• il y a 7 mois
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00Quasiment 19h sur CNews, ravi de vous retrouver pour face à Philippe Devilliers, cher Philippe,
00:06bonsoir.
00:07Bonsoir Eliott, bonsoir Geoffroy.
00:08Je le dis aux téléspectateurs, nous sommes en direct parce qu'il y en a qui sont en
00:11week-end prolongé, mais nous on bosse, on travaille le vendredi.
00:16J'ai une petite surprise pour vous, j'ai un informateur bien informé.
00:20Est-ce que vous vous souvenez de vos vacances quand vous étiez enfant ?
00:24Pardon ?
00:25De vos vacances quand vous étiez enfant ?
00:27Bah oui, évidemment.
00:30Vous vous souvenez par exemple où vous alliez à la plage par exemple ?
00:33Oui.
00:34Ah bon ?
00:35Oui.
00:36Regardez cette photo.
00:40Comment vous avez récupéré ça ?
00:42J'ai dit que j'avais un informateur bien informé.
00:45Et là on est à Rote-et-Neuf sur la plage du Val.
00:47Exactement, près de Saint-Malo.
00:49À côté de Saint-Malo, Paramé, Le Havre, etc.
00:52Et vous êtes avec votre frère Bertrand.
00:54Avec Bertrand, le fameux Bertrand, que je cite souvent.
00:58On est en juillet.
01:00Alors mon informateur bien informé me dit que c'est en juillet 1954 ou 1955.
01:06Elle est belle cette photo ?
01:07Oui, elle est très belle.
01:10Et en fait, j'ai laissé une partie de mon cœur dans ce pays d'enfance qui est le pays de Châteaubriand.
01:20Quand on était petits et qu'on était sages, nos parents nous emmenaient en fin de séjour au bout d'un mois.
01:30On passait un mois là-bas.
01:32D'ailleurs on m'a inscrit au club de Mickey.
01:35Vous voyez comment j'ai commencé.
01:37Et à la fin on nous disait on va vous faire visiter une chose extraordinaire.
01:41C'était Quicquangue.
01:43C'était une sorte de musée de cire vivant dans une tour à Saint-Malo, dans le pourtour de Saint-Malo.
01:53Et je trouvais ça extraordinaire.
01:57Et plus tard je l'ai emmené à mes enfants après avoir fait le Puy-du-Fou.
02:04Et ils ont éclaté de rire en disant papa c'est ça ta référence ?
02:09Donc quoi, quand on voit les choses avec les yeux de l'enfance, quand on est adulte c'est plus du tout la même chose.
02:17Voilà pour la petite surprise, pour commencer cette émission.
02:20Et nous saluons cet informateur bien informé.
02:24Je t'airrai le nom.
02:26Avançons et commençons cette émission par une artiste, Philippe Devilliers.
02:30Elle s'appelle Eden Golan.
02:32Elle a 20 ans.
02:33Elle représente Israël à l'Eurovision et sa chanson est un hommage aux victimes du 7 octobre.
02:37Cette jeunesse présente au festival pour la paix.
02:40Sa participation à l'Eurovision en Suède se fait non sans difficulté.
02:45Elle est sous protection rapprochée, interdite de quitter sa chambre d'hôtel si ce n'est pour aller chanter.
02:50Ils veulent la faire taire, des politiques appellent à son exclusion.
02:54Elle a chanté jeudi et s'est qualifiée pour la finale de l'Eurovision.
02:57Regardez cette séquence.
03:07Les gens s'éloignent, mais ils ne disent jamais au revoir.
03:12Quelqu'un a volé la lumière ce soir.
03:16Tout est noir et blanc.
03:18Qui est le fou qui t'a dit, les gars, ne pleurez pas ?
03:23Heures et heures et pouvoirs.
03:26La vie n'est pas un jeu, mais c'est des heures.
03:29Pourquoi ?
03:31Le temps passe.
03:32Pourquoi ?
03:34Chauffroi Lejeune, vous avez une question pour Philippe Devilliers.
03:45Cette polémique sur l'Eurovision n'est pas habituelle en réalité.
03:48Ça n'arrive pas tous les ans que ce concours fasse autant polémique.
03:53Selon vous, qu'est-ce qu'il s'est passé cette année de particulier ?
03:59Je pense que c'est un signe des temps.
04:03Pour deux raisons.
04:06D'abord parce qu'il fut un temps où il y avait,
04:12sous la forme d'une sorte d'extraterritorialité juridique et géographique,
04:23des espaces neutres, espaces culturels, espaces sportifs,
04:30qui échappaient à la politique, qui échappaient au conflit,
04:33au règlement de compte, à la guerre.
04:36Il y avait les Jeux Olympiques, il y avait l'Eurovision.
04:40Et voilà qu'en quelques semaines,
04:45il y a une double défaillance de ces espaces neutres.
04:50Le premier qui a commencé, c'est le CIO,
04:53qui a décidé de dire aux athlètes russes
04:59vous pouvez courir, vous pouvez concourir,
05:02mais sous une bannière neutre,
05:05qui ne sera plus la bannière de votre nation.
05:08Ils ont même confectionné un hymne.
05:11Le CIO, un hymne neutre.
05:16Ça veut dire que les athlètes russes vont concourir
05:21en étant dénationalisés.
05:25Bon, personne ne dit rien là-dessus.
05:28Et quand Macron a réclamé une trêve olympique,
05:33on aurait pu faire la trêve olympique,
05:35puisque l'Olympie, c'est justement l'idée de surplomber les conflits et la guerre.
05:41Et voilà que ce précédent, créé par le malheureux CIO,
05:47Centre international olympique,
05:50Comité international olympique,
05:53a créé une jurisprudence à Malmeux.
05:57Avec cette jeune chanteuse talentueuse,
06:01à qui finalement on reproche ce qui se passe entre Israël et Gaza.
06:07C'est quelque chose de primitif.
06:10Quand on reproche à quelqu'un le fait ou la faute de son état d'appartenance.
