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00:00Vous écoutez Le Siffleur, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:15Dans la vie, il y a des gens qui ne réfléchissent pas.
00:20Et parfois, ce manque de réflexion est la cause des pires catastrophes.
00:25Cette jolie bourgade des bords de la Loire, par exemple,
00:29ne devrait abriter que des gens paisibles qu'aucun drame n'atteint jamais.
00:34Eh bien, un simple manque de réflexion,
00:37il va la changer dangereusement le destin d'un homme et d'une femme.
00:46Salut, mademoiselle Valéry !
00:48Bonjour, facteur !
00:49Oh, ces roses ! Est-ce qu'elles sont belles ?
00:52Il faut dire que vous les soignez bougrement bien.
00:54Ce parterre-là, c'est la joie de M. Bonneval.
00:56Je veux qu'à son retour, il le trouve encore plus magnifique que les autres années.
00:59Je vous apporte une lettre de lui.
01:01À quoi voyez-vous qu'elle est de lui ?
01:02Au temple de Monaco, par exemple.
01:04Dites donc, il a l'air drôlement de s'y plaire.
01:06Quand est-ce qu'il compte revenir ?
01:08Il n'en parle même pas.
01:09Je pensais que la semaine dernière, il m'écrivait qu'il avait de plus en plus l'idée d'y rester pour toujours.
01:13Qu'est-ce que vous voulez ?
01:14Il est rentier, il n'a pas de famille.
01:16Moi, à sa place, je n'hésiterai pas.
01:18Naturellement, vous iriez là-bas tenir sa maison.
01:20Vous savez, une vieille fille de 50 ans à côté d'un homme de 70, ça n'amène pas beaucoup de gaieté.
01:26Il profiterait de l'occasion pour me remplacer par une jeunesse que ça ne m'étonnerait pas.
01:29Oh, dites pas ça. Il ne peut pas se penser de vous.
01:32Après tout, on verra bien.
01:33Allez, au revoir, M. Valéry.
01:35Adieu, facteur.
01:36Bonjour, Valéry.
01:37Bonjour, Mademoiselle Courson.
01:39Quel beau temps.
01:40Superbe.
01:41Vous venez recevoir encore une lettre de M. Bonneval ?
01:43Je me demande ce que ça peut bien vous faire.
01:45On aime avoir des nouvelles de ses voisins.
01:47Ça va très bien. Vous êtes contente ?
01:49Oh, mais dites donc, vous n'êtes pas aimable ce matin.
01:51Je suis comme je suis.
01:52C'est bon, je ne vous parlerai plus.
01:55Vieille chouette.
01:56Tout le temps à regarder de sa fenêtre ce qui se passe chez les autres.
02:00Bonjour, Tante.
02:01Oh, Bernard, mon chéri. Je ne t'attendais que ce soir.
02:04J'ai couché à Paris et j'ai pris un train de bonheur.
02:06Tu n'as pas déjeuné ?
02:07Non.
02:08Entre vite.
02:10Installe-toi dans la cuisine. J'ai du café chaud.
02:15Tiens, voilà du beurre et le pain.
02:17Mets-toi de bonnes tartines.
02:19Tu as fait bon voyage ?
02:20Oui.
02:21Comment as-tu trouvé Monaco ?
02:23Très joli.
02:26Tu ne te fais pas de tartines ?
02:27Non, je n'ai pas faim.
02:29Qu'est-ce que tu veux ?
02:30Ça...
02:31Ça me fait quelque chose de me rendre malade.
02:33Je ne suis pas malade.
02:35Je ne suis pas malade.
02:37Ça me fait quelque chose de me retrouver ici.
02:39Fous pas.
02:41Mes lettres sont arrivées régulièrement ?
02:43Oui.
02:44Les gens en ont remarqué ?
02:45Oui.
02:46Bavard comme helfacteur.
02:48Tante.
02:49Quoi ?
02:50Quand...
02:52Quand as-tu fait ça ?
02:55Deux jours après ton départ.
02:57Et...
02:58Où l'as-tu mis ?
03:00Ne t'occupe pas. Moi, tu en sauras mieux, ça vaudra.
03:02Quoi dis-donc ? Je suis ton complice. J'ai le droit de savoir.
