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Jeudi 3 avril 2025, retrouvez Pascal Teurquetil (Président, Tepajya) et Gilles Attaf (Président, Origine France Garantie) dans SOMMET DES ENTREPRISES & CROISSANCE, une émission présentée par Mathieu Meffre.

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Transcription
00:00Nous avons parlé réindustrialisation de la France, on va rentrer dans le sujet du Made in France directement.
00:11Merci, vous êtes toujours sur Bsmart à la 12ème édition du Sommet Entreprise et Croissance.
00:16Gilles à ta ferme à gauche, bonjour Gilles.
00:18Bonjour.
00:19Vous êtes président de la certification Origin France, c'est ça ?
00:22La certification Origin France garantie.
00:24En fait Origin France garantie, c'est le Made in France garantie.
00:27Vous venez donner une meilleure lisibilité sur est-ce qu'on est vraiment en Made in France ou pas ?
00:31On donne une vraie traçabilité puisqu'on fait faire des audits par des organismes indépendants qu'on mandate pour vérifier que le produit est bien fabriqué en France.
00:37Avec deux critères qui sont fondamentaux.
00:39Toutes les caractéristiques essentielles du produit doivent avoir été prises sur le territoire français.
00:43Il y a toujours une finalisation d'assemblage en France.
00:46Il faut que toute la fabrication soit française, pas seulement une opération substantielle.
00:49Ce que dit le Code des douanes, le Made in France est régi par le Code des douanes européen qui dit qu'une opération substantielle peut suffire à être Made in France.
00:58Et c'est déclaratif, nous ce n'est pas déclaratif.
01:00C'est une certification donc audite faite par des organismes indépendants.
01:03Veritas ou Lafnor qui sont les deux plus gros qui font l'audit de la gamme de produits.
01:08Parce que nous on certifie des gammes de produits et pas des sociétés.
01:11Ce qui nous intéresse c'est vraiment le produit.
01:13Parce qu'on peut être certifié sur certaines gammes mais pas d'autres ?
01:15Absolument, je prends l'exemple toujours qui parle à tout le monde.
01:17On a certifié la Toyota Yaris Cross fabriquée à Valenciennes.
01:20Ce n'est pas Toyota, c'est la Yaris Cross qui sort des usines de Valenciennes et qui emploie 5500 ouvriers.
01:25C'est ça qui m'intéresse.
01:26Plus de transparence dans le Made in France.
01:28Merci Gilles.
01:29On revient sur le sujet dans un instant à ma droite.
01:31Pascal Turcutile.
01:32Bonjour Pascal.
01:33Bonjour, ravi d'être là aujourd'hui.
01:34Merci infiniment.
01:35Vous êtes un habitué de nos plateaux.
01:36Vous êtes un entrepreneur qui avait cédé à un groupe familial.
01:42Et aujourd'hui qui est à la manœuvre pour investir aux côtés d'entrepreneurs et créer des champions.
01:47Qu'ils soient français, vers l'international également.
01:50Si on devait résumer votre stratégie d'investissement aujourd'hui, c'est quoi ?
01:53Déjà je suis ravi d'être avec Gilles aujourd'hui.
01:55Parce qu'on se connaît depuis de longues années.
01:57Et le groupe que je présidais qui était une ETI familiale, qui s'appelait le groupe Muller, qui est devenu Intuis.
02:02A été un des premiers à recevoir l'origine France garantie.
02:07Donc moi je suis très sensible à tout cela, à l'industrie française, à l'innovation, à la créativité.
02:12Donc je suis ravi de voir Gilles aujourd'hui.
02:14En effet, j'ai vendu mon groupe familial et puis j'ai fondé un family office qui s'appelle Tepagia Holding.
02:25Et je me suis aussi associé avec certains fonds d'investissement français et internationaux qui investissent dans des PME de croissance.
02:34Donc je suis à la gouvernance de ces fonds également.
02:37Et l'idée est de pouvoir renforcer ces entreprises, ces PME qui sont souvent à la recherche de financement pour leur développement.
02:45Soit d'acquisition, soit de la croissance à l'international.
02:49Ils veulent s'associer avec des acteurs fiables dans le long terme.
02:53Et donc via mon family office et ces fonds, on investit et on accompagne ces PME en France mais aussi à l'international.
03:00Donc il y a trois fonds.
03:01Le premier s'appelle Capellia.
03:03Le deuxième s'appelle Liberset.
03:05Le troisième AIA, All Interest Alliance.
03:07Toutes les valeurs alignées.
