Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour d'Hadrien Bect et Guillaume Daret.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Ravis de vous retrouver dans Les Informés du matin, c'est donc Adrien Beck, effectivement,
00:14et non Bérangère Bond, votre émission de décryptage, une demi-heure pour décrypter
00:18l'actualité politique en ce lundi matin avec vous, Guillaume Darré, bonjour.
00:22Bonjour Adrien.
00:23Et avec ce matin Myriam Mankawa, bonjour Myriam, vous êtes journaliste à LCP et puis on vous
00:28retrouve tous les soirs, je crois, dans votre émission, ça vous regarde.
00:32Bonjour Carmeus.
00:33Bonjour Adrien.
00:34Vous êtes, on vous lit au Figaro, dans le Figaro magazine, où vous êtes rédacteur
00:38en chef.
00:39Guillaume, notre premier débat porte sur une actualité qui a marqué ces derniers jours
00:43et qui va sans doute marquer ces prochaines semaines, le gouvernement se retrouve face
00:48au retour du chômage.
00:49Oui, de nombreux nuages qui arrivent au-dessus de la situation économique et des entreprises,
00:53des plans de licenciements qui ont été annoncés la semaine dernière, 3600 emplois
00:58chez Michelin et Auchan, pas de quoi rassurer les Français, Adrien, ni même le gouvernement
01:03qui semble clairement se préparer à une période très difficile, c'est en tout cas
01:08ce que Marc Ferracci, le ministre délégué chargé de l'industrie, a expliqué samedi
01:13matin, c'était sur France Inter, je vous propose de l'écouter.
01:15Il est vrai qu'il y a un certain nombre de filières qui sont dans des situations préoccupantes.
01:19On a aussi passé un reportage sur la chimie, la filière automobile et en particulier les
01:23équipementiers, la métallurgie, ces filières qui sont soumises à une très forte concurrence
01:27internationale, une concurrence qui n'est pas toujours très équitable parce qu'elle
01:30est très subventionnée en Chine et aux Etats-Unis et face à cela, il y a des dossiers d'entreprise
01:36en difficulté, des annonces de fermeture de sites, il y en aura probablement dans les
01:40semaines et les mois qui viennent.
01:41Alors ça se veut un discours de vérité sur le plan politique mais économiquement
01:45c'est quand même pas très optimiste du tout.
01:47Effectivement, d'abord Myriam Mankawa, quand on entend Marc Ferracci, le gouvernement,
01:51qui annonce lui-même qu'il va y avoir des plans sociaux, c'est bien ce discours de
01:55vérité ou il vaudrait mieux rassurer peut-être ?
01:58Alors dans la conjoncture actuelle, on va vers un véritable retournement de l'économie.
02:04Donc ne pas dire la vérité, à mon avis, serait encore pire que d'essayer de jouer
02:09des pompiers qui ne sont pas capables d'éteindre l'incendie.
02:13Il ne donne pas les chiffres, Marc Ferracci, quand on entend l'ensemble de l'interview
02:18sur France Inter, l'OFCE parle de centaines de milliers d'emplois détruits.
02:22Donc là, c'est très sérieux et le MEDEF de dizaines de milliers.
02:28Et la CGT de 150 000.
02:29Absolument.
02:30Donc Sophie Binet, évidemment, prend sa casquette de syndicaliste en disant attention, c'est
02:35le ministre de l'Industrie, pas le ministre des plans sociaux, il faut s'attendre à
02:40une vague.
02:41Ce qui est terrible, c'est qu'on a l'impression qu'il y a encore six mois, personne n'en
02:44parlait.
02:45Et donc c'est la brutalité du retournement.
02:47Évidemment, les prix de l'énergie, des matières premières sont beaucoup plus élevés
02:50en Europe, en France qu'aux États-Unis.
02:52Le gaz, par exemple, c'est cinq fois plus cher en France qu'aux États-Unis.
02:57Idem pour l'électricité, où c'est deux fois plus cher.
03:00Donc on comprend, il y a le quoi qu'il en coûte qui s'arrête, les prêts garantis
03:03par l'État qu'il faut rembourser.
03:05Et puis, il y a véritablement l'arrivée de Trump qui va tout accélérer.
