Mercredi 11 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir, c'est celui du consensus pour 2025.
00:17Le consensus a toujours tort, nous dit tout, nous dit-on régulièrement, où est-ce que
00:22le consensus 2025 va se tromper le plus ? Nous en parlons avec John Plassard, spécialiste
00:27en investissement de la Banque Mirabeau, qui est avec nous en visioconférence.
00:32Bonsoir John, merci beaucoup d'être avec nous pour évoquer le consensus 2025.
00:36Peut-être qu'il faut d'ailleurs définir un petit peu ce qui est en train de se dessiner
00:41de manière consensuelle chez les investisseurs pour les marchés, la dynamique de marché
00:46en 2025, John, et puis savoir effectivement dans quelle mesure le consensus va à nouveau
00:51se tromper.
00:52Oui, tout à fait, alors première chose, je pense qu'il faut rappeler d'abord ce
00:57qui s'est passé en 2024 parce que toute l'année, les stratégistes ont les anticipations
01:04les plus fortes, notamment pour le S&P 500, sont beaucoup plus faibles que les niveaux
01:08actuels.
01:09Donc ça, c'est la première des choses.
01:10Vous n'avez pas eu une personne courageuse ou audacieuse qui est arrivée au niveau que
01:16nous avons actuellement sur le S&P 500 et pour 2025, eh bien là, on essaie, le consensus
01:23essaie de se rattraper d'une certaine manière en pariant sur le S&P 500 qui est quasiment
01:30à plus de 10%.
01:31La moyenne, c'est 6700 points sur le S&P 500, ce qui correspond donc à 10% de plus par
01:38rapport au niveau actuel et 20% par rapport au niveau du début de l'année 2024.
01:43Ça, c'est la première des choses.
01:45La deuxième des choses, c'est que bien évidemment, lorsqu'on parle de consensus, ce qu'il faut
01:50rappeler, c'est que c'est une moyenne et c'est ça qui est important de noter, c'est
01:54que vous avez des gens qui sont extrêmement positifs, des gens qui sont extrêmement négatifs
01:58et puis on leur fait une moyenne.
01:59Alors nous, à la Banque Nérabo, on a évidemment une vision des marchés, une vision extrêmement
02:05constructive plutôt que consensuelle, dont on peut parler après, mais lorsqu'on regarde
02:13les attentes des consensus et notamment des grandes banques américaines, eh bien, on
02:17est dans une situation où, en fait, c'est ce qu'on appelle le scénario boucle d'or,
02:24c'est un soft landing aux États-Unis, c'est une croissance américaine qui tient au-dessus
02:32des 2,5%, qui est alimentée notamment par l'arrivée de Donald Trump et vous en avez
02:36parlé juste avant, Grégoire, de la baisse des impôts, par exemple, sur les entreprises
02:41américaines.
02:42Il faut juste mettre une toute petite parenthèse ici parce que la baisse des impôts doit être
02:47acceptée par le Congrès, contrairement aux tarifs qui peuvent être mis en place
02:51simplement par la signature du président américain, donc c'est deux choses un peu
02:56différentes.
02:57Et la deuxième des choses, c'est que le dollar américain va continuer à s'apprécier
03:03face à un différentiel de taux entre les banques centrales, notamment la Banque centrale
03:08européenne et la Banque centrale américaine, et face à une vigueur économique qui est
03:12bien plus forte aux États-Unis.
03:14Donc c'est là où on en est actuellement concernant le consensus.
03:18Effectivement, d'ailleurs un consensus qui reprend un peu le schéma de ce qui s'est
03:23passé ces dernières années.
03:25La surprise macroéconomique, c'est la surperformance de l'économie américaine, mois après mois,
03:31trimestre après trimestre et maintenant année après année.
03:34Et derrière ça, évidemment, une dynamique des actions américaines qui est sans commune
03:40mesure par rapport à ce qu'on observe dans le reste du monde, pour dire les choses.
03:45John, du côté de Mirabeau, est-ce que vous achetez l'idée quand même que c'est des
03:51tendances lourdes, longues, qui doivent pouvoir encore se prolonger ? Ou est-ce qu'il y a
03:57une nuance ou des nuances à apporter par rapport à ce schéma qui semble dominant ?
04:01Alors, ce qu'on a fait chez Mirabeau, c'est qu'on n'a pas changé notre fusil d'épaule
04:07parce qu'on est arrivé à la fin de l'année.
04:08Vous savez, souvent, on se dit parce que c'est le 1er janvier, il faudrait changer
04:12de scénario.
