Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Des informés en édition spéciale aujourd'hui, puisque c'est dans quelques minutes maintenant,
00:09à partir de 9h30 que sera rendu le verdict dans le procès des viols de Mazan.
00:15Bonjour Renaud Delis.
00:16Bonjour, salut.
00:17Et avec nous autour de la table, pour nous accompagner, Maître Karine Durieux-Diébolt,
00:21bonjour.
00:22Bonjour.
00:23Avocate spécialisée dans la défense des victimes de violences sexuelles, merci d'être
00:25avec nous ce matin.
00:26Merci.
00:27David Di Giacomo, chef du service police-justice de France Info, bonjour.
00:29Bonjour David.
00:30Bonjour.
00:31Près de 180 médias, il faut rappeler ce qui se passe ce matin, 180 médias accrédités,
00:3686 médias étrangers sont ce matin au tribunal judiciaire d'Avignon, un dispositif exceptionnel
00:42a été mis en place avec la présence de forces de l'ordre renforcées.
00:45On prend tout de suite la direction d'Avignon où notre reporter France Info, Gaëlle Jolie,
00:50nous attend.
00:51Vous vous trouvez dans la salle des pas perdus, devant la salle d'audience, Gaëlle, c'est
00:55la fin d'un marathon judiciaire pour un procès historique et donc avec un dispositif exceptionnel
01:01ce matin.
01:02Oui, vous le disiez Salia, rien que le nombre de journalistes est impressionnant, des médias
01:07du monde entier, des Allemands, des Américains, des Espagnols et même des Japonais, on entend
01:11toutes les langues ici dans cette salle des pas perdus, il y a aussi un nombre impressionnant
01:15de policiers, plus de 200 dont une compagnie de CRS venu prêter main forte pour les emmener
01:20en maison d'arrêt en fonction du verdict, 4 salles de retransmission ont été mises
01:25à disposition de la presse, des proches d'accusés, un seul autorisé dans l'une de ces salles
01:30et pour l'instant le public, un très nombreux, lui doit rester dehors, les juges pourraient
01:35commencer par Dominique Pellicot, son sort ne fait guère de doute, l'avocat général
01:39a requis 20 ans de prison, en revanche le sort des co-accusés est plus incertain pour
01:44eux, les peines requises s'étalent de 4 à 18 ans, 32 accusés pourraient retourner
01:49en prison, une dernière nuit de liberté un pour eux à quelques jours, des fêtes
01:55de Noël, seront-ils tous présents ce matin devant les juges ? On les a vus arriver la
02:02mine des fêtes avec des gros sacs de voyage, des sacs plastiques sous les huées des féministes
02:07avec ces mots, violeurs on vous voit, violeurs on vous voit.
02:10Gaël Joly en direct du procès Pellicot à Avignon, Renaud c'est donc l'heure du jugement
02:16à l'issue d'un procès historique.
02:18Effectivement, 4 mois d'audience, un procès historique, un procès hors normes avec 51
02:23co-accusés, emmenés par Dominique Pellicot, accusés d'avoir violé Gisèle Pellicot pendant
02:30plusieurs années, Gisèle Pellicot qui avait été droguée par son mari, les peines risquées
02:36viennent d'être évoquées à l'instant par Gaël Joly, un procès hors normes, un
02:40procès historique qui a eu une audience considérable dans le pays bien sûr, mais bien au-delà
02:44aussi à l'international, et puis qui a soulevé de nombreuses questions dans le débat public,
02:49notamment une d'ailleurs qui a été abordée il y a quelques minutes sur ce plateau par
02:53la sénatrice socialiste et ex-ministre des droits des femmes Laurence Rossignol, c'est
02:56la question du consentement qui a été au cœur des débats de ce procès et qui incite
03:01effectivement un certain nombre de responsables politiques ou de militantes féministes à
03:05évoquer la nécessité d'introduire peut-être cette notion dans la loi, afin justement de
03:11se prémunir peut-être davantage, de protéger davantage les victimes, à l'inverse d'autres
03:15considèrent que ça peut être risqué, voici ce qu'en disait Laurence Rossignol sur ce
03:19point précis il y a quelques minutes sur ce plateau.
