Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval
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00:00Dix-neuf heures sur CNews, merci d'être avec nous pour face à Philippe Devilliers, enfin, enfin Philippe Devilliers de retour, bonsoir Philippe.
00:10Bonsoir Edouard, bonsoir Geoffroy.
00:12Bonne année.
00:13J'ai failli ne pas revenir.
00:14Attendez, la dernière émission c'était le 20 décembre, ça va, les vacances étaient bonnes ?
00:21Très bonnes et je suis complètement rouillé.
00:25Alors, d'abord on offre nos vœux, donc nous offrons nos vœux, je fais en votre nom, à tous les téléspectateurs.
00:37Ah ben ils sont nombreux.
00:39Et puis mes vœux personnels à Geoffroy et à Eliott.
00:44Et je me suis dit, bon, l'année dernière j'avais apporté une galette, j'avais apporté des...
00:49Oui, et je me suis dit qu'est-ce que je peux faire cette année ? En fait, je me suis dit qu'est-ce qui leur ferait plaisir ?
00:56J'ai réfléchi et je me suis dit, ah, vous vous souvenez, l'été dernier vous êtes venu au Puy du Fou avec Ben.
01:03Évidemment.
01:04Et au Puy du Fou vous avez offert des poussins.
01:07Et oui.
01:09Voilà.
01:10Ah vous avez recommencé.
01:12Non, non, non, mais en fait les poussins sont devenus des poules.
01:17Oh !
01:22Donc, les poules.
01:26Vos poules.
01:27Oui.
01:28Vous avez deux poules au Puy du Fou.
01:29Exactement, oui.
01:30Qui sont les ambassadrices du Puy du Fou.
01:32Vous comprenez, quand on dit qu'on a des poules, bon.
01:35Et les deux poules...
01:36Ont pondu des œufs.
01:37Voilà.
01:38Ah oui, mais attendez, là il faut faire attention là.
01:40Oui.
01:41Il ne faut pas s'asseoir dessus.
01:43Il ne faut pas les lancer non plus.
01:45Oui, voilà.
01:46Je les garde.
01:47Merci Philippe.
01:48Ce sont les poules du Puy du Fou qui sont vos poules.
01:53Quelle bonne nouvelle.
01:55Eh bien écoutez, merci Philippe de Villiers.
01:57On se sent un peu bête.
01:58Vous avez apporté quelque chose pour Philippe Geoffroy ?
02:00Non, mais par ailleurs, c'est vos œufs, ce n'est pas les miens.
02:02Ah oui, donc chacun s'occupe de ses œufs.
02:05C'est ça que vous voulez dire, Philippe de Villiers.
02:07Moi j'ai des poules au Puy du Fou.
02:08Merci beaucoup.
02:09Eh bien écoutez, et ça nous permet d'embrasser chaleureusement et de saluer tous les Puy Folets.
02:13Eh oui.
02:14Je suis allé passer avec Benjamin Nau, qui est en régie, chef d'orchestre de cette émission.
02:20Un moment extraordinaire au Puy du Fou.
02:22C'était la première fois que j'y allais.
02:24Vous m'aviez toujours dit, il faut que tu ailles au Puy du Fou pour me comprendre.
02:28Et je vous comprends un peu mieux, Philippe de Villiers.
02:31Je peux vous dire que vos poules, elles ont un seul message.
02:36Ah, lequel ?
02:37Non aux mères cossoures.
02:40Philippe de Villiers, on va commencer avec une formidable nouvelle sur CNews.
02:46Vous savez que chaque vendredi soir, et c'est le moment de remercier les téléspectateurs de CNews,
02:51vous avez jusqu'à plus d'un million de téléspectateurs à suivre face à Philippe de Villiers.
02:57Et nous avons découvert les chiffres sur Europe 1.
02:59Parce que face à Philippe de Villiers, c'est aussi le samedi matin de 10h à 11h sur Europe 1.
03:05802 000 auditrices et auditeurs, plus 414 000 en un an.
03:11Donc c'est le plus grand rendez-vous du samedi sur Europe.
03:16Et en plus de cette information, dimanche dernier, on a découvert le classement des personnalités préférées des Français.
03:21Je le rappelle aux téléspectateurs, c'est une institution dans le monde des sondages.
03:25Depuis 1988, le JDD publie les personnalités préférées des Français.
03:31Et parmi les personnalités politiques préférées des Français, Philippe de Villiers, vous êtes troisième.
03:37Alors je rappelle que vous êtes dans ce classement parce que l'ARCOM, en pleine année dernière,
03:42vous a demandé à décompter votre temps de parole.
03:46Donc merci l'ARCOM.
03:47Mais j'ai pensé évidemment à vous avec ces deux informations.
03:50Dans cette émission, vous prenez de la hauteur, vous avez réponse quasiment à tout.
03:54Alors vous qui avez réponse à tout quand vous voyez ces deux informations, Philippe de Villiers, vous vous dites quoi ?
04:01D'abord, j'ai suivi le chemin de Saint-Sinatius il y a 13 ans.
04:07Saint-Sinatius était un consul qui était conspuet.
04:11Il est parti, il a rejoint sa charrue auprès du tibre.
04:15Et puis là, les gens sont venus le chercher pour vanter ses mérites.
04:21Alors que c'était un vieillard et il était derrière sa charrue.
04:26Il y a une métaphore romaine qui m'a toujours frappé.
04:34C'est le consul qui passe du Capitole à la roche tarpaïenne.
04:40C'est la chute.
04:43Et il est rarissime qu'on fasse le chemin inverse de son vivant.
04:49En général, c'est quand le mec est mort, on se met à dire du bien de lui.
04:55Mais pour répondre à votre question, il y a peut-être une explication.
04:59C'est qu'aujourd'hui, les Français sont dégoûtés de la fermeté verbale.
05:08Le théâtre, c'est le verbe.
05:11Malheureusement, la politique est devenue un théâtre.
05:14On parle et quand on a parlé, on croit qu'on a agi.
05:19Et là, il y a peut-être deux petites différences.
05:22Les gens se disent qu'on cherche la cohérence d'abord.
05:27C'est-à-dire, qu'est-ce que le gars a dit il y a 30 ans ?
05:31Et qu'est-ce qu'il dit aujourd'hui ?
05:33Est-ce que c'est la même chose ? Est-ce qu'il avait vu juste il y a 30 ans ?
05:37Ou est-ce qu'il n'a cessé de se tromper pendant 30 ans ?
05:41Ça, c'est la première question.
