Lundi 10 février 2025, SMART BOURSE reçoit Kevin Thozet (Membre du comité d'investissement, Carmignac) , Andrew Etherington (Head of Multi-Asset Total Return, AXA IM) , Alain du Brusle (Directeur de la gestion, Claresco) et Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)
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00:25préférées.
00:26Au sommaire de cette édition ce soir, les marchés qui attaquent la quatrième semaine
00:31d'exercice du pouvoir de Donald Trump, Donald Trump qui reste tarichman évidemment avec
00:37de nouvelles annonces, de nouvelles menaces et un nouveau projet tarifaire autour de l'acier
00:42et de l'aluminium.
00:43On reprend les bons, vieux, classiques de la littérature trumpienne, l'acier et l'aluminium
00:48qui avaient déjà été des métaux taxés lors de la première guerre commerciale 2018-2019,
00:54la menace cette fois s'exprime à travers l'idée d'un tarif unique de 25% sur l'ensemble
00:59des importations d'acier et d'aluminium, Donald Trump qui promet par ailleurs d'annoncer
01:05des tarifs réciproques qui reflèteront les taux, les tarifs douaniers appliqués par
01:11les pays étrangers sur les importations américaines.
01:15Voilà donc pour la stratégie tarifaire de Donald Trump telle qu'elle se dessine en
01:19ce début de semaine et puis l'autre partie de la semaine sera animée par les résultats
01:23d'entreprises mais également par le témoignage de Jerome Powell comme tous les six mois
01:28le président de la réserve fédérale américaine sera interrogé dès demain par les membres
01:32du parlement américain, demain devant le comité bancaire du Sénat et mercredi devant
01:39la commission des affaires économiques de la chambre des représentants.
01:43Voilà pour le programme de la semaine, semaine qui sera marquée également par l'IA qui
01:48a rendez-vous à Paris à l'occasion de ce sommet pour l'action en IA, sommet à l'occasion
01:53duquel Emmanuel Macron a annoncé plus d'une centaine de milliards d'euros d'investissement
01:59sur les années à venir, 109 milliards de capitaux privés précisément, en partie
02:06étrangers également, qui viendront s'investir dans les infrastructures dédiées à l'intelligence
02:11artificielle en France et notamment le segment des data centers.
02:16Et puis nous reprendrons l'actualité américaine dans le dernier quart d'heure de Smartbourse
02:21comme chaque lundi, le quart d'heure américain, pour faire un point notamment sur le dossier
02:24US Steel, en marge des tarifs annoncés par Donald Trump, le président américain semble
02:29avoir trouvé une voie de sortie pour permettre à Nippon Steel d'être actionnaire mais
02:34non pas majoritaire de US Steel sur le territoire américain.
02:38Rendez-vous avec Pierre-Yves Dugas dans le dernier quart d'heure de Smartbourse.
02:52Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smartbourse, nous retrouvons Pauline Grattel
02:56qui vous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
02:58Bonsoir Pauline, nouvelle semaine donc et nouvelle menace tarifaire de Donald Trump.
03:02Oui, Donald Trump a annoncé la mise en place de nouveaux droits de douane sur les importations
03:06d'acier et d'aluminium aux Etats-Unis de 25%.
03:09Il l'a déclaré depuis son avion officiel alors qu'il se rendait au Super Bowl lors
03:13d'un point presse.
03:14Trump a prévenu qu'il annoncerait également cette semaine de nouveaux tarifs réciproques
03:18reflétant les taux appliqués par les pays étrangers en déclarant c'est très simple
03:22s'ils nous font payer, nous les ferons payer.
03:24Bon, le secteur de la métallurgie dans son ensemble et donc le secteur à suivre aujourd'hui.
03:29Oui, le sidérurgiste ArcelorMittal cède environ 3% sous pression après ses annonces aux Etats-Unis.
03:35Nucor et Steel Dynamics ouvrent en hausse de 5%.
03:37Les valeurs de l'aluminium aux Etats-Unis sont en forte hausse aujourd'hui.
03:40Centuré aluminium bondit de plus de 11% à l'ouverture de Wall Street.
03:44Nucor et Steel Dynamics de plus de 5%.
03:46Et puis à propos d'acier, du nouveau dans le dossier US Steel, Nippon Steel.
03:51Oui, initialement Nippon Steel voulait racheter US Steel pour 15 milliards de dollars mais
03:54Joe Biden et Donald Trump se sont opposés à cette transaction.
03:58Trump a finalement indiqué être d'accord pour une participation minoritaire de Nippon
04:02Steel dans US Steel.
04:03Ainsi, l'entreprise japonaise a indiqué préparer une proposition audacieuse pour
04:07son rival américain.
04:08US Steel ouvre en hausse de l'ordre de 3%.
04:11Que dire de la situation des marchés à action ? Les indices, semble-t-il, sont peut-être
04:14en train de s'habituer un petit peu aux menaces tarifaires de Donald Trump.
04:18Oui, il semble s'y habituer.
04:20En Europe, le FTSE et le STOXX 600 inscrivent même de nouveaux records.
04:23Côté français, le CAC 40 tourne autour des 8000 points.
04:26Aujourd'hui, Vinci, lanterne rouge de l'indice, essaie de plus de 1%.
04:30Sans doute victime de quelques prises de profit après sa publication annuelle vendredi, saluée
04:34par le marché.
04:35Côté américain, les indices ouvrent dans le vert.
04:37Quelles sont les réactions qu'on peut observer aujourd'hui sur les marchés obligataires ?
04:40Le rendement américain à 10 ans est resté stable à 4,5%.
04:43En Europe, les rendements sont stables également.
04:46Sur le marché des échanges, l'euro est également stable autour de 1,0330 par rapport au dollar.
04:51A noter, l'or ne cesse d'inscrire de nouveaux records en direction des 3000 dollars l'once
04:55à plus de 2900 dollars aujourd'hui.
04:58Du côté des résultats, on démarre la semaine tranquillement avec notamment les résultats
05:02de McDonald's aux Etats-Unis.
05:03Oui, la chaîne de fast-food fait tas de résultats inférieurs aux attentes pour le quatrième trimestre.
05:08Le chiffre d'affaires recule de 0,3% sur la période.
05:11Spécifiquement sur le marché américain, McDonald's fait part d'un repli de 1,4% de ses ventes.
05:17C'est son marché le plus important et la plus forte baisse depuis le Covid.
05:20Malgré tout, le titre est en hausse de 5% à l'ouverture de Wall Street.
05:24Et puis en France, dans l'actualité des sociétés, on notera que GTT est aujourd'hui lanterne rouge du SBF 120.
05:29Oui, GTT annonce le départ de son directeur général dans un contexte de difficultés stratégiques sur Élogène,
05:34la filiale dédiée à la production d'hydrogène vert.
05:37Cette filiale n'a obtenu que peu de commandes en 2024 et fait aussi état d'un EBITDA négatif
05:42de plus de 30 millions d'euros sur l'année.
05:44Le titre cède plus de 5% au cours de la séance.
05:47Toujours en Europe, on notera le titre Karmat à l'inverse qui est en forte hausse.
05:51Oui, le titre bondit de 6% après avoir passé le cap symbolique des 100 implantations de cœurs artificielles.
05:57Les 50 premières implantations étaient réalisées sur 10 ans.
06:00Depuis début 2024, le rythme a fortement accéléré puisque 50 nouvelles implantations étaient effectuées en un peu plus d'un an.
06:07Quel sera le programme de demain sur les marchés pour les investisseurs, Pauline ?
06:10Demain, les investisseurs prendront connaissance du taux de chômage en France pour le quatrième trimestre.
06:14En termes de résultats, les yeux seront rivés sur Kering qui rendra ses comptes.
06:18Aux Etats-Unis, on attend aussi ceux de Coca-Cola et on suivra aussi demain le témoignage semi-annuel du patron de la Fed devant les membres du Sénat.
06:25Tendance mon ami. Chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel vous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
06:41Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:44Andrew Etherington est avec nous, le responsable de la gestion diversifiée d'AXA-IM.
06:48Bonsoir Andrew.
06:48Bonsoir.
06:49A vos côtés, Alain Dubreuil, directeur de la gestion de Claresco.
06:52Bonsoir Alain.
06:53Bonsoir Grégoire.
06:54Et Kevin Tosey qui nous accompagne également, membre du comité d'investissement de Carmignac.
06:58Bonsoir Kevin.
06:58Bonsoir Grégoire, messieurs.
06:59Bon, nous attaquons la quatrième semaine de Donald Trump, seulement ou déjà, je ne sais pas.
07:05Qu'est-ce qu'on retire des trois premières semaines, Kevin ?
07:08Tout le monde a beaucoup réfléchi au programme de Trump avant son installation.
07:13Quelles allaient être les priorités ?
07:14Quel pouvait être le séquençage des priorités économiques de Donald Trump ?
