Après d'anciens élèves victimes de sévices au sein d'établissements privés, les députés Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance), poursuivent leurs auditions dans le cadre de la commission d'enquête parlementaire sur les violences éducatives et sexuelles à l'école. Un ex-gendarme, entendu jeudi par la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Bétharram, a répété qu'un magistrat lui avait parlé d'une "intervention" de François Bayrou quand il enquêtait sur des faits de viol visant un religieux de l'établissement en 1998. Paul Vannier, député LFI du Val-d'Oise, co-rapporteur de la commission d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires est l'invité de RTL
Regardez L'invité de Yves Calvi du 10 avril 2025.
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00:00En direct de Nice.
00:01RTL, il est 18h17 et nous sommes toujours en direct de Nice, vous l'avez compris.
00:05Bonsoir, Paul Vanier, vous êtes député France Insoumise du Val d'Oise,
00:08co-rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur les violences commises à Notre-Dame de Bétarame.
00:12Merci de prendre la parole ce soir sur RTL et en direct.
00:15François Bayrou sera donc entendu le 14 mai par la commission.
00:18Je rappelle que le Premier ministre est cité dans cette affaire.
00:21Il est accusé d'avoir eu connaissance des faits en tant que ministre de l'éducation nationale dans les années 90 et de n'avoir rien dit.
00:27Qu'attendez-vous clairement de cette audition de François Bayrou ?
00:32Bonsoir, nous attendons qu'il livre à la commission d'enquête un discours de vérité.
00:37M. Bayrou sera entendu sous serment et il devra donc à notre commission,
00:42mais aussi à toutes les Françaises et à tous les Français qui en suivent les travaux,
00:46des propos précis, factuels.
00:48Il sera bien sûr libre de ses réponses, mais il devra répondre à nos questions et aux déclarations,
00:54aux déclarations tenues sous serment là encore, d'autres personnes,
00:59je pense au juge Miranda, je pense au gendarme Hontan que nous entendions aujourd'hui,
01:03qui point par point contredisent entièrement la version du Premier ministre.
01:07Que vous a-t-il dit aujourd'hui le juge Miranda justement ? Expliquez-nous, c'est intéressant.
01:11Le juge Miranda aujourd'hui nous a affirmé qu'il avait reçu chez lui,
01:15à sa demande en 1998, François Bayrou, pour qu'il évoque avec lui les accusations de viol contre le père Caricard.
01:26Le père Caricard est l'un des violeurs en série de Bétarame.
01:29Et François Bayrou, lui, de son côté, a toujours nié, a longtemps nié,
01:33avoir eu connaissance de ses agressions sexuelles dès 1998.
01:37Il faut dire que cette année-là, François Bayrou est à la fois député
01:40et président du conseil départemental des Alpes-Maritimes,
01:43qu'il a donc en charge la protection de l'enfance,
01:46et que donc informé de ses agressions sexuelles, de ses faits de viol,
01:49il aurait dû agir pour les faire cesser, et manifestement, il ne l'a pas fait.
01:54Donc le juge Miranda a ce matin, point par point, déconstruit, démonté les affirmations
02:00que le Premier ministre a tenues à la fois devant les députés à l'Assemblée nationale,
02:04mais aussi plus récemment devant les victimes de Bétarame à Pau.
02:07Il s'est toujours défendu d'avoir eu connaissance des faits, et à plusieurs reprises.
02:12Il a évoqué des méthodes autoritaires, mais en aucun cas des violences
02:14comme celles dont il est question aujourd'hui.
02:17Exactement, il a toujours nié avoir eu connaissance, notamment de faits de violences sexuelles.
02:21Or, le juge Miranda nous indique de façon extrêmement précise
02:24qu'en 1998, chez lui, lors d'une conversation de plus de deux heures,
02:28il le renseigne sur l'accusation de viol sur un ancien élève
02:32qui pèse sur le père Caricard, qui a été l'un des chefs de l'établissement Bétarame.
02:37Donc, M. Bayrou, depuis 1998, au moins était informé de ces faits de violences sexuelles.
