• il y a 21 heures
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Bienvenue dans Les Informés, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info avec Renaud Dely. Bonjour Renaud.
00:11Bonjour, salut.
00:12Et bonjour à nos informés autour de la table.
00:14Alex Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:17On vous retrouve aussi tous les matins pour l'interview politique à 7h45. Bonjour Alex.
00:20Bonjour, salut.
00:21Et à vos côtés Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint aux Parisiens Aujourd'hui en France. Bonjour Henri.
00:26Bonjour, salut.
00:26Renaud Dely au cœur d'une polémique. François Bayrou, le Premier ministre, prône le retour du cumul des mandats.
00:31François Bayrou effectivement au milieu d'ailleurs de deux cycles de consultations de groupes parlementaires qu'il reçoit à Matignon.
00:36Il en a reçu plusieurs hier, il doit en recevoir d'autres aujourd'hui.
00:39Il a fait une escapade à Pau hier soir au conseil municipal de sa ville de Pau, ville dont il est maire depuis 10 ans.
00:46Et François Bayrou à cette occasion a choisi de rouvrir un débat effectivement sur le cumul des mandats,
00:52critiquant la loi interdisant le cumul des mandats, une loi qui date de 2014 sur laquelle il entend revenir.
00:59Je pense profondément qu'on s'est trompé, tout le monde.
01:05On a tous participé à ça en faisant que deviennent incompatibles les responsabilités locales et les responsabilités nationales.
01:16Je pense que c'est une erreur.
01:19Je pense qu'il faut que nous réfléchissions à une nouvelle organisation.
01:23Sauf que François Bayrou a donc fait cette déclaration hier à Pau, au moment même où une catastrophe a frappé Mayotte,
01:29une catastrophe d'une ampleur inédite.
01:32Mayotte où se trouve d'ailleurs le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, mais où n'était pas le premier ministre donc.
01:38Alors il est l'objet de critiques venant de la gauche en particulier, mais pas seulement.
01:42Voici ce qu'a affirmé il y a quelques minutes sur ce plateau la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Brown-Pivet.
01:49Face à une telle catastrophe qui n'est pas arrivée sur le territoire national depuis des décennies,
01:54il est important d'être aux côtés de ces populations.
01:56Et j'aurais effectivement préféré que le premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne un avion pour Mamoudzou.
02:02Alors est-ce qu'effectivement François Bayrou a gaffé en quelque sorte ?
02:05Est-ce qu'il a commis une erreur en se rendant à Pau plutôt qu'à Mayotte ?
02:10Et de sur quoi en rouvrant ce débat sur le cumul des mandats ?
02:12Alex, alors je pense que l'ouverture du débat sur le cumul des mandats, il est arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe
02:18parce qu'il était à Pau. Je ne suis pas convaincue...
02:20Qu'il lui-même était concerné ?
02:21Voilà, qu'il était concerné, qu'il a essayé de justifier sa présence.
02:25Donc je pense que ça, le débat en lui-même est intéressant
02:27mais je suis persuadée qu'il n'avait pas forcément prévu de faire cette annonce spécifiquement hier soir.
02:33Alors moi je vais peut-être vous étonner mais je ne suis pas spécialement choquée qu'il ait été à Pau.
02:39Je ne sais pas quelle aurait été la différence s'il avait été en présentiel, comme on dit dans la cellule de crise Place Beauvau,
02:45il y avait Bruno Retailleau, il y a trois ministres qui sont sur place
02:47Emmanuel Macron lui-même va s'y rendre dans les jours qui viennent.
02:51On peut aussi se dire qu'il pouvait gérer ça en distanciel
02:57et que surtout il a besoin d'être à Paris parce qu'il est quand même coincé entre des salves de consultations.
03:04Il a passé sa journée d'hier à consulter, il va recommencer aujourd'hui.
