Regardez Les auditeurs ont la parole avec Céline Landreau et Vincent Parizot du 24 mars 2025.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00parce que c'est pas simple, je le sais, de témoigner. Vous avez vous-même été victime de
00:05violences conjugales. Vous allez nous expliquer ça dans un instant. Je voudrais juste savoir si à ce
00:08moment-là, lorsque vous avez réagi, vous avez eu le sentiment d'être entouré, protégé ?
00:15Pas vraiment, ça dépend des associations, ça dépend des commissariats.
00:20D'accord. Vous allez nous expliquer pourquoi, à certains moments, vous vous êtes sentie
00:25vraiment seule. A tout de suite, Émilie, sur ce thème. Céline, l'actualité.
00:29Et Gérard Depardieu qui est arrivé au tribunal de Paris. L'acteur, il sera jugé cet après-midi
00:36et demain. Gérard Depardieu accusé d'agression sexuelle sur deux femmes lors d'un tournage des
00:43faits qu'il a toujours récusé. Nouveau coup de filet dans l'enquête sur l'évasion de Mohamed
00:47Amra. Évasion qui avait coûté la vie à deux surveillants pénitentiaires en mai dernier et
00:52la cavale qui s'en est suivie. 24 personnes ont été interpellées ce matin. Parmi elles,
00:57le rappeur Koba Ladeh. Mohamed Amra, lui, avait été interpellé le 22 février dernier en Roumanie.
01:04C'est-à-dire après neuf mois de cavale. Et puis la Russie et les Etats-Unis sont retrouvés en
01:08Arabie Saoudite pour des négociations sur l'avenir de l'Ukraine et une possible trêve.
01:14Des négociations qualifiées d'emblée de difficiles par le Kremlin après plus de trois ans désormais
01:21de guerre en Ukraine. La météo, c'est avec vous, Claire Delorme, cet après-midi avec encore des
01:27averses au sud du pays. Exactement, que ce soit des Pyrénées au sud-est jusqu'au sud de l'Alsace
01:33en passant par la région Rhône-Alpes, les averses seront davantage marquées, prenant un caractère
01:37orageux avec un risque de grésil ponctuel. En revanche, partout ailleurs, le ciel certes est
01:42beaucoup plus calme mais il hésite entre nuages assez menaçants et puis quand même de belles
01:46éclaircies avec un risque d'averses tout de même limité pour ce qui est des températures. Elles sont
01:51assez homogènes cet après-midi, il fera 17 degrés à Mulhouse, 16 degrés à Toulouse, 16 degrés également
01:57à Lime, à Nîmes, tout comme à Toulon. 17 degrés en revanche à Reims et la maximale sera à Strasbourg
02:03où le thermomètre pourra flirter avec la barre des 20 degrés. Merci beaucoup, Claire Delorme.
02:0713h14, les auditeurs ont la parole avec Vincent Parizeau et Céline Landreau.
02:16Et on vous retrouve donc, Émilie, sur cette question. Alors, au-delà des féminicides également, de
02:22l'accompagnement de ces femmes victimes de violences conjugales et des moyens aujourd'hui
02:28dont on dispose pour les protéger. Violences conjugales dont vous avez été victime, Émilie,
02:35je voudrais juste rebondir sur quelque chose que vous nous disiez. Vous nous disiez, oui,
02:38accompagnement au niveau des associations, ça veut dire qu'au niveau judiciaire ou même d'ailleurs de
02:44la police, vous n'avez pas été accompagnée, entourée, protégée ? Non, parce qu'en fait, déjà au niveau des
02:52violences, les premières violences, il y a toujours un choc. Parce qu'on est dans le quotidien, on
02:58s'imagine pas que ça puisse arriver et quand ça arrive, on réalise pas. Et je pense que la
03:05majorité des femmes, quand ça leur arrive, surtout qu'il y a les enfants, le quotidien, le travail, sur le
03:10moment, on est tellement en état de choc qu'on ne réagit pas tout de suite. Ça veut dire que vous n'avez pas
03:16porté plainte ? Non, je pense que la majorité. Moi, j'ai pas porté plainte les premières fois. Et en plus, on ne peut pas
03:23forcément porter plainte s'il n'y a pas de traces visibles. Et quand vous avez décidé de le faire,
03:28Émilie, ça s'est passé comment ? J'ai pas peur. En fait, moi, c'était un peu particulier parce que j'ai jamais porté
03:36plainte pour toutes les violences. Ça s'est passé après, quand on s'est séparé, où il y a eu un bilan,
03:45en fait, une réalisation. Après, j'étais déjà partie plusieurs fois avec les enfants, mais à chaque fois, il y a les
03:50paroles, on revient, les excuses, tout ça. Mais quand ça a eu le déclic, forcément, tout s'est enclenché.
03:58Et puis, on n'a pas forcément les documents sur soi. Les bonjois sont malins, entre guillemets, parce que c'est une violence insidieuse.
04:09Bien sûr. Et est-ce qu'à partir du moment où vous aviez coupé les ponts, vous avez eu peur, vous avez été inquiète de le voir
04:19revenir, éventuellement de vous menacer ou autre ? Oui, moi, j'avais l'inquiétude. Et toujours parce qu'en fait, on a deux enfants
04:26en commun. Donc, on ne peut pas réellement couper les ponts, parce que la majorité du problème, c'est que deviennent les enfants en
04:35cas de violence conjugale, parce que tout ce qui est autorité parentale et violence conjugale, ce n'est pas au point encore.
04:43Ça veut dire qu'aujourd'hui, évidemment, vos enfants voient leur père. Mais chez vous, ça crée une angoisse à chaque fois qu'il doit les voir ?
04:53Ah oui, ça a été toujours maintenant. Mais donc, ça fait maintenant dix ans qu'on m'est séparée. Et quand ils étaient tout petits, ils ont 14 et 12 ans
05:00maintenant. Mais quand ils étaient tout petits, c'était une angoisse tellement immense sur leur prise en charge, parce qu'il y avait des violences sur eux
05:07également, que moi, j'avais tenté de les protéger. Mais l'autorité parentale, comme je vous dis, elle est conjugale. C'est très difficile de la faire
05:17Et là, vous n'étiez pas entourée, vous n'aviez pas un psychologue à vos côtés, ou autre ?
05:23Si, mais par des démarches personnelles. C'est très rare qu'au niveau de la prise en charge judiciaire, qu'on va déposer plainte. Et encore, il faut un motif pour déposer plainte.
05:31Souvent, c'est des mains courantes. Et puis, sur des enfants, des violences conjugales, il n'y a que notre parole.
05:40Effectivement, on comprend bien toute la difficulté, notamment lorsqu'il y a des enfants sur lesquels on ne veut pas forcément faire porter toute la charge de ce qui s'est passé.
05:56On vous remercie en tout cas. J'espère que ça va mieux aujourd'hui midi ou pas ?
06:02On est toujours en conflit parce qu'il y a toujours cette violence psychologique, cette destruction de l'image des parents.
06:10Merci en tout cas, Émilie, d'avoir eu le courage aussi de témoigner aujourd'hui au 3210. Je voudrais qu'on accueille Julie à présent. Bonjour Julie.