03:11Aussi bien dans la guerre commerciale, mais il faut bien comprendre qu'il y a un certain
03:14nombre d'industriels qui se disent « quel est l'intérêt que j'ai à rester en
03:18Europe quand vous avez des impôts sur les entreprises qui vont descendre ? ». Donc
03:22il va y avoir aussi, en plus, un flux de départ de nos usines, sachant qu'un réindustrialisation,
03:28c'était un des piliers de la politique économique d'Emmanuel Macron.
03:32Il va très vite se poser une question, Carl Meus, c'est « que peut faire l'État ? ».
03:36Parce qu'on imagine, et d'ailleurs on le voit avec Michelin, on le voit avec Auchan,
03:40les personnes dont les emplois sont menacés, les syndicats, se retournent vers la puissance
03:45publique.
03:46Et est-ce que dans ce contexte-là, il est possible de montrer une forme d'action ?
03:50Il va falloir, mais le problème c'est que ça arrive au pire moment pour Emmanuel Macron
03:55et pour Michel Barnier.
03:56C'est-à-dire que ça arrive à un moment où la dette publique est devenue insupportable,
04:01le site public n'est plus tenable, et que Michel Barnier a décidé qu'il fallait
04:06arrêter la dérive des comptes et revenir à des situations un peu plus rigoureuses.
04:11Et donc ça veut dire qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses.
04:13Ça se traduit comment ? On arrête les aides sur l'apprentissage, donc ce qui veut dire
04:18que ce qui avait permis, là, on a à peu près des chiffres, on sait que c'est plusieurs,
04:24un million je crois, d'apprentis qui étaient dans les entreprises, si on diminue les aides
04:30ou on les arrête, forcément les entreprises se tourneront moins vers la population des
04:35jeunes pour aller en apprenti, et résultat, ces jeunes-là potentiellement iront au chômage.
04:40Et ensuite il y a les charges sur les entreprises, et là le gouvernement a dit aussi, on va
04:48voir si ça va jusqu'au bout, qu'il fallait arrêter certaines exonérations.
04:52Et ça, ça ne va pas non plus encourager les entreprises.
04:55Ça tombe au mauvais moment parce que, vous vous souvenez de la campagne présidentielle
04:59d'Emmanuel Macron en 2022 ? C'était objectif plein emploi sur ce second quinquennat.
05:03Or là, que nous dit l'OFCE ? C'est que le taux de chômage qu'Emmanuel Macron et ses
05:09gouvernements avaient réussi à faire baisser, à peu près, on était à 10% en 2015, on
05:13était à 7% aujourd'hui, peut remonter à 8%, déjà 7%, on n'était pas encore au
05:18plein emploi.
05:19Et dès l'année prochaine ?
05:20Et dès l'année prochaine, dans un contexte, comme on le dit, où on ne va pas pouvoir
05:24déverser de l'argent public, le quoiqu'il en coûte, c'est terminé.
05:27Mais alors, Guillaume, je me pose la question là encore, que peut faire l'État ?
05:33Ça me rappelle un petit peu Lionel Jospin qui dit, sur le chômage, l'État ne peut pas tout.
05:38Est-ce qu'on ne va pas encore être confronté à un risque d'une démonstration d'impuissance publique ?
05:44Le problème auquel le gouvernement est confronté, c'est qu'il y a à la fois ce discours,
05:47effectivement, de dire le carnet de chèques, c'est fini, c'était durant la période
05:52Covid, et d'ailleurs, c'est le résultat de la fin de ces aides aujourd'hui parce
05:56qu'on a des entreprises qui ont réussi à survivre de façon artificielle, qui étaient
06:00en quelque sorte sous respirateur, aux aides publiques, on enlève ces aides, elles disparaissent.
06:05Donc, à la fois, il y a un discours de vérité sur les finances publiques, mais le problème,
06:09c'est que les Français, notamment aujourd'hui, ils attendent de la protection, ils attendent
06:13de la protection sociale du gouvernement, donc il sera obligé d'avoir un certain nombre
06:17de réponses, il ne pourra pas juste dire, les ministres ne pourront pas juste dire,
06:20c'est parce que c'est la fin du quoiqu'il en coûte, c'est parce que la situation internationale
06:23est plus compliquée, il va y avoir des mesures à trouver, et c'est vrai que là où c'est
06:26particulièrement compliqué pour Emmanuel Macron, c'est que c'est une remise en cause
06:30de sa philosophie politique.
