Pierre de Vilno reçoit Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, dans #LeGrandRDV, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos
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00:00Bonjour, bonjour à tous. Bienvenue sur le plateau du Grand Rendez-Vous européen CNews Les Echos.
00:06Bonjour Marc Ferracci.
00:07Bonjour.
00:08Merci d'être avec nous. Vous êtes le ministre de l'Industrie et de l'Énergie.
00:11C'est votre Grand Rendez-Vous ce dimanche.
00:12Alors nous allons bien sûr revivre avec vous ce moment inédit de l'histoire contemporaine
00:19où Donald Trump a taclé publiquement Volodymyr Zelensky.
00:23Au-delà du seul sujet de la guerre en Ukraine,
00:26est-ce que cela en dit long des futures relations commerciales et stratégiques
00:31que la France ou l'Europe constituaient selon M. Trump pour emmerder les États-Unis ?
00:38Et que peut faire le roi Charles III et le gouvernement britannique aujourd'hui à Londres ?
00:43Y a-t-il un quelconque moyen de pression ?
00:45Nous évoquerons bien sûr le sujet algérien puisque même si plusieurs ministres,
00:49dont le premier, sont prêts à dénoncer l'accord de 1968,
00:53le Président de la République, dont vous êtes proche, détricote.
00:56Pour lui, il n'en est pas question.
00:58Et puis bien sûr, parce que vous portez l'Industrie et l'Énergie,
01:00nous évoquerons vos sujets propres qui sont chers aux Français,
01:03l'incertitude sur le prix de l'électricité, les ventes de voitures une nouvelle fois en baisse,
01:08le choc que vous voulez sur la réindustrialisation.
01:11Est-il au rendez-vous ? Vous nous le direz.
01:13Pour vous interroger ce matin, Clémence Lemestre des Echos.
01:15Bonjour Clémence.
01:16Bonjour.
01:17Et Mathieu Bocoté. Bonjour Mathieu.
01:18Bonjour.
01:19Vous avez Marc Ferragi comme les responsables politiques du monde entier.
01:21Vendredi suivit la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky
01:25dans le bureau ovale de la Maison Blanche.
01:27On y voit un moment, je l'ai dit, inédit dans l'histoire politique contemporaine.
01:31D'abord, le Président ukrainien se plaint que les dirigeants du monde entier
01:35n'ont rien fait, selon lui, depuis 2014, qu'ils ont laissé envahir la Crimée,
01:40que ni Obama, ni Trump 1, ni Biden n'ont rien fait, sans compter Macron et Merkel.
01:46Et là, après, une première salve de J.D. Vance, Donald Trump fulmine,
01:51arrête Zelensky, lui demande de ne plus parler, rappelle que sans l'aide financière
01:56et militaire des Américains, il n'aurait pas tenu deux semaines face à Poutine.
02:01Et enfin, le coup près, signez ce traité sur les minerais, sinon on vous laisse tomber.
02:06Comment est-ce que vous avez vécu ça ?
02:08Je l'ai vécu, comme vous l'avez dit, avec un petit peu de stupéfaction,
02:11parce que c'est un moment parfaitement inédit dans notre histoire contemporaine.
02:17On a le sentiment qu'ici, les caméras ont peut-être généré quelque chose
02:24qui aurait dû rester à huis clos. Je pense que maintenant, il y a des enjeux...
02:29Mais c'est Donald Trump lui-même qui a dit non, non, mais c'est bien que les Américains du monde
02:33voient exactement ce qui se passe.
02:34Oui, mais vous savez, ce genre de discussions, qui sont par nature des discussions diplomatiques,
02:38des discussions sensibles, il peut arriver qu'on en donne quelques extraits à donner, à voir au monde.
02:43Mais je pense que plus largement, on a besoin de discrétion sur ce genre d'échanges.
02:49Maintenant, qu'est-ce qu'il faut enclencher ?
02:52Je pense qu'il faut réengager le dialogue.
02:54Les États-Unis ont aidé l'Ukraine, l'Europe a aidé l'Ukraine,
02:58beaucoup plus que les États-Unis, ça a été démontré.
03:01Et on a besoin maintenant de stabilité.
03:04Le dialogue a besoin d'être réengagé entre Zelensky et Trump, j'espère qu'il le sera.
03:10Le dialogue, vous l'avez dit, il va avoir lieu aujourd'hui entre Européens, en incluant le Royaume-Uni.
03:15C'est très important parce que la situation sur le terrain aujourd'hui en Ukraine
03:18est une situation très difficile pour les soldats et pour l'armée ukrainienne.
03:23C'est une situation dans laquelle on a besoin de donner des perspectives.
03:26La perspective que tout le monde attend, c'est un cessez-le-feu,
03:29mais un cessez-le-feu qui ne peut pas être atteint sans donner des garanties de stabilité à l'Ukraine
03:36et des garanties de sécurité à l'Ukraine.
03:38Et c'est le sens, puisque vous avez posé la question,
03:40c'est le sens du sommet qui a lieu aujourd'hui à Londres.
03:43Ce sera aussi le sens des discussions qui auront lieu cette semaine à Bruxelles
03:48dans le cadre d'un Conseil européen qui sera consacré à l'Ukraine
03:51et qui parlera notamment des enjeux de financement,
03:53parce qu'on a besoin désormais de tenir compte de cette nouvelle donne
03:57et de renforcer la défense européenne.
04:00Mais est-ce que vous diriez que, comment dirais-je,
04:02M. Zelensky a bien joué ses cartes avec Donald Trump ?
04:07Parce que quand on regarde la séquence en longueur,
04:10avant le tacle de Donald Trump, comme je l'ai dit en introduction,
04:13il dit voilà, vous n'avez rien fait,
04:16ils ont voulu qu'on signe un accord de cessez-le-feu en 2019
04:21avec Mme Merkel, avec M. Macron,
04:24et c'est là que J. Divense dit,
04:26attendez, vous êtes à la Maison Blanche,
04:28la première chose que vous pourriez dire, c'est merci.
04:30D'ailleurs, ça n'explique pas le fait que Volodymyr Zelensky,
04:34sur une chaîne américaine derrière, quand il est interrogé,
04:36en fait il est très poli, il dit,
04:38oui effectivement, merci beaucoup les Etats-Unis,
04:41j'attends votre soutien, etc.
04:43Bon, d'abord, moi je ne vais pas donner des bons et des mauvais points
04:46aux uns et aux autres.
04:48Ah bon ? Parce que votre président dit, donne des bons et des mauvais points
04:51et donne même des conseils à Donald Trump en disant...
04:54Moi je ne vais pas donner des bons et des mauvais points,
04:56en particulier à Volodymyr Zelensky,
04:58qui avec énormément de courage se bat contre l'agresseur qu'est la Russie.
05:02Parce qu'il faut quand même replacer les choses dans leur contexte,
05:04et c'est aussi ça qui a fait l'objet des échanges.
05:06La jeunesse de tout cela, c'est une agression,
05:08et l'agresseur c'est la Russie.
05:10Il faut quand même le rappeler.
05:12Donc maintenant, on a effectivement un moment de tension
05:14qui a été absolument stupéfiant devant les caméras du monde entier.
05:18Je pense que cette tension, il faut la surmonter,
05:20il faut réengager une forme de dialogue.
05:22Nous verrons bien jusqu'où mènera le dialogue.
05:24Et là, la balle est aussi dans le camp de l'administration américaine.
05:29Est-ce qu'ils vont continuer à soutenir Zelensky et l'Ukraine ?
05:36Ou est-ce qu'il faudra trouver les conditions d'une défense de l'Ukraine
05:42qui soit plus portée par les Européens ?
05:44Ça c'est ce que nous allons voir dans les prochaines semaines.
05:46Alors justement, c'est une question importante, les Européens.
05:48La question politiquement se pose, qui sont les Européens ?
