• il y a 3 heures
Un poulet sur deux consommé en France est importé. C'était seulement un sur quatre en l'an 2000. Une situation anormale pour Yves Bleunven, sénateur Union centriste du Morbihan, qui en fait un combat politique après une vie professionnelle passé dans la filière. Son département, le Morbihan est le premier producteur de volailles de France. Et chaque acteur, du couvoir à l'abattoir, en passant par les éleveurs, tente d'inverser la tendance pour reconquérir la souveraineté alimentaire française. Année de Production :

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00:14Je suis Yves Lenven, sénateur centriste du Morbihan,
00:16finistérien d'origine
00:18et je suis arrivé dans le Morbihan
00:20par mon travail puisque j'ai été
00:22depuis mon tout jeune âge
00:24très impliqué dans la filière volaille
00:26en France.
00:28Quand il fait ses courses,
00:30Yves Lenven regarde une chose
00:32avec attention, la provenance
00:34de la volaille qu'il achète.
00:36Une évidence pour lui, après une vie
00:38professionnelle dans la filière avicole.
00:40Je ne crois avoir repéré
00:42que deux références d'origine
00:44européenne, et encore on est en origine
00:46européenne, tout le reste
00:48est fait avec de la volaille française
00:50et on peut féliciter ce distributeur
00:52mais c'est assez normal dans le département
00:54avicole qu'est le Morbihan.
00:56En tout cas on a
00:58une diversité de l'offre
01:00et une volaille française
01:02pour l'essentiel dans le rayon
01:04pour ne pas dire à 100%.
01:06Si le rayon découpé est irréprochable
01:08dans le rayon voisin, ce n'est pas
01:10la même histoire.
01:12Là on est dans le rayon traiteur
01:14avec des plats cuisinés, emballés
01:16en libre service.
01:18Beaucoup moins d'informations
01:20sur l'origine.
01:22Un certain nombre de produits
01:24ont l'origine,
01:26c'est l'exemple ici
01:28volaille de France, mais un certain
01:30nombre de produits n'ont pas leurs origines
01:32et c'est toute la difficulté
01:34qu'on a dans cette filière avec
01:36aujourd'hui, dans tous ces produits-là
01:38essentiellement
01:40de la volaille importée qui y rentre.
01:42Aujourd'hui, plus de 50%
01:44de la volaille consommée en France
01:46est importée, une aberration
01:48pour le sénateur Blunven.
01:50Il faut se battre pour défendre cette souveraineté alimentaire
01:52et je me battrai au Sénat
01:54pour la défendre et défendre
01:56notre filière avicole française
01:58et bretonne.
02:00Son département, le Morbihan,
02:02est le premier producteur avicole de France.
02:04Tous les outils de production
02:06indispensables à la filière
02:08sont présents sur le territoire,
02:10à commencer par les couvoirs,
02:12là où les oeufs se développent
02:14puis éclosent.
02:18Bonjour Loïc. Bonjour Yves.
02:20C'est le couvoir Josette.
02:22Tu nous as eu l'occasion de visiter ce couvoir.
02:24Je ne pouvais pas m'empêcher ce matin
02:26en arrivant de penser à presque
02:2845 ans en arrière. J'ai eu l'occasion
02:30de travailler dans un couvoir cousin
02:32de celui d'ici.
02:3440 ans après ses premiers pas dans la filière,
02:36les normes sanitaires
02:38ont encore été renforcées.
02:40Désormais, douches obligatoires
02:42et équipements propres sont nécessaires
02:44pour rentrer au cœur de l'outil de production.
02:46Voilà, équipé.
02:48Dans ces couloirs,
02:50des dizaines de machines
02:52où des millions d'oeufs sont couvés en permanence.
02:56Je vais te montrer
02:58à quoi ça ressemble à l'intérieur des machines.
03:02On est sur le cœur du métier
03:04avec la mise en incubation
03:06des oeufs. C'est le cycle
03:08qui dure le plus longtemps au couloir,
03:10qui dure 18 jours.
03:12Il y a une inclinaison qui se fait
03:14pour reproduire le cycle normal
03:16d'une poule quand elle couvre son oeuf.
