Guy Carlier : "La France se trumpisme"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Guy Carlier est avec nous. Bonjour Guy.

00:06Bonjour Jean-Jacques, bonjour Arlette, bonjour à tous.

00:09Le vendredi, nous sommes avec Guy et Arlette entre 8h et 8h30, c'est un vrai plaisir.

00:15Alors chaque vendredi, vous allez nous dire ce que vous avez retenu de l'actualité de la semaine.

00:20Et ce matin...

00:21Et oui, ce qu'on retiendra de cette deuxième semaine d'avril 2025.

00:25Trump, bien sûr.

00:27Donald Trump.

00:27Et plus précisément, le rire des journalistes français qui se moquent de Trump chaque soir sur les plateaux des émissions d'info.

00:36C'est devenu un rituel.

00:37Chaque soir, le monde médiatique et politique français commentent en ricanant les vulgarités, l'immaturité, l'inculture et les provocations grotesques quotidiennes du président américain.

00:49J'ai été tenté de faire la même chose ce matin, d'aller à la facilité en vous en sourire avec les dernières âneries de l'homme orange.

00:55En plus, je vous aurais offert ce délicieux plaisir de se sentir plus intelligent qu'un continent entier qui a élu comme président cet homme immature et grotesque au physique comme au mental.

01:05Je suis sûr que si on fait une IRM de son cerveau, on verrait une image où il danserait cette façon grotesque qu'il a de replier ses petits bras en les agitant comme des pistons sur du village people.

01:18Heureusement, nous en France, on n'est pas comme ça.

01:22Comme dit Philippe Pint, on est un vieux, grand, fier pays, une démocratie.

01:27On possède une culture politique historique, une gauche nourrie aux insurrections.

01:32Je suis tombé par terre, la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau.

01:36On voit encore les traces des combats dans les terrils du Nord ou les friches industrielles de Lorraine.

01:41Certes, aujourd'hui, elle a un peu oublié la lutte des classes.

01:45On est passé de Jaurès à Glucksmann, premier de la classe, qui, en rougissant, tient tête à Donald Trump en lui demandant de nous restituer la statue de la liberté.

01:56Quelle audace !

01:58Oui, je sais, c'est petit de dire ça, mais à pas droite, c'est pareil.

02:01Vauquiez, que l'on dit, paraît-il brillant, cultivé, et qui veut envoyer des OQTF à Saint-Pierre et Miquelon.

02:07Et je vous passe l'Assemblée nationale, qui ressemble au bar le 421 à Beson.

02:11En France, on n'a sûrement pas élu Trump, mais un de nos anciens présidents porte un bracelet aux chevilles comme les filles d'Ibiza.

02:18Je vous passe de Logu, je vous passe Tanguy, je vous passe le gouvernement sans majorité.

02:23Et voilà que, sans s'en rendre compte, la France se trumpise peu à peu et que nos pieds s'enfoncent dans les sables mouvants de la médiocrité.

02:31Mais tout n'est pas perdu.

02:33Alors ce matin, de la même façon que l'on relance un cœur malade avec un choc électrique,

02:38je vais faire repartir votre optimisme avec le seul choc qui soit plus fort que Trump.

02:44C'est Mozart.

02:45Je sais, Mozart, comme ça, d'entrer, alors qu'il y a quelques minutes après, vous preniez votre petit déjeuner,

02:50en lisant sous hypnose la composition du paquet de cornflakes.

02:54La transition va être brutale.

02:56Alors, fermez les yeux, arrêtez tout.

02:58Et écoutez comment Mozart va prendre vos peurs, la terreur, la poussière, le chaos du monde,

03:04pour en faire de la lumière divine.

03:06Accrochez-vous, parce qu'on décolle pour l'infini.

03:08Quand on pense que Mozart a écrit ce chef-d'œuvre à l'article de la mort

03:34et que malgré son état d'épuisement, ce génie est parvenu à extraire de son âme agonisante

03:40cette musique prodigieuse, surhumaine, vertigineuse,

03:43dont les harmoniques viennent se lever dans les replis de nos âmes

03:47et nous reconnectent au divin, au sacré, à l'infini, à l'éternité,

03:53on se dit que finalement, tout n'est pas perdu,

03:56et peu importe Trump, puisqu'il nous reste Mozart.