03:04Et après, ça te ferait une belle jambe.
03:06C'était un brave homme.
03:08Quand je pense qu'il avait accepté que moi aussi, j'habite ici.
03:12Ça, quand il m'a engagé, j'ai posé mes conditions.
03:15Je t'ai pris orphelin tout petit. Je t'ai élevé.
03:18Je voulais te garder avec moi, sinon il aurait été chercher une autre gouvernante.
03:21Comme tu le redoyais, pauvre type.
03:24Mais toi, tu n'es pas un pauvre type.
03:26Moi ?
03:27Regarde-toi dans la glace.
03:29Beau gosse, mais la lèvre molle et l'œil terne.
03:32Incapable de vouloir quelque chose.
03:33C'est pas vrai.
03:34Et je te prouverai le contraire.
03:35Des colères.
03:37Mais de la volonté, de la vraie, zéro.
03:40Tu as 25 ans.
03:42Jusqu'ici, pourquoi as-tu mangé ?
03:44Parce que j'étais là.
03:47Mais je ne vivrai pas toujours, mon petit.
03:49J'ai voulu t'assurer ton avenir.
03:52Probablement parce que je n'ai pas eu d'enfant.
03:54Je t'aime plus qu'une mère.
03:57Pour ton bonheur, j'étais capable de tout. Je l'ai prouvé.
04:00Le vieux est dans l'autre monde.
04:02Ce n'est pas lui qui viendra te réclamer son argent.
04:04Désormais, il est à toi.
04:06Mais le corps, où l'as-tu caché ?
04:11Si un jour, la police te pose la question,
04:13tu pourras répondre que tu ne sais pas.
04:33Eh bien, tu dois être reposé.
04:35Tu as dormi toute la matinée et tout l'après-midi.
04:37Quelle heure est-il ?
04:39Six heures. Je rentre le faire les courses.
04:42Figure-toi qu'en passant devant l'hôtel du Cygne,
04:44une jeune dame m'a abordé pour me demander
04:46si tu étais rentré de voyage.
04:48Elle dit t'avoir rencontré sur la côte.
04:50Elle s'appelle Evelyne Castet.
04:53Evelyne ?
04:54Oui.
04:55C'est elle.
04:57C'est elle.
04:59Elle s'appelle Evelyne Castet.
05:01Evelyne ? Ici ?
05:04Tu as connu cette jeune personne à Monaco ?
05:06Oui.
05:07Et tu lui as fait croire que tu étais Gustave Bonneval ?
05:10J'ai fait exactement ce que tu m'as dit.
05:12Puisque mon voyage avait pour but d'afficher la présence
05:15d'un monsieur Gustave Bonneval à Monaco.
05:17Oui, évidemment.
05:19Mais comment a-t-elle pu suivre ta trace jusqu'ici ?
05:22Ça, je ne sais pas.
05:24Tu lui as dit que tu habitais ce pays ?
05:25Je ne suis pas fou.
05:26Alors ?
05:28Alors, elle a peut-être vu le cachet de la poste
05:31sur les lettres que tu m'envoyais.
05:34Qu'est-ce qu'elle te veut ?
05:35Je ne sais pas.
05:37Il y a quelque chose entre vous ?
05:39Oui.
05:40Oui, et j'en suis fou.
05:42Et toi, tu lui plais ?
05:43Je crois, oui.
05:45Je regrette, mon petit, mais l'heure n'est plus à la chansonnette.
05:49Toi qui ne réfléchis jamais,
05:50te rends-tu compte maintenant qu'avec cette fille
05:52tu nous as mis dans le pétrin ?
05:54Oui.
05:56Il faut absolument que nous nous en débarrassions.
05:59Nous... nous en débarrasser ?
06:02Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
06:03Tu vas filer à son hôtel et rompre avec elle.
06:06Raconte-lui ce que tu voudras, ça.
06:08Que tu ne l'as jamais aimée, que tu es mariée, enfin...
06:10Tu trouveras bien.
06:11Quand il s'agit de plaquer une femme,
06:12les hommes ne sont jamais encore d'argument.
06:14Oui, mais enfin...
06:15Allez, allez, allez, va.
06:16Tu as commis avec cette fille une imprudence
06:17qui peut avoir pour nous des conséquences terribles.
