Retrouvez la chronique de Guy Carlier
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:03Vous savez, tous les vendredis, nous sommes avec Guy Carlier qui vient nous rendre une petite visite le vendredi.
00:10Bonjour Guy.
00:11Bonjour Arlette, bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.
00:14Et avec Arlette qui est là aussi.
00:16Et tous les vendredis, Guy vient croquer pour nous la semaine passée, la semaine que nous venons de vivre, l'actualité de la semaine, Guy.
00:24Eh oui, c'est ça Jean-Jacques, c'est mon rôle.
00:27Je dois vous faire rire, au moins sourire avec l'effet marquant de l'actualité de la semaine, purger vos angoisses par le sourire.
00:34C'est ce qu'on appelle la catharsis, la libération des émotions, des angoisses refoulées par une oeuvre artistique qui purge justement ces émotions.
00:43Oui, je suis l'oeuvre artistique de la matinale, alors on va purger les angoisses avec humour, c'est parti.
00:50On commence par le lundi, lundi dernier, début du procès de Mazan.
00:55Allez, vas-y, Carlier fait nous rire avec l'histoire d'un type qui drogue son épouse, la fait violer par une cinquantaine de salopards, la filme pendant les zébas.
01:03On constitue une cinémathèque qui pourrait alimenter le ciné-club de France 3 pour des années.
01:08Là, il faut le trouver, l'angle, susceptible de faire rire avec cette ignominie.
01:13On est un peu comme, vous savez, devant certains emballages alimentaires.
01:17On cherche la petite languette, le petit morceau de plastique qui dépasse, qui pourrait nous être utile pour ouvrir tout ça.
01:23Et pour être honnête, sur l'affaire du procès de Mazan, je fais un blocage.
01:27C'est maintenant impossible de rire de ça, car Mazan est à l'humour, ce que la zoophilie est à l'amour.
01:32C'est impossible à concevoir pour un être normal.
01:35En plus, l'acteur principal de cette affaire se nomme Pellico.
01:39Le gars n'a même pas le nom de l'emploi, Pellico.
01:43Déjà, dans les noms, si vous voulez, parfois, à entendre certains noms, on devine qu'on a affaire à un enfoiré.
01:51Par exemple, Nordal-le-Landais. Rien que d'entendre ce nom, on est terrorisé.
01:55T'as l'impression qu'il se dégage aussitôt, dans un rayon de 20 mètres, une odeur de pédocriminalité.
02:00Mais Pellico, ça le fait pas, on dirait le nom d'un gendarme de Saint-Tropez.
02:04On imagine Galabrugne, et garde à vous, Pellico !
02:06Pour peu que, dans la cinquantaine de types qui faisaient la queue, c'est le cas de le dire,
02:11on trouve un Fougasse, un Cruchot ou un Merlot, on a la brigade au complet.
02:14Là, on tient un début de piste rigolote.
02:18Ben oui, mais franchement, on n'a pas envie de rire avec les viols de Marsan.
02:22Non, on ne purge pas.
02:23Alors, il nous reste l'abbé Pierre.
02:25Lui, je sais pas s'il est au paradis ou en enfer, en tout cas sur terre, il poursuit sa descente aux enfers.
02:32Ainsi donc, le héros Christi, qui avait une bite dans la tête, le gars avait le pouvoir,
02:36il était une sorte de rockstar de l'aide aux malheureux.
02:39Il avait, bien sûr, un béret de neuneu du village, une capeline qui sentait l'écurie des godillots,
02:44qui permettait aux gens de dire à 100 mètres à la ronde, tiens, l'abbé ne va pas tarder à arriver.
02:49Mais c'était un héros.
02:50Il avait le pouvoir des puissants, il faisait le bien.
02:54D'ailleurs, j'ai visité sa chambre, c'est authentique.
02:57Il y avait un vieux lit en fer, quelques livres, une cafetière, sur un butagaz, des rouleaux de sopalin.
03:05Beaucoup de rouleaux de sopalin, ça aurait dû mettre la puce à l'oreille.
03:08On se dit qu'il devait être très propre pour son intérieur.
03:10Enfin bref, le dernier film sur l'abbé Pierre, avec Lambert Wilson, était carrément ennuyeux.
03:15Mais je vous promets que le prochain, qui est déjà en préparation, risque d'être bien plus passionnant,
03:21car en plus, il sera réalisé par Marc Dorcé.
03:24Alors là, évidemment, se pose la fameuse question, doit-on séparer l'homme de son oeuvre ?
03:33En ce qui concerne l'abbé Pierre, doit-on séparer l'abbé de sa bite ?
03:37C'est une question qui se pose, une dernière chose à Lyon, dans le quartier de la Duchère.
03:43On va débaptiser, évidemment, la place de l'abbé Pierre.