05:43Et la deuxième question, c'est qu'il ne suffit pas de parler, il faut agir.
05:47Dans toute la société, les beaux parleurs ne durent pas longtemps.
05:52Agir, ça veut dire avoir derrière soi des réalisations qui parlent pour vous.
05:58Et quand on a un discours et des réalisations,
06:02on est plus facilement écouté et même entendu.
06:06On peut ajouter aussi une chose, c'est le livre.
06:09Vous avez, je crois, passé la barre des 200 000 exemplaires
06:12pour un livre, pour une personnalité classée par l'Arkom comme un politique.
06:15Et on remercie l'Arkom, on les salue, on leur souhaite une belle année à l'Arkom.
06:19C'est du commun.
06:21Mémoricide, allez-y Geoffroy Lejeune.
06:23Un politique qui dépasse les 2000 exemplaires, il est déjà très content.
06:26Et en fait, vous êtes le best-seller politique de l'année.
06:29Bardella aussi a très bien marché, mais c'est inédit.
06:32Et je pense que ça va être votre livre le plus vendu de votre vie.
06:36Vous en avez écrit une trentaine.
06:38Oui, voilà.
06:40Mais il faut prendre tout ça avec une grande humilité
06:44parce que la vie est une suite d'épreuves de succès éphémères.
06:50Donc il faut prendre ça avec beaucoup de philosophie,
06:53beaucoup d'auteur, mais aussi beaucoup d'humilité.
06:55Et remercier mes lecteurs, nos auditeurs, nos téléspectateurs.
07:02Et surtout, je peux vous dire que quand je venais ici les premières fois,
07:07j'étais impressionné par vous deux.
07:12Mais maintenant, je suis impressionné parce que derrière vous,
07:15je vois beaucoup de monde.
07:18Et donc le moindre plantage, la moindre faiblesse,
07:23je la sens dans vos yeux maintenant.
07:25Je sens que par moments, vous me dites un peu faible là.
07:30Tu te laisses aller.
07:33Surtout qu'en ce début d'année 2025, l'avenir,
07:37et là on en vient à des choses bien plus lourdes,
07:40l'avenir est de plus en plus incertain pour la France.
07:43Et vous m'avez glissé que vous receviez beaucoup de messages
07:46de jeunes Français Philippe Devilliers qui s'interrogent
07:49sur leur avenir et sur l'avenir du pays.
07:52Alors, quels sont vos voeux personnels pour que la France renoue
07:55dès cette année avec la grandeur et qu'il y ait demain,
07:59à nouveau, une espérance française ?
08:02Eliott, vous avez raison de souligner quelque chose
08:05que je vous ai dit à tous les deux et encore tout à l'heure,
08:08avant d'entrer dans le studio, je suis inondé, assailli
08:12de lettres incroyables et de lettres de toutes sortes de gens
08:18qui se sentent perdus, abandonnés, qui me remercient, etc.
08:22Et j'en ai sélectionné une que j'ai reçue hier matin
08:27d'un jeune Français qui me dit
08:30« Merci de mettre dans l'instant un peu de temps long
08:34et de lester nos insouciances. »
08:36Je trouvais ça merveilleux.
08:38Et à ce jeune Français qui ne me cache pas ses angoisses
08:42pour son avenir et celui du pays,
08:45je voudrais dire ceci en forme de vœux
08:50pour tous les Français qui nous regardent.
08:53Bien sûr, il faut être conscient que le peuple historique français
09:01pourrait devenir minoritaire dans quelques décennies.
09:06Mais rien n'est dit, rien n'est fait, rien n'est définitif.
09:10Pourquoi ? Parce que dans les temps de grands troubles,
09:14je pèse mes mots,
09:17quand la tectonique des plaques se met à bouger,
09:25or la tectonique des plaques en ce moment,
09:27elle bouge vitesse grand V et au niveau mondial.
09:32Quand la tectonique des plaques se met à bouger,
09:35il suffit d'un doigt pour faire levier.
09:38C'est l'expérience, c'est l'histoire de l'humanité.
09:42Un doigt pour quoi faire ?
09:45Un doigt pour renverser la donne,
09:51pour changer complètement la situation,
09:56pour renouveler la sève du pied-mer français.
10:01Et en fait, pour la relève des élites,
10:06parce qu'il n'y a que par la relève des élites
10:09qu'on arrivera à sauver la France.
10:12Pour ça, il y a un carré d'or.
10:16Qu'est-ce que vous voulez dire par carré d'or, Philippe Devigny ?
10:20Le carré d'or, c'est à quatre coins.
10:23Premier coin du carré d'or, en fait, qu'est-ce qu'il nous faut ?
10:28Le carré d'or, c'est ce qu'il nous faut.
10:30Si on réussit à avoir le carré d'or, à dessiner le carré d'or, on est sauvé.
10:34Premier coin du carré d'or, il nous faut des créateurs.
10:37Qu'est-ce qu'un créateur ?
10:39Un créateur, c'est quelqu'un qui fait le plein de ses fidélités
10:42avant de se mettre en rupture.
10:44Parce que s'il se met en rupture tout de suite,
10:46il va faire du psittacisme.
10:48Il ne va rien créer.
10:50Le plein de ses fidélités.
10:52Un créateur, c'est quelqu'un qui ne supporte pas le monde tel qu'il est,
10:58qui veut le changer.
11:00Mais dans le sens suivant.
11:02Il divise sa journée en deux temps.
11:04Le matin, c'est un imprécateur qui s'indigne.
11:06Et l'après-midi, c'est un créateur.
11:08Avec son piolet, il accroche les éboulishes.
11:11Il crée quelque chose pour empêcher les éboulishes.
11:14Un créateur, il y a une phrase de Bernanos que j'aime beaucoup.
11:18Les créateurs sont des gens qui ne sont jamais vraiment sortis de l'enfance,
11:22mais qui n'ont fait que l'agrandir aux dimensions de leur destin.
11:27Et pourquoi je repense à cette phrase en vous répondant ?
11:30Parce qu'en voyant Elon Musk, qui est un créateur hors-pair,
11:35quand il sautille, quand il sursaute avec un esprit d'enfance,
11:42je pense à une formule que je vous livre.
11:46La différence entre un adulte et un enfant, c'est le prix de ses jouets.
11:53Vous savez qui a dit ça ?
11:56Non.
11:58Saint-Ignac ?
11:59On a une idée.
12:00Saint-Ignac ?
12:01Oui, bien sûr.
12:03Bon, allez.