06:18Allô ? Oui, bonjour Julie. Bienvenue.
06:21Bonjour RTL, bonjour à toute l'équipe.
06:24Vous vouliez réagir sur ce sujet et notamment, je crois, sur l'accompagnement que l'on propose aujourd'hui aux victimes.
06:31Alors moi, j'ai été victime de violences conjugales. Ça a commencé par de la violence psychologique et ça s'est terminé par des violences physiques, par strangulation.
06:44Alors, sous emprise ou non d'alcool, la toute première fois que ça m'est arrivé, j'étais sous le choc. Je ne suis pas allée porter plainte, mais je m'étais jurée, je m'étais fait une promesse,
06:57parce que je fonctionne comme ça, je me fais des promesses à moi-même, que s'il y avait récidive, j'irais porter plainte.
07:02C'est exactement ce que nous disait Émilie, c'est-à-dire que la première fois, on est tellement sous le choc qu'on ne réagit pas suffisamment.
07:09Mais vous, contrairement à Émilie, vous vous étiez dit, une fois mais pas deux, c'est ça ?
07:14Complètement. Donc la deuxième fois, je suis allée porter plainte avec évidemment la peur au ventre, parce qu'on s'attend à des représailles.
07:24Et bien sûr, il y a eu représailles. Mon ex-mari avait été convoqué par les services de police, il avait fait de la garde à vue.
07:33J'ai relativement toujours été bien accueillie par les agents de police au commissariat de ma ville.
07:41Ça s'est toujours bien passé, il y avait en général de la bienveillance, alors peut-être par rapport au parcours de ces agents, je ne sais pas.
07:52Toujours est-il que ce qui est déplorable, c'est que rien mais rien n'est fait pour protéger les femmes.
08:01Vous dites votre ex-compagnon est entendu, il fait de la garde à vue, si j'ai bien compris ce que vous nous avez dit.
08:07Et quand il sort de garde à vue, il rentre à la maison ?
08:10Après la garde à vue, il rentre à la maison. Alors une fois, ça m'est arrivé, parce qu'il a fait plusieurs fois de la garde à vue.
08:15Une fois, ça m'est arrivé, la police m'a appelée pour me dire, faites attention à vous, on a libéré votre mari.
08:21Il était 7h30 du matin, donc évidemment j'étais sur mes gardes.
08:26C'est quoi, c'est la panique, on s'en va ? Comment on gère ça quand la police vous appelle en disant, il est sorti de chez nous ?
08:32J'étais sur mes gardes parce qu'il était hors de question que ce soit moi qui quitte le domicile avec mes enfants.
08:38Je trouve ça déplorable, un homme qui lève la main sur sa femme, c'est lui qui doit partir, ce n'est pas la femme qui doit partir avec ses enfants.
08:48Il est revenu ou il est parti ailleurs ?
08:57Il est revenu à la maison, il y a eu des menaces, et plusieurs jours après, il y a eu récidive.
09:08Il y a eu récidive, bien sûr, moi j'ai fait X dépente plainte, mon ex-mari a fait X garde à vue au commissariat de ma ville.
09:20Tout a été classé sans suite, il y a eu des menaces de mort sur ma tête.
09:27Il espionnait mon planning professionnel parce qu'à l'époque je travaillais en horaire décalé, sans rythme figé.
09:37Il espionnait mon planning.
09:40Vous n'étiez jamais l'esprit tranquille, vous aviez toujours peur que ça tourne mal.
09:47Aujourd'hui, parce que vous nous expliquez que vous étiez séparée depuis un certain temps, ça va mieux ?
09:56Comme disait l'auditrice précédente, moi j'ai deux enfants, et c'est vrai qu'à partir du moment où on a des enfants,
10:03l'ex-mari ou le conjoint, évidemment c'est le papa, donc ça reste toujours un trait d'union entre lui et les enfants.
10:14Mais c'est quelqu'un qui même après le divorce a tenté de me tuer parce que son objectif c'était de me tuer.
10:25Vous êtes sûre de ça ?
10:26Ah mais bien sûr, la dernière fois qu'il m'a étranglé, c'est mes parents qui étaient chez moi et mon père qui m'a sauvé la vie
10:35parce qu'il a réussi à le raisonner.
10:37J'étais en train d'appeler la police pour la simple et bonne raison, c'est qu'il voulait emmener notre fille aînée en voiture
10:42alors qu'il était alcoolisé et je m'y opposais.
10:45Donc j'ai appelé la police et quand il a vu que j'étais en train d'appeler la police, il a voulu saisir mon portable.
10:51Il m'a jetée sur le lit et il me maîtrisait en fait, je ne pouvais rien faire et il était en train de m'étrangler.
10:58J'ai senti que c'était mes dernières secondes.
11:01On est presque dans la tentative de meurtre là.
11:04Mais bien sûr, j'ai vu un médecin légiste après, j'ai été entendue par les services de police, mon père a été entendu par les services de police.
11:11Et quelle a été la suite judiciaire, Julie ?
11:14Classée sans suite.
11:16Et comment on vous a expliqué ça, Julie, que ça puisse être classé sans suite ?
11:20On ne m'a rien expliqué du tout.
11:22Moi, j'ai reçu le courrier à la maison et classé sans suite.
11:26Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de personnel, parce qu'il n'y a pas de moyens
11:29et c'est beaucoup plus facile de classer une affaire sans suite que de la juger tout simplement.
11:35Alors que j'avais franchement un dossier avec des...
11:39A chaque fois qu'il se passait quelque chose à la maison, j'allais porter plainte.
11:43A chaque fois. A chaque fois.
11:45Je ne lui ai laissé aucune chance.
11:47Aucune chance.
11:48Et malgré tout ça, malgré ma rigueur, parce que moi je voulais le stopper en fait.
11:54Et je me disais, mais s'il refait sa vie avec quelqu'un, il va recommencer sur cette femme-là.
12:01Alors témoignage édifiant que vous nous livrez sur l'antenne d'RTL, Julie.
12:04On va juste préciser une chose.
12:06J'ai fait mon petit calcul, vous m'avez dit 2007.
12:08Donc voilà, depuis, les choses ont peut-être changé, ont peut-être évolué dans le bon sens, vous pensez ?
12:15Vous savez, je reste toujours avec mon petit manomètre et l'aiguille dans la zone orange.
12:21L'aiguille n'est jamais, jamais dans la zone verte.
12:24Jamais. Et elle ne le sera jamais.
12:26Vous n'avez jamais retrouvé de tranquillité d'esprit depuis ?
12:28Je suis très vigilante. Je reste très vigilante parce que je sais que c'est quelqu'un qui est capable d'aller jusqu'au bout.
12:35De ce qu'il a décidé, à savoir me tuer.
12:38Merci de ce témoignage extrêmement puissant, assez édifiant en tout cas.
12:47Merci beaucoup Julie, on vous souhaite malgré tout, puisque le manomètre il est toujours dans la zone orange.
12:52Une belle journée, merci de votre fidélité à RTL.
12:55On continue de discuter de tout ça avec vous dans un instant.
13:11Moi j'ai eu affaire avec le commissariat d'Arras et franchement on m'a vraiment laissé tomber.
