rouge quasiment qui est de ne pas dégrader davantage la situation financière.
01:14Où est la voie de passage pour satisfaire la gauche qui elle réclame à minimum une suspension de la réforme des retraites ?
01:20Non mais la gauche sait qu'elle ne peut pas avoir une suspension tout de suite de la réforme des retraites
01:24pour des questions qu'elle connaît très très bien, qui sont des questions budgétaires.
01:28Le président de la commission des finances du Sénat qui est socialiste connaît ça par cœur.
01:34On a aujourd'hui un déficit de la sécurité sociale et des comptes sociaux qui est abyssal,
01:38qui est le premier en réalité très au-delà du budget de la France.
01:42Et donc, il serait irresponsable de suspendre une réforme qui, à minima,
01:48fait des économies et permet non pas un équilibre, mais permet de réduire le déficit.
01:54Donc la suspension, ce n'est pas possible.
01:56L'ouverture pour répondre à des préoccupations qui s'étaient faits jour, d'ailleurs, dans les discussions.
02:00Dans les carrières longues, par exemple, la pénibilité ?
02:01Les carrières longues, les carrières pénibles, les carrières hachées des femmes.
02:05On avait eu beaucoup de critiques à cette époque-là.
02:08Eh bien, si nous arrivons à à la fois répondre aux objections qui avaient été portées à cette époque-là,
02:14sans dégrader les finances publiques, eh bien, écoutez, voilà une voie qui semble intéressante.
02:19Sans dégrader les finances publiques, quand même, la marche est très haute.
02:22Patrick Cannaire, en sortant du rendez-vous, était assez satisfait qu'il y ait eu cette petite ouverture
02:26dont on ne connaît pas vraiment les détails.
02:27Ça paraît quand même compliqué.
02:28Jusqu'où est-ce que le gouvernement est prêt à aller pour éviter une censure par la gauche ?
02:34Après, soit le discours de politique générale du Premier ministre, soit au moment du budget.
02:38Eh bien, écoutez, justement, on attendra le discours de politique générale du Premier ministre.
02:42Moi, je ne peux pas préempter sur son discours, vous le comprendrez bien.
02:45Ce qui est certain, c'est que nous devons trouver les voies de la Concorde.
02:50Que ces voies de la Concorde, elles ne peuvent pas se faire au dépens du déficit de la France
02:55et de la réduction de la dette de la France.
02:57Ça serait vraiment suicidaire pour notre pays.
03:00Vraiment suicidaire pour notre pays, c'est ce que vous dites.
03:03Dans le futur budget que doit concocter le gouvernement,
03:06est-ce qu'il faut remettre, par exemple, des taxations, des très hauts revenus,
03:10comme il était prévu par le budget du gouvernement Barnier auquel vous apparteniez, qui a été renversé ?
03:16Oui, alors ça, c'est loupé parce qu'il y a un principe de non-rétroactivité de la fiscalité en France.
03:22Et donc, à la fois la taxation des hauts revenus sur 2024
03:27et la taxation des profits exceptionnels sur les entreprises ne peut pas être réalisée.
03:32Ça, on ne pourra pas du tout récupérer d'argent de ce côté-là sur l'année 2025 ?
03:36Aujourd'hui, Amélie de Montchalin, dans d'autres médias, a dit ce matin,
03:40la ministre du budget a dit ce matin qu'effectivement, on était en train de rechercher des mécanismes nouveaux
03:46qui permettraient effectivement à ces contribuables-là de contribuer justement un peu plus en 2025.
03:53Mais il va falloir faire preuve d'imagination parce que le budget ayant été censuré
03:58et n'ayant pas de rétroactivité de la fiscalité, il faut que nous trouvions d'autres voies et moyens.
04:04Vous avez une idée déjà pour ces autres voies et moyens ?
04:06Parce que le ministre de l'économie dit lui-même qu'il est attaché à la justice fiscale,
04:11ce qui peut aussi parler à la gauche.
04:13Bien sûr, évidemment, et on est tous attachés à la justice fiscale.
04:17On est aussi attachés à la compétitivité, à l'attractivité de notre pays.
04:22Il faut trouver les voies et moyens.
04:24Ce matin, Amélie de Montchalin a parlé d'optimisation,
04:30de travailler sur l'optimisation fiscale qui est aujourd'hui possible et qui est légale.
04:35Et donc de regarder en ce sens quels sont les mécanismes que nous pourrions activer.
04:41Le parti socialiste, à la sortie de son rendez-vous, disait toujours qu'il serait capable de prendre ses responsabilités,
04:46à savoir de voter une motion de censure.
04:47Ce soir, il y a une autre menace de censure qui arrive de l'océan Indien.
04:51Marine Le Pen est à Mayotte, trois semaines après le passage du cyclone Shido.