12:05Ça veut dire que ma formule est bonne,
12:07parce que vous vous dites que ça peut être Saint-Simon.
12:10Mais c'est vrai.
12:12Et là, vous me faites perdre le fil, mais je vais le retrouver.
12:15Oui, le deuxième coin du carré.
12:18De ma faute.
12:19Le deuxième coin du carré, c'est des entrepreneurs.
12:22Il nous faut des entrepreneurs.
12:23Ça paraît banal, mais un entrepreneur, c'est quelqu'un qui croit
12:26que c'est la sphère privée qui crée la richesse,
12:29et non pas la sphère publique.
12:31C'est très original, par les temps qui courent dans le milieu politique.
12:34Ensuite, un entrepreneur, c'est quelqu'un qui cherche la singularité
12:42et qui applique la devise, le Graal du stratège,
12:48c'est l'avantage concurrentiel inimitable.
12:52Ensuite, il nous faut des consciences dressées.
12:55C'est le troisième coin du carré.
12:57Une conscience dressée, c'est un réfractaire.
13:00Ce ne sont pas les mutins de panurges dont parlait Philippe Muray.
13:04Ce sont des dissidents.
13:06Je rappelle la formule de Solzhenitsyn quand il est venu chez moi,
13:10aux Herbiers, en 1993.
13:13Il m'avait dit, vous savez Philippe,
13:15aujourd'hui les dissidents sont à l'est, ils vont passer à l'ouest.
13:20C'est ce qui est en train de se passer, les dissidents.
13:23Il faut être un dissident.
13:26Et il y a une phrase de Richelieu que je livre aux jeunes,
13:30et qui est la suivante.
13:32Ceux qui veulent un jour être dans le ministère de l'État
13:35doivent imiter les astres qui, nonobstant les aboiements des chiens,
13:40ne laissent pas de les éclairer.
13:43Enfin, et surtout, le quatrième coin du carré.
13:49Il faut des petits Français de direction.
13:53Des Français de direction.
13:56Un Français de direction, c'est un Français qui fait trois voyages dans sa vie,
14:03avant de pouvoir changer la donne.
14:05Ça paraît tout bête, mais c'est important.
14:07C'est une pédagogie.
14:08Premier voyage, un voyage au bout de la France,
14:11pour aller goûter les affleurements de tendresse enfouie,
14:16et voir comment elle est belle, et se mettre à l'aimer à la folie.
14:21Aller au bout du monde pour pouvoir comparer.
14:24Aller au bout du monde pour comprendre pourquoi on a parlé,
14:27pourquoi de Gaulle a parlé du pacte vingt fois séculaire
14:31entre la grandeur de la France et la liberté du monde.
14:36Un voyage dans le temps.
14:41Pas seulement dans l'espace, dans le temps.
14:44Un voyage vertical.
14:46Je vais chercher plus profond que moi,
14:49pour aller chercher la continuité historique,
14:53le souci de la continuité historique, l'obsession de la continuité historique,
14:56et pour comprendre que nous ne faisons qu'emprunter cette terre
15:01à nos devanciers et à nos héritiers.
15:05Tout est dit.
15:07Un voyage dans le temps.
15:08Et enfin, et c'est sans doute le plus important,
15:11une fois qu'on a fait ces deux voyages parallèles,
15:14il y a le voyage en soi-même.
15:16Le voyage en son fort intime.
15:21Le voyage en ses souvenirs.
15:23Pour pouvoir aligner les souvenirs et les ordonner à son destin.
15:28Je ne sais pas si vous connaissez la définition de la poésie
15:33par Rainer Maria Rilke.
15:37Pour moi, c'est majeur.
15:39Il dit, pour faire le premier mot d'un vers, il faut des souvenirs.
15:43Il faut beaucoup de souvenirs.
15:45Mais il ne faut pas que cela.
15:48Il faut savoir les oublier, attendre qu'ils reviennent.
15:51Et quand ils sont hauts, sans, anonymes, soi-même,
15:55alors il se peut qu'un soir de grâce, du milieu d'eux,
16:01relève le premier mot d'un vers.
16:04Philippe de Villiers est donc de retour.
16:06Face à Philippe de Villiers, on poursuit, on est ensemble,
16:08je le disais, jusqu'à 20h.
16:11Le carré d'or, les créateurs, les entrepreneurs,
16:13les consciences dressées et donc les Français de dilection.
16:17Parlons d'une actualité brûlante, Philippe de Villiers, à présent.
16:21On va parler de la France et de l'Algérie.
16:23Avec Boalem Sansal, bien sûr, qui est toujours retenu depuis plus de 50 jours.
16:27Et dans le même temps, en France, plusieurs influenceurs algériens
16:30ont été interpellés après avoir offert soit des menaces de mort
16:33ou appelé à la haine sur les réseaux sociaux.
16:35L'un d'entre eux a été expulsé vers son pays, l'Algérie,
16:39mais revenu en France, car interdit de territoire chez lui, en Algérie.
16:45Bruno Rotailleau estime que l'Algérie cherche à humilier la France.
16:50On écoute le ministre de l'Intérieur.
16:52Je veux dire ma superbe action et je pense qu'on a atteint,
16:57je pense que l'Algérie a un seuil extrêmement inquiétant.
17:00On voit bien que l'Algérie cherche à humilier la France.
17:04L'Algérie détient actuellement un grand écrivain, Boalem Sansal,
17:09qui est non seulement algérien, mais qui est aussi Français.
17:14Il a 80 ans et il est malade.
17:17Est-ce qu'un grand pays, est-ce qu'un grand peuple
17:20peut s'honorer de maintenir en détention,
17:24pour de mauvaises raisons, quelqu'un qui est malade
17:27et quelqu'un qui est âgé ?
17:29Désormais, c'est ce ressortissant algérien, un influenceur,
17:34qui propageait sur la toile, sur les réseaux sociaux, la haine.
17:41Les réseaux sociaux, ce n'est pas une zone de non-droit.
17:44Et comme ministre de l'Intérieur, je ne veux rien laisser passer.
17:47Geoffroy Lejeune.
17:49Philippe, comment analysez-vous cette situation et cette humiliation,
17:52selon les mots de Bruno Retailleau, de la France ?
17:54Et surtout, quel regard portez-vous sur les relations
17:57entre la France et l'Algérie aujourd'hui ?
18:00D'abord, je plains le ministre de l'Intérieur
18:03parce qu'il est condamné à la parole verbale.
18:08Et lui sait pourquoi.