02:43Il n'a rien fait pour les faire cesser, et pour dissimuler son inaction,
02:47il a choisi de mentir ces dernières semaines à l'Assemblée nationale et aux Français.
02:51Savez-vous si, lors justement de ces échanges qu'il a eus,
02:54il posait des questions pour aller plus loin, ou si simplement il était en quelque sorte récepteur ?
02:59C'est-à-dire qu'il ne faisait qu'écouter une affaire à laquelle il n'allait visiblement pas participer,
03:04en tout cas dans sa publication, dans les jours, les semaines et même les années qui suivaient ?
03:10Alors, le juge Miranda nous dit que c'est François Bayrou qui est à l'initiative de ce rendez-vous
03:14et de cette discussion, et que le souci de François Bayrou, en 1998, concerne son fils.
03:20Son fils est scolarisé dans l'établissement Bétarame,
03:22et François Bayrou cherche auprès du juge Miranda à savoir si son fils a des raisons de craindre
03:27ou d'avoir été agressé par le père Caricard.
03:32Et le juge va le rassurer, je crois, sur ce point.
03:34Ce matin, je demandais au juge si François Bayrou s'était soucié du sort des autres élèves de Bétarame.
03:39Ben oui, c'est une vraie question.
03:41Et c'est une question absolument décisive, parce que je rappelle qu'il était à l'époque en charge de la protection de l'enfance
03:46pour le département des Pyrénées-Atlantiques.
03:49Et le juge nous a indiqué très précisément que les questions de François Bayrou ne portaient que sur le sort de son fils.
03:55Alors ce matin, si j'ai bien compris, vous avez auditionné aussi l'ancien gendarme Alain Hontang.
03:59J'espère que je prononce correctement son nom.
04:01Ce dernier a réaffirmé devant vous qu'un magistrat lui avait bel et bien parlé d'une intervention de François Bayrou
04:07lorsqu'il enquêtait justement sur l'effet de viol visant un religieux de l'établissement en 1998.
04:13Expliquez-nous.
04:14Eh bien, cet ancien gendarme qui était à la section de recherche de Pau
04:20devait, ce jour-là, nous sommes le 26 mai 1998, présenter au juge d'instruction Mirande
04:27le père Caricard à l'issue de sa garde à vue.
04:29Et lorsqu'il se présente au bureau du juge, le juge lui dit qu'il faut reporter l'audience
04:33car le juge vient d'être contacté par le procureur général
04:37qui lui a dit que François Bayrou lui demandait de pouvoir accéder au dossier du père Caricard
04:42juste avant qu'il soit présenté au juge Mirande.
04:45C'est une information qui est extrêmement importante.
04:48D'abord parce qu'elle nous indique que François Bayrou, en 1988, sait qui est le père Caricard,
04:53qui le connaît puisqu'il demande à accéder à son dossier.
04:55Et cette information, elle révèle aussi une intervention de François Bayrou à l'époque député
05:01dans une procédure judiciaire en cours, au mépris du principe de séparation des pouvoirs
05:05et de l'indépendance de la justice.
05:07Et ce matin, le gendarme Ontan, qui, je dois le dire, a des états de service qui sont exceptionnels,
05:12qui est un gendarme très expérimenté, nous a aussi révélé qu'un autre gendarme,
05:17dont il nous a communiqué l'identité, avait été témoin de cette scène
05:22et est en situation d'affirmer lui aussi que le juge, à ce moment-là,
05:27indique que c'est sur demande de François Bayrou que le procureur général intervient auprès de lui.
05:32Alors, un ancien élève de Bétaram qui fut en classe avec l'un des enfants Bayrou
05:35affirme que toute la famille était au courant du scandale.
05:39C'est une évidence pour vous et au moment où nous parlons,
05:42et en l'état de vos connaissances, estimez-vous que le Premier ministre, tout simplement,
05:45nous cache une vérité qu'il a connue et si oui, pourquoi ?