05:51La France a son armée, l'Allemagne en a plus ou moins,
05:55mais l'armée européenne n'existe pas formellement.
05:58Donc qui sont les Européens dans les circonstances ?
06:00Qui parle au nom des Européens ?
06:01A moins que ce soit l'Union Européenne,
06:02mais si c'était le cas, je ne savais pas qu'elle avait la compétence militaire.
06:05Aujourd'hui, vous avez un certain nombre de pays
06:07qui ont des armées susceptibles d'être mobilisées,
06:10qui ont une capacité d'intervention extérieure.
06:13Ce n'est pas tous les pays européens qui ont la même capacité.
06:16C'est évidemment à l'avant-garde de ce dialogue.
06:19Les Européens aujourd'hui, ils ont besoin de tenir compte de cette nouvelle donne.
06:23On a un allié américain qui désormais, on le voit, est très instable.
06:27Très instable dans ses prises de position,
06:29très instable dans sa doctrine stratégique.
06:33Et nous devons en tenir compte.
06:36Nous devons en tirer tous les enseignements,
06:38avec l'idée assez simple que l'autonomie stratégique de l'Europe
06:42passe par la défense.
06:43Pour répondre à votre question, c'est d'abord le dialogue
06:47qui va permettre de définir ce qu'est désormais
06:50la doctrine stratégique des Européens.
06:52C'est l'enjeu des discussions qui ont lieu aujourd'hui à Londres.
06:55Ce sera l'enjeu des discussions qui auront lieu cette semaine à Bruxelles.
06:59Il faut en particulier définir ce que doivent être
07:03les positions des Européens sur l'Ukraine,
07:07et en particulier ces fameuses garanties de sécurité
07:10qui sont accordées à l'Ukraine dans la perspective d'un cessez-le-feu.
07:15Et pour ça, il y a aujourd'hui un pays, la France,
07:20qui a pris l'initiative avec le président Emmanuel Macron.
07:23Je pense que le dialogue va se poursuivre dans les prochaines semaines.
07:27J'espère surtout qu'on va trouver une voie de passage
07:32qui permette le cessez-le-feu en Ukraine.
07:34Parce que c'est quand même ça le point de départ de tout cela.
07:36Il y a eu un million de morts en Ukraine.
07:38Il y a un pays qui est dévasté.
07:40Il y a des infrastructures qui font l'objet d'attaques quasi-quotidiennes par la Russie.
07:45Vous qui ne voulez pas donner de bons ou de mauvais points à Donald Trump,
07:48et j'en conviens, et à monsieur Zelensky,
07:51est-ce que concrètement la France reproche à Donald Trump
07:56de vouloir mettre dans la balance un traité sur les minerais ?
07:59Parce que c'est ça aussi.
08:00Donald Trump a dit qu'on a prêté de l'argent.
08:03On a aidé les Ukrainiens avec de l'aide militaire.
08:06Et aujourd'hui, il veut se rembourser là-dessus.
08:10Il l'a dit clairement au sommet des conservateurs.
08:13Et ça a été tout l'objet de cette réunion dans le bureau Oval.
08:17Il devait y avoir un accord signé sur les minerais.
08:20Mais de la même façon, cyniquement ou pas cyniquement,
08:23la France elle-même va avoir des intérêts en Ukraine.
08:28Et Clémence nous le dira tout à l'heure,
08:30il y a un accord sur une mine de graphite.
08:33Il va y avoir une reconstruction de l'Ukraine
08:36avec des accords sur le BTP, sur le ferroviaire, etc.
08:39Je reviens à ma première question.
08:41Est-ce que l'Europe, est-ce que la France,
08:43est-ce que vous, ministre de l'Industrie,
08:45vous condamnez Donald Trump à avoir un accord
08:48sur les minerais avec l'Ukraine ?
08:50Pardonnez-moi, l'affaire de cet accord sur les minerais,
08:53c'est une affaire entre l'Ukraine et les États-Unis.
08:55Et je constate que l'Ukraine, Volodymyr Zelensky,
08:58est allé à Washington pour signer cet accord.
09:01Alors à la fin, pour les raisons qu'on a bien vues,
09:03ça ne s'est pas fait.
09:04C'est un enjeu de souveraineté ukrainienne.
09:06Je ne vais pas commencer à m'immiscer dans un dialogue
09:09qui a lieu entre deux pays souverains
09:11sur la question de l'appropriation d'Ether
09:14dans le cadre d'un accord diplomatique.
09:16Appropriation d'Ether.
09:17Donc vous, d'une certaine manière, vous le condamnez.
09:19Mais non, encore une fois, je ne condamne rien
09:22de ces discussions autour d'un accord.
09:25C'est une discussion qui est rentrée,
09:27qui a été initiée par Donald Trump,
09:30à laquelle l'Ukraine a souhaité donner suite.
09:33À la fin, ça ne s'est pas conclu.
09:35Je ne sais pas si ça se conclura un jour.
09:38Mais sur ce sujet-là, il n'y a absolument aucune ambiguïté
09:42sur le fait que c'est une décision,
09:44une démarche souveraine de l'Ukraine
09:46autour de cet accord.
09:47Donc il n'y a rien à condamner.
09:48Clément ?
09:49Justement, à propos des minerais rares,
09:51il y a des discussions, pour le coup,
09:52entre l'Europe et l'Ukraine,
09:54alors qui, je crois, datent d'avant la guerre en Ukraine.
09:57Est-ce que vous savez où ça en est ?
09:58Il y a notamment une mine de graphite
09:59qui est clé pour notre industrie pétrochimique.
10:01Et il y a aussi d'autres projets
10:03qui doivent être présentés en mars à Bruxelles.
10:04Vous pouvez nous en parler ?
10:06Écoutez, justement, les discussions
10:08sur ce type d'enjeu,
10:10elles ont besoin d'être menées
10:12de manière discrète,
10:14de manière diplomatique,
10:15de manière économique.
10:17Et nous verrons,
10:19dans le cadre d'une reconstruction de l'Ukraine,
10:21qu'il faut quand même concrétiser.
10:23Vous me disiez tout à l'heure,
10:24on sait tout ça à propos des pertes en Ukraine.
10:28La réalité, c'est que sur le terrain,
10:30il y a toujours la guerre en Ukraine.
10:31Donc, avant de parler de la reconstruction,
10:33avant de se projeter dans ce genre de choses,
10:35moi, je pense qu'il faut d'abord
10:37stabiliser la situation sur le terrain
10:39et avoir un cessez-le-feu.
10:40Marc Ferracci, ministre de l'Industrie et de l'Énergie,
10:42est notre invité au Grand Rendez-Vous
10:44Europe 1, CNews, Les Echos.
10:45À tout de suite.
10:50Retour sur le plateau du Grand Rendez-Vous
10:52Europe 1, CNews, en partenariat avec Les Echos.
10:54Et le ministre de l'Industrie et de l'Énergie,
10:57Marc Ferracci.
10:58On connaît la rhétorique de Donald Trump.
11:00Beaucoup disent que c'est l'art du deal,
11:02qu'il faut parfois savoir interpréter.
11:05Mais quand vous entendez des choses comme
11:08l'Europe est faite pour emmerder les Américains,
11:12ou quand vous voyez ce qui s'est passé,
11:14on vient d'en parler vendredi à la Maison Blanche,
11:16que dites-vous ?
11:17Est-ce que vous vous dites que,
11:18vous, si vous y allez, par exemple,
11:20dans le cadre de négociations entre la France et les Etats-Unis,
11:22vous allez être écrasé comme une mouche ?
11:24Non.
11:25Face à ce genre de déclarations,
11:27il faut garder son sang froid.
11:28Sur tous les sujets d'ailleurs,
11:29que ce soit sur l'Ukraine,
11:30sur la politique commerciale américaine,
11:32sur les déclarations autour des droits de douane.
