Mardi 1 avril 2025, retrouvez Baptiste Piclet (Directeur général, Euros) dans SOMMET DES ENTREPRISES & CROISSANCE, une émission présentée par Mathieu Meffre.
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00:00On poursuit cette douzième édition du Sommet Entreprises et croissance avec un zoom sur
00:11une entreprise pas comme les autres, une entreprise familiale dans le sud de la France, dans la
00:15medtech, bref un vrai destin d'entreprise, de famille, on en parle avec Baptiste Piclet.
00:22Bonjour Baptiste.
00:23Et bonjour, merci pour l'invitation, c'est un réel plaisir d'être ici avec vous pour
00:28parler d'Eros et de la santé, de la medtech.
00:30Merci beaucoup.
00:31Donc Baptiste Piclet, directeur général d'Eros, en préparant cette émission on se
00:36disait, Eros finalement c'est un destin qui combine le destin de trois générations.
00:42Oui c'est vrai que je suis tombé dedans, dans la marmite quand j'étais petit, l'histoire
00:47est assez rigolote mais mon grand-père était chirurgien et il a un peu poussé mon beau-père,
00:52mon beau-fils à se lancer dans l'industrie parce qu'il ne souhaitait pas que son gendre
00:56soit un prof de sport et du coup mon père étant plutôt sympathique et challenging,
01:02il a décidé de se lancer dans l'industrie et créer Eros en 89, donc depuis tout petit
01:07je vais au bloc opératoire, donc je crois que je suis né dans le bloc à l'âge de
01:113 ans ou 5 ans et du coup j'ai pu profiter de ce que mon père a créé pendant 25 ans
01:18en faisant des études d'ingénieur, j'ai fait un stage et puis je suis tombé dans
01:22l'industrie par pure opportunité.
01:25Donc on est à la Ciota, plutôt sympa, combien de salariés travaillent dans l'entreprise ?
01:29On est 80 personnes aujourd'hui.
01:3180, et donc on parlait de medtech et de prothèses, donc vous votre job, vous êtes assembleur
01:36finalement ou vous êtes concepteur de prothèses qui vont dans le corps d'enfants et d'adultes ?
01:41Effectivement, alors nous en fait on intègre toute la chaîne de valeur, c'est-à-dire
01:45qu'on a de la R&D forte, on a eu quelques agréments assez récemment sur des innovations
01:50dans la chirurgie du rachis, donc notre spécialité en termes de développement c'est vraiment
01:55la chirurgie de la hanche, du genou et de la colonne vertébrale, et dans la colonne
01:58vertébrale on est vraiment hyper spécialisé dans le rachis, donc ces développements on
02:02les fait en partenariat avec des chirurgiens français mais aussi internationaux, donc
02:05c'est des projets qui peuvent durer 6 mois voire 2 ans, 5 ans peut-être, mais c'est
02:10des projets qu'on va cadencer.
02:11Un autre gros volet de notre savoir-faire c'est vraiment l'industrie, alors non on
02:15n'est pas qu'assembleur, on fait de l'usinage, donc de l'usinage lourd, parce qu'on a des
02:19grosses machines à l'Aciota, donc oui ça existe l'industrie à l'Aciota, donc on
02:24fabrique 98% de nos produits sur le site de l'Aciota, on a une production avec de l'usinage,
02:32de la salle blanche, on a du polissage manuel, voilà.
02:35Donc tu parles aujourd'hui sur un thème qui est réindustrialisation et made in France,
02:39j'ai posé la question tout à l'heure au CEO de Dantec, c'est dû au… est-ce qu'en
02:432025, toi ça fait 13 ans que t'es dans la boîte, par rapport à il y a 13 ans ce que
02:46tu as vu de la génération aussi de ton papa, est-ce que c'est de plus en plus dur d'être
02:50industriel en France ou au contraire, ça commence à payer ces efforts un peu du gouvernement,
02:55de tous ceux qui essayent de réinventer l'industrie française ?
02:58En fait je crois que le marché évolue avec les gens, donc oui c'est un marché qui est
03:05compliqué, certes qui se tend, maintenant je pense qu'à chaque étape de la vie d'une
03:09société, il y a des difficultés qui sont liées à la taille, aux enjeux, aujourd'hui
03:14on a des soucis dans le recrutement, c'est sûr que la compétence technique je dirais,
03:19pas vraiment ingénieur, pas vraiment qualité, pas vraiment tous les autres métiers qui
03:22façonnent un peu notre société, nous on a 55% de cadres et 45% de non-cadres, c'est
03:27compliqué de recruter du non-cadre, encore plus dans l'industrie.
03:30Là t'as des postes ouverts là ?
03:31J'ai des postes ouverts oui, j'ai des postes ouverts en usinage, en polissage, voilà donc
03:35on…
03:36Vous avez entendu Baptiste, si vous voulez aller bosser à la Ciota, dans une boîte
03:39familiale qui est en pleine croissance, et on va en parler dans un instant, il y a des
03:44jobs chez Eros.