07:19Est-ce qu'on a quelques éléments de réponse à ce stade, entre le spin, le bruit et la substance
07:26qu'on essaye de retirer toujours de Donald Trump et de sa stratégie ?
07:29Si je dois le résumer en une phrase, alors je vais faire un anglicisme et je vais essayer de le franciser.
07:36C'est qu'il n'aboie plus qu'il ne mort, quelque chose de cet ordre-là.
07:40Et c'est vrai que la séquence qu'on peut voir encore sur le week-end depuis vendredi,
07:46menace de réciprocité tarifaire, ça semble comme ça une escalade des tarifs.
07:51Enfin, sauf que c'est plutôt une désescalade des tarifs, parce que quand on regarde dans le détail
07:56quels sont les niveaux de tarifs moyens ou pondérés des échanges avec ses principaux partenaires économiques.
08:02Alors je regarde autour de chez nous, en Europe, en Italie, en Allemagne,
08:06on a plutôt un ajustement qui est de l'ordre, ça se compte sur les doigts d'une main,
08:10et encore, c'est plutôt des dizaines de points de base.
08:14Donc on est très loin des 10%, de la menace des 10% qui pouvaient être agitées il y a de ça encore quelques semaines.
08:20Donc ça c'est, si je veux voir le verre à moitié plein, après il y a quand même une autre question qui se pose en face de ça.
08:26C'est que, alors je ne vais pas rafraser là, un philosophe américain qui s'appelait Toro et qui a été repris par Roosevelt,
08:34qui disait que ce qu'on a le plus à craindre, c'est la crainte elle-même.
08:37Et donc la question c'est, qu'est-ce qui mord le plus ?
08:39Est-ce que c'est les tarifs douaniers, ou est-ce que c'est l'incertitude liée à la mise en place de ces tarifs douaniers ?
08:45C'est vrai que quand on soulève le capot, la réponse elle sera plutôt du côté de l'incertitude,
08:50c'est-à-dire que si on s'applique, en tout cas on fait ces calculs d'économistes là,
08:54sur la mise en place des tarifs tels qu'ils étaient annoncés,
08:57c'était un choc sur l'économie européenne de l'ordre de 0,2-0,4 points de PIB en fonction,
09:04et un choc aussi sur le front de l'inflation.
09:06Si on regarde les dernières études, notamment de la Banque Centrale Européenne sur qu'est-ce que ça veut dire un choc d'incertitude,
09:12un choc d'incertitude, si on regarde l'écart-type de l'incertitude actuelle politique et géopolitique en Europe,
09:18on est plutôt en train de parler de points de pourcentage du PIB.
09:21Et donc c'est bien là qu'est, je pense, le noeud du problème.
09:25Il y a une forme de... Et donc ça veut dire quoi ?
09:26Stratégiquement, les entreprises préfèreraient avoir une visibilité sur les tarifs,
09:33quitte à ce que le tarif soit élevé, mais au moins appliqué, en une fois, on peut s'adapter,
09:38le change a en partie déjà absorbé sans doute une partie.
09:42La manière dont Trump utilise les tarifs, c'est quelque chose qui tient plus du supplice, quoi.
09:47C'est-à-dire qu'on laisse planer une menace permanente,
09:51et là, ça crée vraiment des dommages et des dégâts qui sont peut-être, à l'arrivée, plus importants
09:56que si on avait mis, dès le départ, une barrière tarifaire.
09:59Oui, et puis c'est, on va dire, l'étalement dans le temps de ces menaces-là aussi,
10:03ça crée, on va dire, un choc de confiance sur des velléités de chefs d'entreprise à dépenser,
10:07sur des velléités de ménage à dépenser également.
10:11Et donc c'est bien ça qui pose problème aujourd'hui.
10:17La fameuse guerre commerciale que nous agitait, si je me permets une petite blague,
10:22elle a commencé le 3 février et puis elle s'est finie le 3 février, quoi.
10:27Avec l'aller-retour qui a pu être fait vis-à-vis du Canada et du Mexique.
10:30Et ça, on peut l'extrapoler au-delà du Canada, du Mexique,
10:35qui sont évidemment des partenaires privilégiés et tellement intégrés à l'économie américaine
10:39qu'on a du mal à comprendre le sens de 25% de tarifs à ces frontières-là.
10:43Ça, on peut l'extrapoler à un ennemi comme la Chine,
10:47à une zone économique peu considérée comme l'Union européenne ?
10:52Oui, alors c'est vrai que là aussi, si on écoute ce qu'il dit ou qu'on lit ce qu'il écrit vis-à-vis de la Chine,
10:59il dit notamment qu'il a le temps.
11:01Mais là aussi, encore une fois, quand on regarde les chiffres de l'emploi de vendredi dernier,
11:05nous, on voit un taux de chômage qui baisse, qui passe sous les 4%,
11:08une inflation salariale qui reste très élevée, sans doute un peu trop élevée
11:12pour pouvoir atteindre ce fameux 2% cher à la Réserve fédérale à un horizon, on va dire, relativement acceptable,
11:20on espère, avant la fin du mandat de M. Powell.
11:22Ça, ça se met en face de ça.
11:25Et pareillement, quand on regarde, on avait des indices notamment du Michigan.
11:28Oui, confiance du consommateur, des ménages.
11:30Exactement, confiance du consommateur.
11:32Et quand on regarde au sein de ces indices-là,
11:34on voit que les ménages américains, leurs anticipations d'inflation sur l'année qui vient,
11:39sur les 12 prochains mois, allaient passer de 3,2% à 4,2%.
11:43Et ça, je ne suis pas sûr que ça aille trop dans le sens de ça donne le temps à M. Trump de laisser voir venir les choses.
11:49André, qu'est-ce que vous retirez de ces trois premières semaines ?
11:54Est-ce qu'elles nous éclairent un peu plus sur les priorités économiques de Donald Trump ?
11:59À part la présence de Donald Trump sur le média, pas trop.
12:03En fait, c'est un animal médiatique.
12:05Et quelque part, on est obligé de faire la part des choses entre l'économie américaine,
12:11le potentiel d'endamnagement qu'il peut faire à l'économie mondiale.
12:16Mais la réalité, c'est que, comme tu viens de citer, la croissance reste soutenue.
12:21L'inflation reste au-dessus des anticipations, des targets, des cibles.
12:27Et certaines mesures vont dans le mauvais sens.
12:31Et la moindre chose qu'on peut estimer aujourd'hui de la politique tarifaire de l'administration de Président Trump serait probablement négative.
12:42Donc, l'étau n'a pas pu baisser beaucoup.
12:47Ça reste plutôt élevé.
12:49Il y a un craint sur le long terme qu'il y aura une destruction de la capacité productive qui ferait qu'on en aura l'intention.
12:58Je ne suis pas encore sûr que ça, c'est la vérité.
13:00Mais ce qu'il y a devant nous aujourd'hui, c'est rester concentré sur l'économie.
13:07Le macro, ça va bien.
13:08Le micro aussi bien.
13:10Donc, il y aura des conséquences de sa politique.
13:13On va le recevoir ou on va le ressentir en Europe comme en Chine.
13:17Je ne suis pas sûr que ce qui s'est produit avec le Canada et le Mexique, c'est la fin de cette question.
13:23Il est retardé.
13:24Quoi qu'il en soit, ils vont avoir plus de tarifs qu'on espère et peut-être moins de ce qui était annoncé lors de la campagne.
13:32Parce que sa façon de transactionner, ça mène à son débat, soi-disant.
13:41Donc, nous restons plutôt confiants.
13:44Mais ce n'est pas une situation avec une volatilité accrue où on est vraiment censé exposer nos portefeuilles d'une manière plus risquée.
13:53Positive, mais pas très agressive.
13:55Mais politiquement, il est encore légitime sur la question des tarifs, etc. ?
14:03Il a été élu aussi en partie pour ça.
14:06Il est légitime parce qu'il est élu.
14:07Après, est-ce que sa raisonnement sur ce qu'il va faire est crédible ?
14:11Pour la plupart, entre nous, probablement pas par rapport à ce que lui veut chercher.
14:17Mais il faut tenir en compte que c'est le roi d'aujourd'hui.
14:23Mais vous avez une bonne expérience ici, on peut aussi lui couper la tête.
14:28À terme, parce qu'il ne va pas livrer à son électorat ce que lui les a déjà promis.
14:34C'est impossible avec ce qu'il est en train de faire.
14:37Donc, ça, c'est intéressant.
14:38Il y a les midterms en deux ans.
14:40Oui, bien sûr.
14:41Et je crois qu'il y aura une opposition parce que pour l'instant, il y en a très peu aux Etats-Unis.
14:47Mais le débat, ça va continuer.
14:50Il va y avoir tous les semaines, la quatrième, la cinquième et la sixième semaine, on va
14:54avoir les déclarations, puis les négociations, puis un repositionnement.
