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Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Jérôme Chapuis et Renaud Dély.

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00:00Alors, ravi de vous retrouver pour une demi-heure de décryptage de l'actualité, les informer
00:12tous les matins, 9h, 9h30 avec Renaud Delis, comme d'habitude, bonjour Renaud.
00:15Bonjour Jérôme.
00:16Et ce matin, Valérie Acau, bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Chef adjointe du service politique du Parisien aujourd'hui en France et à vos côtés,
00:21Sylvain Courage.
00:22Bonjour Sylvain.
00:23Bonjour.
00:24Directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs et on parle évidemment de la motion de
00:26censure, l'étau se resserre autour de Michel Barnier, quelle suite après la chute du gouvernement
00:32qui est désormais plus que probable ?
00:34Et oui Jérôme, on y va tout droit visiblement puisque d'un côté Marine Le Pen réaffirme
00:39son intention effectivement de voter la motion de censure et de la faire voter par ses troupes
00:43pour faire chuter le gouvernement, c'est aussi le cas de l'ensemble de la gauche, de l'ensemble
00:46des députés du Nouveau Front Populaire socialiste compris, alors est-ce que ce sera dès la
00:51semaine prochaine à l'occasion du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale
00:55ou juste avant Noël à l'occasion du vote du budget ?
00:57Dans les deux cas, on sait que Michel Barnier va être contraint d'enclencher l'article
01:0149.3, d'engager donc la responsabilité de son gouvernement faute de majorité et c'est
01:06en réponse au 49.3 que la gauche et les Insoumis en particulier vont déposer une motion de
01:12censure qui donc à l'une ou l'autre de ces occasions devrait être adoptée, que se passera-t-il
01:17ensuite ?
01:18Voici ce qu'on disait il y a quelques minutes sur ce plateau Mathilde Panot, la présidente
01:23du groupe Insoumis à l'Assemblée Nationale, elle a un plan déjà en tête qui va d'ailleurs
01:28vous rappeler quelque chose.
01:29Nous faisons la censure, c'est le scénario, nous remettons les choses à l'endroit en
01:34disant que la démocratie ne peut pas être gouvernée par ceux qui ont perdu les élections
01:38et ensuite nous, nous redisons que nous souhaitons que Lucie Castex soit nommée à Matignon
01:43avec un gouvernement du Nouveau Front Populaire, la base programmatique, le programme du Nouveau
01:47Front Populaire et ensuite à l'Assemblée des majorités que nous allons chercher texte
01:52par texte.
01:53Et voilà, retour donc à la case Lucie Castex, donc au mois de juillet dernier lorsque c'est
01:58le nom qui finalement avait fait l'unanimité à l'époque du Nouveau Front Populaire pour
02:02candidater pour Matignon et puis donc au programme du Nouveau Front Populaire que Jean-Luc Mélenchon
02:06dès le soir du deuxième tour législatif voulait voir appliqué par le futur gouvernement
02:10sauf que depuis les socialistes ne penchent plus, d'ailleurs pour Lucie Castex ils semblent
02:14eux plaider plutôt pour un gouvernement technique après la chute de Michel Barnier, donc bref
02:19quel sera le schéma, le casting, les conséquences politiques et d'ailleurs économiques et
02:25financières de la très probable chute du gouvernement Barnier ?
02:29Alors question qu'on vous adresse qui est à double fond, d'abord est-ce que la chute
02:32du gouvernement Barnier est inéluctable et est-ce qu'en cas de chute du gouvernement
02:35Barnier, l'hypothèse qu'on vient d'entendre dans la bouche de Mathilde Pannot est-elle
02:39aussi inéluctable ? Valéria Acau ?
02:42Disons que la chute du gouvernement Barnier est inéluctable si le Rassemblement National
02:47décide de joindre ses voix à la motion de censure qui sera déposée dans le cadre
02:51du 49.3, donc là effectivement il n'y aura pas de surprise, la question c'est, au sein
02:57de l'exécutif certains se rassurent en se disant que ce n'est pas le moment pour Marine
03:01Le Pen de déclencher cette motion de censure, ils essayent encore de se dire qu'elle ne
03:04va pas le faire, ensuite elle n'arrête pas de le répéter, donc le risque est réel.
