• il y a 7 mois
L'ADN ne ment pas. C'est donc logiquement qu'à l'hiver 2004, l'électricien de Mulhouse Alex Strubel, s'est retrouvé accusé du meurtre de son épouse Sabine Darmoise. Son ADN se trouvait sur la scène de crime. L'enquête scientifique avait parlé. Les investigations classiques désignaient dans la foulée le mari comme un suspect évident. Au fil des mois, les experts vont toutefois donner une toute autre lecture de l'affaire. Au point de révéler un tout autre scénario, un impensable rebondissement.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 16 mai 2024

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Transcription
00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05 Jean-Alphonse Richard.
00:07 J'ai tout perdu dans cette affaire.
00:09 En prison, vous ressortez, vous n'avez plus rien quoi,
00:11 à part quelques photos, quelques billes bleues qu'on a pu récupérer.
00:15 On vous démolit la vie, on vous prend tout, on vous met au trou,
00:18 on vous accuse de meurtre, on vous laisse sortir un peu hasardeux.
00:22 Enfin non, c'était pas hasardeux, c'était "Oups, j'ai fait une bêtise".
00:26 Puis c'était merde, après.
00:29 Bonjour, l'ADN ne ment pas.
00:32 Il peut indifféremment désigner un coupable ou exonérer un innocent.
00:36 L'ADN, parfois présenté comme la reine des preuves, serait infaillible.
00:41 C'est donc logiquement qu'à l'hiver 2004,
00:43 l'électricien de Mulhouse Alex Trubel s'est retrouvé accusé
00:47 du meurtre de sa femme Sabine Darmoise.
00:49 Son cheveu était dans la main de la victime.
00:52 Son ADN se trouvait sur la scène de crime.
00:55 L'enquête scientifique avait parlé.
00:57 Dans la foulée, cet homme était présenté comme un suspect évident,
01:00 un individu empêtré dans ses mensonges,
01:03 un mari qui ne s'entendait plus du tout avec son épouse.
01:06 Il l'aurait donc toué, tué et découpé en morceaux.
01:09 Au fil des mois, les experts vont toutefois livrer une toute autre lecture de l'affaire,
01:15 au point de révéler un autre scénario.
01:17 Le dossier va ainsi connaître un incroyable rebondissement.
01:21 Mais que s'est-il passé ?
01:23 Pour que cette enquête change du tout au tout,
01:25 l'ADN du mari est-il vraiment le sien ou celui d'un autre ?
01:29 Mais alors, qui est le meurtrier ?
01:31 Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:34 Sabine Darmoise, l'erreur judiciaire est dans l'ADN.
01:38 Elle a reçu de nombreux coups,
01:40 assénés avec une extrême violence à la tête, au visage et sur les membres,
01:43 des coups de poing, des coups de pied.
01:45 L'enquête aujourd'hui de l'heure du crime,
01:47 la seule émission radio 100% fait d'hiver,
01:49 à tout de suite sur RTL.
01:52 Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:55 L'heure du crime.
01:57 14h30, 15h30, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
02:02 L'heure du crime.
02:05 Dans l'heure du crime aujourd'hui, l'affaire Sabine Darmoise.
02:07 Au lendemain du jour de Noël 2002,
02:10 le corps découpé de cette femme mariée,
02:12 mère d'une petite fille, est retrouvé à Mulhouse,
02:15 dans le décor d'une friche industrielle.
02:17 Le meurtrier s'est acharné sur la victime.
02:21 Jeudi 26 décembre 2002,
02:23 le commissariat de Mulhouse est alerté d'une sinistre découverte,
02:27 non loin du centre-ville, dans les fourrés d'un vaste terrain vague,
02:31 entre les rues Lavoisier et Jean-Jaurès.
02:34 Le corps d'une femme, tronçonné,
02:36 est déposé dans deux grands sacs poubelles noires.
02:39 La tête et le tronc sont retrouvés dans le premier,
02:42 dans le dos de la victime a été collé un ticket de PMU.
02:45 Les membres et le bas du corps sont dans le second.
02:48 A quelques mètres, un troisième sac poubelle est retrouvé.
02:51 Il contient les habits que portait la victime avant sa mort,
02:54 un blouson et un jean,
02:56 qui ne sont ni tachés de sang ni déchirés.
02:59 Un grand sac de sport noir, Adidas,
03:02 est également sur place, dans l'une des poches.
03:05 On trouve un paquet de lessive, une carte téléphonique Halo Afrique,
03:09 un long couteau de cuisine ainsi que des médailles religieuses.
03:13 Les légistes indiquent que le dépeçage a eu lieu après le décès.
03:17 Un couteau a été utilisé pour la découpe
03:20 et un hachoir pour séparer les os.
03:22 La victime a ingéré, de gré ou de force, une grande quantité d'alcool.
03:26 Elle est morte après avoir été tabassée.
03:29 Elle a reçu de nombreux coups,
03:31 assénés avec une extrême violence à la tête, au visage, sur les membres.