03:18C'est quelle capacité
03:20d'incubation ?
03:22C'est 4 millions d'oeufs à couver
03:24qui transitent toutes les semaines dans ce couvoir.
03:26Pour sortir combien de coussins ?
03:28Pour sortir 1,2 million de coussins.
03:30Par semaine ?
03:32C'est la pleine capacité par semaine.
03:34Ce qui représente 8%
03:36du marché français, du besoin national.
03:38Après 18 jours,
03:40les oeufs quittent ces machines
03:42pour en rejoindre d'autres
03:44en phase d'éclosion.
03:46Nous sommes sur des poussins
03:48qui sont bien avancés.
03:50C'est prévu pour une livraison
03:52de demain.
03:54L'éclosion dans une des plus grandes
03:56maternités de France.
03:58Les poussins sont ensuite triés
04:00pour éliminer ceux qui ne sont pas
04:02conformes et séparer mâles et femelles
04:04avant d'être livrés.
04:06Le poussin
04:08est remis en caisse
04:10et directement livré
04:12chez l'éleveur dans la journée.
04:14Le couvoir tourne aujourd'hui
04:16au maximum de ses capacités
04:18avec des équipements vieillissants.
04:20Un nouveau bâtiment est donc
04:22prévu à côté du site actuel.
04:24Tu en es où dans ton projet
04:26d'agrandissement et de modernisation de ton site ?
04:28On est toujours sur
04:30une enveloppe de 20 millions d'euros
04:32pour un volume
04:34proche de l'existant mais avec
04:36une capacité d'extension
04:38en fonction du marché.
04:40On sait qu'on a un marché
04:42qui sera favorable
04:44en extension sur les prochaines années.
04:46Un projet soutenu
04:48par tous les parlementaires du département
04:50et par la région.
04:52Quand le couvoir investit de l'argent,
04:54ça consolide cette interaction,
04:56ça va aussi motiver l'abattoir
04:58à investir, les éleveurs à investir,
05:00toute la chaîne à investir
05:02sur une région parce que
05:04les maillons sont indispensables et fonctionnent entre eux.
05:06Les poussins du couvoir
05:08rejoignent des élevages
05:10comme celui de Jérémy Choquet.
05:12Installé dans l'exploitation
05:14familiale depuis 7 ans,
05:16il a fait construire un bâtiment
05:18de 2000 m2 aux dernières normes
05:20où les outils d'aide sont
05:22pilotables même à distance.
05:26Je te laisse bien passer dans le pédilu.
05:28Aujourd'hui, je contrôle
05:30la température, l'humidité,
05:32le CO2 dans le bâtiment,
05:34on a un renouvellement d'air permanent.
05:36Il faut savoir que là-dessus,
05:38c'est hyper important d'être
05:40en phase avec ce que demande le poulet
05:42et ce qui va nous permettre d'avoir
05:44des animaux en bonne santé et c'est ce qui compte.
05:46Aujourd'hui, il a pris 79 grammes.
05:48Si je vois qu'il ne prend que 10 grammes dans une journée,
05:50on va savoir qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
05:52C'est quand même impressionnant.
05:54Je suis impressionné parce que j'avais perdu
05:56ça de vue depuis quelques années.
05:58On va faire un petit tour dans le bâtiment.
06:00Là, on est sur des animaux
06:02qui commencent déjà à s'enplumer.
06:04On n'est plus sur le poussin,
06:06on arrive vraiment sur le petit poulet.
06:08Ici, 40 000 poussins
06:10vont devenir des poulets,
06:12soit 20 poussins par mètre carré,
06:14la limite réglementaire.
06:16La ferme dispose de sa propre chaufferie
06:18pour maintenir une litière propre
06:20et les dernières normes
06:22ont été anticipées.
06:24Il y a combien ?
06:26Il y a 1 000 enfants.
06:28On a investi
06:30600 000 euros dans le bâtiment,
06:32dont un sixième
06:34directement lié au bien-être animal.
06:36En termes d'investissement,
06:38on n'a pas fait que la dalle béton.
06:40On a aussi fait les lumières naturelles
06:42pour ramener
06:44plus de lumière dans les bâtiments.
