Lundi 4 mars 2024, SMART BOURSE reçoit John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud & Cie)
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00:10 Les enjeux de la semaine sur les marchés, nous en parlons le lundi à 13h30 en direct.
00:15 Et c'est John Placard qui est avec nous en visioconférence pour entamer ce rendez-vous spécialiste en investissement de la banque Mirabeau.
00:20 Bonjour et bienvenue John.
00:22 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:24 Assez intéressant de constater que les marchés d'actifs risqués débutent ce mois de mars sur des niveaux records
00:30 quand on regarde les grands indices des marchés développés notamment.
00:34 Et si on prend un peu de recul sur ces deux premiers mois de l'année, ce qui est encore plus impressionnant,
00:38 c'est que les investisseurs n'ont eu de cesse d'effacer un certain nombre de baisses de taux qui étaient anticipées pour 2024.
00:46 Et que malgré cela, la course des actifs risqués et des indices actions n'a jamais été entravée.
00:53 Oui exactement Grégoire, bonjour.
00:55 C'était la question, je crois que c'était la question principale depuis ce début de l'année
01:00 puisqu'on avait eu un sous-breceau avec une consolidation des marchés en octobre de l'année passée
01:06 qui était due à un rééchelonnement du consensus sur les prévisions de la réserve fédérale américaine notamment.
01:17 Et on a vu dernièrement la semaine passée, c'était assez important pour noter,
01:22 que le consensus maintenant pariait comme l'a fait pour trois baisses de taux cette année.
01:28 Évidemment ça va encore évoluer, on le sait, mais ils sont en phase.
01:32 Et on se disait que lorsqu'ils seraient en phase, on aurait une consolidation de marché.
01:37 Et bien pas du tout, vous l'avez dit Grégoire, on a eu des nouveaux records historiques sur le S&P 500,
01:43 sur le Nasdaq 100 notamment, et en fait on se dit que malgré des rendements élevés,
01:49 les marchés peuvent quand même continuer à progresser, ce qui laisse pas mal d'espoir pour la suite de l'année.
01:54 Et la question c'est bien évidemment de savoir pourquoi.
01:57 Pour moi il y a trois raisons spécifiques.
01:59 La première, c'est les bons résultats des entreprises.
02:01 Sur le dernier trimestre de l'année dernière, on a vu qu'on était au-dessus du consensus.
02:07 On a vu aussi que l'enthousiasme pour l'intelligence artificielle,
02:12 excusez-moi Grégoire, il fallait bien que je le sorte,
02:14 a continué d'être très important, notamment après la publication des résultats de Nvidia.
02:22 Et puis d'un autre côté, on a une croissance économique aux Etats-Unis qui est extrêmement robuste.
02:29 On l'a vu que pour le dernier trimestre, même avec une légère révision à la baisse,
02:33 on est quand même à 3,2% sur le quatrième trimestre.
02:36 Donc on voit que les consommateurs américains continuent de consommer.
02:41 On voit qu'on a une croissance supérieure à ce qu'on avait historiquement
02:46 lorsqu'on arrivait dans des périodes où potentiellement on pourrait avoir une récession.
02:51 On l'a tous effacé.
02:53 Vous vous souvenez, tout le monde parlait du soft landing.
02:56 Et bien maintenant, presque tout le monde parle du no landing.
02:59 On en avait parlé d'ailleurs ensemble Grégoire.
03:02 Et on est dans une situation où même la situation de l'emploi aux Etats-Unis tient toujours.
03:09 Donc ça, ça vient alimenter évidemment cette croissance folle américaine.
03:14 Oui, et donc ça veut dire que les marchés repoussent l'idée des baisses de taux,
03:17 mais pour de bonnes raisons.
03:18 C'est bien parce qu'il y a de la croissance qui alimente les résultats des entreprises
03:22 que le marché d'acti, les marchés actions peuvent continuer leur course en avant.
03:27 Oui, exactement.
03:28 Et puis en fait, ce qu'on se dit avec ces données qui sont bonnes,
03:31 on se dit aussi que le redressement des conditions de prêt
03:34 et la contraction de l'activité manufacturière semblent être derrière nous en fait.
03:39 C'est-à-dire que le point bas qu'on aurait eu, en fait c'est ce que se dit le consensus,
03:44 commence à se dire le consensus, le point bas qu'on aurait eu au niveau économique,
03:48 et bien est derrière nous.
03:50 Et donc la lumière est au bout du tunnel.
03:52 Et lorsque la lumière est au bout du tunnel, on peut commencer à reconstituer ses portefeuilles.
