Lundi 9 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit François Cabau (Économiste Zone Euro, Axa IM) , Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) , Kevin Thozet (Membre du comité d'investissement, Carmignac) et Igor de Maack (Dirigeant - Associé, VitalEpargne)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez
00:16en direct à la télévision via vos box, émissions que vous retrouvez chaque soir
00:19en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, un thème qui aura marqué l'année 2024, le
00:29thème des marchés face aux risques politiques et géopolitiques, on en a encore de beaux
00:35exemples derrière nous dans les jours récents entre la censure historique du gouvernement
00:40français, l'annulation d'un premier tour d'élection présidentielle en Roumanie,
00:45une tentative de coup de force en Corée du Sud qui pour l'instant est en train de tourner
00:52les cours, plus les épisodes de ce week-end en Syrie avec le renversement du régime Assad,
00:59tout ça donne un petit peu l'idée du rythme politique auquel les marchés se sont habitués
01:05ces derniers mois et ces dernières années, comment gère-t-on des actifs financiers,
01:10de l'épargne, comment réalise-t-on des prévisions économiques dans un contexte
01:13où la politique, le facteur politique est amené sans doute à générer encore beaucoup
01:19d'incertitudes à travers l'année 2025 et peut-être même au-delà, c'est une grande
01:23question que nous poserons à nos invités de Planète Marché d'ici quelques instants.
01:26Face aux risques géopolitiques, il y a quand même des situations plus confortables, voire
01:30des bonnes nouvelles, les banques centrales qui baissent les taux, nous continuerons de
01:33le voir cette semaine avec la Banque Centrale Européenne et d'autres banques centrales
01:37qui vont délivrer sans doute encore des baisses de taux de 25 à 50 points de base pour celles
01:43qui sont attendues cette semaine, la Fed se réunira la semaine prochaine pour délivrer
01:48sans doute une nouvelle baisse de taux de 25 points de base et puis nous avons également
01:52des nouvelles en provenance de Chine avec une réunion du Politburo qui prépare le
01:57terrain à une grande conférence économique qui se tient ces jours prochains qui va fixer
02:01notamment la quantité de croissance que nous aurons en Chine l'an prochain avec un Politburo
02:08qui recommande désormais des mesures contracycliques extraordinaires sur le plan budgétaire et
02:14fiscal et qui plaide également pour une politique monétaire modérément accommodante,
02:19c'est un langage que nous n'avons pas vu en Chine depuis près de 15 ans maintenant.
02:24La dernière fois que les autorités chinoises ont plaidé pour une politique monétaire
02:27accommodante, souple, nous étions à l'époque dans les vestiges de la grande crise financière.
02:33Voilà donc pour les sujets du moment, nous invitez à suivre dans un instant et puis
02:36comme chaque lundi nous retrouverons Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain dans
02:40le dernier quart d'heure de SmartBourse, le quart d'heure américain pour revenir notamment
02:45sur l'entrée en scène de Donald Trump sur la scène internationale justement ce week-end
02:51à l'occasion de la réouverture et de l'inauguration de Notre-Dame, c'est Donald Trump qui tenait
02:57la place de président américain et Pierre-Yves Dugas nous en parlera évidemment à partir
03:03de 17h45.
03:10Mais d'abord, tendance mon ami, chaque soir en ouverture de SmartBourse, les infos clés
03:18du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
03:20Bonsoir Pauline.
03:21Bonsoir.
03:22Journée positive pour débarrer cette semaine dans le sillage des séances qu'on a pu observer
03:25la semaine précédente en Europe avec des bourses européennes qui évoluent donc globalement
03:29dans le vert.
03:30Oui, en France, le CAC 40 est en hausse et touche du doigt les 7500 points portés par
03:35les annonces de la Chine avec des nouvelles mesures de soutien pour l'économie.
03:38Pékin promet notamment des mesures de relance budgétaire plus proactives et une politique
03:43monétaire plus souple afin d'accroître la demande intérieure l'année prochaine et
03:47stabiliser le marché immobilier.
03:49Les valeurs chinoises en profitent et notamment à Paris où on a vu le secteur du luxe qui
03:55poursuivait son rebond.
03:56Oui, c'est Kering et LVMH qui tirent le CAC 40 aujourd'hui, le titre Kering est en hausse
04:00de plus de 4% et LVMH de 3% au cours de la séance.
04:04Ailleurs dans le monde, Richemont est en hausse de plus de 2% et Burberry de 4%.
04:09Quelles ont été les réactions observées aux annonces chinoises sur les marchés asiatiques
04:12spécifiquement Pauline ?
04:13A Hong Kong, le Hang Seng clôture en hausse de près de 3%.
04:16En revanche, c'est plus compliqué en Corée du Sud.
04:19Samedi, la motion de destitution du président n'a pas réuni assez de voix.
04:23L'opposition demande l'arrestation du président sud-coréen et il a l'interdiction de quitter
04:27le territoire.
04:28L'indice principal de Corée du Sud cède 3% et l'indice des petites capitalisations est
04:33au plus bas depuis le Covid.
04:35Que dire des mouvements du jour sur le marché obligataire ?
04:38Le spread franco-allemand qui s'était détendu en fin de semaine dernière est stable autour
04:42de 75 points de base.
04:43Dans le détail, le rendement de l'obligation française à 10 ans tourne autour de 2,85%.
04:49Le rendement allemand à 10 ans autour de 2,10%.
04:51Aux Etats-Unis, le rendement à 10 ans est entre 4,15 et 4,20%.
04:56Aujourd'hui, l'euro reprend quelques couleurs face au dollar à 1,0580.
05:00Et puis beaucoup de mouvements encore à signaler dans le secteur bancaire sur fonds de consolidation.
05:05Oui, le mois dernier, Unicrédit a fait une offre publique d'achat sur Banco BPM.
05:10Vendredi, c'est Crédit Agricole qui annonçait avoir augmenté sa participation au sein de
05:14Banco BPM.
05:15Et aujourd'hui, Unicrédit est prêt à discuter avec Crédit Agricole, désormais le principal
05:20actionnaire de Banco BPM.
05:21Le secteur bancaire en profite, Société Générale et BNP Paribas sont en hausse de
05:25plus de 2%.
05:26Et puis dans le secteur des médias et de la publicité plus spécifiquement, là aussi
05:31beaucoup d'animations avec un titre Publicis en hausse sur le CAC 40.
05:35Oui, en hausse de plus de 2% après l'annonce d'un rapprochement confirmé entre Omnicom
05:39et Interpublic.
05:40Omnicom va racheter Interpublic pour 13 milliards de dollars.
05:43Cette annonce profite également à WPP qui est en hausse de 3%.
05:47Omnicom ouvre un recul de 8% à Wall Street et Interpublic en hausse de 10%.
05:52Bon, et puis un petit goût de Merger Monday aujourd'hui puisque selon Bloomberg, dans
05:56le secteur de l'alimentation, l'américain Mondelaise envisagerait une offre sur le britannique.
06:01Hershey dans le monde du chocolat et du snacking entre autres.
06:06Quel sera le programme de demain sur les marchés pour les investisseurs Pauline ?
06:08Les investisseurs prendront connaissance de la deuxième estimation de l'inflation allemande
06:12pour le mois de novembre avant une semaine chargée avec plusieurs décisions monétaires
06:16de banques centrales, la Suisse, le Canada, l'Australie et évidemment la BCE jeudi
06:21avant la fête la semaine prochaine.
06:22Tendance mon ami.
06:23Chaque soir en ouverture de Smartbourse, les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
06:38Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:41Igor Demac est avec nous, le directeur associé chez Vital Epargne.
06:45Bonsoir Igor.
06:46Bonsoir Grégoire.
06:47François Cabot nous accompagne, économiste zone euro chez AXAIM.
06:49Bonsoir François.
06:50Bonsoir Grégoire.
06:51Et le troisième membre du comité d'investissement de Carmignac est à nos côtés également.
06:54Bonsoir Clévin.
06:55Bonsoir Grégoire.
06:56Merci d'être là.
06:57Comme promis, question très ouverte sur ce facteur politique.
07:00Je reprends quelques-uns des chiffres que vous avez compilés chez Carmignac en cette
07:03fin d'année Clévin.
07:04Et c'est vrai qu'on a démarré 2024 en ayant tous en tête que ça allait être
07:07une année politique historique avec un cycle électoral historique dans l'histoire moderne
07:14puisque 40% de la population mondiale a été appelée aux urnes, 60% du PIB et que résultat
07:19de tout ça, 80% des gouvernements qui étaient en place lors de ces élections se sont retrouvés
07:24balayés.
07:25Déjà un premier indicateur important et puis je ne vous refais pas la liste mais on
07:29voit bien que cette instabilité politique géopolitique, je veux dire, elle conserve
07:34un rythme soutenu, censure du gouvernement français, la Syrie ce week-end, des élections
07:39annulées en Roumanie etc. etc.
07:41Les marchés bougent mais pour autant on a l'impression que ce facteur ne remet pas en
07:44cause les grandes tendances qu'on peut observer sur les marchés.
