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À la veille du discours de politique générale de François Bayrou, la reporter du 20h BFM, Rebecca Blanc-Lelouch est allé demander à un ancien Premier ministre, Edouard Philippe et un professeur d'éloquence quelques conseils pour réussir au mieux un tel exercice oratoire. 

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Transcription
00:00On le disait tout à l'heure avec Bruno Jeudy, demain discours de politique général pour François Bayrou, c'est l'épreuve du feu pour tous nos vœux Premier ministre face à l'Assemblée.
00:14Un discours extrêmement solennel et important, il y a le fond et la forme bien sûr, vous vous êtes attaché surtout à la forme ce soir et vous êtes allé voir certaines personnes qui pourraient aider François Bayrou pour son discours de demain.
00:28Et avant toute chose, on a voulu aller poser la question à quelqu'un qui a pratiqué l'exercice, quelqu'un qui est passé par là, le conseil d'Edouard Philippe à François Bayrou, c'était ce matin au micro de Maxime Bronchetteur.
00:39Je n'ai aucun conseil à lui donner, le seul conseil que je donne aux gens que j'aime bien, c'est d'être même. En tout cas c'est un conseil que j'essaie de m'appliquer à moi-même et depuis que je me l'applique, je me porte mieux.
00:51Sois toi-même, c'est quand même le premier conseil que donne quand on n'a pas grand-chose à dire. Bref, je dis ça, je ne dis rien, allez-y.
00:57Premier conseil, rester soi-même par Edouard Philippe. Mais avec Dorine Jarnias, on a voulu aller plus loin et pour ça, on a été rencontrer Bertrand Perrier. Est-ce que vous savez qui c'est Bertrand Perrier ?
01:07Spécialiste de l'art oratoire, évidemment. Incroyable, le Bertrand Perrier.
01:11Spécialiste de l'art oratoire, il avait notamment conseillé Elisabeth Borne à la veille de sa déclaration de politique générale le 6 juillet 2022.
01:19D'ailleurs, ça s'est vu tout de suite qu'il est spécialiste. Dès qu'il a répondu à notre première question, il savait répondre à la caméra.
01:25Il s'enflamme aussi.
01:26Il s'enflamme pas mal. Et il nous disait que dans un discours de politique générale, il y a certes le fond, il y a le côté politique, mais il y a également le côté plus personnel. Il faut savoir briser l'armure.
01:39Souvent aussi, c'est des aspects personnels que l'on retient. Chez Elisabeth Borne, on avait retenu son père. Chez Gabriel Attal, son homosexualité. Donc c'est aussi une occasion de dire qui l'on est au-delà du politique.
01:52Et de bien travailler les passages qui vont être retenus par les journalistes. On peut les anticiper, ceux-là ?
01:58Évidemment. Mais on sait très bien ce que l'on attend et ce que l'on attend moins. Et là, le moment réforme des retraites est probablement déjà surligné dans le discours.
02:09Et on l'attend parce que c'est le point d'achoppement qui va, par la suite, justifier la suite des débats.
02:17Bruno Jeunier, on a entendu, Gabriel Attal avait parlé de son homosexualité. Elisabeth Borne, de son père. Là, François Bayrou, peut-être, qu'est-ce qu'il peut révéler de plus personnel demain ?
02:28Je ne sais pas s'il va aller sur le perso. Il va sans doute parler de son Béarn. Il va parler aussi de son amour pour les lettres. Il va sans doute citer ses auteurs préférés, Charles Peggy.
02:39Mais pour lui, c'est quand même un moment... Il a une longue carrière. Il est en politique depuis 45 ans. Donc c'est vraiment peut-être le discours le plus important de sa longue carrière politique.
02:49Et demain, ce n'est pas seulement un discours de politique générale. C'est un discours de survie. Donc je ne sais pas si le moment est de parler de perso.
02:56Parce que, je l'ai dit tout à l'heure, c'est surtout... Il a attendu sur les retraites, sur le budget, pour... Ça se joue demain pour lui. Ça ne se joue pas en février. Ça se joue demain.
03:04Donc nous sommes allés à la rencontre de Bertrand Perrier. J'ai été tentée. Je reconnais. Il nous a donné un petit cours. Il m'a donné un petit cours. Je vous le rappelle, je vous le disais, il a coaché Elisabeth Borne.
03:15Donc on a imprimé son texte. Et il m'a fait répéter son texte comme si c'était moi qui allais faire une déclaration de politique générale demain.
