Franz-Olivier Giesbert était l’invité de #LaGrandeInterview de Thomas Bonnet dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour François-Olivier Gisbert.
00:02Bonjour.
00:03Permettez-moi d'abord de vous souhaiter un joyeux Noël à vous,
00:06ainsi qu'à nos téléspectateurs, nos auditeurs sur Europe 1,
00:09je rappelle que vous êtes journaliste et écrivain.
00:12Alors c'est le jour de Noël, hier c'était le réveillon,
00:14on le sait d'habitude, on parle politique parfois à table.
00:17À votre avis, qu'est-ce qu'ils peuvent se dire les Français sur la politique en ce moment ?
00:22Écoutez, je ne suis pas sûr qu'ils disent ce qu'on entend,
00:25c'est-à-dire que j'entends dire ce gouvernement,
00:28c'est effrayant, c'est horrible.
00:30Je ne comprends pas très bien le discours,
00:33j'ai l'impression que là on est rentré dans une espèce de spirale atroce,
00:36comme la France, dont la France a le secret d'ailleurs.
00:39Mais moi j'étais, peut-être je suis frappé par l'esprit de Noël,
00:43j'étais un peu surpris agréablement par ce gouvernement,
00:47c'est-à-dire qu'il y a des têtes, des grandes gueules comme on dit, en politique,
00:52et je pense que c'est plutôt avec ça qu'on doit faire la politique.
00:55Alors évidemment, moi je ne me fais aucune illusion, il ne va rien se passer,
00:59alors là vous avez raison sur le fond, c'est-à-dire qu'il y a une forme d'inquiétude.
01:03Les Français commencent à comprendre,
01:06c'est-à-dire que nous avons été gouvernés pendant une quarantaine d'années par des sagouins.
01:13Je crois que c'est comme ça qu'on peut le dire, il y avait quelques hommes d'État parmi eux,
01:16mais globalement c'était une mentalité de sagouins,
01:19c'est-à-dire de gens court-termistes,
01:22attachés vraiment à la com' d'ailleurs, beaucoup de com', du court-termisme,
01:26et finalement on se moque des problèmes, et puis surtout on met la poussière sous le tapis.
01:30Le problème c'est qu'à force de s'accumuler, cette poussière c'est devenu des parpaings,
01:35toujours sous le tapis, et les Français n'ont pas toujours vu la situation.
01:39Et là ils s'en rendent compte aujourd'hui les Français ?
01:41Aujourd'hui je pense qu'ils s'en rendent compte.
01:43C'est un rejet de la politique de la part des Français, vous diriez qu'ils s'en éloignent ?
01:47Non, je pense que le problème c'est qu'on a un gouvernement qui ne pourra pas régler les problèmes,
01:52mais ça c'est structurel, c'est parce qu'à l'Assemblée Nationale,
01:55il y a trois blocs égaux, qui ne peuvent pas gouverner ensemble,
01:59qu'il y a le Rassemblement National d'un côté, la gauche NFP,
02:05et puis enfin ce qu'on appelle le socle commun, je ne sais pas trop ce que c'est ce truc-là,
02:10mais c'est lui qui tient le pouvoir pour l'instant, mais il n'y a pas de majorité.
02:16Ce gouvernement n'est pas à l'abri d'une motion de censure,
02:21dans deux mois, dans un mois, dans quinze jours, c'est le Rassemblement National qui a les clés,
02:26et c'est lui qui appuiera sur le bouton.
02:28Donc ces problèmes-là ne seront pas réglés, mais attention, ce qui est intéressant,
02:32et moi c'est un peu le reproche que j'aurais fait à Michel Barnier,
02:36c'est qu'il avait dit au départ, très justement, je vais dire la vérité.
02:39Il faut dire la vérité, et c'est ça le rôle de la politique.
02:42Et là je trouve que François Bayrou commence à la dire.
02:44C'est-à-dire que quand il dit qu'on ne peut rien faire avec une dette pareille,
02:47attendez, ça rentre dans la psyché des Français,
02:51qui comprennent quand même en général assez vite quand on leur dit les choses.
