Guy Carlier : "Nicolas Sarkozy a perdu son honneur"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Il est 8h16, Guy Carlier, bonjour.

00:07Bonjour Arlène, bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:10Beaucoup d'événements ont retenu, évidemment, votre attention cette semaine,

00:14mais il y a trois mots que vous avez relevés.

00:20Décision de justice, ce sont incontestablement les mots qui ont marqué,

00:25pour moi, la semaine qui vient de s'écouler.

00:28Deux décisions de justice particulièrement attendues sont tombées ces jours derniers,

00:32en attendant celles qu'on attend pour ce soir,

00:35et même si elles venaient en conclusion de dossiers aussi différents

00:38que peuvent l'être ceux de Dominique Pellicot et Nicolas Sarkozy,

00:41ces deux décisions de justice n'ont cessé depuis quelques jours d'occuper l'espace médiatique.

00:47Je n'ai pas envie ce matin de vous parler du procès de Mazan,

00:50parce que de la même façon qu'on dit qu'après l'amour,

00:53le premier qui parle dit une connerie,

00:55après le verdict de Mazan, on a entendu tellement de conneries

00:58que Gisèle Pellicot mérite un peu de silence, un peu de dignité,

01:02il faut juste se recueillir devant le courage dont a fait preuve cette femme

01:06en demandant que le procès soit rendu public pour aider les autres femmes.

01:10Gisèle Pellicot est une héroïne, le reste ne serait que démagogie.

01:14Voilà pourquoi je n'avais pas envie d'en parler ce matin,

01:17et je n'avais pas non plus envie de parler du verdict

01:20infligeant Nicolas Sarkozy le port d'un bracelet électronique,

01:23mais il m'est arrivé quelque chose ce matin

01:26qui m'oblige presque à vous en parler.

01:28Je vous demande de pardonner de vous raconter à nouveau une anecdote personnelle

01:32qui va vous sembler hors sujet, mais vous verrez, on s'y retrouvera à la fin.

01:35J'ai vécu ce matin un de ces petits bonheurs fugaces

01:39comme la vie de couple nous en offre parfois.

01:42En me levant dans la nuit pour venir vous retrouver dans cette matinale,

01:45j'ai aperçu s'échappant du drap une cheville de mon épouse

01:50découverte comme si elle avait tenté de s'évader du lit.

01:53Elle était éclairée par la lumière tamisée de la lambre de chevet

01:57qui la faisait ressembler à un clair obscur de la Renaissance italienne.

02:01J'ai d'abord pensé Michel-Ange.

02:03Michel-Ange est dans ma chambre à coucher ce matin.

02:06Et puis, par une association d'idées diaboliques,

02:09j'ai pensé à Nicolas Sarkozy, à la cheville de Sarkozy

02:13prochainement enserrée par un bracelet électronique.

02:17Je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer Carla Bruni se réveillant

02:21la première villa de Montmorency, allumant sa lampe de chevet

02:24et apercevant dépassant du drap de soie la cheville de son homme

02:28enserrée par un bracelet électronique en silicone de couleur noire.

02:32Une cheville sur laquelle un ouvrier de la pénitentiaire

02:35aura rasé une zone circulaire de 5 cm de largeur

02:40de façon à ce que les poils ne viennent pas se prendre

02:43dans le mécanisme du bracelet électronique.

02:46Certes, Sarkozy n'ira pas en prison, en tout cas pas pour ce délit-là

02:50car avec ce qu'il attend dans les mois qui viennent pour d'autres affaires,

02:53ce n'est plus un bracelet qui enserrera sa cheville

02:56mais un piège jaloux, carrément, un boulet de bagnard qu'il traînera.

03:00Mais outre l'humiliation du regard de Carla dont je viens de parler,

03:04Nicolas Sarkozy se prépare d'autres moments difficiles.

03:08On nous dit qu'il a choisi d'être assigné à résidence

03:11à leur domicile de la villa Montmorency,

03:13ce qu'ils ne connaissent pas, c'est une espèce d'enclave résidentielle, privée,

03:17dans le 16e arrondissement, quartier le plus sécurisé, le plus huppé,

03:21c'est discret, c'est luxueux, c'est 6 hectares, centaines de maisons,

03:26tout le monde vit là, Alain Minc, BHL, Pinault,

03:30j'ai cité les plus chiants pour vous dire ce qui l'attend.