03:10Pourquoi ce qui n'était pas le moment il y a quelques semaines, quelques mois, c'est
03:14devenu le moment ces derniers jours ?
03:16C'est d'autant plus étonnant qu'elle est un petit peu en suspens Marine Le Pen, elle
03:19a quand même un procès à l'heure actuelle avec une décision attendue pour le 31 mars,
03:23est-ce que c'est vraiment le moment de mettre Bardella à l'heure actuelle ? Premier ministre
03:27ce ne sera pas le cas puisqu'ils avaient déjà dit que ce sera en majorité absolue,
03:30donc il y a pas mal d'interrogations là-dessus.
03:32Siph, un courage.
03:33Oui, ce qui peut laisser penser que la motion de censure va être adoptée, c'est que le
03:38système qui jusque-là protégeait Michel Barnier, le protégeait faiblement, s'inverse,
03:45c'est-à-dire que la neutralisation des oppositions qui a permis sa nomination après quand même
03:51une première crise, puisqu'on a mis des semaines et des semaines avant de trouver
03:54une solution pour Matignon, ça se retourne, c'est-à-dire qu'aujourd'hui tout le monde
03:58semble avoir intérêt à le renverser et ça c'est une mécanique qui dépasse un peu
04:03les acteurs.
04:04C'est vrai que si le gouvernement dit à Marine Le Pen vous n'êtes pas capable, vous ne
04:09ferez jamais, ce n'est pas le moment, ça l'incite à le faire en fait, tous les arguments
04:12se retournent.
04:13Donc on peut très bien arriver à un renversement du gouvernement, mais sans solution.
04:18Il n'y avait pas de solution l'été dernier, il n'y en a pas plus cet automne, en fait
04:22on a quand même une tripartition, il y a trois blocs, c'est toujours deux contre un,
04:26et on peut continuer comme ça dans l'instabilité de motions de censure en élections anticipées,
04:34mais le système politique lui-même, et je dirais presque la sociologie politique française,
04:39fait qu'on est dans une phase d'instabilité.
04:41Donc absolument pas question, enfin le scénario décrit par Mathilde Panot il y a quelques
04:45minutes est très peu probable.
04:47Non, ça Lucie Castex et Amathineau, ce n'est pas crédible pour plusieurs raisons, mais
04:50d'abord parce que les socialistes n'en veulent plus, donc de toute façon le Nouveau Front
04:53Pulaire n'est plus uni, si tant est qu'il l'ait vraiment été d'ailleurs sur cette
04:56perspective.
04:57Les socialistes, on le voit, vont voter la motion de censure, donc ils se projettent déjà
05:03dans l'après Barnier, mais ils envisagent, et Boris Vallaud le président du groupe socialiste
05:07l'a dit le week-end dernier, d'essayer ensuite de voir s'il y a des conditions de non-censure
05:12qui pourraient rallier l'ensemble des partis dits de l'arc républicain pour ne pas faire
05:17tomber un gouvernement technique jusqu'à de prochaines élections législatives qui
05:21ne peuvent pas avoir lieu, on le sait, avant le mois de juillet, c'est-à-dire qu'en tout
05:25cas le président ne peut pas dissoudre avant le 9 juin prochain.
05:29Dès lors, il y a quand même plusieurs issues potentielles à cette crise annoncée, il y
05:34a peut-être cette perspective d'un gouvernement technique, on le verra, même si cela aussi
05:41serait fragile et du provisoire, ce serait que du provisoire, il y a une autre hypothèse
05:44qui commence évidemment à monter et qui, à mon sens, deviendra extrêmement réclamée
05:50à corps et à écrit dès le lendemain de la chute du gouvernement Barnier, c'est celle
05:55d'une démission d'Emmanuel Macron.
05:56Ça a déjà commencé ?
05:57Ça a déjà commencé, évidemment rien ne l'y oblige, Emmanuel Macron a été élu
06:01pour cinq ans et rien ne le contraint à démissionner, de surcroît ça ne changerait
06:05pas, on le sait, la composition de l'Assemblée d'ici, justement, une future dissolution
06:10qui ne peut pas avoir lieu avant le 9 juin, sauf qu'il y a un faisceau d'éléments qui
06:15vont mettre la pression sur l'Elysée et sur le chef de l'État.