04:00Dites-moi, c'est vrai que ça fait du bien d'écouter.

04:03C'est vrai.

04:05On a tous, quand ça ne va pas bien, on met un peu de musique classique.

04:09Non, mais c'est vrai.

04:10Enfin, quand on aime la musique classique, mais je...

04:13Oui.

04:13Oui, non, non, j'écoutais...

04:15Qu'est-ce que vous vouliez dire ?

04:16Ça fait deux semaines de suite que, en fait, Guy me scotche,

04:21d'ailleurs, me scotche avec un moment ou d'émotion, ou de réflexion.

04:25Mais il a tellement raison.

04:27C'est bien beau, on se moque de Donald Trump, sans doute à juste raison,

04:31mais nous n'en sommes pas exemples.

04:33Il a raison, il a raison, Guy.

04:35Il faut regarder les politiciens français,

04:37parce que, franchement, on n'a pas de leçon à donner à la terre entière.

04:40Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Guy, quand il dit qu'on se moque.

04:44Au fond, je crois que tout le monde...

04:45Certains se moquent, mais il n'y en a pas beaucoup.

04:47Je pense que c'est surtout la sidération, en fait, qui domine chez les commentateurs.

04:51C'est l'incrédulité, parce qu'au fond, qu'un député insoumis soit, comment dirais-je,

05:01pas terrible à l'Assemblée, on va le dire comme ça,

05:05une comportement vulgaire, irrespectueux, ce n'est pas grave.

05:09Mais quand c'est le président des États-Unis qui prend des décisions successives, contradictoires,

05:15qui a un langage, effectivement, plus que vulgaire,

05:19je pense que c'est plutôt une sidération.

05:20Oui, mais il bouscule.

05:22Il a le mérite de bousculer aussi, non ?

05:24Non, mais je ne veux pas.

05:25On peut bousculer.

05:26Je ne prends pas ni la défense de Trump, je ne veux pas.

05:28Ni, je n'attaque pas Trump, je ne prends pas sa défense,

05:30je vais essayer d'être objectif.

05:32Et il a une manière de gouverner qui surprend tout le monde.

05:37Qui surprend l'ordre établi.

05:40Peut-être que nous verrons le bilan.

05:42Mais ce n'est peut-être pas seulement l'Amérique qui a changé.

05:44C'est le monde qui change.

05:46Et la France fait partie de ça.

05:48Quand je dis que la France se trumpise,

05:50c'est triste, c'est probablement décadent,

05:56mais c'est ainsi.

05:57Oui.

05:58Bon.

05:59Écoutez, vous réfléchissez, vous réfléchissez vous-même.

06:00C'est la réflexion de la semaine.

06:02On a une semaine pour réfléchir.

06:03Mais non, le vendredi, on réfléchit un peu.

06:06Moi, je ne suis pas sûr qu'il faut réfléchir un peu, non ?

06:08Quand vous regardez les enquêtes d'opinion,

06:10vous voyez bien que Trump n'est pas du tout populaire en France.

06:12C'est vrai qu'il n'est pas populaire.

06:15Jouer les Trumps aux petits pieds,

06:17comme certains sont tentés de le faire,

06:19et un nom a été cité tout à l'heure,

06:21on a parlé de Laurent Wauquiez,

06:22je ne suis pas sûr que ce soit profitable.

06:24Celui qui, pour l'instant, séduit encore une partie de la droite,

06:28c'est plutôt Bruno Retailleau.

06:30Et alors, dans le genre sérieux,

06:32alors lui, 100% sérieux,

06:34ce n'est vraiment pas Trump.

06:36Donc, je ne suis pas sûre que, au fond,

06:38ces démonstrations soient efficaces en France.

06:43Je ne suis pas sûre.

06:44Il est 8h22.

06:45C'est parti.

06:46C'est parti.

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