06:18Et la deuxième chose,
06:21quand on a vécu longtemps et qu'on a vécu intensément,
06:25comme c'est mon cas,
06:27les événements, les perceptions,
06:30les admirations successives des hommes politiques,
06:34et qu'on prend du recul et de la hauteur,
06:37on se dit que la misère humaine est grande.
06:41Surtout quand elle se loge dans les vanités.
06:45Il fut un temps où, pour la droite et pour la gauche française,
06:50la Suède était un modèle.
06:53C'était le modèle de la social-démocratie.
06:56C'était l'accomplissement final.
06:58Et c'était un modèle de société multiculturelle.
07:01Je me souviens qu'on disait même,
07:04la Suède, le Liban de la Baltique.
07:08Or, qu'est-ce qui s'est passé ?
07:11La Suède a cru à l'immigration invasive.
07:15Elle en a fait un atout.
07:17Aujourd'hui, il y a 2 millions d'étrangers sur 10 millions de Suédois.
07:21Elle est prise au piège de l'immigration invasive.
07:25Et elle a cru aussi à la société multiculturelle.
07:30Elle a favorisé l'islamisation de la Suède.
07:34Et elle a pensé que la jonction entre l'islamisation et le wauquisme
07:41allait être porteur des plus beaux fruits.
07:44Et c'est ainsi qu'on retrouve sur les images,
07:47parmi les gens qui sifflent la chanteuse,
07:52Greta Thunberg,
07:55qui accuse Israël de réchauffer la planète.
07:59Greta Thunberg, c'est la Jeanne d'Arc
08:02qui entend les voix de la couche d'ozone.
08:05Elle est là, qu'est-ce qu'elle fait là ?
08:07Voilà, ils sont tous là, en fait.
08:09Et donc, il faut qu'on en finisse avec l'antisémitisme.
08:17Il faut nommer les choses, pour ne pas ajouter au malheur du monde.
08:22Il faut en finir avec l'idéologie décoloniale
08:28et tous ces postes climatiques
08:31qui sont en train de faire le bonheur des Chinois et des Américains
08:34avec le pacte E.R.
08:36et qui sont en train de plomber la croissance française.
08:39Philippe de Villiers, vous avez parlé des Jeux Olympiques.
08:41Parlons-en à présent pour notre second sujet,
08:44notre deuxième sujet, pardonnez-moi, Le Monde.
08:46Attendait Zinedine Zidane pour allumer
08:50le premier chauteron des Jeux Olympiques sur le sol français.
08:53C'est finalement un prince, le prince de Marseille,
08:56Djoul, rappeur, qui s'est chargé d'embraser le vieux port.
09:01Et ça a fait plaisir à Gabriel Attal, le ministre de l'Intérieur.
09:07Alors, sortez le dico parce que...
09:09Le premier ministre, pardonnez-moi.
09:11Premier ministre Gabriel Attal, regardez le JC, le S.
09:14La flamme est arrivée, que la fête commence.
09:17Emmanuel Macron était présent également ce mercredi.
09:20Il a rappelé à plusieurs reprises combien nous devions être fiers
09:23d'accueillir ces Jeux Olympiques.
09:24La fierté, la fierté, la fierté, la fierté, on l'écoute.
09:27La flamme est là, les Jeux Olympiques et Paralympiques sont là
09:30dans la vie du pays, dans la vie de la France, on peut être fier.
09:33C'est la fête des Françaises et des Français.
09:35Je veux qu'ils en soient fiers.
09:36Je veux que nos compatriotes se représentent,
09:38que c'est un moment d'unité et qu'on en est capable
09:41et qu'on peut en être fiers.
09:43On fait ce qu'il y a de plus beau au monde.
09:45Et ça, on doit être fiers.
09:47C'est derrière un travail immense qui a été fait
09:50par des milliers de professionnels, de bénévoles.
09:53Et je veux vraiment que ce soient des millions de Français
09:56ce soir qui puissent être fiers de cela.
09:58Geoffroy Lejeune.
09:59Philippe, vous n'êtes pas le dernier à savoir organiser
10:02ce genre d'événements, ce genre de grands événements.
10:04Qu'est-ce que vous avez pensé de l'accueil de la flamme à Marseille ?
10:09Alors, d'abord, je voudrais commenter ce qu'on vient d'entendre,
10:13de te voir.
10:14On a vu le ministre de l'Éducation nationale.
10:18Le J, c'est le S.
10:21C'est lui qui devait réformer l'éducation nationale, c'est ça ?
10:24Et il a été récompensé, il est le premier ministre.
10:27Ça, c'est la classe.
10:29Le J, c'est le S.
10:30Le S, c'est le sang.
10:32Le J, c'est Jude.
10:35Et je vais vous dire, je suis décontenancé.
10:40Et j'ai mal à ma Provence que j'aime,
10:43à mon pastis de Marseille que je prends tous les soirs.
10:46Avec modération.
10:47Et donc, je vais vous dire ce que j'ai pensé.
10:49Alors, d'abord, on vient de voir le Président.
10:55Les insiduités pré-olympiques du Président Discobol
11:05et son adjuration « Réjouissez-vous, les Jeux arrivent »
11:11méritent une lecture subliminale de l'opération
11:17que je me propose de faire devant vous.
11:20D'abord, on voit bien qu'il s'agit d'un divertissement au sens pascalien,
11:24des tournements d'attention, une diversion
11:27pour ne pas voir nos faillites, nos misères.
11:31C'est une manière de ne pas entendre le cri des ventres creux.
11:36C'est vieux comme le monde.
11:40Illuminer le forum avec des feuilles grégeoises et des girandoles
11:46pour distraire le peuple descendant.
11:49C'est vieux comme le monde romain.
11:52Je ne sais pas si vous connaissez le mot de Juvénal,
11:55qui a été d'ailleurs repris par Saint-Ignan.
12:02Ce peuple, aujourd'hui déchu,
12:06qui jadis distribuait le pouvoir, les faisceaux, les légions,
12:12n'a plus que deux choses au monde à proposer
12:16et à souhaiter, du pain et des jeux.