06:19À toi de nous tirer de là.
06:20Allez, va, va, mais va donc.
06:21Oui, oui, si, si.
06:27Il n'avait pas l'air très décidé.
06:31Oui, Valéry, tu fais bien.
06:33Suis-le de loin et observe-le.
06:38Il entre dans l'hôtel.
06:41Il en ressort avec Évelyne et il se dirige vers la Loire.
06:46Et là, derrière un taillis,
06:49il y a un homme.
06:51Il se dirige vers la Loire.
06:54Et là, derrière un taillis,
06:57il s'embrasse.
07:00Et les voilà qui se promènent, bras dessus, bras dessous,
07:03les yeux dans les yeux,
07:05comme des amoureux.
07:08Curieuse scène de rupture, en vérité.
07:12Allons, Valéry.
07:13Calme-toi et rentre te coucher.
07:17Toi, tu sais réfléchir
07:19et lui, porte-conseils.
07:22Bernard, ton petit-déjeuner est prêt.
07:24Voilà.
07:26Bien dormi ?
07:27Oui.
07:28Oh, regarde qui vient par ici.
07:31Évelyne.
07:32Évelyne avec sa valise.
07:34Elle quitte le pays, ma parole.
07:36Qu'est-ce qu'elle nous veut ?
07:40Bonjour, Mademoiselle.
07:41Bonjour.
07:42Eh bien, Gustave, tu n'embrasses pas ?
07:46C'est-à-dire ?
07:47Ah, cette gêne devant ta tante.
07:49Oui, je comprends, excuse-moi.
07:52Mademoiselle, hier soir, Gustave m'a beaucoup parlé de vous
07:55et j'ai eu envie de vous mieux connaître.
07:57Asseyez-vous.
07:58Merci.
08:00Gustave, vous avez dit dans quelles circonstances nous nous sommes connus ?
08:03Non.
08:04À Monaco, je m'amusais à regarder tous les jours,
08:06sur le journal, la liste des nouveaux arrivés.
08:09Et un matin, j'ai lu qu'un Gustave Bonneval
08:12était à l'Hôtel Beau Séjour.
08:14J'y suis allée
08:15et je me suis trouvée devant un Gustave Bonneval
08:18qui n'était pas du tout celui que j'espérais.
08:22C'était ce beau jeune homme.
08:25Vous avez raconté ça dans le pays ?
08:27Non.
08:28Mais j'ai pris mes petits renseignements
08:30et je me suis laissée dire qu'en réalité, mon petit Gustave,
08:33tu t'appelles Bernard,
08:35ce qui est un bien plus joli nom.
08:38Bernard Louvier.
08:40Et alors ?
08:41Usurpation d'identité ?
08:43Ça m'a beaucoup amusée.
08:45Gustave Bonneval, figurez-vous,
08:48est mon oncle.
08:50Nous nous sommes perdus de vue depuis des années.
08:53Avez-vous une photo récente de lui ?
08:56Sur ce guéridon ?
08:58Oh, mais oui.
08:59Oh, cher oncle Gustave.
09:02Il ne vous a jamais parlé de moi ?
09:04Il m'a dit que vous étiez morte.
09:06Parce que pendant la guerre, j'ai été portée manquante
09:08dans un bombardement.
09:10En réalité, une heure avant,
09:11les occupants m'avaient arrêtée pour résistance
09:13et déportée ainsi les y.
09:15Il n'y a pas longtemps que je suis rentrée
09:17et j'ai décidé de retrouver mon oncle.
09:20Il est mon seul parent.
09:22Je me suis souvenu qu'il adorait Monaco.
09:24A tout hasard, j'y suis allée.
09:26Fallait bien tenter quelque chose.
09:28Et c'est un faux Bonneval que j'ai trouvé.
09:32N'est-ce pas, mon petit Bernard ?
09:35Alors, sois gentil, prends ma valise
09:38et monte là au premier.
09:39Vous avez bien une chambre pour moi.
09:42Vous voulez vous installer ici ?
09:44Vous y voyez un inconvénient ?
09:47Qu'est-ce qui me prouve que vous êtes la nièce de monsieur ?
09:50Mon oncle a toujours son album de famille ?
09:53Oui.
