Paul Vannier, co-rapporteur de la commission d'enquête sur le contrôle par l'Etat des violences dans les établissements scolaires, et député LFI du Val d'Oise, invité d'ici Paris Île-de-France le 3 avril 2025.
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00:008h16, il y a Bétharame, puis chez nous Neuilly-sur-Seine et maintenant Vitry-sur-Seine.
00:05La parole se libère avec des accusations de violences sexuelles dans des établissements scolaires.
00:09On attend vos réactions, vos témoignages au 01 42 30 10 10.
00:13Et pour en parler, nous recevons le co-rapporteur d'une commission d'enquête parlementaire.
00:17Il est aussi député de la France Insoumise du Val d'Oise.
00:20Bonjour Paul Vanier.
00:21Bonjour.
00:22Avec ces premières accusations, est-ce qu'on découvre la partie immergée de l'iceberg ?
00:26Ou autrement dit, est-ce que vous vous attendez à une vague de témoignages
00:29dans d'autres établissements, notamment en Ile-de-France ?
00:31Oui, je crois que la parole est en train de se libérer.
00:33Et ces dernières semaines, ces derniers jours même,
00:36des collectifs de victimes se constituent un peu partout en France
00:39pour dénoncer des faits de violences physiques, psychologiques, sexuelles,
00:43parfois très graves parce qu'ils ont pu durer pendant des décennies,
00:46qui ont ravagé des générations d'enfants, d'adolescents.
00:49Et c'est peut-être le côté positif, le seul côté positif de ces révélations,
00:53de cette affaire Bétharame qui a déclenché une onde de choc dans le pays,
00:56de la création de la commission d'enquête parlementaire,
00:58c'est que les victimes prennent la parole.
01:00Et moi, je veux les encourager ce matin à votre micro,
01:02à le faire, à parler, à aller en justice pour se défendre
01:05parce que ces violences sont inacceptables
01:07et que les agresseurs doivent être identifiés et condamnés.
01:09Et donc, on peut s'attendre à une vague de témoignages dans les prochaines semaines.
01:12En Ile-de-France, est-ce qu'on sait combien d'établissements sont concernés à ce stade ?
01:16Non, et c'est d'ailleurs une information, avec cette commission d'enquête,
01:19nous avons commencé des auditions,
01:21nous avons notamment reçu les plus hauts fonctionnaires de l'éducation nationale
01:24et nous leur avons demandé s'il y avait un recensement au niveau national de ces faits de violences.
01:28Et il n'y en a pas.
01:30Ou alors, il n'y a pas de suivi qui est assuré de chacun de ces faits de violences
01:34quand ils sont remontés.
01:35Et c'est peut-être déjà un des éléments du problème.
01:37Ce qu'on sait, c'est que ces violences sont massives.
01:39Notamment, on a des rapports antérieurs qui ont travaillé sur les violences dans l'église.
01:43Et là, je veux pointer, préciser plus particulièrement
01:46la question des établissements privés sous contrat
01:48où ces rapports ont identifié des centaines de milliers de victimes de violences sexuelles dans l'église
01:54et un tiers d'entre elles seraient intervenues dans les établissements scolaires.
01:57Ce qu'on peut, en tout cas, affirmer, c'est que ce sont des violences de masse.
02:00Des générations d'enfants, d'adolescents ont été victimes de violences physiques et sexuelles.
02:05C'est un problème de société qui touche un très grand nombre de personnes dans notre pays.
02:09Et alors, combien de plaintes, notamment à Bétarame ?
02:11Eh bien, à Bétarame, le nombre de plaintes est en train d'augmenter.
02:14Alain Esquerre, qui est le porte-parole du collectif de victimes,
02:17fait un travail considérable de recensement, de recueil de la parole et des plaintes.
02:22On est là à 200 plaintes déjà déposées.
02:25Il faut bien comprendre que cette affaire Bétarame,
02:27c'est probablement la plus grave affaire pédocriminelle qu'ait connu notre pays.
02:31C'est aussi une affaire, un scandale d'État,
02:33dès lors que François Bayrou, le Premier ministre,
02:35qui, à l'époque de ses premières violences, était ministre de l'Éducation nationale,
02:40président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques,
02:42en charge de la protection de l'enfance,
02:44n'a rien fait, n'a rien fait pour faire cesser les violences.