04:55Elle menace de censurer le gouvernement s'il ne respecte pas ses engagements en faveur de Mayotte.
05:00Est-ce que c'est une menace que vous prenez au sérieux ?
05:03Écoutez, Marine Le Pen a parfaitement la légitimité pour aller à Mayotte et estimer la situation et travailler sur le département de Mayotte.
05:13Nous avons une loi d'urgence qui va être présentée cette semaine au Conseil des ministres.
05:18Ensuite, il y aura une loi sur la reconstruction de Mayotte qui va être travaillée avec les élus de Mayotte.
05:25Ces deux lois vont passer au Parlement.
05:27Marine Le Pen aura tout loisir de faire des propositions pour amender, améliorer et essayer de répondre à ce qu'elle a vu
05:39et qui ne serait pas couvert par les efforts énormes que la nation va faire de façon tout à fait légitime pour la reconstruction de Mayotte.
05:45C'est le travail parlementaire.
05:47Je ne vois pas bien où la censure peut se loger là-dedans.
05:50C'est de la menace politique ?
05:52C'est de la menace politique qui n'est pas très habile en réalité parce que Mayotte a besoin qu'on légifère très très vite.
05:58Et donc une censure qui nous empêcherait de légiférer serait quand même particulièrement contre-productive.
06:04Me semble-t-il, je pense que d'être dans la construction d'une loi qui va aider Mayotte est beaucoup plus productif pour les Mahorais.
06:11Vous serez prêt à entendre des propositions, à reprendre peut-être des propositions du Rassemblement national concernant la situation précise de Mayotte ?
06:19Moi, je ne suis pas très inquiète en réalité sur la concorde qu'il peut y avoir sur la reconstruction de Mayotte.
06:26Il y a des sujets qui sont sensibles et on y viendra peut-être.
06:29Il y a des sujets qui sont compliqués, mais il y a des sujets qui sont très techniques,
06:33qui sont des exceptions sur l'urbanisme, des procédures qui vont plus vite, un peu comme on a fait pour Notre-Dame.
06:39La création d'un établissement public comme on a fait pour Notre-Dame ou pour les Jeux olympiques,
06:43qui permet en fait d'aller plus vite dans la reconstruction et dans les magistrats.
06:46Vous pensez cette fois-ci de reconstruire Mayotte en deux ans et pas cinq ans comme la cathédrale ?
06:50Oui, oui, écoutez, il faut être le plus ambitieux possible pour Mayotte parce que les Mahorais vraiment en ont besoin.
06:55Alors, dans les sujets peut-être compliqués, il y a aussi la question de l'immigration.
06:59L'immigration s'est invitée très vite dans les débats juste après le cyclone.
07:03Le Premier ministre est favorable à ce qu'on supprime le droit du sol à Mayotte.
07:08Elisabeth Borne dit hier soir sur BFM que ce n'est pas la bonne voie.
07:12Quelle est la position du gouvernement, Sophie Prima, quand les numéros 1 et 2 du gouvernement ne disent déjà pas la même chose sur le droit du sol ?
07:18Le droit du sol à Mayotte, c'est évidemment un élément très sensible parce que, comme l'a dit le Premier ministre,
07:23si on ne parle pas d'immigration illégale à Mayotte, on ne règle pas un des problèmes majeurs de ce département.
07:30Donc, la question d'immigration illégale est une question importante.
07:33Vous savez, et vos auditeurs ne le savent peut-être pas, donc je me permets de le rappeler,
07:37le droit du sol est déjà différent à Mayotte, il est déjà plus resserré à Mayotte qu'il n'est en fait sur la métropole.
07:44Donc, il y a des paramètres qui règlent aujourd'hui le droit du sol.
07:47Est-ce qu'il faut travailler sur les paramètres pour resserrer davantage et empêcher l'immigration irrégulière ?
07:53Ou est-ce qu'il faut vraiment attaquer constitutionnellement le droit du sol ?
07:57C'est une question sur laquelle il faut réfléchir ensemble, il ne faut pas de dogme.
08:00Mais est-ce que ça changerait quelque chose de supprimer le droit du sol à Mayotte, Sophie Prima ?
08:04Parce qu'on sait que Mayotte est le plus pauvre des départements français.
08:08Malgré tout, pour les migrants qui viennent des Comores ou de l'Afrique de l'Est,
08:13ça reste des conditions de vie bien plus favorables que dans leur pays, en allant à Mayotte.
08:17Est-ce que supprimer le droit du sol les empêchera de se tourner vers Mayotte ?
08:22Vous avez raison, dans la description, vous faites des différences de richesses entre la métropole et Mayotte,
08:28et entre l'Afrique, la Tanzanie et tous les pays du Grand Lac et Mayotte.