03:21Le consentement est un concept ambigu, donc je suis perplexe sur la nécessité d'introduire
03:25un mot ambigu pour clarifier le code pénal, mais ma plus grosse inquiétude c'est que
03:29je ne voudrais pas que si la loi est échangée avec l'introduction du consentement, on considère
03:33ensuite qu'on en est quitte sur la politique pénale en matière de traitement des violences sexuelles.
03:40Alors il y a ce débat juridique important sur cette notion de consentement avec des
03:43avis divers, et puis au-delà, effectivement, quelles leçons peut-on tirer de ce procès
03:47hors normes, quel impact aussi a eu l'attitude de Gisèle Pellicot, qui en refusant le huis
03:54clos a porté haut la voix des femmes victimes de violences sexuelles et de viols, bref quelles
04:00seront les conséquences de ce procès d'abord dans la société française et même au-delà.
04:05Avant d'en venir à la question du consentement, Maître Karine Durieux-Diébolte, sur l'attitude
04:09de Gisèle Pellicot qui a marqué ce procès, elle a demandé à ce que les débats ne se
04:13déroulent pas à huis clos, et ça, c'est inédit, c'est historique.
04:17C'était important parce qu'en soi ce procès-là était déjà hors normes par le nombre d'accusés,
04:24l'ampleur médiatique que ça a pris est liée effectivement au fait que ce soit une
04:27audience qui est publique, mais il faut dire tout de même qu'on a depuis quelques années
04:32de plus en plus de victimes qui ne souhaitent pas le huis clos, qui souhaitent que ce soit
04:37des audiences publiques, ceci dit il y a moins de retentissement parce que dans ces
04:41conditions-là, dans ces procès qui sont d'ampleur moins importantes, il y a moins de médias.
04:48Donc là c'est aussi parce qu'il y a eu un retentissement international, qu'il y a eu
04:52beaucoup beaucoup de médias, qu'on a pu avoir cet écho-là.
04:55Mais ce n'est pas exceptionnel que des victimes acceptent que ça soit public.
05:00Oui justement, c'est étrange parce que le huis clos normalement est fait pour protéger
05:03les victimes. Et là Gisèle Pellicot dit non moi je veux tout ouvrir et je veux montrer mes agresseurs.
05:10Alors je crois que cela dépend de l'accompagnement qu'a la victime, c'est-à-dire que si on a des
05:15victimes qui sont prêtes sur le plan psychologique et avec un accompagnement juridique qui va avec,
05:21si on a des associations de victimes qui accompagnent également celles-ci au procès,
05:26elles sont à même d'accepter que ça soit des audiences publiques. Et je crois que maintenant
05:30les victimes, depuis quelques années déjà, comprennent que la honte doit changer de camp
05:35et que ce n'est pas à elles d'avoir honte mais à l'agresseur d'avoir honte.
05:38David Di Giacomo, elle le disait Gaëlle Joly, dispositif exceptionnel ce matin au tribunal judiciaire d'Avignon.
05:45Quatre salles qui vont être occupées par beaucoup beaucoup de journalistes.
05:49Et il y a aussi des gens qui sont venus soutenir Gisèle Pellicot ce matin, ils sont venus aussi
05:54crier leur haine vis-à-vis des accusés. Ça risque d'être tendu ce matin.
05:58Oui, effectivement, et c'est pour ça qu'il y a un dispositif de sécurité exceptionnel.
06:02On l'entendait, Gaëlle Joly disait 200 policiers, donc une compagnie de CRS en plus.
06:06Mais aussi parce que 32 de ces 50 accusés, ils comparaissent libres.
06:10Sauf qu'à l'issue du verdict, s'ils sont condamnés, ils partiront directement en prison.
06:16Ça veut dire qu'ils seront menottés, partiront dans des fourgons de l'administration pénitentiaire
06:20direction des maisons d'arrêt de la région. Voilà pourquoi il faut aussi autant de policiers.
06:26Et vous le disiez, avec l'émoi suscité par ce procès, le public venu en très grande ronde,
06:33évidemment, le dispositif de sécurité est conséquent aussi.
06:36C'est important, l'image va frapper évidemment de ces accusés qui comparaissent libres,
06:41mais qui arrivent avec leur petit sac, avec le risque de finir en prison, de dormir en prison ce soir.