03:08Alors oui, c'est un peu étrange dans le contexte effectivement de faire cet aller-retour
03:13mais de là à prendre son avion pour Mayotte, je trouve que c'est une polémique un peu facile et c'est une attaque un peu facile.
03:21Sans qu'il aille forcément à Mayotte parce qu'il faut rappeler ce qu'a dit son équipe pour justifier son déplacement à Pau.
03:26Tout sera fait pour qu'ils suivent les deux, à savoir le conseil municipal à Pau sur le budget.
03:31Oui, c'est mettre les deux sur le même terrain qui peut sembler.
03:34Et la réunion de crise à laquelle participait le président de la République, Henri.
03:38Oui, en gros tout sera fait pour justifier un maximum le cumul, c'est-à-dire le cumul des fonctions.
03:42Eh bien non, justement, ça ne marche pas.
03:44Non, en réalité, il n'y a rien qui marche réellement bien dans cette affaire.
03:48Alors bien sûr, là où je suis d'accord, c'est vrai que sa présence physique à Mayotte, ça ne s'impose pas.
03:53On sait au contraire que le déplacement d'autorité avec tout ce que ça suppose comme logistique, comme monde, etc.,
03:58ce n'est pas forcément productif.
04:00Et en effet, le ministre de l'Intérieur y est et le président y sera bientôt.
04:02En revanche, la politique, c'est une affaire beaucoup, essentiellement presque aujourd'hui malheureusement pourrait-on dire,
04:09d'image et de calendrier.
04:10La maîtrise du calendrier, c'est l'art du combattant politique.
04:13Ce n'est pas lui qui dit ça, c'est son adversaire Mélenchon.
04:15Néanmoins, c'est quand même une réalité.
04:16Et là, pourquoi ça ne marche pas ?
04:18Parce que la présence physique ou présentielle, non, ce n'est pas la même chose.
04:22Et donc, dans la cellule de crise à Paris, quand on a une crise aussi majeure, une catastrophe,
04:27la mesure, c'est celle qu'a rappelée Yves Le Pompier sur votre plateau il y a quelques minutes,
04:31forcément, il faut être là.
04:34Vous êtes aux manettes, vous venez d'arriver et non pas donner l'impression de prendre un avion, de se précipiter.
04:39Alors évidemment, en plus, l'avion, ça a été suivi, vous savez, par tous les groupes de surveillance écolo, etc.,
04:44pour aller à Pau juste dans ce moment-là.
04:46Alors qu'en effet, ça, ça ne s'imposait pas.
04:48Ça donne aussi l'impression, quelque part, de privilégier son intérêt politique personnel,
04:52c'est-à-dire, en gros, d'assurer ses arrières à Pau, c'est-à-dire sa réélection possible au commerce,
04:56si jamais ça tournait mal, là, matinant à Paris, ce qu'il parlait de Tonkikour, est tout à fait possible.
05:00Donc, vraiment, voilà, c'est une faute politique, pourrait-on dire, étonnante,
05:05de la part de quelqu'un d'aussi capé, d'aussi roué que François Bayrou.
05:09L'avantage qu'il avait pris sur le Président, dans le bras de fer, dans la séance incroyable,
05:14dans le psychodrame de vendredi à l'Élysée, quelque part, il redonne un peu la balle à Emmanuel Macron,
05:20qui, lui, saisit le timing en annonçant qu'il ira, sans pour autant sauver l'île.
05:24– Audan ?
05:25– Ce qui est intéressant, si on dépasse le stade de la condamnation ou pas,
05:29de l'indignation ou pas, du jugement de valeur ou pas, sur ce qu'a fait François Bayrou,
05:33je pense, sur le plan de l'analyse, si on prend un petit peu de recul,
05:35c'est qu'on s'aperçoit que François Bayrou est quelqu'un d'assez, entre guillemets,
05:38je vais passer mon expression, old school.
05:40C'est de la politique, effectivement, un peu old school.