13:16La plainte n'a pas dit, tout est resté en plan, je n'ai eu aucune nouvelle.
13:21Et pourtant je suis passée voir un médecin en Egypte, j'en ai vu deux et la plainte est restée dans un tiroir.
13:26Donc voilà, bravo à la police.
13:28Voilà pour ce témoignage qu'on vient de recevoir sur le répondeur.
13:31Les auditeurs ont la parole, on vous rappelle que l'on parle de la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales
13:38alors que débutera cet après-midi le procès de l'ex-mari de Chahinez Daoud.
13:43Cette femme tuée, brûlée vive dans la rue, c'était à Mérignac en 2021.
13:49Meurtre, assassinat même, puisqu'il est qualifié comme tel, qui avait provoqué une vague d'émotions dans tout le pays.
13:57Dominique nous a appelé pour réagir. Bonjour Dominique.
14:00Oui, bonjour à vous, bonjour à tous.
14:02Avocat, c'est ça ?
14:03Oui.
14:04Et dans votre carrière vous avez eu à défendre un homme accusé de féminicide, c'est ça ?
14:09Oui, effectivement.
14:11Donc c'est pour vous dire qu'en fait c'est très dur d'échapper à ce genre de choses.
14:16Quand vous avez quelqu'un qui déjà a des problèmes psychologiques graves et qui en plus est motivé,
14:21vous avez changé l'adresse, vous avez changé le numéro de téléphone, si la personne vous retrouve, c'est terrible.
14:28C'était le cas dans le dossier sur lequel vous avez travaillé ?
14:34Oui, effectivement. C'était le cas d'un couple qui se sépare, comme ça peut arriver partout, et lui est un migrant sans papier.
14:42Ils avaient réussi à se marier, ils s'étaient battus pour pouvoir se marier, le mariage ne pouvait pas être reconnu.
14:47Vous aviez des mères qui freinaient les quatre fers pour que ce mariage ait lieu.
14:51Ils s'aimaient tellement qu'effectivement ils ont réussi à se marier.
14:57Et puis finalement ils se séparent, et monsieur se retrouve à Calais pour essayer de passer la manche,
15:03et madame change d'adresse, change totalement de vie, se retrouve étudiante dans une université.
15:11Et là elle tombe avec des étudiants qui sont complètement bêtes,
15:16et qui s'amusent à prendre le téléphone du mari et l'appeler en lui disant qu'on est avec sa femme,
15:21maintenant la nouveau petit copain, parce que lui hurle quand il entend ça.
15:25Et un jour un qui est plus bête que les autres lui dit, tu sais que maintenant elle est à telle fac,
15:30elle est à telle amphi, à telle heure tu pourras la voir, tu n'es pas capable de venir.
15:34Il prend le train, il vient, il la voit bras dessus avec un autre, il prend un couteau, il la poignarde.
15:41Vous voyez, concrètement, c'est parce qu'elle avait voulu échapper totalement à ça,
15:47elle avait complètement coupé les ponts, sauf qu'elle avait gardé le numéro,
15:52et d'autres, elle ne voulait absolument pas ça, mais d'autres ont provoqué.
15:58On va évidemment parler, j'allais dire, de la manière dont les femmes aujourd'hui
16:03peuvent être accompagnées après une plainte, mais juste pour conclure sur l'affaire dont vous nous parlez,
16:08cet homme ensuite, il a regretté ses actes ?
16:14Ah non, mais en fait il avait vraiment des gros problèmes psychologiques,
16:17c'est-à-dire que quand je l'ai eu en cause d'appel, il avait pris 18 ans, dont 12 de sûreté,
16:22on lui a dit pourquoi avez-vous fait appel, première question du président d'Assise,
16:25il dit parce que je veux la perpétuité, vous voyez, et finalement il avait dit
16:30si vous me libérez j'irai m'immoler sur la tombe de mon ex,
16:35donc vous voyez un peu ce genre de choses, et puis on a eu 18 ans en appel sans les 12 ans de sûreté,
16:42je ne sais pas ce qu'il est devenu, j'ose espérer qu'il n'ait pas passé à l'acte,
16:45et qu'il n'a pas fait ça pour la famille bien entendu de sa victime.
16:49Donc effectivement, mais ce genre de personnes en plus, elles ont des circonstances atténuantes
16:54qui sont les problèmes d'altération du discernement.
16:57– Oui mais il y a la vengeance, la rage, etc., on peut tout expliquer mais…
17:02– Oui, non on n'excuse pas.
17:04– Voilà, il ne s'agit pas d'excuser.
17:05– On n'excuse pas, effectivement.
17:07– Et donc par rapport à ça, les femmes qui sont leurs victimes,
17:13à partir du moment où elles vont porter plainte dans un commissariat, elles s'exposent.
17:17– Mais oui, mais le problème c'est qu'une personne comme celle-là bien sûr,
17:21on peut dire que c'est à la femme à rester au domicile conjugal et c'est à l'homme à s'en aller.
17:26Mais lui, même s'il a une mesure d'éloignement, il ne la respecte pas.
17:29Il faut qu'il y ait un bracelet électronique qui sonne quand il s'approche du quartier ou du domicile.
17:36– Les bracelets anti-rapprochement qu'on a connus tout à l'heure.
17:38– Voilà exactement, mais même avec ça, le temps que la police intervienne,
17:43il peut se passer des choses.
17:44Donc on n'a pas de solution miracle malheureusement,
17:47surtout avec des gens qui ont des problèmes psychologiques graves
17:51et qui sont motivés à agir, c'est terrible.
17:56Donc on peut changer complètement de vie,
17:58on a un système qui permet de ne pas donner la nouvelle adresse.
18:02C'est-à-dire qu'on fait par exemple une demande en divorce
18:05ou une demande en mesure d'éloignement en indiquant uniquement l'adresse de mon cabinet d'avocats.
18:11Donc on a une possibilité d'être autorisé à faire ça.
18:15Mais la personne après, elle peut suivre...
18:18– Ça veut dire que la victime doit déménager ?
18:20– Oui, mais malheureusement, c'est beau de dire que c'est à elle,
18:25ce n'est pas elle qui a déménagé en principe,
18:27mais si elle reste là, lui il sait où elle se trouve.
18:30– On a le sentiment dans ce que vous décrivez que la victime sera toujours traquée
18:34et on comprend mieux ce que nous disait Julie tout à l'heure
18:38en expliquant que l'esprit était toujours dans la zone orange
18:41et qu'elle ne retrouverait jamais une tranquillité d'esprit.
18:43– On est toujours sur le qui-vit avec ce genre de personnages
18:46et la justice et la police sont impuissantes
18:49parce qu'on est, j'allais dire, submergé par le nombre d'affaires
18:52et qu'effectivement on ne peut pas surveiller
18:56toutes les personnes auteurs de violences conjugales.
19:00Surtout que certains ont des signaux faibles
19:02et passent à l'axe sans qu'on s'en rende compte.
19:04Ça peut être une violence psychologique et puis un jour...
19:07– Dominique, j'aimerais répondre sur ce que vous dites là,
19:09signaux faibles, violences psychologiques.