06:46Aujourd'hui, on se rend compte
06:48qu'on est bien dans les bâtiments.
06:50Forcément, ça se ressent sur les poulets.
06:52Un gros investissement
06:54pour des bâtiments géants
06:56qui permettent d'amortir
06:58les frais de structure.
07:00Mais Jérémy Choquet s'inquiète
07:02que les projets d'ampleur
07:04soient systématiquement attaqués
07:06en justice par des associations
07:08environnementales alors que
07:10le parc d'élevage est vieillissant.
07:12Tous ces bâtiments des années 80,
07:14c'est plus de la moitié du parc.
07:16On ne va pas pouvoir répondre
07:18à la souveraineté alimentaire
07:20pour les 20-30 prochaines années
07:22avec des bâtiments qui auront 70 ans
07:24donc il faut qu'on arrive à moderniser
07:26notre parc aujourd'hui pour être compétitif
07:28parce qu'en face,
07:30on a des parcs, notamment en Ukraine,
07:32de 10, de 15, de 20 bâtiments
07:34ensemble et qui sont hyper modernes
07:36et qui arrivent à des coûts
07:38hyper faibles sur notre marché
07:40et donc nous, aujourd'hui,
07:42il faut qu'on arrive à moderniser aussi.
07:44Complètement aligné sur cet objectif,
07:46le sénateur déplore les critiques
07:48qui sont faites à ce type d'élevage.
07:50Tout ce qu'on a vu là
07:52sur cette filière
07:54est aux normes,
07:56respecte la réglementation
07:58et respecte surtout un objectif national
08:00de souveraineté alimentaire
08:02et effectivement, quand je vois
08:04l'installation d'aujourd'hui,
08:06je me rassure sur 1,
08:08la réponse que l'éleveur vient de donner
08:10aux attentes sociétales,
08:12mais je me rassure aussi sur la compétitivité.
08:14Dans cet élevage,
08:16les femelles partiront à 33 jours,
08:18les mâles restant 10 jours de plus
08:20pour atteindre leur poids optimal.
08:24Direction ensuite l'abattoir
08:26situé à une dizaine de kilomètres à peine.
08:28Chaque semaine ici,
08:30370 000 poulets sont amenés,
08:32destinés principalement
08:34à la restauration collective
08:36ou commerciale.
08:38Donc derrière cette grande porte là,
08:40les camions arrivent,
08:42on décharge les camions dans cette zone là
08:44et les animaux vont être stockés
08:46dans cet espace là
08:48avec de la lumière bleue,
08:50de la ventilation spécifique
08:52pour faire en sorte qu'ils soient
08:54le plus apaisés possible
08:56en étant passés sur les chaînes de transformation.
08:58Après quelques heures,
09:00les poulets rejoignent la chaîne d'abattage
09:02où l'outil industriel a été largement automatisé.
09:04Ils arrivent ensuite dans l'atelier de découpe.
09:06Et ensuite, ils sont refroidis, j'ai l'impression ?
09:08Voilà, exactement, ils ont été refroidis,
09:10ce qui va permettre une bonne conservation des viandes.
09:12Et ils arrivent, tu vois, de ce convoyeur là
09:14et là, ils vont être traités sur la chaîne de découpe.
09:16Il va être découpé en combien d'opérations ?
09:18Donc là, il va y avoir
09:20trois grandes familles de morceaux,
09:22tu vas avoir la cuisse, de manière générale,
09:24ce qu'on appelle l'arrière,
09:26il va y avoir le filet, la partie la plus noble du poulet,
09:28et puis il va y avoir les ailes.
09:30Les salariés sont ici
09:32pour les dernières étapes
09:34que la machine ne peut pas encore effectuer.
09:36En bout de chaîne,
09:38le produit est conditionné
09:40avant d'être livré au client,
09:42ici, des professionnels de la restauration.
09:44Et c'est là que tu es en concurrence
09:46avec tous ces produits importés aujourd'hui,
09:48mais la différence,
09:50c'est la volaille française.
09:52Et la différence, c'est le logo volaille française,
09:54qui garantit l'origine
09:56de la provenance née, élevée
09:58et transformée en France.