02:55Et la dette, c'était une sorte de secret d'État, c'est-à-dire que quand on en parlait,
02:59je me souviens, je pouvais le faire il y a quelques années,
03:02Bayrou aussi il avait fait d'autres, il n'y a pas que lui,
03:04Valéry Pécresse pendant la campagne de 2022,
03:07on avait l'impression que tout le monde est branché.
03:09Mais qui est responsable de cette dette justement ?
03:11Parce qu'on a vu des commissions d'enquête au Sénat, à l'Assemblée,
03:13et tout le monde botte en touche en disant que ce n'est pas de ma faute.
03:16Ça commence en 1981, moi j'ai fait le travail quand j'ai fait mon histoire intime de la Vème République,
03:21ça commence en 1981, parce qu'avant 1981 il n'y a pas de dette.
03:25Donc c'est l'élection de François Mitterrand ?
03:27Oui absolument, ça commence avec les socialistes qui pensent qu'ils vont créer de la croissance
03:31en s'en détendant, en dépensant plus.
03:34Vous savez c'est l'idée idiote, il faut dépenser plus comme ça il y aura de la croissance.
03:38Évidemment il n'y a pas de croissance du tout, c'est même une catastrophe économique,
03:43ce qui n'empêche pas la gauche puis la droite aussi de faire la même chose,
03:47pendant une quarantaine d'années.
03:49Et Macron a continué, Macron c'est une sorte de Mitterrand sur ce plan.
03:53Un Mitterrand sans Montroi, c'est-à-dire quelqu'un d'un peu fort,
03:57qui lui résiste et qui dit non, non, non.
04:00À l'époque il y avait Montroi, Delors, qui disait attention il faut arrêter de dépenser.
04:03Aujourd'hui on a pensé qu'en dépensant plus on arriverait à quelque chose.
04:07Donc Macron est responsable quand même de plus de 1000 milliards de cette dette,
04:11parce que cette dette c'est 3300 milliards,
04:133303 milliards d'ailleurs exactement aujourd'hui la dette française,
04:17et là-dessus il est responsable de plus de 1000 milliards.
04:21Emmanuel Macron c'est quand même un sacré bilan ça.
04:24Absolument, et vous dites qu'il n'a pas de Pierre Montroi,
04:26personne qui lui dit non, alors quand même François Bayrou visiblement,
04:28pour s'imposer à Macron s'est opposé à lui.
04:31Comment vous avez perçu cette nomination un peu inédite quand même d'un Premier ministre
04:34qui s'est presque autodésigné ?
04:37Aussi bizarre que ça puisse paraître, je pense que c'est une bonne chose pour Macron,
04:40parce que Macron il n'a pas compris.
04:42Il n'a pas compris d'abord qu'il a perdu les législatives de 2022,
04:45c'est pour ça qu'il y a eu ce problème après,
04:46il aurait dû faire un espèce de contrat de gouvernement avec LR et avec certains socialistes
04:51pour essayer de tenir pendant la période 2022-2024.
04:55Ça ne marchait pas, il y a eu cette énorme surprise pour lui,
04:59pas pour nous, enfin pas pour les spécialistes,
05:02du score du Rassemblement National aux élections européennes de juin 2024.
05:09Donc il a dissous l'Assemblée Nationale dans une sorte de réaction,
05:12je ne sais pas, absurde, enfantine, etc.
05:15Et à l'arrivée, il n'y a pas de résultat, il n'y a pas de majorité, il n'y a rien.
05:23Donc si vous voulez, là, aujourd'hui, il a continué,
05:28c'est-à-dire que ce qui était fascinant dans cette période,
05:30c'est qu'après avoir perdu les législatives de 2022,
05:33après avoir perdu les législatives de 2024,
05:36il voulait mettre l'un des siens, qui est certainement l'un des meilleurs d'ailleurs,
05:40attendez, je ne conteste pas du tout la personnalité,
05:42il paraît que tout le monde me dit...
05:44Actuel ministre des Armées, qui était pressenti pour Mathieu.