05:43Ce qui explique, d'une part, le choix, effectivement, d'aller à Pau,
05:46de vouloir conserver sa mairie, son mandat de maire,
05:49ce qui peut tout à fait, en tant que Premier ministre, il faut le rappeler,
05:51mon cumul ne concerne pas les ministres ou les premiers ministres avec la fonction de maire,
05:56même si Édouard Philippe ou Jean Castex, en leur temps, avaient abandonné leur fonction de maire.
06:01C'est la même chose qui, à mon avis, justifie le fait qu'il choisisse de rouvrir ce débat
06:05sur l'interdiction du cumul des mandats,
06:08ce qui est, d'ailleurs, une de ses positions de longue date.
06:10Ça fait longtemps qu'il critique, et il n'est pas le seul,
06:13les conséquences du non-cumul des mandats.
06:17Et c'est vrai qu'aujourd'hui, ce sont des comportements,
06:20et effectivement, le fait qu'il aille à Pau plutôt que à Mayotte,
06:24même si le ministre de l'Intérieur est à Mayotte,
06:26même si, effectivement, le chef de l'État a annoncé qu'il allait s'y rendre,
06:29ce sont des comportements qui heurtent les pratiques politiques, si j'ose dire, du Nouveau Monde.
06:32Et effectivement, ça entre en conflit avec...
06:36Henri disait à l'instant que, d'une certaine façon, le chef de l'État reprend la main,
06:40parce que c'est exactement l'opposé, le contraste avec le fameux Nouveau Monde macroniste.
06:45Mais pour le meilleur et pour le pire, si j'ose dire,
06:48parce que rouvrir le débat sur le non-cumul des mandats,
06:50c'est aussi, de la part de François Bayrou, faire le procès du macronisme,
06:54dont les contempteurs dénoncent depuis des années
06:58le fait qu'il aurait produit des représentants hors-sol,
07:01déconnectés des réalités, ne connaissant pas la vie quotidienne des Français,
07:05des cadres dirigeants issus du privé ou des hauts fonctionnaires surdiplômés,
07:08qui ne connaissent pas les réalités du terrain, justement.
07:10Et François Bayrou se place sur ce terrain-là.
07:13Donc, en termes d'image, c'est effectivement assez désastreux pour lui aujourd'hui,
07:18ça, je l'entends bien, bien sûr.
07:19Et je pense que, sur le plan de la communication politique, c'est une erreur.
07:23Et effectivement, ça suscite un certain émoi.
07:25La gauche, c'est normal qu'elle critique fortement François Bayrou,
07:29y compris dans son camp, je pense,
07:30et puis y compris, d'ailleurs, sur le plan, dans les rédactions, en quelque sorte.
07:34Sur le fond, je pense qu'il cherche aussi à ressusciter, justement,
07:38cette politique old-school, ce lien avec les élus locaux.
07:41Et ça, je ne sais pas si, à terme, ça ne lui est pas un peu plus crédité
07:46au regard, encore une fois, des échecs ou des critiques
07:50qui ont été faits sur ce qui est devenu le macronisme depuis sept ans.
07:52Non, mais on peut relever la déconnexion des élus,
07:55je parle des parlementaires, parce qu'ils n'ont plus de mandats locaux,
07:58mais justifier sa présence à Pau en disant
08:01« En fait, il faut revenir sur le cumul des mandats parce que, vous voyez bien, ça ne marche pas »,
08:04est-ce qu'il y a un problème de timing ?
08:06Non, justement, c'est normal qu'ils le disent depuis Pau plutôt que depuis Paris, à priori.
08:09Oui, mais moi, je trouve quand même que c'est un peu l'écume des choses.
08:15Bien sûr qu'en termes de communication, ce n'est pas très habile et tout,
08:18mais honnêtement, je ne vois pas dans le fond le problème.
08:23Il y a des cellules de crise, Emmanuel Macron y va, Bruno Retailleau est sur place.
08:27Je vais jouer la démago, mais que le nouveau Premier ministre soit à Pau pour parler du budget de sa ville,
08:31alors que potentiellement, il va donner 25 000 euros à Mayotte.