03:10Et l'idée est aussi de reprendre ces PME quand elles n'ont pas de successeurs.
03:14Donc c'est de raconter une belle histoire avec des pépites extraordinaires et qu'il faut développer avec leur créativité, leur innovation.
03:23Et puis tenter de croître et de créer de l'emploi également.
03:27Donc on est sur un sujet familier.
03:30Vous le disiez, votre entreprise a fait partie des premières certifiées par Gilles.
03:37C'était il y a combien de temps ?
03:40Ça fait presque 15 ans.
03:42La certification va avoir 15 ans puisque l'association va fêter ses 15 ans.
03:46Et effectivement, Pascal avec le groupe Muller a été un des premiers certifiés.
03:49Je crois qu'il me semble, tu m'arrêtes si je dis une bêtise, mais c'était l'un des 20 premiers certifiés je crois.
03:54Donc c'est vraiment une société familiale qui a porté la certification d'Origine France Garantie,
03:59qui a été créée par Yves Gégault, à qui je veux rendre hommage aussi,
04:02puisque c'est mon prédécesseur, qui est le fondateur d'Origine France Garantie,
04:05qui a fondé sur une mission de Nicolas Sarkozy à l'époque, sur la marque France, la certification.
04:10Cette association, puisqu'on est une association, parce qu'on est obligé de passer par une association,
04:14puisqu'on ne peut pas être un label d'Etat,
04:16puisqu'on ne le sait pas, mais l'Union Européenne interdit aux Etats membres de promouvoir leur production nationale.
04:21Donc on est obligé de passer par une association.
04:23Et effectivement, ça a été pour nous une des marques un peu emblématiques de la certification, qui a porté le sujet.
04:28Les groupes familiaux, Gilles, c'est un leitmotiv dans le développement de l'association.
04:33C'est par essence, les groupes familiaux sont plus ancrés dans le local,
04:38donc vont plus être demandeurs d'une telle certification,
04:42où finalement, les groupes non familiaux, c'est assez équilibré également.
04:46Alors nous déjà, on a 50% de B2B, 50% de B2C au sein de l'association.
04:49Mais c'est vrai que les groupes familiaux, pour nous, c'est hyper important.
04:52Alors c'est hyper important pour une France garantie, mais surtout hyper important pour nos territoires et pour la France.
04:56Un groupe familial, c'est un groupe stable qui peut prendre des décisions rapides, qui est plus agile.
05:01Et je pense que le retard que l'on a aujourd'hui en France sur les ETI, il est lié à notre manque d'entreprise familiale.
05:07Hélas, quand je vois les exemples de nos confrères italiens ou en Allemagne, c'est vrai que c'est un vrai sujet.
05:14Les groupes familiaux, on en manque, je trouve, cruellement.
05:17Et nous, on aimerait bien en certifier beaucoup plus.
05:20Alors le message passe, je crois, mais on va continuer.
05:22On en est où sur le Made in France ? On entend beaucoup parler, c'est un sujet de ce gouvernement-là aussi, la réindustrialisation française.
05:30Est-ce que c'est au regard peut-être de l'actualité macro-économique, géopolitique ?
05:36Est-ce que c'est plus compliqué en 2025 ? Est-ce que ça a tendance, encore une fois, à se développer dans le cœur des dirigeants,
05:43puisque leurs consommateurs le demandent peut-être ?
05:45Est-ce que c'est compliqué ? Est-ce que c'est compliqué de faire du Made in France ? J'ai la taf.
05:49Alors, moi, je pense que ce n'est pas compliqué du tout, mais que c'est surtout un choix de société.
05:53Donc, il faut vraiment prendre en compte que, ce n'est pas moi qui le dis, mais c'est Louis Gallois qui est un de mes mentors,
05:58ça doit être une cause nationale de produire.
06:00On doit sortir de la société de consommation pour une société de production.
06:03Revenir à cette société de production.
06:05On était une société industrielle et c'est absolument fondamental aujourd'hui pour notre pays.
06:09On est descendu très loin, on est à moins de 9% du PIB sur les produits manufacturés,
06:13versus, je crois, 16% de moyenne au sein de l'Union européenne.
06:17Donc, on a beaucoup de retard et c'est ce qui a délité notre lien territorial et le lien social.
06:21Dans l'industrie, et Pascal le sait vraiment bien, c'est le meilleur endroit où l'ascenseur social fonctionne,
06:27parce qu'on peut se former en industrie, on peut rester dans sa région, dans son territoire et ça, c'est absolument fondamental.