05:46Ça fait très longtemps qu'on me dit que c'est une personnalité absolument exceptionnelle,
05:49donc très bien, mais le problème, c'est que Bayrou a dû lui faire comprendre,
05:54non mais non, ça ne va pas le faire, ça ne va pas le faire,
05:56parce que tu ne vas pas être protégé, c'est ça l'histoire.
05:59Mais Bayrou protège Emmanuel Macron.
06:01Bien sûr, parce que c'est une sorte de cohabitation.
06:03Ça, c'est autre chose que Barnier, c'est-à-dire que c'est assez violent,
06:06on voit comme rapport, il ne parle pas beaucoup de Macron, etc.
06:09Bon, il vient de la même famille, je ne suis pas sûr qu'il soit,
06:13comment dire, qu'il ait tout à fait été enchanté par ce bout de,
06:18on peut dire que c'est déjà un septennat,
06:20c'est un quinquennat et une autre moitié de quinquennat,
06:23c'est-à-dire à peu près 7 ans, un peu plus,
06:25et il n'est pas enchanté, à mon avis, par les résultats,
06:28puisqu'il a quand même dit, et ça, c'est quand même une critique contre Macron,
06:32il a dit, je le répète, c'est une phrase importante,
06:34et à mon avis, ça va tourner dans la tête des Français,
06:37on ne peut rien faire avec une dette pareille.
06:39Ça veut dire qu'il faut régler le problème.
06:41Il faut commencer à s'y atteler maintenant.
06:43Et pour régler le problème ?
06:44Puisque nous sommes devenus, sous Macron, le mouton noir de l'Europe.
06:48Et pour régler le problème, il a nommé un gouvernement, François Bayrou,
06:51on a découvert l'équipe il y a quelques heures maintenant,
06:53quelle impression vous donne cette composition du gouvernement ?
06:57Est-ce que c'est un gouvernement de poids lourd, de revenants ?
07:00C'est ce que disait hier, à votre place, Antoine Léaumant de la France Insoumise.
07:03Mais c'est très bête, revenants, parce qu'eux-mêmes sont des revenants,
07:06tout le monde est un revenant, enfin c'est débile.
07:08Il faut, quand on bâtit un gouvernement comme ça,
07:11il faut des poids lourds, qui ont peut-être des opinions différentes.
07:15C'est difficile à gérer.
07:17Vous pensez bien Darmanin et Retailleau.
07:20Là, on garde des seaux l'autre ministre de l'Intérieur.
07:23Ça va être la guerre.
07:26Entre eux, vous voulez dire ?
07:27Oui, bien sûr. Ils sont d'accord sur plein de sujets,
07:29ils ne sont pas d'accord sur d'autres.
07:31Pourquoi ce sera la guerre entre Gérald Darmanin et Bruno Retailleau,
07:34pour une histoire d'égo, d'ambition ?
07:36Parce que Darmanin, je pense qu'il regrette de ne pas être ministre de l'Intérieur.
07:40Il a beaucoup souffert de ça.
07:42C'est très bien d'ailleurs de le faire revenir au gouvernement,
07:44parce qu'il a du talent, mais ça ne va pas être simple.
07:46Vous dites que le duo Bruno Retailleau-Gérald Darmanin
07:49va plutôt se tirer dans les pattes qu'oeuvrer ensemble ?
07:52Non, mais sur le fond, ils se font d'accord.
07:54Et puis, vous savez, ce sera des petits coups comme ça.
07:56Mais enfin, on regardera, ça va être intéressant.
07:58C'est très bien d'avoir gardé Retailleau.
08:01Et puis, c'est très bien peut-être d'avoir changé Migaud,
08:04parce qu'il y a un problème de justice.
08:06Et puis, vous voyez très bien, le pays, il est favorable à cet attelage.
08:10Ça faisait très longtemps qu'on n'avait pas eu un garde des seaux
08:12qui était au diapason de l'opinion des Français sur ces questions de justice.
08:15Bien sûr. Non, mais attendez, c'est une bonne chose.
08:17Je ne critiquais pas.
08:18Je dis simplement que gouverner, c'est savoir gérer les gens,
08:22manager des fortes personnalités.