03:22Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, en m'adressant à vous, c'est à la France que je parle.
03:31C'est à la France que je parle. Vraiment, imaginez derrière vous que c'est toute la France. Vous avez 60 millions de personnes qui vous aident. En m'adressant à vous, c'est à la France que je parle.
03:44Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, en m'adressant à vous, c'est à la France que je parle.
03:54Avec 60 millions de Français derrière. Elle avait réussi sa déclaration d'Elisabeth Borne ?
03:58Oui. Ça avait été une surprise. Tout le monde l'attendait un peu. Et elle avait vraiment réussi son exercice. Il y en a qui se sont plantées dès le premier jour.
04:06Elle, elle avait plutôt bien réussi son exercice. Ça avait lancé son passage, son bail à Matignon. Puis après, ça s'est gâté.
04:13Oui, après ça s'est gâté.
04:14C'est devenu compliqué avec les retraites.
04:15Et puis ce que Bertrand Perrier nous disait, c'est que son défi à elle, à Elisabeth Borne, c'était de se montrer aussi en tant que femme et humaine, puisqu'elle était très institutionnelle.
04:24C'était la deuxième, surtout deuxième femme. Et la marche était haute après Edith Cresson qui avait plutôt, elle, raté son discours de politique générale.
04:32Et par ailleurs, on a donc appris que la vitesse est importante, le débit est important. Quand moi j'ai voulu me prêter au jeu, Bertrand Perrier m'a dit « tu parles trop vite ».
04:42En revanche, ça va être un défi pour François Bayrou demain, c'est de contrôler son débit.
04:47C'est aussi ça qui va être intéressant dans le langage de François Bayrou, c'est que l'éloquence de François Bayrou est une éloquence très lente.
04:55Il a un débit à 0,5. Chez lui, le débit est en général assez lent, ce qui donne aussi une solidité et une facilité de compréhension.
05:03Mais une déclaration politique générale, il y a beaucoup de choses à dire dans un temps qui n'est pas illimité.
05:08Et c'est vrai que François Bayrou, c'est une éloquence qui prend son temps.
05:11Donc il va falloir qu'il accélère ?
05:13Probablement, à un moment, il va falloir qu'il accélère.
05:15François Bayrou est une éloquence qui prend son temps.
05:18En résumé, les conseils que nous avons retenus près déclaration politique générale, c'est accélérer, même si on le rappelle, on ne l'a pas précisé, mais François Bayrou est un ancien BEG.
05:28C'est un combat qu'il a mené, qu'il a plutôt bien réussi, révéler sa personnalité en étant soi-même, selon Edouard Philippe.
05:35Et surtout, savoir réagir face à une assemblée qui risque très fortement d'être très chahutée demain.
05:41Effectivement, vous avez raison.
05:43Demain, ça peut être électrique.
05:45Il va devoir aussi faire fi de la caisse de résonance de l'Assemblée nationale.
05:49C'est exactement ce qu'avait réussi Michel Barnier.
05:52Il avait réussi à calmer tout le monde par son phlegme, par sa façon de remettre à leur place les insoumis, les différentes oppositions,
05:59et mettre un peu en boîte, gentiment, son public trié, c'est-à-dire ses parlementaires.
06:05Il avait réussi ça.
06:07Et demain, François Bayrou va trouver le bon niveau pour faire ça, sachant que lui, quand même, il connaît assez bien ce qu'il y a en face de lui.
06:15Il sera évidemment chahuté.
06:17Ça va dépendre de sa façon aussi.
06:19Peut-être, la vitesse à laquelle il va parler, il peut être chahuté sur ce point-là.
06:23On va en reparler dans un instant dans le journal de l'ISADEF.
06:26On en reparlera aussi avec Sophie Binet sur le fond.
06:28Juste une chose, est-ce qu'il joue sa survie demain, François Bayrou ?
06:32Est-ce qu'on en est là pour lui, demain ?
06:34Oui, il joue sa survie parce qu'en fait, demain, soit les socialistes, dans leurs réponses qu'ils feront juste après son discours,
06:41ils sont à moitié satisfaits de son discours, parce qu'ils ne sont pas totalement...
06:45à moitié satisfaits et ce sera en partie gagné pour lui,
06:48soit ils sont déçus immédiatement et sans doute que s'il n'y a pas censure là,
06:54il y aura censure un mois plus tard et ce sera cuit pour lui.
06:58Merci Bruno, merci beaucoup Rebecca Blanc-Lelouch pour ce reportage.

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