19:11Julie, tout à l'heure, elle nous expliquait que son ancien compagnon, par exemple,
19:14il vérifiait si sa voiture était bien sur le parking de son travail ou autre.
19:19Marie, c'est ce que vous avez vécu, vous ? Bonjour Marie.
19:22– Bonjour.
19:24– Bonjour à toute l'équipe.
19:26– Bonjour, bienvenue et merci encore de témoigner.
19:30C'est ça, il vous harcelait de cette manière, votre ancien compagnon, Marie ?
19:35– Tout à fait, donc il avait accès à mon téléphone,
19:39il surveillait mon téléphone, il se connectait sur mon ordinateur,
19:42il avait accès à ma boîte mail.
19:45Je le voyais passer devant mon travail, donc quand je mangeais dehors,
19:50il faisait des appels visiaux pour demander avec qui je mangeais,
19:53il voulait regarder à qui je parlais, avec qui j'étais.
19:57Il m'a même accusé un soir de ne pas avoir récupéré notre enfant à la crèche
20:02et d'avoir été boire un verre avec des collègues.
20:05Mais c'est une torture, vraiment.
20:07– Ce ne sont pas des violences physiques, mais vraiment des violences psychologiques
20:10face auxquelles vous ne pouviez rien faire ?
20:13– C'est ça, et je n'avais aucune preuve.
20:15Aucune preuve qui pouvait justifier en fait tout ça.
20:19Et c'est très difficile.
20:21– Et comment vous avez fait, Marie ?
20:24– Alors j'ai porté plainte parce qu'il y a eu vraiment énormément de choses
20:28et des paroles aussi auprès de notre enfant.
20:31Donc je l'ai entendu dire un jour à notre enfant de deux ans et demi
20:34que tu sais maman c'est une pute.
20:36Et là je me suis dit c'est hors de question que ma fille grandisse comme ça.
20:40– Donc vous avez déposé plainte, comment a-t-il réagi ?
20:43– Il ne l'a pas su. J'ai eu la possibilité en fait…
20:48– Il ne l'a pas su parce que la suite, qu'est-ce qu'elle est devenue cette plainte ?
20:53– Elle a été classée sans suite.
20:55Il a été entendu par les gendarmes.
20:58Donc les gendarmes m'ont prévenu, ils m'ont dit il a été convoqué, il a été entendu.
21:02Le dossier a été transmis auprès du procureur de la République.
21:06Les gendarmes m'ont appelé pour savoir comment j'allais,
21:10comment ça se passait, si la situation s'était améliorée.
21:13– Oui, ça c'est important quand même.
21:15Sur effectivement les moyens dont on dispose aujourd'hui
21:18pour protéger les femmes telles que vous, victimes de violences,
21:21qu'elles soient physiques ou psychologiques.
21:23Vous restez avec nous Marie, parce qu'on a encore beaucoup de questions à vous poser
21:28et notamment aussi savoir si aujourd'hui ça va mieux.
21:30Mais quand cette musique retentit, c'est qu'il se passe quelque chose.
21:33– C'est que Jean-Alphonse Richard entre dans ce studio.
21:35Bonjour Jean-Alphonse.
21:36– Je rebondis juste une seconde sur ce que vient d'être dit notre didriss.
21:40Parce qu'effectivement les procédures en cours, il y a encore beaucoup de progrès à faire.
21:44Mais on est un peu plus dans l'écoute et c'est très intéressant ce qui vient d'être dit.
21:48Et c'est même capital, le suivi des plaintes.
21:50Alors dans l'heure du crime aujourd'hui, en ce moment même,
21:53vous le savez dans la montagne de Haute-Provence,
21:55il y a une grande cérémonie qui se déroule,
21:57hommage aux 150 victimes de l'Airbus de la compagnie Germanwings.
22:03C'est le copilote, la 150ème victime, Andreas Lubitz qui a jeté l'Airbus contre la falaise.
22:11Il est devenu ce jour-là donc un tueur de masse, un criminel de masse.
22:15Dix ans après, jour pour jour, le dossier est en train de continuer à livrer ses secrets.
22:20On a eu accès à certains documents, à certaines pièces.
22:23On s'aperçoit que c'est deux mois avant qu'Andreas Lubitz a décidé sans doute de jeter son avion.
22:29Il a monté ce scénario dans le silence et sans en parler à personne.
22:34Un cauchemar réveillé qui donne encore aujourd'hui, dix ans après, toujours le frisson.
22:39Que dit le dossier d'enquête et puis qui est cet homme Andreas Lubitz ?
22:42Eh bien vous en saurez tout ça en écoutant l'heure du crime,
22:46les secrets d'Andreas Lubitz.
22:48C'est à 14h dans l'heure du crime aujourd'hui.
22:50Dans un peu plus d'une demi-heure, à tout à l'heure Jean-Alphonse,
22:54on va retrouver Marie et d'autres auditrices qui veulent intervenir sur cette question
22:59de, j'allais dire, l'accompagnement des femmes victimes de violences conjugales,
23:04notamment au moment des dépôts de plaintes.
23:07Et puis deux autres sujets à venir dans cette émission, normalement, logiquement.
23:11On va parler de l'antisémitisme et notamment si vous êtes juif,
23:16de votre réaction finalement aujourd'hui de cacher votre judéité dans la vie quotidienne.
23:23Vous n'hésitez pas à témoigner.
23:26Et puis également, les commerçants volés,
23:28est-ce qu'ils doivent pouvoir publier les photos ou les vidéos des voleurs ?
23:32Aujourd'hui c'est interdit.
23:34A tout de suite.
23:35Contactez-nous gratuitement via l'appli RTL ou au 3210.
23:3950 centimes la minute.
23:41RTL
23:44Vous écoutez RTL midi.
23:45Les auditeurs ont la parole après l'agression d'un rabbin samedi à Orléans.
23:50Cette question, comment vivez-vous aujourd'hui votre judéité dans le pays ?
23:54Est-ce que vous vous faites discret par crainte de représailles ?
23:58On attend vos témoignages.
23:59Vous connaissez le numéro 3210 ?
24:01On revient dans une poignée de secondes.
24:04Céline Landreau et Vincent Parizeau
24:06Les auditeurs ont la parole sur RTL.
24:10Et on parle évidemment avec vous, à la lumière, hélas,
24:14de ce procès terrible de féminicide dans l'affaire Shaïnez Daoud,
24:20c'était à Mérignac en 2021,
24:22de l'accompagnement des femmes victimes de violences,
24:26notamment au moment de la plainte,
24:29ou même avant d'ailleurs, au moment de la main courante.
24:31Et je voudrais rebondir avec vous, Marie,
24:33vous nous parliez, vous nous racontiez votre situation à l'époque
24:37avec cet ancien compagnon qui vous harcelait,
24:40qui vous suivait, qui disait des choses horribles à votre enfant.
24:44Vous nous disiez, quand même,
24:47les gendarmes ont pris de mes nouvelles,
24:50c'est ça ce que vous nous disiez, Marie ?