06:18D'abord, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen veulent cette démission, ce ne sont pas
06:21les seuls, vous le rappeliez, effectivement, des élus aussi divers que Jean-François
06:24Kepé ou Charles de Courson l'ont évoqué aussi hier.
06:28Un lair, un centriste.
06:30Ensuite, je pense que le calendrier judiciaire de Marine Le Pen va la pousser encore plus
06:34dans cette direction parce que le jugement, justement, ne tombera pas avant le 31 mars,
06:39ça fait quatre mois, c'est très long dans la situation dans laquelle nous sommes sur
06:42le plan politique, quatre mois de délai, c'est-à-dire qu'on sait que Marine Le Pen
06:46est menacée par une lourde peine d'inéligibilité de surcroît avec une éventuelle exécution
06:50provisoire, c'est-à-dire immédiate, elle a donc quatre mois pour essayer de pousser
06:54avec d'autres vers une présidentielle anticipée, ce qui lui permettrait d'échapper à cette
06:58menace, justement, et même, dans le meilleur des cas, pour elle évidemment, d'être élu
07:03et donc de récupérer l'immunité présidentielle le temps de son mandat.
07:06Ça paraît de la politique fiction tout ça, des élections présidentielles anticipées,
07:11même si c'est le souhait de certains, dans quelles conditions ce serait envisageable
07:17après la chute du gouvernement Barnier, s'il m'encourage ?
07:21Justement, l'espoir, c'est qu'en créant les conditions d'une élection présidentielle
07:26anticipée, c'est qu'on parvienne à sortir de cette impasse parlementaire en revenant
07:30au fonctionnement de la Ve République, c'est-à-dire la simplification du jeu politique par l'affrontement
07:35au second tour de deux propositions politiques, mais il n'est pas du tout sûr que ça résolve
07:41l'émiettement de l'opinion et l'émiettement de l'Assemblée, parce que si on assiste à
07:47un duel Mélenchon-Le Pen, on voit bien que ça ne va pas forcément créer une majorité
07:55absolue derrière, pas plus qu'un duel Edouard Philippe ou Gabriel Attal-Marine Le Pen.
08:01Donc en fait, c'est un peu un recours qui est imaginé pour revenir au fonctionnement
08:06initial de la Ve République, mais ce n'est pas certain que ça permette de sortir de
08:11la crise de régime.
08:13Donc ça reste quand même très hypothétique comme scénario, parce que à ma connaissance
08:17Emmanuel Macron n'a absolument pas l'intention de démissionner.
08:20Rien ne l'y oblige.
08:22Le seul scénario où ça pourrait arriver, enfin j'imagine que c'est peut-être ce qu'anticipe
08:28Jean-Luc Mélenchon comme Marine Le Pen, c'est qu'on se retrouve dans une situation avec
08:32un blocage complet des institutions politiques, puisque un gouvernement censure, un gouvernement
08:38censure, etc.
08:39Donc complètement bloqué, et là ce serait peut-être la seule issue, mais un, on n'en
08:43est pas là à l'heure actuelle, et deux, effectivement, institutionnellement, rien
08:46ne prévoit ce scénario.
08:47En fait, on est en terrain incognitable politique complet.
08:50Les élections électorales en juillet prochain déjà, c'est une première étape.
08:53Après, il y a quand même le sujet de l'opinion publique, est-ce qu'à quelles conditions
08:58Emmanuel Macron, aux yeux de l'opinion, devient le responsable du blocage ?
09:02Il ne s'agit évidemment pas de faire une quelconque prophétie, on n'est pas de vain
09:08aucun d'entre nous, mais simplement de constater, d'un point de vue analytique, qu'il y a un
09:12certain nombre d'éléments du puzzle qui se mettent en place les uns après les autres,
09:14c'est-à-dire qu'il y a des intérêts convergents, des oppositions, et d'abord de Jean-Luc Mélenchon
09:19et de Marine Le Pen, le calendrier judiciaire de Marine Le Pen qu'on évoquait, les perspectives
09:22aussi d'une crise financière, d'une dégradation de la situation financière et économique
09:27de la France, sur les marchés d'une part, la question des déficits d'autre part, l'opinion
09:32effectivement, qui majoritairement, selon un certain nombre de sondages, n'est pas très
09:35étonnant au vu de l'impopularité record actuelle du président de la République.