09:54Eh bien, regardez les photos.
09:56Vous m'y verrez en uniforme de pensionnaire à Blois
10:00et il a fait de moi pas mal de clichés à Tours
10:03quand j'avais 18 ans.
10:04Bernard, passe-moi l'album.
10:05Voilà.
10:06Ah, tenez.
10:07Tenez, ici, c'est moi.
10:09Ici, également.
10:12Et celle-là.
10:14Et celle-là, là.
10:17Voilà.
10:18Vous êtes convaincu, maintenant ?
10:20Monte la valise de mademoiselle et donne-lui la chambre bleue.
10:23Par ici.
10:32Pourquoi ne nous demandez-vous pas
10:34pourquoi ne nous demandent-elles pas où est son oncle ?
10:57Bonjour, Valérie.
10:58Tiens, bonjour, monsieur Maxime.
11:00Est-ce que vous pouvez le soigner, ce parterre de roses ?
11:02Ah, monsieur Bonneval peut en être fier.
11:04N'est-ce pas ?
11:05Il les aime tant, ces roses.
11:06Alors, il revient bientôt ?
11:08Je n'en sais trop rien.
11:09Il se plaît tellement là-bas.
11:10Dites donc, Valérie.
11:11Oui ?
11:12Cette jeune femme qui est arrivée avant-hier à l'hôtel du Cygne
11:14et qui a couché chez vous cette nuit.
11:16Oui, eh bien ?
11:17Qui est-ce ?
11:18Qu'est-ce que ça peut vous faire ?
11:19Je la trouve formidable.
11:20J'espère qu'elle n'est pas mariée.
11:22Espèce d'égarnement.
11:23Est-ce que ça vous regarde ?
11:24Vous savez, dans le patelin, les belles filles, ça manque.
11:26Alors, quand il en passe une dans le décor,
11:28on s'en occupe.
11:29Qui est-ce exactement ?
11:30La nièce de monsieur.
11:31Pourriez-vous lui dire un petit mot pour moi ?
11:33Vous ne manquez pas de touper ?
11:35Dis-tu que je suis le fils du Chatelain
11:37et que j'ai une voiture de course toute blanche ?
11:39En général, ça impressionne les filles.
11:41Attention, elle vient de descendre.
11:42Je l'aperçois vers la cuisine.
11:43Parlez-lui de moi.
11:44Oui, oui, c'est bon.
11:45Revenez tout à l'heure.
11:46Merci, Valérie.
11:47Je vous vaudrai ça.
11:48Sacré pan !
11:59Bonjour, mademoiselle.
12:00Bonjour.
12:01Vous avez bien dormi ?
12:04Figurez-vous que cette nuit,
12:05j'ai cherché dans les papiers de votre oncle.
12:07Ah.
12:08J'y ai trouvé un récit complet du bombardement
12:10dans lequel vous avez trouvé la mort.
12:12Ah oui ?
12:13Vous me les prêterez, ça m'intéressera.
12:16Naturellement,
12:17si tôt rentrée en France,
12:19vous avez fait le nécessaire
12:20pour que l'État civil vous ressuscite.
12:22Non.
12:23Vraiment ?
12:24C'est vrai,
12:25mais j'ai un petit problème.
12:27Ah bon ?
12:28Ça ne me semble pas urgent.
12:30Peut-être à cause de ce que j'ai lu
12:32dans cet autre article.
12:34Montrez.
12:40Tout cela est exact, en effet.
12:43Ainsi, avant d'être déportée,
12:44vous étiez poursuivie par la police.
12:46Oui.
12:47Pour vol et escroquerie.
12:49Je pourrais vous dénoncer.
12:51J'en ai autant à votre service.
12:54Quoi ?
12:55Je pourrais vous dénoncer pour assassinat.
12:57Qu'est-ce que vous dites ?
12:58J'ai volé.
13:00Mais j'en suis restée là.
13:01Tandis que vous, pour voler mon oncle,
13:03vous l'avez tué.
13:06Je pense donc que
13:07ni vous ni moi n'avons intérêt
13:09à dévoiler nos petits secrets.
13:12Vous, surtout.
13:14D'autant plus que pour être franche,
13:16de mon oncle,
13:17il n'y a qu'une chose qui m'intéresse.