14:59Autant sur les tarifs, alors oui, on a un peu d'expérience du premier mandat, de la
15:03première guerre commerciale, on a déjà vu Colombie-Canada, Mexique, etc.
15:08On peut très vite menacer, mais aussi très vite se retirer ou mettre des suspensions
15:13ou des reports dans le calendrier.
15:16Ce qui est assez nouveau dans Trump 2.0, c'est ce qui se passe du côté du DOJ, par exemple,
15:21Andrew, avec effectivement Elon Musk, des équipes qui arrivent, qui sont capables peut-être
15:28d'avoir accès à des données du Trésor américain pour avoir une vision, un mapping
15:33un petit peu de toutes ces dépenses fédérales qui s'étalent entre 6 et 7 trillions de
15:38dollars quand même chaque année, avec beaucoup de promesses d'économies à l'arrivée.
15:43Donald Trump parle même de faire des économies sur les dépenses du Pentagone, le département
15:48de la Défense.
15:49Ce n'est quand même pas neutre dans le discours de Donald Trump.
15:52Cette partie-là, comment est-ce que vous la voyez avancer ? Économie, efficience du
15:57gouvernement américain, dérégulation, ça semble être quelque chose d'assez prioritaire
16:02aujourd'hui, en tout cas dans la résonance médiatique qu'on donne à Trump depuis trois semaines.
16:09Il est en train de viscérer un système qui est assez interventionniste, il n'est pas
16:13si loin de ce qu'on a en Europe, quoique l'on croit et qu'on regarde les États-Unis,
16:18certes il y a un parti qui est extrêmement libéral et ce sont des gens qui ont payé
16:23sa campagne, pas ceux qui se sont votés.
16:24C'est ça qui va avoir dans la durée, je crois, la dichotomie ou le conflit éventuel.
16:32Mais aujourd'hui, avoir un fonctionnement d'État déstabilisé, ce n'est jamais porteur.
16:40Ce n'est pas procroissance, pas ?
16:42Pas trop, non.
16:43Pas dans un premier temps.
16:44Peut-être qu'il aurait raison avec la dérégulation et autre chose, mais pour aujourd'hui, c'est
16:50très flux.
16:51On ne sait pas jusqu'où ils sont allés, il y a quand même les protections pour les
16:56institutions et les cours qui sont là pour les protéger, ce qu'on a déjà vu avec
17:01Doge.
17:02Il y a un petit truc qui s'appelle la justice fédérale aux États-Unis.
17:05Ce qui est un peu moindre que ce que ça a été il y a quatre semaines, parce qu'on
17:08a déjà verré pas mal de gens qui s'en travaillent là-dedans depuis très longtemps.
17:12Donc ça, c'est inquiétant.
17:14Mais en fait, pour nous, pour des investisseurs, ce qu'ils portent, c'est ce qui est devant
17:20nous aujourd'hui.
17:21Certes, on va avoir des projets et des plans sur six mois, sur douze, dix-huit mois, mais
17:26aujourd'hui, c'est trop tôt pour craindre un ralentissement.
17:31L'Américain, les ménages, ils sont en pleine forme, Michigan l'a montré, c'est
17:37l'inflation liée, mais c'est parce que la croissance y est.
17:41Il va y avoir encore plus de stress sur le chômage, en fait, plutôt sur les négociations
17:48salariales, parce qu'il y a peu de monde à revenir sur le marché de travail.
17:54Donc ces tensions-là, pour l'instant, elles ne disparaissent pas du paysage.
17:58Non, pas du tout.
17:59Qu'est-ce que vous retenez de ces trois premières semaines de Trump ? Est-ce que Trump est aussi
18:03business friendly, qu'on l'imagine, qu'on le dit ? Il y a eu beaucoup d'enthousiasme
18:09quand même, il faut le dire, du point de vue des marchés, autour de cet aspect pro-croissance,
18:14pro-business d'un Donald Trump.
18:16En tout cas, les craintes sur la guerre commerciale, pour l'instant, c'est vrai qu'il y a eu
18:20beaucoup plus d'aboiement que de réalité.
18:22On a l'impression qu'il brandit des chiffres énormes pour les retirer ensuite juste pour
18:28obtenir quelque chose.
18:29Et si ce quelque chose est raisonnable avec du donnant-donnant, à la limite, on pourrait
18:33s'en sortir.
18:34Donc d'une certaine façon, on voit bien quand même que ce que les marchés craignaient,
18:38c'était plutôt des hausses brutales de droits de douane qui se traduisent en général
18:43par des craintes d'inflation, des taux qui montent et des marchés actions qui baissent.
18:47On l'a très bien vu le jour où, pendant une demi-journée, il a commencé à donner
18:51un semblant de concrétisation de taxes élevées pour le Canada ou le Mexique, aussitôt dit,
18:56aussitôt enlevé, aussitôt marché et revenu en arrière.
18:58J'ai pas très bien compris d'ailleurs ce qu'il avait obtenu de spécifique du Canada
19:03et du Mexique par rapport à la situation en existence et les relations existantes entre
19:09les Etats-Unis et ses deux partenaires.
19:11Ils se sont parlé d'un mois pour discuter tranquillement et qu'on verrait ça dans
19:15un mois.
19:16Donc j'ai bien compris qu'il n'y avait pas eu de grosses concessions.
19:18Mais pour l'instant, on ne peut pas dire qu'il obtienne grand-chose.
19:20Donc je reste sur les droits de douane.
19:21Pour l'instant, je suis plutôt rassuré.
19:24Je pense que les marchés le sont aussi.
19:25On continuera à avoir des annonces tonitruantes.
19:28Bon, celle d'aujourd'hui, en revanche, c'est différent parce que ce genre de trucs
19:31sur les métaux, sur l'acier, sur l'aluminium, j'allais dire, ça fait depuis 50 ans avec
19:36les Etats-Unis.
19:37Oui, c'est un classique.
19:38C'est quand même un truc classique.
19:39Ça concerne, enfin, quelle que soit l'administration américaine depuis 40 ans, il y a déjà
19:46eu ce genre de schéma.
19:47Puis c'est un peu moins visible pour le consommateur final américain que les colis
19:51Chine ou Taimou qui ont été exemptés de taxes.
19:55Ce n'est pas complètement neutre, mais je dirais qu'on n'a pas attendu Trump pour
19:59avoir ce genre de choses.
20:00Donc ça, ce n'est pas si méchant.
20:01Non, là où je trouve que Trump 2 est différent de Trump 1, c'est sur le régalien.
20:05Bon, en politique étrangère, on ne s'étendra pas, mais c'est quand même plus disruptif,
20:10on va dire, même si on n'y croit pas toujours.
20:12Et puis, cette volonté de baisser les coûts alors que depuis Trump comme Biden, pour l'instant,
20:17l'économie américaine a plutôt vécu d'une relance massive avec des déficits très importants.
20:21Donc là, il y a une forme d'ailleurs d'incohérence entre la volonté effectivement de faire des
20:26économies sur le train de vie de l'État, qu'on peut comprendre, mais en même temps
20:29une volonté de maintenir une économie dynamique avec néanmoins, avec toutes les baisses d'impôts
20:34qui se profilent, un déficit qui a peu de chances de baisser.
20:36Donc c'est vrai que dans un premier temps, le consommateur est très heureux et l'économie
20:40va bien.
20:41Mais les questions d'inflation, même si les questions tarifaires sont moins violentes
20:45qu'attendues, ça reste une préoccupation du consommateur.
20:48Je pense qu'aussi globalement pour les entreprises, pour l'investissement aujourd'hui, c'est difficile
20:52de se projeter, que ce soit aux Etats-Unis ou même en Europe.
20:57On espère la paix en Ukraine, mais on n'est pas encore tout à fait sûr qu'elle soit là.
21:01On ne sait pas jusqu'où ça peut nous mener.
21:03Donc j'imagine que pour des projets dans les capital goods ou d'investissements massifs,
21:07à part peut-être dans l'IA et encore, on peut concevoir un certain attentisme, et même
21:11du côté des consommateurs.
21:12Donc ça, ça peut effectivement, si ça dure trop longtemps, être un élément négatif,
21:17un choc de confiance en quelque sorte, qui pourrait finir par peser sur la demande.
21:20Et ça, c'est un point qu'il faudra faire être attentif.
21:24Dans les comportements d'entreprises face à la menace des tarifs, il y a l'idée d'un
21:28attentisme.
21:29Est-ce qu'il peut y avoir aussi l'idée d'une certaine anticipation ? C'est-à-dire, on
21:34verra bien, je me prépare quand même, des entreprises américaines, à ce qu'il y ait
21:39des taxes de 25% sur mes intrants, acier, aluminium, etc.
21:43Est-ce que des entreprises ont fait des stocks, ou sont peut-être aujourd'hui en train de
21:48réaliser des stocks, en attendant l'exécution réelle de ce genre de tarifs ?