09:39Il faut bien voir qu'Emmanuel Macron a atteint à peu près ce qui était le plus bas niveau
09:43de François Hollande au pire moment du quinquennat de François Hollande.
09:48Donc, tous ces éléments bis bout à bout, et le fait qu'y compris, encore une fois,
09:52au-delà même des Insoumis et du Rassemblement National, des voix commencent à s'élever
09:56en disant que la seule sortie de crise, ce serait une présidentielle anticipée.
10:00Et donc, évidemment qu'au lendemain de la chute du gouvernement Barnier, si elle se
10:04produit, il va y avoir, comme c'est très probable, on l'a dit, il va y avoir une bataille
10:09pour expliquer que c'est de la faute de l'autre, si on est dans une situation de crise et de
10:13blocage politique.
10:14Cette bataille, elle a déjà commencé, puisque le gouvernement et le Premier ministre ont
10:17dit, le Premier chef, évidemment, appelle Marine Le Pen et les autres à leur responsabilité
10:22en disant, voilà, ce serait plonger la France dans le chaos financier, il y aurait des conséquences
10:27très lourdes si jamais le gouvernement chute.
10:29Mais le problème, c'est que Marine Le Pen, elle, a déjà anticipé, et ce n'est pas la
10:33seule, Mathilde Panot a tenu exactement les mêmes propos il y a quelques minutes sur
10:37ce plateau, le fait de faire d'Emmanuel Macron et de sa décision, toujours incomprise d'ailleurs
10:44par les Français et même par les plus proches du chef de l'État de dissoudre l'Assemblée,
10:47le principal responsable du blocage.
10:49Donc il va y avoir évidemment une bataille d'explications pour faire porter à l'autre
10:53le chapeau du blocage et du chaos politique, et il y a un certain nombre d'atouts, c'est
10:59d'abord le poids de l'opinion, qui vont plutôt pencher, à mon avis, pour faire du chef de
11:03l'État une cible.
11:04On va se retrouver dans une minute pour la suite des informés, le temps de laisser passer
11:08le Filinfo, il est 9h17, Maureen Seignard.
11:12Ils estiment qu'ils sont soumis à trop de normes, une centaine d'agriculteurs ont érigé
11:15un mur devant l'Inrae à Paris ce matin, l'Institut National pour la Recherche pour l'Agriculture,
11:21l'Alimentation et l'Environnement à Nice, ils se sont retrouvés devant le centre administratif
11:25départemental des Alpes-Maritimes et ont déversé du fumier.
11:28Le ministre de l'Économie estime que la France peut décrocher si le budget n'est pas voté,
11:33le Premier ministre peut utiliser le 49-3 pour l'adopter sans vote dès la semaine prochaine,
11:39mais dans ce cas, une motion de censure pourra rembourser le gouvernement, l'étau se resserre
11:43autour de l'exécutif, Antoine Armand affirme que le gouvernement est prêt à des concessions
11:48notamment sur les taxes sur l'électricité, les autorités ukrainiennes affirment que
11:53des centaines de milliers d'Ukrainiens sont sans électricité ce matin, cela fait suite
11:56à une vaste attaque aérienne russe pendant la nuit, plusieurs régions touchées, des
12:00infrastructures énergétiques visées à l'approche de l'hiver.
12:04Un démarrage record pour un premier tome, Instinct, le manga du youtubeur Innoxtag,
12:10s'est écoulé à plus de 80 000 exemplaires en seulement 4 jours, le youtubeur avait déjà
12:14affolé les chiffres avec son documentaire Kaizen vu 39 millions de fois sur la plateforme.
12:20Et on a évoqué dans la première partie des informés ces hypothèses nombreuses,
12:37chute du gouvernement probablement pour la semaine prochaine, on entend déjà la classe
12:41politique qui spécule sur une éventuelle démission d'Emmanuel Macron et tout cela
12:47dans un contexte économique très lourd, c'est notre deuxième débat, Renaud Delis
12:51avec nos informés vers une avalanche de plans sociaux et un hiver social bouillant.