06:32La philosophie profonde d'Emmanuel Macron, c'est de se dire, c'est par le plein emploi
06:36qu'on va réussir à réduire les déficits publics, parce que le plein emploi, c'est-à-dire
06:39plus de gens qui travaillent, plus de gens qui costisent, une consommation plus forte
06:43avec donc des rentrées fiscales par exemple par la TVA, c'est toute cette architecture-là
06:48qui est remise en cause, et ça sera peut-être finalement l'année de la remise en cause
06:52de la ligne économique d'Emmanuel Macron, puisqu'il y a ça, il y a quelques semaines
06:55il y a eu déjà ce débat sur une augmentation des impôts, qui n'était pas du tout dans
06:59le logiciel d'Emmanuel Macron, et auquel il a finalement été contraint par le gouvernement
07:04de Michel Barnier, parce qu'il n'y a pas d'autre situation aujourd'hui.
07:06Il y a une mesure qui va disparaître à mon avis du budget, ça c'est le coût du travail.
07:09Augmenter le coût du travail dans la période, dire aux entreprises, déjà vous prenez plein
07:15fois une conjoncture internationale, une concurrence avec la Chine, les Etats-Unis, extrêmement
07:19difficile.
07:20Il y a une mesure à 5 milliards, elle est compliquée, elle vient remodeler les allégements
07:26de cotisations.
07:27C'est pour éviter les trappes à bas salaire et notamment le SMIC.
07:29Absolument, mais pas seulement, parce qu'elle est aussi sur les plus hauts salaires à 3
07:34et 4 SMIC.
07:35Et si vous faites ça, c'est qui qui est directement impacté ? C'est l'emploi industriel.
07:39Chez Michelin, on est quand même sur une industrie de pointe.
07:41On n'est pas sur du SMIC à l'entrée dans le marché du travail.
07:46Je vous mets mon billet, on se retrouvera pour en parler, que cette mesure ne sera pas
07:52in fine parce que le socle commun, le socle macroniste de l'alliance avec la droite n'en
07:56veut pas.
07:57Donc il faudra trouver une compensation, pourquoi pas le jour férié, trouver les 5 milliards,
08:01on verra.
08:02Pourquoi pas l'assurance chômage, mais alors là, évidemment, durcir les règles de l'assurance
08:05chômage, et là les syndicats doivent donner leur réponse le 15 novembre, ça semble impossible,
08:11sachant qu'il va y avoir plus de chômage.
08:12Donc c'est compliqué de compenser la question du coût du travail.
08:17Le risque de la spirale, Karl Meus, on alourdit éventuellement le coût du travail, on rajoute
08:20des charges sur des entreprises qui sont elles-mêmes déjà en difficulté.
08:23Donc en plus, il y a un peu moins de rentrées fiscales, donc ça crée plus de déficit.
08:28L'encercle vertueux se transforme en cercle vicieux.
08:31Et c'est ça qu'il faut éviter, parce qu'effectivement, à ce moment-là, vous rentrez dans la spirale.
08:34Il y a quand même des solutions.
08:36Trump dit, je vais augmenter les droits de douane des pays européens.
08:40L'Europe peut prendre des mesures de rétorsion qui vont peut-être faire réfléchir Donald Trump,
08:45lui-même avec ses entreprises, disant, attention, parce que du coup, ce qu'on gagne d'un côté,
08:50on peut le perdre de l'autre.
08:51Il y a un deuxième élément qu'il faut prendre en compte aussi, et c'est quelque chose contre
08:54lequel Emmanuel Macron et ses gouvernements ont essayé de lutter et se heurter.
08:57Il y a 500 000 emplois qui ne sont pas pourvus en France.
09:00Il y a 500 000 chefs d'entreprises, mais il y a des emplois qu'on n'arrive pas à pourvoir.
09:07Bon, il faut peut-être trouver des moyens pour dire…
09:12Alors dire, en tout cas réformer encore l'assurance chômage, c'est ça votre…
09:16Il y avait quelque chose qui était dans les tuyaux, qui a été arrêté…
09:19Mais c'est quelque chose qui a été adapté en période de chômage bas, peut-être en période de crise, c'est plus compliqué.