21:53C'est là qu'il va falloir faire attention, parce qu'il y a quand même, je pense, notamment
21:56les spiritueux pour les boîtes européennes et autres, il y a du y avoir des anticipations
22:03de stockage ou de déstockage en fonction des régions, entre le sell-in et le sell-out,
22:07mais à la tenue de toutes ces incertitudes, il va falloir être prudent dans la lecture
22:11des chiffres du sell-in, parce qu'il est possible qu'on ait stocké par-ci, déstocké par-là,
22:17ça ne rendra pas macroéconomiquement les stats très lisibles.
22:20J'entends.
22:21Kévin ?
22:22En réponse, on parlait de couper la tête, on connaît le nœud gordien, c'est le nœud
22:27de Trump, alors on verra s'il faut le couper ou pas, mais c'est vrai qu'on parle de recettes,
22:32si la marche arrière sur les tarifs douaniers, il nous parlait quand même de 1000 milliards
22:36de recettes fédérales en plus, on n'y est pas, comme on dit, pas de pierre, pas de palais,
22:45pas de palais, pas de palais, il va falloir les trouver quelque part, donc ça c'est un point.
22:50Et puis l'autre c'est sur l'acier d'aluminium, si j'en crois Mistralahi ou Chajipiti,
22:56enfin le chat de Mistralahi ou Chajipiti, il faut une centaine de tonnes d'acier pour
23:01un puits de taille standard, bien sûr qu'en augmentant les tarifs douaniers de 25%, ça
23:06va encourager des entreprises du secteur privé à aller faire...
23:11Pour un puits de pétrole, c'est ça ?
23:12Pour un puits de pétrole notamment, et c'est pareil pour aller, on va dire, réindustrialiser
23:16le Midwest américain, voilà, c'est là où il y a tout cet antagonisme-là.
23:22Andrew, on a eu aussi l'entrée en jeu de Scott Bessent la semaine dernière, qui est
23:27le secrétaire du Trésor américain, qui a donné plusieurs interviews pour essayer
23:31d'apporter un peu de cohérence à la stratégie économique de Donald Trump, il dit pas mal
23:36de choses, il dit que le mandat de Trump sous cette administration c'est le tour de Main
23:41Street, Wall Street a bien profité, Wall Street continuera de bien faire, c'est un
23:45homme qui vient de Wall Street, Scott Bessent, donc il ne va pas non plus prédire que Wall
23:50Street ira mal, mais par contre il dit Main Street va aller beaucoup mieux, maintenant
23:54c'est au tour de Main Street, comment est-ce qu'il faut comprendre ça dans la stratégie
23:58économique de Donald Trump ? Et puis il dit un truc aussi important sur les taux, puisqu'il
24:02y a tout ce débat de savoir comment est-ce que Donald Trump et Jérôme Powell vont coexister,
24:08cohabiter pendant au moins quelques temps, Scott Bessent il dit ne vous trompez pas,
24:13Donald Trump ne veut pas que les taux courts baissent, il veut faire baisser les taux longs.
24:16Comment on fait baisser les taux longs pour une économie américaine aussi vigoureuse
24:22qu'elle est encore aujourd'hui sur le plan économique ?
24:24A notre petit niveau, ça n'a pas de sens, mais on sait que Scott Bessent est crédible,
24:30il est salué par les marchés pour de bonnes raisons, c'est que c'est quelqu'un de très
24:35fort, il a aussi dit que…
24:36Il avait fait baisser les taux, sa nomination avait fait un peu baisser les taux longs
24:40américains justement.
24:41Il a une crédibilité qu'il a gagnée depuis une trentaine d'années sur les marchés,
24:48le problématique c'est qu'il a aussi dit qu'il va faire ce que le président lui
24:52demande à faire même s'il ne le croit pas, et comment faire baisser, comment soutenir
24:59Main Street, Monsieur Tout-le-Monde, les petites entreprises, quand les taux courts restent
25:04à leur niveau aujourd'hui et que les taux de défaut montent, je vois mal, ils sont
25:12financés au court terme, en flottant, ils ne sont pas en fixe.
25:16Les grandes entreprises, eux, ils vont profiter de ce qu'il a dit que Trump, le président
25:21Trump, regarde plutôt la partie longue de la courbe pour faciliter le financement
25:26des projets.
25:27Mais ça, ce n'est pas pour les petits.
25:29Pour le petit commerce, la petite entreprise du coin de la rue, le taux court a beaucoup
25:33d'importance.
25:34Ce n'est pas le boulot de Bessant d'aller déréguler ou autre, ce n'est pas ce qu'il
25:39va faire pour les petites entreprises, c'est plutôt le doge.
25:42Non, je ne sais pas exactement ce qu'il veut faire, ce qu'il veut dire par cela,
25:48à part ce que son maître lui a demandé à dire.
25:51Même le dollar aussi, ça peut être un problème.
25:55A la fois, la politique du dollar fort est intacte, mais en même temps, on comprend
26:02toujours entre les lignes qu'un dollar un peu moins fort, ça peut être aussi utile
26:06pour des entreprises américaines.
26:08Ce n'est pas le dollar qui est trop fort du point de vue américain, ce sont les autres
26:11devises qui sont trop faibles.
26:13Je suis assez d'accord, la clé de lecture, ou le nœud, il est bien sur les taux longs.
26:19Le nœud cordien, le nœud trompier.
26:22Pourquoi ? Parce qu'on le disait, la croissance américaine a été portée par l'investissement
26:27public.
26:28La charge d'intérêt de la dette, c'est 25% des recettes budgétaires américaines.
26:33On comprend bien l'impact que peuvent avoir des taux d'intérêt durablement élevés
26:37ou plus élevés sur ce financement, d'autant plus que M. Bessant nous a dit avec son rapport
26:42d'émission trimestrielle qu'il allait bien émettre plutôt sur les parties longues de
26:46cours, le 3 ans, le 10 ans et le 30 ans, donc il n'allait pas refaire la bêtise, je ne
26:51sais pas s'il avait trop le choix, ce qu'avait fait Mme Yellen notamment, à émettre sur
26:56du cours.
26:57Donc ça, c'est un point.
26:58L'autre point, c'est que l'autre moteur de la croissance américaine, c'est la consommation,
27:02que les taux d'épargne aux Etats-Unis y sont très bas, et donc la propension du consommateur
27:05américain à consommer, c'est lié à deux indicateurs, la bonne santé du marché américain,
27:10ça tombe bien, il croit, 4-5% par an depuis quelques années, ça tient bien, et la bonne
27:15tenue des marchés d'actions américaines qui traînent sur un quart de siècle de résultats
27:20futurs.
27:21Sur ces deux problématiques-là, le niveau des taux d'intérêt, la direction des taux
27:24d'intérêt et la vitesse à laquelle ces taux d'intérêt seraient amenés à remonter,
27:27on comprend bien que ça peut avoir un impact majeur.
27:29Sinon, on le voit, je n'ai pas de doute sur le fait que M. Bessant, M. Trump et leur équipe
27:33le voient aussi.
27:34– Ils iraient sur l'effet richesse, c'est ça ?
27:35– Exactement, et donc c'est bien là que tiendra, on va dire, par là qu'on aura une
27:39meilleure idée d'où pourrait aller la croissance américaine.
27:42Pour faire baisser ces taux longs, il y a plein de possibilités, pour faire baisser
27:46le dollar, il y a ces fameux accords de Mar-a-Lago, ce n'est pas le plaza…
27:50– Ce n'est pas Plaza 2, c'est Mar-a-Lago.
27:52– Ça pourrait être une piste, il y en a une autre, une théorie qui a été développée
27:57par M. Bessant lui-même, ces fameux B7 bonds, donc des obligations à très long terme auxquelles
28:02on forcerait des taux d'intérêt bas pour forcer ce qu'il appelle des états clients,
28:08c'est ses mots, pour subventionner…
28:10– Des clients amis.
28:11– Exactement, la Pax Americana, donc des théories, il y en a plein, M. Powell, son
28:17mandat sera renouvelé en 2026, enfin il arrive en termes en 2026, on en saura plus d'ici
28:23la fin de l'année, mais toutes ces questions de dominance budgétaire agitent aussi, je
28:27pense, les marchés, vous parliez de l'or qui est sur les plus hauts, tout ça c'est
28:30assez cohérent en somme toute, le scénario central c'est quand même qu'il arrive
28:36à une finée, vous parliez de la guerre en Ukraine qui arriverait, qui touchera son
28:41terme, une résolution de ce qui se passe au Moyen-Orient, essayer de maintenir les
28:45matières premières sous un plafond, ça peut être une façon de le faire, la dérégulation
28:50ça peut en être une autre, on peut avoir des gains de productivité massifs avec l'intelligence
28:54artificielle, il y a plein de pistes, mais clairement les taux longs c'est le nœud
29:01et c'est ça qui déterminera si ça discipline M.Trump ou au contraire si ça le fait littéralement
29:08exploser.
29:09Ce sera l'indicateur de sa crédibilité.