12:55En tout cas une conjoncture économique qui semble se retourner avec hier une nouvelle
12:58annonce d'un plan social chez l'équipementier automobile Valeo, la suppression de près
13:03de 900 emplois, 900 postes sur 8 de ces sites, dont près de 700 départs contraints selon
13:10la direction de Valeo, 2 sites d'ailleurs vont carrément fermer, donc ce plan social
13:14vient s'ajouter à d'autres, emblématiques, de nature différente certes, qui ont été
13:19annoncées ces dernières semaines chez Michelin, chez Auchan, chez ArcelorMittal et dans bien
13:24d'autres groupes, ce qui contribue à des prévisions assez inquiétantes en termes
13:30de destruction d'emplois et donc de remontée du chômage.
13:33Voici ce qu'en disait hier sur l'antenne de France Info Jean-Huduménil, qui est secrétaire
13:37général de la Confédération des petites et moyennes entreprises.
13:41Ce qu'on constate, c'est une explosion du nombre de défaillances d'entreprises sur
13:46le segment des moyennes entreprises, plus 46% de défaillances en un an et le résultat
13:53c'est qu'on estime aujourd'hui qu'autour de 250 000 emplois sont menacés au travers
14:01des plans de sauvegarde ou de mise en redressement.
14:04250 000 emplois menacés selon la CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises
14:10et ce qui est frappant, c'est que c'est exactement la même estimation qui est portée
14:14par Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, qui alerte elle aussi contre cette
14:18avalanche de plans sociaux et cette saignée sociale, dit-elle, 250 000 emplois elle aussi.
14:25Elle l'évoque et d'ailleurs la secrétaire générale de la CGT qui appelle les salariés
14:29à se mettre en grève, à occuper les usines pour empêcher les licenciements et qui appelle
14:33aussi à une journée de mobilisation le 12 décembre.
14:35Alors, va-t-on effectivement vers une avalanche de plans sociaux avec une remontée nette
14:38et significative du chômage d'une part et aussi peut-être vers un hiver social bouillon
14:42avec des mobilisations qui pourraient se succéder ?
14:45Question qu'on pose à nos informés ce matin, Sylvain Courage, directeur adjoint
14:48de la rédaction du Nouvel Obs, Valérie Hacco, chef adjointe du service politique du Parisien
14:51Aujourd'hui en France.
14:52Valérie, on va vers le retour du chômage, qu'on avait oublié.
14:57On a encore un taux de chômage totalement, enfin très bas, 7%, ce n'était absolument
15:03plus un sujet.
15:05Bruno Le Maire, l'année dernière, dans Le Parisien d'ailleurs, disait qu'il était
15:07le ministre qui avait réussi à arrêter le chômage.
15:11Là, oui, très très concrètement, ça ne s'est pas encore traduit dans les chiffres
15:15mais ça va venir.
15:16C'est-à-dire qu'il y a effectivement, ce qu'on voit, le sommet de la crête, les plans
15:22sociaux dans les grandes entreprises, mais ce que dit aussi Jean-Hud du Ménil, c'est
15:26dans les petites entreprises, chez les sous-traitants, dans l'intérim, etc.
15:30Donc là, c'est très clairement en train de ralentir et oui, forcément, le chômage
15:36va remonter.
15:37La problématique aussi qu'on a à l'heure actuelle, c'est qu'on est dans une situation
15:42budgétaire ultra-contrainte, c'est fini d'avoir une politique de relance pour relancer
15:47l'économie, donc on ne voit pas très bien comment tout cela va pouvoir évoluer favorablement.
15:53Et Sylvain a courage, évidemment, l'incertitude politique, elle renforce cette incertitude
15:59économique.
16:00Réciproquement.
16:01On peut aussi voir dans les difficultés économiques, peut-être une des causes en fait des difficultés
16:06politiques que nous traversons, il y a un contexte général, c'est le ralentissement
16:10de la croissance en Europe, il y a des problèmes sectoriels, vous parliez de Valeo, c'est
16:13le problème de la transformation de notre filière automobile pour aller vers la motorisation
16:18électrique qui prend du temps, qui ne va pas aussi vite que prévu, donc les industriels
16:24s'adaptent, ça fait très longtemps qu'on est habitué à ces dégraissages, ils sont
16:28liés aux perspectives des entreprises, ils sont liés aussi aux process, puisque aujourd'hui
16:33quand on bâtit une usine, il y a quand même beaucoup moins de salariés pour faire tourner
16:37les machines que de machines qui produisent de manière autonome, donc on voit bien que
16:42tout ça sont des déterminants sur lesquels il est difficile d'avoir prise.
