Chaque jour, découvrez la pépite du jour dans la France Bouge avec Elisabeth Assayag.
Retrouvez "La pépite" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-france-bouge-academie
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00:00Donc comment faire en sorte d'améliorer les élevages d'animaux ? C'est le secteur au monde qui utilise le plus d'antibiotiques, donc si on réduit les antibiotiques, on va les réduire pour nous aussi.
00:08Et donc, heureusement, on a trouvé une solution ce soir sur Europe 1. Elle s'appelle Fagos.
00:12Europe 1, la France bouge.
00:15La pépite. C'est vous la pépite ce soir, Adèle Jammes. Vous avez 32 ans, vous êtes la cofondatrice de Fagos. Fagos qui a 3 ans.
00:24Vous aussi, vous voulez faire du bien à votre planète, à votre mesure. Ce n'était pas une évidence au début, puisque vous avez fait pas mal de choses.
00:33Vous venez de Normandie, vous avez eu un bac scientifique, vous avez fait des études en biologie, c'est ça ? Vous pouvez nous raconter un petit peu votre parcours ?
00:41Oui, tout à fait. Du coup, j'ai commencé mes études de biologie avant de me spécialiser en écologie, puis écologie microbienne.
00:48J'ai découvert ces problèmes d'infection dans les élevages en aquaculture, avant de me rendre compte de l'importance de l'antibiorésistance et de la menace que ça fait pour l'humanité.
00:59Pour l'humanité, pas seulement pour les animaux, mais pour l'humanité entière. Comment vous vient cette envie d'entreprendre ? Parce que ce n'était pas prévu, ça, non plus.
01:07Ce n'était pas prévu, c'est un peu par hasard que j'ai découvert l'entrepreneuriat. J'ai fait un programme d'entrepreneuriat pour essayer quelque chose de différent.
01:17Parce que vous avez fait de la recherche, vous avez bossé en labo, vous avez bossé en entreprise, ce n'était pas trop ça pour vous.
01:22Donc vous vous êtes dit, tiens, je vais aller voir du côté de l'entrepreneuriat. Est-ce que quand on est chercheur, on ne vous parle pas forcément toujours de ça ?
01:27Alors en tout cas, à mon époque, c'est vrai que ce n'était pas du tout commun de parler d'entrepreneuriat, de start-up. Personne ne m'en a parlé. Dans mon entourage, je ne connaissais personne dans ce milieu.
01:36Donc j'ai tenté ce programme d'entrepreneuriat, j'ai rencontré mon associé, on voulait créer une start-up à impact. Et voilà pourquoi on a créé Phagos.
01:42Phagos, donc vous développez des alternatives aux antibiotiques. Vous allez nous dire ce que c'est en une minute. Et puis on a plein de questions à vous poser. Est-ce que vous êtes prête, Adèle ?
01:52Oui.
01:53C'est à vous.
01:55Chez Phagos, notre mission est de résoudre les infections bactériennes, deuxième cause de décès dans le monde aujourd'hui et l'une des plus grandes menaces sur l'humanité due à l'antibioresistance,
02:03le phénomène d'évolution des bactéries qui les rendent insensibles aux antibiotiques.
02:08Mais la bonne nouvelle, c'est que les bactéries ont aussi un prédateur biologique qui peut les éliminer de manière plus efficace que les antibiotiques qui s'appellent les bactériophages.
02:18Les bactériophages sont en fait l'entité la plus abondante sur la planète. Par exemple, vous avez beaucoup plus de bactériophages dans votre corps que de cellules.
02:25Ils sont super efficaces pour éliminer les bactéries depuis des milliards d'années.
02:29Mais il y a un mais, en fait ils sont très spécifiques.
02:32Chaque phage va être capable d'éliminer qu'un tout petit sous-type de bactérie.
02:37Alors comment trouver le bon phage contre la bactérie pathogène cible ?
02:42Aujourd'hui, tout se fait manuellement et c'est extrêmement inefficace.
02:46L'une des principales raisons pour laquelle la phagothérapie, l'usage des bactériophages contre les bactéries n'est pas encore répandue.
02:53Mais chez Phagos, nous combinons nos protocoles de microbiologie optimisés avec des modèles de machine learning propriétaires
02:59qui nous permettent de prédire les interactions entre les phages et les bactéries.