12:21Et il répond en fait à ce que disait Sénèque.
12:25La phrase de Sénèque, elle est simple.
12:28De bouillie plutôt que de pain, les Romains longtemps vécurent.
12:34Traduction littérale.
12:37Donc Panem et Kerkenses.
12:43Mais derrière le divertissement,
12:48il y a autre chose que Mathieu Bocoté a analysé hier d'une manière magistrale.
12:55Il y a un précipité caillebotteux
13:00pour une France revisitée par le paradis diversitaire.
13:05Et ça a commencé hier.
13:09Hier, moi, j'aurais attendu la France éternelle, comme thème.
13:14La Provence éternelle.
13:16La Provence des cigales et de la lavande,
13:19toutes les senteurs qui nous ennivent quand on va là-bas.
13:24La Provence de Pagnol, de Mistral.
13:27Et au lieu d'avoir Marius et Fanny, on a eu Juge.
13:32Alors, quand j'ai vu ça, je me suis tourné vers mes petits-fils.
13:40Et je leur ai dit, est-ce que vous connaissez Juge ?
13:42Ils m'ont dit, ah bah oui, très bien.
13:45Et alors, ils m'ont montré la chanson Bande organisée.
13:54Et là, en écoutant la chanson, je me suis dit, mais c'est pas possible.
13:57Macron, il était à Marseille contre la drogue il n'y a pas longtemps.
14:03XXL, ils n'ont plus jamais ça.
14:07Et là, ils connaissent Juge.
14:09Parce que moi, depuis hier, je connais Juge.
14:11Parce que la chanson Bande organisée,
14:13c'est l'histoire des flics et des dealers qui se courent après.
14:17Donc, je serais policier marseillais aujourd'hui,
14:20je me dirais, ils n'ont pas été foutus d'aller chercher Zidane.
14:25Et ils mettent Juge, c'est un signe, c'est un signe des temps.
14:30Et ce que je veux vous dire, c'est que, en fait, c'est le début de l'opération.
14:38Parce que, quand la promenade de la flamme va arriver à Paris,
14:43devant le Sacré-Cœur, vous allez avoir un ballet de drag queens.
14:49Et, voilà, l'élégance française.
14:53Ensuite, vous avez le massacre de la langue française.
14:56Parce que, je suis désolé pour Aya Nakamura.
14:58Je l'ai vue l'autre jour à dîner avec Brigitte.
15:05Et elle est certainement très sympathique et volumineuse par son talent.
15:10Mais Yaya, il n'y a pas moyen, Yaya, Dja Dja, Dja Dja, pardon.
15:18Mais qu'est-ce que c'est, c'est des barbarismes.
15:21Donc, il faut qu'ils arrêtent toutes nos élites dirigeantes.
15:25Il faut qu'elles arrêtent.
15:26En fait, qu'est-ce qu'elles cherchent à faire, nos élites dirigeantes ?
15:29À nous couper de nos rêves, à nous couper de nos anciens,
15:31à nous couper de nos pères, à nous couper les rêves de nos pères.
15:35À inventer une nouvelle France qui ne peut rien avoir
15:39avec la substance française qui fait la fierté du monde.
15:43La France est regardée comme le miroir du monde,
15:45comme le miroir du beau dans le monde, comme le mystère du monde.
15:48Et voilà qu'on nous propose Dja Dja et Djudge.
15:54Non, moi je dis ça.
15:55Alors en plus, la gastronomie, avec la véganisation,
15:58il n'y aura plus de viande, etc.
16:00Mathieu a analysé ça merveilleusement hier.
16:03Et donc en fait, moi, ce que je dis, c'est la chose suivante.
16:06En espérant qu'il m'écoute, Emmanuel Macron laissera derrière lui
16:12un champ de ruines fumantes.
16:15Je crois.
16:16Ma question, c'est, vous avez écrit un livre pendant la fin du confinement
16:21ou juste après le confinement lié au Covid en 2020,
16:25sur ce qu'on a appelé à l'époque le Great Reset,
16:28c'est-à-dire l'occasion de réinitialiser l'humanité
16:32et de basculer sur une autre humanité.
16:34Le QR code, la surveillance généralisée, le masque, etc.
16:38Mathieu, sa chronique que j'ai écoutée hier,
16:40il appelait ça le Great Reset, justement, à l'occasion des Jeux olympiques.
16:43Vous pensez que c'est un laboratoire aussi important
16:46pour nous obliger à nous adapter de manière aussi spectaculaire à autre chose ?
16:51Non, mais c'est génialement fait parce que c'est une greffe.
16:55Donc, on va traverser la France.
16:57La flamme va s'arrêter au Puy-du-Fou, etc.
16:59On traverse la vieille France et on greffe sur la vieille France
17:03avec des petits signes envoyés à la jeunesse
17:07d'une autre France qui n'a peut rien à voir.
17:10Et Mathieu a raison de parler d'une réinitialisation.
17:15C'est-à-dire que les Jeux olympiques sont l'occasion, une fois de plus,
17:19de changer de société, de changer la société.
17:26Moi, qui ai des amis dans la variété, je pensais à Didier Barbolivien.
17:32Il doit nous regarder parce qu'il nous regarde tout le temps.
17:34Il devait s'arracher les derniers cheveux, Didier.
17:40Moi, j'ai vécu avec un transistor avec mon frère, le fameux Bertrand.
17:45On écoutait Alain Barrière, ça avait une autre allure.
17:49Gérard Lenormand et Édith Piaf.
17:55Alors qu'ils ont qu'à nous la mettre, la vraie Édith Piaf, en hologramme.
17:59Mais il y avait de la tenue.
18:02Tout avait de la tenue.
18:03La France de Pompidou avait de la tenue.
18:06Là, on est dans la démagogie pour aller chercher cette jeunesse
18:12qu'on n'est pas capable de former, d'élever, d'élever, d'élever.