18:10Les gens qui ne le regardent pas forcément,
18:13mais il sait que, par exemple, l'influenceur en question,
18:18il va être dans un centre de rétention pendant 90 jours.
18:23Ensuite, il est à l'hôtel.
18:25Ça ne vous rappelle rien ?
18:27Philippine. Le meurtrier de Philippine.
18:29Et on ne peut rien faire.
18:31Pourquoi on ne peut rien faire ?
18:32Parce que c'est l'Europe.
18:33Parce que c'est la directive retour.
18:35Et qu'il faut changer la directive de retour.
18:37Il faudra un an, deux ans, trois ans, quatre ans.
18:39De la même manière qu'il sait, Bruno Retailleau, pour l'Espagne,
18:43qu'on ne peut pas renvoyer des migrants qui viennent chez nous.
18:46On ne peut pas. Pourquoi ?
18:47Parce qu'il y a une jurisprudence européenne, là encore, etc.
18:52Par exemple, il y a un accord incroyable, laxiste,
18:57qui permet à l'Algérie d'avoir un statut particulier
19:00par rapport à tous les autres pays.
19:02En matière d'immigration, c'est un accord du 27 décembre 1968.
19:06Qu'est-ce qu'on attend pour la broger ?
19:10Seul le président de la République peut la broger.
19:12Il peut le faire. Il ne le fait pas.
19:14Donc ça ne dépend pas du ministre de l'Intérieur.
19:16On va voir de plus en plus souvent, je le prédis,
19:20un ministre de l'Intérieur et un ministre de la Justice
19:23multiplier les paroles, les plans, par exemple la drogue, etc.
19:30Et en même temps, on aura un sentiment d'impuissance publique.
19:36Franchement, je les plains, parce qu'il y a de la bonne volonté.
19:40Et il y a de la fermeté dans le verbe.
19:43C'est déjà quelque chose de nouveau.
19:47Alors, je réponds à votre question.
19:51On a l'impression qu'on passe de l'Algérie française qu'on a connue
19:56à la France algérienne qu'on va peut-être connaître.
19:59C'est-à-dire une inversion totale.
20:01C'est une humiliation. Vous avez prononcé le mot, je le répète.
20:05Une humiliation sans nom.
20:08Aucun pays ne pourrait accepter cela.
20:11La France accepte cela. Emmanuel Macron accepte cela.
20:17On vit en fait une relation complètement déséquilibrée.
20:22Sur le plan démographique, la France délivre 200 000 visas à l'Algérie.
20:31Et en même temps, l'Algérie délivre 2 000 laissés-passer consulaires.
20:37Vous voyez la disproportion.
20:4040% des occupants des centres de rétention sont de nationalité algérienne.
20:47C'est donc l'application de l'accord de 1968.
20:51Et Xavier Driancourt, dans un entretien remarquable,
20:56et remarquablement mené par Sonia Amabouk qui est toujours,
20:59disait dans ce studio, il y a aujourd'hui 10% de la population française qui est algérienne.
21:086 millions d'Algériens en France, qu'est-ce que ça veut dire ?
21:11Ça veut dire qu'on est tenus.
21:13Ça veut dire qu'il y a un État dans l'État.
21:15C'est la définition même de l'État dans l'État régalien.
21:18C'est-à-dire qu'on est obligé de faire attention.
21:20On est obligé de faire attention et c'est la raison pour laquelle
21:23Emmanuel Macron n'est pas allé à la manifestation contre l'antisémitisme.
21:27Parce que quand vous avez dans vos flancs une population qui vous surveille,
21:32qui vous regarde et qui vous menace, vous ne pouvez plus bouger.
21:37Et précisément, le déséquilibre démographique se double d'un déséquilibre moral.
21:44C'est-à-dire qu'en fait, l'Algérie nous nargue.
21:48Elle nous nargue depuis le voyage, le fameux voyage d'Emmanuel Macron
21:54quand il était candidat en 2017 et qu'il était allé à Alger dire textuellement
21:59la colonisation française en Algérie est un crime contre l'humanité.
22:04Vous vous rendez compte ? Vis-à-vis des harkis, vis-à-vis des pieds noirs,
22:09vis-à-vis de tous ceux, des militaires aussi,
22:12qui se sont battus pour l'Algérie française, vis-à-vis même des prédécesseurs.
22:17Parce que François Mitterrand disait l'Algérie c'est la France.
22:19Il y a eu tout un pan de notre histoire où l'Algérie et la France
22:24étaient en bonne intelligence et même en harmonie.
22:26On en a fait beaucoup là-bas.
22:28Il ne faut pas l'oublier.
22:29Tous les colons, il ne faut pas les jeter à la rivière.
22:32Et donc la diplomatie des dépôts de gerbe, ça ne vous dit rien ?
22:38Je rappelle que M. Darmanin, vous savez ce qu'il a fait en 2020 ?
22:43Il est allé déposer une gerbe au carré des martyrs sur les assassins du FLN.
22:50Alors que son grand-père était harki.
22:52Mais depuis il s'appelle Moussa parce qu'il veut récupérer les voix apparemment.
22:57Il a changé de prénom.
22:58Quand il a quitté le gouvernement précédent, il a dit je m'appelle Moussa.
23:02Ah bon ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu dragues qui là ?
23:05Et là la dernière gerbe, vous vous rendez compte ?
23:10Macron va au Maroc, très bien.
23:13Et il revient et pour compenser, il envoie son ambassadeur,
23:17l'ambassadeur de France déposer une gerbe sur la tombe de l'arbitre Midi
23:27qui était un des fondateurs du FLN.
23:30Donc les Algériens, ils nous sentent, ils nous sentent faibles,
23:34ils nous sentent avec notre faiblesse.
23:38Et le déséquilibre, il est pire que ça, il est politique.
23:42Vous savez combien on a donné cette année ?
23:45D'après Xavier Triancourt, l'ancien ambassadeur de France,
23:48il connaît les chiffres, 180 millions d'euros.
23:51On donne de l'argent à l'Algérie aujourd'hui.
23:55Et ici même, nous avions évoqué ensemble, Eliott Jofroy,
24:01au moment des émeutes, vous vous en souvenez certainement,
24:05quelque chose qui nous avait choqués.
24:09Il y a beaucoup de Français avec nous.
24:12Le président de l'Algérie, au moment des émeutes,
24:15avait enjoint au gouvernement français de prêter attention
24:20à la manière dont était traité, je cite, ces ressortissants.