11:34La première des choses,
11:35c'est d'abord de réagir en européen,
11:37parce qu'on sait très bien que les Etats-Unis
11:39ont un poids, à la fois économique, militaire,
11:41qui implique...
11:43Ça veut dire quoi, réagir en européen ?
11:45Réagir en européen, ça veut dire être uni,
11:47notamment quand on a des annonces
11:49ou des menaces d'augmentation
11:51des tarifs douaniers,
11:53afin de faire masse
11:55d'un marché qui représente
11:57450 millions de consommateurs
11:59et dont les Etats-Unis ne peuvent pas se passer.
12:01Ça veut dire établir un rapport de force.
12:03C'est ça, agir en européen.
12:05On voit bien que Donald Trump,
12:07quelqu'un de transactionnel, vous l'avez dit,
12:09il pratique le deal,
12:11et il est dans le rapport de force constant.
12:13Je pense qu'il faut assumer ce rapport de force
12:15sur le plan économique.
12:17Il faut s'en sur-réagir,
12:19et si d'aventure une attaque commerciale
12:21se fait jour,
12:23et c'est ce qui a visiblement été planifié
12:25par l'administration américaine,
12:27il faut répondre
12:29de manière similaire,
12:31de manière proportionnée,
12:33sans escalade, sans surenchère.
12:35Mais il faut le faire en européen,
12:37parce que si on réagit
12:39et on raisonne pays par pays,
12:41ça ne fonctionnera pas.
12:43La formule, j'y reviens,
12:45agir en européen.
12:47Sur le plan militaire, ça peut vouloir dire quelque chose.
12:49Sur le plan économique,
12:51penser seulement à l'exemple du Mercosur.
12:53Agir en européen, les Français n'ont pas la même vision
12:55du Mercosur que les Espagnols,
12:57que les Allemands, et ainsi de suite.
12:59Dans les circonstances présentes,
13:01penser en européen,
13:03est-ce que ça veut dire penser en allemand,
13:05en français, en espagnol,
13:07sachant que les trois ne pensent pas
13:09la même chose?
13:11S'agissant de la situation qui pourrait naître
13:13de 25% sur tous les produits
13:15importés d'Europe,
13:17je pense que là, il y a un consensus
13:19entre tout le monde pour dire que
13:21avant de négocier quoi que ce soit,
13:23il faut riposter, c'est-à-dire appliquer
13:25des droits de douane similaires sur des produits américains.
13:27C'est constructif, ça?
13:29Vous savez, il y a un principe
13:31de réalité qui s'applique dans les relations commerciales.
13:33Ces relations,
13:35elles doivent être caractérisées par un principe
13:37de réciprocité. Vous me parliez du Mercosur.
13:39Pourquoi la France ne veut pas signer le Mercosur
13:41aujourd'hui? Parce que ce traité
13:43ne contient pas suffisamment de clauses de réciprocité
13:45qui soient susceptibles d'être
13:47appliquées notamment sur l'agriculture.
13:49La réciprocité, c'est si on vous taxe
13:51et nous, nous ne souhaitons pas être taxés
13:53parce que personne n'a intérêt à la guerre commerciale.
13:55Ça va détruire des emplois, ça va détruire
13:57un certain nombre de pans.
13:59La France et l'Europe, pour le coup, risqueraient de perdre plus
14:01que les Etats-Unis dans une guerre commerciale.
14:03Est-ce que la réciprocité est vraiment la chose à faire?
14:05C'est parce qu'on peut continuer à monter comme ça?
14:07Mais bien sûr.
14:09J'insiste. Il faut éviter
14:11la guerre commerciale. Il faut éviter
14:13cette escalade qu'on évoque.
14:15Mais vous dites qu'il faut quand même répondre.
14:17Oui, mais il faut montrer
14:19que l'on va répondre.
14:21Moi j'insiste. Aujourd'hui
14:23Donald Trump
14:25a déclaré des choses. Il n'a pour l'instant pas pris
14:27de décision sur l'Europe.
14:29Ça tire l'attention sur le fait que pas de décision
14:31n'a été prise.
14:33Peut-être qu'il se prépare, peut-être
14:35qu'il menace, peut-être qu'il a d'autres objectifs.
14:37Je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est qu'il faut garder
14:39son sang froid. Nous réagirons
14:41quand des décisions auront été annoncées,
14:43quand des décrets auront été pris de la part
14:45de l'administration américaine. Il faudra
14:47le faire de manière proportionnée en évitant l'escalade.
14:49Mais j'insiste. Il ne faut pas
14:51arriver dans ce genre
14:53de rapport avec une proposition
14:55sur la table et avec des concessions. Parce que
14:57Donald Trump, si on lui fait des concessions,
14:59le plus probable, c'est qu'il fanne les concessions
15:01et qu'il continue à menacer.
15:03Vous avez dit qu'il ne fallait pas faire de concessions préalables.
15:05Si les Américains mettent
15:07leurs menaces à exécution en disant
15:09qu'on va finalement les appliquer, c'est 25%
15:11de droits de douane. Si
15:13la France et l'Europe disent
15:15qu'on va faire des droits de douane. Si, derrière,
15:17la Chine dit que c'est la fin
15:19de la mondialisation. Tout le monde se replie
15:21sur soi-même. Dans ce cas-là,
15:23question ouverte, où est-ce qu'on va ?
15:25C'est une bonne question.
15:27Je n'ai pas de boule de cristal.
15:29Vous êtes le ministre de l'Industrie.
15:31Vous avez raison de dire que
15:33l'ouverture au commerce,
15:35qui a caractérisé les relations internationales
15:37pendant des décennies,
15:39après la Seconde Guerre mondiale, qui s'est progressivement
15:41amplifiée, cette ouverture au commerce,
15:43aujourd'hui, elle est remise en question de manière profonde
15:45et elle est remise en question, je dois le dire,
15:47par les Etats-Unis d'Amérique
15:49qui ont décidé
15:51de mener une politique commerciale très différente.
15:53Moi, je souhaite que tout le monde
15:55prenne en compte les conséquences.
15:57Je pense qu'aux Etats-Unis,
15:59on prendra en compte les conséquences
16:01que peut être la taxation des produits européens
16:03ou des produits chinois, parce que
16:05je pense que les industries américaines
16:07ont beaucoup à y perdre.
16:09Lorsque Donald Trump
16:11a annoncé une augmentation des tarifs
16:13sur les biens en provenance
16:15du Canada, sur l'acier et l'aluminium,
16:17toutes les chaînes de valeur
16:19de l'automobile, par exemple,
16:21ont été déstabilisées. Les industriels américains
16:23ont tout de suite
16:25constaté qu'il y avait
16:27beaucoup de dégâts liés
16:29à cette décision potentielle
16:31de l'administration américaine.
16:33À un moment ou à un autre,
16:35je pense qu'il faut toujours
16:37garder en tête les conséquences
16:39et il ne faut pas sur-réagir.
16:41Nous, c'est ce que nous prenons
16:43et c'est ce que nous allons faire.
16:45Vous parlez de sur-réagir.
16:47Dans la séquence présente,
16:49devant la Russie de Poutine,
16:51il faudrait l'Europe de la défense.
16:53Devant l'Amérique de Trump, il faudrait
16:55presque une forme d'Europe plus intégrée
16:57économiquement que jamais.
16:59Certains vont jusqu'à parler
17:01d'une mutualisation de l'arme nucléaire
17:03sur le plan de la défense.
17:05Est-ce qu'on a raison d'entendre derrière ces propositions
17:07l'idée que tout ça doit être l'occasion
17:09du grand saut fédéral européen
17:11espéré par plusieurs depuis longtemps?
17:13Je ne sais pas si il faut parler
17:15de grand saut fédéral, mais il faut parler
17:17d'intégration européenne plus profonde.
17:19C'est une certitude.
17:21On a besoin
17:23de consolider
17:25l'outil de défense européen.
17:27On a besoin de raisonner en européen
17:29sur la défense. Vous évoquez la dissuasion nucléaire.