29:12Et de ça on n'en sait pas grand chose si ce n'est que les taux d'intérêt sont quand
29:17même sur un niveau relativement élevé aux Etats-Unis, des taux réels à 2,5%, peut-être
29:21qu'il y a une valeur de protection si jamais il y a une réaction en face.
29:25Oui, normalement ça s'achète quand même 2,5% de taux réels aux Etats-Unis, il faut
29:29savoir que nous c'est ce qu'on fait.
29:32Même pour un épargnant qui a du temps, même son état professionnel de marché, pour un
29:35épargnant américain qui prépare sa retraite, normalement c'est un no-brainer.
29:42À condition que l'inflation, oui oui je suis d'accord.
29:47Et que l'incertitude ne s'accroît pas parce que le climat terme il est quasi nul par rapport
29:53au long terme.
29:54Ce qui est important c'est que les taux réels ils ont rejoint un niveau qui pratiquait
30:00avant la crise financière, par contre le prime à terme il est encore plutôt en dessous
30:05de ce qu'on pouvait observer, largement, 50 à 100.
30:09Oui, historiquement, elle était négative, elle est quand même revenue positive aujourd'hui,
30:14cette prime de terme, la prime d'incertitude on va dire sur la partie longue, sur les taux
30:20longs obligataires.
30:22Vos commentaires Alain, je veux bien qu'on pivote aussi vers la partie européenne, puisque
30:27quand même c'est la contrepartie de ces questionnements, de ces interrogations autour de Trump et de
30:31sa stratégie, c'est que les Trump trades, alors qu'on était des trades gagnants évidemment,
30:38très largement, ont peut-être une dynamique qui est en train de s'affaiblir, je parle
30:42peut-être d'un début d'épuisement avec un point d'interrogation, face à ça le reste
30:46du monde respire mieux, il y a un soulagement sur les actions européennes qui est significatif maintenant.
30:51Quand on parlait de Main Street, pour moi, c'est plutôt l'idée que les formes de protectionnisme
30:57qui restent à trouver, c'est-à-dire, l'idée c'est qu'elles défendent justement les boîtes
31:02américaines, qu'elles soient un petit peu en impression de l'extérieur, sans pour
31:06autant casser la baraque, donc j'imagine que transactionnellement, ce qu'il va chercher
31:10à faire, c'est plutôt trouver des deals qui précisément vont améliorer ou réduire
31:14la concurrence extérieure pour cette Main Street qui, boursièrement, si on enlève
31:18les GAFA et la techno, finalement, n'a pas tellement performé dans les dernières années,
31:22pas tellement plus que les boîtes européennes, c'est le premier point.
31:24Maintenant, si on se tourne vers l'Europe, en fait, ce qui a un peu changé quand même
31:28depuis l'arrivée de Trump et puis les dernières décisions de politique monétaire des banques
31:33centrales, c'est que jusqu'à son investiture, les taux US l'ont été très soutenus et
31:41l'Europe, qui aurait dû baisser, suivait, avec retard et heureusement parce qu'on n'a
31:46pas la même dynamique économique, mais les taux européens étaient un peu aspirés
31:50malgré tout par les taux US et là, ce qu'on commence à voir, et j'allais dire heureusement,
31:54c'est que côté US, ça se tasse un peu, ça ne monte pas, ça ne baisse pas, mais
31:58ça monte moins qu'avant parce qu'on se rend bien compte que la guerre commerciale
32:00est peut-être un peu bluff quand même et de l'autre côté, la BCE, même si elle
32:04va prendre son temps, la baisse des taux en Europe semble, court en tout cas, réellement
32:09engagée.
32:10Donc, on a eu, je pense, depuis l'investiture, une vraie déconnexion entre les taux longs
32:15US où on sent que c'est higher for longer et où en Europe, au vu d'une économie
32:20quand même, des chiffres pas terribles, la taune, on a une vraie baisse des taux qui
32:23s'enclenche.
32:24Et donc, ça, c'est le premier point.
32:26Et le deuxième point, c'est que l'histoire deep-seek, même si on a l'impression finalement
32:30que des data centers, tout le monde en veut, on a vu hier ce matin en France, Amazon continue,
32:35les data centers ne sont pas aussi morts qu'on pouvait le penser, mais les dépenses d'investissement
32:40pour construire de l'infrastructure n'arrêtent pas d'accélérer, mais on a vu que chez
32:45Microsoft ou Google, que le cloud, bon, c'est un petit peu moins...
32:49Enfin, disons...
32:50Ben oui, c'est ce qu'ils disent.
32:51Manque de capacité.
32:52La croissance ralentit parce qu'on n'a pas assez de capacité.
32:54Mais en janvier, il y avait un peu cette idée que c'était les US, IA forever, et puis IA,
32:59IA d'infrastructure semi, IA Schneider, SML, et il n'y avait que ça, et il n'y avait tellement
33:07que ça que du coup, ça avait peut-être un peu trop monté, bon, ça s'est redescendu
33:10maintenant, mais ça reste quand même une belle thématique, mais peut-être qu'à l'occasion
33:13du...
33:14Ce n'est pas vraiment une bulle, mais l'affaire DeepSea, qui a peut-être aussi révélé au
33:18marché, où les gens se sont dit, ben, il y a peut-être autre chose que l'infrastructure
33:21IA ou même Schneider.
33:22Et qu'est-ce qu'on a redécouvert à cette occasion-là, alors ?
33:23Et donc, ça, c'est un peu le ruissellement, si j'ose dire.
33:28Les gens étant sortis de cette mono-idée, ben, quelque part, ils ont commencé à regarder
33:33autour d'eux.
33:34Ils se sont dit, ben, finalement, il n'y a qu'un truc pas si cher que ça, et en Europe
33:37notamment, avec la baisse des taux, et peut-être, si on rajoute les élections allemandes qui
33:41pourraient un peu réaccélérer l'économie allemande, et puis peut-être un cessez-le-feu
33:47en Ukraine.
33:48Toutes ces choses qu'on dit depuis novembre, mais c'est une thématique qui ne s'est pas
33:51vraiment révélée parce que les taux US entraînaient tout.
33:53Et donc, là, on est face à un système où, finalement, on a du re-rating de l'Europe,
33:58alors que les estimations de résultats, il ne s'est rien passé.
34:01L'Europe est à l'arrêt, les résultats sont moyen-moyen, mais ça se revalorise.
34:06Et avec les élections allemandes qui arrivent, et le possible armistice en Ukraine, on va
34:13voir.
34:14Oui, il y a des catalyseurs possibles devant nous.
34:15Et il y a certaines, je ne dirais pas l'assitude Trump, mais il y a moins de surprises, on
34:19va dire, à attendre.
34:20Eh bien, on a, je pense, un re-rating de l'Europe qui n'est pas du tout exclu.
34:25Bon, et ça peut se poursuivre ? Dans quelles mesures on a envie d'accompagner ce mouvement
34:29de re-rating de l'Europe, et peut-être aussi d'ailleurs dans le monde ? Andrew, est-ce
34:36que ça peut être un trade un peu long, au-delà de quelques semaines en début d'année ?
34:42L'Europe aussi, c'est qu'il y avait des boîtes européennes qui étaient très américaines,
34:45mais qui étaient pénalisées parce qu'elles étaient européennes.
34:47Côte postale.
34:48Donc là, par exemple, Valorec aujourd'hui, typiquement par rapport à l'annonce, là,
34:51elle se réveille.
34:52Usine aux Etats-Unis, etc.
34:55Oui, on l'accompagne.
34:58C'est fin de l'année dernière, en fait, on aurait équilibré nos portefeuilles pour
35:03renforcer notre exposition sur l'Europe, sans l'avoir acheté en groupe, mais au moins
35:09de ne plus être sous-pondérés, ce qui était le cas depuis presque deux ans.
35:12Vous avez mis fin à deux ans de sous-pondérations sur les actions européennes.
35:19Oui, ce qui nous a pénalisés tout au début, parce que 2023, on avait un peu l'expérience
35:23qu'on a eue là, inattendue, mais c'est très bien de l'accompagner, on espère qu'il va
35:29y avoir un élargissement de la participation dans la hausse des marchés en dehors des
35:34GAFA, des MAC 7, donc ça serait plutôt bénéfique.
35:39Mais ce qu'il nous faut aussi, c'est que le BSE bouge.
35:43Oui, c'est ce qu'elle fait, là, c'est ce qu'elle fait, chaque réunion, elle bouge
35:49à chaque réunion.
35:50Ils n'en auraient pas encore suffisamment pour relancer la machine, mais ils étaient
35:54obligés d'attendre un peu les premières semaines de Président Trump pour avoir une
36:00idée à quelle sauce ils allaient être servis.
36:03Oui, mais vous pensez que le BSE pourra bouger plus vite qu'elle ne le fait aujourd'hui,
36:06à un certain moment ?