24:52Alors déjà, j'ai eu la chance d'être accompagnée,
24:55donc j'ai fait appel à un avocat,
24:56savoir ce que je pouvais faire
24:58et ce que j'avais le droit de faire dans cette situation,
25:00parce qu'on est complètement démunis,
25:02vraiment, à force d'entendre régulièrement des paroles horribles,
25:05on se dit, en fait, je ne suis qu'une merde, vraiment,
25:08et on ne sait plus quoi faire, on ne sait plus comment réagir,
25:10et on se dit, c'est ma faute, c'est à cause de moi,
25:12si j'en suis arrivée là.
25:14Vous aviez perdu toute estime de vous-même, Marie ?
25:16Non, mais complètement.
25:17Mais vraiment, je suis détruite.
25:19Vraiment.
25:20Rien que d'en parler, j'en tremble.
25:23Après, j'ai eu de la chance, vraiment,
25:24de ne pas subir de violences physiques,
25:27contrairement à d'autres témoignages qui ont eu lieu précédemment.
25:31J'ai eu cette chance-là, effectivement,
25:33d'être accompagnée par ma famille,
25:35et mes collègues également.
25:38Mais c'est une épreuve.
25:41J'invite toutes les femmes à en parler.
25:44Peu importe, au gendarme, à un avocat, à une association,
25:49mais le fait d'en parler, de mettre des mots dessus,
25:52ça permet déjà de dire que, effectivement, c'est pas normal.
25:57Tout ce qu'on vit, en fait, c'est pas normal.
26:01Par exemple, lorsque vous êtes allée voir les gendarmes,
26:03vous avez été comprise, entendue ?
26:06Vous avez eu ce sentiment d'un accueil bienveillant ?
26:09C'est ça.
26:10J'ai eu un rendez-vous avec une assistante d'une association
26:14qui fait des permanences à la gendarmerie.
26:16On m'a demandé de remplir un tableau
26:18en fonction des situations que je vivais.
26:21Et là, on me retourne le tableau,
26:23on me dit, regardez, on est dans la zone rouge,
26:25on est clairement en danger, en fait.
26:27Et là, on se prend une claque et on se dit,
26:29mince, je ne pensais pas en être là, vraiment.
26:32Vous aviez l'impression, jusqu'à ce qu'on vous montre ce tableau,
26:34d'avoir les choses à peu près en main, malgré tout ?
26:37C'est ça.
26:38La situation était un peu difficile, certes,
26:41mais ça restait dans le correct.
26:45Après, je faisais attention à ne pas trop me maquiller,
26:48à ne pas m'habiller d'une certaine manière,
26:50à ne pas faire attention à ce que je disais.
26:53C'est renversement de la charge et de la culpabilité.
26:56J'avais la boule au ventre quand je rentrais du boulot,
26:59de savoir que je devais rentrer à la maison,
27:01de savoir qu'est-ce qui allait se passer, dans quel état il allait être.
27:05J'avais cinq minutes de retard, mais c'était dramatique.
27:09Restez avec nous, Marie,
27:10parce que peut-être que vous allez réagir au témoignage de Christine,
27:13qui, elle aussi, a eu le courage de faire le 32-10.
27:15Je dis le courage parce que ce n'est pas simple, je le sais.
27:17Bonjour, Christine.
27:18Bonjour.
27:19Oui, bonjour à tous.
27:21Forcément, parler de tout ça, ça remue.
27:25Vous-même, vous avez été victime de violences conjugales.
27:28Vous êtes allée au commissariat.
27:30Vous avez été entendue et entourée, c'est ça ?
27:33Oui, tout à fait.
27:34Alors, j'ai eu beaucoup de chance, moi,
27:36parce que quand j'entends les témoignages, je ne comprends pas.
27:38Parce que moi, dès que je suis allée au commissariat,
27:41j'avais une attestation de laisser un légiste, etc.
27:45Ils m'ont tout de suite prise au sérieux.
27:48Ils m'ont entendue, ils ont pris ma plainte.
27:51Tout de suite après, ils m'ont accompagnée à mon domicile
27:54et ils ont embarqué tout de suite monsieur.
27:56Ils m'ont tout de suite mise en garde à vue.
27:58Et tout de suite, j'ai bénéficié, j'ai eu beaucoup de chance
28:02de mesure d'éloignement.
28:07Donc, monsieur n'avait pas le droit de venir à la maison.
28:09Il a respecté ça ?
28:10Oui, il était obligé parce que derrière,
28:13il y avait une association qui m'appelait tous les jours
28:16pour me demander si monsieur ne m'avait pas appelée,
28:18s'il était venu, etc.
28:21Donc, je ne comprends pas pourquoi dans une situation
28:23beaucoup plus grave que les mêmes, d'après ce que j'entends,
28:26il n'y a pas eu ce genre de mesure. Je ne comprends pas.
28:28C'était à quelle époque ?
28:30En 2014, monsieur.
28:32Et la peur, vous avez réussi à l'éloigner
28:36au fil des jours, des mois ?
28:38Écoutez, je n'ai plus de nouvelles à ce jour-ci,
28:42mais la peur est toujours là.
28:44Je n'arrive pas à refaire ma vie.
28:46La peur est toujours là, on ne peut pas.
28:48Parce que même si au niveau physique,
28:50je m'en suis remise à peu près,
28:52mais au niveau psychologique, c'est le plus dur.
28:54Ça, c'est important.
28:56À ce jour, je suis toujours suivie auprès de l'ACMP.
29:00Je n'arrive pas parce qu'on me dit tout le temps
29:02que c'est de ma faute.
29:04Voilà, tout ça ressurgit.
29:06Il y a une forme de destruction psychologique.
29:08Je dis ça parce que Marie, qu'on avait auparavant,
29:10disait, j'ai eu beaucoup de chance.
29:12Moi, je n'ai pas eu, entre guillemets,
29:14j'ai eu beaucoup de chance, évidemment.
29:16J'ai pas eu de violences physiques,
29:18je n'ai eu que des violences psychologiques.
29:20Même psychologiques, vous savez aussi,
29:22on ne s'en rend pas compte.
29:24Dès que je me suis rendue compte des violences psychologiques,
29:26dès que j'ai commencé à me rebuffer un peu,
29:28c'est là que les violences physiques sont venues.
29:30Ça a commencé par des violences psychologiques ?
29:32Voilà.
29:34C'est-à-dire des insultes, des choses comme ça ?
29:36Oui, voilà, c'est ça.
29:38Dès que j'ai commencé à me rebuffer,
29:40comme j'étais dos au mur,
29:42les violences physiques sont venues.
29:44Et là, au niveau psychologique,
29:46pour beaucoup de personnes,
29:48c'est de notre faute, c'est de notre faute.
29:50Pour moi, c'est du dur à vivre.
29:52Je parle pour mon corps.
29:54C'est un long travail de reconstruction.
29:56Oui, même 10 ans après,
29:58ça fait 10 ans, 11 ans,
30:00c'est toujours difficile.
30:02On comprend toute votre émotion,
30:04et c'est aussi la raison pour laquelle,
30:06d'abord, ce témoignage est très important
30:08pour toutes les autres femmes, Christine.
30:10C'est ça.
30:12Et c'est très important.
30:14On comprend la difficulté, toute votre émotion.
