Avec Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire & Yoann Gillet, journaliste politique
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel .
▪️ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ .
▪️ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio .
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##LE_DEBAT_DU_SAMEDI-2025-03-22##
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel .
▪️ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ .
▪️ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio .
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##LE_DEBAT_DU_SAMEDI-2025-03-22##
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour Arnaud Benedetti. Bonjour à vous. Merci d'être avec nous, vous êtes rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire,
00:08professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne, auteur du livre Comment en sont morts les politiques, le grand malaise du pouvoir, c'est aux éditions du Serre.
00:17Bonjour Johan Gillet. Bonjour Laurence, bonjour Arnaud. Bonjour. Journaliste politique. Alors messieurs, face à la montée des extrêmes droites,
00:25des populismes partout en Europe, en Allemagne, Italie, dans un monde qui semble gouverné par Trump et Poutine, est-ce que vous-même vous redoutez un péril fasciste
00:35et faut-il utiliser ce mot fascisme ? Je commence par vous Arnaud Bénédetti.
00:40Écoutez, moi je pense que cette manifestation c'est le plus petit des nominateurs communs pour réussir à coaguler des gauches qui, sur le fond, sont extrêmement divisés,
00:51agiter l'épouvantail antifasciste, c'est une figure historique qui a, à une époque, eu une véritable pertinence en effet, mais qui aujourd'hui,
01:01et d'ailleurs votre petit sondage le démontre et je suis convaincu que si on faisait un sondage sur l'ensemble de la population française,
01:08je ne suis pas sûr que, en tout cas pour ce qui concerne la France, ce danger soit considéré comme véritablement la préoccupation principale des Français,
01:19tout simplement parce qu'il faudrait encore qu'on s'entende sur ce qu'est la notion d'extrême droite.
01:24La notion d'extrême droite, elle obéit, qu'on le veuille ou non, à des critères historiques qui sont tout à fait spécifiés.
01:31Vous êtes d'extrême droite quand vous voulez renverser le régime, c'est-à-dire la République.
01:35Aujourd'hui, je n'entends pas, en tout cas parmi les formations qui sont qualifiées d'extrême droite par ceux qui vont manifester demain,
01:43les gens qui veulent renverser la République.
01:45Il faut par exemple s'assumer clairement qu'on est antisémite,
01:48ce qui était un grand nombre de formations politiques dans les années 30 qui d'ailleurs souhaitaient renverser la République.
01:55Les Maurassiens, en l'occurrence, l'action française était antirépublicaine,
01:59elle voulait renverser la gueuse et elle était antisémite.
02:01Je ne crois pas que les formations que l'on désigne aujourd'hui comme d'extrême droite soient explicitement antisémites.
02:09Donc, en l'occurrence, on est, je pense, face à une figure politique qui constitue une ressource politique pour la gauche.
02:15Et moi, vous savez, en ce moment, comme vous le savez, la revue politique et parlementaire est très engagée dans la défense de Boylem Sanssard.
02:21J'aurais aimé que la Ligue des droits de l'homme, je suis désolé pour ce coup de gueule,
02:25j'aurais aimé que la Ligue des droits de l'homme, qui appelle à manifester aujourd'hui dans la rue,
02:28ait un mot de soutien vis-à-vis de Boylem Sanssard, qui aujourd'hui a 80 ans et est emprisonné en Algérie.
02:34Je vais faire réagir aussi à Yoann Gilet. Ce mot fascisme, pour vous, il n'a pas de résonance, malgré tout ?
02:41On ne parle pas que de la France, mais de l'Europe et du monde.
02:46Alors, je suis inquiet qu'il n'ait pas de résonance.
02:48Il y a quand même des petits gestes qui, pour le coup, nous rappellent des symboles de l'histoire,
02:54des bras qui se lèvent, des petits bras, des petits salut nazis qui sont en train de se lever un petit peu partout
03:00et qui, là, ne sont plus simplement une idée conceptuelle de journaliste métaphorique.
03:04C'est-à-dire que les bras se lèvent vraiment. On les voit à des meetings, il n'y a plus de problème.
03:08Donc, je suis un petit peu inquiet quand je vois que les gens ne craignent pas cette évolution.
03:12Après, Arnaud Benedetti a mille fois raison d'être précis sur les mots,
03:16parce que c'est quand on galvaude les mots que, de fait, on permet de faire monter les vrais fascistes et les vrais nazis.
03:22Alors, les vrais responsables, effectivement, de la montée de cet extrémisme de fascisme et de nazisme
03:29sont les fascistes et les nazis eux-mêmes. Ce sont eux les premiers responsables.