18:18Philippe Devilliers, c'est Jul.
18:27Philippe a fait une cool réaction de Dja Dja et de Jul.
18:32Le D, c'est le S.
18:34Ce soir, avant de vous endormir, faites-moi plaisir.
18:38Regardez les paroles de la chanson.
18:40Je peux vous les envoyer si vous voulez.
18:42De la chanson Bande organisée.
18:44Je la connais, cette chanson.
18:46Mais c'est une question de génération aussi.
18:48Vous avez vu ce qu'ils disent sur la drogue, les flics, tout ça.
18:54La mort, c'est morbide.
18:59Tout le monde s'écrase.
19:02Le pays s'effondre sur lui-même.
19:04C'est la jeunesse, que voulez-vous, c'est la jeunesse.
19:09Et ce pauvre Premier ministre qui court après tout ce qui bouge.
19:13On peut aimer les affranchis de Scorsese
19:16sans pour autant épouser le rêve de finir mafieux.
19:20La France, elle peut succomber au jeunisme et au communautarisme.
19:24Là, on a un Premier ministre qui succombe au jeunisme
19:26parce que son tweet, ça n'a aucun sens.
19:29Et le communautariste, c'est Macron.
19:31Alors ils forment un couple, si l'on peut dire.
19:36– Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas vu aussi en colère,
19:38Philippe de Villiers.
19:39– Non, je suis dans la dérision là.
19:41– Mais oui, je sais.
19:43– Je sais ce que c'est que faire venir du monde avec des choses belles.
19:46– Autre sujet bien plus important, la disparition, Philippe de Villiers,
19:51on change complètement de sujet, de Bernard Pivot.
19:53Homme de lettres.
19:55Il s'est éteint à 89 ans.
19:57Tout au long de sa carrière, il a donné envie justement aux Français
20:00de se plonger dans la lecture.
20:02Et vous aviez été l'invité d'une de ses émissions.
20:05Apostrophe.
20:06On est en juillet 1989.
20:09Le thème, c'est « Demain, on prend la Bastille ».
20:12Trouvez cet archive.
20:14Tout un débat sur la manière dont on était célébrés à l'époque,
20:18donc en 89, le bicentenaire de la Révolution française.
20:21Et écoutez attentivement cette séquence qui fait plus de trois minutes,
20:24mais qui est absolument passionnante,
20:26parce que cette séquence n'est pas sans rappeler
20:29notre thème précédent des Jeux olympiques.
20:32Regardez, on est donc en 89.
20:34Bernard Pivot vous interroge.
20:37– Alors Philippe de Villiers, le titre déjà dit
20:40« Lettre ouverte aux coupeurs de tête, aux menteurs du bicentenaire ».
20:43Là, ce n'est plus de la colère, c'est de la fureur presque.
20:46– Non, pas du tout.
20:48Non, simplement, je crois que nous pourrions,
20:52parce qu'il n'est pas trop tard, l'année 89 n'est pas finie,
20:57faire tous ensemble un bicentenaire de fierté
21:01au sens de la Déclaration des droits de l'Homme,
21:03qui est un texte augural qui a fait le tour du monde
21:06et qui est le lègue que les jeunes générations,
21:09les unes après les autres, laissent à l'humanité.
21:14Et aussi un bicentenaire de vérité.
21:17Et c'est cet aspect-là qui manque aujourd'hui dans le bicentenaire,
21:21celui qui l'est organisé.
21:22J'ai entendu O.A. la guillotine sur un portique forain.
21:26On chantait, deux gosses de 14 ans, la guillotine.
21:29Et puis après, j'ai regardé, à 15h30, il y avait un spectacle cet après-midi,
21:33donné devant des classes, qui étaient intitulés
21:36« Un bienfaiteur de l'humanité. Monsieur Guillotin, l'inventeur de la guillotine.
21:41Bonjour la terreur ».
21:43Ce que je veux dire par là, c'est qu'on peut faire la fête.
21:46Moi, j'adore la fête.
21:48Même si la fête sur commande, la fête officielle, est toujours un peu compliquée.
21:52Mais à condition que ce soit la fête du peuple,
21:55de tout le peuple et de toute la vérité.
21:58Or, ce bicentenaire, il est sélectif et il est passéiste.
22:01Pourquoi, au lieu de dépenser 60 milliards de centimes,
22:06vos 300 millions de francs, vos 30 milliards,
22:10plus les autres qui sont dissimulés dans tous les budgets…
22:12– Les 60 millions et 30 milliards ?
22:15– Non, je parle volontairement en centimes.
22:1830 milliards de centimes, plus 30 milliards de centimes
22:22pour accueillir les chefs d'État.
22:24Ça fait 60 milliards de centimes. 61 milliards, exactement.
22:27C'est-à-dire le budget des fêtes, le budget de la réception des chefs d'État,
22:30de tous les princes de la planète.
22:32Moi, ce qui me choque beaucoup, c'est que durant ces fêtes,
22:35le peuple de Paris va se voir interdire les rues de Paris.
22:38La liberté d'aller et venir dans les rues
22:41va être interdite aux Parisiens, au peuple de Paris,
22:44alors que sur toutes les terrasses, à l'hôtel Criant, à l'hôtel de la Marine,
22:49se presseront les princes de la planète.
22:52Et c'est un peu dommage parce qu'on aurait pu symboliquement,
22:55avec très peu d'argent, accueillir 10 étudiants chinois
22:59rescapés de la pression allemande, 10 étudiants libanais
23:02rescapés de la barbarie syrienne, 10 étudiants algériens, etc.
23:06Et on aurait donné à ces étudiants un petit chèque, bien sûr.
23:10Et des étudiants d'Afrique du Sud, des étudiants du Sénégal,
23:14victimes de la misère, victimes de la faim.
23:17Vous savez, avec 60 milliards de centimes
23:20ou 600 millions de francs, pour parler comme vous souhaitez parler,
23:24peu importe, vous savez ce qu'on peut faire ?