08:25Ah, ça change des gouvernements Macron, où on met en général des,
08:28comment dire, des ectoplasmes, des morts-vivants,
08:33des petites personnalités qui à peine existent.
08:36Et ça a été l'erreur, d'ailleurs, de Barnier,
08:38le Premier ministre précédent, de choisir dans son équipe
08:41beaucoup de bébés Macron qui ne sont pas vraiment...
08:44Il n'y avait pas que ça.
08:45Il y avait des gens.
08:46Il y avait l'extraordinaire Guillaume Gasparian
08:48qui a dit quand même quelques petites choses justes,
08:50notamment à propos de la fonction publique.
08:52Il était ministre de la fonction publique.
08:53J'espère qu'il reviendra quand même un jour,
08:55parce que c'est bien d'avoir des politiques qui disent la vérité.
08:57Mais enfin, bon, Bayrou, il commence à dire la vérité.
08:59Et c'est très bien.
09:00Il le dit aussi, d'ailleurs, sur...
09:01Oui, il faut quand même réduire un peu les dépenses publiques dans ce pays.
09:05Nous sommes champions du monde des dépenses publiques.
09:07Enfin, l'un des champions du monde, en tout cas parmi les pays développés.
09:10Champion du monde des prélèvements obligatoires des impôts.
09:14Vous parliez des fortes personnalités au sein de ce gouvernement.
09:17Il y a aussi Manuel Valls, ancien Premier ministre,
09:19qui fait son retour en tant que ministre des Outre-mer,
09:21ministère d'État de surcroît.
09:23Ça ne vous aura sans doute pas échappé.
09:25Il a été moqué sur l'antenne d'une radio de service public.
09:28C'était hier.
09:29Une séquence qui est reprise depuis par une partie de la gauche
09:32pour, là aussi, se moquer de l'ancien Premier ministre.
09:35Comment vous percevez les critiques qui entourent cette nomination ?
09:41Je trouve ça assez répugnant.
09:43Le niveau de l'attaque, c'est de degré zéro de la politique.
09:46Manuel Valls, c'est une personnalité courageuse.
09:50Il s'est battu pour ses idées.
09:52On peut ne pas être d'accord avec lui.
09:55Moi, ça m'est arrivé souvent.
09:57Mais je trouve que c'est quelqu'un de tout à fait estimable.
10:00Et le niveau de ses attaques, à mon avis,
10:03est d'une telle bassesse que ça ne mérite même pas d'en parler.
10:06Si vous faites allusion à ce qu'a dit Rima Hassan,
10:09moi, je trouve ça beaucoup plus angoissant.
10:11C'est quand elle rajoute que...
10:13Elle parle de la prise de l'Elysée.
10:15Elle a parlé du terme révolution.
10:17Antoine Léaumont, qui était à votre place hier,
10:19faisait un parallèle avec la révolution de février 1848.
10:22Il y a ça dans l'air aussi du côté de la France insoumise.
10:24Oui.
10:25Et puis, il y a aussi ces appels à l'intifada en France.
10:29Tout ça est absolument lamentable.
10:31Pour l'exilé, notamment, qui a été condamné.
10:33Et puis, Aymeric Caron qui dit, je ne sais pas quoi,
10:36le partisan du génocide sur Gaza.
10:39C'est-à-dire, on réduit.
10:40Vous voyez, c'est l'essentialisation.
10:42Je veux dire, on vit une période.
10:44Mais je crois qu'on ne s'en rend pas compte.
10:45Il y a aujourd'hui un antisémitisme puissant en France
10:50qui vient de l'extrême-gauche.
10:51C'est sous prétexte qu'il vient de l'extrême-gauche.
10:53Il faudrait l'accepter.
10:54Parce qu'il y a même cette théorie idiote
10:56validée par deux soi-disant intellectuels
10:59dans le journal Le Monde,
11:01comme par hasard d'ailleurs,
11:02en expliquant qu'il y a un bon antisémitisme,
11:04un mauvais antisémitisme.
11:05Vous savez, le bon antisémitisme,
11:06c'est l'antisémitisme de gauche.
11:09Ce n'est pas grave, ça passera.