36:07Je crois qu'il faut.
36:08Ah non, mais c'est vrai qu'il le faille, je le sais.
36:12Oui, je crois qu'ils vont le faire, et c'est…
36:15Même si la Fed ne fait plus rien, c'est-à-dire ce débat-là qu'on a eu tout au long de
36:192024, est-ce que le BSE peut baisser ses taux 15 jours avant la Fed, est-ce que c'est
36:24une bonne idée ?
36:25Cette idée de politique monétaire coordonnée, ça, c'est mort, c'est fini.
36:29C'est dépassé, ok.
36:30C'est pour ça qu'on a des taux de BSE qui sont remontés à des niveaux qui prennent
36:33plus de temps.
36:34Et pour le marché, ce n'est plus un problème, parce qu'on nous disait, oh là là, on
36:35va aller sous la parité à nouveau, etc.
36:37Et bon, l'euro, pour l'instant, ne retourne pas à la parité.
36:40On pédale dans le vide un peu actuellement en Europe, donc il faut bien qu'il y ait
36:44quelque chose qui lui donne un impus.
36:46Bon, l'Ukraine, ça serait une très bonne nouvelle, mais attention à la chute de l'inflation
36:51derrière, parce que les prix d'énergie et surtout les prix d'alimentation devraient
36:57baisser très vite, ce qui va être un défi pour les baissiers.
37:02Mais il reste énormément d'épargne en Europe, extraordinaire, le niveau d'épargne des
37:08ménages.
37:09Et je crois qu'elle a confiance en ce qui peut être entraîné par une solution là-bas,
37:15sans avoir peut-être quelque chose de positif de l'Allemagne, mais je ne l'entends pas
37:19vraiment, parce que je crois qu'ils ne sont pas prêts à changer de manière à la marge
37:24et à faire les choses comme d'habitude.
37:26Merci.
37:27Cela dit, à l'issue du débat avec Scholz, ou dans le débat, je ne sais plus, on peut
37:31réfléchir à réformer, à ajuster la règle d'or budgétaire, mais tout commence d'abord
37:36par des économies.
37:37L'opinion publique allemande, elle change, sans dire des sondages faits par l'INSEE
37:43local.
37:44En juin-juillet 2024, une majorité d'Allemands disait qu'ils voulaient garder cette règle
37:48d'or concernant le déficit allemand.
37:50Aujourd'hui, il n'y a plus de la politique de l'Union Européenne qui est prête à évoluer
37:52sur le sujet.
37:53Et les patrons allemands, j'allais dire, prennent leur part au débat, c'est-à-dire qu'il
37:57faut lire, Christian Schewing, etc.
37:59Tous parlent, et parlent d'ailleurs d'une voix assez unique pour expliquer ce qu'il
38:04faudrait faire.
38:05Après, pour y arriver, il faudra passer d'une grosse coalition à une kleine coalition.
38:07Mais bon, voilà, il y a beaucoup d'étapes.
38:10Ça peut être un catalyste, je suis d'accord, au moins un signal.
38:13Sur la BCE, la capacité à s'affranchir d'une réserve fédérale américaine qui
38:16semble en pause peut-être pour plusieurs mois.
38:18Je crois que le marché attendrait avant juin, et peut-être que juin, on s'apercevra
38:22qu'il ne se passera rien, je n'en sais rien.
38:25Mais ce sujet-là, ce n'est plus un problème pour le marché.
38:27Je ne crois pas que ce soit un.
38:30Non, non, on a eu tellement de débats encore une fois sur est-ce que la BCE peut baisser
38:34ses taux avant la fête.
38:35Je suis aussi inscrit aux arguments qui ont été mis en place.
38:38Le scénario central en Europe, c'est quand même une reprise graduelle, sur fond, de
38:43gains de pouvoir d'achat avec une désinflation et des baisses de taux.
38:46Baisses de taux qui, en plus, mettent peut-être un frein, ou en tout cas, ralentissent le
38:50niveau de thésaurisation des ménages européens.
38:53Ça, c'est le scénario central.
38:54Et il y a des endroits où ça se passe comme ça.
38:56Si je regarde le sud de l'Europe, en Espagne, en Italie, l'Espagne croit au même niveau
39:01que les États-Unis.
39:02Plus.
39:03Plus.
39:04Et puis, c'était l'État espagnol qui supportait beaucoup la croissance espagnole.
39:08Aujourd'hui, c'est les ménages, c'est les dépenses d'investissement.
39:11On peut rompre le prix.
39:12Exactement.
39:14On peut réajuster la durée du travail.
39:15Après tous les gains d'effort qui ont été faits, il y a une partie un peu de redistribution
39:20en plus politique qui n'est pas inintéressante pour un pays où le schéma politique reste
39:25un peu compliqué aussi.
39:26C'est sûr que le couple franco-allemand, ce n'est plus la locomotive que ça a pu
39:29être.
39:30Les choses peuvent changer.
39:31Les choses ne sont pas gravées dans le marbre.
39:32Et sans doute que ce qui se passe outre-Atlantique, ça nous réveille, ça nous bouscule un petit
39:36peu.
39:37Il y avait un éditorial très intéressant de Mme Lagarde, il y a une semaine, qui parle
39:42de choc de simplification pour les entreprises.
39:45C'est quand même très différent de ce qu'on a pu avoir par le passé.
39:48Entre les propos et la réalité, il peut y avoir un monde, mais ce n'est pas rien.
39:53Donc ça, c'est un élément je crois.
39:55L'autre, sur la thématique de l'intelligence artificielle, il y a quand même eu là aussi
39:59il y a une dizaine de jours la réalisation que tout le monde voulait investir dans les
40:03pelles et les pioches de l'IA pour refaire ce parallèle avec l'arrivée vers l'or.
40:07Et on réalise que peut-être que c'est les utilisateurs, les logiciels qui vont en bénéficier
40:13parce que ça coûte un peu moins cher.
40:14On a aussi soudainement réalisé, en tout cas beaucoup ont soudainement réalisé qu'en
40:17Chine, il y avait beaucoup de doctorants, il y avait une matière grise extrêmement
40:21importante.
40:22Et que le fait qu'une entreprise comme Nvidia fasse à peu près rien depuis juin 2024, alors
40:30que les résultats croissent de 30% par trimestre, ils ne font rien boursièrement parlant, alors
40:35qu'ils délivrent et délivrent et délivrent, et dans le même temps vous voyez une entreprise
40:42comme Alibaba en Chine qui, là aussi, investit dans l'intelligence artificielle à ses propres
40:47modèles de langage.
40:48En plus de ça, tous les applicatifs pour essayer de faire ce que font des Google et
40:54des Facebook et des Instagram sur comment aider leurs clients à toucher eux-mêmes
40:59leurs clients.
41:00Ce n'est pas les mêmes niveaux de valorisation et je crois que cet écart-là, il est peut-être
41:04en train d'être résorbé d'une façon ou d'une autre.
41:06Et ça, encore une fois, je pense que la thématique de l'intelligence artificielle, l'investissement
41:12technologique a clairement plusieurs années devant elle, la façon de le faire, qu'elle
41:16diffère un petit peu, et ça depuis quelques semaines, et c'est une bonne nouvelle encore
41:20une fois.
41:21Parce que ça veut dire des gains de productivité plus largement, ça coûte moins cher, c'est
41:25bien pour tout le monde.
41:26Bien sûr, une diffusion, une commoditisation de l'intelligence artificielle à vitesse
41:31grand V, c'est plutôt positif pour les gains de productivité mondiale.
41:34Lian n'est pas mort, mais ce qui s'est passé finalement avec le modèle chinois,
41:38on se rend compte que ce n'est pas un monopole de l'oncle Sam.
41:43Et quelque part, ça ouvre aussi de nouvelles perspectives.
41:45D'ailleurs, le salon qu'on voit aujourd'hui en France, les 109 milliards restent à concrétiser.
41:49Open AI va avoir ses puces, etc.
41:51Il y a une concurrence partout qui est en train de s'organiser.
41:53Ce n'est pas le JGPT only, c'est ouvert à tous.
41:55C'est bien pour tout le monde en ce moment, mais boursièrement, alors qu'avant, il y
41:59a un focus.
42:00Et donc, ça veut dire que c'est un thème dont l'Europe va pouvoir profiter aussi ?
42:02Tout le monde.
42:03Clairement, c'est les Chinois qui ont sorti la nouvelle disruptive, entre autres parce
42:09que c'était un modèle en open source.
42:11Mais quelque part, ça ouvre des…
42:13Je dirais que pour un jeune chercheur en IA, il y a peut-être un mois ou deux, on se disait
42:17qu'il fallait aller aux US, sinon t'es mort.
42:19Là, quelque part, potentiellement, on peut revenir dans la course.
42:23Mais ça veut dire que pour un investisseur, avant, la seule voie, surtout que ça sortait
42:29des 500 milliards de Stargate, annoncés par Trump, ce qu'on pouvait penser derrière,
42:35c'est qu'ils vont nous écraser, on est mort, c'est fini.