13:20Son argent.
13:22Je sais qu'il avait horreur des banques.
13:24Vous avez sûrement trouvé sa fortune
13:26en pièces d'or et en billets.
13:28Etant de celle qui croit à la transmission des biens,
13:32je vous prierai de me rendre,
13:34en tant qu'héritière,
13:35ce que vous lui avez pris.
13:37D'autant plus que ce pays me plaît
13:39et que je compte y rester.
13:41Mais...
13:42Je vais faire un tour, à tout à l'heure.
13:43Une seconde.
13:45Quoi ?
13:46Peut-être m'avez-vous vue parler
13:48il y a un instant avec un jeune homme.
13:50En effet.
13:51Savez-vous qui c'est ?
13:52Non.
13:53C'est Maxime, le fils du maire.
13:55Il venait m'interroger à votre sujet.
13:57Ah !
13:58Il me connaît ?
13:59Il vous a vu dans le pays.
14:01Mais surtout, il a entendu le lieutenant de gendarmerie
14:04parler de vous à monsieur le maire.
14:06Le lieutenant de gendarmerie ?
14:08Oui.
14:09Que disait-il ?
14:11Maxime m'a laissé entendre que c'était assez grave et...
14:15Il aimerait vous mettre au courant de cette conversation.
14:17Il ne vous a pas dit de quoi il s'agissait ?
14:19Non.
14:20Pourquoi s'intéresse-t-il tant à moi ?
14:23Je crois surtout qu'il est très mal avec le lieutenant
14:25qui lui flanque des contraventions pour excès de vitesse.
14:28Il veut sûrement vous prévenir
14:29pour l'empêcher de réussir une action contre vous.
14:31Une action ?
14:32Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
14:33Je n'en sais pas plus.
14:35Où puis-je parler à ce garçon ?
14:37Il préfère comme je ne vous vois pas ensemble.
14:39A tout hasard, il vous attendra ce soir à minuit
14:41sur les bords de la Loire, devant le calvaire.
14:44Où se trouve le calvaire ?
14:46Au bout de l'avenue, derrière l'église.
14:48Très bien, j'y serai.
14:49En attendant, je vais faire un tour par là.
14:54Bonjour, tante.
14:56C'est avec Eveline que tu parlais ?
14:58Tu as entendu ?
14:59De quoi s'agissait-il ?
15:01Quelque chose qui va te faire beaucoup de peine.
15:03Pardon ?
15:04Il n'y a pas deux jours qu'elle est dans ce pays
15:06et déjà Maxime, le fils du maire, a obtenu d'elle un rendez-vous.
15:09Ce n'est pas vrai.
15:10Elle vient de me le dire.
15:11Elle a même l'air très impressionnée par le château et la voiture.
15:14Mais je vais aller lui casser la gueule, moi, ce type-là.
15:16Reste tranquille.
15:17Le mieux est de ne rien dire et de les observer.
15:19Tiens, voilà ma tante.
15:21Mais qu'est-ce qu'il veut ?
15:22J'en sais rien, je te le dirai.
15:37Alors, Valérie, vous lui avez parlé ?
15:39Oui.
15:40Et elle veut bien me voir ?
15:41Oui, mais elle a peur qu'on jase dans le pays.
15:43Alors je lui ai dit qu'elle pourrait vous retrouver ce soir à minuit
15:46au bord de la Loire, devant le calvaire.
15:48Et qu'est-ce qu'elle a répondu ?
15:49D'accord.
15:50C'est là qu'elle vous rejoindra cette nuit.
15:52Merci, Valérie.
15:53Vous êtes un ange.
15:54À bientôt.
15:57Qu'est-ce qu'il voulait ?
15:59Parler à Eveline à propos d'un rendez-vous.
16:01Je lui ai dit qu'elle était sortie.
16:03Je sens que je vais faire un malheur.
16:05Chut.
16:06À peine arrivée ici, elle me tromperait avec ce petit crevé.
16:09Si j'en étais sûr, je la tuerai.
16:11Dis pas de bêtises et calme-toi.
16:13Ne lui parle de rien, surtout.
16:14Observe-la.
16:15Oui, tu as raison.
16:20Tante, tu ne dors pas ?