07:48Oui oui et ça ne devrait a priori pas s'arrêter puisque là on a eu la première étape qui
07:55est le vote, vote qui s'est fait sur des promesses, souvent des plateformes politiques
08:00dites populistes, même ceux qui étaient déjà en place ont souvent épousé ces plateformes
08:07politiques.
08:08Ils sont montés dans le train du populisme à leur tour.
08:09Exactement et 2025 ça va être l'année où on aura on va dire ces promesses politiques
08:15qui vont se confronter à la réalité des marchés financiers avec notamment le spectre
08:21d'avoir ce mur obligataire, ces super héros ou super vilains, ça dépend de quel côté
08:24on se place, des marchés obligataires qui pourront on va dire siffler de la fin de la
08:29partie ou en tout cas amener un peu plus de mesures.
08:31C'est vrai que sur les grands thèmes, en tout cas le prolongement de ces thèmes-là,
08:36celui du déficit reste tout à fait d'actualité, la séquence qui se passe en France depuis
08:41quelques jours ou quelques semaines, on va plutôt dans ce sens-là, on est plus en
08:45train de parler d'une baisse du déficit français, de 0,5 points de PIB, il y a de
08:51ça quelques mois on était autour de 1,5%, et ça c'est quelque chose qui devrait a
08:56priori continuer, aux Etats-Unis ce sera le cas aussi, on ne peut pas nous placer beaucoup
09:02d'espoir sur le fameux Doge de Monsieur Musk, enfin le résultat...
09:06L'idée d'aller couper 2 trillions de dollars de dépenses fédérales dans les 6-7 trillions
09:11qui existent.
09:12C'est à peu près l'intégralité des dépenses discrétionnaires américaines, on met toutes
09:16les dépenses de l'armement notamment et de la défense notamment, mais même si on peut
09:21espérer y croire, ou si certains peuvent y croire, le résultat de cette analyse-là
09:25ne sera pas connu avant mi-2026, donc il peut quand même se passer quelques éléments,
09:30quelques faits.
09:32Ma question était effectivement comment un gérant d'actifs financiers intègre ce facteur
09:38politique, cette volatilité politique, vous dites que c'est à travers le marché obligataire
09:42que ça se joue, et qu'est-ce que ça veut dire concrètement, ça justifie des primes
09:47plus élevées pour la plupart des pays demain ?
09:51Si on rentre dans le détail de ça, qu'est-ce que ça veut dire sur la prime de terme, c'est-à-dire
09:56que plus de déficit en général et plus de dépenses budgétaires, ou dépenses budgétaires
10:02importantes, ça veut dire un peu plus d'inflation, en tout cas des primes d'inflation un peu
10:05plus élevées, des primes de terme aussi un petit peu plus élevées, on va exiger
10:09plus d'argent pour aller prêter à la France, aux Etats-Unis, à l'Italie, et j'en passe
10:13sur des maturités de 10-20 ans que sur des maturités de 3 ans, aujourd'hui l'écart
10:18entre ces deux maturités-là, il est de l'ordre de 0,10%, on peut dire que c'est vraiment
10:22une teinte qui est particulièrement élevée, donc ça je pense que c'est un facteur.
10:26Et c'est bien les parties longues qui sont trop basses ?
10:28Les parties longues nous semblent trop basses, peut-être que les parties courtes sont trop
10:32hautes aussi, il y a quand même un cycle de baisse de taux qui se dessine, alors on
10:36peut arguer, j'espère qu'on le fera, quel sera le niveau d'atterrissage des politiques
10:40monétaires en Europe, aux Etats-Unis et autres, mais en tout cas les parties plus longues
10:44de courbe, il devrait y avoir un écart plus important entre les parties courtes de tour
10:47courbe et les parties longues, parce qu'on vient d'un environnement où on avait des
10:50courbes de taux qui étaient inversées, parce qu'il y a eu plein de récessions,
10:53là on est dans une phase de transition, des courbes de taux qui sont très plates,
10:55on va dire la situation normale, c'est-à-dire il y a une normalité, c'est plutôt des courbes
10:59de taux pentues, la courbe de taux française, si la situation française est normale, mais
11:03en tout cas la courbe de taux française, l'écart entre les taux courts et les taux
11:05plus longs français ressemble plus à une courbe de taux traditionnelle, donc ça je
11:08pense que c'est un élément.
11:09Le deuxième, c'est comment est-ce qu'on va chercher de la visibilité, c'est plus
11:12quand on va investir, on a des marchés du crédit qui sont largement enchéris, pour
11:17autant on arrive à trouver des taux servis dans le monde des obligations d'entreprise.
11:22Ça c'est des poches de rendement, avec une relative visibilité, qui offrent du confort
11:30encore aujourd'hui.
11:31Comment on gère de l'épargne dans un monde beaucoup plus volatile sur le plan politique,
11:38sur le plan macroéconomique aussi peut-être, Igor, la question n'est pas nouvelle, mais
11:41c'est vrai qu'encore une fois au terme de cette année 2024, avant d'entrer dans
11:442025, je me dis que c'est quand même un facteur qui domine aujourd'hui au moins les
11:49esprits des investisseurs.
11:50Moi qui ai toujours un point de vue un tout petit peu provocateur, je dirais qu'il n'y
11:55a pas vraiment d'instabilité politique, il y a plus une alternance politique, puisque
11:59aux Etats-Unis ce n'est pas une instabilité, il y a un pouvoir républicain, toutes les
12:03chambres, vote populaire, vote de collège des électeurs, donc ça c'est une alternance,
12:08au Royaume-Uni c'est une alternance, il y a une instabilité qui a été provoquée
12:12par nous-mêmes en France, il y a une instabilité en Allemagne, mais en Italie il n'y en a pas,
12:18en Espagne il n'y en a pas, en Inde il n'y en a pas eu, en Russie, si tant est que l'élection
12:21puisse être comparée, mais en Ukraine l'élection présidentielle n'a pas été faite, alors
12:26qu'il devait y avoir une, donc moi je dirais qu'il y a des zones d'instabilité qui sont
12:30maintenant au grand jour, à côté de zones d'alternance où il y a des mouvements de
12:36tectoniques de plaques économiques et financières, monétaires, qui sont en train de changer,
12:40la macro-économie il n'y a pas trop de volatilité, c'est une reprise qui est un peu molle, en
12:45Europe on est toujours dans une espèce de dichotomie entre le très au sud, le très
12:51au nord et puis le cœur qui végète, donc non c'est une année où même la volatilité
12:56des marchés n'a pas été extrêmement actionnée, les taux c'est plus lié au changement de
13:03politique monétaire que réellement au momentum économique, c'est très difficile de descendre
13:10enfin moi je pense qu'on aurait dû aller plus vite parce qu'effectivement il n'y a pas beaucoup
13:13de croissance, donc il faut un peu stimuler la croissance, mais comme on est allé très
13:17haut très vite c'est aussi compliqué de descendre très vite parce que ça fait aussi peur, mais
13:22si les conflits militaires s'apaisent, se calment, c'est peut-être un espoir de stabilité pour 2025,
13:322026, peut-être que l'Ukraine ça va s'arrêter, il y a la Syrie, bon on sait jamais parce que c'est
13:40quand même une zone, mais il y a eu cette paix fragile avec le Liban entre Israël, il y a quand
13:45même des discussions sur Gaza, donc ça ça peut calmer un petit peu la sphère géostratégique,
13:51après les marchés financiers ils aiment la guerre, ils l'ont montré, l'économie américaine elle
13:56aime la guerre, on le dit, les dépenses militaires et le consortium militaire ou industriel tournent
14:02à plein depuis deux trois ans maintenant, donc bon c'est triste à dire, mais c'est quand même des
14:07sujets... Les économies de conflits, alors de guerre, que l'Ukraine soit en économie de guerre, j'entends
14:13les Etats-Unis dans une économie de tension, de conflit ou de conflictualité, vous dites oui, sur le
14:19plan macroéconomique, sur le plan des marchés, c'est des opportunités pour les investisseurs. Les
14:23dépenses militaires mondiales sont au plus haut historique, totalisées dans tous les pays, donc ça
14:27fait quand même marcher des usines et des emplois, donc malheureusement on aime bien se faire la guerre,
14:31mais quand même pour... Et à ce titre là, c'est quoi la réflexion qu'on a si jamais
14:39effectivement le conflit russo-ukrainien est stoppé par Trump dès Day One, comme il nous le promet,
14:45et comme il réaffirme encore la possibilité ce week-end, enfin je veux dire, qu'est ce que ça
14:50change pour l'investisseur en Europe ? Ça peut changer la dynamique sur les matières premières
14:55éventuellement, ça peut aussi changer comme une dynamique budgétaire parce que l'Europe envoie
15:00beaucoup d'argent, donc c'est aussi un peu notre argent. Après il faut voir quel est le terme,
15:05d'accord ? Si c'est pour récupérer un poids tout de suite dans l'Union Européenne, je ne suis pas
15:10sûr que ça aide beaucoup les finances publiques globales, donc en tout cas c'est une zone où le
15:15commerce pourra revenir, et c'est quand même une zone assez clé cette zone. Je ne parle pas de la
15:22zone en dessous du canal de Suez, etc. Je pense que c'est quand même toujours mieux, sachant qu'on a
15:28un paysage douanier qui va se durcir, qu'on ait une globalisation qui revient un peu à un mode
15:34normal. Il faudrait quand même qu'on puisse entre grandes puissances se parler et commercer,
15:39parce que c'est ça qui quand même alimente. Sortir du conflit de haute intensité, comme disent les
15:45spécialistes, ce serait quand même plutôt une bonne nouvelle. Je mets de côté évidemment les
15:49dommages humains et sur le terrain. Les Etats-Unis et l'Europe, on ne va pas pouvoir vivre sans les
15:54Chinois, les Indiens et les Russes. Enfin voilà, il va falloir qu'on trouve des moyens de
16:00communication. Sur le plan macroéconomique, comment on fait des prévisions dans un contexte comme
16:05celui-là ? Comment on intègre le facteur politique dans un jeu de prévision classique de fin d'année
16:11pour l'année N plus 1, François ? Oui, c'est sûr que ça rend l'histoire encore plus compliquée qu'elle
16:16ne l'est d'habitude, et là-dessus je dois avouer que je ne chargerai pas forcément la sérénité de
16:21mon voisin sur les choses qui vont dans le bon sens et que c'est simplement inattendant. Je pense
16:25qu'effectivement on a un facteur incertitude qui est un plus haut, en tout cas sur l'Europe. Malgré
16:30la décrise des précédents qu'on a eu en Europe, on se retrouve quand même sur un statut à la fois
16:35domestique et des vents contraires extérieurs. On l'a évoqué avec la présidence Trump et l'aspect
16:40protectionniste notamment. C'est soit en direct, soit en indirect, ça va nous toucher d'une manière
16:44ou d'une autre. On est excessivement exposés en Europe. Et donc là-dessus, je pense qu'il faut
16:48voir les choses de deux façons. Il y a un aspect un peu exempté. Comment est-ce qu'on prend cette
16:53incertitude ? Et là, il y a des bonnes études qui ont été faites notamment récemment, qui indiquent
16:57qu'en gros, l'incertitude, ça impacte le PIB à l'horizon de moins 0,4, moins 0,5 sur une année.