06:33Donc, il y a une prise de conscience.
06:34C'est vrai que là, le manque de souveraineté économique de la France nous est sauté aux yeux avec la guerre en Ukraine.
06:40On avait déjà une belle alerte avec le Covid, ça a été quand même terrible.
06:45Et c'est vrai qu'il y a une demande aussi des consommateurs de traçabilité.
06:48On a envie de consommer moins mais mieux des produits de qualité et de savoir d'où ils viennent.
06:51Il y a un vrai sujet aussi de traçabilité.
06:53On a une idée du pourcentage aujourd'hui d'achats, à l'échelle de toute une économie, c'est compliqué,
07:00peut-être sur certains segments, de ce que le Made in France représente dans l'économie française.
07:04Pas beaucoup, hélas, parce qu'on a désindustrialisé la France.
07:07Je vous rappelle qu'on nous a vendu pendant 40 ans, 50 ans que la France serait un pays de tertiaires,
07:12que l'atelier du monde serait en Chine.
07:14Je prends l'exemple du textile.
07:16Moi, je suis issu du textile.
07:17Aujourd'hui, c'est seulement 3% des achats dans le textile qui sont fabriqués en France.
07:22Donc, c'est catastrophique.
07:23Il faut reprendre toutes ces filières, il faut redonner cette dynamique à nos territoires
07:27et restructurer des filières qui en ont vraiment bien besoin.
07:30Et puis, il faut aussi, je pense, que chacun prenne ses responsabilités.
07:34Moi, je suis un fervent défenseur.
07:36Le consommateur, mais aussi l'État.
07:38Aujourd'hui, le consommateur est plus vertueux que l'État.
07:41A peu près 50% des produits vendus en France, tous confondus, sont français.
07:46Pour la commande publique, on n'a pas des chiffres exacts, mais on sait qu'on est à peu près à 20 à 30%.
07:53C'est un vrai levier, la commande publique, qui peut donner de la dimension sur le temps long,
07:57sur les volumes de production.
07:59Il faut aussi donner des bons signaux.
08:01Je pense que le sujet de la commande publique peut être un sujet absolument intéressant.
08:05La commande publique est sur le devant de la scène sur le sujet de la défense en ce moment.
08:08Absolument.
08:09Je crois.
08:10Pascal, côté entrepreneur et connaisseur du sujet de Gilles,
08:14quel conseil tu donnes à ceux qui ne savent pas par où prendre le sujet ?
08:18Celui qui fait de l'achat-revente ou qui aujourd'hui se source essentiellement dans des pays très éloignés,
08:24qui ne pourraient pas aujourd'hui avoir cette certification.
08:27On commence par quoi, les amis, pour faire du vrai made in France dans le sens où vous l'entendez ?
08:32On commence par quoi alors même que c'est un sujet qu'on n'a pas encore traité ?
08:36Déjà, on peut commencer par l'existant.
08:39C'est-à-dire que même si on est descendu à 9% du PIB en France,
08:43on parle de faire revenir les activités qui ont disparu en France
08:47et de les faire revenir sur le territoire français.
08:49Il y a aussi beaucoup d'entreprises qui sont des pépites et qu'il faut accompagner énormément.
08:54Les accompagner, ça peut être évidemment par du financement, financement public, financement privé,
09:00mais aussi par un accompagnement de la commande publique.
09:04Je rejoins ce que dit Gilles, c'est-à-dire que pour l'instant, il y a des intentions positives,
09:08mais dans les faits, on ne voit pas tellement, contrairement à d'autres pays.
09:11C'est-à-dire qu'on va demander de dépenser.
09:13Oui, mais c'est courte vue.
09:16C'est-à-dire que plus la force publique va acheter des équipements, des produits, des services français,
09:22plus on va créer de l'emploi, évidemment.
09:24Plus on va sécuriser notre activité, on va pérenniser des emplois stables dans la durée.
09:30Donc, ça crée un cercle vertueux.
09:32Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
09:34Le conseil également, je pense qu'une chose qui est très importante, c'est l'innovation.
09:38Pour l'instant, en France, on a encore le crédit impôt recherche, en tout cas pour l'industrie.
09:42J'espère, une petite prière, j'espère que ça sera gravé dans le marbre,
09:46ça permet quand même de financer des programmes d'innovation,
09:50de recherche et développement pour beaucoup d'entrepreneurs industriels,
09:54parce qu'on parle de temps long.
09:56Le temps long est très important.
09:57On parle des groupes familiaux.