09:24Mais après, vous pouvez faire des incitations, dire aux gens, bon, vous avez perdu votre emploi,
09:28mais regardez, dans votre bassin géographique, c'est peut-être plus compliqué, c'est peut-être ailleurs,
09:33mais trouver des moyens de dire, il y a 500 000 offres d'emplois non pourvues,
09:38si on a 3 millions de chômeurs, peut-être qu'on peut là trouver un moyen de résorber le chômage.
09:42On va continuer de s'interroger sur la manière de faire face à ce risque de retour du chômage.
09:48Les informer se poursuivent dans une minute.
09:49D'abord, le Filinfo, 9h15, Marine Clete.
09:53Emmanuel Macron sera dans les tribunes du Stade de France jeudi soir à Paris.
09:57Match de football entre les Bleus et Israël.
09:59Un message de fraternité et de solidarité, dit le président quelques jours après l'agression
10:04de spectateurs israéliens à Amsterdam.
10:06Les autorités de Tel Aviv ont appelé leurs supporters à éviter de se rendre à cette rencontre.
10:137 euros en plus pour voyager en Europe, 30 euros si l'on va plus loin.
10:16La taxe solidarité sur les billets d'avion prévus dans le budget 2025
10:20n'est pas au goût des syndicats du secteur aérien.
10:22Ils appellent au rassemblement jeudi devant l'Assemblée nationale.
10:26Les Etats-Unis vont dépenser les 6 milliards de dollars restants dédiés à l'Ukraine
10:30avant l'arrivée de Donald Trump au pouvoir.
10:32Il faut placer Kiev dans une position forte sur le front et dans les négociations,
10:36dit un conseiller de la Maison-Blanche.
10:38Lors de sa campagne, Donald Trump avait affirmé pouvoir trouver un accord avec Moscou.
10:42Et puis, un 11 novembre chargé en Nouvelle-Calédonie pour Yael Brown-Pivet et Gérard Larcher.
10:47La présidente de l'Assemblée nationale et son homologue du Sénat terminent leur
10:51premier jour de visite officielle à Nouméa, où il est 19h passé, après une cérémonie
10:56commémorative, ils ont rencontré plusieurs présidents des provinces et ont évoqué
10:59les dégâts causés par les émeutes urbaines au printemps.
11:12Et toujours avec Myriam Mankawa, journaliste à LCP, la chaîne parlementaire, et Karl
11:18Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
11:21On parlait, on s'interrogeait, Myriam Mankawa, sur la manière de faire face à cette conjoncture
11:28économique qui devient plus périlleuse, j'allais dire.
11:32La CGT propose par exemple un moratoire sur les licenciements, la CGT et la CFDT proposent
11:39de conditionner les aides publiques au maintien de l'emploi, est-ce que ce sont vraiment
11:43des solutions ou est-ce que finalement ce ne sont que des propositions pour être dans
11:47l'air du temps, j'allais dire ?
11:49En tout cas, Michel Barnier les a regardées de près, ces propositions.
11:53C'est exactement les propositions, souvenez-vous, des frondeurs socialistes, c'était de conditionner
11:57toute la politique de l'offre à des objectifs, des résultats.
12:01Et donc, quand Michel Barnier dit à la tribune de l'Assemblée Nationale, si l'argent
12:06public est mal utilisé, on va regarder, on va s'interroger, il répond directement
12:11à Sophie Binet de la CGT.
12:12Après, il y a la faisabilité de tout ça.
12:15Sur les aides aux entreprises, ça semble impossible, une usine à gaz, de dire où
12:20est passé l'argent.
12:21En revanche, il y a le crédit impôt recherche, ça c'est facile.
12:24Le crédit impôt recherche, c'est des milliards d'euros d'argent public, à des grosses
12:29boîtes souvent, qui ne réinvestissent pas forcément dans l'innovation et qui peuvent
12:34utiliser, là je mets beaucoup de prudence dans ce que je dis, parce que je ne suis pas
12:37spécialiste, je ne suis pas journaliste économique, mais qui peuvent aller vers les marchés financiers
12:43et les dividendes.