06:46Oui, effectivement, puisque les peines requises, on le disait, il y a 4 ans pour un seul des 51 accusés,
06:52puisque lui, il est poursuivi pour attouchement, mais pour tous les autres, ce sont des viols aggravés.
06:58Donc, il risque entre 10 et 20 ans de réclusion pour Dominique Pellicot.
07:02Donc, effectivement, il y a de fortes probabilités pour que, directement, il soit conduit en détention.
07:09Renaud, on parle de peine, ce matin on parle aussi de condamnation,
07:13mais la Défense a réclamé l'acquittement aussi de nombreux d'entre eux des accusés.
07:18Notamment parce que, pour la plupart des accusés, pour nombre d'entre eux aussi,
07:21on a assisté à, dans leur stratégie de Défense, un véritable déni.
07:26C'est-à-dire, ils considéraient, nombre d'entre eux ont utilisé cet argument,
07:30ils n'avaient pas le sentiment d'avoir violé, ils pensaient qu'ils n'avaient pas commis de viol.
07:35Un argumentaire qui passait notamment par le fait qu'ils étaient soi-disant sous emprise de Dominique Pellicot,
07:43et qu'en quelque sorte, le mari leur avait donné, entre guillemets,
07:46l'autorisation de commettre les actes qu'ils ont faits.
07:48Donc ça renvoie, effectivement, à toute une dimension du viol.
07:52Je trouve que, dans la Défense d'un certain nombre d'accusés,
07:56enfin de la plupart d'ailleurs d'entre eux sur ce plan-là,
07:58ça renvoie, effectivement, à toute cette dimension de déni de la part de ceux qui le commettent,
08:03considérant que, non, il y avait le fait, comme si le mari était propriétaire du corps de sa femme.
08:10Et donc ça, ça participe aussi de l'impact de ce procès.
08:12C'est-à-dire qu'il y a, évidemment, le nombre d'accusés, la durée des faits commis pendant des années et des années,
08:19il y a le fait qu'il y avait des vidéos, des images, évidemment.
08:22Il y a cette culture du déni utilisé par les accusés en question.
08:26Et puis il y a leur profil aussi.
08:27J'allais dire, entre guillemets, profil ordinaire.
08:29Alors, pas ordinaire au regard des faits qu'ils ont commis,
08:32mais au regard de leur intégration, a priori, dans la société française,
08:36des gens qui ont une activité professionnelle.
08:39Et tout ça, ça renvoie, évidemment, à un profil qu'on connaît.
08:41C'est-à-dire que souvent, les violeurs, c'est effectivement souvent des voisins ou des gens même de la famille même de la victime.
08:46Renaud, on va reprendre la direction du tribunal judiciaire d'Avignon,
08:49puisque Gaëlle Joly, Gisèle Pellicot, va bientôt arriver.
08:52Non, surtout, elle est là, sous nos yeux, mais je n'arrive même pas à la voir tellement il y a des journalistes qui sont autour d'elle.
08:58Je vois à peine ses cheveux sont carrés.
09:01Oh là là, je ne la vois même pas.
09:03Elle est en train d'avancer dans la salle des pas perdus avec une foule de micros autour d'elle.
09:10Gisèle Pellicot qui franchit les portes.
09:12Gisèle Pellicot qualifiée d'héroïne pour les femmes du monde entier par Der Spiegel,
09:17héroïne féministe pour le New York Times, parmi les 100 femmes les plus influentes selon la BBC.
09:24Alors, je ne peux même pas vous dire comment elle est habillée.
09:26Je ne peux même pas vous dire comment elle est aujourd'hui.
09:30Elle est en train d'arriver.
09:31Elle n'est pas arrivée avec ses enfants ce matin.
09:34Sa fille, ses deux filles, sont arrivées bien plus tôt.
09:38Les relations ont été difficiles pendant le procès.
09:41Ils ne sont pas arrivés ensemble.
09:43Gisèle Pellicot qui vient d'entrer, ça y est, dans la salle et qui doit prendre la parole tout à l'heure.
09:48Une minute en sortant du verdict, elle prendra la parole devant la presse, elle l'a dit.
09:55Gaëlle Joly en direct de la cour criminelle du Vaucluse.