24:26Je dis bien ces ressortissants, c'est-à-dire les Algériens
24:30qui sont en France et qui sont censés donc répondre
24:34à l'autorité harmonieuse et paternelle du président de l'Algérie.
24:41Et là, je me suis dit, ben voilà, non seulement la France
24:44est plus gouvernée, mais elle est plus souveraine.
24:47Il y a un bout de souveraineté qui déborde maintenant
24:50du président Tebboune.
24:52Et donc en réalité, aujourd'hui, il faudrait des mesures de rétorsion.
25:01Il faudrait mettre fin à l'accord de 1968 dont j'ai parlé
25:08il y a quelques instants.
25:10Et il faudrait, sur le plan politique, un vrai bras de fer
25:16pour dire aux Algériens, ou bien vous libérez Boilem Sansal,
25:23c'est un signe que vous nous envoyez, ou bien on va prendre des mesures,
25:28j'en citerai deux que les diplomates ne peuvent pas citer,
25:32mais moi je ne suis pas diplomate.
25:35Il y a des biens mal acquis en France par des personnalités algériennes.
25:42Ils ont fait une saison.
25:45Et puis il y a aussi des passeports qui sont distribués
25:51à toutes sortes de membres de la nomenclature algérienne
25:56pour pouvoir venir se faire soigner en France,
25:59finir les hôpitaux français.
26:01Vous allez voir que là, si on fait ça, on va changer de ton.
26:05C'est peut-être ce qu'a voulu dire le ministre de l'Intérieur.
26:09Maintenant qu'il gouverne avec M. Macron,
26:13en harmonie avec M. Macron, il va pouvoir lui glisser ça à l'oreille.
26:17La publicité Philippe de Villiers, Geoffroy Lejeune,
26:20on revient dans un instant pour la suite de Face à Philippe de Villiers.
26:28Un peu plus de 19h30 sur CNews, la suite de Face à Philippe de Villiers.
26:32Philippe de Villiers, parlons de Jean-Marie Le Pen,
26:34décédée à l'âge de 96 ans.
26:36Nombreux sont ceux qui attendent votre regard
26:39sur l'homme et l'homme politique que vous avez connu.
26:42Avant de vous poser la première question,
26:44je voulais juste qu'on voit la réaction,
26:46les premiers mots de Marine Le Pen après le décès de son père.
26:51Un âge vénérable avait pris le guerrier,
26:53mais nous avait rendu notre père.
26:55La mort est venue nous le reprendre.
26:57Beaucoup de gens qui l'aiment l'attendent là-haut.
26:59Beaucoup de gens qui l'aiment le pleurent ici-bas.
27:02Bon vent, bonne mer, papa.
27:04Philippe de Villiers, qui était Jean-Marie Le Pen ?
27:07D'abord, je trouve ce mot est très émouvant,
27:10laconique, émouvant.
27:14Qui était Jean-Marie Le Pen ?
27:16Pour vous répondre, je vais aller chercher avec vous
27:20un instant le communiqué de l'Élysée.
27:24Puisque ce communiqué lapidaire
27:29pose une question simple que chacun doit se poser.
27:37Quel jugement portera l'histoire sur Jean-Marie Le Pen ?
27:43Et on peut répondre de la manière suivante, me semble-t-il.
27:48L'histoire secondaire, celle des journalistes,
27:55qui sont dans l'instant,
27:58le caprice qui regarde la truculence,
28:01le trublillon, l'imparfait des subjonctifs,
28:04le détail, etc.
28:07L'histoire secondaire, ça insistera sur les provocations,
28:11sur les excès, sur les outrances,
28:16qui ont parasité incontestablement son parcours combattant
28:20et qui l'ont peut-être plombé.
28:23Mais pour moi, ce n'est pas l'essentiel.
28:25L'essentiel, c'est l'histoire principale,
28:27l'histoire secondaire.
28:28L'histoire principale,
28:30qui grave une vie publique dans le marbre,
28:36elle retiendra ses alertes et ses anticipations.
28:44C'est-à-dire, qu'est-ce que la parole de Jean-Marie Le Pen
28:49a apporté, a changé ?
28:51En réalité, pour en avoir été le témoin.
28:55Je peux dire que Jean-Marie Le Pen a effectué
29:01une percée conceptuelle, comme disent les spécialistes.
29:05Une percée conceptuelle.
29:07Et c'est quoi la percée conceptuelle ?
29:09Je dis ça aux plus jeunes qui n'ont pas connu cette époque,
29:12les années 80.
29:14Cette percée conceptuelle, c'est la submersion migratoire à venir.
29:20Il a dit ça dans les années 80.
29:23Alors aujourd'hui, ça paraît banal.
29:25Mais à l'époque, ça ne l'était pas.
29:27Et je vais vous le démontrer.
29:29Par le contexte, sur lequel je reviens à l'instant.
29:33La gauche suivait Mitterrand.
29:39C'était SOS Racisme, voulu par Mitterrand.
29:45C'était la Petite Main Jaune, voulu par Mitterrand.
29:49Avec ses amis, ses correspondants, que vous connaissez.
29:56Le « touche pas à mon pote », ça voulait dire
30:00« l'étranger est chez lui en France ».
30:02D'ailleurs, il a prononcé la phrase.
30:05Le multiculturalisme était, je le cite, « rédempteur ».
30:11C'était l'époque où la population étrangère
30:15qui arrivait en France était considérée par François Mitterrand,
30:19il me l'a dit un jour à Florence,
30:22comme un « lumpenproletariat substitution »,
30:25vu qu'il avait livré le monde ouvrier à la mondialisation sauvage
30:29avec son ami Jacques Delors, le démocrate chrétien, l'européiste.
30:33Et donc, il fallait un électorat de substitution.
30:35C'était bien avant Terra Nova.
30:37Et c'était l'époque où, je me souviens de la Lune de Globe
30:41que j'ai retrouvée hier dans mes affaires.
30:45La Lune de Globe, assignée par Benhamou et Bernard-Henri Lévy.
30:53Bien sûr, nous sommes cosmopolites.
30:56Bien sûr, tout ce qui est terroir,
31:00béret, bignou,
31:03franchouillard, nous est insupportable et odieux.
31:08Voilà quelle était l'ambiance dans les années 80, à gauche.
31:12La droite, elle suivait Giscard et Chirac.
31:18Qu'est-ce qu'ils ont fait ?
31:19Giscard et Chirac, dès 1974, l'avortement,
31:23avec la loi VEL, qui a 50 ans aujourd'hui,
31:27et le regroupement familial, sous la pression des patrons,
31:32qui voulaient une manœuvre pas chère,
31:34donc une immigration non plus de travail, mais de peuplement.