23:27On peut sauver 120 millions de petits-enfants
23:32qui, actuellement, se trouvent dans la famine et la misère.
23:35Et on pourrait sauver, tenez-vous bien, 300 000 « bad people ».
23:39– Vous ne croyez pas que vous poussez un peu, là ?
23:41– Je fais ça bien.
23:42– Parce que quand même que ce soit vous qui passiez pour le défenseur
23:45des couches populaires quand on est le comte de Villiers
23:47et qu'on est l'héritier des chefs de la chauvinerie,
23:49c'est un peu excessif.
23:50– M. Mazurik, que vous soyez communiste, c'est votre droit le plus strict.
23:53– Ça n'a rien à voir avec ça.
23:55– Non, simplement ce que je dis, c'est que vos méthodes,
23:57vous commencez très fort, les méthodes de la terreur
23:59sont encore des méthodes d'aujourd'hui.
24:01Et c'est pourquoi je souhaite qu'on apprenne à l'école
24:04les mécanismes de la machine infernale de la terreur
24:07parce que ce sont les mêmes mécanismes qui servent à exclure.
24:11– Extraordinaire.
24:13Et c'était il y a quasiment 40 ans.
24:16Et donc c'est parfaitement dans le thème des JO.
24:19– Ah mais ça n'a pas vieilli.
24:21– Vous n'êtes pas parti en vacances avec M. Mazurik, l'historien ?
24:25– Non.
24:26– Non.
24:27La publicité, on revient dans un instant
24:29et on va faire quelque chose qu'on n'a jamais fait.
24:31Je vais peut-être donner même la feuille à Geoffroy.
24:35On va, parce que Bernard Pivot, dans son émission Bouillon de culture,
24:38il a revisité, vous savez, le questionnaire de Proust
24:41en posant 10 questions.
24:42On vous posera les 10 questions juste après la publicité justement.
24:45À tout de suite.
24:4919h30 sur CNews, on poursuit face à Philippe de Villiers
24:52avec Philippe, bien sûr, et Geoffroy Lejeune.
24:54Juste avant la publicité, cher Philippe,
24:57nous étions en train de revoir une séquence
25:00de lorsque vous étiez l'invité de Bernard Pivot
25:03qui est décédé cette semaine à l'âge de 89 ans.
25:06C'était dans cette émission Apostrophe.
25:09Demain, on prend la Bastille.
25:11Peut-être avant de faire ce fameux questionnaire de Bernard Pivot,
25:15le questionnaire mythique.
25:17Vous l'avez connu ?
25:19Quel message vous souhaitez adresser à ses proches ?
25:26– D'abord, c'est une grande perte pour la télévision.
25:32Il est mort au moment où on annonce la fin des chiffres et des lettres.
25:38Grande émission d'élitisme populaire.
25:42C'est tout un symbole en fait.
25:44Et en fait, pourquoi Apostrophe, ça ne marcherait plus aujourd'hui ?
25:47Parce qu'il n'y a plus de lecteur.
25:51C'est ça le drame.
25:53Et en fait, lui, un jour il m'a dit,
25:57moi ce que j'essaye de faire,
25:59c'est le café Procope dans le café du commerce.
26:03C'était ça qu'il faisait.
26:05Il avait la goye, il avait la verve et l'esprit de Guinness.
26:09On pourrait dire autrement qu'il a facilité le passage de chacun d'entre nous,
26:16du lagarde des Michards à l'encre sèche
26:20et au regard absent des grands écrivains français,
26:27à la fresque vivante de l'imparfait du subjonctif.
26:35Et ça, c'est extraordinaire.
26:37Parce que quand vous pensez que, c'est un rêve pour nous d'ailleurs,
26:41que les gens disent, ah non, vendredi soir, j'ai pas de dîner,
26:45je regarde Bernard Pivot, c'était ça.
26:48Et donc, moi je peux vous dire que mon premier passage chez Bernard Pivot,
26:52sur mon livre, qui était mon premier livre,
26:55on avait pris un café avant, il m'a dit, je vous préviens,
26:58Philippe, je vous mets du costaud.
27:00Et le lendemain, je reçois un coup de téléphone de Catherine Ney,
27:04qui était l'éditorialiste la plus connue, la plus célèbre, la plus huppée.
27:11– Elle l'est encore d'ailleurs.
27:13– Elle est restée avec sa plume asserrée, une grande dame écoutée.
27:21Et, allô Philippe, oui, vous avez crevé l'écran.
27:25– Quoi ?
27:26– Oui, vous avez crevé l'écran.
27:27C'est la première fois qu'on me dit ça.
27:29– On fait le questionnaire ?
27:33Geoffroy Lejeune, c'est à vous pour le questionnaire de Bernard Pivot.
27:37– Je sens qu'on va rigoler un peu.
27:39Votre mot préféré ?
27:43– Le mystère, parce qu'il borne nos vanités.
27:49– Le mot que vous détestez ?
27:55– En même temps.
27:59– Votre drogue favorite ?
28:02– Le pastis de Marseille.
28:05– Le son ou le bruit que vous aimez ?
28:11– Le bourdon de Notre-Dame.
28:14– Et le son que vous détestez ?
28:17– Le bruit de fond de France Inter.
28:22– Là, on va s'amuser un peu.
28:24Votre juron, gros mot ou blasphème favori ?
28:28– Morts aux cons et à ceux qui les subventionnent.
28:33– Homme ou femme pour illustrer un nouveau billet de banque ?
28:38– Colombe, pour qu'elle puisse faire un don au resto du cœur.
28:44– Le métier que vous n'auriez pas aimé faire ?
28:46– Commissaire européen.
28:48– Il y a aussi militaire, je pense.
28:50En fait, tout ce qui a un rapport avec l'autorité, je pense que Philippe, ça n'aurait pas marché.
28:53La plante, l'arbre ou l'animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ?
29:02– La chouette de Minerve, parce que, d'après Hegel,
29:08c'est elle qui prend son envol au début du crépuscule,
29:18comme pour nous prévenir qu'il va faire sombre.