09:59David Di Giacomo, chef du service Police Justice de France Info.
10:03Gisèle Pellicot, elle est là aujourd'hui pour l'issue de ce procès.
10:07Elle était là tous les jours et c'est important pour elle.
10:10C'est vrai qu'on le disait tout à l'heure, le 2 septembre, ce procès, il démarre avec une quinzaine, une vingtaine de journalistes.
10:17Et puis, on s'attend, il faut le reconnaître, à ce que le huis clos soit prononcé.
10:22Et puis, il y a les mots de Gisèle Pellicot que la honte change de camp.
10:26Elle décide que l'audience doit être publique, qu'il faut entendre ce qui s'est passé pendant ces dix ans où elle a été violée sous soumission chimique.
10:36Et depuis, elle a toujours été présente à ce procès et elle a fait que toute la presse française, mais aussi étrangère, s'est intéressée à son affaire.
10:45C'est vraiment sa décision, au départ, qui a conduit à ce procès historique.
10:50France Info en édition spéciale pour suivre l'issue de ce procès historique, le procès des viols de Mazan.
10:56Il est 9h17, le Fil Info de Maureen Suynard.
10:59« Maorais, on va se relever ensemble », écrit le président sur X.
11:03Emmanuel Macron à Mayotte après le passage du cyclone Shido qui a dévasté le département le week-end dernier.
11:08L'avion du chef de l'État a permis également d'acheminer 4 tonnes de produits alimentaires et sanitaires.
11:14Des médecins et des infirmiers aussi à bord.
11:16Le gouvernement décrète aussi ce matin le blocage des prix de grande consommation.
11:21Pendant ce temps, François Bayrou poursuit ses consultations en vue de la formation d'un gouvernement.
11:25Le Premier ministre convie les différentes forces politiques, mais pas la France Insoumise ou le Rassemblement National.
11:31J'espère que Gisèle Pellicot gagnera une vraie grande loi contre les violences faites aux femmes,
11:37dit ce matin sur France Info la sénatrice socialiste Laurence Rossignol.
11:41Le verdict du procès des viols de Mazan est rendu ce matin Dominique Pellicot jugé pour avoir drogué sa femme pour la violer
11:48et pour que d'autres hommes fassent de même.
11:50Electrolux, Whirlpool, Seb, Smeg ou encore Boulanger et Dartier au total ce sont 10 fabricants d'électroménagers
11:57et 2 distributeurs qui sont sanctionnés par l'autorité de la concurrence française
12:01sans 611 millions d'euros d'amende pour maintenir des prix de vente plus élevés entre 2007 et 2014.
12:20Merci à les informés puisque c'est dans quelques minutes maintenant à partir de 9h30 que va être livré le verdict dans le procès des viols de Mazan
12:29toujours avec Renaud Delis, toujours aussi avec Maître Karine Durieux-Diébolt, avocate spécialisée dans la défense des victimes de violences sexuelles,
12:37David Di Giacomo, chef du service police justice de France Info et nous a rejoint sur le plateau Marie-Pierre Porchy, magistrate honoraire
12:44qui vient de publier ce livre « Consentement, les vérités d'une magistrate » aux éditions Mareuille, merci d'être là Marie-Pierre Porchy.
12:53On parlait du consentement avant le Filinfo, Laurence Rossignol disait il y a ce débat public aujourd'hui sur la définition du viol en France
13:03et est-ce qu'il faut introduire justement la notion de consentement ? Vous là-dessus vous dites quoi ?
13:08Alors effectivement c'est une question importante puisque la loi ne parle pas de consentement
13:13et que néanmoins on constate que cette affaire de Mazan dont le verdict n'est pas encore rendu nous a apporté quand même des éclairages.
13:23Le président de la cour a souvent demandé aux prévenus « est-ce que vous avez l'impression que cette personne était consentante ? »
13:31et moi je me suis posé la question, je me suis dit si vraiment la loi était respectée,
13:37alors ce n'est pas du tout une critique du président mais je pense que c'est tout à fait volontaire d'avoir utilisé ce terme consentement,
13:45normalement il aurait dû demander « est-ce que vous avez l'impression qu'elle était contrainte ? »
13:48Ce n'est pas tout à fait la même chose.