11:11Et il y a le mauvais antisémitisme,
11:13c'est l'antisémitisme traditionnel d'extrême-droite.
11:16Mais je vous signale que dans l'histoire,
11:17il y avait aussi un antisémitisme d'extrême-gauche.
11:19Et aujourd'hui, voilà.
11:20Et on le voit à l'occasion de la nomination de Valls.
11:24Ce qui lui est reproché, ce sont ses positions,
11:27notamment d'ailleurs au moment des attentats,
11:29des positions très, très fortes et courageuses.
11:32Parce qu'il était courageux.
11:33Il est d'ailleurs applaudi à l'époque,
11:34parce que c'était une autre Assemblée qu'aujourd'hui.
11:36Il n'y avait pas une espèce de ZAD d'extrême-gauche
11:39ou islamo-gauchiste d'aujourd'hui.
11:41Et vous vous souvenez,
11:42il a été applaudi par toute l'Assemblée unanime,
11:44comme Jean-Louis Debré, peu de temps auparavant d'ailleurs.
11:48C'est intéressant que vous parliez de ZAD d'extrême-gauche,
11:51vous qui observez la politique depuis longtemps.
11:53Vous avez déjà vu un climat pareil à l'Assemblée nationale,
11:57plus généralement dans le monde politique,
11:59notamment par le parti de la France insoumise ?
12:02Vous aviez déjà vu ça ?
12:03Jamais, jamais, jamais.
12:04Moi je suis arrivé dans le journalisme,
12:06vous n'étiez pas né, en 1970, 71.
12:12Et je me souviens très bien de l'Assemblée nationale.
12:15J'ai devenu très ami d'ailleurs avec des députés socialistes, gaullistes.
12:19Il y avait toute une bande, il y avait des personnages comme,
12:22je me souviens de Fanton, il y avait André Fanton,
12:26il y avait Robert-André Vivien.
12:28Je dis que c'était des gaullistes,
12:29parce que ça tapait sur les pupitres,
12:31ça interrompait tout le monde.
12:32Mais pas au niveau où on est maintenant.
12:34Non, non, parce que je pense à Robert-André Vivien,
12:36qui est une espèce de personnage qui avait fait la guerre de Corée,
12:38qui était couvert de cicatrices, etc.
12:40Fort en gueule, qui a été ministre d'ailleurs, éphémère.
12:43Et ça s'engueulait, et sa grande cible,
12:46c'était toujours Robert Balanger,
12:48qui était le président, enfin comment dire,
12:51la grande figure communiste du Val-de-Marne,
12:53et lui-même était député du Val-de-Marne, Vivien.
12:55Et je me souviens, ils s'engueulaient, mais tout le temps.
12:58Ils s'adoraient, ils bouffaient ensemble.
13:00C'est-à-dire, c'était une autre époque.
13:02C'est-à-dire, il y avait des solidarités,
13:04et il n'y avait pas le climat de ZAD,
13:06c'est-à-dire l'espèce de grand bordel,
13:08mais c'est effrayant ce qu'est devenu l'Assemblée nationale.
13:10On ne se rend pas compte.
13:11– L'Égypte, c'est un danger pour la démocratie, pour la République.
13:13– Oui, puisque c'est de l'anti-parlementarisme.
13:15Parce que vous regardez ce qu'ils ont fait de l'Assemblée nationale.
13:17Mais c'est devenu un grand cirque.
13:19Mais c'est, comment dire, c'est avilissant pour la démocratie.
13:23Évidemment, après, ils vont dire, ils vont parler de démocratie,
13:26mais de toute façon, on voit très bien, c'est un truc à deux vitesses,
13:30la France insoumise.
13:31Il y a d'un côté, on joue la carte parlementaire,
13:33et de l'autre côté, si ça ne marche pas, on fera le grand soir.
13:35Et il y a, comment dire, un petit aspect révolutionnaire, trotskiste.
13:40– J'aimerais qu'on parle maintenant…
13:42– N'oubliez pas que beaucoup des dirigeants viennent du trotskiste.
13:44– Absolument.
13:45– Et c'est quoi le trotskisme ?