30:16Les femmes, surtout,
30:18même avoir la première gifle,
30:20dès le moindre reproche, beaucoup trop.
30:22Voilà, il faut...
30:24Il faut réagir tout de suite.
30:26Que vous soyez entendue, Christine.
30:28Parce qu'au début,
30:30on se dit qu'on va changer monsieur,
30:32tout, psychologiquement, mais non, c'est impossible.
30:34Franchement, c'est impossible.
30:36Merci beaucoup, Christine.
30:38Merci à toutes celles qui nous ont appelées aujourd'hui.
30:40J'ai eu le temps d'entendre sur ce sujet.
30:42Merci à toutes d'avoir fait le 3210.
30:44Merci, monsieur aussi,
30:46puisqu'on a eu un avocat domicile tout à l'heure.
30:48Et on va évoquer un autre dossier
30:50qui fait la une de l'actualité aujourd'hui,
30:52l'antisémitisme,
30:54après cette agression du rabbin d'Orléans.
30:56Qu'est-ce qu'on fait de sa judéité,
30:58dans cette situation,
31:00aujourd'hui,
31:02avec cet antisémitisme rampant ?
31:04Est-ce qu'on la cache ?
31:06Est-ce qu'on a tendance, finalement,
31:08à la cacher, par sécurité,
31:10pour être un peu plus tranquille ?
31:12Vous nous racontez ça, 3210.
31:14Céline Landreau et Vincent Parizeau,
31:16les auditeurs ont la parole,
31:18sur RTL.
31:20Les auditeurs ont la parole,
31:22avec Vincent Parizeau et Céline Landreau.
31:24Je voudrais
31:26exprimer toute mon admiration
31:28au rabbin d'Orléans
31:30pour son courage,
31:32pour sa sérénité, pour sa foi,
31:34et aux petits garçons aussi.
31:36Chapeau ! J'ai écouté le message
31:38du rabbin, j'ai trouvé ça
31:40formidable, et ça fait du bien
31:42des gens comme ça. Moi, je suis catholique pratiquante,
31:44et je voudrais bien réagir
31:46comme ça, si ça m'arrive.
31:48Effectivement, et vous n'êtes pas la seule,
31:50madame, à avoir réagi
31:52de cette façon, en nous laissant des messages
31:54de soutien,
31:56évidemment, au rabbin d'Orléans,
31:58et de dénonciation
32:00de cette agression extrêmement violente,
32:02donc, par
32:04un jeune dont on ne connaît d'ailleurs pas encore
32:06clairement le profil, on ne sait pas vraiment qu'elle agit là,
32:08on ne sait pas quelle est sa nationalité,
32:10on ne sait pas ce qu'il a fait auparavant, on devrait avoir,
32:12j'espère, plus d'informations
32:14dans les heures et les jours qui viennent.
32:16En tout cas, vous êtes nombreux à vouloir réagir
32:18après cette agression.
32:20Samedi, bonjour Muriel.
32:22Bonjour. Bienvenue.
32:24On se demandait, au sein de la communauté juive,
32:26comment on évolue
32:28au fil des années, et de la dégradation
32:30de la situation.
32:32Excusez-moi un instant, si ça me permet,
32:34j'aimerais dire,
32:36on n'a pas besoin de savoir d'où il vient.
32:38Il est juste, il a eu un acte...
32:40C'est vrai, vous avez totalement raison, Muriel.
32:42D'accord. Je vais vous dire,
32:44ce n'est pas méchant ce que je dis, je vous assure que j'arrive sans
32:46agressivité, mais avec beaucoup de peine et de désespoir.
32:48Mon témoignage,
32:50il est avec beaucoup de peine, j'ai 60 ans,
32:52je suis en plein dans la vie active, il n'y a pas de problème,
32:54je ne suis pas arriéré sur mes pensées,
32:56on est conciliant,
32:58on est une communauté qui s'entraide, c'est vrai,
33:00on est une communauté ouverte,
33:02et j'aimerais le faire savoir, parce que
33:04aujourd'hui, je profite des médias, je ne suis pas du style
33:06à me manifester, mais quand il y a quelque chose
33:08qui me révole quelque part, c'est qu'on
33:10est triste, on est triste. Sachez que
33:12la communauté juive est triste
33:14de ce qui arrive en France, parce que c'est un pays qu'on aime,
33:16qu'on a respecté,
33:18on a été travailleurs, on nous envie, parce qu'on
33:20est travailleurs et on n'est pas profiteurs du système,
33:22on s'entraide,
33:24c'est vrai,
33:26on a toujours su se défendre, jamais attaqué,
33:28j'aimerais faire passer ce message
33:30aux non d'Israël,
33:32il y aura des gens qui seront cons,
33:34mais moi,
33:36j'ai 4 enfants, 4 garçons,
33:38qui ont été en école juive,
33:40et pour vous expliquer
33:42rapidement, j'étais divorcée,
33:44dans la pénibilité, vraiment
33:46au niveau financier,
33:48mais j'ai protégé mes enfants, parce qu'ils ont
33:50été dans des écoles
33:52non juives, dans des écoles
33:54laïques, où j'étais très bien,
33:56mais malheureusement, on ressentait
33:58l'antisémitisme déjà à cette époque.
34:00Ça veut dire que pour les protéger, vous avez
34:02dû les sortir de l'école de la République ?
34:04Oui.
34:06J'habitais dans le 93, j'habitais au
34:08Lilac,
34:10qui était très bien,
34:12vraiment,
34:14c'était une banlieue très bien
34:16fréquentée, malheureusement, on ressentait déjà
34:18l'antisémitisme. Mais ça se traduisait comment
34:20cet antisémitisme à l'école, Muriel ?
34:22Par des injures, par des croquis,
34:24par des injures, mes enfants étaient jeunes.
34:26Et donc,
34:28dans la pénibilité, franchement, j'ai fait
34:30appel à des écoles juives,
34:32j'ai mis mes enfants à l'Alliance
34:34qui était très ouverte
34:36à Beaubigny, à Tadion-sous-Bois,
34:38qui ont compris
34:40mon problème, que j'avais quatre enfants,
34:42que j'étais seule à les élever,
34:44et que malheureusement,
34:46j'avais fait un choix
34:48qui était très compliqué pour moi, parce qu'il fallait
34:50les amener, et autres, et payer.
34:52Et malgré tout, j'ai fait ce choix
34:54pour les protéger. On mettait des capettes,
34:56pour pas qu'ils mettent des kippas, et on nous
34:58demandait à l'école d'enlever les kippas,
35:00pour pas être provocateurs.
35:02Et c'est ce message que j'aimerais faire passer.
35:04Dans cette école juive,
35:06on leur disait, vous venez
35:08à l'école sans kippa.
35:10Non, avec des capettes.
35:12Il y avait d'autres signes extérieurs
35:14que vous mettiez, j'allais dire,
35:16sous couche ? Alors moi, quand j'avais 17 ans,
35:18j'étais un peu,
35:20on va dire,
35:22suisse à fond, parce que
35:24moi, je voulais pas me cacher, parce que ma mère
35:26était une personne qui...
35:28Mes parents viennent d'Algérie.