13:50Le choix du mot est important.
13:51Oui c'est important parce que si effectivement, si on utilise la contrainte c'est qu'il n'y a pas de consentement.
13:57Donc rajouter le terme consentement à la loi c'est une vraie question, est-ce que c'est nécessaire ?
14:03Et je pense que le président a utilisé sciemment ce terme consentement.
14:09Est-ce que vous aviez l'impression qu'elle était consentante ?
14:12Parce que pour lui il n'est peut-être pas nécessaire de rajouter quelque chose à la loi
14:19sachant qu'on parle de contrainte et que dans la contrainte il y a l'examen du consentement.
14:24Alors ça c'est la position du président.
14:27Le procureur a également beaucoup parlé du viol intentionnel, du consentement.
14:34Pas de consentement par procuration, il a beaucoup parlé de ces termes.
14:37Quoi le consentement par procuration ?
14:39Alors le consentement...
14:40C'est le fait qu'en fait ce soit Dominique Pellicot qui donne son accord ?
14:42Voilà exactement, ça a beaucoup été évoqué.
14:46Et aujourd'hui la question se pose parce que moi je crois qu'on ne peut pas éviter une réforme.
14:53Je suis assez d'accord avec Laurence Rossignol pour dire que ce consentement qui s'invite absolument dans tous les débats,
15:00qu'il soit sociétaux, juridiques, on sait que le Canada, la Suède, l'Espagne et d'autres pays ont déjà inscrit le consentement dans la loi.
15:11Sauf qu'il y a un risque quand même, maître Karine Durieux-Diébold,
15:16c'est que l'on fasse plus attention à l'attitude de la victime
15:20plutôt qu'à celle des accusés, de l'accusé, de l'auteur de l'agression.
15:24Alors je ne suis pas d'accord parce qu'en réalité c'est tout le contraire.
15:28Pour l'instant le viol il se définit par violence, contrainte, menace ou surprise.
15:34Et il faut prouver ces circonstances-là qui entourent l'acte sexuel.
15:39Dans le cas des viols de Mazan, il s'agit de viol par surprise,
15:44c'est-à-dire que dans le sommeil d'une personne on retient la surprise,
15:47c'est-à-dire qu'on a surpris le consentement de la victime.
15:50L'idée d'introduire la notion de consentement ou d'accord volontaire,
15:57quel que soit le terme, il y a des discussions sur le terme,
16:00également introduire dans la loi, ça introduirait un nouvel outil supplémentaire
16:06en plus de violence, contrainte, menace ou surprise.
16:08C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas de supprimer ces circonstances-là,
16:11la jurisprudence qui a été élaborée dans ce cadre-là,
16:15mais ça rajoute un outil, et ça consisterait pratiquement
16:19à interroger systématiquement les personnes qui sont mises en cause,
16:22qui sont accusées, au stade de la garde à vue,
16:25c'est-à-dire de l'enquête préliminaire, et de leur poser la question expressément
16:29de savoir comment ils se sont enquis du consentement de la victime,
16:34quels sont les signes qu'ils ont vus, comment ils caractérisent ce consentement.
16:39Et si vous avez à ce moment-là une personne qui est mise en cause,
16:42qui vous répond, elle m'a invitée chez elle,
16:45elle s'est mis la main dans les cheveux, elle a mis du gloss,
16:48elle a mis la main sur l'épaule, comme moi je peux avoir dans les dossiers,
16:52à ce moment-là, les juges pourraient être amenés à en tirer
16:56la conséquence qu'ils se sont aveuglés volontairement,
16:59qu'ils ne sont pas réellement enquis du consentement de la victime
17:02et qu'il n'y a pas de consentement.
17:03Alors pour l'instant, effectivement, on pose la question du consentement,
17:07mais les magistrats ne peuvent pas en tirer la conséquence
17:11qu'il y a un viol simplement sur la base de ces réponses-là.
17:15Et pour répondre concrètement à votre question,
17:17ce n'est pas un focus qui est mis sur la victime,
17:20mais c'est un focus qui est mis sur le passage à l'acte,
17:24l'intention, ce qui s'est passé dans la tête de l'agresseur.
17:27Donc c'est tout le contraire.