03:59 Ce qui est très intéressant de regarder, alors il faut voir si ça va se confirmer,
04:03 ça c'est une autre chose, mais ce qui est intéressant de voir,
04:05 c'est sur ces dernières semaines, on a même les small and mid-cap américaines qui ont progressé.
04:11 Normalement, ces valeurs lorsqu'elles progressent,
04:13 c'est lorsque vous arrivez dans une situation où le marché est en retard,
04:19 et historiquement c'est ces valeurs qui bénéficient le plus de l'attrait des investisseurs.
04:27 C'est vraiment effectivement le point clé.
04:29 Si le marché voit vraiment un no-lending à l'horizon pour l'économie américaine,
04:33 il faudra en toute cohérence qu'il y ait quand même une forme de rotation sectorielle
04:37 qui se mette en place au sein des marchés actions,
04:41 et notamment pour les parties les plus cycliques, vous avez cité l'exemple des small-cap.
04:46 Côté zone euro, l'enjeu de la semaine évidemment va tourner autour de la réunion de la Banque Centrale Européenne.
04:51 John, réunion importante puisqu'on aura comme tous les trois mois
04:55 les nouvelles projections économiques du staff de la Banque Centrale Européenne,
04:59 nouvelles projections en matière de croissance et d'inflation,
05:02 et un discours qui devrait quand même s'ajuster par rapport aux réunions précédentes.
05:07 Côté baisser, John ?
05:09 Oui, tout à fait. Et puis ce qui est très intéressant, c'est que le discours qu'on va avoir,
05:14 alors bien évidemment Christine Lagarde ne va pas dire qu'ils vont baisser les taux lors de la prochaine réunion,
05:18 mais comme vous l'aviez dit en préambule,
05:20 elle va très certainement ouvrir légèrement la porte à une discussion
05:25 et potentiellement une baisse de taux lors des prochaines réunions.
05:29 Ce qui va être très intéressant de noter, surtout, ça va être les baisses d'estimation
05:34 dans les nouvelles projections économiques de l'inflation.
05:38 On pense que les nouvelles projections économiques devraient être de 0,3 à 0,4 %
05:45 en dessous de ce qu'étaient les dernières, qui étaient de 2,7 % pour l'inflation cette année.
05:52 Qu'est-ce que ça veut dire ?
05:53 Ça veut dire très concrètement que l'inflation cette année,
05:56 dont les projections qui vont être données, devraient être d'environ 2,3 %.
06:00 Donc on s'aligne sur ce fameux mandat des 2 %.
06:05 Donc effectivement, selon ce qu'elle va nous dire,
06:08 on peut penser qu'une grosse partie du travail de la Banque centrale européenne a été fait
06:14 et donc qu'on peut à un moment ou à un autre baisser ces taux.
06:19 Et puis, il y a une autre chose, c'est que concernant la croissance,
06:23 puisque c'est l'autre variable qui va être rabotée,
06:28 on pourrait voir aussi une petite baisse des estimations de croissance
06:33 où on pourrait être à 2 % contre 2,1 % cette année.
06:37 Mais ça va être très important parce que si Christine Lagarde n'ouvre pas cette fameuse porte,
06:43 on va directement aller vers juin, voire plus tôt dans l'année.
06:48 On sait qu'en été, bien évidemment, il ne se passe absolument rien.
06:52 Donc si vous repoussez à juin, potentiellement,
06:56 vous pouvez repousser les anticipations de baisse de taux à septembre.
07:00 Et ça, c'est totalement différent de ce que pense le consensus aujourd'hui
07:04 parce qu'une certaine partie du consensus dont nous pensons
07:08 que la Banque Centrale Européenne va baisser ses taux avant la Réserve fédérale américaine.
07:13 Alors il faut absolument que ce jeudi, Christine Lagarde dise quelque chose
07:17 d'un peu plus concret que la dernière fois, qui se traduira, comme je l'ai dit,
07:21 évidemment, par la baisse des estimations économiques,
07:25 mais aussi par une ouverture dans la discussion qui fait part,
07:31 normalement, qui est au sein des membres du comité de la BCE.
07:35 Bon, Christine Lagarde sera peut-être interrogée par les journalistes sur
07:39 ce lien pratique qui peut exister entre les décisions de la Fed et de la BCE,
07:44 mais qui ne fait absolument pas partie du mandat de la BCE, à savoir,
07:47 la BCE prend des décisions indépendantes sur le plan politique,
07:51 et y compris vis-à-vis des autres banques centrales.
07:53 On verra comment le sujet émerge ce jeudi à l'occasion de la conférence de presse
07:57 de Christine Lagarde, à la suite de la communication de la BCE.