16:46La politique d'aide aux entreprises, on constate aussi ses limites puisque ça précipite quand
16:51même la France dans des déficits qui sont insupportables, donc aujourd'hui on remet
16:57en cause la politique de l'offre et en même temps on déplore les plans sociaux.
17:00Donc il y a beaucoup d'éléments qui mériteraient d'être discutés de manière très sereine
17:05et ce n'est pas l'image que donne la classe politique aujourd'hui.
17:09C'est compliqué de discuter sereinement en ce moment, notamment de ce sujet que vous
17:13évoquiez, s'il vous encourage, la remise en cause des allègements de charges pour
17:16les entreprises, est-ce que c'est vraiment le moment ?
17:18Il y a effectivement un certain nombre de mesures qui sont prises pour des raisons budgétaires
17:21qu'on connaît, on connaît le contexte, alors la remise en cause d'un certain nombre d'allègements
17:24de charges pour les entreprises, l'effort envisagé a été revu à la baisse, notamment
17:31sous la pression de Gabriel Attal et des Macronistes, puisqu'on est aujourd'hui de l'ordre de
17:341,8 milliard d'euros d'allègements de charges supprimés finalement, plutôt que 4 milliards.
17:40Ça c'est le résultat des discussions d'hier.
17:42Ce qui était l'objectif initial de Michel Barnier.
17:45Sur une enveloppe globale quand même de près de 80 milliards d'allègements de charges
17:48votés, non pas depuis le début du premier mandat d'Emmanuel Macron, mais depuis le
17:52mandat de François Hollande.
17:53C'était un mouvement qui avait été enclenché par François Hollande, qui ont en partie,
17:57des allègements de charges qui ont en grande partie porté leurs fruits, parce qu'on peut
17:59penser qu'effectivement ça a participé de la création de l'emploi.
18:02Mais on comprend que dans la situation budgétaire actuelle, il y a un certain nombre de choses
18:05qui sont remises en cause.
18:06Il y a la question des aides à l'apprentissage aussi, aller vers des aides plus ciblées,
18:09plus limitées que les aides à l'apprentissage massif qui ont été enclenchées elles depuis
18:142017 et qui avaient porté leurs fruits en termes d'explosion de l'apprentissage.
18:19Donc cette situation budgétaire, évidemment, elle pèse sur l'impossibilité de la relance
18:23par l'aide publique, en quelque sorte, de surprenant, on sort du fameux quoi qu'il
18:27en coûte et on sait ce qu'il en a coûté précisément aux finances publiques.
18:31Ensuite, il faut aussi souligner que la situation, elle se dégrade considérablement en France,
18:36même si d'ailleurs, c'est assez étonnant quand on discute avec lui, il y a une forme
18:39d'énergie, en tout cas presque, j'allais presque dire d'optimisme du ministre chargé
18:43de l'Industrie, Marc Ferranci, qui vole d'entreprise en entreprise celles qui sont en difficulté.
18:48Il y a un tour de France en ce moment et il insiste sur les entreprises, effectivement
18:52les petites entreprises qui créent de l'emploi, qui demeurent, mais il n'empêche la situation,
18:56évidemment, les nuages s'amoncèlent, mais pas uniquement à l'échelle de la France.
19:00C'est vrai que c'est à l'échelle européenne.
19:02L'effondrement de la filière automobile, elle est spectaculaire en Allemagne, notamment,
19:08et pas seulement.
19:09Et au-delà, on a évidemment en tête le rapport Draghi il y a quelques semaines, le rapport
19:13de Mario Draghi.
19:14Qui demandait un investissement massif sur le déclassement industriel de l'Europe au
19:19regard d'autres continents américains ou asiatiques et effectivement qui demandait
19:23un investissement massif, dont aujourd'hui, visiblement, les économies européennes n'ont
19:26pas les moyens.
