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00:00Il est 7h11 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la directrice de l'Observatoire européen des fondamentalismes.
00:07Bonjour Fadila Maroufi.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue sur Europe 1 avec nous ce matin depuis Bruxelles.
00:13Vous êtes aussi la cofondatrice du Café Laïque Paris-Bruxelles.
00:16Alors mercredi, le député La France Insoumise Antifa, triple fiché S, Raphaël Arnault,
00:22a organisé à l'Assemblée Nationale une table ronde contre l'islamophobie.
00:27Parmi les invités, des membres du collectif contre l'islamophobie en Europe,
00:32mais aussi le syndicat des étudiants musulmans de France, l'EMF.
00:35Alors ces deux organisations sont réputées proches des frères musulmans.
00:39Et lors d'une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, on entend pendant cette table ronde
00:44une militante des étudiants musulmans de France se plaindre
00:47que les étudiants ne disposent pas de salles pour prier dans les universités.
00:52Fadila Maroufi, qu'est-ce que vous comprenez de ces événements ?
00:57Alors il y a plusieurs choses.
00:59Tout d'abord, il faut rappeler quand même que le ministre de l'Intérieur à l'époque, en 2020,
01:03Gérald Darmanin, avait demandé la dissolution du CCIF,
01:08donc l'actuel CCIE qui a été invité par Raphaël Arnault.
01:13Le CCIE, c'est la vitrine reconstituée à Bruxelles de l'ex-CCIF dissous il y a 5 ans.
01:22Exactement, qui est venu s'installer à Bruxelles sous une nouvelle appellation,
01:29mais qui a néanmoins continué ses activités, donc attaqué la France depuis Bruxelles.
01:35En réalité, il n'a jamais quitté la France, puisque ses activités ont continué.
01:41Ici, quelque part, ce que Raphaël Arnault a fait, ce que ce député a fait,
01:46c'est légitimer le CCIE en lui permettant de revenir dans une assemblée.
01:52Et donc, l'idée qui est renvoyée est double.
01:58C'est-à-dire, la première, c'est de dire, nous sommes légitimes,
02:01puisque nous avons un parti politique qui nous légitimise et qui nous invite,
02:05et qui puisse être dans une assemblée, une assemblée nationale,
02:08qui est une institution reconnue de l'État.
02:10Donc, c'est un pied de nez, si vous voulez, par rapport à la décision du ministre,
02:16de l'ex-ministre de l'Intérieur, Gérald Damanin.
02:18Et en même temps, c'est aussi renvoyer à l'extérieur, à la population musulmane,
02:24de dire, nous sommes légitimes, donc vous voyez, nous sommes là pour vous défendre,
02:27et nous revenons, nous reprenons la place.
02:30Ce CCIE, justement, ex-CCIF, il opère aussi depuis Bruxelles,
02:37il agit aussi au niveau des instances de l'Union Européenne.
02:40Qu'est-ce que c'est que cette organisation ? Quelles sont ses méthodes ?
02:43Et est-ce qu'aujourd'hui, on a la preuve de sa proximité,
02:47son rattachement aux frères musulmans, Fadila Maroufi ?
02:50Alors, on sait que, historiquement, il est rattaché aux frères musulmans,
02:55mais on sait aussi que les frères musulmans, comme ils sont très mal vus,
02:59ils changent constamment leur apparence, donc ils modifient leur façon de fonctionner,
03:04et on les voit s'allier avec des institutions qui, eux, peuvent paraître très bien,
03:09puisqu'ils défendent la lutte contre le racisme, l'antisémitisme, etc.
03:13Enfin, ça c'est plutôt, pardonnez-moi, c'est plutôt la couverture, si je puis dire,
03:16la lutte contre l'islamophobie.
03:18Le vrai projet du frérisme, c'est, comme dit Florence Bergeau-Blacklard, votre consoeur,
03:23c'est de rendre la société charia-compatible.
03:25Et là, on a un exemple flagrant, avec cette plainte selon laquelle
03:28les étudiants français ne pourraient pas prier dans les universités.
03:31Tout à fait, et c'est de, finalement, avoir une visibilité,
03:34c'est leur permettre et leur donner une visibilité pour s'imposer.
03:38Et d'ailleurs, ils commencent déjà à s'imposer depuis quelque temps,
03:41puisqu'on voit que des chercheurs ne peuvent plus tenir de conférences dans les universités,
03:46on demande le renvoi de certains professeurs.
03:49Donc, finalement, tout ce qui peut aller à l'encontre de leur projet,
03:53on voit qu'ils passent à l'offensif, avec ces étudiants, qui sont, elles, visibles,
03:59puisqu'on sait qu'aussi, le voile, c'est une manière aussi d'amener une visibilité,
04:03c'est une norme islamique pour l'imposer,
04:05et ce qui peut freiner, en fait, toute personne qui viendrait remettre en question
04:11leur légitimité et leur avancée dans ce projet.