16:22Non.
16:23Quelle heure est-il ?
16:24Onze heures et demie.
16:26Qu'est-ce que tu fais près de ta fenêtre ?
16:28Je quête.
16:30J'attends.
16:31Tu attends quoi ?
16:32Qu'Eveline sorte.
16:34À cette heure-ci ?
16:35Oui.
16:36Je suis sûre qu'elle a un rendez-vous.
16:39Avec Maxime ?
16:40Oui.
16:41Comment ça ?
16:42Avec Maxime.
16:43Avec Maxime ?
16:44Oui.
16:45Avec Maxime ?
16:46Oui.
16:47Avec Maxime ?
16:48Oui.
16:49Comment le sais-tu ?
16:50Mon instinct ne me trompe jamais.
16:56Tiens, regarde.
16:59La voilà qui sort de la maison.
17:03Bernard, où vas-tu ?
17:04Je veux savoir ce qu'elle m'a fait.
17:05Reste ici.
17:06Laisse-moi.
17:19Et Bernard est rentré à une heure du matin.
17:23Et Eveline, elle, n'est pas rentrée du tout.
17:28Que s'est-il passé ?
17:31Huit heures.
17:33Bernard descend prendre son petit déjeuner.
17:37Il a le visage bouleversé.
17:39Bernard, qu'est-ce que tu as ?
17:41Je veux savoir ce qu'il t'a fait.
17:43Qu'est-ce que tu as ?
17:44Je veux savoir ce qu'il t'a fait.
17:46Bernard, qu'est-ce que tu as ?
17:54Allô, j'écoute.
17:55Mademoiselle Valéry ?
17:56Oui.
17:57Ici le lieutenant de gendarmerie.
18:00Il s'agit de la jeune femme qui habite chez vous.
18:03Oui, et bien ?
18:04On vient de la trouver au bord de la Loire,
18:06tuée de deux balles de révolver.
18:09Mais c'est épouvantable !
18:12Qu'est-ce qui est arrivé ?
18:13On ne sait pas encore.
18:15Je viens tout de suite.
18:19Bernard, c'est toi qui l'a tuée, n'est-ce pas ?
18:23Oui.
18:24Imbécile !
18:26Je voulais le faire et je m'y serais prise mieux que toi.
18:30Je voulais seulement que tu saches qu'elle te trompait
18:32pour qu'après sa mort tu n'aies pas trop de chagrin.
18:35Ton révolver, où l'as-tu mis ?
18:37T'inquiète pas, il est bien caché.
18:39Où l'as-tu mis ?
18:40Si la police te le demande, tu diras que tu ne le sais pas.
18:46Chant d'un vol
18:55Ainsi Bernard, tu as devancé le geste criminel de ta tante.
19:00Et visage fermé, le coeur étreint,
19:04vous voilà partis retrouver les gendarmes.
19:07Là où l'on a découvert le cadavre.
19:10Et vous répondez avec beaucoup de naturel à toutes les questions.
19:14Et le lieutenant vous laisse partir.
19:17Et vous allez chez les commerçants faire des achats pour donner le change.
19:22La vie doit bien continuer, n'est-ce pas ?
19:25Une heure plus tard, vous rentrez à la maison.
19:29Oh, lieutenant, vous nous attendiez ?
19:31Oui, mademoiselle.
19:33Votre voisine, mademoiselle Courson, passe pour fort curieuse.
19:37Elle vient de justifier une fois de plus sa réputation.
19:39Comment ?
19:40Cette nuit, elle a vu quelqu'un enterrer quelque chose dans ce parterre de roses.
19:46Nous avons creusé et nous avons trouvé ce revolver.
19:49Mais, je ne connais pas ce revolver. Qui a pu le mettre là ?
19:52Elle ennuie, c'est qu'en creusant, mes hommes ont aussi découvert un cadavre.
19:57Celui de monsieur Bonneval.
19:59Oh, tante, pourquoi ne m'avais-tu pas dit qu'il était là ?
20:02Mon pauvre petit, tu n'as jamais su réfléchir.
20:05Tu savais pourtant bien que de tout le jardin, ce parterre était son endroit de prédilection.
20:10Où pouvait-il mieux reposer qu'au milieu de ses roses ?
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