31:38Je résume.
31:39Dans les années 80, moi, observateur, je me disais,
31:43mais au fond, la gauche et la droite sont en train de se rejoindre.
31:47La droite et la gauche deviennent migrationnistes,
31:53pour des raisons différentes, mais on arrive au même résultat.
31:58Et en fait, j'ai souvent pensé à la phrase de Schopenhauer,
32:03qui dit ceci,
32:05« Une vérité franchit toujours trois étapes.
32:12La première étape, elle est ridiculisée.
32:17Ensuite, elle suscite une forte opposition.
32:22Et enfin, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. »
32:28Moi, j'ai connu l'époque où la droite française,
32:31cessant d'être assimilationniste et conservatrice,
32:37préférait, pour durer, pour survivre,
32:41sous le contrôle de la gauche, autoritaire, prégnante,
32:47préférait avoir tort avec Sartre que raison avec Haron.
32:53J'ai une première séquence à vous montrer, Philippe Devilliers.
32:55Nous sommes en 1989, au moment de la polémique du foulard de Creil.
32:59Jean-Marie Le Pen est invité dans l'émission « Apartheid »
33:02qui est orchestrée à l'époque par Pierre-Luc Séguillon,
33:05une émission qui fait référence à l'époque,
33:07et il va aborder la question de l'islam.
33:11Je crois que la religion islamique est une religion
33:14qui n'a jamais réussi à s'établir de façon pacifique dans un pays chrétien.
33:20L'islam vous fait peur ?
33:21Ah oui, l'islam me fait peur d'abord parce qu'il est en formidable expansion démographique.
33:26Il est en formidable expansion démographique et en formidable tension religieuse.
33:35Rien de tout cela n'est objectivement méprisable,
33:39mais c'est une force étrangère qui se constitue
33:42et qui est animée, comme les forces en expansion,
33:46d'une volonté de conquête même inconsciente.
33:51Il y a eu des centaines de milliers de musulmans en métropole,
33:54et même peut-être plus d'un million avant 1974.
33:58Ils étaient français à cette période.
34:00Ne vous étonnez-vous pas que jamais il n'y a eu de revendication de construction de mosquées ?
34:06Jamais il n'y a eu de revendication de port du voile quand il s'agissait des musulmans français ?
34:11Parce qu'ils étaient moins nombreux.
34:12Non, ces revendications sont les revendications de musulmans étrangers
34:17qui désirent maintenir et promouvoir chez nous
34:21leur forme religieuse et nationale de mode de vie.
34:29Philippe, vous avez fait de la politique pendant quelques décennies,
34:31on le rappelle souvent,
34:33et vous l'avez fait au moment où le Front National,
34:36enfin vous avez commencé la politique au moment où le Front National
34:38était en train d'éclore et où Jean-Marie Le Pen prenait son envol.
34:41Vous avez même été d'ailleurs candidat à l'élection présidentielle
34:44contre lui à deux reprises.
34:46Comment vous pouvez nous raconter, nous expliquer ce chassé-croisé
34:50avec le Front National pendant des années ?
34:57Je ne sais pas de quel chassé-croisé vous parlez,
35:00mais le chassé-croisé, c'est le chassé-croisé entre un petit parti
35:07qui affirmait sa vérité, qui était le Front National à l'époque, effectivement,
35:14et puis la droite et la gauche qui avaient pignon sur rue.
35:18Il n'y avait pas de place pour d'autres.
35:22Ou alors une toute petite place, un strapontin.
35:27Et pour répondre à votre question, je vais vous dire la chose suivante.
35:32Le chassé-croisé, si tant est qu'il a eu lieu,
35:36il a eu lieu sous les murs de Maastricht.
35:41Qu'est-ce qui s'est passé ?
35:46Avant Maastricht, 1992, vous aviez à droite deux partis.
35:52Vous aviez l'UDF et le RPR.
35:55L'UDF était, le parti de Bayrou, était un parti européiste et supranational.
36:05Ce parti voulait abandonner la souveraineté nationale.
36:10Ce qui entrait en violente contradiction avec le RPR qui, à l'époque,
36:15reprenait la phrase de De Gaulle,
36:17« Si vous voulez unir des peuples, ne les intégrez pas comme des marins,
36:21des marrons dans une purée de marrons. »
36:24C'est-à-dire, on ne veut pas du magma anational.
36:28Le RPR était encore gaulliste.
36:31À Villepinte, le RPR dit « Immigration zéro »
36:36et Juppé monte à la tribune et dit « l'islam est incompatible avec la République ».
36:41Vous voyez comme ces gens-là ont des convictions fortes et durables.
36:46Arrive Maastricht.
36:48À Maastricht, il se passe une chose extraordinaire dont je suis l'observateur.
36:54L'UDF et le RPR fusionnent dans le « oui » à Maastricht.
37:03Ce qui fait dire à Philippe Séguin « la droite et la gauche »
37:08puisque la droite officielle et la gauche officielle,
37:11on dit aujourd'hui la droite du gouvernement et la gauche du gouvernement,
37:14fusionnent dans le « oui ».
37:16Chirac et Mitterrand votent « oui » à Maastricht.
37:20C'est-à-dire le transfert de la souveraineté nationale à l'Europe, à Bruxelles.
37:26Et Séguin dit, je l'ai cité souvent mais je la recite,
37:29cette formule merveilleuse dont je soupçonne qu'elle ait été inventée par Marie-France Gareau.
37:39La droite et la gauche sont deux détaillants
37:43qui se fournissent sur le même grossiste qui tient boutique à Bruxelles.
37:49À partir de ce moment-là, à partir de 1992,
37:54qu'est-ce qui se passe ?
37:56La droite nationale n'est plus nationale.
38:02Elle est européenne.
38:04Et d'ailleurs il y a un jeu qui est tout à fait subtil à observer.
38:09L'UDF, qui n'a pas de militants, accueille les militants du RPR qui a des militants.
38:17On dit à l'époque le RPR, c'est Malraux qui a vu la formule,
38:20c'est le métro à 6 heures du soir.
38:22Donc le RPR a des militants, l'UDF n'en a pas.
38:25Et en contrepartie de cet échange, l'UDF apporte l'âme et le RPR le corps.
38:32Donc le RPR apporte ses militants, le corps, et l'UDF apporte l'âme, l'européisme.
38:38Et donc le RPR et l'UDF vont finir par fusionner, c'est normal.