29:24– Et si Dieu existe, ou plutôt parce que Dieu existe,
29:26qu'aimeriez-vous, après votre mort, l'entendre vous dire ?
29:32– Bon, maintenant, tu la fermes, c'est moi qui parle.
29:34– Autre sujet, Philippe de Villiers, autre fait majeur dans l'actualité cette semaine,
29:41c'était la visite du président chinois Xi Jinping, visite d'État,
29:45avec un premier passage par Paris avant d'aller dans les Pyrénées.
29:49Et une image a marqué bon nombre de Français et de commentateurs,
29:54c'est cette table à l'Élysée avec Emmanuel Macron,
29:57et d'un côté le chef d'État chinois, et de l'autre Ursula von der Leyen,
30:02présidente de la Commission européenne.
30:05Est-ce que vous avez été, avant d'aller dans le fond du dossier,
30:08surpris par cette réunion à Troyes ?
30:12– Non, je n'ai pas été surpris parce que j'ai subodoré
30:16que le président de la République voulait parler avec le président de la Chine
30:24du déséquilibre de la balance commerciale,
30:27puisqu'on est à moins 46 milliards d'euros.
30:30Mais le problème, c'est qu'il ne peut plus parler avec le président chinois tout seul,
30:38parce que toutes nos compétences, les agriculteurs le savent,
30:42mais peu de Français, qui ne sont pas des paysans, le savent.
30:47Mais là, ils l'ont découvert.
30:49Toutes nos compétences en matière de souveraineté commerciale
30:52sont passées par application des traités successifs à Bruxelles.
30:57Et donc, le président de la République française est dans la situation suivante
31:03de la double soumission.
31:05Quand il veut parler de questions militaires et de questions diplomatiques,
31:13il en réfère à l'OTAN.
31:16Et quand il veut parler de questions commerciales,
31:19il en réfère à l'Union européenne, CQFD.
31:24Emmanuel Macron, Philippe de Villiers, a-t-il eu raison de recevoir Xi Jinping ?
31:29Oui, il a eu raison, parce que c'est le 60e anniversaire
31:33du rétablissement des relations diplomatiques.
31:37Moi, j'ai vécu cette période, je me souviens très très bien.
31:42Et le premier souvenir qui me revient, c'est Sciences Po, le grand oral,
31:47avec monsieur Denois de Saint-Marc, je me souviens très bien, un homme éminent.
31:51Et la question qu'il me pose, c'est quand la Chine s'éveillera.
31:55Pourquoi ? Parce que dans l'année est paru un livre d'Alain Perfit, l'académicien,
32:01un best-seller qui fait le tour du monde, qui s'appelle « Quand la Chine s'éveillera ».
32:07Et en fait, on a dit plus tard que le titre avait été puisé dans une phrase de Napoléon,
32:12« Laissez dormir la Chine, quand elle se réveillera, le monde tremblera ».
32:19Eh bien, nous y sommes.
32:21Et en fait, là, Emmanuel Macron connaît le double déséquilibre abyssal
32:28entre nos deux pays, d'abord sur le plan géopolitique.
32:36En 1964, quand on a rétabli les relations diplomatiques, la France était un grand pays,
32:42la France était une puissance mondiale, la France était une puissance indépendante
32:48et qui est sortie de l'OTAN en 1966, deux ans après.
32:52Et en réalité, parce qu'elle était une puissance indépendante,
32:55le monde entier regardait la France et notamment tous les pays
32:59qui étaient présents à la conférence de Bandung en 1955,
33:03la conférence du neutralisme, du non-alignement.
33:06Tous les pays non-alignés qui ne voulaient pas dépendre du bloc américain ou du bloc soviétique
33:11se tournaient vers la France.
33:13Donc la France pesait beaucoup plus que sa population ou son PIB.
33:20Là, aujourd'hui, la France est devenue dans l'Europe ventre mou du monde,
33:27le ventre mou de l'Europe.
33:30Et comme je le disais à l'instant, c'est une nation soumise.
33:34Elle est en Ukraine un des proxys des Américains, pour parler comme Brzezinski.
33:43Et vis-à-vis de l'Union européenne, elle a perdu ce que les constitutionnalistes appellent
33:49la compétence de la compétence.
33:52Pendant ce temps-là, la Chine, qui en 1964 était une puissance régionale isolée asiatique,
34:01est devenue aujourd'hui le co-leader avec la Russie du sud global,
34:06qui étend ses tentacules jusqu'au cœur de l'Europe centrale orientale.
34:13Si j'en juge par la présence et la visite du président de la Chine en Serbie et en Hongrie,
34:22ça veut dire qu'en fait la Chine, aujourd'hui, tisse son verre à soie
34:28au cœur de l'ancien empire de l'Autriche-Hongrie.
34:34Alors sur le plan économique, c'est pire.
34:37Sur le plan économique, en 1964, la France était protégée par la préférence communautaire,
34:44par le marché commun, par les droits de douane.
34:49Et en 1992, on a tout abandonné.
34:54C'était la droite, c'était la gauche ensemble qui ont tout abandonné.
34:59Et depuis, on dit, j'ai entendu Emmanuel Macron dire ça,
35:04« Notre ADN, l'ADN de l'Europe, c'est l'ouverture ».
35:08Extraordinaire cette phrase, il l'a répétée récemment.
35:12Et pendant que nous, on a l'ADN de l'ouverture,
35:14qu'est-ce qu'on constate ?
35:15Deux choses qui changent la donne sur le plan mondial.
35:20La première, c'est que la Chine et les États-Unis ont mis en place un néo-protectionnisme
35:30qui est extraordinairement performant.
35:35Pendant que nous, on continue à jouer l'ouverture, le libre-échange.
35:39Et deuxièmement, le pacte vert.
35:41Alors le pacte vert, j'en ai dit un mot tout à l'heure,
35:43mais je voudrais simplement dire ceci.
35:46La Chine, elle nous encourage.
