« La machine, de même que réaliser tous les travaux sur la ferme, sont les clés de l’indépendance des agricultrices », estime Marine Boyer. La reprise de l’élevage bovin viande familial n’a cependat pas été un long fleuve tranquille pour la jeune femme. Elle s’est d’abord heurtée à l’animosité du voisinage, puis à la frilosité de son entourage. Mais elle a tenu bon et est parvenue à s’intégrer dans le microcosme agricole local en s’investissant au sein de la Cuma.
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00:00Ça va lui permettre de prendre sa place intégrante sur l'exploitation.
00:09C'est très important pour elle, je pense, de pouvoir gérer toutes les tâches, de ne
00:16pas être dépendante de quelqu'un.
00:17Déjà, ça va permettre de se légitimer, de trouver sa place et de ne plus se poser
00:24les questions de « mais pourquoi je suis agricultrice, j'arrive pas à faire ci, j'arrive
00:29pas à faire ça ». Là, tout le monde est sur un pied d'égalité.
00:32Si je fais le parallèle avec mon exploitation, on est deux, un homme, une femme, et il n'y
00:43a pas de tâches dédiées.
00:44C'est-à-dire qu'un jour, l'un va pouvoir aller faucher, puis l'autre va faire autre
00:49chose avec les animaux, et vice-versa.
00:51On n'a pas de tâches limitantes qui vont nous ancrer dans un schéma.
00:58Je trouve que ça amène de l'ouverture, ça amène du potentiel et ça permet de prendre
01:05confiance en soi.
01:06Je pense que c'est important dans ce métier qui est trop souvent dédié à l'homme,
01:11de montrer que les femmes sont tout à fait capables.
01:14Je me suis installée en 2017, à la suite d'une reconversion professionnelle, j'étais
01:24informaticienne.
01:25Et puis, j'ai décidé en 2017 de reprendre l'exploitation de mon père, en bovins-viande
01:31limousine.
01:32On est engagé en agriculture biologique, par conviction, parce qu'aujourd'hui la
01:38filière bio est un peu compliquée.
01:40Je suis en Gaecq avec mon conjoint, nous sommes sur une surface de 135 hectares SAU,
01:48et nous élevons des vaches limousines.
01:50Dès lors que j'ai annoncé la reprise de l'exploitation de mon père, des questions
02:01se sont soulevées sur ma capacité à m'installer, surtout à ce que l'entreprise puisse être
02:10rentable.
02:11Donc, on était parti sur des démarches de diversification et puis finalement, via une
02:19opportunité de foncier, on a décidé de s'installer en Gaecq avec mon conjoint.
02:24C'est là qu'on a eu des difficultés avec le voisinage, qui s'est servi de ma
02:36position de femme pour affaiblir notre projet, pour dire qu'on ne durerait pas dans le
02:44temps et qu'on n'avait pas les capacités.
02:47Ce qui n'était pas forcément un faux, puisqu'on a dû se former pour revenir sur
02:53le métier d'agriculteur, malgré qu'on soit fils et fille d'agriculteur, il nous
02:59manquait toute cette formation qu'on a dû refaire.
03:02Plus l'installation devenait concrète, plus finalement, même l'entourage proche
03:11se questionnait et nous remettait en question, et surtout moi, en disant peut-être que faire
03:19un pas en arrière et travailler à côté, ce serait mieux et laisser mon conjoint s'installer
03:28tout seul.
03:29Et puis finalement, à force d'insister, j'ai gardé le cap et je me suis tout de
03:34même installée.
03:35Face à tout ce voisinage qui essayait de déconstruire notre projet, j'ai intégré
03:49le conseil d'administration de ma Cuma locale, et ça m'a vraiment permis de m'intégrer
03:58à l'écosystème agricole qui existait, de faire partie de ce collectif, de rencontrer
04:08mes voisins, de parler avec eux, des gens que je connaissais depuis toute petite mais
04:12finalement que je ne connaissais pas très bien, et je trouve que ça m'a permis de
04:16m'intégrer.
04:17Je n'avais pas du tout cette notion de « je vais vous montrer qui je suis », je voulais
04:22vraiment juste m'intégrer et dire « regardez, tout se passe bien et on va pouvoir travailler
04:29ensemble ».
04:30Aujourd'hui, c'est vrai que le frein existe en disant « pour les Cuma, je suis une femme,
04:41je ne vais pas y aller parce que ça va parler matériel, je n'y connais pas trop, etc.
04:46Mais il faut se dire qu'en fait, le matériel, c'est un prétexte pour le collectif, c'est-à-dire
04:52qu'on mutualise du matériel ensemble, donc c'est le prétexte qui nous fait nous retrouver,
04:56qui fait qu'en fait, on va travailler ensemble, on va partager notre savoir-faire, partager
05:06ce que l'on fait sur nos exploitations et les bonnes pratiques, et aussi parce que la
05:12Cuma, maintenant, c'est au-delà du matériel, c'est-à-dire qu'on va avoir de l'emploi,
05:16donc ça va être la gestion de salariés, ça va nous permettre de dégager du temps
05:20sur nos exploitations, et puis ça nous permet aussi tout un tas d'autres choses comme de
05:28créer de la convivialité entre nous, des moments clés qui vont nous permettre de fédérer
05:34autour de projets, mais aussi autour de moments de convivialité, et ça, c'est important
05:40dans notre métier qui peut très vite être un métier d'isolement. Je trouve que la Cuma
05:46amène ce lien social indispensable à l'agriculteur.