03:03Et ça nous permet d'être déjà dix fois plus rapide que nos concurrents pour développer ces solutions antibactériennes à base de bactériophages qui sont hautement efficaces et sur mesure.
03:12On voulait vous laisser terminer, donc merci d'accepter cet exercice du pitch.
03:15Adèle Jammes, co-fondatrice de Phagos, vous avez tous compris le pitch ?
03:21Oui, moi ça va, ça me ramène à mes études aussi.
03:24J'ai fait une prépa en bio et après j'ai fait des études d'agronomie spécialisées en agroalimentaire, donc ça me parle un peu.
03:31Richard Jolivier, vous êtes le patron naturel, vous avez compris Phagos ?
03:34Oui, le hasard, mais moi si ça me parle, parce qu'à l'origine je suis chimiste.
03:38Vous avez fait exprès dans le casting ce soir.
03:41Il n'y a pas de hasard finalement, même si c'est du hasard, mais là il y a quelque chose qui vous relie tous.
03:46Donc si on comprend bien Adèle, vous faites en sorte de, pour lutter, l'objectif c'est on lutte contre l'antibiorésistance,
03:55donc pour lutter contre ça, il faut arrêter les antibiotiques et nourrir les animaux avec ça.
04:02Et qui dit arrêter les antibiotiques dit trouver une solution antibactérienne,
04:06parce qu'il y aura toujours des infections bactériennes et on ne peut pas juste laisser les animaux mourir.
04:10Alors cette solution concrètement c'est quoi et elle s'adresse à qui ? C'est qui vos clients ?
04:15Alors pour l'instant on est en phase de R&D et nos clients seront les vétérinaires.
04:20On développe un médicament vétérinaire à être administré dans les élevages animaux.
04:29Et donc concrètement ce qu'on fait c'est qu'on va recevoir une bactérie pathogène,
04:33on va développer un cocktail de phages, donc une combinaison de phages qu'on va associer de manière la plus optimale possible
04:40avec nos outils de machine learning et nos connaissances en microbiologie,
04:44pour pouvoir développer un cocktail sur mesure pour le client qui va directement cibler la bactérie qui infecte l'élevage.
04:51Que dit le chimiste Richard Jolivet qui est le patron de Naturalia ?
04:55Et près du micro c'est mieux !
04:59Quelle est la durée du traitement ? C'est équivalent, plus rapide qu'un traitement antibiotique ?
05:06Alors on a deux solutions donc soit on a du préventif qui va nous permettre d'éviter toute infection
05:11ou alors du curatif et dans ce cas là oui les phages sont efficaces automatiquement
05:15dès qu'ils sont en contact avec la bactérie, avec le milieu infectieux
05:19et on a un temps de mise en contact minimum de 30 minutes pour commencer à avoir une éradication des bactéries.
05:25Donc là vous faites les tests où en ce moment ?
05:27Alors pour l'instant on est en phase de R&D in vitro au laboratoire
05:31et on a aussi un partenaire en Asie du Sud-Est avec qui on a pu faire des tests in vivo.
05:36Floor ?
05:37Moi je vous disais en début d'émission que j'étais bluffée.
05:39Pourquoi vous êtes bluffée Floor ?
05:41Alors moi déjà je suis bluffée par votre parcours,
05:44par comment est-ce qu'on passe d'un métier qui est très technique finalement
05:47à l'entrepreneuriat qui est un métier totalement différent
05:50et on en parlait un tout petit peu hors antenne
05:53mais c'est un autre métier aussi d'apprendre à vendre,
05:55de travailler le lobbying parce qu'il y a aussi un cadre réglementaire
05:59qui est loin d'être léger, notamment en France.
06:02Bluffée par l'équipe que vous avez réussi à construire aussi
06:06parce que vous nous parlez, vous êtes deux mais en fait aujourd'hui
06:08vous êtes plusieurs dizaines de personnes dans l'équipe.
06:11Vous êtes, si je ne me trompe pas, vous avez fait une première levée de fonds
06:14et là vous êtes en train de clôturer une seconde levée de fonds
06:17de plusieurs millions d'euros.
06:19Oui c'est ça.