38:42Il n'y a plus de différence.
38:44C'est un parti de militants et de notables européistes.
38:48Et c'est là que tout change.
38:51C'est là que s'ouvre un formidable espace.
38:54Mais ça va plus loin.
38:55C'est que la droite n'est plus nationale à partir de 1992.
39:00Elle n'est plus souverainiste.
39:02C'est qu'elle ne croit plus qu'à l'Europe pour résoudre ses problèmes.
39:08Et elle va désormais communier avec la gauche
39:15sous les deux espèces du progressisme et du mondialisme.
39:21Et enfin, il ne manquait plus que ça,
39:25elle va obéir à l'injonction de celui qui a porté la francisque,
39:33qui a été le collaborateur de Vichy, François Mitterrand,
39:38et qui, au nom de la morale publique antifasciste,
39:44donc établit le cordon sanitaire.
39:47Je sais parce qu'il m'en a parlé à Florence
39:49quand on a eu cette longue conversation sur le Ponte Vecchio.
39:51Il me dit, le cordon sanitaire, monsieur De Villiers.
39:54Ça veut dire, il blaguait parce qu'il disait,
39:58vous êtes un marginal, vous ne respectez pas le cordon sanitaire,
40:01mais eux, ils respectent le cordon sanitaire.
40:03Et tant qu'ils respecteront le cordon sanitaire, monsieur De Villiers,
40:06ils ne seront jamais au pouvoir.
40:09En d'autres termes, François Mitterrand,
40:11qui est un génie politique de la 4ème République,
40:14il a dit à la droite, vous franchissez pas le cordon sanitaire,
40:18vous respectez la morale.
40:22Et donc, il a permis ainsi au Rassemblement national de grandir,
40:27puisque il n'y avait plus qu'un parti souverainiste
40:30et conservateur représenté par Jean-Marie Le Pen.
40:34Voilà l'histoire.
40:35Dans leur communiqué, Philippe De Villiers,
40:37certains leaders de gauche dérogent à toutes les règles
40:41quant au respect de la mort d'un homme politique.
40:43Et puis, il y a eu ces scènes de liesse
40:45que le ministre de l'Intérieur a dénoncées.
40:48Je vous propose de revoir ces scènes.
40:50On était quelques heures après l'annonce du décès de Jean-Marie Le Pen,
40:53place de la République à Paris.
41:01Il est mort ! Il est mort !
41:08Marie ! Marie ! La prochaine !
41:17Philippe De Villiers, que vous inspirent ces images ?
41:21D'abord, j'ai une pensée pour les paysans.
41:24Parce qu'eux, ils n'ont pas pu rentrer à Paris,
41:27ils n'ont pas pu manifester.
41:28Donc, on laisse manifester ces gens.
41:33Ils ont la liberté de manifester.
41:36Les paysans, ils ont eu des chars, eux.
41:38Des chars d'assaut, là.
41:40Ils sont rentrés chez eux.
41:42Donc, il y a deux poids, deux mesures et ça me choque.
41:44Je pense à eux, à la coordination rurale en particulier.
41:48Sur le fond, ces images, elles sont glaçantes.
41:52C'est l'exultation haineuse.
41:57C'est la figure hideuse de la barbarie.
42:03Et un serment de guerre civile.
42:10Tous les grands historiens de toutes les civilisations,
42:14quand ils qualifient une civilisation,
42:17prennent toujours l'illustration de la mort d'un homme.
42:23Un homme qui meurt, on l'enterre.
42:28On lui fait une tombe.
42:31La crémation est une immense agression
42:34puisque du mort, il ne restera plus rien.
42:37Donc, on ne respecte plus le mort.
42:39Le mort, on l'enterre et on fleurit ses tombes.
42:41Moi, mon père m'a toujours dit,
42:42la civilisation, c'est Tancara à la Toussaint,
42:44des fleurs sur les tombes.
42:47Et là, il n'y a pas les égards dus au mort.
42:56Et en voyant ces images, je ne peux pas m'empêcher
43:00de penser à ce que j'ai un jour entendu
43:02dans la bouche de François Mauriac.
43:05Il rapportait une anecdote de Simone de Beauvoir
43:09qui racontait comment un jour, Jean-Paul Sartre
43:13est allé uriner sur la tombe de Chateaubriand
43:16au Grand Baie à Saint-Malo.
43:19Et François Mauriac disait, pour moi,
43:22c'est une date dans l'histoire littéraire
43:25qui me rappelle le canon de Valmy chez Goethe.
43:34C'est de la même importance.
43:36C'est-à-dire que désormais, on peut aller...
43:39La mixion sartrienne, dit-il, c'est l'expression,
43:43la mixion sartrienne nous fait changer d'époque.
43:46On peut aller uriner sur la tombe des gens illustres.
43:50Et le ministre de l'Intérieur a eu raison de réagir.
43:53Le ministre de l'Intérieur et les Vendéens, comme moi,
43:56ensemble, on a passé 30 ans à faire en sorte
44:04que ceux qui n'avaient pas eu de sépulture,
44:06les Vendéens martyrs, soient ensépulturés,
44:10comme on disait à l'époque.
44:13C'était la règle d'une vie, en fait.
44:19On était blancs, on était Vendéens.
44:22En face de nous, il y avait des terroristes.
44:26Et il y a 200 000 personnes qui ont été livrées
44:29aux ardeurs du soleil et des corneilles.
44:32Et donc, une grande partie de notre vie, Bruno et moi,
44:36a consisté à faire une sépulture pour les morts.
44:41Donc, ça nous touche et c'est normal
44:43qu'il ait réagi comme ça, parce qu'il faut quand même
44:45se souvenir que pendant la Révolution française,
44:47il y a eu les profonateurs des tombes,
44:49mais il y a aussi les tricoteuses, les arrangères,
44:53les poissardes de la halle qui avaient une main poissée de sang
44:56et qui riaient et qui dansaient devant l'échafaud.
44:59Voilà d'où on vient, quand même.
45:02Et voilà d'où viennent ces gens.
45:04Sauf qu'il y a le champagne, en plus, à la main.
45:08Et en fait, ces gens, il ne faut pas oublier
45:11que ce sont les mêmes qui, au moment des attentats,
45:16descendaient dans la rue.
45:19C'était la rue Poste des bougies, on a dit.
45:22Et ils disaient, vous n'aurez pas ma haine.
45:24Ils disaient ça aux terroristes.
45:26Vous n'aurez pas ma haine.