19:27Mais le ministre de l'Industrie doit bien constater en discutant avec les sous-traitants
19:30dont vous nous parliez tout à l'heure, Valéry Haco, les petites entreprises, les PME qui
19:34font tout le tissu territorial, économique en France, que ces entrepreneurs sont sans
19:40doute tentés d'arrêter les investissements devant les incertitudes politiques, les incertitudes
19:45budgétaires.
19:46Clairement, cette situation politique et budgétaire, c'est une véritable catastrophe parce que
19:52de quoi est-ce qu'ils ont besoin les entrepreneurs ? Ils ont besoin de visibilité, ils ont besoin
19:55de savoir qu'est-ce qui va se passer, ils ont besoin de savoir dans quelle situation
20:01ils vont pouvoir, que ce soit fiscal, que ce soit en termes de taux d'intérêt, de
20:05savoir précisément comment ils vont pouvoir évoluer.
20:07Et effectivement, avec une situation politique totalement bloquée, on ne sait absolument
20:11pas ce qui va se passer, ça rajoute de l'huile sur le feu sur la situation économique.
20:15Et ça commence à se sentir, à se voir d'ailleurs sur les marchés financiers, ça commence
20:20aussi à se voir, c'est encore un autre sujet, mais sur le marché, sur la dette de la France
20:27et les taux d'intérêt qui remontent.
20:29C'est la charge de la dette qui risque d'augmenter puisque les taux d'intérêt pratiqués sur
20:35la dette française augmentent, donc ça fait peser de nouveaux risques financiers
20:40à la France.
20:41Les marchés financiers ne vont pas faire la politique en France, eux ils se contentent
20:44d'observer l'évolution des ratios, des chiffres, et ils agissent de manière relativement rationnelle.
20:51Vous dites ça, mais par exemple au Royaume-Uni, quand l'Istrus a présenté un budget qui
20:56était totalement en déséquilibre, elle a duré quelques semaines, sous la pression
21:02des marchés financiers.
21:03C'est vrai qu'ils sont assez patients avec la France pour l'instant, mais le resteront-ils ?
21:07Comme l'Europe l'est, effectivement, la Commission aussi l'est.
21:10Et dans ce contexte-là, qui est extrêmement inquiétant d'un point de vue social, sur
21:13le Fonds de l'Emploi, on voit, et c'est normal, c'est légitime, les organisations syndicales,
21:17à commencer par la CGT, se mobiliser, inciter à des mobilisations pour défendre l'emploi
21:21entreprise par entreprise, c'est évidemment dans leur vocation.
21:24Paradoxalement, on sait aussi que ce contexte-là est extrêmement angoissant et qui a des conséquences
21:29très concrètes, évidemment, pour des centaines de milliers de personnes et leurs familles.
21:33Ce n'est pas forcément du carburant pour un mouvement social fort, en fait.
21:38On sait que souvent, c'est justement parce que des gens se retrouvent dans la difficulté
21:42et essayent de sauver leur emploi qu'il est plus difficile d'initier un mouvement social
21:47fort et massif, à fortiori dans des entreprises du secteur privé, bien sûr.
21:53Et donc, les mobilisations envisagées ne sont pas forcément de nature à freiner les prévisions,
22:01hélas extrêmement inquiétantes, sur le Fonds de l'Emploi.
22:03Merci Renaud Delis, merci à vous Valérie Ako, le Parisien Aujourd'hui en France.
22:09On jette un œil à la Une d'Aujourd'hui en France, le boom des boissons énergisantes
22:13en ce jeudi.
22:14Merci à vous Sylvain Courage, la Une du Nouvel Obs cette semaine face à la maladie de Parkinson.
22:20Récit en quête de Leïla Slimani.
22:22Un texte magnifique sur une maladie évidemment terrible que Leïla Slimani connaît, elle
22:29est même malade mais elle a des proches et donc elle a entrepris d'expliquer un peu
22:34ce que c'est la réalité de cette maladie.
22:35Et un texte donc en kiosque aujourd'hui à la Une du Nouvel Obs.
22:38Merci les informés.
22:39De retour ce soir sur France Info à 20h avec Agathe Lambret.

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