17:31La dissuasion nucléaire,
17:33aujourd'hui, un seul pays de l'Union Européenne
17:35en dispose, c'est la France.
17:37Un certain nombre de pays sont sous
17:39le bouclier nucléaire américain
17:41et ne peuvent que constater que l'Amérique
17:43n'est plus un allié aussi fiable,
17:45aussi stable qu'elle a pu l'être
17:47ces dernières années, ces dernières décennies.
17:49C'est important ce que vous dites.
17:51Je dis que ce n'est plus un allié aussi stable.
17:53C'est une évidence.
17:55Il y a des déclarations
17:57qui montrent que les lignes bougent.
17:59Aujourd'hui, sur ce sujet,
18:01nous devons avoir une réflexion
18:03et un dialogue stratégique.
18:05C'est, je pense, le sens
18:07des échanges qui ont lieu aujourd'hui
18:09et qui auront lieu dans les prochains jours
18:11sur l'architecture de la défense européenne.
18:13Il peut aller jusqu'au fait de renoncer à la souveraineté française
18:15sur l'arme nucléaire pour la transférer
18:17à une souveraineté européenne ?
18:19Pardonnez-moi, mais ce que vous dites n'a aucun sens.
18:21Je pose la question parce que je l'entends.
18:23C'est pas moi qui le dis, je reprends la proposition.
18:25C'est une proposition qui circule beaucoup dans l'espace public,
18:27vous en reviendrez.
18:29Discuter dans le cadre d'un dialogue stratégique
18:31de la manière dont s'opère
18:33la dissuasion nucléaire à l'échelle européenne,
18:35ça n'est aucunement remettre en question
18:37la souveraineté française sur le nucléaire
18:39civil et militaire, d'ailleurs.
18:41Concrètement, la chaîne de valeur du nucléaire...
18:43Vous êtes conscient que ces propositions existent dans l'espace public ?
18:45La chaîne de valeur du nucléaire,
18:47l'industrie du nucléaire,
18:49jusqu'à la production d'armes nucléaires
18:51et surtout jusqu'à la décision d'utiliser
18:53l'arme nucléaire,
18:55elle reste et elle restera française.
18:57Il faut être très clair là-dessus.
18:59Dès le début des années 60,
19:01le général de Gaulle a évoqué
19:03l'idée que, sur le sujet
19:05de la défense européenne,
19:07il fallait tenir compte
19:09de l'ensemble des intérêts de la France.
19:11Et les intérêts de la France ne s'arrêtent pas aux frontières françaises.
19:13On est simplement
19:15dans le prolongement de cette réflexion,
19:17cette réflexion politique, cette réflexion stratégique
19:19et nous discutons
19:21et nous allons discuter de ces sujets-là.
19:23Mais la souveraineté française...
19:25Il y a des lignes rouges sur le nucléaire militaire français.
19:27Pour le dire très clairement aux gens
19:29qui nous écoutent, celui qui prendra
19:31la décision, qui prendrait la décision,
19:33parce que je ne veux pas parler au futur,
19:35qui prendrait la décision
19:37d'utiliser l'arme nucléaire, c'est
19:39et ça restera le chef des armées,
19:41c'est-à-dire le président de la République française.
19:43Sur l'industrie de défense,
19:45justement, on parle d'une industrie de défense européenne,
19:47vous en parlez, il y a surtout une industrie de défense française.
19:49Or on voit que beaucoup de pays
19:51européens achètent aux Etats-Unis.
19:53Est-ce que vous pouvez pousser vraiment une industrie
19:55de défense européenne ? D'abord parce que ça favoriserait
19:57l'industrie française, mais aussi
19:59comme vous le dites, les Etats-Unis ne sont plus un allié
20:01fiable. Que se passe-t-il si demain
20:03ils refusent de vendre par exemple leurs missiles
20:05patriotes à l'Ukraine,
20:07à la Pologne, à certains pays européens
20:09qui sont vraiment dépendants
20:11de l'industrie américaine ?
20:13C'est un sujet absolument essentiel.
20:15Lorsque l'on achète des armes, lorsque l'on achète
20:17des missiles, lorsque l'on achète des avions,
20:19on s'engage sur des années, on s'engage
20:21dans des contrats de maintenance,
20:23on s'engage dans des contrats qui
20:25nécessitent d'avoir en tête la dimension
20:27opérationnelle de l'utilisation des armes
20:29et évidemment que vous devez
20:31avoir une relation extrêmement stable
20:33avec celui qui vous a vendu les armes.
20:35Donc là on voit bien, je le disais encore
20:37une fois, que la relation avec les Etats-Unis
20:39est beaucoup moins stable. Oui, mais est-ce qu'on peut compenser ?
20:41Est-ce qu'on a suffisamment d'usines ?
20:43C'est précisément
20:45l'enjeu des discussions.
20:47La semaine prochaine à Bruxelles,
20:49on discutera financement de l'industrie de défense
20:51et j'espère que
20:53les discussions amèneront
20:55à muscler considérablement
20:57les dépenses en matière de défense européenne
20:59à l'échelle de chacun des pays
21:01et surtout avec le souci d'intégrer au maximum
21:03cette défense, c'est-à-dire
21:05d'avoir une discussion
21:07sur le contenu et sur la manière dont on utilise
21:09le sursaut européen sur l'industrie
21:11de l'armement et sur l'industrie
21:13de défense qui est crucial en ce moment.
21:15Marc Ferracci, notre invité,
21:17on revient juste après une nouvelle pause. A tout de suite
21:19sur CNews Europe.
21:25Invité du Grand
21:27Rendez-vous ce dimanche, Marc Ferracci,
21:29ministre de l'Industrie et de l'Énergie.
21:31Marc Ferracci, on a besoin de vos lumières
21:33sur le dossier algérien. Pourquoi ?
21:35Parce qu'il est complexe et surtout
21:37parce que le ordre
21:39contre ordre au niveau de l'exécutif qu'on a vécu
21:41ces deux derniers jours est assez incompréhensible.
21:43Résumé, si vous le voulez bien, des épisodes
21:45précédents. Dimanche dernier, ici
21:47même à votre place, Jean-Noël Barraud
21:49dit la méthode forte en Algérie
21:51ça ne marche pas, contrairement
21:53à Bruno Retailleau qui disait que la méthode douce, au
21:55contraire, c'était fini. Mercredi,
21:57conseil interministériel
21:59sur le contrôle de l'immigration.
22:01François Bayrou, entouré de Barraud et de
22:03Retailleau, annonce que la France va demander
22:05le réexamen de la totalité des accords de 1968
22:07la réciprocité entre l'Algérie
22:09et la France
22:11quatre à six semaines, avec une
22:13liste d'urgence des personnes
22:15qui doivent être renvoyées en Algérie.
22:17Jeudi, à mon micro
22:19sur Europe 1, dans l'étage du dessous,
22:21François-Noël Buffet, ministre
22:23auprès du ministre de l'Intérieur, découvrait
22:25stupéfait le communiqué
22:27du ministère algérien des Affaires étrangères
22:29se concluant par
22:31pas question de céder aux ultimatums
22:33de la France d'extrême droite
22:35revancharde. Voilà ce que dit
22:37le ministre algérien des Affaires étrangères
22:39et que
22:41il disait, François-Noël Buffet,
22:43que l'Algérie inversait les rôles.
22:45Et puis, vendredi, coup de théâtre,
22:47au Portugal, Emmanuel Macron
22:49dit qu'il n'est pas question de dénoncer unilatéralement
22:51les accords de 1968.
22:53Franchement, Marc Ferrafi,
22:55comment est-ce que vous voulez que les Français comprennent
22:57ce qui se passe au niveau de l'exécutif ?