02:47Nous allons l'entendre, nous allons le convoquer devant la commission d'enquête
02:49et je veux dire qu'il s'exprimera sous serment
02:51et qu'il devra ce jour-là un discours de vérité à l'ensemble des parlementaires
02:55et plus largement aux Françaises et aux Français qui, je crois,
02:57attendent beaucoup de cette audition.
02:58Il n'y a pas eu de contrôle pendant des décennies.
03:00Est-ce que l'État a échoué ?
03:02Je crois qu'il y a une défaillance majeure du côté de l'État,
03:05de sa responsabilité qui est celle de protéger tous les enfants.
03:08En effet, il n'y a pas eu de contrôle.
03:10À Bétarame, aucun contrôle pendant 30 ans.
03:13Et là, nous constatons que dans des académies,
03:16l'Académie de Nantes, par exemple,
03:17où la présence de l'enseignement privé sous contrat est très importante,
03:20c'est la moitié des établissements.
03:21Un contrôle ces six dernières années sur 1139 établissements.
03:26Donc, très clairement, quantitativement, nous ne sommes pas au rendez-vous.
03:29Et puis, il y a aussi des questions sur la qualité de ces contrôles
03:32parce que souvent, en tout cas jusqu'ici,
03:33ils laissaient de côté, par exemple, la question des internats.
03:36Et ce sont dans les internats que les élèves sont les plus exposés
03:39aux potentiels agresseurs, notamment aux agresseurs sexuels.
03:41Eh bien, justement, ici, Paris, Île-de-France,
03:42révèle ce matin de nouvelles accusations,
03:44cette fois à Vitry-sur-Seine, Jean-Marie Poulain,
03:46ancien élève témoigné à 7h30.
03:48On écoute un extrait.
03:49J'ai vu dans certaines occasions des mômes qui étaient amochés,
03:53qui se prenaient des coups de pied, un pion.
03:57Ils laissaient entrer des petits-enfants choisis dans le boxe.
04:00Malheureusement, ça ne se passait pas seulement dans des écoles catholiques.
04:05C'est beaucoup plus fréquent qu'on veut l'accepter.
04:08Paul Vannier, l'école publique est donc aussi touchée ?
04:10Oui, bien sûr. Le périmètre de notre commission d'enquête, il est complet.
04:13Nous nous intéressons aux établissements publics,
04:15aux établissements privés sous contrat, aux établissements privés hors contrat.
04:19Et dans le public aussi, il peut y avoir des faits de violence,
04:21comme celui qui est décrit.
04:22Je veux dire que les internats sont en effet des lieux
04:25pour lesquels il faut une vigilance particulière,
04:28sans doute renforcer l'attention des inspecteurs
04:30quand ils se rendent dans les établissements.
04:32Et ces internats, ils sont aussi en proportion,
04:35la proportion d'interns est deux fois plus grande
04:37dans les établissements privés.
04:38C'est aussi peut-être pour ça que s'y concentrent aujourd'hui les victimes,
04:42que les collectifs de victimes qui se forment sont les plus nombreux
04:45dans des établissements privés sous contrat.
04:46Pour l'heure, nous n'avons identifié des établissements
04:49dans lesquels les violences sont systémiques,
04:50c'est-à-dire perpétrées par une série d'encadrants
04:52pendant plusieurs années,
04:54uniquement dans des établissements privés sous contrat.
04:56Dans les établissements publics,
04:58il peut y avoir aussi bien sûr des phénomènes de violence,
05:00mais qui renvoient davantage à l'action d'individus plus ou moins isolés,
05:05même si là se pose la question de la détection de ces violences.
05:08Et parfois, pendant des années,
05:09ces agresseurs peuvent continuer à perpétrer leurs crimes.
05:12En un mot, les conclusions seront fin juin de la commission ?
05:15Fin juin, rendu de notre rapport.
05:16Et puis déjà, nous sommes utiles parce que dans nos auditions,
05:18nous faisons changer une série de choses.
05:20Et donc, j'invite chacun et chacune à suivre nos travaux.
05:22Ils sont tous publics et transparents
05:24et diffusés sur le site de l'Assemblée nationale.
05:26L'appel est lancé.
05:27Merci beaucoup Paul Vannier d'avoir été notre invité,
05:29député LFI du Val-d'Oise
05:30et co-rapporteur de la commission d'enquête parlementaire.
05:32Bonne journée.