03:33C'est-à-dire que ce sont ceux qui, par exemple, ne croient pas en l'État de droit.
03:37L'État de droit, c'est quand même ce qui nous permet globalement de dire que notre système à nous,
03:41il tient sur des règles qui font que le politique n'est pas au-dessus des règles de droit.
03:45C'est-à-dire que ce n'est pas un politique qui, d'un coup, peut tout balayer.
03:48Ce qui n'est plus totalement le cas aux États-Unis d'Amérique, par exemple.
03:51C'est pourquoi nous pouvons commencer à nous diriger vers ce genre de termes que vous évoquez, Laurence.
03:55Par contre, ce qui est terrible, ce sont toutes celles et ceux qui, dans une certaine partie de la sphère politique,
04:03ont traité tant de gens de doréaux, de fascistes et de nazis,
04:07qui ont totalement, je pense évidemment à la France insoumise, ont totalement banalisé cette notion.
04:14Nous ne réussissons plus à y mettre des frontières, des frontières claires, des notions bien définies.
04:21Ce qui fait qu'aujourd'hui, ceux qui ont un historique qui est quand même un petit peu compliqué,
04:25parce qu'on ne regarde pas simplement un parti à son ripollinage, mais à ses racines.
04:29Je fais évidemment référence au Rassemblement National.
04:32Tout ça a été totalement invisibilisé.
04:35On ne peut pas combattre l'extrême droite en en élargissant le cercle,
04:41de manière à noyer celles et ceux qui y appartiennent et qui se font dans la masse.
04:45Il y a beaucoup de responsables dans cette affaire, y compris ceux qui prétendent le combattre.
04:49Vous parliez de LFI qui a été condamné pour atteinte au droit à l'image,
04:53un peu plus tard qu'hier par le tribunal judiciaire de Nanterre,
04:56condamné à verser 3500 euros de dommages et intérêts à Cyril Hanouna,
05:00suite à ce fameux visuel dont on ne cesse de parler.
05:03Même si Manuel Bompard et Mathilde Panot ont reconnu une erreur générée par l'intelligence artificielle
05:08et réfutent les accusations d'antisémitisme,
05:11on sent que cette polémique tombe mal là aujourd'hui
05:14et déstabilise aussi pas mal d'organisations de gauche
05:17et des ONG à l'origine de la marche, Arnaud Benedetti.
05:21Tu te rends compte de l'ineptie, de l'argumentation des leaders de LFI
05:27pour parler d'une erreur alors qu'il s'agit d'une faute morale et d'une faute politique.
05:33Aller chercher dans l'intelligence artificielle la raison de leur indigence politique,
05:39je crois que franchement on atteint un niveau de propagande
05:44qui lui n'est pas sans rappeler celui d'autres périodes de l'histoire politique.
05:50C'est un mensonge éhonté que n'importe quel enfant de 10 ans est capable de pointer du doigt.
05:59Ils ont commis une faute, ils auraient pu très bien reconnaître cette faute sans m'excuser.
06:05Ils ont connu cette erreur, à part Mélenchon.
06:08Une erreur ce n'est pas une faute, parce que c'est tout à fait différent.
06:13Une faute c'est une notion morale, une erreur c'est parfois en effet
06:17ça peut être un dysfonctionnement technique, un mauvais usage.
06:21C'est ce qu'ils sont en train de nous expliquer.
06:23Ils sont en train de nous expliquer qu'ils ont fait un mauvais usage de l'intelligence artificielle.
06:26Mais quand même, attendez, il y a un directeur de la communication à LFI.
06:30Le directeur de la communication, il est censé valider à un moment donné
06:33les documents de propagande, les documents de communication.
06:37Que l'a-t-il fait ? Que l'a-t-il laissé passer ?
06:41En effet, une image qui prend tous les codes, qui sont les codes historiques de l'antisémitisme.
06:48Il y a un implicite dans la façon dont aujourd'hui la France insoumise
06:55utilise un certain nombre de figures qui sont de vieilles figures antisémites qui posent problème.
07:00C'est la raison pour laquelle cette marche, on le veuille ou non,
07:03je le dis avec une forme de gravité, aujourd'hui, elle ne peut pas être crédible
07:09parce qu'elle est portée par des gens qui eux-mêmes, d'une certaine façon,
07:13sont en train de colporter un certain nombre de codes,
07:16un certain nombre de codes qui sont des codes...