03:47Et après je pense qu'on a beaucoup aidé avec le Covid, nous la particularité c'est
03:52qu'on vend des produits qui sont dits non-urgents, donc pendant le Covid, toutes les chirurgies
03:59qui utilisaient notre matériel ont été décalées, donc on a eu un impact non négligeable,
04:03on a été énormément aidé par l'État et par nos partenaires banquiers, et ça c'est
04:09super.
04:10Aujourd'hui on a une croissance qui est extrêmement importante, et on pourra en parler, on est
04:14en train…
04:15Donc de l'ordre de là, sur les 2-3 dernières années post-Covid ?
04:17On a fait x2, donc on a fait 5% de croissance en 3 ans, effectivement, et on a une perte
04:23existe de croissance, aujourd'hui on clôture le premier trimestre à 40% de croissance
04:27par rapport à N-1, donc le modèle il marche, les produits plaisent, et je pense qu'on
04:34se débrouille pas trop mal dans une industrie qui est extrêmement compétitive avec des
04:37majors.
04:38Maintenant c'est vrai qu'on a un peu le syndrome de la PME qui veut passer à l'ETI,
04:44et on est…
04:45Tout en restant 100% indépendant au capital ?
04:47Tout en restant 100% familial, parce que je crois qu'aujourd'hui on a la chance
04:51d'être une boîte de 36 ans avec un modèle de start-up, donc on a le dynamisme d'une
04:56start-up, mais l'expérience d'une boîte de 36 ans, surtout dans cette industrie, et
05:00je pense que l'expérience a montré que financiariser le marché a souvent un impact
05:06non négligeable sur nos clients, et donc sur les patients, et donc aujourd'hui nous
05:10notre lettre motive, et ce qu'il fait notre ADN, c'est qu'on souhaite être un partenaire
05:15sur du long terme pour nos clients, et pour ça on se met effectivement à un point d'honneur
05:20à être carré sur notre financement, et voilà.
05:24Bravo en tout cas, donc 100% de croissance, 36 ans d'existence, toi ça fait 13 ans,
05:29et tu es DG depuis ?
05:304 ans.
05:314 ans, et c'était peut-être ma dernière question, avant qu'on nous dise en backstage
05:34qu'on a plus de temps, donc il y a ce sujet de transmission, donc le papa qui donne les
05:40rênes, le sceptre de pouvoir au fils, j'imagine que c'est un moment forcément, pas forcément
05:46complexe, difficile, mais c'est un moment intense par rapport à celui qui a créé,
05:50qui transmet au fils, il y a une fierté certainement, mais il y a aussi des enjeux, toi, qu'est-ce
05:54que tu dirais à tous ceux qui sont dans ta situation, et qui vont peut-être être amenés
05:59à prendre le relais d'un père, d'une mère, et qui vont se retrouver dans des choses,
06:04peut-être des écueils que tu as connus, ou des choses positives que tu as connues,
06:07qu'est-ce que tu as à leur dire à ces gens ?
06:08C'est une question difficile, j'ai eu 8 ans de superposition avec mon père, et je continue
06:15à l'appeler quasi, je ne dirais pas tous les jours, mais quasi, pour le tenir au courant
06:19de l'évolution de la structure, parce que pour lui c'est une réalisation, ça n'a pas
06:22été un long fleuve tranquille, ça c'est indéniable, et pour lui, nous transmettre
06:27la confiance, ça ne s'est pas fait du jour au lendemain.
06:32Donner un conseil, c'est compliqué, parce que c'est un peu comme de l'éducation, au
06:37final, chacun fait comme il veut, moi j'ai un caractère de fonceur, donc pour les gens
06:43qui me ressemblent, je dirais, prenez votre mal en patience, et lâchez rien, parce que
06:48c'est une chose incroyable de récupérer une société familiale, et on pourra avoir
06:51plein de zéros sur le compte en banque, je ne sais pas si ça procurerait le plaisir
06:55que procure de récupérer une histoire familiale, et de l'amener peut-être à la génération
06:59d'après, qui sait ?
07:00Merci en tout cas Baptiste pour ces conseils, pour tous ceux qui, comme toi, pourront être
07:04amenés, je l'espère, en France on a un problème sur les successions, sur les transmissions
07:08d'entreprises familiales, il faut en parler, donc prenez votre mal en patience, si ce n'est
07:12pas cette année, c'est peut-être l'année prochaine, et en tout cas, il faut préserver
07:15nos champions familiaux.
07:16Merci, bravo Eros, donc Medtech, familiale, dans le sud de la France, indépendante, qui
07:22produit, qui construit chaque jour et conçoit du matériel médical pour les hanches, les
07:28genoux, la colonne vertébrale, c'est absolument dingue de vous avoir rencontré, je ne vous
07:32connaissais pas, merci Baptiste d'être venu.
07:33Merci à vous pour l'invitation.
07:34On se retrouve dans un instant pour la suite de nos interviews, on va parler de construire
07:38la prochaine génération d'entrepreneurs, à tout de suite sur Be Smart For Change.