42:37Et là, ce truc sort, sinon, ça veut dire non, on n'est pas mort, en fait, on peut
42:40commencer aussi, chacun à en profiter.
42:43Et j'arrive boursièrement, quand on part d'un marché US où il y a quelques valeurs
42:47qui étaient des valeurs stratosphériques, elles ne sont pas mortes, ce n'est pas la
42:50question.
42:51Mais il y a peut-être d'autres alternatives, un peu moins chères, on regarde un petit
42:55peu ailleurs aussi.
42:56Vous disiez qu'on a neutralisé la sous-pondération qu'on avait sur les actions européennes.
43:01Est-ce que le mouvement peut être plus global que ça ? Est-ce qu'il est temps de redéployer
43:04une partie des investissements et des plus-values qu'on a accumulées sur les Etats-Unis,
43:10plus largement dans le monde, aujourd'hui, dans une gestion globale, Andrew ?
43:13C'est plutôt le sens de notre histoire.
43:16C'est le sens du voyage, là ?
43:17Tout à fait.
43:18D'accord.
43:19Et ça veut dire quoi ?
43:20Ça veut dire une distribution des opportunités, des capacités, il n'y a rien qui reste secret
43:25pour très longtemps.
43:26Jusqu'à vendredi où on n'avait jamais entendu parler de diptyque, mais je ne savais pas
43:32ce que c'était.
43:33Lundi, on n'avait…
43:34Personne ?
43:35Oui, bien sûr.
43:36Le marché nous a mis un prix sur diptyque très, très vite.
43:39Le problème, c'est que la surperformance du reste du monde par rapport aux U.S., est-ce
43:42que ça va durer six mois comme une fois tous les cinq ans ou est-ce que ça sera un petit
43:48peu plus long ? On verra.
43:49Bon, un mot, il nous reste deux minutes, ce sera l'autre facette de cette semaine.
43:56Il y a Trump qui taxe et il y a Jérôme Poel qui témoigne.
43:58De quoi témoigne-t-il demain ? Je veux dire, le jeu de la Fed, là, dans le monde de Trump,
44:08ça va être compliqué un peu, beaucoup ? Est-ce qu'il faut imaginer peut-être même
44:12un renversement à un moment du schéma de politique monétaire qui était plutôt celui
44:17de baisser les taux ?
44:19Non, je crois que c'est juste une épreuve de réalisme, comme il a fait avec le comité
44:25lors des dernières réunions de la Fed, à dire qu'ils avaient gagné un peu de marge
44:30de manœuvre en remontant les perspectives sur l'inflation, mais aussi sur l'emploi.
44:35La croissance.
44:36Oui, l'emploi.
44:37Donc, je crois qu'il a besoin de rien dire, d'assurer qu'ils sont toujours à la barre
44:44et que tout va bien pour l'instant, et un petit pause pour prendre le temps d'apprécier
44:51non seulement la situation politique, mais aussi la profondeur de la demande et les capacités
44:56de la machine américaine de continuer à produire dans les six mois à venir.
45:01Donc, pourquoi pas en juillet ? Pourquoi pas ? Peut-être rien.
45:04Oui, ah ben non !
45:05Plus rien.
45:06Avec une économie telle qu'elle est constituée aujourd'hui, ils n'ont pas vraiment, à part
45:11pour M. Mainstreet, mais je crois qu'ils vont être vite oubliés, comme d'habitude.
45:16Donc, malheureusement, parce que…
45:18Et pour Mainstreet, il y a quand même 200 000 emplois qui sont créés en moyenne aux
45:22États-Unis tous les mois, le taux de chômage est sous les 4 %, l'inflation salariale,
45:28elle est là, et honnêtement, s'ils arrivent à faire baisser les taux longs, maintenir
45:33les taux longs sur des niveaux faibles, ça a aussi un impact sur les taux moyens payés.
45:36On n'a pas pris cet haricot.
45:37Les taux hypothécaires américains.
45:41Les taux longs, ouais.
45:42Bon.
45:43Mais le marché anticipe quand même encore que la Fed bougera cette année à la baisse.
45:46Une fois et demie, ouais.
45:47Une fois et demie.
45:48Une fois et demie, ouais.
45:49Bon.
45:50Peut-être une fois et demie trop, on verra.
45:51On n'en est pas encore là.
45:52Alors ?
45:53Sur l'Europe, je me trouve, moi, je pense que la BCE va baisser assez régulièrement
45:56pour arriver à un 5,75, 2, mais j'ai l'impression que tout le monde n'est pas encore convaincu.
46:00Il y a encore des opérateurs qui pensent qu'elle va faire une petite pause, qu'elle
46:04sera une fois sûre de...
46:05Donc, on va voir ce qui se passe, mais je serai plutôt pour une baisse pas brutale
46:10mais régulière et assez rapide.
46:11On a eu la nouvelle estimation du taux neutre, je crois qu'il ne nous dit pas grand-chose
46:16de nouveau.
46:1775 de 25.
46:1875 de 25.
46:19Je décommande 20 tous les semaines.
46:20C'est ça.
46:21La question c'est quand est-ce qu'on y sera ?
46:22Ouais.
46:23Septembre prochain ou début 2026 ?
46:25Ouais, ouais, ouais.
46:26Bon.
46:27On verra.
46:28Prochaine réunion le 6 mars.
46:29On sera à 2,50 de taux de dépôt avec une nouvelle baisse de taux de 25 points de base.
46:33Voilà.
46:34C'est la borne haute du taux neutre et on verra comment le Conseil des gouverneurs
46:36de la BCE, comment la conversation évolue au sein du Conseil des gouverneurs une fois
46:41qu'on arrivera proche de cette borne haute du taux neutre en zone euro.
46:46Merci beaucoup messieurs.
46:47Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:49Alain Dubreuil, Claresco, André Therrington, AXA-IM et Kevin Tosay, Carmignac.
46:54Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, comme chaque lundi, c'est le quart d'heure
47:02américain.
47:03C'est notre revue de l'actualité américaine chaque semaine avec notre correspondant américain
47:08Pierre-Yves Dugas, fidèle au poste.
47:10Bonsoir Pierre-Yves.
47:11Merci beaucoup d'être avec nous.
47:14Parlons de Donald Trump.
47:15Nous entrons dans la quatrième semaine d'exercice du pouvoir de Donald Trump.
47:19Je crois que je vais compter les semaines.
47:20Parmi les affaires qui nous occupent ou qui occupent en tout cas le président américain,
47:28les tarifs bien sûr, mais plus spécifiquement l'affaire US Steel qui est une affaire qui
47:32a démarré sous le mandat de Joe Biden après que le concurrent japonais Nippon Steel avait
47:38fait une offre pour acquérir l'ensemble de US Steel, fleuron sidérurgique américain.
47:45Joe Biden s'est opposé à la vente, suivi par Donald Trump alors qu'il n'était pas
47:50encore président ou qu'il était président élu.
47:53Et là, nous entrons dans la phase où Donald Trump est au pouvoir.
47:57Comment va-t-il traiter cette affaire ?
48:00Donald Trump fait preuve de flexibilité.
48:06Il fait montre d'un esprit d'innovation où il ne revient pas sur sa promesse de ne pas
48:13tolérer le rachat de ce qui a été un fleuron de l'industrie américaine, mais qui ne l'est
48:18plus aujourd'hui.
48:19Parce que l'idée qu'un géant de l'acier japonais rachète un ancien géant de l'acier
48:27américain ne lui plaît pas.
48:29Donc il ne revient pas sur cette promesse électorale qui l'a aidé probablement à
48:34gagner des voix dans le Midwest et en particulier, bien entendu, en Petite-Vallée.
48:37En revanche, il a compris qu'il y avait des choses à faire pour faire financer par un
48:45grand spécialiste moderne de l'acier, étranger en l'occurrence, une entreprise américaine
48:53vieillissante.
48:54Pour cela, il dit, écoutez, pas d'acquisition, mais gros investissement, je suis d'accord
48:59et je serai, moi, Donald Trump, l'arbitre et l'intermédiaire dans cette négociation
49:03qui s'engage.
49:04Il faut savoir que les enchères qui ont été remportées fin 2023 par Nippon Steel pour
49:11reprendre US Steel ont fait que ces deux entreprises sont maintenant alliées et travaillent la
49:19main dans la main.
49:20Elles ont d'ailleurs engagé une procédure en justice pour essayer d'invalider le veto
49:27qui a été mis à cette acquisition par Joe Biden qui a maintenant quitté le pouvoir.
49:33Il va falloir déterminer les contours de cette grosse participation que le géant japonais
49:40peut prendre pour sauver US Steel.