08:36Non, mais encore une fois, on est dans de la com'.
08:39Si on revient sur le fond, notamment concernant les ministres et les premiers ministres,
08:43le fait qu'il n'ait pas le droit de cumuler des mandats,
08:46moi, je trouve qu'aujourd'hui, on voit bien l'appauvrissement de la classe politique,
08:50on voit bien que les ministres, ce n'est plus exactement le même niveau,
08:54qu'il y a beaucoup de contraintes, il y a la haute autorité à l'avis public,
08:57il y a les conflits d'intérêts, qu'un poste peut coûter cher,
09:01y compris à la sortie, où on peut ne pas pouvoir travailler pendant quelques années.
09:05Donc, oui, moi, je me dis, tiens, quand tu es ministre,
09:09tu es effectivement souvent déconnecté de l'ancrage territorial,
09:14donc pourquoi pas revenir à ça et permettre, ce qu'ils disaient, un mandat local.
09:19Après, la question quand même que je pose, et que je pose y compris pour François Bayrou,
09:23François Bayrou pose ses 80 000 habitants, il est aussi, me semble-t-il, présent de l'agglomération,
09:29ce n'est pas une petite ville, ce n'est pas une petite gestion.
09:32Donc, ça veut dire que peut-être que, pour revenir sur cette règle,
09:35il faudrait peut-être voir à partir de quel nombre d'habitants,
09:39on estime que c'est jouable ou pas jouable.
09:41Et le dernier point quand même, vraiment, je suis l'avocat du diable ce matin,
09:45mais que, par exemple, François Bayrou, il ne touche pas d'indemnités,
09:49enfin, c'est à titre bénévole, et que l'écumule de mandats, ce n'est pas forcément...
09:54– La productivité du commissariat au plan n'est pas formidable.
09:56– Je termine juste ma phrase. Il n'y a pas forcément un cumul de tous les mandats.
10:01Donc, bon.
10:02– Henri, juste un petit mot rapide, là-dessus ?
10:04– Non, moi, je ne pense pas que ce soit l'écume des choses.
10:06Le Premier ministre, il est là pour être manette, il est là pour gérer.
10:09Sinon, après, on fait le reproche qu'on fait souvent au Président,
10:11mais depuis Sarkozy, c'est le côté hyper Président.
10:14Non, vous êtes chef de gouvernement, vous arrivez...
10:16Je ne dis pas, je l'ai dit au début, à Mayotte, non, ce n'est vraiment pas indispensable.
10:20En revanche, être dans la cellule de crise, être concentré, ne pas refiler le bébé,
10:24pardonnez-moi l'expression, à son ministre de l'Intérieur, en disant,
10:27voilà, c'est lui qui va répondre à vos questions,
10:29et quitter comme ça, en plein champ, une conférence de presse,
10:31il faut être là, il faut être aux commandes.
10:33Maintenant, c'est vrai, je suis entièrement d'accord que le cumul des mandats,
10:35c'est une vraie question, c'est un vrai débat, et ça mérite d'être engagé.
10:38Parce que le côté hors-sol, oui, on l'a un peu vu, notamment au premier mandat,
10:41par exemple, il y a des gens qui arrivent et qui votent la suppression des aides personnelles et logements,
10:45des choses comme ça, bien sûr, on voit que...
10:47Ce n'était pas la suppression, c'était la baisse de 5 euros.
10:49La baisse de 5 euros des appels.
10:51Ce genre de décision, c'est vrai qu'il y avait là un côté un petit peu déconnecté,
10:54c'est une critique réelle et fondée.
10:57Je vous propose de continuer la discussion, juste après le Fil Info, à 9h17.
11:02Des critiques jusque dans le camp présidentiel.
11:04J'aurais préféré que le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau,
11:08prenne un avion pour Mamoudzou, affirme sur France Info.