35:30Ils sont venus très tôt
35:32en France. Moi, je suis née en
35:3462, donc ils sont venus bien avant.
35:36Et ils ont toujours
35:38respecté ce pays. Mon père nous a appris que la France
35:40est un très beau pays,
35:42nous a appris
35:44la politique très jeune, enfin,
35:46on aimait vraiment,
35:48on aime ce pays,
35:50et on est triste. Il faut comprendre que
35:52la majorité des Israélites
35:54sont tristes de voir ce qui se passe en France,
35:56et qu'on n'a pas de défense,
35:58et qu'on subit de la désinformation
36:00sur certaines chaînes
36:02publiques. On subit
36:04de la désinformation.
36:06Je ne sais pas ce que vous
36:08entendez, mais on ne va pas rentrer dans ce débat-là.
36:10Non, non, non.
36:12Je ne cherche pas non plus à essayer...
36:14Cela dit, Muriel, ce qui nous intéressait
36:16là aussi, c'était
36:18tout par rapport aux signes extérieurs.
36:20Vos parents,
36:22par exemple,
36:24ils affichaient
36:26ou ils cachaient leur juridité ?
36:28Ma mère travaillait dans des écoles,
36:30elle était chef quantitaire,
36:32et on l'a provoqué
36:34avec Enrico Macias, parce qu'on l'a soupçonné,
36:36il savait qu'elle venait d'Algérie, mais on disait
36:38qu'on était chrétiens.
36:40Elle mettait une photo
36:42de Sainte Vierge dans son portefeuille.
36:44On l'a provoquée quand il y avait Enrico Macias
36:46qui passait à la radio.
36:48Elle mettait une photo de la Sainte Vierge
36:50dans son portefeuille pour...
36:52Pour faire croire
36:54qu'elle était catholique.
36:56On habitait à Lille,
36:58on respectait
37:00les fêtes, parce que c'était
37:02très compliqué d'avoir de la viande cachère,
37:04et tout ça, donc on respectait les fêtes.
37:06Mes parents faisaient
37:08des kilomètres pour aller chercher de la viande pour les fêtes,
37:10et on cachait notre juridité.
37:12On cachait notre juridité.
37:14Et ça,
37:16aujourd'hui, vous avez le sentiment
37:18que ça se fait de plus en plus ?
37:20On a eu des années
37:22où on a su...
37:24J'avais des tas d'amis,
37:26je suis quelqu'un de très communicatif,
37:28donc j'avais beaucoup d'amis israélites.
37:30Pour vous dire,
37:32des vingtaines de couples,
37:34des trentaines de couples d'amis que j'avais,
37:36j'en ai plus que cinq ou six en France.
37:38Effectivement,
37:40c'est parlant. On vous remercie beaucoup, Muriel,
37:42de ce témoignage. On vous souhaite une
37:44bonne journée. Merci d'avoir parlé,
37:46témoigné aujourd'hui sur RTL,
37:48et merci de votre fidélité.
37:50On va poursuivre sur ce sujet dans un instant.
37:52A tout de suite.
37:5413h-14h
37:56Les auditeurs ont la parole
37:58avec Vincent Parizeau et Céline Landreau.
38:02Jusqu'à 14h,
38:04les auditeurs ont la parole.
38:06Vincent Parizeau et Céline Landreau sur RTL.
38:08Je remercie M. Mélenchon et toute sa
38:10clique LFI d'avoir amplifié l'importation
38:12du conflit israélo-palestinien
38:14dans leur programme de campagne des différentes
38:16élections passées. On est en France,
38:18un pays laïque, dans lequel tout le monde
38:20peut vivre sa religion, théoriquement,
38:22en toute liberté
38:24et en toute sécurité.
38:26Voilà, donc, pour ce témoignage
38:28qui montre du doigt
38:30effectivement la responsabilité,
38:32qui pointe du doigt la responsabilité
38:34de LFI. D'ailleurs, Mathilde Panot...
38:36que j'allais dire, a répondu ce matin
38:38la chef de file des députés de la France Insoumise
38:40qui était l'invité de Thomas Soto, en me disant
38:42qu'évidemment, LFI condamnait
38:44l'antisémitisme comme les actes
38:46anti-musulmans. Et on s'intéresse
38:48aussi aux réactions au sein de la
38:50communauté juive, notamment de celles et
38:52ceux qui, d'une manière ou d'une autre, cachent
38:54leur judéité, plus ou moins.
38:56Padmé Zouza, par exemple,
38:58devant la porte,
39:00une casquette à la place d'une kippa,
39:02comme nous disait l'auditrice précédemment.
39:04Bonjour Christian.
39:06Oui, bonjour.
39:08Bienvenue. Expliquez-nous,
39:10vous, comment vous vivez
39:12votre judéité ?
39:14Alors, moi j'ai la chance d'avoir un nom de famille
39:16qui n'a pas du tout de consonance
39:18ou peu de consonance israélite.
39:20Et j'ai toujours caché ma religion
39:22depuis l'âge de 10 ans.
39:24On vous a appris à la cacher ?
39:26Mes parents ne montraient pas
39:28non plus leur judéité, on n'avait pas
39:30de Mezouza devant la porte, jamais.
39:32Mon père avait une profession libérale
39:34et il bisait toujours à ses nouveaux clients
39:36s'il était de confession juive et si ça
39:38les gênait. Il y a des gens qui n'ont jamais
39:40voulu travailler avec lui. Il est expert
39:42comptable, je tiens à le souligner. Il y a des gens qui n'ont pas
39:44voulu travailler avec lui parce qu'il était juif ?
39:46Oui. Et ça, je vous parle
39:48de ça, c'est les années 70 et 80.
39:50Et pourquoi vous, à 10 ans,
39:52vous décidez de cacher votre religion ?
39:54Un jour, petit enfant,
39:56vous êtes en classe, on vous demande ce que vous avez
39:58fait en primaire, ce que vous avez fait ce week-end
40:00vous tituez à la synagogue.
40:02Et puis là, du jour au lendemain, vous êtes
40:04l'enfant qui est au fond de la classe, l'enfant qui
40:06ne passera pas en sixième, et tout ça.
40:08Ah oui,
40:10c'est-à-dire que vous, même de la part
40:12de l'instituteur, vous avez
40:14senti
40:16un antisémitisme ? Oui.
40:18Donc depuis ce jour-là, je n'en ai plus jamais parlé.
40:20Ça m'a suivi tout le long de ma
40:22scolarité. Mes parents m'ont mis dans
40:24l'enseignement catholique.
40:26Là, il y avait une pauvre fille qui s'appelait
40:28Darmon, qui se faisait traiter du pain
40:30toute la journée.
40:32J'ai eu le droit au service
40:34militaire. Il y avait un garçon
40:36qui a tout de suite su que j'étais de religion
40:38parce que j'ai un nom de famille.
40:40Bref, je ne veux pas trop rentrer dans les détails.
40:42Et
40:44il m'a dit, c'est qui ton chef de section ?
40:46Je lui ai dit, c'est lui. Il m'a dit, surtout, tu ne donnes pas
40:48ta religion.
40:50Et c'est comme ça tout le temps.