22:59Le point de départ de tout ça,
23:01c'est une tension
23:03dans la relation entre la France et l'Algérie
23:05qui est née, notamment, vous le savez,
23:07du fait que le gouvernement algérien
23:09fait le choix de ne pas accepter
23:11des ressortissants
23:13algériens
23:15qui sont frappés d'une OQTF,
23:17c'est-à-dire une obligation de quitter le territoire français.
23:19Et ça,
23:21c'est en contradiction avec
23:23les engagements qui ont été pris par l'Algérie.
23:25Je pense qu'il faut se ramener à des choses
23:27assez simples, et en particulier
23:29rappeler ce que sont les engagements
23:31qu'il lit à travers un certain nombre de traités,
23:33notamment l'accord de 1968
23:35qui lit la France et l'Algérie
23:37et qui traite, notamment,
23:39des avantages dont peuvent disposer
23:41les ressortissants algériens.
23:43Qu'a dit le Premier ministre cette semaine ?
23:45Il a dit que
23:47l'ensemble des accords entre la France et l'Algérie,
23:49compte tenu de cette situation,
23:51ils devaient être regardés,
23:53et en particulier,
23:55on devait s'intéresser à l'application
23:57de ces accords pour voir si cette application
23:59était équitable,
24:01équilibrée, du côté français
24:03et du côté algérien.
24:05Je pense que nous en sommes ici.
24:07Pour répondre à votre question
24:09sur les différentes
24:11prises de position qui ont été
24:13celles des responsables
24:15politiques cette semaine,
24:17je pense qu'on a une méthode qui est claire,
24:19qui est de regarder de manière pragmatique
24:21si les engagements sont tenus.
24:23Et si les engagements ne sont pas tenus,
24:25ensuite,
24:27on en tire les conséquences.
24:29Le Premier ministre dit qu'on dénonce les accords de 1968,
24:31et le Président de la République,
24:33que vous connaissez bien,
24:35dit qu'il n'en est pas question.
24:37Il n'est pas question de dénoncer unilatéralement
24:39les accords de 1968.
24:41Comment voulez-vous faire comprendre
24:43à 70 millions de Français qu'il y a un Président
24:45de la République qui dit A,
24:47et un Premier ministre qui dit B ?
24:49Vous avez utilisé le terme unilatéral.
24:51Moi, je pense que ce n'est pas de la manière
24:53unilatérale qu'il faut procéder.
24:55Il faut commencer par renouer
24:57une forme de dialogue avec le gouvernement algérien
24:59pour essayer d'obtenir des résultats.
25:01Comment voulez-vous dialoguer
25:03avec un gouvernement algérien qui dit
25:05Ainsi, l'extrême droite française,
25:07revancharde et haineuse, aura réussi son pari.
25:09La relation algéro-française
25:11qu'elle a prise en otage aura été mise au service
25:13des bases œuvres politiciennes indignes d'elle.
25:15Ce n'est pas moi qui m'invente,
25:17c'est le communiqué algérien.
25:19Comment voulez-vous dialoguer avec ce genre de propos ?
25:21Le gouvernement algérien
25:23a effectivement,
25:25et ça n'est pas d'hier,
25:27depuis maintenant des mois et presque des années,
25:29a une position et une posture
25:31qui est hors des clous
25:33de la diplomatie classique.
25:35Et je suis dans l'euphémisme en disant ça.
25:37Donc, je suis dans l'euphémisme en disant ça.
25:39Maintenant,
25:41quelle est la préoccupation
25:43qui doit être la nôtre ?
25:45D'abord, c'est d'être efficace, et en particulier
25:47sur ce sujet des OQTF, d'obtenir des résultats.
25:49Ensuite, c'est de tenir compte
25:51de l'ensemble de la communauté
25:53des Français
25:55qui sont parfois d'origine
25:57algérienne, des Algériens qui vivent en France,
25:59de la communauté algérienne en France
26:01qui vivent
26:03forcément très mal cette situation
26:05de tension.
26:07C'est-à-dire ?
26:09Vous savez, quand vous êtes
26:11témoin
26:13des tensions, d'une forme d'agressivité
26:15entre deux pays qui vous sont
26:17très chers, vous le vivez mal.
26:19Vous craignez un écart de la loyauté ?
26:21Pas du tout, au contraire. Moi, je considère
26:23que la communauté algérienne
26:25c'est d'abord une communauté
26:27composée d'hommes et de femmes
26:29qui sont extrêmement
26:31attachées à la France. Et donc,
26:33à un moment ou à un autre, il faut tenir compte
26:35des gens, il faut tenir compte
26:37des citoyens
26:39qui sont, au fond,
26:41au milieu
26:43de ces péripéties diplomatiques.
26:45Et l'objectif...
26:47Qu'est-ce que ça veut dire la France en tenir compte ?
26:49Vous dites qu'on doit en tenir compte. En ce moment, est-ce qu'on en tient compte ?
26:51Ça veut dire qu'on doit
26:53également
26:55prendre en compte la manière
26:57dont les conséquences
26:59plutôt des
27:01actes qui sont pris affectent
27:03la relation entre la France et l'Algérie
27:05et affectent ce faisant la communauté
27:07algérienne en France. Mais,
27:09ce que je veux dire, c'est que
27:11vous nous avez
27:13décrit ce qui s'est dit
27:15cette semaine. Ce qui s'est dit cette semaine,
27:17pour moi, c'est au fond assez clair.
27:19C'est qu'on a besoin de passer au crible
27:21notre relation avec
27:23l'Algérie en examinant le contenu
27:25des accords et l'application des accords. C'est ça
27:27qu'a dit le Premier ministre. Donc, le Président ne
27:29dit pas qu'il ne faut pas passer au crible
27:31les accords de 1968.
27:33Parce que dans sa déclaration à Porto,
27:35quand il dit qu'il n'est pas question de revoir cela,
27:37évidemment, on comprend autre chose.
27:39Écoutez,
27:41regarder si des accords sont appliqués,
27:43je pense que personne ne peut être
27:45à cela. Et la liste des 28 individus
27:47dangereux qui sont sous OQTF qui doivent être envoyés,
27:49est-ce que l'Algérie va
27:51les accepter ?
27:53C'est justement l'enjeu de tout ce que l'on est en train
27:55de discuter.
27:57J'entends bien
27:59votre explication sur la
28:01communauté algérienne en France et
28:03j'y concours, bien sûr, je suis d'accord avec vous.
28:05Mais, je ne peux pas m'empêcher
28:07de croire qu'il y a une autre
28:09raison. Quand les Algériens,
28:11dans ce même communiqué, parce que
28:13tout est dit,
28:15en cas de remise en cause
28:17de l'accord de 1968,
28:19sera suivi de la part de l'Algérie
28:21d'une même remise en cause des autres accords
28:23et protocoles de même nature.
28:25Qu'est-ce qui se passe ? Il y a un accord
28:27stratégique, financier,
28:29économique, énergétique
28:31avec l'Algérie. Quels sont les
28:33accords entre la France et l'Algérie sur le pétrole,
28:35sur le gaz, que la France
28:37ne veut pas remettre en cause ? Quel est le dossier
28:39embarrassant qui fait que,
28:41oui, le Président de la République a,
28:43d'une certaine manière, si ce n'est désavouer son
28:45Premier ministre, a freiné, a porté
28:47au Portugal en disant qu'il n'est pas question
28:49pour l'instant de remettre unitairement en cause
28:51ces accords de 1968.
28:53Quel est vous qui êtes en charge de l'industrie ?
28:55Ce dossier industriel
28:57important auquel on ne veut pas
28:59toucher ? Il n'y a pas de dossier industriel
29:01caché ou de dossier énergétique
29:03caché. Tous ces
29:05accords, ils sont
29:07validés par la représentation nationale,
29:09ils sont publics et l'enjeu
29:11aujourd'hui, c'est... Caché ou pas caché,
29:13il paraît qu'il y a des intérêts
29:15économiques avec Total,
29:17notamment. Évidemment qu'il y a
29:19énormément d'entreprises françaises
29:21qui ont
29:23des activités en Algérie.