08:02 Et puis le sujet chinois nous accompagne également cette semaine.
08:05 John, il faut déjà noter que depuis quelques semaines,
08:08 les marchés actions chinois ont plutôt eu tendance à rebondir,
08:11 avec cet événement très politique en ligne de mire,
08:14 désormais le congrès annuel du Parlement.
08:18 Est-ce qu'il faut en attendre ?
08:21 Et là aussi, en termes de communication, on comprend quand même que
08:24 la communication de la Chine vis-à-vis du reste du monde est de plus en plus opaque.
08:28 C'est absolument incroyable ce qui est en train de se passer en Chine.
08:33 On n'en parle pas assez, mais on voit que le président Xi est vraiment
08:37 en train d'être la seule voix à écouter, déjà qu'il l'était avant,
08:41 mais là il va empêcher très concrètement le Premier ministre
08:45 de participer à la conférence de presse, conférence de presse qui existe depuis 1993.
08:51 Donc ça fait depuis près de 30 ans qu'il y avait une conférence de presse
08:57 lors de cette réunion, et là le Premier ministre ne pourra pas parler,
09:01 et ne pourra pas parler, comme vous l'avez dit, ces prochaines années,
09:05 à moins qu'il y ait des circonstances particulières.
09:08 C'est dans le texte, c'est assez étonnant pour le noter.
09:11 Alors qu'est-ce que ça veut dire ?
09:13 Ça veut dire très concrètement qu'il faut être,
09:16 qu'il faut que tout le monde soit sur la même ligne directrice que le président,
09:21 il ne faut pas parler des problèmes concernant l'immobilier,
09:24 il ne faut pas parler des problèmes concernant la dette,
09:27 et il ne faut pas parler des problèmes concernant l'évolution des indices.
09:33 Très important de le noter ici, parce qu'on va voir quelle va être la réaction des investisseurs.
09:39 Déjà qu'avant, ils n'y voyaient pas grand chose, et on avait vu,
09:42 la baisse des indices était entre autres due par les injections
09:46 et les interventions de l'État dans des sphères plus ou moins privées,
09:51 et là ce sera complètement différent.
09:53 Et qu'est-ce que ça veut dire ?
09:55 Ça veut dire ici que si le message qui sera peint, fondamentalement, passe,
10:00 on pourra potentiellement voir les indices chinois continuer à progresser,
10:06 ce qui pourrait être assez intéressant pour ceux qui ne parient pas sur un effondrement des indices.
10:13 Et là, ce qui va être très intéressant aussi de noter,
10:16 et ça c'est un petit truc qu'on peut se dire chaque année,
10:18 c'est que le chiffre qui va nous être donné demain concernant la croissance chinoise,
10:23 qui devrait être autour de 5% cette année,
10:26 je peux vous garantir que ce sera le chiffre qui aura lieu,
10:29 voire il sera peut-être un petit peu meilleur à la fin de l'année,
10:32 parce qu'évidemment il n'y a pas énormément de surprises de ce côté-là.
10:37 Maintenant, ce qu'il faut aussi regarder, c'est s'il va y avoir des annonces,
10:42 alors je ne pense pas, mais des annonces de nouvelles interventions du gouvernement,
10:48 ce qu'on appelle la grosse Bertha, où tout le monde attend que le gouvernement
10:53 prenne une certaine forme de panique et investisse à tout va,
10:57 beaucoup plus qu'il ne l'a fait avant,
11:00 on va voir s'il y aura des annonces dans ce sens-là,
11:02 mais malheureusement, ou peut-être heureusement,
11:06 s'il y a une maîtrise de la croissance future, ce ne sera pas fait.
11:12 Effectivement, on suivra ça, et quand on parle de l'opacité chinoise pour des investisseurs globaux,
11:19 c'est évidemment le fait qu'il n'y ait plus de conférences de presse du Premier ministre à l'issue de ce congrès,
11:23 c'est aussi le fait qu'un grand nombre de statistiques qui étaient publiées jusqu'aux années 2010
11:28 ont complètement disparu des radars, et qu'on n'a jamais aussi peu publié de statistiques provenant de Chine
11:34 que sous le régime de Xi Jinping aujourd'hui,
11:37 ce qui donne l'idée quand même d'une boîte noire pour des investisseurs globaux aujourd'hui.
11:42 Merci beaucoup John, John Plassard avec nous pour ce rendez-vous du lundi
11:46 dans Smart Bourses, spécialiste en investissement chez Mirabeau.
11:49 Mirabeau.