13:46– C'est l'antrisme.
13:47– La révolution permanente.
13:48– Voilà, la révolution permanente, c'est exactement ça.
13:50– J'aimerais qu'on parle maintenant de la situation internationale,
13:52si vous voulez bien.
13:53On assiste à de nombreuses crises à l'échelle du monde.
13:56L'une des dernières en date, c'est la situation en Syrie.
13:58On apprend qu'il y a des mouvements de population.
14:0025 000 réfugiés ont traversé la frontière turque récemment
14:03pour rentrer dans leur pays.
14:05Comment vous observez cette situation ?
14:07Avec aussi en arrière-plan, la situation des chrétiens d'Orient en Syrie.
14:11La proportion de chrétiens en Syrie,
14:13elle a réduit très drastiquement depuis quelques années.
14:16– Je dirais que c'est…
14:18En Syrie, en terre d'islam, vous savez qu'il ne fait pas bon d'être chrétien.
14:21Il y en a de moins en moins, ils ont quasiment disparu,
14:23alors qu'ils étaient très nombreux autrefois, à commencer par l'Égypte.
14:27C'est un pays où il y en a quand même.
14:29Les coptes sont quasiment en voie de disparition, il y en a encore.
14:32En Syrie, ça restait fort, pourquoi ?
14:34Parce que ce régime d'Assad, père et fils, qui est un régime abject,
14:39attention, je ne suis pas en train de le défendre,
14:41mais c'est un régime abject, mais il avait au moins un avantage,
14:45peut-être le seul, mais il avait au moins un avantage,
14:48c'est qu'il protégeait les minorités.
14:49Lui-même était issu d'une minorité, ces gens-là étaient des alaouites,
14:52c'est-à-dire que c'est une branche de l'islam,
14:54il y en a à peu près 2 millions en Syrie,
14:57qui est une minorité qui a été très longtemps persécutée,
14:59vous voyez, ils sont proches des chiites, très persécutés,
15:02et donc ils protégeaient les autres,
15:04ils protégeaient notamment les chrétiens nombreux,
15:06ils sont entre peut-être 1,5 million, 2 millions,
15:09ou peut-être 1,5 million, et si vous voulez…
15:13Et puis les Kurdes également, qui sont des musulmans,
15:15mais qui sont des musulmans, comment dire…
15:18Pas islamistes, des musulmans anti-islamistes,
15:20c'est pour ça d'ailleurs qu'ils sont assez peu soutenus
15:22par les islamo-gauchistes français.
15:24J'ai remarqué les Kurdes…
15:25Parce que les Kurdes, ce sont des musulmans,
15:27mais ce sont des musulmans qui sont, je dirais ici,
15:30israél-républicains, et ça, c'est pas bien, évidemment.
15:33Et si vous voulez, ces Assad ont protégé ces minorités,
15:38et les minorités, évidemment, aujourd'hui, elles ont peur.
15:40Et vous savez très bien qu'il y est arrivé près de Hama,
15:43d'ailleurs, à Hama, il y a une église qui a été mitraillée,
15:46on a essayé de détruire une croix, etc.
15:47Bon, ça, c'était un petit incident,
15:49mais il y a eu un gros incident, c'était le grand arbre de Noël,
15:52à côté d'une ville qui s'appelle Soulabaya,
15:55à côté de Hama, qui a été incendié,
15:59et là-dessus, ça a créé un espèce de mouvement général dans le pays.
16:02Les chrétiens ont peur.
16:03Et quand ils regardent l'histoire, évidemment,
16:05ils ont peut-être de quoi avoir peur.
16:07Merci beaucoup, François-Olivier Gisbert.
16:09Alors, n'oubliez pas le slogan…
16:11On vous écoute.
16:12Je pense que ça, c'est le slogan pour l'année qui vient,
16:15parce que ça ne pourra pas être autrement jusqu'à la prochaine dissolution.
16:18L'immobilisme est en marche, rien ne l'arrêtera.
16:21Merci beaucoup, François-Olivier Gisbert, d'avoir été notre invité ce matin.
16:24C'était la grande interview en direct sur CNews et sur Europe.