04:13On est constructif depuis un moment, notamment sur les actions américaines, notamment sur
04:18la technologie, on est constructif aussi sur le dollar, par rapport notamment à l'euro,
04:26et puis on se dit que les pays émergents, pour l'instant, c'est difficile de les jouer
04:32en direct parce qu'on a deux questions et deux interrogations qui sont très importantes.
04:37C'est la question politique et de l'autre côté, évidemment, c'est la question de
04:40la devise parce que j'entends souvent les médias dire que vous avez certains pays en
04:48Amérique latine, certaines bourses en Amérique latine qui ont fortement monté, mais d'un
04:52autre côté, vous avez eu la dépréciation de la devise.
04:54Donc, il faut faire très attention lorsqu'on parle des marchés.
04:57Donc, on est toujours dans une question constructive.
04:59Pour nous, on arrive dans un soft-leaning.
05:01Ce n'est pas un scénario qu'on vient d'inventer à la fin de l'année, c'est un scénario
05:05qu'on tient depuis longtemps.
05:07Alors, on est tout à fait conscient qu'évidemment, dans un scénario idéal dans lequel on est
05:14aujourd'hui, d'une certaine manière, avec un S&P 500 qui touche un plurihistorique,
05:20le Nasdaq et l'Arizona quasiment, eh bien, à un moment, il faut respirer.
05:23Et lorsqu'on respire, eh bien, on peut baisser potentiellement de 5 à 10 % sans aucun problème.
05:30Mais on n'est pas aujourd'hui dans une situation où on se dit que si le marché commence à
05:36baisser, il faut vendre.
05:37C'est plutôt une opportunité d'achat.
05:39Et d'un autre côté, il ne faut pas oublier quand même, et vous l'avez évoqué avant,
05:44Grégoire, on est quand même dans une situation où on a des interrogations géopolitiques
05:48extrêmement fortes.
05:49Et sur la question, notamment Israël, Palestine, Ukraine, eh bien, on a la question syrienne
05:56où on n'a pas vraiment de réponse sur ce qui est en train de se passer.
05:59Et là-dedans, c'est pour ça que depuis un certain moment, en termes de protection, je dirais,
06:05eh bien, on aime bien un acteur comme l'or qui nous permet d'avoir peut-être un matériau
06:11qui est un peu moins sexy, ne donne pas de dividende, il ne monte pas aussi rapidement
06:15qu'une action Tesla, par exemple, actuellement.
06:19Mais on se dit que c'est une question de se protéger.
06:22Alors, pour revenir, ça, c'est un autre point de vue chez Mirabeau.
06:26Maintenant, juste pour revenir, si vous me permettez, Grégoire, au consensus,
06:30vous savez, on a, et surtout les investisseurs globaux et les investisseurs américains
06:35ont la mémoire extrêmement courte.
06:36Vous savez, si vous regardez simplement les deux dernières années, si vous prenez l'année 2022,
06:41il ne faut pas oublier qu'on anticipait une croissance qui était extrêmement solide
06:47au début de l'année.
06:48J'ai repris les prévisions du consensus en début 2022 et, en fait, c'était un peu l'euphorie
06:55dans les grandes banques comme Goldman Sachs et Morgan Stanley.
06:59Et, en fait, vous vous souvenez très bien, et on en a parlé ici dans cette émission,
07:04eh bien, on a eu l'inflation qui montait très rapidement et on a eu les banquiers centraux
07:07qui étaient en retard, qui ont monté très fortement leurs taux et les marchés ont baissé.
07:12En 2023, vous aviez quasiment tous les économistes et les analystes qui parlaient
07:17sur une récession américaine.
07:19Et en 2023, qu'est-ce qui s'est passé ?
07:21On a eu notamment la consommation, le secteur des services qui a tenu la croissance économique
07:28et qui a surpris absolument tout le monde.
07:30Et en 2024, donc cette année, comme je le disais en préambule,
07:35vous aviez certains analystes qui étaient assez prudents en se disant qu'après avoir été
07:41chat et chaudé, crâne l'eau froide, après avoir s'être trompé les deux dernières années,
07:47il fallait être un peu prudent sur les marchés, alors que les marchés ont gagné pour le S&P 500
07:52près de 25 %.