07:18Oui, mais il n'y a pas que dans cette marche, il y a la Ligue des droits de l'homme,
07:20il y a SOS Racisme, c'est pas que c'est pas la marche de LFI.
07:24Je ne suis pas plus d'accord, mais je répète, la Ligue des droits de l'homme,
07:26je ne l'entends pas sur un certain nombre de cas.
07:28Oui, ça j'ai compris.
07:29La défense des droits de l'homme, elle ne peut pas être à géométrie variable
07:32en fonction de ses prismes idéologiques.
07:34Donc, c'est un vrai sujet, c'est un vrai problème.
07:37Et c'est la raison pour laquelle, en tout cas en France, je parle de la France,
07:41je ne parle pas du reste de l'Europe, mais en tout cas en France,
07:43je pense qu'en effet, l'adhésion de l'opinion publique à ce type de démarche,
07:48peut-être du monde de la rue, je ne le conteste pas,
07:51l'adhésion à ce type de démarche n'est pas, en tout cas, majoritaire.
07:54Et ça, c'est une réalité aujourd'hui politique.
07:56Et d'ailleurs, j'allais dire quelque part, les élections le démontrent.
07:59Pour faire réagir Yoann Gilles, par rapport à ce visuel-là,
08:02dont on a tant parlé de LFI, c'est une faute politique aussi pour vous ?
08:06Alors, d'abord, cette marche, il est souhaitable qu'elle réussisse.
08:11Parce que ne pas bouger par rapport à ce qui se passe partout dans le monde,
08:14ce serait une faute citoyenne et morale.
08:16Donc, en pratique personnelle, je souhaite la réussite de cette marche, évidemment.
08:19Vous allez y aller vous-même, du côté de Tours, Yoann Gilles ?
08:22Vous allez descendre dans la rue ?
08:24Alors, c'est un argument de l'âge, vous allez me dire.
08:26Moi, j'appelle ça un argument familial qui compte.
08:28Ma petite fille a un an aujourd'hui.
08:30Et il était très important pour moi, dans ce contexte anxiogène,
08:33de marquer les étapes importantes familiales.
08:35Parce que je sais, le monde que nous sommes en train d'offrir à nos enfants,
08:37il est important aussi d'attacher l'importance, justement,
08:41à ces petits moments qui sont précieux.
08:43Mais vous savez, il y a plusieurs manières d'y être.
08:45Il y a, par exemple, la présence physique, la présence par le discours.
08:48C'est celui que je suis en train de tenir.
08:50Et qui ne permet de ne pas échapper à mes responsabilités.
08:52Puisque je vous dis que j'en souhaite, évidemment, la réussite et le succès.
08:55Mais Arnaud Bénédetti a raison.
08:57Et vous voyez le piège qui est tendu aux gens, ce que j'appelle aux gens raisonnables.
09:00C'est-à-dire aux gens qui sont à la fois radicaux,
09:02qui remontent à la racine des choses, mais qui sont nuancés.
09:05C'est qu'aujourd'hui, on est pris au piège par la stratégie de pension de la France Insoumise.
09:08C'est-à-dire, vous voyez, vous devriez être en train de critiquer l'extrême droite.
09:12Et c'est nous que vous critiquez.
09:14Mais bien sûr qu'on a tous envie de poser un regard sur l'extrême droite.
09:17Et d'y accorder une critique très, j'ai envie de dire, sévère.
09:22Dans les codes et dans les événements qui sont en train aujourd'hui d'apparaître aux yeux de tout le monde.
09:27Mais c'est parce que la France Insoumise joue le double jeu et nous piège.
09:30Qu'on est aussi obligé de faire ça pour pouvoir ensuite, j'ai envie de dire, rendre lisible le débat public.
09:36La France Insoumise, vous savez de qui on parle quand même ?
09:38On parle de Jean-Luc Mélenchon et des Insoumis.
09:41Bon, l'obsession, d'ailleurs Jean-Luc Mélenchon l'avait annoncé il y a quelques mois.
09:44Au final, tout ça se terminera entre eux, c'est-à-dire les fascistes, et nous, les Insoumis, les résistants.
09:50C'est son objectif d'épopée républicaine.
09:53Nous serons ceux qui résisteront.
09:55Donc il veut fabriquer cette histoire.
09:57Et pour la fabriquer, il a besoin de ces extrémistes-là.
10:00Donc voulez-vous que ça se termine entre eux et nous, comme ils disent ?
10:03Si, ils ne sont pas là.
10:04Donc ils en ont besoin.