17:05C'est plutôt vu comme un coût économique.
17:09C'est très clairement un coût économique. Et là-dessus, il y a des références statistiques
17:13qui tiennent bien la route sur l'investissement. Et donc là-dessus, on a vraiment quelque chose
17:18qu'on peut avoir un cadre de réflexion et quantitativement, ça tient à peu près bien la
17:23route. Ce qui est intéressant là-dessus, c'est que dans les études qu'on regarde, c'est qu'on se
17:27rend compte que post-Covid, les élasticités sur l'incertitude sont plus élevées qu'avant. Et elles
17:32ont tendance à avoir un impact qui est plus long. C'est-à-dire que là, je mentionnais l'impact de
17:370,4, 0,5 points de PIB à horizon 1 an. Mais il y a une résistance, une persistance de cette affaire-là
17:42à horizon huit trimestres. Il y a des cicatrices, les effets perdurent dans le temps. Et du coup,
17:46c'est un peu au gré le gré qu'on se reverra dans un mois. Et dans les prochaines semaines,
17:50on se rendra compte effectivement où est-ce qu'on en est. Est-ce qu'on est plutôt en phase ascendante
17:53ou descendante de cette incertitude ? Et est-ce qu'on ne prend pas, on n'accumule pas quelque part
17:56des freins là-dessus ? Donc ça, je pense que c'est un premier élément qui est assez clair,
18:00sur lequel quantitativement, on est assez au clair. Et il y a un deuxième élément qui, pour moi,
18:04et qu'il faut également prendre en compte, c'est l'aspect dynamique de cette affaire-là. C'est
18:08qu'on l'évoque très souvent sur notre plateau, les questions d'incertitude et la relation
18:11consommateur sur le taux d'épargne, qui est un élément clé, je pense, de tout prévisionniste
18:16et de tout ceux qui entrevoient la croissance l'année prochaine en Europe. On a tous de la
18:19consommation qui revient bonne en mal en, et c'est le cas chez nous effectivement. Mais on se rend
18:24compte que c'est un élément qui ne va te faire que peser, alors qu'on est plutôt sur un biais
18:29sur l'investissement, sur l'incertitude, mais également sur le consommateur. Et on se rend
18:32compte que là, on est sur une relation statistiquement qui est vraiment compliquée
18:35à mettre en évidence, mais qui, a priori, ne peut mettre qu'un frein supplémentaire,
18:41ou en tout cas apporter plus de grains à moutre sur une prudence des consommateurs et donc du coup
18:46un taux d'épargne qui resterait encore plus élevé. Donc là, effectivement, c'est extrêmement
18:51important, non seulement d'un point de vue de relais de croissance et de ce qu'on entrevoit
18:56dans nos projections, et nous, on est vraiment très prudent là-dessus, on a une croissance de
18:59la zone euro l'année prochaine à 1% après 0,8% cette année, donc une très faible accélération,
19:05très modérée, notamment liée justement à un comportement d'épargne qui va être encore
19:09latent, prudent sur les 2025, et on est bien parti pour que ce soit validé. Et il y a un
19:16deuxième élément, et là je m'appuierai sur ce que disait Kevin à l'instant, sur les aspects
19:20obligataires, c'est que, et la France en est un bon exemple, c'est-à-dire qu'une partie de ce
19:26qui manque dans le budget, en tout cas du dérapage budgétaire de ces différentes années, ça a été
19:30une consommation qui était en bain, donc c'était une consommation, c'était un PIB qui n'était pas
19:33forcément si décevant que ça, mais c'était une composition de la croissance qui était
19:41dommageable, et donc là-dessus, effectivement, si on est encore plus prudent, moins de croissance,
19:44mais c'est pas que simplement moins de croissance, c'est aussi moins de revenus, et donc là-dessus
19:47effectivement, déficits qui sont amenés à filer encore plus, et donc du coup, des réactions de
19:51marché financier assez logiques telles que l'évoquait Kevin à l'instant. Et donc le rythme de croissance
19:54pour la France spécifiquement en 2025, il peut s'étager entre quel niveau et quel niveau ?
19:59Aujourd'hui, on est à 0,7, donc une décélération de croissance après 1,1 cette année, en prévision
20:040,7 l'année prochaine, et voilà, donc quelque chose qui, là où on en saura plus dans les prochaines
20:10semaines, et je pense encore plus en 2025 au moment où on aura un vrai budget qui sera à la
20:16discussion, mais je pense qu'effectivement, on va plutôt tourner d'entre 0 et 0,5 plutôt qu'entre
20:201 et plus. Et là-dessus, effectivement, il faut se rendre compte de la prévision implicite du
20:25gouvernement qui est faite, qui était à 1,1, et avec effectivement un comportement d'épargne assez
20:30allant, et là-dessus, on peut être à la fois déçu sur le chiffre de croissance au total, et également sur
20:35sa composition une nouvelle fois, qui peut nous faire des rappels de plus en plus. Et plus l'idée
20:38d'une stagnation, de quelque chose qui s'englurait un peu, plutôt que l'idée d'une récession un peu
20:45soudaine, le stop soudain qui arrêterait et mènerait l'activité générale à se contracter ?
20:52C'est plus un frein au trimestre plutôt qu'un coup à bruit, effectivement, et grâce aussi, il faut dire,
20:58au modus opérant, à la résilience institutionnelle de la France sur le fait qu'il n'y ait pas de
21:03shutdown, et donc du coup, on a effectivement quelque chose qui va tenir et qui ne va pas du tout
21:07s'arrêter, donc là-dessus, ça aide effectivement à avoir un impact, on va dire, sur la croissance
21:11séquentielle plutôt qu'effectivement sur un arrêt brut là-dessus.
21:14Est-ce qu'il y a trop de pessimisme sur l'Europe dans les marchés aujourd'hui, Kevin ?
21:19Si je regarde des multiples de valorisation sur les marchés d'action, il me semble que oui, alors peut-être que c'est
21:23une autre façon de répondre à l'incertitude à court terme, c'est de se projeter justement à 10 ans, 15 ans,
21:28et là, quand on regarde, je ne sais pas comment on appelle ça, des thématiques de marché, des secteurs,
21:34des tendances de moyens à long terme, il y a peut-être des choses à faire sur les marchés d'action
21:38sur lesquels on a une relative visibilité, le nombre croissant de passagers dans le secteur aérien,
21:44par exemple, ça sera surtout porté par l'Inde, je ne suis pas sûr que la situation déficitaire française
21:50va fortement impacter le nombre d'aéroports qui seront construits en moyenne sur les 10 prochaines années.