03:35 Des coups de poing, des coups de pied, note le rapport d'autopsie.
03:39 Le décès remonterait entre 3 et 10 jours avant la découverte.
03:43 Les sacs étaient déjà là le 14 décembre.
03:46 Un témoin les avait aperçus.
03:48 Il lui a semblé voir une tête qui émergeait,
03:50 mais il n'y a pas prêté attention.
03:52 Il pensait qu'il s'agissait d'un mannequin démentibulé.
03:56 Le corps du terrain vague est rapidement identifié.
04:01 C'est celui de Sabine Darmoise, épouse Strubel, 39 ans,
04:05 domiciliée au numéro 134, rue du château Zur Rhein à Mulhouse,
04:11 signalée disparue depuis le 1er décembre.
04:14 Ce jour-là, son mari, Alex Strubel, électricien, 42 ans,
04:18 s'est présenté au commissariat.
04:20 Il est revenu cinq jours plus tard pour indiquer qu'il avait cherché Sabine,
04:24 mais qu'elle restait introuvable.
04:26 Il a demandé que des recherches soient lancées.
04:28 Le mari reconnaît sans hésitation les vêtements que portait l'épouse
04:31 quand elle a disparu.
04:33 En revanche, il ignore d'où vient le sac de sport noir,
04:36 ainsi que la carte téléphonique et les deux médaillons religieux.
04:39 Alex Strubel raconte que le samedi 30 novembre,
04:43 il a passé l'après-midi avec Sabine et leur petite fille de 6 ans.
04:47 La famille s'est rendue entre 15h et 17h30 à une opération porte ouverte de la SPA.
04:53 Puis, ils ont décidé d'aller prendre un verre au restaurant du marché rue Thénard.
04:58 Le mari se souvient que Sabine s'est absentée pour aller acheter un petit pain pour sa fille,
05:03 mais elle n'est pas revenue.
05:05 Une demi-heure plus tard, il a décidé d'aller voir ce qui se passait.
05:08 Il a trouvé Sabine dans un café voisin, la Taverne Alsacienne,
05:12 en train de discuter avec un homme, costaud, brun, le teint plutôt mate.
05:16 Elle l'a présentée comme une vieille connaissance.
05:19 Alex Strubel ne se souvient pas de son nom, Sabine.
05:22 Lui a dit qu'elle restait encore un peu.
05:24 Le mari est rentré à la maison à 19h10.
05:26 Sabine a téléphoné une première fois.
05:29 Elle a rappelé à 20h22 pour indiquer qu'elle allait rentrer.
05:32 Les vérifications téléphoniques confirment ces deux appels depuis la cabine du restaurant du marché.
05:37 Depuis cette date, Alex Strubel n'a aucune nouvelle.
05:41 Les policiers savent que le couple se disputait fréquemment.
05:45 Le climat conjugal n'était pas au beau fixe.
05:48 Un mari vers lequel vont converger les regards des enquêteurs.
05:53 De témoin, il va peu à peu endosser le rôle du suspect numéro un.
05:56 D'autant plus que le sacro-saint ADN va le désigner une preuve accablante
06:01 qui confirme les doutes exposés par certains policiers.
06:04 On va parler de ce rebondissement, l'ADN, la reine des preuves,
06:08 dans le prochain chapitre de l'Heure du crime.
06:11 Pour l'instant, il faut rester à Mulhouse avec le début de cette affaire,
06:14 la découverte du corps. Bonjour Alain Cheval.
06:17 - Bonjour.
06:18 - Merci infiniment d'être avec nous en direct dans l'Heure du crime.
06:20 Vous êtes journaliste aux dernières nouvelles d'Alsace
06:23 et vous connaissez parfaitement ce dossier.
06:25 Je le disais, on a le sentiment qu'à la découverte de cette scène de crime,
06:30 la violence n'est plus qu'extrême, elle est absolue.
06:33 On a voulu détruire cette femme.
06:35 - Oui, effectivement. Il suffit de se rapporter au rapport du médecin légiste
06:40 qui ne fait pas de mystère sur le décès de Sabine.
06:42 Elle est morte des suites de coups violents portés à main nue,
06:45 essentiellement au niveau de la tête, du visage.
06:48 D'ailleurs, on détecte un traumatisme crânien important avec une hémorragie ménagée.
06:52 C'est ce qui a sans doute provoqué la mort.
06:54 On trouve aussi des traces de coups sur le reste du corps,
06:56 portés sans doute par un objet contendant, mais sans être pas sûr.
07:00 Il n'y a pas de marque de défense, ça c'est assez intéressant.
07:03 Ça veut dire qu'elle ne s'est pas défendue, tout simplement.
07:06 Peut-être, et ça c'est l'autopsie qui le démontrera,
07:09 parce qu'elle avait ingurgité une quantité massive d'alcool,
07:13 je crois que c'était pratiquement 3 grammes d'alcool par litre de sang.
