Guy Carlier : "Les politiques doivent arrêter de jouer avec l’Histoire"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Bien ! Nous sommes avec Guy Carlier et Arlette Chabot est là avec nous, qui va débattre avec Guy tout à l'heure.

00:10Guy, qui va nous rappeler ce qui s'est passé vendredi dernier sur l'antenne de Sud Radio.

00:18D'abord, bonjour Guy.

00:19Bonjour, je vais vous parler, oui, de ma petite semaine qui a commencé, vous l'avez dit, vendredi dernier.

00:23Pourquoi vendredi dernier ?

00:25Eh bien, en sortant du studio, après cette chronique, j'ai croisé l'invité de votre interview politique de 8h30.

00:31Vous vous souvenez de son nom ?

00:32Oui, Raphaël Arnault, oui.

00:33Voilà, donc député de la France Insoumise.

00:37Je ne connaissais pas cet homme et en le croisant, j'avoue que j'ai pris une claque.

00:41Ce type a un charisme fou, une allure de révolutionnaire romantique, on pense à Patrick Devers.

00:46Et je me suis dit, en le voyant, que de la même façon que les filles de ma génération

00:50criaient « paix au Vietnam » et remplaçaient les photos de poney au mur de leur chambre par les posters du Thier,

00:55aujourd'hui, les jeunes militantes et les filles qui crient « Palestine vaincra »

00:59ont remplacé sur les murs de leur chambre les dauphins du film « Le Grand Bleu » par un poster de Raphaël Arnault.

01:06Et c'est là qu'on mesure l'importance de la forme par rapport au fond, chez les électeurs,

01:11et c'est assez injuste, car personne n'accroche au mur des posters de Gérard Larcher.

01:16D'ailleurs, un poster de Gérard Larcher, ça n'existe pas, ou alors c'est de la fiche de CD 4x3,

01:21ça ne tient pas sur les murs d'une chambre d'étudiante, mais revenons à Raphaël Arnault.

01:25Je l'écoutais, du coup, pour savoir si son ramage se rapportait à son plumage, je l'écoutais attentivement.

01:33Et au fur et à mesure que vous l'interviewez, Jean-Jacques, le Che Guevara de LFI perdait de sa prestance

01:41et ressemblait plutôt au cultivateur de café du Venezuela veut lui vendre son café à El Gringo.

01:47Et El Gringo Bourdin n'a pas voulu du café que voulait lui vendre Raphaël Arnault.

01:52Un autre élément de forme qui peut faire oublier le fond chez un homme politique,

01:56c'est l'éloquence, la qualité d'élocution d'un orateur, les fulgurances rhétoriques.

02:01Là aussi, on en a connu des leaders qu'on aurait suivi au bout du monde pour une envolée lyrique.

02:05Je me souviens de ma mère pleurant au discours de Malraux,

02:08lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, comme Leclerc en trace invalide, etc.

02:13On ne comprenait pas tout, mais on l'aurait suivi partout pour son exaltation.

02:18On a connu cette semaine à l'Assemblée nationale l'anti-discours de Malraux.

02:23Son auteur se nomme Sébastien Delogu et la vidéo où on le voit anonner son discours à l'Assemblée

02:28avec une diction d'élève de CP a fait le tour du monde.

02:31Ses adversaires ont sauté sur l'occasion pour en faire la risée de l'hémicycle.

02:36Rappelons quand même qu'il a été élu en 2022, réélu en 2024,

02:41et que par respect pour ses électeurs, il n'y avait pas besoin de l'humilier,

02:46encore moins de ralentir la bande sonore pour accentuer son élocution désastreuse.

02:51Alors pourquoi le cacher ? J'avais de l'indulgence pour lui,

02:54et comme pour Raphaël Arnault, j'ai écouté votre interview,

02:58car vous l'avez reçu le lendemain, Jean-Jacques,

03:01et j'ai été touché par son discours, où il reconnaissait ses lacunes,

03:05en disant, moi vous savez, je n'ai pas fait d'études,

03:07mais j'essaye de rattraper ce retard, je travaille chaque jour.

03:10On était presque émus jusqu'au moment, Jean-Jacques, où vous le questionnez sur Pétain,

03:15et qu'il vous répond, Pétain, non, je ne vois pas qui c'est,

03:19Pétain, j'ai entendu parler de lui, mais je ne vois pas qui c'est,

03:22c'est un raciste, non ? Là, on se dit qu'il en fait un peu trop, quand même.

03:27Et cette impression est confirmée quelques instants plus tard,

03:30lorsque le questionnant sur LFI comparant Ruffin à Jacques Doriot,

03:34il éclate de rire, un rire terrible,

03:38qu'il cessait, suivi d'un long silence qui était encore du rire,

03:44et là, il savait qui était Doriot.

03:46Tout à coup, le symbole, le gars inculte, était devenu agrégé d'histoire en trois minutes.

03:52On comprenait donc que c'était un jeu, que cette posture,

03:57ce que les autres LFI ont appelé le mépris de classe, etc.,

04:02tout ça n'est qu'une vaste fumisterie,

04:05et que le type est probablement dans sa personnalité à l'image de son élocution.

04:13Pour finir, on va finir comme on a commencé par votre invité, Jean-Jacques,

04:18ce matin, vous recevez Louis Alliot au niveau du look,

04:21là, on est plutôt dans la team Gérard Larcher que dans celle de Che Guevara,

04:24mais si je vous parle de lui, c'est que je l'ai entendu cette semaine,

04:27j'étais dans ma voiture au feu rouge de la rue Gabrielle Péry,

04:30de la rue Paul Vaillant Couturier-Argenteuil,

04:32j'étais arrêté et j'entends monsieur Alliot interroger sur les faux documents,

04:36vous savez, ayant permis les emplois fictifs de Jordan Bardella à l'Assemblée européenne,

04:41et il fait une diversion grossière en disant

04:44oui, cette affaire a été sortie par le journal Luma,

04:47qu'il qualifie de journal collaborationniste pendant la dernière guerre.

04:52À cet instant, j'ai levé les yeux vers la plaque en émail,

04:57j'ai lu sur cette plaque, Gabrielle Péry,

05:01fusillée par les allemands, rédacteur en chef de l'Humanité en 1941.

05:09Qu'est-ce que je voulais que je vous dise ?

05:11C'était la même chose, il faudrait peut-être que les politiques

05:14cessent de jouer avec l'histoire,

05:18c'est un manque de respect pour ceux qui l'ont fait, l'histoire,

05:21et qu'ils essaient plutôt de la faire à leur tour.

05:25Merci Guy Carlier.

05:27Un dernier mot si vous le permettez Jean-Jacques,

05:29je voudrais parler de la disparition de Didier Roussan,

05:32une seconde, pour dire adieu,

05:34que Bacri, Birkin, maintenant Roustan,

05:38franchement, ça manque de classe.

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