21:55Donc ça, c'est des choses qu'on peut regarder, c'est vrai que quand on regarde dans ces secteurs-là,
21:59dans ces thèmes-là, on voit des écarts de valorisation extrêmement importants entre des géants européens,
22:04Airbus par exemple, et Boeing, en dépit de la situation très spécifique de Boeing,
22:11on a des niveaux de valorisation, et ça sur plusieurs métriques, que ce soit la valeur d'entreprise
22:16rapportée au marge débit, un ratio cours-bénéfice, je ne sais pas si le bénéfice de l'année prochaine
22:21ou de l'année d'après pour Boeing a beaucoup de sens, mais bon, peu importe, sur beaucoup d'indicateurs
22:25de valorisation, on a des écarts entre 30 et 40 %, et ça, ça dit quand même quelque chose.
22:30– Et ça, vous dites, c'est des boîtes qui sont simplement victimes de leur cote postale,
22:34parce que, localisé, coté en Europe, il y a une décote liée à la géographie même de l'entreprise.
22:43– Oui, après on le sait, en Europe, on a des marchés de capitaux qui sont moins profonds
22:46que les États-Unis, il y a peut-être des dynamiques d'entreprise, des modèles d'affaires
22:50ou des chefs d'entreprise qui sont aussi moins favorables au monde de l'entreprise,
22:55le rapport au rachat d'actions, au paiement de dividendes, etc.
22:59De là à expliquer 30 à 40 % de décote, ça me semble beaucoup,
23:03et c'est vrai que l'exemple que je donne dans le secteur aérien,
23:05on le retrouve dans des valeurs de fonds de portefeuille,
23:08on parlait d'air liquide et d'Inde, il y a un écart de valorisation qui est important,
23:14l'Inde, c'est une entreprise qui était européenne, qui s'est coté aux États-Unis.
23:16– Pour une star américaine, on trouve un pair européen qui a à peu près les mêmes qualités,
23:20les mêmes caractéristiques, parfois même de meilleure qualité bilancielle ou de croissance,
23:25avec toujours une valorisation structurellement inférieure.
23:28– Je ne sais pas, on regarde dans le secteur de l'électrification,
23:30entre un acteur comme Schneider Electric et Eaton,
23:33les mêmes revenus aux États-Unis, les mêmes niveaux de marge à 1 ou 2 % près,
23:39les mêmes perspectives de croissance des bénéfices par action sur du long terme,
23:42et on a ces écarts de valorisation qui sont absolument importants.
23:44– Novo Nordisk Lily, on l'a fait le point la semaine dernière,
23:47c'est pareil, c'est peut-être 10, 15 points d'écart de valorisation.
23:49– C'est le cas dans la santé, c'est le cas dans l'industrie,
23:51c'est le cas dans l'aéronautique, c'est le cas dans la consommation de base,
23:55enfin c'est le cas dans beaucoup de projets.
23:56– Et donc on serait bien avisé de se dire qu'il y a quand même peut-être
23:58au moins une réduction, une résorption partielle de ces écarts à attendre…
24:02– C'est toute la question, c'est la question des catalyseurs,
24:04peut-être que ce qui se passera ou ne passera pas en Ukraine, ça peut être le cas,
24:07ce qui se passera à la suite des élections en Allemagne aussi,
24:09il faut aussi y avoir des bonnes nouvelles.
24:11– Ah mais oui, c'est-à-dire qu'avec toujours un niveau de pessimisme
24:16structurellement important sur l'Europe et peut-être encore plus aujourd'hui,
24:19oui je me dis qu'à un moment il y aura forcément à la marge
24:22des surprises plutôt positives.
24:23– Exactement, et donc ça, dans un portefeuille,
24:26on va commencer un peu à diversifier ses investissements,
24:29ça peut faire du sens, on préfère le faire avec des sociétés,
24:33des secteurs qui sont un petit peu moins sensibles au cycle économique
24:35parce que comme on nous le disait, ça ne va pas être le feu d'artifice.
24:38– Il y a un excès de pessimisme en Europe, en France sur le CAC,
24:42ça fait 7-8 séances que le CAC se stabilise, rebondit un peu,
24:46ça nous dit quand même quelque chose, Igor ?
24:48– Oui, moi je pense que ma sérénité elle vient surtout de l'expérience
24:52sur la zone euro qui a connu quand même des moments extrêmement difficiles auparavant,
24:58après qu'il y ait une instabilité très caractéristique française
25:04et puis je dirais ponctuelle en Allemagne,
25:06bon c'est aussi la vie des systèmes politiques.
25:10Quand on regarde ce qui s'est passé sur les marchés actions,
25:12la peur de l'alternance ou de l'instabilité,
25:15ça n'a pas empêché les marchés dominants, c'est-à-dire les marchés américains.
25:19Pourquoi ils sont favorisés ?
25:20Parce que certes les actions américaines sont hautes, chères mais incontournables
25:23et tous les flux y vont, donc on est dans un marché,
25:25donc si les flux partent d'un endroit à un autre, ça va baisser.
25:29Après je suis d'accord, les sociétés internationales européennes,
25:33là elles sont achetables, celles qui sont avec le même périmètre,
25:37des sociétés leaders, des bons produits, clairement.
25:39– Il y a des comparables européens là qui sont vraiment intéressants à regarder ?
25:42– Les sociétés trop européennes ou qui sont exposées à des thématiques
25:46type l'automobile ou le luxe, donc la Chine en fait, un peu plus l'électrique,
25:50là c'est une dynamique un peu différente,
25:52mais vraiment les plateformes mondiales,
25:54qu'elles soient cotées en Europe ou aux Etats-Unis,
25:56si elles ont les mêmes métriques de marge, il n'y a aucune raison.
25:58Et là, à mon avis, il y a trop de pessimisme et il faut rentrer.
26:02Alors en décembre peut-être pas, on a aussi un peu de temps,
26:04je veux dire l'Europe ne démarre pas comme ça en prenant 40 % moins.
26:07– Non mais le marché peut aller vite sur des histoires comme ça.
26:10– Oui alors c'est quand même des macro-thèmes Schneider,
26:14il faut que la croissance mondiale soit quand même là aussi.
26:16– C'est des thèmes à diffusion lente, parce qu'on voit de plus en plus que le marché…
26:19– Non mais c'est des boîtes macro, elles sont partout,
26:21donc il faut que partout ça marche un peu.
26:23– Le marché joue parfois très vite la fin de l'histoire aujourd'hui,
26:26dans des marchés algorithmés, etc. ça peut aussi aller très vite.
26:28Mais là vous dites, on a du temps quand même pour se repositionner.
26:32– Déjà on dit toujours aux clients qu'ils ont du temps
26:33parce qu'on ne peut jamais acheter au plus bas et qu'il faut en plus haut,
26:36donc il faut acheter.
26:38Mais là c'est vraiment un thème des grandes valeurs internationales cotées en Europe
26:41qui ont des bons modèles économiques et des positions de leadership,
26:44ça c'est à mon sens aujourd'hui on peut mettre…
26:48Et puis peut-être même les petites et moyennes entreprises
26:50parce qu'elles sont toujours très très décotées
26:53et qu'elles vont finir par disparaître, être retirées de la cote à un moment ou à un autre.
26:56Parce que c'est ça, le risque pour un investisseur boursier
26:58c'est qu'un jour il y en a un plus malin, sur le non coté,
27:02qui dit bon ça ne sert à rien de la laisser en bourse.
27:04– On est au point où soit elles rebondissent, soit elles se font sortir.
27:07– Oui et puis il y a des gens qui n'ont plus envie d'être en bourse
27:09parce qu'ils voient leur cours de bourse, des familles, des patrons,
27:12en disant je ne vais pas communiquer tous les trimestres,
27:15tout mon business plan à mes concurrents qui sont non cotés
27:17pour être valorisé cinq fois le bénéfice de l'année.
27:21C'est un marché, donc je pense qu'il y a plutôt des opportunités.
27:24Malheureusement il faut dire aux gens que c'est quand ça va un peu plus mal
27:26qu'il y a des opportunités.
27:29Et on attend les tarifs douaniers, mais il y a l'Ukraine,
27:32mais effectivement le vote en Allemagne il ne va peut-être pas être si catastrophique.
27:36Je veux dire le pire n'est jamais certain et vendre Armageddon
27:39a toujours été pour moi un très mauvais conseil aux investisseurs.
27:43Après il y a des grandes crises, 2007-2008 c'est une grande crise.
27:47– Bien sûr, bien sûr.
27:48– Les années 30 aussi, mais il n'y en a pas quand même tous les 2-3 ans.
27:52– Bon, puisqu'on est sur le terrain des bonnes nouvelles,
27:54François, en attendant de voir le résultat des élections en Allemagne,
27:58en attendant de voir si Donald Trump arrive à stopper, geler
28:02ou diminuer l'intensité du conflit entre la Russie et l'Ukraine,
28:06est-ce qu'on peut compter sur la Banque Centrale Européenne
28:08pour nous apporter, elle aussi, son lot de bonnes nouvelles ?
28:11– Oui, alors effectivement c'est ce qu'on attend dès cette semaine,
28:14une baisse de 25 points de base et je pense que là-dessus
28:16c'est une attente qui est assez consensuelle dans le marché
28:19et auprès de mes compères, là-dessus il y a peu de doute.