03:46Et la municipalité a lancé une enquête d'utilité publique, afin de trouver un nouveau nom.
03:53Alors, pour l'instant, ils ont eu des réponses de plaisantins, du genre
03:57Carrefour de la Foufoune, Place de la Fellation Eucharistique, etc.
04:01Mais, vous voyez, on ne peut pas rire de tout.
04:03Alors, Jean-Jacques, j'ai une idée catharsique pour le nouveau nom de cette place de l'abbé Pierre à Lyon.
04:09Et si on l'appelait Place Gisèle Pellicot ?
04:12Ah ! C'est bien, non, Arlette ?
04:15Ah oui, c'est très bien, oui.
04:17Ah oui, c'est formidable, oui.
04:18C'est formidable.
04:19On s'est régalé, là, avec la chronique de
04:22Savoir, savoir, évoquer des faits dramatiques avec intelligence et humour, dit Carlier.
04:29Je ne regrette pas d'être venu.
04:31Non, mais Guy, je le dis sincèrement.
04:34Juste un petit point, puisqu'on parle technique.
04:37C'est vrai que c'est très difficile, et ça le devient de plus en plus,
04:41de trouver un angle drôle à ce qui se passe.
04:46Mais pourquoi est-ce que ça le devient de plus en plus ?
04:48Eh bien, parce qu'au nom du politiquement correct.
04:50Je me souviens, il y a une vingtaine d'années,
04:53parlons, par exemple, de ce qui s'est passé au Liban, j'en ai pas parlé.
04:57Il y a de quoi rire, évidemment, en comprenant tout de suite
05:01ce qui peut se passer d'un point de vue sexuel pour ces gars qui, en plus,
05:05espéraient 72 vierges.
05:07Est-ce que pas de les avoir ?
05:08Enfin, vous voyez, il y a une vingtaine d'années, j'ai fait une chronique à l'époque sur le Mola Omar,
05:14qui voyait en mobilier dans le désert, qui partait dans des fermes où il était attaqué par des dindons.
05:20C'était pitoyable pour un gars qui était censé être le héros.
05:23Je n'ai eu aucun problème.
05:25Là, si je fais une chronique du style de ce dont je viens de vous parler sur le Liban,
05:31c'est sûr qu'il va y avoir, sur les réseaux, des répercussions d'une violence inouïe, ou contre.
05:39Donc, vous vous censurez ?
05:40Oui.
05:41Vous vous censurez, Arlette ?
05:44Je pense qu'il y a des sujets, effectivement, qu'on ne peut plus aborder.
05:47Il y a beaucoup d'émotions, parce que, effectivement, le procès de Mazin, on n'imaginait pas.
05:51Parce que l'héroïne, ça devient une héroïne, la victime est une héroïne.
05:55Donc, tout dépend aussi, et est lié aussi à sa personnalité.
05:58Les faits restent, de toute façon, abominables, dégueulasses, tout ce qu'on veut, insupportables.
06:03Mais, en plus, la victime, ce n'est pas une femme qui est complètement abattue, effondrée, brisée,
06:10qu'on verrait traverser absolument les couloirs en pleurs, qu'on pourrait tout à fait comprendre.
06:17C'est une femme digne, très chic, très bien habillée, qui s'expose, qui s'exprime.
06:22Qui s'expose et qui se bat.
06:25On sent que le procès est en train de tourner.
06:27Excusez-moi, Arlette, c'est parce que ça m'a énervé.
06:30On sent que les choses sont en train de se retourner.
06:32Il y a un retour de balancier avec les accusés qui deviennent arrogants,
06:36avec les journalistes à la sortie du tribunal qui commencent à jouer les cow-boys
06:41et qui commencent à vraiment dévoiler leur personnalité.
06:44Donc, on comprend que ce ne sont pas non plus des vraiment gentils
06:47qui ont vraiment derrière un problème de personnalité plus global.
06:51Oui, moi je trouve que c'est une héroïne.
06:53La victime est devenue une héroïne.
06:55Elle supporte, elle accepte qu'on diffuse des vidéos de ce qu'elle a subi.
07:00Ce qui est quand même pour elle, j'imagine, à nouveau une souffrance terrifiante.
07:05Et donc, cette héroïne qui est applaudie tous les jours quand elle rentre ou sort du tribunal
07:10par des gens qui viennent simplement la féliciter, l'encourager, dire leur admiration.
07:16Et vous avez vu la semaine dernière, le week-end dernier,
07:18les manifestations en France, partout, et qui célèbre cette femme.
07:22Donc, moi je trouve ça formidable pour elle et c'est un modèle.
07:26Donc, c'est vrai que tout ça, il y a beaucoup d'émotions, il y a beaucoup de colère aussi.
07:31Place Gisèle Pellicot à Lyon.
07:33Paul Hidé de Guy Carlier.
07:35Il est 8h19.