12:44Ce que dit Sophie Binet, elle est dans son rôle, c'est de dire, attention, quand vous
12:47prenez un groupe comme Michelin, c'est le premier constructeur de pneus et c'est le
12:52premier sur le marché, il fait plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires.
12:56Donc ça parle, évidemment, à la gauche, de dire, si c'est pour rétablir les dividendes
13:02des actionnaires, il y a quelque chose qui ne va pas.
13:04Après, il va falloir donner aussi aux Français les moyens de croire leur dirigeant.
13:10Est-ce que c'est possible de conditionner très concrètement, ou même de faire une
13:14sorte de service après-vente, c'est-à-dire je vous retire les aides, si je stime, moi,
13:19puissance publique, qu'elles ont mal été utilisées, bon courage, parce que c'est compliqué
13:23à mettre en œuvre.
13:24Karl Meus, un tout dernier mot, grève à la SNCF, grève dans le transport aérien, grève
13:30dans la fonction publique, les agriculteurs qui vont aussi redescendre dans les campagnes
13:36et dans les rues peut-être également.
13:39Bon, on parlait des plans sociaux aussi, ça va être un moment peut-être compliqué
13:43pour le gouvernement, ou est-ce que finalement il peut ne pas être forcément la cible de
13:46tout ça ?
13:47C'est une excellente question de savoir qui va être la cible, qui va être celui qui
13:52est ciblé.
13:53Est-ce que c'est le gouvernement qui vient d'arriver, pour le coup, il est rigue d'une
13:57situation ?
13:58C'est le gouvernement qui a ciblé hier Sophie Binet dans la tribune dimanche en disant
14:01il ne doit pas être le ministre des plans sociaux, effectivement.
14:03Oui, mais ça, elle, elle est dans son rôle, elle organise des grèves en décembre, j'allais
14:07dire c'est presque deux saisons, vous avez les marrons en septembre, vous avez la grève
14:10de la CGT en décembre, c'est classique, ils ont obtenu plein de choses pour les JO,
14:15ils en veulent encore plus, bon voilà, on le sait.
14:17Après, vous évoquiez aussi le moratoire sur le licenciement, mais je pense que ce sont
14:23des gens qui ont un discours très politique en réalité, ils ne comprennent pas ce que
14:27c'est que l'économie.
14:28Moi, je n'ai jamais vu un chef d'entreprise licencier par plaisir ou parce qu'il s'est
14:34dit, bah tiens, ça va me permettre de gagner plus d'argent.
14:36Ça peut être fait pour améliorer une performance financière aussi.
14:39Ça existe, mais la plupart des gens dans les PME et tout ça, ce n'est pas forcément
14:44pour des raisons financières, c'est aussi parce que le carnet de commandes s'est réduit,
14:48parce qu'on l'a vu, le contexte économique n'est plus le même, Myriam Ankova évoquait
14:53les tarifs du gaz et de l'électricité, évoquait un certain nombre de sujets économiques
14:58qui font que le chef d'entreprise, et bien il y a des aléas, et c'est aussi pour ça
15:01que les aides, on ne peut pas les conditionner, parce que vous ne pouvez pas prévoir ce que
15:05va être le cycle économique.
15:07Guillaume Darré, nous passons à notre deuxième sujet, la Nouvelle-Calédonie, va-t-elle peut-être
15:12voir le bout du tunnel ?
15:14En tout cas, sur place, sont arrivés le président du Sénat, Gérard Larcher, la présidente
15:17de l'Assemblée nationale, Yael Broun-Pivet, pour une visite commune qui intervient un
15:21peu plus de six mois après les émeutes qui avaient frappé l'archipel et provoqué la
15:26mort de 13 personnes, dont deux gendarmes, des émeutes qui faisaient suite à la volonté
15:30du précédent gouvernement de faire passer une réforme constitutionnelle en vue d'élargir
15:35le corps électoral qui est gelé depuis 2007 pour les élections provinciales.
15:39Depuis, le nouveau gouvernement barnier a abandonné cette réforme, les élections provinciales
15:44ont été reportées jusqu'à fin 2025, au plus tard, il y a une volonté d'apaisement
15:48qui est mise en avant lors de ce déplacement commun.
15:51Écoutez le président du Sénat, Gérard Larcher, c'était ce matin lors de sa rencontre avec
15:55ce qu'on appelle sur place le Sénat coutumier.