28:24C'est une baisse de taux qui aurait pu être, d'après les données,
28:27d'Urgella de 50 points de base.
28:28Quand on regarde les derniers enquêtes de conjoncture
28:31et l'inflation, on se rend bien compte qu'on est plutôt en train d'accélérer
28:33beaucoup plus vite, mais il y a manifestement un consensus
28:35au sein des gouverneurs qui va limiter cette baisse à 25.
28:37Mais par contre, et nous c'est notre attente, d'avoir un début de guidage.
28:42C'est-à-dire qu'on a perdu le guidage avec cette remontée des taux,
28:44on joue au meeting après meeting et en étant dépendants sur les données.
28:48Et là-dessus, ça n'a pas changé, il ne faut pas se faire de fausses attentes.
28:52Par contre, d'avoir un début de guidage sur…
28:55on réduit l'aspect restrictif de la politique monétaire de manière graduelle.
28:59C'est-à-dire que la BCE ne dit plus qu'on va rester à ces taux aussi restrictifs
29:03pendant aussi longtemps que nécessaire et on verra bien.
29:06Ça, c'est la phrase clé du communiqué depuis qu'on a commencé à monter les taux.
29:10Exactement, et depuis qu'on est arrivé au pic surtout.
29:12Et qu'on est arrivé au pic.
29:13Là, on va le garder à ce niveau-là tant qu'on en a besoin.
29:16Et pour dire à la place, on va continuer à réduire de manière graduelle…
29:21Le degré de restriction monétaire.
29:23Réduire de manière graduelle le degré de restriction monétaire.
29:26Ça, c'est bien, c'est une bonne nouvelle, ça.
29:27C'est une bonne nouvelle parce que ça veut dire qu'il y a un biais évident
29:32et on est sûr qu'on va faire au moins 25 points de base chaque meeting.
29:34Et on est data-dépendants.
29:36Donc, ça veut dire qu'au pire, on fait 25 points de base,
29:40ce qui est quand même plutôt…
29:41Oui, j'entends.
29:42Et au mieux, on pourrait faire plus.
29:44Et là-dessus, effectivement, pour moi, on est sur au moins les deux prochains meetings à 25
29:47parce qu'il y a un séquençage sur les données macroéconomiques
29:51qui ne justifie pas de faire 50 maintenant.
29:53Mais, effectivement, au vu des données,
29:56en tout cas dans nos prévisions qu'on attend pour le printemps,
29:59on pourrait se trouver dans une position où, effectivement,
30:00la BCE puisse être tout à fait justifiée d'en faire 50.
30:04Donc, les derniers verrous au cœur du Conseil des gouverneurs
30:08et du directoire de la Banque centrale européenne face à la réalité des données,
30:11à un moment, changeront leur fusil d'épaule.
30:14Et la stratégie de se dire, c'est bien de garder de la poudre sèche
30:18en cas de future crise, etc.
30:22Cette stratégie-là, elle sera rendue caduque par la réalité des données à un moment.
30:26Voilà, absolument.
30:28Et c'est un peu l'ambivalence dans laquelle on est.
30:31C'est-à-dire qu'on raconte une histoire dans laquelle la croissance s'améliore,
30:34mais qui n'est pas suffisante pour générer de l'inflation.
30:37Et donc, nous, nos prévisions d'inflation atterrissent à un 8, un 7
30:40à la fin de l'année 25 et restent là en 2026.
30:43Donc, en fait, on commençait à se parler il y a quelques semaines,
30:46on atterrissait à la fin 25 à ce niveau-là.
30:49Et maintenant, avec nos nouveaux jeux de prévision de 2026,
30:51on est à une prévision à 1,7 en moyenne.
30:53Et du coup, on a forcément du coup...
30:55On est à la limite du mandat !
30:57Voilà, on est même en dessous du mandat, parce que le mandat est en symétrique à deux points.
31:00Donc, ça veut dire qu'une BCE doit aller en dessous.
31:02Donc, un taux d'atterrissage, pour nous, à 1,50 à la fin de l'année,
31:05avec 25 jusqu'en juin à 2%,
31:07puis après, on va en dessous, effectivement, pour soutenir ce cycle économique.
31:10Parce qu'on sent bien que, oui, c'est en phase d'amélioration,
31:12mais pas suffisamment pour créer cette inflation
31:14qui s'atterrirait à la cible
31:16et donne du coup le besoin d'avoir une BCE qui est plus active.
31:19On va assister à une forme de désynchronisation des politiques monétaires au cours de 2025.
31:23On est à peu près tous repartis en même temps pour baisser les taux,
31:26à quelques meetings près.
31:28Le dosage a été un peu différent,
31:30mais au final, on se retrouve tous avec 2-3 baisses de taux sur cette fin d'année.
31:34Ça va bouger différemment en 2025 ?
31:38En tout cas, c'est ce que nous disent les marchés forward.
31:41C'est-à-dire qu'ils nous disent bien qu'il y a encore les 5 à 6 baisses de taux
31:46en fonction des prévisionnistes pour un taux d'atterrissage
31:49entre un 75 et un 50 en Europe.
31:51Et aux Etats-Unis, on a le plateau qui arrive bien avant cela.
31:58Nous, on estime que ce plateau-là pourrait être plutôt sur des niveaux de 4% aux Etats-Unis.
32:03Parce qu'encore une fois, on a une croissance qui est très forte.
32:05Une croissance des salaires qui reste très forte.
32:07On a eu des chiffres la semaine dernière.
32:09C'est quoi ? 4,4% de croissance des salaires horaires moyens aux Etats-Unis.
32:15Ce n'est pas vraiment cohérent avec une inflation à 2%.
32:19Et puis, on a quand même un certain nombre de mesures qui devraient se mettre en place aux Etats-Unis.
32:24Qui viendront là aussi réencourager l'esprit animal des chefs d'entreprise de petites et moyennes capitalisations.
32:31Les volontés de dépenser, d'aller investir, d'aller réembaucher des gens sur des niveaux de salaires
32:37qui sont d'inflation salariale, qui sont ceux que je l'écrivais.
32:42On a quand même là toute une séquence qui est plutôt pro-croissance, pro-inflation.
32:47Et puis, je crois qu'il ne faut pas exclure non plus qu'on ait quelques ordres présidentiels
32:53qui là aussi seront possiblement de nature à venir soutenir, en tout cas amener des pressions sur les pays plus élevés.
32:58Je pense notamment aux politiques migratoires américaines possibles, aux politiques tarifaires.
33:03Si tant est que ce n'est plus qu'une arme de négociation.
33:06Et même si c'était une arme de négociation, si l'idée c'est d'échanger la menace ou le bâton de tarif douanier
33:11pour amener des investissements directs étrangers aux Etats-Unis,
33:15venir réindustrialiser le Midwest américain,
33:20ça veut dire à la fin, encore une fois, une croissance américaine qui tient plutôt fort.
33:25Et ça passe ou ça casse ?
33:26C'est-à-dire ces soutiens pro-croissance, tout cumuler dans une séquence qui va être quand même assez ramassée.
33:35Parce qu'on sait qu'il a deux ans, les victoires m'arrivent vite,
33:38il a toutes les marches politiques, manœuvres politiques pour faire ce qu'il veut.
33:42Est-ce que, là le marché, on ne voit que le bon côté de Trump ?
33:46Est-ce qu'un Trump poussé trop loin, est-ce qu'à un moment, ça peut casser quelque chose ?
33:50Ça pose une double question.
33:53La première, on parlait des niveaux de taux d'épargne des ménages européens.
33:57Les niveaux de taux d'épargne des ménages américains, ce n'est pas tout à fait les mêmes.
34:00Ils sont quoi ? Quatre fois plus faibles ? Quelque chose comme ça.
34:03Ça veut dire qu'il y a une sorte de mariage toxique entre le niveau de valorisation
34:08ou le niveau de performance des grands indices boursiers américains.
34:11Il n'y a pas d'épargne, mais il y a quand même beaucoup d'actifs qui sont détenus par ces ménages américains.
34:15Une secousse sur ces marchés d'action, ça veut venir peser sur la confiance
34:20et la velléité des consommateurs à consommer, et donc sur la croissance économique.
34:22C'est quand même une question, on parlait des valorisations européennes,
34:26est-ce qu'il y a des valorisations à l'excès aux États-Unis ?
34:28C'est une question qui se pose, entre 24 et 25 fois les bénéfices de cette année.
34:33Ça pose une question, et l'autre, c'est qu'on a beaucoup parlé de Trump
34:39comme étant une plateforme politique ou un candidat très populiste,
34:42mais il peut aussi être très disrupteur.
34:44Là, on peut commencer à réfléchir à la séquence qui suit,
34:47à le voir s'énerver sur le niveau du dollar américain,
34:53sur ce que fait la personne à la tête de la réserve fédérale américaine.
34:57Pour l'instant, il dit qu'il ne nous touchera pas, mais enfin...
35:00Oui, vous dites qu'il y a des chances.
35:01Face au mur obligataire, comme vous le disiez au début,
35:03il y a des chances, parce qu'il y a deux versions.