03:34Donc il est assigné à résidence là-bas

03:38et je sais, amis auditeurs qui nous écoutez,

03:42beaucoup d'entre vous préféraient être assignés à résidence

03:46villa Montmorency plutôt que de pouvoir sortir à votre guise

03:50d'un lotissement pavillonnaire qui pousse comme des champignons

03:55avec le crépit provençal dans les anciens champs de blé

04:00des campagnes autour des grandes villes.

04:02Mais pourtant, même villa Montmorency, les après-midi doisivetés

04:06sont aussi pénibles que dans les HLM de Roubaix.

04:10L'après-midi, c'est le feuilleton de France 3, Rex, chien, policier

04:15qui attend Sarkozy, ou bien ça commence aujourd'hui,

04:18une émission à même air de France 2 où Faustine Bollard

04:21fait semblant de s'intéresser à des dames souffrant d'endométriose.

04:25Voilà, voilà ce qui attend Sarkozy.

04:28Et voilà pourquoi, pour paraphraser Michel Audiard,

04:31je lui promets des « nervuses breakdown ».

04:34On a dit que le verdict était clément,

04:37je ne crois pas qu'il soit aussi clément.

04:39Car ce bracelet, c'est l'honneur perdu de Nicolas Sarkozy.

04:44Et je voulais vous dire, pour terminer,

04:47la station de métro la plus proche de la villa Montmorency

04:52s'appelle « Michel-Ange ».

04:55Mais dites-moi, alors, il nous laisse sans voix, là.

05:00Oui, sans voix, oui.

05:01Magnifique, hein ?

05:02Oui, c'est beau.

05:03Mais c'est la réalité.

05:04L'honneur perdu, c'est assez juste, en fait.

05:06Parce qu'au fond, il y a un côté un peu ridicule

05:09de lui mettre un bracelet d'un quelqu'un

05:11qui est protégé en tant qu'ancien président de la République.

05:14Il a des gardes-corps.

05:15On sait par définition tout le temps où il est,

05:17pour des raisons de sécurité.

05:19Donc tout ça paraît un peu dérisoire,

05:21mais en même temps, c'est symbolique.

05:22C'est le symbole, c'est le symbole.

05:23C'est l'application de la loi.

05:24Et Guy, comme d'habitude, a bien raison de dire

05:27que c'est un peu son honneur perdu

05:30qu'il va essayer quand même de regagner

05:33en saisissant les instances européennes.

05:35C'est pas son truc, d'habitude,

05:37la Cour de justice européenne.

05:39Mais là, d'un seul coup, il permettrait sans doute...

05:42C'est une posture, Arlette, on le sait bien.

05:44C'est comme à chaque fois, il y a eu l'appel.

05:47Mais ça veut dire se battre jusqu'au bout.

05:50Et c'est psychologiquement très important

05:52pour Nicolas Sarkozy de dire qu'il se battra jusqu'au bout

05:55pour sauver son honneur.

05:57Mais c'est vrai qu'il y a, indépendamment de ça,

06:00on lui enlève la Légion d'honneur,

06:02il y a toute une succession.

06:05C'est pas encore fait.

06:07Le dossier est sur le bureau de...

06:09C'est vraiment l'honneur perdu.

06:13Et malgré tout, il y a derrière ce personnage

06:18qui a commis des fautes graves,

06:20un côté attachant.

06:23On ne peut pas s'empêcher de ressentir ça.

06:28Pourtant, c'est pas politiquement ma cam, comme on dit,

06:32mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir

06:35un attachement pour cet homme.

06:38Bien. Il est 8h23.

06:40Nous sommes dans un instant avec Benjamin Gleize.

06:43Et puis, je rappelle que je lui parlerai de Nicolas Sarkozy.

06:47Je recevrai tout à l'heure l'un des patrons DLR

06:51qui sera mon invité,

06:53François-Xavier Bellamy, à 8h30.

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