10:06Et le gros problème, c'est que Jean-Luc Mélenchon est un homme d'une culture extraordinaire, surtout sur cette période-là.
10:12Son autre domaine d'expertise, c'est la Révolution française.
10:15Ce sont ces deux périodes qu'il admire, qu'il adore, et qu'il connaît par cœur.
10:19Jean-Luc Mélenchon n'a pas tout de suite eu un petit clignotant dans la tête quand il a eu cette image.
10:23Il a découvert qu'en soi, il n'a pas fait lien.
10:25Un homme qui est cultivé presque au détail près sur cette période-là,
10:30alors qu'il y a des personnes beaucoup plus incultes, telles que moi, sans aucun doute.
10:33On a tout de suite vu ça.
10:35Mais comment il fait pour que ça lui échappe ?
10:37Lui qui a donné, quand il était député à l'Assemblée nationale,
10:39tant de leçons sur les racines de la France, sur son histoire,
10:43quand il a combattu Valéry Boyer et Éric Ciotti,
10:45qui voulaient faire entrer dans la Constitution les racines chrétiennes de la France,
10:49comme si elles étaient exclusives.
10:50Il avait fait, de manière très calme d'ailleurs, et brillante, une démonstration
10:54pour montrer que c'était beaucoup plus compliqué que cela.
10:56Cet homme-là, d'un coup, va commencer à dire « je ne comprends pas, je ne sais pas, les autres sont fous ».
11:01Excusez-moi, vous le savez, Laurence, j'ai filmé le Rassemblement national pendant très longtemps
11:05avec Serge Moati, la dernière personne que je voyais taper sur les médias
11:09comme il l'a fait à Brest il y a deux jours, je crois, Jean-Luc Mélenchon.
11:12Et la personne qui disait tout le monde « dès que je dis quelque chose,
11:16on croit que c'est parce que la personne est juive et donc c'est de l'antisémitisme ».
11:20La dernière personne que j'ai filmée qui reprenait ces codes-là,
11:22il s'appelait Jean-Marie Le Pen.
11:24CQFD pour vous. Vous avez la même lecture politique et historique ?
11:30Oui, j'ai une lecture politique qui est assez proche de celle de Yann.
11:35C'est-à-dire qu'en l'occurrence, on sait très bien que Jean-Luc Mélenchon
11:39considère que le vrai débat politique de la société française,
11:44c'est entre le Rassemblement national et lui, entre lui et le Rassemblement national.
11:48Et qu'il rêve en effet d'un second tour d'élection présidentielle,
11:52peu importe quand est-ce qu'elle se tiendra, en 2027 en principe,
11:55peut-être avant, c'est pour jamais en l'occurrence,
11:57compte tenu de la stabilité politique française.
11:59Mais il souhaite manifestement un deuxième tour entre Marine Le Pen et lui,
12:04considérant qu'à ce moment-là, il deviendra la figure...
12:07La résistance républicaine.
12:10Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui, toutes les études d'opinion le démontrent,
12:13c'est que Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise
12:15font beaucoup plus peur que le Rassemblement national.
12:17Le Rassemblement national rassure beaucoup plus que la France insoumise.
12:21Mais la stratégie finalement de Jean-Luc Mélenchon,
12:24c'est une stratégie de tension permanente dans la société française.
12:27Cette société est profondément éclatée,
12:29elle a oublié son contrat social, elle a oublié son pacte républicain,
12:32elle a oublié ses racines, elle a oublié sa cohésion.
12:35Elle est fracturée, elle est archipélisée,
12:37comme dirait quelqu'un comme Jérôme Fourquet.
12:39Il se saisit de cette matière en ébullition
12:43que constitue cette balkanisation de la société française
12:47pour introduire toujours plus de ruptures,
12:50introduire plus de tensions, introduire plus de violences politiques.
12:53C'est ça, j'allais dire, la vocation d'un homme politique sur sa fin de carrière.
13:00C'est-à-dire qu'il redevient le révolutionnaire
13:03qu'il a espéré être quand il était plus jeune.
13:05Et c'est quelque part à la fois pathétique et quand même assez dangereux, je trouve.
13:09On aura beaucoup parlé de Mélenchon, finalement, ce matin.
13:12On verra en tout cas si les gens sont dans la rue aujourd'hui,
13:16partout en France, dans ces manifestations contre le racisme et le fascisme.
13:21Merci beaucoup, Arnaud Benéti, d'avoir été avec nous.
13:24Et merci, Johan Gillet.
13:26À très bientôt sur Sud Radio.