35:05Il y a soit Trump, ça s'agit, devient raisonnable, met de l'eau dans son vin,
35:09les marchés ont raison, je suis un homme de marché, je prends acte du final.
35:13Soit il y a le Trump disrupteur.
35:14Cette voie-là, il ne faut sans doute pas l'exclure.
35:17Un Trump un peu jusqu'au boutiste.
35:19Oui, et encore moins compte tenu de la plateforme politique qu'il a élue en 2024.
35:23Ce n'est quand même pas la même que celle qu'il a élue en 2016.
35:25Igor, sur les premiers pas de Donald Trump, ça y est, c'est fait.
35:28Il est plus disrupteur au premier mandat qu'au second.
35:32Puisque au second, déjà, il est connu, ses méthodes sont connues,
35:36et qu'il a en plus aujourd'hui une plateforme qui est plus stable.
35:40Je ne sais pas s'il a besoin d'être plus disrupteur que ça.
35:43Après, les mesures nouvelles,
35:45et là, il y a peut-être politiquement une ère nouvelle de la démocratie,
35:50le sujet des flux migratoires qui sont inabsorbables
35:54si on les démultiplie, il y a le sujet démographique,
35:58il y a tout un tas de sujets qui sont fondamentaux pour toute démocratie,
36:01tout pays, toute communauté.
36:02Je pense que lui, il est très intéressé par adresser ces sujets-là.
36:06Après, c'est un businessman, il va faire ce qu'il faut.
36:08Un président américain est toujours pro-business, pro-américain.
36:11Qu'il soit démocrate, peut-être même quand il est démocrate,
36:14il est encore plus pro-américain.
36:15Mais à vouloir être trop pro-business, est-ce qu'il écouterait le message des marchés
36:19si à un moment, les marchés venaient lui dire
36:21« Oui, enfin, réindustrialiser en mettant les migrants dehors,
36:23faire baisser les prix en faisant des baisses d'impôts,
36:26maîtriser les finances publiques en continuant là aussi de baisser la fiscalité »,
36:31ça va être compliqué, M. Trump.
36:32Le taux à 4,10 ou 4,15, ce n'est pas le bon prix.
36:36On va vous le mettre à 5, 5,25, 5,50.
36:38– Franchement, il y a Donald Trump et puis il y a tous les gens en dessous
36:42et puis il y a encore les gens en dessous.
36:44Les États-Unis, ce n'est pas juste le Président.
36:46Le Président n'a pas autant de pouvoir que ça, finalement.
36:49– J'entends, il a nommé lui-même des garde-fous autour de lui, alors ?
36:53– Je ne suis pas ni un pro-américain, ni pro-canadien,
36:58mais je dis simplement qu'il faut être pragmatique.
37:00C'est la première puissance économique du monde, elle dirige tout.
37:05Les Américains n'ont pas besoin d'épargner parce que nous,
37:07on dirige notre épargne chez eux et on finance leur bêtise comme leur réussite,
37:12puisqu'on finance leur budget.
37:16Moi, je pense qu'il ne faut pas d'erreur de trajectoire monétaire.
37:18Ça, que ce soit chez eux ou chez nous, c'est ça que…
37:21– C'est-à-dire que la balle est dans le camp de Powell, quoi.
37:24– En fait, il y a deux choses qui sont terribles pour les marchés financiers,
37:28c'est le sur-endettement des agents, publics, privés, ménages, entreprises,
37:33et l'erreur de trajectoire monétaire où, à un moment,
37:36le marché ne comprend plus la direction,
37:38le coût de l'argent est beaucoup trop cher, subitement,
37:41ou alors il n'est pas assez cher et tout le monde s'endette.
37:43Et ça, ça a déjà été fait dans le passé, ça, il faudra surveiller.
37:48Sur le rythme de croissance en Europe, on n'a pas beaucoup de potentiel.
37:51Aux Etats-Unis, il y en a beaucoup.
37:52En Chine, il y en a beaucoup moins qu'avant.
37:54Et puis, si on enlève un peu les verrous géostratégiques, militaires,
37:58un peu à droite, à gauche, ça ne peut qu'aider.
38:00Après, il faut que la machine américaine fonctionne,
38:03c'est elle qui tire tous les mouvements macroéconomiques aujourd'hui.
38:08– Ça reste un chemin de crête quand même, vous dites ?
38:10– Oui, oui, moi, j'ai parlé à Laurent, on lit certains des écrits de ses proches
38:17qui nous parlent de ses obligations à vendre à certains clients Etats,
38:21enfin Etats-clients, comme il a mal à les nommer M. Bessent,
38:27auxquels on forcerait de l'OTAN…
38:29– Vous voulez profiter de la défense américaine ?
38:31Mais j'ai de la dette pour vous, M. Taïwan, Mme…
38:35– Et les questions de dominance budgétaire,
38:38on voit aussi comment s'appelait cette potentielle candidate
38:42de la réserve fédérale, Judith Shelton, c'est ça,
38:44qui estimait que les décisions politiques monétaires devaient être prises…
38:48– À la maison de l'ange !
38:49– À la maison de l'ange, voilà, donc ça, je ne dis pas que ça va arriver,
38:52mais ce coup-là, il peut faire peur.
38:54– Il faut qu'on parle un peu de la Chine aussi,
38:57alors qu'est-ce qu'on attend de la Chine dans le paysage 2025 ?
39:01Il y a une séquence importante de ce point de vue-là, François,
39:07qu'est-ce qui va être important pour la Chine ?
39:08Et par effet de répercussion, est-ce qu'il y a une Chine
39:12qui déciderait de mettre en place au moins des mesures conjoncturelles
39:14un peu plus puissantes ?
39:15Est-ce que ça se retrouve aussi en Europe à un certain point ?
39:18– C'est sûr que la Chine a un double enjeu,
39:21il y a l'enjeu, j'allais dire premier, c'est ce qui se passe domestiquement,
39:24et malheureusement, on a un peu tendance à l'oublier,
39:26mais il y a quand même un énorme ajustement sur l'immobilier qui est à l'œuvre,
39:30et là-dessus, les dernières nouvelles de ce début de semaine font un écho
39:34au début de séquence qu'on a eue au début de l'automne,
39:36avec une coordination presque inespérée entre les politiques monétaires et budgétaires,
39:41on sent bien que ça continue, donc c'est plutôt une bonne nouvelle,
39:43ce qui nous valide notre scénario d'un atterrissage en douceur de la Chine,
39:47donc on a 4-4 et 4-1 cette année et l'année prochaine, enfin 25-26,
39:52donc effectivement, pas d'accident de ce côté-là,
39:53et effectivement c'est validé par les derniers éléments,
39:57et donc à l'image de ce qu'on pouvait redouter à la fin de l'année dernière,
40:03est-ce que l'économie américaine allait être en récession ?
40:05Est-ce que c'est une récession ou c'était un soft landing ?
40:07Et là on se dit, pareil, en fait on est plutôt sur un soft landing
40:10de l'économie chinoise, donc ça c'est pour l'aspect domestique,
40:13et là ça paraît plutôt en bonne voie effectivement d'être au moins stabilisateur,
40:16on n'est pas du tout convaincus pour l'instant d'avoir une relance,
40:20une vraie relance contre-cyclique comme on les a eues précédemment en Chine,
40:24justement les équilibres sont là, tels qu'à Bissau pour les empêcher,
40:29mais en tout cas assurer l'atterrissage en douceur,
40:31et puis après il y a quand même l'énorme inconnue,
40:34qui est un peu la cerise sur le gâteau des problèmes chinois,
40:36qui est la vie tarifaire de Trump,
40:41et là-dessus quand on est de 2-3 en zone euro à 10,
40:46on peut à peu près survivre, et au reste du monde,
40:49et ça ne pose pas tant de problèmes que ça, en tout cas pour la zone euro,
40:53par contre de monter jusqu'à 60% les tarifs chinois si c'est effectivement le cas,
40:56là il y a effectivement un problème de disruption.
40:58Il avait fait 25 le premier mandat, c'était ça ?
41:00Exactement, et donc là on a de toute haute dynamique sur nous,
41:06à la fois sur la capacité d'absorption et les effets que ça pourrait générer sur,
41:12si les chinois devaient par exemple vendre leurs produits en zone euro,
41:15enfin en Europe, qui est le gros marché mature qui ferait sens,
41:20et puis après la politique de guerre tarifaire, donc avec rétorsion, réplique, escalade, etc.
41:28Et dans ce contexte-là, le risque de guerre monétaire
41:32viendrait également s'ajouter au risque de guerre commerciale,
41:35quand on met 60% de tarifs sur vos produits,
41:38à un moment la devise devient la première réponse la plus évidente.