40:52Et là, je regarde
40:54votre âge, j'imagine que c'était
40:56dans les années 80,
40:58fin des années 80 ?
41:00Oui, 80-90. Mais même,
41:02dans l'entreprise dans laquelle je travaille,
41:04j'ai eu le droit à des réflexions.
41:06Oui, de toute façon, c'est des juifs, ils travaillent tous
41:08ensemble, c'est normal. Ou tout simplement,
41:10tiens, lui, il n'est pas là aujourd'hui. Oui, c'est un juif.
41:12Ah, mais tiens, c'est une fête juive aujourd'hui.
41:14Mais pourtant, le salon du prêt-à-porter,
41:16ce n'était pas cette semaine.
41:18Des réflexions qu'on entend. Et comme
41:20vous n'annoncez pas votre religion, les gens
41:22vous parlent tranquillement comme si vous étiez avec eux.
41:24Oui, et c'est là, et c'est vous. Du coup,
41:26vous pouvez nous dire aujourd'hui que l'antisémitisme,
41:28aujourd'hui, il est
41:30ambiant, finalement. Alors, il a
41:32toujours été ambiant, simplement, maintenant, les gens
41:34le disent haut et fort.
41:36Parce qu'il n'y a aucune condamnation.
41:38Parce que personne ne prend...
41:40Je peux même aller encore... Je peux même
41:42vous parler encore de quelque chose qui m'est arrivé.
41:44Je travaillais pour un employeur,
41:46ma mère décède. Donc, dans
41:48la religion juive, vous avez la semaine de deuil,
41:50le mois de deuil et l'année de deuil. Oui.
41:52Donc, je me pose la semaine de deuil
41:54et on me dit, mais pourquoi une semaine ? C'est long, une semaine.
41:56Donc, je leur dis tout simplement que dans ma confession,
41:58c'est comme ça.
42:00J'ai été licencié le mois suivant.
42:02Et vous y voyez un lien.
42:04Non, non, mais quand je vous dis que ce n'est pas vrai, je ne mets pas en cause.
42:06Ce que vous me dites, c'est que je ne reviens pas,
42:08Christian. Non, non, mais vous ne pouvez pas.
42:10Vous ne pouvez pas le prouver. C'est impossible à prouver.
42:12C'est que de l'oral. C'est que de la parole.
42:16Merci beaucoup, Christian,
42:18pour votre témoignage qui nous laisse un peu
42:20sans voix. Effectivement.
42:22On a du mal à imaginer que tout ça soit encore possible dans notre pays
42:24en 2025. Je voudrais qu'on accueille Sarah, peut-être,
42:26maintenant. Bonjour.
42:28Bonjour. Je précise, vous êtes musulmane.
42:30Oui, tout à fait.
42:32Comment vous réagissez
42:34à ce que vous venez d'entendre, à l'instant,
42:36ce que nous disait Christian ?
42:38C'est-à-dire qu'en gros, il a grandi
42:40dans un climat d'antisémitisme
42:42permanent, quasiment. Eh bien, pas nous.
42:44On n'a pas grandi comme ça.
42:46Moi, je suis issue d'un mariage mixte.
42:48Christian est musulman.
42:50Moi, mon père m'a toujours dit,
42:52voilà, il était musulman.
42:54Il m'a dit,
42:56voilà la Bible, voilà le Coran,
42:58voilà d'autres livres saints, voilà le bouddhisme.
43:00C'est toi, ta propre idée.
43:02Et quand on a vu
43:04la violence
43:06que le rabbin a vécue hier devant son fils,
43:08peu importe qu'il soit devant son fils ou pas,
43:10nous étions tous choqués parce que
43:12on en a parlé avec nos enfants.
43:14On était tous choqués, d'où mon message
43:16ce matin, parce que ça m'a révolté.
43:18Ah, mais c'est vous qu'on a entendu,
43:20effectivement, sur le répondeur d'AirTel.
43:22Vous nous disiez, mais bon sang de bois,
43:24mais est-ce qu'ils ne peuvent pas
43:26lire un petit peu ce qu'il y a
43:28dans le Coran ?
43:30Oui, parce que, vous savez,
43:32peu importe le livre saint,
43:34que ce soit la Bible ou le Coran, ça prône la
43:36tolérance. La tolérance,
43:38aimer l'autre. Et d'ailleurs, même le prophète,
43:40il disait, vous avez votre religion,
43:42nous avons la nôtre.
43:44Chacun respecte l'autre et on peut
43:46tout simplement vivre
43:48en paix et ensemble.
43:50Oui, j'ai insisté en disant, mais
43:52foutez-leur la paix aux Juifs.
43:54Laissez-les vivre.
43:56Laissez-les tranquilles.
43:58Voilà. Et chaque religion,
44:00et ces jeunes qui ont
44:02la pensée, en ce moment, qui est enfermée
44:04dans l'ignorance et tout ce que je...
44:06Je ne peux penser que ça,
44:08c'est enfermé dans l'ignorance.
44:10Peu importe ce que vous lisez,
44:12la Bible, le Coran, la Torah,
44:14le Bouddhisme,
44:16même un livre d'un écrivain,
44:18pardonnez-moi, même un livre d'un écrivain,
44:20à partir du moment où vous lisez,
44:22la lumière s'ouvre à vous.
44:24Je suis bien d'accord,
44:26mais la question, est-ce qu'ils ne lisent pas sur tout
44:28ce qu'il y a sur les réseaux sociaux ?
44:30Oui, voilà le gros problème,
44:32les réseaux sociaux, mais je compte
44:34sur la France et
44:36sur M. Darmanin pour éradiquer
44:38tout ça, surtout M. Rotaillot,
44:40qui essaye de faire le nécessaire pour
44:42exclure toutes ces personnes-là
44:44qui prennent la haine en France, parce que la France,
44:46et je le redis, c'est un pays
44:48de paix, c'est un pays où on peut
44:50tous vivre ensemble, et c'est
44:52possible. Luttons
44:54pour ça. Luttons pour ça.
44:56Sarah, très souvent dans ces
44:58sujets-là, votre communauté
45:00est pointée du doigt, vous en parlez
45:02avec d'autres musulmans autour de vous
45:04pour lutter contre tout ça ?
45:06Eh bien écoutez,
45:08comment vous dire ?
45:10Mais bien sûr,
45:12on en parle,
45:14et on est
45:16surpris,
45:18mais on ne veut pas rentrer là-dedans.
45:20On ne veut pas rentrer là-dedans parce que
45:22on est comme des grains de sable.
45:24Si chacun de nous
45:26renverse la situation, même avec
45:28un petit geste, moi je me dis
45:30que ça va marcher. Un petit geste comme celui
45:32de faire le tremble-dix, de la tolérance, et
45:34d'appeler RTL et de lancer
45:36ce message très clair.
45:38Et vous l'avez fait
45:40brillamment. Merci beaucoup, Sarah.
45:42On vous souhaite une belle journée
45:44dans votre Normandie,
45:46on va dire ça comme ça,
45:48au sens large.
45:50On va prendre la direction des Alpes
45:52après 14h avec Jean-Alphonse Richard.
45:54Avec le crash.