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##SOYEZ_LIBRES-2024-11-08##

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Transcription
00:00— Tous les vendredis, Guy Carlier nous rejoint pour nous faire part de ce qu'il a marqué dans l'actualité de la semaine.
00:06Et ce qui a marqué... Guy, bonjour d'abord. — Bonjour, Arlette. Bonjour, Jean-Jacques. Bonjour à tous.
00:12— Merci. C'est évidemment l'élection de Donald Trump. Donc vous allez nous parler. Et nous essaierons ensuite avec Arlette Chabot
00:18de comprendre pourquoi de plus en plus de pays à travers le monde acceptent ou élisent des autocrates.
00:23Alors que vous inspire l'élection de Donald Trump, Guy ? — Donc bonjour à tous. Et oui, Donald est élu
00:29président des États-Unis d'Amérique. Et j'ai honte à le dire, mais lorsque j'ai appris cette nouvelle, il m'est revenu en mémoire
00:38une chanson de Gérard Lenormand que tout le monde connaît sauf les moins de 20 ans. Mais bon, autour de la table,
00:44on n'est pas vraiment concerné par cette limite. On vient juste de passer le cap de justesse. Mais enfin on connaît la chanson
00:52dans laquelle Gérard Lenormand disait « Si j'étais président de la République... » — Chantez un peu, Guy, non ?
00:57— « Si j'étais président de la République, je nommerais Mickey premier ministre », disait-il. Bon, on n'a pas eu Mickey
01:07premier ministre. Les Américains ont fait plus fort. Ils ont élu Donald président. — Oui, je sais, la banne n'est pas terrible.
01:14J'en conviens. C'est de l'humour de chansonnier. C'est pas digne de moi. Je sais, Jean-Jacques, mais je me mets au niveau
01:20des médias français qui, tout au long de la campagne électorale américaine, ont procédé à une surenchère de bien-pensance
01:31avec des journalistes qui se prenaient pour Jean Moulin lorsqu'ils évoquaient Donald Trump. C'est bien simple. Lorsque je regardais
01:38par exemple l'émission C Politique sur le service public, j'avais l'impression délicieuse de faire partie d'une réunion
01:45d'un commando de résistance. De la même façon qu'il y avait le groupe Manoukian pendant la guerre aujourd'hui pour combattre
01:51les fachos. En France, pour combattre le fascisme, il y a le groupe Marion Cotillard. Les people et les journalistes français
01:59n'ont pas peur d'employer les grands mots traitant Trump de crétins, de fachos, de clowns véreux, dangereux pour les États-Unis,
02:05pour la planète, ce qui n'est pas forcément faux. Et à la fin de leur diatribe enflammée, ils lancent un regard de défi sans risque
02:13vers la caméra et on a même l'impression qu'ils se retenaient d'en tenir le chant des partisans. J'en veux pas aux journalistes d'être
02:22bien pensants. Je leur en veux de ne pas avoir cherché à comprendre les raisons qui font que le peuple américain a voté pour cet homme.
02:30Les journalistes français me font penser, vous savez, à ces jeunes cadres qui partent trois jours en congrès sur Leip-City,
02:35qui n'ont vu que l'hôtel, le conference center, mais qui vont être les héros des repas de famille Dominico en devenant des experts
02:42de l'Amérique grâce à un article qu'ils ont lu dans l'avion du retour, dans Le Point ou l'Express, et qui dit cette fameuse théorie
02:50que l'Amérique est constituée de deux parenthèses intellectuelles. La première longe la côte atlantique de Boston à la Floride,
02:57l'autre ferme les États-Unis de l'autre côté sur la côte pacifique. Elle part de Seattle, descend le long pacifique, San Francisco,
03:05la Silicon Valley, s'ermine à Los Angeles. Et entre ces deux parenthèses, il y a 150 millions d'habitants qui n'ont pas existé
03:13pour les élites françaises. À ça, on a bien vu à la télé un documentaire dans lequel Elise Lucey, que j'adore, demandait à Robert De Niro,
03:22que j'adore également, son avis sur Trump et De Niro, qui est un opposant, à parler en militant. Mais à aucun moment,
03:28Elise Lucey n'a fait son boulot de journaliste en lui posant des questions de journaliste. Elle était là, les yeux écarquillés,
03:34comme une midinette qui rencontre son idole. Elle ne lui a pas parlé des femmes, des noirs, des pauvres, autrement dit,
03:40de ces 150 millions d'Américains qui vivent entre les deux parenthèses intellectuelles de l'Amérique. Et ceux-là, que les Français prennent
03:47pour des cons, avec des chapeaux texans, qui vont au supermarché du coin en pick-up truck et ont planté un drapeau américain
03:53dans leur jardin, ce sont ceux-là qui ont voté Trump. Les journalistes devraient au moins en tirer la leçon pour la France.
04:02Au lieu de crier aux fachos à la moindre occasion qu'ils pensent à la France des territoires, ça leur évitera à l'avenir l'avènement
04:12d'un Trump en France. — Oui. Eh ben quelle réjouissance en vous écoutant. Moi, je me réjouis d'entendre ça, parce que c'est une leçon.
04:21Vous avez entièrement raison. C'est une leçon. Écoutons toujours celles et ceux, d'ailleurs, qui nous écoutent et qui interviennent.
04:28N'hésitons pas et allons sur le terrain. La vérité, elle est sur le terrain. Elle n'est pas dans nos studios. Je voudrais encore une fois
04:36le préciser, même s'il se dit des choses intelligentes, dans nos studios. N'est-ce pas, les tchabous ?