41:44Et elle l'est déjà, parce qu'on a des taux qui s'arrêtent à 4,25,
41:47donc encore plus haut que ce que vous avez,
41:50et donc effectivement une divergence qui est là,
41:51sur laquelle l'euro dollar n'a pas du tout encore reflété l'ensemble de la divergence,
41:54on peut aller beaucoup plus loin,
41:55et effectivement, pareil sur le renminbi,
41:57on peut avoir effectivement une dépression bien plus importante,
42:00et là-dessus, pour boucler la boucle, ça revient à ce qu'on disait au tout début,
42:03sur l'incertitude, l'attente, est-ce que celle-ci est quand même plutôt engagée,
42:07elle est plutôt de l'avant et plutôt s'aggraver,
42:09en tout cas à court terme, qu'on va vraiment savoir ce que Donald Trump veut faire,
42:11quitte après à diffuser un peu les tensions,
42:14mais ça reste effectivement problématique,
42:17avec des moyens de stabilisation qui sont limités,
42:20au niveau effectivement politique, budgétaire, européen, il n'y en a aucun,
42:23et ça reste effectivement très monétaire et très ajustement sur les prix,
42:26et donc du coup, effectivement, les monnaies sont amenées à,
42:28à priori, plutôt avalser sur 2025 comme effet d'ajustement.
42:32– Igor, en quoi la Chine, c'est important, là, pour un investisseur ?
42:35Est-ce que ça offre d'ailleurs une opportunité d'acheter des valeurs chinoises, là ?
42:39Est-ce que c'est un moment pour le faire ?
42:41Elles ont bien rebondi, donc c'est déjà fait, en partie ?
42:44– La Chine, ce n'est quand même pas un marché d'une maturité
42:47comme le nôtre ou les États-Unis,
42:50ça a été très lâché par tous les investisseurs,
42:54on est revenu, mais moi, je partage l'avis,
42:56sur un plan de relance, le problème du système économique chinois,
42:58c'est que le consommateur chinois n'a pas de zone de liberté individuelle,
43:03au sens où on l'entend, nous, donc c'est très difficile de faire une relance,
43:07ciblée avec des créations d'entreprises, le crédit, etc.,
43:10c'est des systèmes qui sont très étatiques,
43:11donc il y a beaucoup d'argent sur des grands programmes,
43:14mais en fait, pour qu'il y ait un marché de consommation interne qui se dynamise,
43:18il faut que le consommateur, il ait, en fait, un éventail de liberté individuelle,
43:23c'est comme ça, c'est ni mal ni bien,
43:25c'est ce qu'on a remarqué dans tous les systèmes démocratiques capitalistes,
43:29il ne faut pas, en déversant de l'argent dans un pot qui est percé,
43:33donc ça, ça leur manque, je n'ai pas dit que c'était bien ou mal,
43:36j'ai dit que c'est ce qu'ils faisaient, c'est leur système,
43:38C'est bien de rappeler la base, oui.
43:39La base, c'est que, non mais, voilà, pour entreprendre,
43:42il faut avoir aussi de la certitude du cadre fiscal,
43:47on le voit très bien en France.
43:47Le venture capitaliste chinois s'est effondré, réduit à zéro, à néant, c'est fini,
43:51l'esprit d'entreprise, l'esprit d'investissement capitaliste
43:55qui s'était développé a été laminé, quand même.
43:57Donc, c'est pour ça qu'on a 4% de croissance, c'est plus 10,
44:01il y a des explications, et on prend la démographie en plus.
44:04Bon, mais la Chine, ça reste le deuxième PIB mondial, avec 15%, 14%.
44:08Mais c'est un thème pour des actions européennes, je ne sais pas, le luxe qui rebondit,
44:11est-ce que c'est lié à ça ?
44:13Et est-ce qu'on fait une bonne lecture en se disant,
44:14tiens, une Chine qui se stabilise, c'est bon pour le luxe ?
44:17Il y a une lecture immédiate, un peu de trading, qui ne va bien chez le luxe,
44:20mais en fait, il faut que les Chinois achètent des produits de luxe,
44:22donc il faut qu'ils voyagent, ou qu'ils en achètent maintenant.
44:25Il y a encore une autre étape.
44:28Kévin, sur la Chine ?
44:30Ça fera la boucle, avec ce dont on parlait au début, de l'incertitude, il y en a,
44:36et je crois que se projeter, essayer de lire les politiques de relance chinoise,
44:40beaucoup s'y sont brûlés.
44:43Il faut admettre, quand on ne sait pas le faire, on ne sait pas le faire, ce n'est pas grave,
44:45en tout cas, on n'y arrive pas à le faire pendant un moment donné.
44:47Il y en a d'autres qui disent, politique monétaire modérément accommodante,
44:49ils ne l'ont pas dit depuis, je ne sais plus, 2011, c'est ça ?
44:53Depuis près de 15 ans, quoi.
44:55Exactement, et puis l'autre, c'était politique budgétaire plus proactive,
44:59c'était parlé depuis le Covid.
45:01On est quand même un peu dans les feuilles de thé, si vous me permettez.
45:04Bon, on fait la même chose avec nos banquiers centraux, franchement, parfois.
45:07Mon point, c'est qu'en Chine, comment est-ce qu'on y investit ?
45:10Plutôt sur des modèles d'affaires qu'on connaît bien,
45:14des sociétés qui sont implantées en Chine, et pas que,
45:18plutôt avec, on va dire, parcimonie aujourd'hui.
45:20Et si on devait s'exposer à des pays émergents,
45:22un peu à l'instar de ce qu'on fait sur des pays européens,
45:25en tout cas des entreprises européennes qui ne sont pas trop sensibles au cycle européen,
45:28il y a peut-être certains pays qui ont, on va dire,
45:31une façon de penser qui est assez proche du prochain président américain,
45:35ou qui ont des politiques d'ajustement budgétaire et monétaire.
45:40Il faut chercher les pays Trump compatibles.
45:41Exactement, et donc il y en a dans les pays émergents,
45:44on peut penser à l'Inde,
45:46on aime bien comparer l'Inde à un enfant de parents divorcés,
45:50il y a deux Noëls, deux anniversaires,
45:52voilà, il y a des liens avec le Nord global,
45:56c'est peut-être une façon de le faire.
45:58On pense au Japon aussi,
46:00c'est-à-dire qu'on a un pays qui est un peu contra-cyclique,
46:02qui va, a priori, remonter ses taux d'intérêt,
46:04continue de remonter ses taux d'intérêt,
46:06sera sans doute moins enclin à être accusé de faire de la dévaluation compétitive.
46:12Donc ça, c'est les façons de s'y exposer
46:14et de ne pas avoir tous ces investissements sur l'exceptionalisme américain.
46:18Aujourd'hui, personne ne s'inquiète des niveaux de valorisation.
46:21Chercher qui seront les amis de Trump dans le monde de 2025.
46:25Et investissables.
46:26Et investissables, c'est deux critères, c'est pas mal.
46:29Merci beaucoup messieurs, merci d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
46:32Igor Demach, Vital Epargne, Kevin Tosek, Carmignac et François Cabot,
46:36AXA M était avec nous en plateau.
46:38Le dernier quart d'heure de Smartboard chaque lundi, c'est le quart d'heure américain.
46:46Nous retrouvons notre correspondant américain, Pierre-Yves Dugas,
46:49en visioconférence avec nous.
46:51Bonsoir Pierre-Yves, bienvenue.
46:53Merci beaucoup d'être avec nous, fidèle à ce rendez-vous de début de semaine,
46:56pour revenir sur ce qui a marqué l'actualité américaine des derniers jours.
47:00On va parler bien sûr de politique et la présence de Donald Trump à Paris ce week-end
47:06qui montre qu'il est presque déjà aux commandes de la politique américaine.
47:10Avant cela, revenons sur ce qui s'est passé il y a quelques jours de cela,
47:13je crois maintenant, à New York, dans les rues de New York.
47:16Un assassinat qui fait parler, puisqu'on parle de l'assassinat du patron de United Health Care,
47:23qui est le plus gros assureur santé privé des Etats-Unis, si je ne dis pas de bêtises.
47:29Pierre-Yves, l'un des plus gros en tout cas.
47:31Oui, ils ont à peu près 15% de parts de marché.
47:34C'est une société considérable qui fait partie des 30 valeurs du Dow Jones depuis 2012.
47:39500 milliards de dollars de capitalisation, un EBITDA de 36 milliards de dollars,
47:49plus de 400 000 employés, plus de 50 millions de clients, dont votre serviteur.
47:56J'ai là ma carte de United Health Care.
48:00Je reviendrai sur leur business model qui est exceptionnel.
48:03Une affaire qui ne fait pas de la publicité pour le tourisme à New York,
48:08puisqu'il est abattu tôt le matin dans la rue, Brian Thompson, le patron de cette société,
48:14devant l'hôtel Hilton de Midtown, où se réunissaient des analystes financiers
48:23pour écouter la présentation réservée aux investisseurs.
48:28Il y a quelques minutes, on apprenait d'ailleurs que la police de Pennsylvanie a arrêté quelqu'un
48:34qui est armé d'exactement le même pistolet employé pour tuer M. Thompson
48:44et qui, sans plus t'il, répond au signalement de cet individu
48:47qui a été filmé par toutes les caméras en circuit fermé de New York.
48:52Je pense que d'un point de vue purement criminel, l'affaire est en train de s'accélérer.