29:25Et donc, c'est aussi
29:27ça qu'il faut avoir en tête.
29:29Mais, encore une fois, ne laissez pas
29:31penser, Pierre de Villeneuve, qu'il y a
29:33des choses qui échapperaient
29:35de manière un petit peu occulte
29:37à notre
29:39région. Je n'ai pas dit ça. J'ai dit qu'ils
29:41échapperaient peut-être au grand public
29:43puisque ce sont des choses, vous avez dit tout à l'heure
29:45qu'il y avait des négociations entre Etats et que
29:47Donald Trump et Zelensky n'auraient pas dû dire
29:49ça publiquement, ce qui a été dit.
29:51Là, de la même façon, il y a des choses qui sont dites
29:53entre nations et qui ne sont pas
29:55forcément connues du grand public. Il y a donc
29:57des intérêts, si je comprends bien, économiques,
29:59financiers, industriels et notamment peut-être
30:01avec Total. Et je me tourne vers Clémence
30:03Lemesse, des échos qui connaissent peut-être le sujet mieux que moi.
30:05Et ça, évidemment,
30:07du coup, on marche sur des oeufs.
30:09Une des questions, justement, il n'y a pas que Total,
30:11il y a 400 entreprises françaises
30:13qui sont implantées en Algérie.
30:15Et récemment, justement, tous ces chefs d'entreprise
30:17ont critiqué le ministre de l'Intérieur,
30:19Bruno Retailleau, en disant qu'avec ces
30:21déclarations très anti-algériennes,
30:23c'est ce que pensent les industriels français,
30:25ils compliquent énormément
30:27la relation franco-algérienne et leur
30:29business sur place.
30:31Vous, vous vous placez comment ? Est-ce que vous pensez
30:33justement que les déclarations de votre collègue nuisent
30:35aux intérêts français en Algérie,
30:37où il y a quand même beaucoup d'intérêts,
30:39ou il fallait en passer par là ?
30:41On en est arrivé à une telle situation
30:43qu'il faut mettre vraiment
30:45le dossier sur la table
30:47et ne pas céder aux Algériens ?
30:49Il ne faut pas être
30:51binaire dans son approche. Il y a des
30:53paramètres qui touchent
30:55à la sécurité, aux régaliens,
30:57à l'immigration, dans notre
30:59relation avec l'Algérie. C'est les OQTF,
31:01c'est aussi la coopération sécuritaire en matière
31:03de lutte contre le terrorisme, c'est un élément important.
31:05C'est aussi l'avenir de Boalem-Sensal.
31:07C'est aussi l'avenir de Boalem-Sensal.
31:09Il est retenu en ce moment.
31:11Et moi j'appelle évidemment
31:13à sa libération parce qu'il est retenu dans des conditions
31:15qui sont inacceptables.
31:17Mais tous ces paramètres composent
31:19une partie de la relation avec l'Algérie.
31:21Les paramètres économiques, financiers, industriels,
31:23énergétiques composent aussi
31:25une partie de la relation avec l'Algérie.
31:27Donc il n'y a pas
31:29de réponse binaire à apporter.
31:31Il faut tenir compte de l'ensemble des paramètres.
31:33Et c'est la raison pour laquelle,
31:35quand on dit qu'on va regarder
31:37l'ensemble de la relation, l'ensemble
31:39des traités qui nous lient, l'ensemble
31:41des liens économiques, des liens humains,
31:43des liens culturels, pourquoi pas,
31:45avec l'Algérie pour ensuite
31:47en tirer des enseignements et des conséquences
31:49sur l'évolution de la relation,
31:51moi ça peut être de bonne gestion, de bonne méthode
31:53de la relation.
31:55D'un côté, il y a une volonté de la France,
31:57vous dites qu'il faut reprendre le dialogue.
31:59De l'autre côté, l'Algérie, le régime algérien
32:01insulte la France à répétition.
32:03Vous connaissez la formule, il faut être deux pour danser le tango.
32:05J'ai l'impression que la France danse seule en ce moment
32:07et de l'autre côté, on l'insulte pendant qu'elle danse.
32:09Et on refuse de reprendre
32:11par 14 fois un individu sous OQTF.
32:13Bien sûr, je parle de l'assaillant de Mulhouse.
32:15Bien sûr, l'assaillant de Mulhouse
32:17qui a fait effectivement l'objet
32:19de 14 refus
32:21de la part du gouvernement algérien
32:23pour revenir sur le territoire algérien.
32:25Encore une fois, moi,
32:27je pense que la diplomatie,
32:29la relation entre deux pays qui ont cette histoire
32:31ne doit pas être caractérisée par
32:33les mots qu'a évoqués
32:35Pierre de Villeneuve et que vous évoquez,
32:37c'est-à-dire des mots d'une agressivité.
32:39Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le comité.
32:41Les mots que vous avez lus.
32:43Les mots que vous avez lus, évidemment.
32:45Ça, je pense que
32:47ce n'est pas une manière de faire
32:49expérer la relation. Mais, encore une fois,
32:51la diplomatie,
32:53je ne suis pas un diplomate de profession,
32:55c'est toujours se projeter dans l'avenir
32:57et ne pas insulter l'avenir.
32:59Vous dites les mots, juste sur un mot.
33:01Dominique de Villepin, cette semaine, a refusé de qualifier
33:03l'Algérie de dictature. Est-ce que, selon vous,
33:05l'Algérie est une dictature?
33:07Je ne me prononcerai pas avec ce terme-là
33:09sur l'Algérie.
33:11Donc, c'est une non-dictature
33:13qui enferme Boisdem-Sensal.
33:15Écoutez, c'est un régime
33:17qui, sur cette décision-là,
33:19sur d'autres décisions,
33:21fait preuve
33:23de valeurs qui ne sont pas les nôtres.
33:25Marc Ferracci est notre invité au Grand Rendez-Vous.
33:27On se retrouve dans un instant pour parler
33:29industrie, électricité
33:31et voitures, notamment. A tout de suite.
33:37Marc Ferracci, invité du Grand Rendez-Vous.
33:39Quelques dossiers qui vous concernent, puisque ce sont
33:41des dossiers qui sont importants
33:43pour la vie des Français.
33:45Le premier d'entre eux, c'est l'électricité.
33:47Alors, à chaque mois suffit sa peine.
33:49On nous a d'abord annoncé une baisse
33:51des tarifs au 1er février. Chouette,
33:5310% de moins, en moyenne.
33:551er mars, on nous annonce une hausse
33:57dans l'autre sens, en 2026,
33:59pour compenser l'accès à l'électricité.
34:01Tarifs réglementés ou pas,
34:03tout le monde y passe. Comment est-ce que vous voulez que les Français comprennent?
34:05Non, mais pardonnez-moi.
34:07Là, il y a eu une baisse de 15%
34:09des factures, et les Français
34:11ont pu constater ces baisses
34:13de manière extrêmement concrète.
34:15Et ce que vous évoquez,
34:17ce n'est absolument pas quelque chose
34:19qui va se concrétiser.
34:21Ce que vous évoquez, c'est le résultat d'une étude
34:23qui a été faite par une revue
34:25qui s'appelle UFC Que Choisir,
34:27et qui applique
34:29les règles qui vont avoir cours à partir de
34:312026, parce qu'effectivement, nous changeons
34:33de système, on va s'en reparler,
34:35de mode de calcul des tarifs
34:37réglementés de l'électricité,
34:39et qui les appliquent à des données qui sont
34:41celles d'aujourd'hui. La réalité, c'est que
34:43il n'y aura pas de hausse
34:45l'année prochaine, parce que
34:47tout simplement, le système qui va être
34:49en vigueur
34:51à partir de 2026, c'est un système qui
34:53va protéger les consommateurs. Comment est-ce que ça
34:55va protéger les consommateurs?