09:58Les groupes familiaux, généralement, investissent avec une durée très importante
10:02et permettent de finalement se donner un cap de long terme qui permet de rassurer également.
10:08La question de l'attractivité également de l'industrie.
10:10L'attractivité, c'est, est-ce que vous êtes parent, vous avez envie que vos enfants travaillent dans l'industrie ?
10:15Il y a une question de pédagogie, d'éducation.
10:18Parmi les postes que j'occupe encore aujourd'hui,
10:20je suis vice-président de la CCI Paris-Ile-de-France en charge du pôle éducatif.
10:24On a 15 écoles, des écoles de management, de commerce, des écoles d'ingénierie.
10:29Aujourd'hui, on essaie de pousser évidemment la relance de l'industrie en France
10:32pour qu'on redore le blason, ce n'est plus Zola.
10:35Vous voulez dire qu'à l'ESCP, il y a une chère industrie ?
10:37Bien sûr.
10:38Il y en a une ?
10:39Et puis, de toute façon, il n'y a pas qu'une chère industrie.
10:41Il y a une chère également dans plusieurs écoles sur l'efficacité environnementale, l'écologie, la transition énergétique, l'IA.
10:50On a plein de champions de toute taille en France, des TPE, des PME, des ETI.
10:55Il faut favoriser cet écosystème-là.
10:57Donc, le premier message à passer, c'est qu'il faut investir dans des solutions qui vont être difficilement copiables,
11:03qui vont être brevetées, qui vont être accompagnées par l'État.
11:06Et puis, il faut exporter.
11:08C'est-à-dire que si on est bon en France, et c'est le cas,
11:11sans arrêt, je dis qu'on a des filières d'excellence en France.
11:16Il faut le faire savoir.
11:17Et souvent, les entrepreneurs qui ne sont pas internationaux hésitent.
11:21Problème de linguistique, problème de connaissance du marché à l'international.
11:24Donc, en s'associant également avec des structures d'investissement,
11:28les miennes par exemple ou celles avec lesquelles je suis associé,
11:31on peut accélérer le développement positif, stable dans des pays à l'étranger
11:37et donc développer son industrie française avec des produits qui sont vendus à l'étranger,
11:41avec de la valeur ajoutée.
11:43Ça, c'est possible.
11:44Donc, il faut s'engager, comme le fait Gilles, évidemment, également.
11:48Le mot de la fin, Gilles, est pour vous.
11:50Qu'est-ce que vous souhaitez au Made in France pour 2025 ?
11:53Alors, je souhaite déjà qu'on réflèche de l'épargne des Français vers l'économie réelle,
11:59donc vers les entreprises et les territoires, parce qu'il y a un vrai sujet de financement.
12:02Et Pascal œuvre beaucoup sur ce sujet.
12:05Oui, mais en cofinancement.
12:06Donc, ça ne suffit pas.
12:08Et je sais que Pascal œuvre sur ces sujets de financement, mais c'est absolument fondamental.
12:13Nos entreprises ont besoin de fonds.
12:14Moi, j'ai un exemple très récent.
12:17Moi, j'accompagne un groupe industriel qui s'appelle l'ACI Group,
12:20qui est dans l'aéronautique, la défense, le nucléaire aujourd'hui,
12:23qui a été obligé de prendre un fonds américain après avoir vu plus de 40 fonds en France qui n'ont pas suivi.
12:28Donc, il y a un vrai sujet de réfléchir aussi vraiment vers les entreprises françaises
12:32qui veulent vraiment investir dans les territoires.
12:35Donc, le sujet est important de l'épargne, de réfléchir de l'épargne.
12:39Et l'innovation, il a raison, Pascal, est montée en gamme,
12:41mais aussi garder la structure sur les entreprises à savoir-faire, comme l'était Intwiss.
12:47Et vous voyez, les grands esprits se rendent compte.
12:49Philippe Rivière sera notre prochain invité sur ce plateau en quelques minutes,
12:52qui est donc le président de l'ACI Group.
12:54Je vous remercie infiniment tous les deux pour votre présence.
12:56Merci à vous, évidemment, de regarder BESMART
13:00et évidemment de regarder cette émission dédiée au Sommet Entreprises et Croissance.
13:03On se retrouve dans un instant avec deux lauréats
13:06qui vont recevoir leur prix dans quelques instants pendant la cérémonie.
13:10J'ai déjà un petit peu donné l'un d'eux, si vous l'avez bien écouté.
13:14Il y en aura également un autre.
13:15A tout de suite sur BESMART.
13:16Merci beaucoup.

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