49:43Ce qui intéresse beaucoup US Steel dans cette opération, c'est quoi ? C'est d'abord
49:48la technologie de l'acier japonais, évidemment les centaines de millions de dollars d'investissement
49:55qui vont venir à la clé, des garanties sur l'emploi, des garanties sur la pérennité
50:00de sites qui sont historiquement importants, en particulier celui de Mont Valley au sud-est
50:07de Pittsburgh, les hauts fourneaux de Gary, Indiana, dans le nord de l'Indiana, pratiquement
50:13dans la banlieue de Chicago, c'est beaucoup d'emplois.
50:17En dépit de l'opposition du syndicat des ouvriers ici d'Evergist qui continue de dire
50:24nous ne voulons pas entendre parler de New Brunswick Steel, ce sont des traîtres qui
50:28ont pratiqué le dumping aux États-Unis depuis des générations, nous voulons en revanche
50:33faire affaire avec Cleveland Cliffs qui est une société qui n'a pas les moyens financiers
50:42de New Brunswick Steel et qui voudrait, en fusionnant avec US Steel, se protéger par
50:50des bannières douanières et faire monter les prix pour l'acier à destination de l'industrie
50:54automobile, mais ils n'ont pas les reins, la technologie, le pouvoir d'aller aussi loin
51:00que le voudrait New Brunswick Steel.
51:02La solution envisagée par Donald Trump est intéressante, d'abord il faut replacer ça
51:06dans le contexte géopolitique, le Japon est un pays très important maintenant que
51:11les États-Unis veulent confronter directement leur adversaire qui est la Chine, c'est un
51:19pays qui peut acheter encore beaucoup d'armement auprès de l'industrie américaine, c'est
51:24un pays dont le nouveau premier ministre qui est assez fragile a fait toutes sortes de promesses
51:32pour éliminer le surplus commercial dont bénéficie encore le Japon à l'égard des États-Unis,
51:37ils promettent d'investir massivement dans d'autres secteurs de l'escalacier d'énergie,
51:41ne l'oublions pas, en termes d'investissement industriel direct, le Japon est le numéro
51:46un aux États-Unis grâce à Toyota, Honda, Nissan, etc.
51:50Donc c'est une démarche qui également non seulement permet au Japon de sauver la face,
51:57pourrait rendre un énorme service à US Steel, mais qui également revient sur ce qui ferait
52:04jurisprudence et serait d'un très mauvais goût pour les États-Unis, où ce serait la
52:09première fois qu'un pays allié se voit refuser le droit de faire une grosse acquisition aux États-Unis.
52:15Bon, on verra si cette voie d'échappement, cette porte de sortie proposée par Trump
52:21permet d'aboutir et de conclure l'affaire, le deal entre US Steel et Nippon Steel sur
52:28la méthode Trump, après trois semaines d'exercice du pouvoir, Pierre-Yves, il y a une expression
52:33qui se dégage, c'est « Flood the zone », donc c'est une expression qui est tirée du sport,
52:39du sport américain et peut-être même du football, si je ne dis pas de bêtises, on
52:43sort du week-end du Superbowl, c'est ça Pierre-Yves ?
52:46Du football et du baseball.
52:50Mais « the zone », ça peut également faire référence à ce qu'on appelle, je crois en français, la raquette.
52:58Dans le basket.
52:59Au basket, dans laquelle on n'a pas le droit d'être trop longtemps, sinon ça complique tout.
53:05Bref, « you flood the zone », ça veut dire que vous inondez la zone, vous inondez non
53:12seulement le paysage médiatique, mais le paysage institutionnel et politique, pour
53:17envoyer de multiples signaux à tous les adversaires de cette jeune administration,
53:22qui n'est pas encore en place d'ailleurs, parce que beaucoup des membres du cabinet
53:26de Donald Trump ne sont toujours pas confirmés, je vais vous donner la liste, vous serez probablement
53:30surpris, de manière à désarçonner complètement, à déboussoler l'adversaire et c'est une
53:37manière de conjuguer, de décliner plus exactement dans l'univers washingtonien politique et
53:44médiatique, la tactique des jeunes pousses de la Silicon Valley, « go fast, break things »,
53:51il faut avancer très vite, quitte à ce qu'il y ait des dégâts, quitte à ce qu'il y
53:56ait des dégâts collatéraux, quitte à ce que l'on casse des choses et qu'on revienne
53:59en arrière pour les recoller par la suite.
54:01Cette tactique présente l'avantage de désarçonner complètement le parti démocrate qui ne sait
54:07plus le matin quel scandale dénoncer, parce qu'il y en a trois qui sont tombés à l'heure
54:14du déjeuner et puis il y en a un quatrième qui tombe en fin d'après-midi.
54:18J'ai essayé un petit peu de dresser la liste de tous ces sujets multiples et divers qui
54:25ont permis à Donald Trump depuis un mois de désarçonner complètement son adversaire
54:31et ça se voit dans les sondages parce qu'il a un taux de popularité de 53% qui n'a jamais
54:35été aussi élevé.
54:36Alors on commence par s'attaquer à l'agence du développement parce que le développement
54:40international c'est très mauvais pour les magas, c'est donner de l'argent à des étrangers
54:44qui ne le méritent pas.
54:45Alors ça, ça marche et alors beaucoup de gens s'en satisfont.
54:47Ensuite on passe à l'arrestation des immigrés illégaux, ensuite on enchaîne avec des droits
54:53de douane et puis on va retirer ces droits de douane quelques jours plus tard et le temps
54:57que l'on s'insurge contre la montée des droits de douane, ensuite on ne peut plus s'insurger
55:03contre leur suspension.
55:04Et puis on s'attaque au système de paiement du trésor et puis ensuite un deal est fait
55:08avec des juges et puis ce deal est annulé mais ça ne fait rien, on a mis en lumière
55:11des faiblesses dans le système de paiement du trésor.
55:13Ensuite on accuse les politiques, nous en parlions la semaine dernière, de promotion
55:20de la diversité et de discrimination positive, d'être responsables des catastrophes aériennes.
55:24Ça suscite une énorme controverse sur les réseaux sociaux et pendant que ça occupe
55:28les démocrates, et bien nous, les républicains, nous allons passer à autre chose, on va passer
55:33à l'annexation du Canal de Panama, à l'annexation potentielle du Groenland, chose que l'on
55:40n'a absolument pas vu venir, les démocrates ne sont pas prêts sur ces sujets, la presse
55:44n'est pas prête sur ces sujets, you flood the zone.
55:47C'est un petit peu, me direz-vous, tout et n'importe quoi, oui et non, c'est tout certainement
55:53parce qu'on passe d'un sujet à l'autre mais ça n'est pas n'importe quoi et c'est
55:56la grande différence entre le Trump d'aujourd'hui et le Trump d'il y a 8 ans, Donald Trump sait
56:00maintenant où il veut aller, il ne le savait pas il y a 8 ans.
56:03Et cette manière de passer d'un sujet à l'autre déboussole l'adversaire et lui permet
56:09tout de même d'avancer parce que dans la réalité concrète sur le terrain, bien l'agence
56:13américaine de développement aujourd'hui, elle n'a plus de locaux, elle a été décapitée
56:17de fait sans aucune intervention du Congrès, on verra maintenant si la justice américaine
56:22tranche et autorise ce coup d'état littéralement mené par cette nouvelle administration Trump
56:32qui n'est pas encore en place, nous n'avons pas encore à Washington aujourd'hui de secrétaire
56:37à la santé, de secrétaire à l'agriculture, de secrétaire au travail, de secrétaire
56:41au commerce.
56:42Donald Trump lance une guerre commerciale, il n'a pas de secrétaire au commerce, il
56:46n'a pas de négociateur non plus, il n'a pas été confirmé non plus, il n'a pas de
56:51secrétaire à l'éducation, il n'a pas d'ambassadeur aux Nations Unies et il n'a pas de patron
56:56du directorat de l'intelligence.
56:58Mais ça au bout de trois semaines, c'est déjà anormal ou est-ce qu'on peut se dire
57:06qu'au bout de trois semaines, oui, qu'il y a encore des postes à confirmer, ça paraît
57:10légitime ?
57:11C'est tout à fait dans la norme, Donald Trump est même allé un peu plus vite que
57:16d'habitude, mais quand on veut occuper le terrain sur tous les sujets, c'est compliqué
57:21par exemple d'occuper le terrain sur la question du commerce quand on n'a pas de secrétaire
57:25au commerce.
57:27Occuper la zone quand on est tout seul alors qu'on devrait avoir une équipe, effectivement,
57:31ça peut être un peu tactiquement compliqué.
57:34En tout cas, pour l'instant, l'inondation prend forme au bout de trois semaines d'exercice
57:40du pouvoir révolu pour ce deuxième mandat de Donald Trump.
57:43Merci beaucoup Pierre-Yves Dugas que vous retrouvez chaque semaine en replay sur bsmart.fr
57:48pour ce quart d'heure américain et vous nous retrouvez en direct chaque lundi également
57:52dans Smartboard sur Bsmart for Change.