34:57Eh bien, ça va protéger les consommateurs, parce qu'il est
34:59prévu qu'au-delà de certains
35:01prix de marché de l'électricité,
35:03eh bien, le revenu
35:05qu'EDF va réaliser,
35:07les bénéfices qu'EDF va réaliser,
35:09vont être rétrocédés aux consommateurs.
35:11C'est ça qui est prévu à partir de 2026,
35:13et nous l'avons d'ailleurs introduit
35:15dans le projet de loi de finances
35:17dès 2025. Donc,
35:19vous reprochez à UFC Que Choisir d'avoir menti
35:21aux Français? Je ne dis pas mentir,
35:23je dis simplement que la méthodologie qu'ils ont utilisée
35:25n'est pas la bonne, et que
35:27ce qui est aujourd'hui prévu,
35:29c'est justement un système qui
35:31protégera les Français, les consommateurs,
35:33les ménages comme les entreprises d'ailleurs,
35:35d'augmentation exponentielle
35:37des prix de l'électricité comme celles que nous avons
35:39pu connaître ces dernières années.
35:41Et ça, c'est quand même un élément très important.
35:43Justement, sur
35:45ces variations
35:47de prix, EDF est en train de signer
35:49des contrats de long
35:51terme et de très long terme avec des grandes entreprises
35:53pour justement pallier à ça.
35:55Vous savez où c'en est? Est-ce que les contrats avancent?
35:57Parce que jusqu'à maintenant, il n'y a que des lettres d'intention
35:59visiblement. D'abord, c'est un élément extrêmement
36:01important de la
36:03compétitivité de nos industriels.
36:05On a besoin d'avoir des coûts de l'énergie
36:07à bon prix et sur un horizon
36:09temporel suffisamment long pour permettre
36:11d'investir notamment dans des grands projets
36:13de décarbonation pour améliorer la compétitivité
36:15vis-à-vis notamment
36:17des industriels chinois. Donc ça,
36:19donner ces contrats à terme à nos industriels,
36:21c'est très important. Il y a effectivement des négociations
36:23qui ont lieu aujourd'hui
36:25entre EDF et les industriels qu'on appelle
36:27les électrointensifs, c'est l'acier,
36:29c'est la chimie, ce sont toutes ces industries qui sont
36:31extrêmement consommatrices d'électricité
36:33et ces négociations,
36:35je vais le dire,
36:37n'ont pas suffisamment avancé
36:39ces dernières semaines et ces derniers mois.
36:41A partir du 1er janvier 2026,
36:43on bascule dans un autre système dans lequel
36:45effectivement les industriels
36:47doivent avoir accès à des contrats pour
36:49des gros volumes d'électricité. Donc moi,
36:51j'appelle à ce que ces négociations
36:53atterrissent. Nous suivons avec le
36:55ministère de l'énergie et de l'industrie
36:57ces négociations de manière extrêmement
36:59attentive. Nous n'intervenons
37:01pas directement dans ces négociations
37:03parce que ce sont des négociations entre EDF et les industriels
37:05mais nous souhaitons qu'elles atterrissent
37:07parce qu'il en va véritablement de la compétitivité
37:09de nos industriels. Un certain nombre de
37:11projets d'investissement aujourd'hui dans des filières
37:13comme la sidérurgie sont
37:15suspendus, faute de visibilité
37:17sur ces tarifs de l'électricité. J'étais dans une
37:19aciérie en Seine-et-Marne cette semaine
37:21qui
37:23produit la nuit. J'y suis
37:25allé de nuit, pourquoi ? Parce qu'ils produisent
37:27en heure creuse du fait des tarifs de l'électricité.
37:29Donc c'est un aspect absolument essentiel
37:31de la compétitivité qu'il faut que nous
37:33réglions. Alors sur le plan, on pourrait dire
37:35plus macro, on a vu avec l'élection
37:37de Trump aux États-Unis l'idée de relâcher
37:39toute une série de réglementations pour
37:41accélérer la réindustrialisation américaine
37:43et on entend en Europe, pour plusieurs
37:45disent ce qu'on appelle le Green Deal au sens
37:47large, entrave en fait la capacité
37:49de l'Europe de se réindustrialiser.
37:51Est-ce que vous partagez cette analyse ?
37:53Je pense que notre politique industrielle
37:55doit désormais se muscler, se muscler
37:57de manière extrêmement volontariste
37:59parce que nous avons des
38:01ambitions climatiques, nous avons des
38:03engagements climatiques et moi je souhaite que nous les atteignons
38:05mais on ne peut pas les atteindre
38:07si on n'a pas une politique industrielle
38:09plus offensive avec du soutien
38:11aux investissements, avec du soutien
38:13à la demande, notamment sur
38:15des filières comme le véhicule électrique
38:17du soutien
38:19aussi en matière de protection commerciale
38:21j'ai organisé cette semaine avec
38:23d'autres ministres de l'industrie un sommet
38:25sur l'acier, pourquoi ? Parce que la filière
38:27sud-irogique est aujourd'hui dans une grande
38:29difficulté, notamment du fait
38:31d'une compétition
38:33pour partie chinoise qui est
38:35surcapacitaire, dans laquelle
38:37l'acier est extrêmement subventionné
38:39et on a besoin de protection commerciale
38:41de clauses de sauvegarde, c'est-à-dire
38:43de tarifs élevés
38:45dès lors que les exportations chinoises
38:47sont trop importantes en Europe, c'est ce que nous demandons
38:49et nous demandons cela... Mais vous voulez refaire
38:51les acieriques des années 70 en France ?
38:53Pardonnez-moi, nous demandons cela à très brève
38:55échéance. Mais vous savez, l'acier
38:57est une dimension absolument
38:59essentielle de notre compétitivité
39:01et surtout de notre souveraineté.
39:03Mais je suis absolument d'accord avec vous Marc Théraphy, mais pourquoi
39:05est-ce qu'on a fermé toutes ces acieries pendant
39:07des dizaines d'années ?
39:09D'abord, il y a des acieries...
39:11Il y a des acieries qui
39:13se développent, il y a des acieries
39:15qui sont en difficulté et qu'on sauve
39:17je serai demain lundi en Haute-Marne
39:19pour annoncer
39:21et accompagner le sauvetage
39:23d'une acierie qui s'appelle l'Achète Edriou
39:25dans laquelle il y a à peu près 300 salariés...
39:27Pourquoi est-ce qu'on a fait ArcelorMittal ?
39:29Il y a eu plein de choses...
39:31Sur ArcelorMittal, justement,
39:33les hauts fourneaux
39:35d'ArcelorMittal devaient décarboner
39:37finalement ils ne décarbonent pas
39:39tout le monde est très inquiet en se disant
39:41s'ils décarbonent pas, ça veut dire qu'ils vont finir par les fermer
39:43On en est où sur ce dossier ?
39:45Justement, vous me donnez la possibilité
39:47de vous expliquer pourquoi ce type
39:49d'investissement, je ne parle pas de cet investissement
39:51en particulier, mais ce type d'investissement est suspendu
39:53Pourquoi ? Parce que je ne reviens pas
39:55sur les coûts de l'électricité, il faut qu'il baisse
39:57et c'est l'enjeu de la négociation qui est en cours
39:59actuellement, et aussi parce que
40:01la protection commerciale est insuffisante
40:03Les acteurs de l'acier qui étaient réunis
40:05au ministère de l'économie cette semaine
40:07nous l'ont dit, nous avons besoin
40:09d'une part de protection commerciale de court terme
40:11et d'autre part d'une taxation du carbone
40:13aux frontières parce que l'acier qui rentre
40:15en Europe est un acier qui a été produit
40:17souvent de manière très carbonée, c'est-à-dire
40:19avec des centrales à charbon qui produisent l'électricité
40:21qui permet de produire l'acier
40:23et ça, c'est quelque chose
40:25qui ne permet pas
40:27aux industriels européens de jouer à armes égales
40:29On peut réagir assez vite ?