10:00Pour le sénateur Yves Blunven,
10:02c'est cette production agro-industrielle
10:04qui est aujourd'hui le moteur
10:06pour reconquérir des parts de marché
10:08et assurer la souveraineté alimentaire française.
10:10Mais dans le Morbihan,
10:12tout n'est pas tourné
10:14vers ce mode de production.
10:16Certains optent pour un autre modèle.
10:18C'est le cas d'Edmond Martin,
10:20éleveur de volailles dans le nord du département.
10:22Donc là, c'est des poulets
10:24qui ont 20 jours.
10:26Il y a 4 200 sujets.
10:28Ces 4 200 sujets
10:30correspondent à nos ventes de 3 semaines.
10:32C'est des volailles, quand elles sont bien emplumées,
10:34à 5-6 semaines, qui, théoriquement,
10:36sortent dans les parcs à l'extérieur
10:38hors risque de grippe aviaire.
10:40Tellement confinées par les autorités,
10:42ces volailles vont vivre entre 15 et 18 semaines,
10:44bien plus longtemps
10:46que dans l'agro-industrie
10:48et avec plus d'espace pour chaque volaille.
10:50Une autre échelle, d'autres conditions
10:52pour d'autres acheteurs.
10:54C'est pas des Formule 1 de la génétique.
10:56C'est des poulets.
10:58Des poulets qui vont gambader,
11:00qui vont prendre le temps de vivre
11:02et avoir une chair ferme de qualité.
11:04Mais il en faut
11:06pour tous les marchés.
11:08Ici, on essaye au maximum
11:10d'être autosuffisants,
11:12en dehors des protéines tout ou presque
11:14et faits sur place.
11:16Vous maîtrisez l'aliment, l'élevage.
11:18On a nos propres terres,
11:20donc on stocke notre blé, notre maïs
11:22et on a notre fabrique d'aliments.
11:24Vous voyez les silos qui sont là.
11:26Ils sont alimentés par nous-mêmes.
11:28En totale autonomie.
11:30Un peu moins de 50 000 poulets
11:32sortent de cet élevage chaque année
11:34avec le souci permanent
11:36d'être au contact de consommateurs locaux
11:38au plus près de la production.
11:40Les poulets qui ont été abattus ce matin,
11:42on a effectivement produit,
11:44mais on a également notre outil d'abattage
11:46qu'on a créé ici en 1996
11:48et qu'on a développé.
11:50Et là, quelle est la part
11:52qui est vendue dans le magasin
11:54de l'exploitation ?
11:56Sur le magasin, un bon 15-20%
11:58et 20% à peu près sur les marchés également.
12:00Et les 68%, c'est auprès
12:02des partenaires bouchers,
12:04mais également magasins, grandes surfaces,
12:06dans un rayon de 80 km de l'exploitation.
12:08Des modèles de production différents
12:10qui coexistent aujourd'hui
12:12pour satisfaire tous les marchés.
12:14Mais une filière qui est à un tournant.
12:16Aujourd'hui,
12:18un poulet sur deux consommé en France
12:20est importé alors que c'était seulement
12:22un sur quatre en l'an 2000.
12:24Alors pour Yves Blunven,
12:26il est temps de changer de braquet.
12:28Dans ce contexte aujourd'hui
12:30de souveraineté alimentaire,
12:32cette filière a absolument besoin
12:34d'une mobilisation générale.
12:36Une mobilisation de tous ses acteurs.
12:38On le voit, ses acteurs économiques
12:40investissent, croient dans la filière.
12:42Il faut que les pouvoirs publics,
12:44il faut que les pouvoirs politiques
12:46viennent en soutien de cette filière
12:48parce que c'est stratégique.
12:50Elle est emblématique pour la Bretagne.
12:52Cette culture de l'élevage,
12:54ce savoir-faire autour de cette filière
12:56ne peut pas se perdre.
12:58Il faut absolument la défendre.
13:00L'élevage des volailles françaises
13:02sera un test grandeur nature
13:04des capacités de la France
13:06à retrouver sa souveraineté alimentaire
13:08dans les prochaines années.

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