07:54Donc on est dans une situation où si on regarde ces dernières années,
07:58eh bien, on voit que ces trois dernières années sur, là on parle d'un target, d'une cible,
08:03sur le S&P 500 par exemple, c'est l'indice le plus traité,
08:07eh bien, ces trois dernières années ont été des années où en début d'année,
08:13eh bien, le consensus avait tort sur un objectif qui était précis
08:18parce qu'il y a eu des éléments externes, des facteurs exogènes, on peut les appeler comme ça,
08:24qui sont arrivés et que personne n'avait anticipé.
08:27On verra, de ce point de vue-là, j'imagine qu'on n'est pas au bout de nos surprises,
08:32il y aura forcément des surprises et des choses qu'on ne connaît pas encore
08:36et qui se matérialiseront l'an prochain, ne serait-ce que sur le plan politique ou géopolitique.
08:42Dans l'idée d'une allocation, où est-ce qu'on a envie de mettre un petit joker
08:48ou peut-être une petite carte booster en se disant, tiens là, c'est quand même un pari,
08:53il n'y a pas trop de risque à le prendre et si le pari se matérialise, ça peut payer fort.
08:58Je pense notamment aux émergents à la Chine, est-ce que c'est le moment de s'interroger sur l'idée
09:03peut-être d'une remontada un peu plus sérieuse des actions chinoises
09:08ou des valeurs qui sont associées à l'univers chinois ?
09:13C'est pour nous assez simple, entre guillemets, ce n'est jamais simple,
09:18c'est que sur la partie chinoise, on s'est dit qu'il y avait deux choses à regarder.
09:24La première, c'était la confiance du consommateur qui est au plus bas historique,
09:28au plus bas niveau de ce qu'on a connu lorsqu'il y avait la politique du Covid-0.
09:33Et la deuxième des choses, c'était que pour s'attaquer à cette confiance et la faire remonter,
09:38il fallait que le gouvernement chinois s'attaque à la fiscalité, pas à l'immobilier,
09:43parce que les prix de l'immobilier depuis 8-9 ans ont baissé entre 30 et 20 % en fonction de la région,
09:48mais à la fiscalité qui donnerait potentiellement de la confiance, un renouveau de confiance aux Chinois
09:56qui, eux, ont une épargne supplémentaire qu'ils ont accumulée durant le Covid notamment,
10:02qui n'ont pas encore déversé dans les marchés financiers, qui est très important.
10:08Et là-dessus, le politburo qui se réunit ces prochains jours,
10:12potentiellement, s'il s'attaque à la fiscalité, on serait capable de regarder à nouveau,
10:17mais pas en jouant directement à Chine, parce qu'il y a des interrogations politiques et aussi sur la devise,
10:24mais en jouant des acteurs qui sont présents en Chine.
10:27Et si je dis des acteurs qui sont présents en Chine, en fait, j'enfonce un peu une porte ouverte,
10:32mais bien évidemment, on a le secteur du luxe.
10:35Et si vous parlez du secteur du luxe, vous parlez entre autres du CAC 40,
10:39et vous avez vu comment, pour des questions évidemment de luxe et de composition du CAC 40,
10:46et questions politiques et de croissance, le CAC 40 est toujours négatif, si je ne me trompe, depuis le début de l'année,
10:53vous auriez une pièce à mettre, parce qu'on se dit que potentiellement, en jouant indirectement à Chine,
11:01entre autres à travers la France, s'il faut jouer un renouveau ici, c'est à travers ce type d'action.
11:12Bien évidemment, aujourd'hui, on n'y voit pas encore très clair, on n'a pas encore de Premier ministre en France par exemple,
11:18et puis, comme je vous le disais, on attend des nouvelles du politburo.
11:22Alors évidemment, on n'est pas dans une situation où on se dit qu'il faut absolument être agressif,
11:28on attend, on paye pour voir d'une certaine manière, puisqu'on a quand même un retard sur l'indice français qui est très très important.
11:35Mais on verra, entre la politique française et le soutien chinois, on verra ce qui fait bouger le CAC.
11:40En tout cas, depuis le début du mois de décembre, on a vu le CAC rebondir un peu, se stabiliser, grâce aux valeurs du luxe.
11:46Et c'est vrai qu'on peut associer le rebond des valeurs du luxe, peut-être, à l'idée ou à la spéculation d'une Chine
11:52qui relancerait un peu plus fort son économie à un certain stade.
11:56On verra tout ça, évidemment, et on en fera le bilan dans un an au terme de l'année 2025.
12:01Merci beaucoup John, John Plassard qui était avec nous en visioconférence pour évoquer ses enjeux et ses perspectives de marché pour 2025,
12:09avec les vues de Mirabeau. John, spécialiste en investissement de Mirabeau.
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