05:48Écoutez, un ancien gendarme, un ancien juge d'instruction, des victimes,
05:54un très grand nombre de journalistes, point par point, de façon très précise,
05:58remettent en cause les versions successives de François Bayrou
06:02et tout indique aujourd'hui que François Bayrou, dès 1996,
06:05a la connaissance de violences physiques à Bétaram,
06:07dès 1998, de violences sexuelles,
06:10que dans ces années 90, où il est successivement ministre de l'Éducation nationale,
06:14puis président du Conseil départemental et député,
06:16il a tous les moyens de dénoncer ces violences,
06:19de les faire cesser, mais qu'il ne fera rien.
06:22Et je veux dire que cette inaction est extrêmement grave,
06:24puisqu'elle conduira, après 1996 et après 1998,
06:28à ce que les violeurs en série de Bétaram prolongent leurs crimes
06:32et ravagent, détruisent la vie de dizaines, de centaines d'enfants et d'adolescents,
06:37avec des plaintes qui sont en ce moment collectées par Alain Esquer,
06:40le porte-parole du collectif des victimes de Bétaram.
06:42Plus de 200 plaintes sont aujourd'hui déposées devant la justice,
06:47et des plaintes pour des faits qui sont parfois récents, dans les années 2010,
06:51et probablement que des plaintes pourraient signaler des faits jusque dans les années 2020.
06:56Bien sûr.
06:57Depuis près d'un mois, vous avez entendu les victimes,
06:59puis les institutions religieuses,
07:02ainsi que les administrations de l'État.
07:05Finalement, qu'avez-vous appris que vous ne saviez pas vous-même ?
07:07Beaucoup de choses.
07:10Nous avons découvert à quel point il y avait une immense désorganisation
07:14en matière de contrôle par les services de l'État,
07:17des établissements scolaires,
07:19en particulier des établissements privés sous contrat,
07:21et ces contrôles manquants, insuffisants, défaillants,
07:24ne permettent pas de détecter ces violences,
07:27ou quand elles sont détectées,
07:28il y a beaucoup de questions qui se posent sur le traitement des signalements,
07:31sur leur remontée.
07:33Des signalements ne remontent pas,
07:34des signalements, quand ils remontent, se perdent parfois.
07:36Il y a beaucoup d'informels,
07:38il y a une dilution des responsabilités.
07:41Donc, nous sommes en train d'identifier ces défaillances
07:43avec la volonté de les corriger,
07:46et de faire à l'issue de nos travaux des propositions
07:48pour refonder, à mon avis, de façon très importante,
07:51ce système de contrôle,
07:53afin d'empêcher d'autres bétarames,
07:55et de protéger tous les enfants,
07:57quel que soit l'établissement scolaire dans lequel ils sont scolarisés,
08:00public, privé sous contrat, privé hors contrat.
08:02Une toute dernière question, s'il vous plaît,
08:04si je peux avoir une réponse brève, je vous en remercie.
08:07Est-ce que vous enquêtez sur d'autres établissements ?
08:11Que retenez-vous de cette expérience particulière ?
08:12Et avez-vous d'autres enquêtes que vous allez mener
08:15avec vos confrères députés sur d'autres établissements ?
08:19Oui, nous allons continuer à nous déplacer.
08:21Ces déplacements sont indispensables
08:23parce qu'ils participent d'un mouvement de libération de la parole.
08:26Et puisque j'ai peu de temps,
08:27je veux inviter toutes les victimes qui nous entendraient ce soir
08:29à prendre la parole, à aller en justice,
08:31à dénoncer leurs agresseurs, à se faire entendre.
08:34Merci beaucoup, Paul Vannier, député France Insoumise du Val-d'Oise,
08:37d'avoir pris la parole sur l'antenne d'RTL.
08:40Nice, vainqueur de notre opération Pièces Jaunes.
08:43Vous le savez, c'est pour ça que nous sommes aujourd'hui
08:45et pendant 24 heures sur place
08:47pour pouvoir faire toutes nos émissions
08:49et avec infiniment de plaisir.
08:50Jusqu'où le tourisme est-il supportable ?
08:52On dénonce de plus en plus souvent le surtourisme.
08:55C'est le cas à Nice ou à Paris.
08:57Plus 20% en un an de touristes américains,
08:59notamment sur la promenade des Anglais.