17:28Mais pourtant, on a entendu pendant ce procès un avocat dire
17:30il y a viol et viol, c'est-à-dire qu'il y a l'acte lui-même
17:34et puis il y a le viol, l'acte plus l'intention.
17:37Il faisait la différence pour défendre son client.
17:41Là, effectivement, c'était un argumentaire
17:43qui a d'ailleurs soulevé des protestations intolées,
17:46le fait qu'il y a viol ou il n'y a pas viol,
17:48mais il n'y a pas viol et viol.
17:50Et ça relève de ce que j'expliquais tout à l'heure,
17:52d'ailleurs sur le déni mis en avant par la plupart des accusés en question.
17:57Ce débat sur le consentement dans la loi est extrêmement important,
18:00extrêmement intéressant.
18:01Il y a toute la démonstration que vous venez de faire,
18:03effectivement, qui en ferait une protection supplémentaire des victimes
18:08au regard, simplement aujourd'hui, des quatre critères
18:10qui définissent le viol et que vous rappeliez.
18:12Et puis c'est vrai qu'y compris dans les milieux juridiques d'une part,
18:15évidemment, et puis même dans les milieux féministes,
18:17il y a des inquiétudes aussi parce que,
18:20comment on formule au préalable ce consentement,
18:25évidemment, est-ce que ça peut amener, en cas d'enquête,
18:29à se tourner davantage...
18:31C'est pas ce que vous avez fait, vous avez démontré l'inverse,
18:33mais vers le comportement, justement, de la victime.
18:36Ensuite, une victime qui formule son consentement
18:38peut ensuite le retirer, elle peut changer d'avis.
18:40Elle peut aussi consentir à un certain nombre d'actes sexuels,
18:44mais pas à d'autres.
18:45Donc tout ça est extrêmement compliqué dans la pratique.
18:48C'est vrai que ça soulève des interrogations légitimes.
18:50Parce que consentir, ça veut pas dire...
18:52On oublie la question du fait que la victime peut le subir.
18:56Bien sûr, mais le consentement lui-même peut être,
18:59évidemment, en quelque sorte, arraché, extorqué, etc.
19:02Donc tout ça soulève...
19:03Si jamais on modifie la loi, et pourquoi pas,
19:06c'est vrai que ça soulèvera d'autres interrogations ensuite
19:08dans l'interprétation, dans la mise en oeuvre.
19:11Mais ça, comme toute modification législative, bien sûr.
19:13Ça va dépendre de la rédaction.
19:14La rédaction est très importante.
19:16Il faut pas qu'elle soit prise dans la précipitation
19:18et que ça soit une loi purement politique.
19:21La rédaction d'abord, mais aussi l'interprétation, vous en reviendrez.
19:23À chaque fois, la loi est aussi interprétée par des magistrats, selon les affaires.
19:26David Di Giacomo, il faut rappeler ce qui va se passer ce matin.
19:28Les 51 accusés vont attendre leur jugement, leur verdict.
19:33Si des acquittements sont prononcés, il faut les motiver individuellement.
19:37La défense aussi peut faire appel.
19:40Et là, ce n'est plus la cour criminelle avec des magistrats,
19:43ce sera le juré populaire.
19:45Voilà, exactement.
19:46En cas d'appel, ce sera une cour d'assises avec un juré populaire.
19:49Bon, alors, on n'en est pas là, mais on peut effectivement imaginer
19:52que sur les 51 accusés, il y aura très probablement des appels.
19:57Ça, on le verra à l'issue du verdict.
19:59Ce qui va se passer maintenant, c'est que logiquement,
20:01c'est à partir de 9h30 que les 5 magistrats de la cour criminelle du Vaucluse
20:06vont débuter l'énoncé de ce verdict qui risque d'être très long.
20:11On a entendu que Gisèle Pellicot était arrivée,
20:13mais tout le monde doit arriver dans l'audience.
20:15Il y a des accusés, je le disais, qui comparaissent libres, 32 sur 50,
20:19qui risquent ensuite d'être menottés et conduits en détention directement.
20:24C'est pour ça qu'il y a aussi 200 policiers autour.
20:26Donc, ce verdict, ça va prendre du temps.