08:34Effectivement, la question de la nationalité vous ouvre des droits, en particulier sociaux,
08:39vous ouvre des perspectives qui sont quand même assez différentes.
08:42C'est un facteur d'attractivité aussi.
08:44Mais sans nationalité, vous avez accès à l'hôpital quand vous arrivez à Mayotte ?
08:48Bien sûr. L'alpha et l'oméga ne sont pas dans le droit du sol,
08:50mais je pense que c'est un des facteurs d'attractivité aujourd'hui de Mayotte sur les autres pays,
08:56où il faut traiter tous les facteurs d'attractivité, y compris d'ailleurs le développement dans ces pays-là,
09:00qui est un sujet également important.
09:02Oui, il faut aussi un volet diplomatique pour travailler avec les pays de départ.
09:06Parlons un petit peu d'agriculture, Sophie Primat, puisque la Coordination rurale,
09:12deuxième syndicat agricole avant les prochaines élections qui donneront les nouveaux rapports de force à la fin du mois,
09:17la Coordination rurale a tenté de se rapprocher de Paris pour manifester en vain.
09:21Ils ont été arrêtés par les forces de l'ordre.
09:24Ce syndicat réclame un rendez-vous à François Bayrou avant la date prévue lundi prochain, le 13 janvier.
09:30Est-ce que le Premier ministre doit les recevoir plus tôt ?
09:33Je crois que le Premier ministre aujourd'hui a un agenda notamment vis-à-vis du budget,
09:38qui est un agenda assez fort, et s'il l'aura donné le 13 juillet, je pense très honnêtement que c'est...
09:42Janvier, qu'est-ce que j'ai dit ?
09:44J'ai encore fait un lapsus au mois de janvier.
09:51Je pense que c'est la date à laquelle il est en capacité de prendre le temps de recevoir l'ensemble des syndicats
09:57et d'avoir une discussion longue et profonde avec eux.
09:59Donc il faut respecter, je pense, cette date-là.
10:01Le Parlement ne sera pas encore réuni à cette période-là.
10:04On sera juste la veille de la déclaration de politique générale.
10:07Justement, c'est un peu au dernier moment.
10:09On voit que cette semaine, François Bayrou va recevoir le MEDEF, la CFDT, puis d'autres syndicats.
10:13Ce n'est pas laisser les agriculteurs au dernier moment ?
10:16Non, ce n'est pas laisser les agriculteurs au dernier moment.
10:18Parce que d'abord, Annie Gennevard fait un travail considérable avec les agriculteurs,
10:22toutes les organisations professionnelles et agricoles.
10:25Les textes de loi sont prêts.
10:29Le débat parlementaire est prêt.
10:32Donc on est prêts, en réalité, à avoir ce débat sur l'agriculture
10:35et à enfin légiférer sur ce que nous demandent les agriculteurs.
10:40Alors justement, vous dites que vous êtes prêts.
10:42Les agriculteurs, pas que la coordination rurale, tous les syndicats agricoles
10:45attendent toujours l'examen de la loi d'orientation agricole
10:49qui est encalminée au Parlement depuis la dissolution.
10:51Est-ce que vous avez un calendrier précis pour l'examen de ce texte au Sénat ?
10:55Écoutez, au Sénat, je n'ai pas la conférence des présidents se réunie, je crois, la semaine prochaine.
11:01Donc je ne vais pas appréhender sur cette conférence des présidents qui détermine l'ordre du jour.
11:05Moi, je pense qu'entre fin janvier, début février, mi-février,
11:11on devrait pouvoir être en capacité de faire les études au Parlement et singulièrement au Sénat,
11:18ensuite d'avoir la commission mi-ex paritaire
11:20et ensuite d'avoir une loi qui sera promulguée d'ici la fin du mois de février.
11:24Ce qui n'empêche pas d'ailleurs...
11:25Il faudrait que ce soit réglé avant le salon de l'agriculture qui va ouvrir ses portes fin février.
11:30Ça serait mieux parce que ça apporterait une certaine sérénité dans l'ouverture de ce salon
11:35qui n'a pas besoin d'énervement supplémentaire, me semble-t-il.
11:38Oui, parce que les agriculteurs se disent que le salon de l'an dernier avait été tendu
11:42et pourrait à nouveau être tendu cette année s'il n'y a pas d'évolution positive avancée.
11:47Mais je les comprends, ils attendent depuis le printemps 2024.
11:51Je comprends bien que cette attente est très, très longue.
11:56Et moi, je regrette cette instabilité politique qui nous empêche de légiférer
12:01puisqu'en fait, tout est prêt.
12:02Et il y a globalement plutôt un accord général sur ce texte.
12:06Merci Sophie Prima.

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