11:11La présidente de l'Assemblée nationale, François Bayrou, veut rester maire de Pau
11:15et a choisi d'aller au conseil municipal de Savilly hier soir.
11:18Et cela alors que la situation est critique à Mayotte, après le passage du cyclone.
11:22Au moins 22 morts, les secours recherchent des survivants sous les décombres encore ce matin.
11:27Une délégation française est arrivée à Damas il y a moins d'une heure,
11:30une première depuis 12 ans, et la chute de Bachar Al-Assad en Syrie.
11:34La France, comme d'autres pays occidentaux, prend contact avec le nouveau dirigeant.
11:39Une coalition dominée par des islamistes.
11:42Une aide bienvenue pour plus de 2 millions de ménages.
11:44La prime de Noël est versée aujourd'hui aux bénéficiaires des minima sociaux.
11:48Un peu plus de 152 euros pour une personne seule.
11:51Après 15 jours en tête du Vendée Globe, le skipper français Charlie Dalin cède sa place.
11:56C'est désormais un autre navigateur français qui est devant.
11:59Johan Richombe, premier de cette course à la voile en solitaire.
12:02Johan Richombe débute la traversée de l'océan Pacifique.
12:06France Info.
12:11Les informés. Renaud Dely, Saliha Brakia.
12:17Et on est de retour sur Plateau des Informés avec Alix Bouillague, éditorialiste politique à France Info TV,
12:21avec Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint parisien aujourd'hui en France, et Renaud Dely.
12:26Vous disiez tout à l'heure que François Bayrou est en quelque sorte un peu old school,
12:30contrairement au nouveau monde des partisans d'Emmanuel Macron.
12:36Est-ce que, pardon je bloque sur cette situation à peau,
12:39mais en fait ce n'était pas juste du bon sens d'être à Paris en celle de crise ?
12:43Je ne sais pas, sincèrement je ne sais pas.
12:45C'est-à-dire que je pense qu'il y a encore une fois le style de François Bayrou,
12:48et c'est cette faute de communication, c'est indéniablement une faute de communication,
12:52s'il les accumule, et Henri Vernet rappelait à raison le fait que de ne pas répondre aux questions
12:57lors de la conférence de presse, et justement de tourner les talons rapidement
13:02et laisser son ministre de l'Intérieur répondre, n'était pas aussi un comportement très adéquat.
13:09Donc s'il accumule ce genre de fautes, il est possible que son mandat s'écourte,
13:14qu'effectivement il soit en décalage avec la réalité politique d'aujourd'hui.
13:18Même si ceux qui, en tout cas issus de son propre camp, le critiquent fortement,
13:24n'ont pas forcément intérêt à ce qui tombe rapidement,
13:26parce que si jamais François Bayrou est censuré rapidement, le prochain censuraliste, c'est Emmanuel Macron.
13:30Très clairement, si François Bayrou est censuré au mois de janvier,
13:34je pense que la question de la démission du Président de la République se posera très rapidement.
13:38On n'en est pas là.
13:40Donc il est possible, encore une fois, que ces erreurs qui s'additionnent
13:45illustrent un vrai comportement politique décalé par rapport à la réalité du pays d'aujourd'hui.
13:50Peut-être parce que François Bayrou a attendu depuis si longtemps d'ailleurs
13:54cette promotion qu'il multiplierait ses écarts.
13:59Il est possible aussi qu'il y ait en quelque sorte deux mondes politiques
14:02qui, justement, se font face et ne se parlent plus tellement
14:06depuis des années dans une France fracturée, fragmentée,
14:09à laquelle on voit ces fractures qui se creusent dans ce pays.
14:12D'un côté, effectivement, un monde politico-médiatique national
14:17qui a intégré des nouvelles pratiques.
14:20Le fait de faire un aller-retour en avion, ça donne une image désastreuse.
14:26Le fait d'évoquer, éventuellement, le retour d'une forme de cumul des mandats,
14:29c'est quelque chose qui n'est pas moderne et qui est très contesté,
14:33à part ce monde politique-là.