04:13Puisqu'eux, ils ne voient qu'une chose, ils voient leur projet, leur but final,
04:17mais ils mettent en place toute une méthodologie,
04:19et l'une des méthodologies, évidemment, c'est d'être présent,
04:22c'est de faire des revendications,
04:25et c'est, en même temps, ne pas permettre à des intellectuels,
04:29d'effacer les intellectuels qui les remettraient en question, et qui les étudient.
04:33C'est une forme de djihad défensif, dit, je le recite à nouveau, Florence Bergeau-Blacklare,
04:38dans le sens où, évidemment, on ne va pas prendre les armes,
04:41mais il y a cette idée, quand même, qu'on peut grignoter des positions dans la société,
04:45on peut islamiser cette société, petit bout par petit bout, secteur par secteur,
04:50et donc là, on a cet exemple des universités,
04:52mais on le voit sur d'autres points, par exemple la défense du port du voile,
04:56notamment dans le sport, il y a un sujet actuellement en France sur ce point-là.
05:00Oui, oui, tout à fait, et d'ailleurs, dans tous les gouvernements
05:05où vous avez un gouvernement islamique, la première chose qui est imposée par les islamistes,
05:09c'est le port du voile, c'est ce qui est visible,
05:11et c'est ce qui permet de montrer qu'ils sont finalement aussi nombreux,
05:15et c'est ce qui permet aussi de bien séparer le rôle de chacun, des femmes, des hommes,
05:21et donc finalement, comme vous le dites, à rendre l'espace charia-compatible,
05:25accepter, nous faire habituer finalement à la vue de toutes ces normes.
05:31Et donc finalement, ce qu'il faudrait, et c'est ce qu'on voit d'ailleurs même au niveau politique,
05:36on voit bien qu'au niveau politique, on le voit notamment à Bruxelles,
05:41c'est que tous ces partis qui ont accepté, qui ont pensé contrôler ces agents,
05:47si je peux parler de cette manière-là, se font de plus en plus remplacer finalement
05:52par des personnes qui sont fréristes, ou même, nous pouvons voir à côté de ça aussi,
05:57un parti islamique émerger, comme c'est le cas en Belgique.
06:01Mais pour eux, l'essentiel, ce n'est pas de mettre en place un parti islamique,
06:05c'est vraiment d'abord gangrener tous les différents partis politiques,
06:09et imposer les normes pour être le plus visible possible,
06:15et pour atteindre leur objectif, c'est-à-dire avoir un Etat islamique.
06:18Et finalement, on le voit très bien, et on voit que de plus en plus,
06:22la pire des choses qui puissent arriver, c'est qu'on abandonne finalement
06:26tous les terrains à cette idéologie, et donc il doit y avoir vraiment un vrai sursaut.
06:31Et là où j'aimerais vraiment attirer l'attention, c'est surtout qu'il faut protéger les sanctuaires,
06:36et pour moi, les premiers sanctuaires, c'est l'université,
06:39puisque les frères musulmans s'attaquent d'abord à l'éducation, à cette jeunesse,
06:43et ensuite aussi au niveau politique, puisqu'on voit qu'au niveau politique,
06:47ils prennent de plus en plus de place, et que le vote des musulmans est très très important.
06:52Et alors là, on voit que ceux qui ouvrent la porte à cette parole-là à l'Assemblée nationale,
06:57on est au cœur du système politique français, ça n'est pas rien, c'est la France insoumise,
07:01c'est Raphaël Arnault, ce député qu'on connaissait antifa,
07:04et que l'on découvre comme un membre actif de ce pôle qu'on pourrait qualifier d'islamophile,
07:09d'islamophile de la France insoumise, avec des gens comme Ercilia Soudé, David Guiraut, Louis Boyard.
07:15Que LFI se fasse porte-parole de ces gens-là, ou en tout cas leur donne un micro,
07:19est-ce que ça vous surprend, vous, Fadila Maroufi ?
07:22Non, pas trop, parce que, comme vous le rappelez, Raphaël Arnault, c'est quand même un antifa,
07:27les antifascistes cherchent d'abord le chaos, et là où il y a le chaos,
07:31les frères sont présents parce qu'ils savent qu'eux, ils peuvent ramener de l'ordre.
07:36Finalement, quelque part, en fait, ici nous avons des idiots utiles, utiles à l'islamisme,
07:42et ils pensent être plus malins finalement que les personnes qu'ils ont engagées,
07:46qu'ils ont fait rentrer au sein du système du LFI, mais ils vont se rendre très rapidement,
07:51je pense que ça doit probablement commencer à être le cas,
07:54puisqu'il y a des députés qui commencent à prendre conscience du danger,
07:57c'est qu'à un moment donné ils finiront soit par être à l'extérieur, soit par se soumettre,
08:01comme le disait Michel Houellebecq dans son mission.
08:06Voilà, qui instrumentalise qui entre LFI et les islamistes, évidemment c'est vraiment le débat,
08:11merci beaucoup en tout cas d'être venue nous en parler ce matin,
08:14Fadila Maroufi, donc experte du fondamentalisme,
08:17vous êtes la directrice de l'Observatoire européen des fondamentalismes,
08:20en direct avec nous depuis Bruxelles ce matin, je vous souhaite une excellente journée.
08:24Il est 7h20 sur Europe 1.