20:29Et comme on l'entendait, à l'issue, Gisèle Pellicot a expliqué
20:32qu'elle ferait une déclaration dans la salle des pas perdus,
20:35une courte déclaration face aux journalistes.
20:37La question qu'on peut se poser en attendant le verdict,
20:40c'est que forcément, on parle depuis ce matin et même depuis 4 mois
20:44d'un procès en normes, d'un procès historique.
20:47Il faut forcément en tirer des conséquences,
20:50en tirer des leçons de ce qui s'est passé là pendant 4 mois.
20:54Marie-Pierre Porchy, vous, quel est le principal enseignement que vous en tirez ?
21:00D'abord, je crois qu'il faut vraiment féliciter cette femme
21:04parce que sans la publicité des débats, il n'aurait pas eu l'écho
21:08qu'il a actuellement, je dirais, dans le monde entier,
21:11grâce à l'intervention des médias qui ont pu suivre ce procès.
21:14Je crois que c'est une prise de conscience, surtout,
21:17même de nous-mêmes, magistrats.
21:19Je ne sais pas si c'est le cas des avocats.
21:21C'est vrai que c'est un procès hors normes,
21:23mais c'est aussi un procès qui a permis des questionnements.
21:27D'abord, une prise de conscience de ce qu'est la violence intrafamiliale.
21:31Les avocats, les magistrats savent, parce qu'on le pratique au quotidien, ça.
21:36Mais l'opinion publique l'a vu.
21:38La société, après conscience de ce que sont les violences intrafamiliales,
21:41là, c'est un viol, mais on peut dire la même chose de l'inceste.
21:45Moi, dans mon livre, j'ai une première partie sur l'inceste,
21:48c'est toute l'évolution qu'il y a eu jusqu'à la loi de 2021.
21:51Et cette prise de conscience, elle concerne aussi les hommes.
21:56Et d'ailleurs, ça dérange beaucoup les hommes, je crois, ce procès.
21:59Moi, j'ai pu le constater.
22:01Ils ont quand même pris conscience d'un certain nombre de choses.
22:04Et puis, les femmes aussi.
22:06Qu'est-ce que c'est que le consentement ?
22:08Je crois que beaucoup de femmes ne s'interrogent pas de savoir si elles sont consentantes.
22:11Surtout dans un couple, quand on est en couple depuis 30 ans.
22:13Sur les hommes, c'est intéressant ce que vous dites,
22:15parce qu'effectivement, on a eu deux réactions différentes.
22:17On a eu ceux qui disent, ça ne me concerne pas, ce n'est pas moi.
22:20Ces hommes-là ont l'air ordinaires, mais ce n'est pas moi.
22:23Et puis, il y en a d'autres qui ont culpabilisé, qui ont dit,
22:26en fait, on est des monstres en puissance.
22:29Alors, moi, je vais vous dire, je crois que je m'engage pour tous les magistrats.
22:34Vous avez donné la parole aux hommes.
22:36Je vous la laisse bien volontiers.
22:37Juste avant de vous laisser la parole, nous, les magistrats et les avocats,
22:41je crois que je peux m'engager pour vous.
22:43On peut savoir qu'il y a la vie publique, la vie privée et la vie intime.
22:48Et cette vie intime, on ne la connaît jamais.
22:51C'est vrai que c'est ce qu'on a appelé aussi, les actes ne sont pas du même ordre.
22:55L'acte est monstrueux, mais des actes monstrueux
22:57peuvent être commis par des hommes d'une apparence ordinaire.
22:59Il y a une forme de banalité du mal aussi, qui existe forcément,
23:03j'allais dire en chacun, pas forcément en chacun justement,
23:06parce qu'on n'est pas obligé de basculer du côté obscur.
23:10Chez les plus ordinaires, en tout cas.
23:12Mais nul n'est potentiellement à l'abri, bien sûr.
23:15Merci, merci beaucoup Renaud.
23:17David Di Giacomo, Maître Karine Durieux-Diébolt et Marie-Pierre Porchy,
23:20vous restez avec moi, l'édition spéciale continue sur France Info Radio.
23:24Je rappelle que le verdict du procès Mazan, procès jugé historique,
23:29procès historique, le verdict va avoir lieu à partir de 9h30.