35:49Pourquoi ? Parce que les batteries électriques, c'est la Chine.
35:54Donc la voiture thermique, ce sera une voiture chinoise,
35:57demain après la voiture thermique, la voiture électrique.
36:00Ensuite, les éoliennes, les panneaux solaires,
36:03c'est-à-dire la neutralité carbone de Greta Thunberg,
36:09elle sera chinoise, vous voyez.
36:12Donc en réalité, la question qui se pose,
36:15j'ai déjà cité Hélène Carrard-Dancos,
36:18qui était une amie, une grande spécialiste des relations internationales,
36:24elle m'a dit un jour, vous savez Philippe,
36:26je crains que le moment de l'Occident ne soit passé.
36:32Parlons de la justice à présent.
36:34Philippe de Villiers, dimanche dernier, s'est déroulée une reconstitution
36:37de la mort de Noël, tué par un tir de policier,
36:40c'était le 27 juin 2023.
36:43Et on s'en souvient, on était même ensemble,
36:45quelques jours plus tard, sur ce plateau,
36:47pour revenir sur les émeutes qui ont frappé le territoire.
36:50Reconstitution sous haute surveillance,
36:52en présence des principaux protagonistes,
36:54pour l'avocat de la mère de Noël,
36:56le policier n'était pas en danger.
36:58Pour Maître Franck Liénard, avocat du policier mis en cause,
37:02l'histoire est tout autre.
37:03Je vous propose qu'on écoute Maître Franck Liénard.
37:07Il est très éprouvé psychologiquement parce qu'il a tué quelqu'un.
37:09Il n'avait jamais tiré sur quelqu'un,
37:11il n'avait jamais lancé une grenade,
37:12il n'avait jamais tiré au taser, ce policier,
37:15il n'avait jamais fait acte de violence.
37:17Il a tué quelqu'un.
37:18Et c'est extrêmement douloureux aussi.
37:21Mais il est combatif.
37:23Il est combatif parce qu'il est persuadé
37:25qu'il n'avait pas d'autre choix.
37:27Il est droit dans ses bottes.
37:28Il sait ce qu'il a fait.
37:29Il sait pourquoi il l'a fait.
37:31Et la reconstitution n'a pas permis du tout
37:34de mettre en exergue une quelconque faute,
37:36un quelconque défaut de perception de la réalité.
37:40Mon client, il a perçu un danger.
37:43Geoffroy Lejeune.
37:45À la suite de ce qu'on a appelé des bavures policières
37:47ou des bavures de gendarmes comme l'affaire Adama
37:50ou l'affaire Nahel,
37:51on a vu des comités se constituer.
37:53Le comité Adama, le comité Nahel,
37:55qui demandait la justice.
37:57Sauf que parfois, cette justice confinée
37:59à la soif de vengeance.
38:01Quel est, selon vous, l'idéal de la justice ?
38:05L'affaire Nahel nous ramène à cette question
38:10en réalité intemporelle.
38:12Le prétoire doit-il être la caisse de résonance
38:21de la vox populi et des bruits extérieurs ?
38:27Auquel cas, la messe est dite pour le policier.
38:32Ou est-ce que le prétoire doit être
38:34dans le silence des boiseries,
38:37le temple de la vérité cristalline ?
38:46Cette question a traversé toute notre histoire
38:49depuis la mythologie gréco-romaine
38:51qui a qualifié l'allégorie de la justice
38:57avec une déesse qui s'appelait Témis
39:02et qui était représentée par trois attributs.
39:07Le premier attribut, c'était le bandeau.
39:10La justice est bandée, elle a les yeux bandés.
39:13Pourquoi ? Parce qu'elle ne voit pas les accusés.
39:15Pourquoi ? Parce qu'elle est impartiale.
39:19La Fontaine a défini la justice par un antonyme
39:23en rapport avec cette image du bandeau.
39:25Selon que vous serez puissant ou misérable,
39:28les jugements de cour vous jugeront blanc ou noir.
39:34Après le bandeau, il y a la balance.
39:38La balance, composée de deux plateaux,
39:40suspendue à un fléau,
39:42c'est l'idée que la justice représente
39:46l'équilibre, l'équité, la mesure.
39:50La tradition chrétienne choisira comme instrument
39:54de la pesée des âmes la balance.
39:56D'ailleurs, on trouve dans le polyptyque
39:58des Hospices de Beaune
40:00un tableau extraordinaire qui s'appelle
40:02« Le jugement dernier » où il y a
40:04l'arc-en-ciel Michel avec sa balance.
40:07Et le troisième attribut de la déesse Thémis,
40:11c'est le glaive.
40:15Le glaive, ça veut dire la justice qui tranche.
40:19Ça veut dire la force, la puissance,
40:22l'application de la peine.
40:25Pascal disait, en commentant le glaive de la justice,
40:29une justice sans la force est impuissante,
40:38une force sans la justice est tyrannique.
40:43En réalité, dans l'histoire de l'humanité,
40:47dans l'histoire de l'Occident,
40:49à partir du triangle fameux Jérusalem-Rome-Athènes,
40:56on a eu trois scènes iconiques
41:02qui, moi, m'ont donné à réfléchir
41:04depuis plus de temps dans l'enfance.
41:06La première scène, c'est celle d'Antigone
41:09qui oppose aux lois écrites dans l'instant
41:12et souvent dans le caprice,
41:14les lois non écrites, les lois immables,
41:16d'une justice équitable.
41:18La deuxième, c'est la justice de Salomon
41:21qui choisit, dans la dispute entre deux femmes
41:23autour d'un enfant, l'instinct maternel
41:25et non pas les réglementations des experts,
41:27l'État de droit.
41:29Et enfin, la troisième image, c'est Saint Louis
41:31sous son chêne, tribunal d'appel à ciel ouvert
41:34pour les plaideurs des argentés,
41:36parce que le roi veut respecter son sceptre,
41:39parce qu'en haut du sceptre, il y a une main,
41:41et la main, c'est la main de justice.