14:35Et ça peut être parfaitement légitime, je ne le conteste pas.
14:38Et de l'autre côté, des pratiques politiques dont François Bayrou se revendique,
14:42qui se veulent plus proches du terrain, plus ancrées dans les territoires.
14:47Il faut souvenir aussi, par exemple, du mouvement des Gilets jaunes,
14:49il y a quelques années, la façon dont ce mouvement des Gilets jaunes
14:52a profondément bousculé, ébranlé, chahuté, et bien plus que ça,
14:56justement, le monde politico-médiatique aussi.
14:59D'ailleurs, les médias aussi ont été, à l'époque, extrêmement critiqués,
15:03comme si c'était une bulle, loin de ces réalités-là.
15:06Il faut souvenir qu'au moment du mouvement des Gilets jaunes,
15:08les seuls élus qui en sont sortis à peu près indemnes,
15:11c'étaient justement les maires, les élus locaux, en tout cas les maires.
15:14Et donc, il est possible que François Bayrou...
15:16Enfin, il est issu plus, évidemment, de ce monde-là, en quelque sorte,
15:19pour résumer, justement, cette identité de béarnais qu'il met en permanence en avant.
15:22Donc, je pense qu'il y a effectivement deux mondes politiques aujourd'hui
15:25assez différents. Il est possible, encore une fois,
15:28que le côté old school, on va dire, qui serait vraiment poussiéreux,
15:34voire dépassé des pratiques politiques de François Bayrou,
15:36le conduise à chuter rapidement.
15:38Mais il est possible aussi qu'il soit un peu plus en phase
15:41avec les attentes de certains Français qu'on ne le pense.
15:43Alors, justement, cette polémique, elle prend beaucoup d'ampleur
15:46parce que la situation à Mayotte, Renaud Dely,
15:49elle est désastreuse, il faut le dire.
15:50L'essentiel est là, effectivement, c'est que la situation à Mayotte
15:52est désastreuse. Le 101ème département français
15:56subit un cataclysme, une catastrophe inédite
15:59pour un territoire français, le passage de ce cyclone.
16:03Le bilan très provisoire fait état, pour l'instant,
16:07de 22 morts, 1 400 blessés, mais on redoute, évidemment,
16:10de découvrir de nombreuses autres victimes
16:12puisqu'il faut savoir que les populations sur place
16:14sont toujours privées pour l'essentiel d'eau, d'électricité,
16:17que les routes sont impraticables et que les secours
16:20arrivent finalement à un rythme extrêmement lent,
16:23notamment le fameux pont aérien mis en place
16:26depuis l'île de Réunion parce qu'il est extrêmement difficile
16:28d'accéder à Mayotte. Je propose d'écouter un bref extrait
16:31du ministre de l'Intérieur des missionnaires,
16:33Bruno Rotailleau, qui est sur place, justement, depuis hier
16:36et qui a pu constater déjà l'étendue des dégâts.
16:40L'île est totalement dévastée, ne me demandez pas de bilan.
16:44Une mission a été ce soir, d'ailleurs, décidée
16:47en cellule interministérielle de crise pour qu'on puisse,
16:51au niveau aussi des autorités locales,
16:53commencer à faire un recensement dès lors que les routes
16:56auront été dégagées, qu'elles ont été ouvertes.
16:59Nous envisageons, en tout cas, c'est un outil que le préfet
17:02va pouvoir actionner dès qu'il le jugera nécessaire,
17:05de couvre-feu.
17:06La population manque de tout, donc d'eau, d'électricité,
17:08de nourriture aussi.
17:09Il y a une autre crainte qui émerge peu à peu,
17:11c'est la crainte des épidémies, éventuellement du retour
17:15du choléra.
17:16Il y a aussi la crainte des pillages, de l'insécurité.