45:28Sous-entendu, on la réserve pour le peine.
45:31C'est-à-dire qu'en fait, ils ont choisi un combat
45:34qui était un mauvais combat.
45:36Pour les terroristes, vous n'aurez pas ma haine.
45:38L'accueil de l'autre.
45:40Et pour quelqu'un qui a défendu sa patrie,
45:43qui a des défauts comme tout le monde,
45:45mais qui a eu quand même l'intuition
45:47que le pays était en perdition,
45:49on sable le champagne.
45:51En fait, c'est un champagne amer pour eux.
45:54Vous savez pourquoi ?
45:55Parce qu'ils ont perdu leur raison d'être,
45:58puisque c'était leur identité.
46:00L'antilopénisme était leur identité.
46:02Maintenant, il n'y a plus rien.
46:04Il va falloir inventer un nouveau diable.
46:06Ça va être plus compliqué.
46:08En fait, pour résumer,
46:10Jean-Marie Le Pen a empli la scène politique
46:14pendant 40 ans.
46:16Il a attiré à lui une classe politique distrion
46:21qui sont venues vers lui
46:28parce qu'ils représentaient des alertes
46:31et des anticipations
46:33auxquelles il se frottait de manière contradictoire.
46:37En réalité, des histrions, il ne reste rien.
46:41Mais le visionnaire demeure.
46:43Philippe de Villiers, le moment est venu de votre apologue.
46:46Le 6 janvier 1412 naissait un bébé prometteur.
46:52Votre apologue, vous souhaitez prendre ce bébé
46:54au premier babyle, dans son berceau
46:57et le faire grandir avec nous quelques instants.
47:01Eliott Geoffroy.
47:05Le bébé, je me penche sur son berceau
47:10et je découvre que c'est une petite fille.
47:16Cet enfant est né en la fête des épiphanies,
47:20le 6 janvier 1412.
47:25Très tôt, sa mère, Isabelle Romée,
47:31lui apprend à tirer l'aiguille, comme on dit,
47:37et à chanter l'Ave Maria.
47:40A l'âge de 7-8 ans,
47:43elle est réputée comme la phileuse la plus habile de Don Rémy.
47:50Pour sa communion, son père et sa mère lui offrent un anneau
47:55en laiton plaqué or.
47:59Sur le chaton de l'anneau est inscrit Jésus Maria.
48:05Elle ne quittera pas.
48:08Elle grandit comme une fille de l'eau,
48:11une fille des champs,
48:14entre la meuse et le soleil,
48:17dans la vallée des couleurs de vos couleurs.
48:21Elle court dans les prés sans trop s'éloigner.
48:25Pourquoi ?
48:27Parce que les temps sont troublés,
48:29le désordre est partout, l'insécurité.
48:32Le pays est livré à la roberie, à la déroberie,
48:38aux bandes de pillards et d'écorcheurs.
48:44C'est si vrai que le père, un soir, rassemble la famille devant l'âtre.
48:51Elle file sa quenouille dans un coin et elle écoute.
48:54Le père a la voix grave.
48:57« Mes chers enfants, j'arrive de vos couleurs.
49:03J'ai rencontré longuement le capitaine de Baudricourt.
49:08Il m'a fait part de ses accablements.
49:14C'est peut-être la fin.
49:18Sans doute la fin.
49:20La fin ? La fin de quoi ? »
49:24Se lève, explose.
49:26« Jacquemin, le frère aîné de la petite bergère.
49:30La fin de quoi ? »
49:33Chacun a compris.
49:36Le père répond.
49:38« La fin de cette pauvre France humiliée, déjetée.
49:48Il n'y a plus que le rocher Saint-Michel-aux-Monts qui résiste aux Anglais.
49:53Ils sont partout.
49:55Mes enfants, nous devons tous ensemble nous préparer au pire.
50:01Et le pire, c'est que nous allons devenir une province étrangère.
50:07Une province étrangère.
50:10Alors Jacquemin, le frère aîné, reprend.
50:14« Père, que fait le roi ?
50:21Mon fils, il n'y a plus de roi.
50:25Ou plutôt, il y en a trois.
50:28Il y a le roi des Anglais.
50:31Il y a le roi des Bourguignons.
50:34Il y a le roi du Bourges.
50:37Le Dauphin.
50:40Et la reine Isabeau, que fait-elle ?
50:44Que dit-elle ?
50:46La reine Isabeau, elle a déshérité son fils, le Dauphin.
50:52Elle a signé le sinistre traité de Troyes.
51:01C'est un traité qui transfère la souveraineté.
51:04Mes enfants, un pays qui n'est plus souverain
51:08perd toute forme de protection.
51:11Sachez-le.
51:14Et les gens d'importance, que disent-ils ?
51:19Que font-ils ?
51:21Les gens d'importance, ils commercent avec l'occupant.
51:25On les appelle partout, écoutez.
51:28Des Français reniés.
51:32Il n'y a plus, mes enfants, de conscience nationale.
51:36Peut-être un jour, mais ça sera sans doute trop tard,
51:41quelqu'un se dressera et qui osera relever le monde du péché de Völlerich.
51:52Alors la petite fille, qu'on appelle Jeannette,
51:57lâche sa quenouille.
52:00Elle rejoint sa chambre pour une nuit d'insomnie.
52:05Le lendemain, elle est éblouie près de l'église par une lumière étincelante
52:11et elle entend une voix qui murmure
52:16« Va, va, fille de feu, va, fille de France, va, fille au grand cœur. »
52:27Alors elle se retourne, elle part à l'écurie,
52:33elle embrasse son anneau,
52:36elle scelle son cheval
52:40et elle part pour sa mission.
52:45C'est la chevauchée.
52:47Elle traverse la France.
52:50Elle s'appelle Jeanne.
52:53Et pour l'histoire, elle sera Jeanne d'Arc.
52:59– Merci Philippe Devilliers.
53:01C'était un retour en fanfare, une première de l'année.
53:04En fanfare, on se retrouve évidemment vendredi prochain.
53:07Le traité de Troyes, j'ai eu peur à un moment quand vous avez parlé,
53:10j'ai cru que vous étiez français.
53:13– J'ai commis un lapsus.
53:15– Je me suis demandé de quel traité ?
53:18– Je me suis demandé en commettant le lapsus,
53:21si ce lapsus était volontaire.
53:24– Merci Geoffroy Lejeune, c'était un plaisir d'être avec vous deux.
53:27On se retrouve dans un instant pour l'heure des pro 2.
53:30À tout de suite.