41:43C'est quoi l'État, l'État régalien ?
41:46C'est le sceptre, c'est-à-dire l'ordre,
41:48et la main de justice, la justice.
41:52Au moment de l'affaire Dreyfus,
41:53tout le monde se régarait,
41:54il y a des gens qui disaient
41:55il vaut mieux un désordre qu'une injustice,
41:58etc.
41:59Non, il faut les deux,
42:00il faut l'ordre et la justice.
42:03Et il faudrait que nos gouvernants comprennent
42:05que sans l'ordre, il n'y a pas de justice,
42:07sans la justice, il n'y a pas d'ordre.
42:09Voilà pour votre idéal de la justice.
42:10Philippe de Villiers,
42:11il nous reste exactement 4 minutes et 15 secondes.
42:14Pour terminer cette rémission,
42:15vous souhaitez nous plonger dans l'histoire
42:17du 8 mai 1945, jour de capitulation,
42:21de la capitulation allemande,
42:23et nous parler d'un militaire français,
42:25le général Delattre.
42:27Qui est Philippe de Villiers, le général Delattre ?
42:30Alors d'abord, il faut savoir que le 8 mai 1945,
42:33c'est le général Delattre qui signe à Berlin,
42:38au nom de la France,
42:40l'acte solennel de la capitulation allemande.
42:46À peine entré dans la salle de conférence,
42:49le colonel, le général Delattre déjà à l'époque,
42:53le général Delattre remarque
42:56que sont accrochés au mur du fond 3 drapeaux,
42:59le drapeau américain, le drapeau soviétique,
43:01le drapeau britannique,
43:02mais qu'il manque le drapeau français.
43:04Il se précipite sur son mécanicien,
43:07sur son chauffeur,
43:08qui confectionne à la hâte
43:10un drapeau tricolore de fortune.
43:15Et on installe le drapeau à côté des trois autres.
43:19Et quand le maréchal Keitel,
43:21qui conduit la délégation allemande,
43:23s'aperçoit de la présence de Delattre,
43:25on l'entend grommeler, cette phrase,
43:28on l'entend grommeler,
43:31et en plus, il y a un français.
43:34C'est un comble.
43:36Et bien, ce français-là,
43:39ma famille le porte dans son cœur.
43:43Et je vais vous dire pourquoi.
43:45Avant-guerre, le colonel Delattre
43:48commande un régiment prestigieux,
43:50qui s'appelle le 15-1 à Metz.
43:53Et un jour, il décore un de ses officiers préférés,
43:58qui ensuite, pendant la guerre, s'évadera.
44:02Vous voyez, on voit l'image de l'officier préféré
44:05face à Delattre.
44:06Vous allez voir qui c'est après.
44:08Qui s'évadera à quatre reprises
44:10pour rejoindre son fameux, son colonel.
44:14Le colonel Delattre, devenu le général Delattre, est vendéen.
44:19Le jeune officier décoré le suivra
44:21et fera souche en Vendée.
44:24Ce compagnon, proche du général Delattre,
44:29était un jeune capitaine.
44:31Il s'appelait le capitaine Jacques de Villiers.
44:36Quand je présidais au destiné de la Vendée,
44:41je me rendais souvent chez la maréchal Delattre.
44:46Elle était mère de Mouillon.
44:48Elle me recevait à son domicile.
44:51Elle avait reporté sur moi l'affection
44:53qu'elle avait pour mon père.
44:57Chose extraordinaire, la maison de Delattre
45:02était dans la même rue que la maison de Georges Clemenceau.
45:08La rue du Temple.
45:09Ça ne s'invente pas.
45:11Si bien qu'on peut dire qu'à un bout de la rue
45:15est né un fils de blanc, Jean Delattre,
45:18et à l'autre bout de la rue est né un fils de bleu, Clemenceau.
45:25Et ça donne quoi ?
45:27Ce fils de blanc, ce fils de bleu ?
45:30Ça donne deux vainqueurs de guerre mondiale au XXe siècle,
45:33deux Vendéens.
45:36Et ça donne aussi et surtout deux inventeurs géniaux
45:40de deux variétés sémantiques capétiennes
45:43de la fraternité française.
45:45L'un qui fait l'Union sacrée en 1914
45:48et l'autre qui fait l'amalgame en 1940,
45:49soldats de fortune et soldats de métier.
45:53Un jour que je gravissais avec la maréchal,
45:57la fameuse colline des sept moulins à Mouiron.
46:02On s'est arrêtés, elle m'a pris dans ses bras,
46:04elle pleurait et je crois bien que moi aussi.
46:09Et elle m'a dit, voilà les fameux moulins de Mouiron.
46:15Il y en a six, ils appartiennent à la famille Clemenceau.
46:21Je dis, il y a le septième ?
46:23Le septième, il est à nous.
46:25C'est le moulin de Bernard, notre fils unique,
46:29qui est tombé en Indochine.
46:31Bon, Marie ne s'en est jamais remis et moi non plus.
46:36On en a fait un oratoire.
46:40Vous voyez Philippe, quand je partirai,
46:45je vous le confierai.
46:48Et quand elle est partie,
46:52j'ai fait entrer le moulin de Bernard
46:57dans le patrimoine du département de la Vendée.
47:01Un jour, je suis allé me recueillir.
47:05Sous l'échelle meunière,
47:09j'ai aperçu une inscription
47:16écrite au crayon de chantier.
47:20Une écriture de jeune homme, c'était Bernard.
47:23Il a inscrit au fond de son moulin,
47:27bien avant de mourir, en Indochine,
47:31la devise de son père, Jean Delap de Tassigny.
47:36Cette devise, j'en fais une dédicace pour Seigneuse,
47:41parce qu'elle lui correspond,
47:43ne pas subir.
47:46Philippe de Villiers, merci.
47:49On se retrouve la semaine prochaine, bien sûr,
47:52pour de nouvelles histoires et des bons dans le temps.
47:55Dans un instant, c'est l'heure des pros.
47:57Merci à tous les deux.

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