17:19Bref, Mayotte croule sous un amoncellement de difficultés
17:24extrêmement urgentes, une véritable tragédie.
17:26Est-ce que, d'ailleurs, la France pourra seule faire face
17:29à cette tragédie ?
17:30On sait aussi que les États-Unis ont proposé
17:31leur aide humanitaire.
17:32Et puis, finalement, est-ce que la France est à la hauteur
17:35de ce qu'attend ce 101e département français ?
17:37Mayotte, c'est 320 000 habitants, à peu près,
17:40à 8 000 kilomètres de Paris.
17:42Et des situations de pénurie, même antérieures
17:46à cette catastrophe absolument considérable.
17:49Il faut rappeler que 40 % de la population
17:51vit dans des bidonvilles.
17:52C'est le département le plus pauvre de France.
17:54Oui, le plus pauvre.
17:55Et c'est vrai, laissé en déshérence depuis qu'il a été fait
17:59101e département par Nicolas Sarkozy.
18:01C'était en 2011.
18:02En 2011, l'État n'a effectivement pas investi suffisamment.
18:05Pourquoi ?
18:06Parce que c'est sans doute que ce n'est pas
18:08dans une zone géopolitique stratégique.
18:11Il n'y a pas de minerais, il n'y a pas de pétrole,
18:14il n'y a pas de ressources naturelles,
18:16il n'y a pas d'industrie.
18:17Et donc, en fait, c'est une terre qui est en souffrance
18:19depuis la nuit des temps.
18:21Et c'est vrai qu'il y a eu une commission d'enquête
18:24qui a été menée par un député maorais,
18:26dont les conclusions ont été révélées
18:29juste avant la dissolution,
18:30qui expliquait tout ça.
18:31Et qui expliquait l'enchevêtrement des difficultés,
18:34le cumul des difficultés.
18:36La pauvreté galopante, 80% quand même de la population
18:40est sous le seuil de pauvreté,
18:41c'est-à-dire qu'on vit avec 200 euros par mois.
18:43Il y a le chômage.
18:45Je crois que c'est 60% des moins de 35 ans
18:48ne travaillent pas.
18:49Cette démographie aussi qui explose.
18:52L'âge moyen là-bas, c'est 23 ans.
18:55En métropole, c'est 41 ans.
18:56Les mères nées à l'étranger font 6 enfants.
19:00Les mères nées à Mayotte en font 3.
19:03D'où la première maternité d'Europe.
19:06Et les infrastructures qui sont insuffisantes.
19:09Le réseau routier, l'assainissement de l'eau,
19:11les écoles.
19:12Il faudrait construire quasiment une école tous les jours
19:14pour accueillir cette population très jeune.
19:17Les hôpitaux.
19:18Et c'est vrai que je crois que c'était à bas bruit.
19:21Et en fait, on a commencé à entendre depuis 2 ans,
19:24avec cette crise de l'eau justement,
19:26où les Mahorais ont commencé à se faire entendre,
19:29faire entendre leurs difficultés sociales
19:31et faire entendre aussi leurs problématiques
19:35face à cette immigration galopante.
19:37On entendait justement les problématiques de Mayotte
19:40sur le plan de l'immigration justement avec Gérald Darmanin
19:44quand il était ministre de l'Intérieur.
19:45Là, ce qu'on voit avec cette catastrophe naturelle, Henri Vernet,
19:49c'est que les infrastructures elles-mêmes
19:52ne sont loin d'être solides.
19:53Les bidonvilles par milliers ont conduit à avoir
19:56ces conséquences dramatiques.
19:59Oui, parce qu'ils n'étaient absolument pas bâtis,
20:01conçus pour des catastrophes naturelles
20:03dont on sait maintenant en plus
20:04qu'elles vont être de plus en plus nombreuses et importantes.
20:06Et vous l'admirez, en effet,
20:07cette dimension, elle est extrêmement importante.