06:21Du coup par rapport à la partie technique,
06:24moi aujourd'hui je suis quand même CTO donc je m'occupe que de la partie scientifique
06:28et c'est mon associé qui est le profil business
06:30et qui s'occupe de la partie business bien sûr.
06:34On a une équipe de plus de 25 scientifiques aujourd'hui.
06:38Que vous avez embauchés ou ils sont ?
06:41Ils sont tous en CDI.
06:43C'est très solide.
06:45Oui, on a vraiment besoin de faire beaucoup d'itérations côté microbiologie
06:51donc on a vraiment besoin de beaucoup de personnes, de grands laboratoires
06:55pour générer ces données et là justement on essaye de s'impliquer de plus en plus
06:59dans la data, dans le machine learning pour pouvoir avoir moins de travail à faire
07:05sur la paillasse et de pouvoir prédire la plupart de nos cocktails
07:10simplement basé sur l'ADN de nos organismes.
07:14Et après je trouve ça également très impressionnant d'avoir réussi à rassembler
07:18aussi un certain nombre d'acteurs.
07:20Vous êtes extrêmement entourés, vous êtes soutenus par l'Europe,
07:23par la France s'engage, par un certain nombre d'acteurs qui sont spécialisés
07:26donc vous n'êtes pas non plus tout seul comme le cliché qu'on pourrait avoir
07:29tout seul dans votre laboratoire et en train de déployer votre solution.
07:32Exactement !
07:34Et puis d'allier la biotech avec la data science aussi qui est extrêmement pertinent
07:39pour trouver une solution efficace, globale et scalable.
07:42C'est-à-dire que c'est ce que vous expliquez, il y a des cas qui sont très spécifiques
07:46l'objectif c'est de trouver une solution globale avec des coûts maîtrisés.
07:49C'est ça et donc l'intérêt de la data dans ce process
07:53c'est que sans ça finalement ce serait impossible d'avoir des cocktails de phage
07:57efficaces et sur mesure et pour nous comme les bactéries évoluent
08:01on a besoin de faire du sur mesure et c'est la seule solution
08:04c'est d'inclure du machine learning.
08:06Donc une fois que la R&D sera bien, les essais cliniques seront aboutis
08:12la phase d'après, les clients c'est les vétérinaires, c'est les élevages, c'est qui ?
08:17Alors ce sera sur prescription vétérinaire mais ce sont les élevages.
08:22D'accord, donc vétérinaires après les élevages et ensuite ça arrivera dans les magasins naturels.
08:30Non mais ça va être un gros marché si on prend en considération toutes les données
08:35quand on sait que cette ambutibio-résistance c'est un vrai mal du siècle
08:40c'est un autre mal du siècle, donc ça peut aller très loin cette boîte.
08:44Tout à fait impressionnée par le potentiel de croissance, de déploiement
08:50et la France, d'ailleurs vous travaillez en Asie du Sud-Est, il n'y a pas de frontière finalement pour votre projet.
08:56Non c'est ça, à partir du moment où on a une infection bactérienne finalement on peut développer une solution
09:00donc pour l'instant on se centralise sur l'élevage animal parce que plus gros consommateurs d'antibiotiques
09:06donc c'est à cet endroit qu'on peut avoir l'impact le plus important
09:09mais finalement à partir du moment où on a une infection, avec notre plateforme on peut développer une solution.
09:14C'est une vraie pépite, on va en voir les conseils aussi de Flore parce que je crois que vous avez quand même préparé 2-3 choses Flore.
09:22Vous êtes déjà tellement développée, je suis impressionnée.
09:25Elle a quand même besoin de recruter, elle a des besoins en infrastructures
09:32donc ça peut-être que vous avez aussi 2-3 choses à lui dire.
09:35Vous restez autour de la table de la France Bourge, on va donc écouter les conseils de Flore
09:40puis ensuite on va découvrir le portrait de cet homme, Charles Guiriac de Poiscaille
09:48qui lui propose des paniers hebdomadaires de poissons frais dans toute la France.
09:52Là aussi on est dans une initiative éthique, durable, qui préserve les ressources de la mer
09:58et qui sécurise aussi les revenus des pêcheurs côtiers et ça c'est important.
10:01D'abord on écoute Julien Doré, Paris Seychelles.