15:58Vous devez contribuer à ce que nous souhaitons, le dialogue pour la paix retrouvée, pour
16:06la sérénité et la conjugaison de deux rêves, qu'il n'est pas impossible de faire conjuguer,
16:14c'est en tous les cas faire de deux rêves un rêve partagé.
16:18Alors voilà, une mission de concertation mais qui ressemble parfois à une mission
16:22impossible.
16:23Est-ce qu'effectivement, Myriam Mankawa, ça peut servir à quelque chose d'aller
16:28sur place, ce duo Gérard Larcher et Yael Brown-Pivet, est-ce que vraiment c'est possible
16:33de concerter encore ?
16:34Alors en tout cas, ce qui est intéressant dans cette mission, c'est que l'État n'est
16:38pas présent.
16:39C'est que c'est rare, je crois même que c'est la première fois, c'est tripartite
16:42ces négociations sur la question institutionnelle.
16:45C'est purement politique ?
16:46Ah oui, complètement, c'est purement politique, 100% politique, on est vraiment dans la conciliation,
16:51c'est-à-dire qu'on essaie de dire, reparlez-vous, sur quelle base, nous on n'est pas l'État,
16:56on n'est pas le ministre de l'Intérieur, puisque c'est Gérald Darmanin qui avait
16:59suivi le dossier, il est allé 8 fois, après ça a été le Président de la République,
17:03Emmanuel Macron, en personne, pour une visite éclair d'ordinaire.
17:06C'est le Premier Ministre, Michel Barnier a voulu reprendre le dossier, c'est toujours
17:10Matignon qui suit ça, c'est vraiment la prérogative en matière...
17:13D'ailleurs, pardon, Michel Barnier, il le reprend le dossier pour l'instant ?
17:16Justement, il a l'air de vouloir attendre la mission de conciliation.
17:20Ce qui est intéressant dans cette mission, c'est qu'effectivement, vous avez deux personnalités
17:24élues, indépendantes de l'exécutif, qui dit, on va essayer, nous, avec notre indépendance,
17:32de vous remettre autour d'une table.
17:34Pourquoi c'est compliqué que l'État participe ?
17:37Parce qu'il y a vraiment un ressentiment, il y a eu une très, très grande défiance
17:41vis-à-vis de l'État dans le camp Canac, dans le camp indépendantiste, il y a eu des
17:44erreurs de commise, clairement, je crois qu'à mi-mot, le Président lui-même, Emmanuel
17:49Macron, on l'a reconnu, on ne peut pas avancer sur un processus institutionnel avec un processus
17:55de décolonisation à terme, c'est ça, la Nouvelle-Calédonie, c'est compliqué, c'est
17:59que c'était une colonie de peuplement, et à décoloniser, sans faire un accord global.
18:05C'est-à-dire qu'il a donné des pouvoirs, notamment à Sonia Baques, qui est à la tête
18:12de la province sud, présidente de la province sud, donc il y a des pouvoirs locaux, il lui
18:17a donné aussi des pouvoirs nationaux, au sein du gouvernement, donc il y avait ce sentiment
18:21d'être un peu jugé parti, le sentiment aussi de dire, on ne peut pas uniquement penser
18:27à la question du corps électoral, qui est évidemment extrêmement crispante, parce
18:31que les Canards, les indépendantsistes, sont moins nombreux.
18:32Le sujet, on le rappelle, du dégel, le corps électoral, toutes les personnes qui vivent
18:36actuellement en Nouvelle-Calédonie ne peuvent pas voter aux élections.
18:38Voilà, et ceux qui sont là depuis plus de dix ans, c'est une question de l'État de
18:42droit, doivent pouvoir participer aux élections locales, mais avancer uniquement sur cette
18:45question du corps électoral, sans passer par un accord global, était maladroit, et
18:51il y a eu, il faut le dire, des émeutes qui ont amené une catastrophe économique, humanitaire,
18:59sociale dans l'archipel, qui fait qu'aujourd'hui, on parle d'un mot, et il faut bien prendre
19:03conscience que c'est, c'est le mot reconstruction.