20:10J'entendais ce matin sur Trentaine Voisine,
20:13Estel Youssoufou, qui est député de Mayotte
20:17et qui disait que justement, la population,
20:19c'est vrai, officiellement c'est 300 000.
20:20En réalité, elle l'estime à plutôt un demi-million,
20:22mais un demi-million dont une énorme,
20:25enfin une grosse partie vit dans ces conditions,
20:27dans ces bidonvilles totalement assalubres, invivables
20:30et puis aujourd'hui qui sont le centre de toutes les menaces.
20:33Parce qu'il y a l'effet dévastateur et meurtrier du cyclone,
20:37mais maintenant vont se produire d'autres effets,
20:39malheureusement, qui seront ceux du manque d'eau,
20:41du manque d'électricité, du manque de nourriture
20:43et peut-être des épidémies.
20:44Là, par exemple, il y a le souci très quotidien,
20:46très immédiat des enterrements.
20:48Il y en a certains dont on sait qu'ils se font
20:50sans permis d'inhumer, donc dans quelles conditions ?
20:52Bref, il y a tout cela et c'est vrai que ça fait ressortir.
20:55Alors, la déshérence, oui et non,
20:57parce que le département a été doté,
21:00je crois que c'est de l'ordre de 2 milliards par an,
21:02enfin je veux dire que l'État joue son rôle théorique,
21:06mais c'est vrai que ce n'est pas celui des faits,
21:08parce qu'en effet, il n'y a pas d'activité
21:10de développement économique endémique sur l'île,
21:12parce qu'il n'y a pas réellement,
21:14par exemple, il n'y a zéro plan d'urbanisation
21:16et que donc, pour montrer si l'État sera à l'auteur,
21:18il y a le temps des secours maintenant,
21:20il y a le temps de l'urgence, ça c'est bien évident
21:22et peut-être vous évoquiez la possibilité
21:24d'être aidé par l'Union Européenne,
21:26à propos de son aide, les États-Unis aussi,
21:28pourquoi pas du moment que ce sera organisé,
21:30ce qu'il faut surtout éviter dans ces cas-là,
21:32c'est une anarchie un petit peu des secours
21:34qui ne font que compliquer les choses.
21:36Mais bref, là l'État, on verra s'il est vraiment à l'auteur,
21:38si, partant de cette catastrophe,
21:40il reconstruit intelligemment cette île
21:42où tout est à faire, c'est-à-dire
21:44justement une vraie urbanisation,
21:46des centres hospitaliers qui soient vraiment dignes de ce nom
21:48et efficaces, enfin, qui est vraiment
21:50une espèce de planification,
21:52de pragmatisme
21:54efficace sur
21:56cette île qui en est dépourvue
21:58depuis des décennies.
22:00Reconstruire vraiment en 5 ans, c'est ce que proposait hier
22:02Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes,
22:04pourquoi pas faire comme pour Notre-Dame,
22:06on s'est donné 5 ans, on l'a fait, on l'a bien fait.
22:08Avec un élan incroyable.
22:10Et peut-être une petite note d'espoir, en 1984,
22:12il y avait un cyclone aussi qui s'appelait Camici
22:14qui s'avait permis, après, à l'Etat
22:16de débloquer beaucoup de crédits
22:18et qui avait permis de mettre un peu Mayotte
22:20sur la voie du développement. Chidot,
22:22qui est encore plus dévastateur, ce sera peut-être
22:24l'occasion de refaire les choses.
22:26Merci beaucoup, merci à tous les 3.
22:28Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info TV.
22:30L'interview politique chaque matin, 7h45,
22:32retenez ça. Henri Vernez, merci à vous,
22:34rédacteur en chef à Joie, en parisien
22:36aujourd'hui en France. Votre journal qui titre évidemment
22:38sur la course
22:40contre la mort à Mayotte,
22:42la difficulté de trouver des survivants
22:44dans les montagnes de décombre. Merci à vous,
22:46Renaud. Les informés du soir, c'est à partir
22:48de 20h avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.

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