48:59Elle a une répercussion sur la discussion générale, sur le débat politique américain
49:05et peut-être aura-t-elle un effet sur la réglementation
49:10et sur la manière dont le nouveau congrès populiste, quand il se mettra en place l'an prochain,
49:17abordera la question de la santé, grand sujet qui a été largement occulté pendant la campagne électorale
49:24parce que les Républicains n'ont pas d'alternative à proposer à Obamacare
49:28et que les Démocrates, Kamala Harris en particulier, n'osaient pas aller jusqu'au bout de ce qu'elle voulait
49:36il y a quelques années, c'est-à-dire en gros nationaliser le système d'assurance maladie aux États-Unis.
49:43Donc devant ce sujet qui était devenu tabou, plus personne n'en parlait
49:48mais tous les sondages montrent que les Américains ne sont pas satisfaits de leur système d'assurance maladie
49:54même quand leur employeur en finance une grande partie.
49:58Je peux vous expliquer mon cas personnel qui reflète celui de beaucoup d'individus aux États-Unis
50:04et vous vous rendrez compte que le système français d'assurance maladie, en dépit de tous ces problèmes,
50:11d'un point de vue financier, vous coûte quand même beaucoup moins cher, Grégoire.
50:16— Mais je prends le point avec plaisir, Pierre-Yves, venant de vous en plus, alors là c'est un délice !
50:24— Si je vous dis que je paye 600 dollars tous les mois... — Ah oui ? Ah oui.
50:32— Attendez. Pour avoir le droit de dépenser les 8 250 premiers dollars de mes frais médicaux,
50:44c'est-à-dire j'ai une franchise de 8 250 sur 12 mois, en plus de ces 600 dollars multipliés par 12 que je dois payer,
50:56vous pourriez penser qu'une fois que j'ai dépensé, et pas où je le souhaite d'ailleurs,
51:02uniquement dans un réseau de médecins et de métaux, qu'au-delà de ces 8 250 dollars, je serai enfin assuré.
51:13Ah non ! Ah non, il ne faut pas exagérer. Il faut penser aux actionnaires, ce qu'il y a.
51:18Alors, j'ai un plafond de 9450 dollars, c'est-à-dire qu'au-delà de la franchise,
51:27il y a encore des choses que je vais devoir payer, 10% par-ci, 20% par-là, un co-pay, etc.
51:34Mais quand même, le plafond absolu est atteint quand j'aurai dépassé 9450 dollars.
51:42Autrement dit, ça me coûte, cette affaire, à peu près 20 000 dollars par an.
51:47Comment ça se fait qu'effectivement ce sujet soit aussi mal traité par la classe politique américaine
51:53et Trump qui promet de la dérégulation à tous les étages, etc. ?
51:59Comment il va pouvoir se positionner par rapport à ça ?
52:01Parce que je le vois dans la presse américaine,
52:03effectivement, l'assassinat du patron de United Health pose un nombre de questions importantes,
52:08ne serait-ce que déjà sur la sécurité d'un patron dans les rues de New York, etc.
52:12Mais ça remet effectivement la lumière sur ce que vous disiez,
52:15un système d'assurance santé privée qui est décrié par l'ensemble des Américains.
52:20– Alors, l'Amérique vieillit et de plus en plus d'Américains atteignent un âge,
52:26votre serviteur s'en approche,
52:28où ils deviennent éligibles au régime national, fédéral de couverture d'assurance maladie
52:36qui s'appelle Medicare et qui ressemble à la sécurité sociale et il n'y a pas de miracle,
52:43c'est un système qui réglemente les prix,
52:48qui réglemente les prix des médecins, les prix des spécialistes, le prix des procédures
52:54et qui permet ainsi de contrôler les coûts.
52:56Ce qui se passe, c'est que les gens qui ne sont pas sous Medicare
53:00subventionnent ceux qui sont sous Medicare.
53:03Les gens qui sont en bonne santé et qui sont jeunes
53:06payent très cher pour payer les soins médicaux des personnes plus âgées.
53:11C'est le principe, bien sûr, de l'assurance maladie, qu'elle soit privée ou publique.
53:17Les Républicains n'ont pas trouvé de système.
53:20Alors, on a posé vendredi la question au président élu Donald Trump,
53:27qu'est-ce que vous allez faire ?
53:29La dernière fois, vous aviez dit que vous alliez trouver une alternative à Obamacare,
53:33finalement vous avez gardé Obamacare, mais Obamacare ne marche pas,
53:36alors il a couvert l'insulte Obamacare en disant que c'est un très mauvais système,
53:41mais on n'arrive pas à trouver pour le moment quelque chose de mieux.
53:44J'ai fait venir à Mar-a-Lago tous les patrons des sociétés pharmaceutiques
53:49et nous allons trouver un moyen de faire baisser les prix des médicaments
53:55et je pense que ce qu'il a dans la tête, c'est de se débarrasser, en tout cas,
54:01de court-circuiter ces fameux intermédiaires sur le marché des médicaments,
54:08qui, dit-il, et ça n'est pas faux, dégagent des marges qui sont importantes
54:13et qui sont parfois supérieures à ceux des laboratoires pharmaceutiques.
54:16Mais ça, c'est pour le prix des médicaments,
54:19ça ne couvre pas le prix de la santé, de l'hospitalisation
54:25et surtout le prix de ce qu'on appelle « nursing home »,
54:31c'est-à-dire de mettre des gens dans des établissements
54:35où on doit s'occuper de tous leurs problèmes liés au vieillissement et à leur isolement.
54:40– Bon, ce week-end, j'ai vraiment eu l'impression qu'on était déjà le 20 janvier, Pierre-Yves,
54:47c'est-à-dire que voir Trump sur la scène internationale comme on l'a vu,
54:52on se dit, non seulement il est élu, mais il est déjà aux affaires.
54:56– Ah, je peux vous dire que les démocrates sont furieux de voir que Joe Biden est en roue libre,
55:04il n'y a plus de pilote dans l'avion, il est parti faire une tournée en Afrique,
55:09il n'a même pas fait de conférence de presse à l'occasion de cette tournée,
55:12il a mis 24 heures à réagir aux événements pourtant spectaculaires qui se sont produits en Syrie
55:19et il laisse Donald Trump dominer tout le cycle de l'information depuis un mois,
55:24puisque tous les jours, on nous apprend de nouvelles nominations
55:27et tout un débat s'organise autour de comment va gouverner Donald Trump,
55:32qui sera dans son entourage, est-ce que son conseiller pour les affaires d'immigration
55:38devra être confirmé par le Sénat, etc.
55:41Et Joe Biden est invisible, sauf sur un point qui est,
55:45nous en avions parlé la semaine dernière, la grâce qu'il a accordée à son fils,
55:49une grâce hallucinante, qui est rétroactive et préemptive,
55:54et qui risque maintenant, en ouvrant cette boîte de Pandore,
55:58de libérer notamment d'autres grâces pour d'autres personnes que Donald Trump pourrait viser,
56:05mais surtout qui donne à Donald Trump la possibilité et l'ouverture de faire la même chose
56:10dès qu'il aura prêté serment le 20 janvier, il a déjà annoncé d'ailleurs,
56:15il y a quelques heures, qu'il avait l'intention de gracier certains des émeutiers du 6 janvier 2021,
56:22qui, considère-t-il, ont été injustement châtiés.
56:27– Bon, Joe Biden, effectivement, ouvre la voie à quelque chose,
56:32mais on en parlait déjà il y a une semaine avec vous, je crois, Pierre-Yves,
56:36effectivement, c'est peut-être une décision d'un père pour son fils
56:39qui va quand même avoir des conséquences plus lourdes encore
56:44sur la politisation de la justice, en plus dans un monde à la Trump, si je puis dire.
56:51– Vous savez, Grégoire, qu'il est sérieusement envisagé dans l'entourage de Donald Trump
56:57de gracier Edward Snowden, vous vous souvenez de Snowden, un contractant de la NSA,
57:06donc des grandes oreilles du renseignement américain,
57:10qui a fuité dans la presse des millions de pages d'informations
57:16révélant les systèmes d'écoute, non seulement aux États-Unis,
57:19mais pratiqués par des pays étrangers alliés des États-Unis,
57:24de citoyens privés, de manière systématique et sans autorisation préalable de la justice.
57:30Monsieur Snowden vit en exil à Moscou,
57:35et c'est un héros, figurez-vous, auprès des libertariens
57:40qui sont dans l'entourage de Donald Trump, qui considèrent qu'en révélant
57:44à quel point la liberté individuelle des Américains avait été violée
57:47pendant des années par les agences de renseignement,
57:50les révélations de Snowden ont entraîné d'ailleurs des modifications
57:54et des réformes dans ces programmes,
57:56que Snowden a rendu un grand service à la liberté individuelle
58:00et à ce titre devait être gracié.
58:03Si on en est là, tout est possible.
58:05Les temps changent, comme disait Bob Dylan.
58:07Merci beaucoup Pierre-Yves Dugas, avec nous chaque lundi,
58:11notre correspondant américain.
58:13Interview à retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr
58:17ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.