19:05Donc ce n'est pas simplement réparer, c'est reconstruire, et là, ces deux personnalités
19:09ont toutes les deux un point commun, c'est qu'elles considèrent que cette reconstruction
19:12avec les acteurs, indépendantistes et loyalistes, est impréalable à la solution politique.
19:17Karl Meus, on l'imagine, il va falloir tout reprendre, peut-être quasiment depuis le début,
19:21et donc beaucoup de temps.
19:22Il va falloir beaucoup de temps parce que le nœud quand même du problème, c'est ça,
19:26c'est cette réforme du corps électoral, qui a initié les violences dont parlait Guillaume
19:32Darré.
19:33Mais là, elle est suspendue.
19:34Oui, mais si vous dites, si l'État ou la mission dit bon ok, pas de problème, on va
19:39plus faire cette réforme du corps électoral, vous donnez une prime à la violence, c'est-à-dire
19:43que vous dites, vous avez tout cassé, 800 entreprises qui ont été pillées, des milliards
19:49d'euros de dégâts, et vous dites non, finalement, vous avez raison d'avoir fait tout ça, et
19:56on gèle ce corps électoral.
19:58Et ça veut dire que sur le territoire français, vous avez des gens qui sont installés depuis
20:03plus de dix ans à un endroit, mais qui ne pourront pas voter, des gens qui sont nés
20:06en Nouvelle-Calédonie, entre les accords qui ont été passés et aujourd'hui, et
20:11qui ne peuvent pas voter.
20:12Est-ce que c'est normal, est-ce que c'est légal ? Le problème, je vais vous dire, c'est
20:16qu'en fait, la réforme du corps électoral, elle se fait depuis le mois de mai, mais à
20:20bas bruit.
20:21C'est-à-dire que depuis mai, vous avez 26 000 personnes qui ont quitté l'île.
20:26L'île, c'est 220 000 votants en juin.
20:28Ça veut dire que vous avez plus de dix pour cent, en gros, dix pour cent potentiellement
20:35du corps électoral qui a quitté l'île.
20:37Et on sait qui a quitté l'île.
20:38Ce ne sont pas les canaques, ce sont plutôt ce qu'on appelle les caldoches ou les gens
20:42qui sont venus de métropole, qui ont voulu investir et qui sont écœurés, qui ont eu
20:46leur commerce dévasté, brûlé et qui repartent.
20:4826 000 en quelques mois, c'est énorme.
20:51Et ça vous change complètement un corps électoral.
20:54Guillaume Darès, c'est un dossier qui restera peut-être comme l'un des, à ce stade en
20:58tout cas, des échecs d'Emmanuel Macron.
20:59En tout cas, il s'est rendu plusieurs fois personnellement sur place avant l'un des
21:05référendums.
21:06Et puis, l'année dernière, il y a quelques mois juste après, justement, ses émeutes.
21:10Ça illustre les difficultés, je trouve, du chef de l'État, finalement, au-delà peut-être
21:16parfois de certaines déclarations fortes à la tribune, de trouver une solution à
21:19des problèmes complexes.
21:20C'est un peu ce qu'on ressent aussi sur le dossier Corse qui remonte, notamment des élus
21:25locaux avec lesquels il s'était braqué.
21:27C'est un petit peu la même chose sur ce dossier calédonien.
21:29Effectivement, on attend de voir si le Premier ministre va reprendre en charge ça lui-même.
21:33Le problème, c'est qu'on est sur un dossier de fonds, c'est-à-dire qu'il y a ce corps
21:35électoral.
21:36Mais le vrai problème, c'est quel avenir institutionnel pour la Calédonie alors que
21:40les trois référendums ont inscrit durablement la Nouvelle-Calédonie dans la France.
21:45Désormais, ils doivent trouver une nouvelle solution, une nouvelle organisation politique.
21:49Et ça, ce n'est pas l'affaire de quelques jours ou de quelques semaines.
21:51Merci à vous.
21:52Merci, Guillaume Darré, de nous avoir accompagnés ce matin.
21:55Et merci à nos deux informés Myriam Ankawa, LCP, on peut vous regarder tous les soirs.
22:01Ça vous regarde, justement, le titre est bien trouvé.
22:03Et Carl Meus, merci à vous, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
22:06Merci de nous avoir suivis.
22:08Les informés reviennent ce soir avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.