40:31Il faut réagir très vite, il faut réagir
40:33Est-ce que l'Europe peut réagir vite ?
40:35Moi je souhaite qu'elle réagisse très vite, je souhaite
40:37qu'elle envoie des signaux, et c'était le sens de l'interpellation
40:39que nous avons formée, la commission européenne
40:41et c'est une bonne nouvelle, entame
40:43un dialogue stratégique dans les jours
40:45qui viennent sur l'acier, ça va durer six semaines
40:47et de là sortiront je l'espère
40:49des décisions, nous avons souhaité
40:51donner de l'élan à ce dialogue
40:53afin que les décisions soient des décisions
40:55puissantes pour l'acier européen parce que c'est un enjeu
40:57de souveraineté, on ne produit pas des canons César
40:59sans acier, Pierre de Villeneuve
41:01Qu'est-ce qu'on fait pour les voitures ?
41:03On a vu juste avant la pause
41:05pendant la pause il y avait eu une pub, plusieurs
41:07d'ailleurs pour des voitures, il n'y a jamais eu autant
41:09de pubs pour des voitures, et les voitures sont
41:11de plus en plus chères, les gens n'arrivent plus à acheter des voitures
41:13est-ce que vous avez la volonté de faire
41:15de la voiture un bien rare et d'exception
41:17comme c'était le cas au tout début
41:19de la voiture, au début du XXe siècle ?
41:21Aujourd'hui on a une filière automobile européenne
41:23qui est confrontée à une demande
41:25trop faible, on a
41:27besoin à la fois en France
41:29et en Europe de soutenir la demande
41:31de soutenir les investissements et notamment
41:33les investissements en matière de diversification
41:35des sous-traitants parce que vous savez que
41:37quand vous basculez du moteur thermique
41:39vers le moteur électrique, il y a un certain nombre
41:41de sous-traitants, notamment les fonderies qui sont
41:43en difficulté, il faut leur donner la possibilité
41:45de se reconvertir
41:47dans d'autres activités, parfois d'ailleurs
41:49des activités de défense, et puis
41:51là aussi il faut
41:53sortir de la naïveté au niveau européen
41:55sortir de la naïveté ça veut dire
41:57s'intéresser
41:59à des productions qui rentrent en Europe
42:01avec énormément de subventions
42:03il y a quelques semaines la commission
42:05européenne a annoncé, le conseil européen
42:07l'a validé, une augmentation des tarifs
42:09sur les véhicules électriques chinois
42:11parce qu'on a constaté que l'ensemble de la chaîne
42:13de valeur des véhicules électriques chinois
42:15de l'extraction des batteries pour le lithium jusqu'aux frais
42:17de maritime était subventionnée
42:19donc là aussi il faut, encore une fois
42:21sortir de la naïveté
42:23mais on revient au contexte européen, c'est-à-dire d'un côté
42:25hyper subvention ailleurs
42:27ailleurs aussi moins
42:29de contraintes dites écologistes
42:31au final l'Europe ne joue pas armes égales
42:33c'est la raison pour laquelle il faut
42:35simplifier les choses, c'est la raison pour laquelle
42:37il faut donner de nouveaux relais
42:39à la construction automobile, je vous donne
42:41un exemple, nous avons introduit dans le
42:43projet de loi de finances pour 2025 et c'est en train
42:45d'être repris par la commission européenne
42:47un principe consistant à inciter
42:49les entreprises à électrifier
42:51leur flotte de voitures, un véhicule 9
42:53sur 2 en France et en Europe d'ailleurs
42:55est un véhicule qui est acheté par des
42:57entreprises pour leur flotte, donc c'est un levier puissant
42:59ça il faut aller plus vite
43:01et plus fort sur ce genre de sujets
43:03et sur la simplification et sur
43:05l'ensemble des sujets qui touchent à la simplification
43:07évidemment qu'il faut aller très vite et très fort
43:09Marc Ferracci vous êtes le ministre de l'industrie
43:11il y a une industrie qui nous touche ici profondément
43:13c'est l'industrie de la télévision
43:15C8 et NRJ12 ont fermé vendredi soir
43:17la soirée sur C8 était particulièrement
43:19émouvante, retraçant 20 ans de télévision
43:21de la production
43:23des moyens, beaucoup d'humains
43:25C8 était la première chaîne
43:27de la TNT, fermer une chaîne
43:29détruire l'emploi, casser l'outil de travail
43:31c'est dur pour tous ceux qui sont
43:33concernés, mais c'est aussi antinomique
43:35avec l'idée qu'on se fait de la France
43:37avec tout ce que vous venez de dire sur l'industrie
43:39sur les aciéries
43:41moi j'aimerais que vous me parliez aussi
43:43de l'industrie de la télévision et comment est-ce que vous comprenez
43:45cette décision ? Ecoutez, je pense que les choses
43:47très sincèrement ne sont pas comparables
43:49C8 a fermé en tant que
43:51chaîne hertzienne, chaîne de la TNT
43:53rien n'empêche d'ailleurs
43:55C8 de rouvrir sur le câble
43:57ce qui aujourd'hui fait l'objet
43:59d'une sanction de la part de l'ARCOM
44:01c'est un certain nombre
44:03eh bien
44:05d'excès qui ont été
44:07constatés sur C8
44:09avec un certain nombre de sanctions qui ont été prises
44:11à un moment ou à un autre, lorsqu'il y a
44:13des règles, il faut les appliquer
44:15moi je suppose qu'on applique les règles, on ne peut pas
44:17d'un côté s'émouvoir que
44:19dans la rue ou dans la société
44:21la délinquance progresse
44:23je ne mets pas sur le même plan
44:25évidemment ce qui se passe à la télé
44:27et la délinquance dans la rue
44:29mais à un moment, le principe
44:31des règles, c'est un principe qui doit
44:33s'appliquer à tous. Lorsque les règles
44:35sont outrepassées, lorsque des lignes rouges
44:37sont franchies, il y en a eu un certain nombre
44:39vous le savez
44:41sur l'émission
44:43TPMP
44:45Vous parlez d'une émission, là je vous parle d'une chaîne entière
44:47avec 400 emplois derrière
44:49Oui, mais à un moment ou à un autre, il faut
44:51que les
44:53conséquences de l'ensemble
44:55de ces dépassements
44:57de ces excès
44:59Ce n'est pas une décision politique
45:01Ce n'est pas de la censure, il n'y a pas d'arbitraire
45:03L'ARCOM est une autorité indépendante
45:05il n'y a pas
45:07de décision politique derrière cela
45:09Donc ce n'est pas de la censure
45:11Ce n'est pas de l'arbitraire, ce n'est pas la volonté
45:13de frapper une chaîne en particulier
45:15de se faire traiter comme une forme
45:17de victime collatérale
45:19Je comprends que ça suscite ici
45:21en particulier de l'émotion, je le comprends
45:23je le comprends aussi pour les salariés
45:25et pour tous les téléspectateurs
45:27Je veux répondre à votre question
45:29sur l'arbitraire, ça n'est pas arbitraire
45:31à partir du moment où il y a des faits
45:33il y a des faits qui sont documentés
45:35et comme ils passent à la télé, ces faits, tout le monde
45:37peut les constater
45:39à un moment ou à un autre, lorsque
45:41une fois un excès est commis
45:43deux fois un excès est commis
45:45les dizaines de fois des excès sont commis
45:47On parle d'un programme, pas d'une chaîne
45:49Monsieur Ferracci
45:51ça c'est une décision, encore une fois
45:53qui a été prise par une autorité indépendante
45:55On n'a pas détruit
45:57l'outil industriel selon vous ?
45:59Non, je ne pense pas qu'on ait détruit
46:01l'outil industriel sur ce sujet, non
46:03Merci Marc Ferracci d'avoir été l'invité du grand rendez-vous
46:05Bon dimanche à tous sur nos deux antennes