04:41— C'est un peu le même phénomène qu'en France, au fond. C'est la même chose. Il faut écouter, puisqu'on dit aller sur les territoires,
04:51aller écouter les Français qui – souvent, d'ailleurs – votaient à gauche. C'était le cas aussi aux États-Unis, qui votaient démocrate
04:58et qui, aujourd'hui, ont voté à Républica ou pour Trump, et qui, en France, votaient à gauche pour le Parti communiste,
05:04mais aussi pour les socialistes, et qui, aujourd'hui, votent pour le Rassemblement national sur effectivement des critères précis.
05:11On retrouve les deux préoccupations des Américains. Inflation, immigration. — Exactement.
05:17— Et exactement la même chose que des motivations pour le vote en France et ailleurs, évidemment, en Europe, c'est-à-dire le pouvoir d'achat,
05:26la vie chère, l'inflation. Et ensuite, évidemment, l'immigration. En France, en Europe, largement au-delà de la France,
05:34et aux États-Unis, on entend les mêmes choses. — Arlette, ce qui va être très intéressant, parce qu'il va y avoir probablement
05:40des élections anticipées en Allemagne. Et moi, j'attends de voir ce qui va se passer en Allemagne. Ça va être très intéressant à voir.
05:47Il est évident qu'il y aura une poussée de la droite et de la droite extrême en Allemagne. C'est évident. C'est écrit.
05:55— Juste une chose. Évidemment, là, ce qu'on vient de lire va nous taxer, va nous faire taxer de populisme. C'est insupportable.
06:04— C'est insupportable, parce que dans le populisme, il y a peuple. Il y a absolument rien de péjoratif. Et à force de crier aux fachos,
06:11les gens qui votent Rassemblement national n'ont rien de fasciste, comme les gens dont je parlais tout à l'heure aux États-Unis.
06:19Ce ne sont pas des fachos. Ce sont des femmes. Il y a des femmes noires qui bossent dans des Starbucks à Salt Lake City,
06:27enfin des gens pauvres. Tout l'électorat, normalement, de la gauche. Il n'y a pas de gauche vraiment aux États-Unis,
06:36mais de gens qui devraient voter et qui sont revenus de ça et qui ne sont plus sensibles à l'argument facho. Ça, c'est du vent fasciste.
06:45— C'est fini. C'est fini. Mais ouais, je vais vous raconter une vieille anecdote d'un vieux journaliste comme moi.
06:50Moi, j'ai commencé à RTL et j'ai développé les auditeurs en la parole à RTL. J'ai été l'un des premiers à donner la parole aux auditeurs.
06:58Et moi, je me souviens, dans la rédaction d'RTL, lorsqu'on donnait la parole aux auditeurs, tous les journalistes étaient effarés.
07:04« Vous donnez la parole ? On donne la parole aux auditeurs ? Mais il n'y aura que des extrémistes qui vont s'exprimer ! »
07:12Eh bien non. Non, non. Pendant longtemps, ça a été banni. Puis ça s'est développé, la parole donnée aux auditeurs.
07:20— Mais on ne l'écoute pas vraiment. On n'écoute pas vraiment, malheureusement.
07:24— C'est l'expression d'une souffrance. De toute façon, c'est l'expression d'une souffrance.
07:28— Mais c'est l'expression d'une souffrance. — L'expression d'une souffrance, c'est pas... Ça n'a rien de politique.
07:31— Mais pourquoi est-ce que dans nos milieux, parfois... Arlette, pourquoi est-ce que dans nos milieux, parfois, on oublie qu'il existe des hommes,
07:40des femmes qui sont confrontés au quotidien, qui souffrent et qui ont des réactions que nous ne comprenons pas ? Pourquoi ?
07:49— On peut les comprendre. Et si on revient aux Gilets jaunes, il fallait écouter les Gilets jaunes.
07:53Et en plus, on les a beaucoup accusés d'être manipulés, après, par la France insoumise. Donc vous voyez que, finalement,
08:00on est passé de la droite radicale, du RN. Et on a dit « Mais après, ce sont les insoumis qui sont infiltrés sur les Gilets jaunes ».
08:07En fait, il faut toujours écouter les Gilets jaunes. Et d'ailleurs, c'est pas hasard si Michel Barnier a dit il y a quelques temps
08:12– alors je ne suis pas porte-parole du Premier ministre ici – mais qu'il fallait aller rechercher ces fameux cahiers de doléances...
08:17— Oui, c'est vrai. C'est vrai. J'ai vu ça, oui. — ...la parole des Français recueillis pendant tous ces mois de conflit des Gilets jaunes,
08:24et écouter ce que les Français demandaient. Je trouve que c'est effectivement intelligent. Donc il faut écouter les Français.
08:30Il n'y a pas que des extrémistes, des fous, des irresponsables. Il y a effectivement des gens qu'il faut entendre.
08:36Et c'est un débat qui traverse toutes les gauches. Et toute la gauche... On a vu la polémique qui s'est développée.
08:41Vous en parlerez tout à l'heure à votre habité. — Oui. Quand je vais en parler à Antoine Millement, oui.
08:44— Est-ce qu'il faut une gauche plus radicale ? Est-ce qu'il faut au contraire une gauche qui revienne de ce débat
08:49entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon ? — Bien. On vous retrouve dans un instant.
08:54Guy Carli, Arlette Chabot. Il est 8 h 22, Sud Radio.

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