07:16 Pour une personne de petit gabarit, c'est quasiment un...
07:20 on est dans une sorte de coma étilique, quasiment.
07:24 C'est pour ça qu'elle ne s'est sans doute pas débattue.
07:27 Et puis après, surtout la découverte du corps,
07:31 qui a été découpée au couteau,
07:33 les os ont été séparés avec une hachette,
07:36 c'est quand même un procédé qui est quasiment monstrueux.
07:39 C'est rare, ce genre d'affaire à Mulhouse, ça n'existe pas.
07:43 - Oui, et puis ça existe de façon rare ici, mais tant mieux ailleurs qu'à Mulhouse évidemment.
07:49 Mais effectivement, on est troublé par cette violence absolue,
07:52 ce déchaînement de violence qui a déferlé sur cette malheureuse femme.
07:57 Bonjour Gilles Poirier.
07:59 - Bonjour monsieur, oui.
08:00 - Merci infiniment d'être avec nous également, vous aussi, au téléphone de l'heure du crime.
08:04 A l'époque, vous étiez enquêteur à la police judiciaire de Mulhouse,
08:07 et vous avez suivi toute cette affaire.
08:09 Alors, il y a autre chose qui frappe sur cette scène de crime, Gilles Poirier,
08:12 ça vous n'allez pas me démentir, c'est qu'il y a beaucoup d'indices qui sont dispersés.
08:16 Il y a ce sac de sport, il y a beaucoup de choses sur cette scène de crime.
08:19 - Oui, effectivement. Donc nous avons les deux sacs contenant le tronc et la tête.
08:25 Le deuxième sac contenant les membres de la victime.
08:29 Après, un autre sac est trouvé à côté, un sac de marque Adidas,
08:34 avec différents éléments à l'intérieur.
08:37 Et un peu plus loin, des vêtements, très bien rangés d'ailleurs,
08:43 dans ce sac, vêtements qui se sont avérés être les vêtements de la victime.
08:48 - C'est ça. Ça vous permet de faire des prélèvements tout de suite ?
08:51 - Tout à fait. Donc rapidement, il faut dire qu'il y a eu beaucoup d'enquêteurs de saisie,
08:57 puisque nous étions en consaisine avec la brigade communale du commissariat de Mulhouse.
09:02 Donc il y avait beaucoup d'enquêteurs.
09:04 Et donc tous les éléments, tout a été soumis à prélèvements,
09:09 à divers prélèvements pour retrouver des traces.
09:13 - Bonjour Maître Alex Sivarello, Sivalero pardon.
09:16 - Oui, bonjour.
09:17 - Merci beaucoup d'être aujourd'hui avec nous dans le studio RTL de l'heure du crime.
09:21 Vous êtes avocat au barreau de Mulhouse et vous êtes dans cette affaire l'avocat d'Alex Trubel.
09:25 Alex Trubel, je le répète, c'est le mari dans cette histoire qui va être accusé dans quelques temps.
09:31 Mais on va en parler. Je voudrais juste que vous me disiez un petit peu qui est la victime ?
09:36 Qui est ce couple ? Qui est la victime ?
09:38 C'est une femme un petit peu malheureuse à l'époque où elle meurt.
09:42 On la voit, elle commence à boire parce qu'elle a des problèmes, c'est ça ?
09:45 - Oui, c'est vrai qu'il formait un couple un peu spécial dans la mesure où ils avaient des rapports relativement conflictuels,
09:53 mais très amoureux. En ce qui concerne Alex Trubel, puisque j'ai eu l'honneur de le défendre,
09:58 j'ai constaté tout au long de la procédure qu'il avait un amour tout à fait sérieux pour la victime.
10:05 Bon, ceci dit, c'était un couple qui effectivement avait des soucis.
10:10 Je pense qu'il y avait même une procédure pour éventuellement placer l'enfant déhi,
10:15 puisque déhi c'est donc l'enfant d'Alex Trubel et de madame Larmoise.
10:19 C'est la petite fille, d'ailleurs c'est pour elle que je suis venu à votre émission physiquement,
10:24 pour lui rappeler mon soutien psychologique, moral, etc.
10:29 puisqu'elle a beaucoup souffert, plus que son père encore.
10:32 - Oui, elle fait partie des victimes de cette affaire, tout simplement.
10:34 - Alors effectivement madame Larmoise était une femme avec un caractère,
10:38 avec des abus, que ce soit d'alcool, etc.
10:42 - Et donc on peut dire, sans se tromper, qu'au début on peut se dire que c'est une mauvaise rencontre
10:48 ou peut-être même un meurtre intrafamilial. On se pose la question.
10:53 - Un meurtre intrafamilial ?
10:55 - On se pose la question, c'est pas mal.
10:57 - Moi je ne pose pas la question, je suis avocat de la défense, c'est plutôt les enquêteurs qui se posent la question.
11:02 Et là ce serait peut-être monsieur Poirier qui devrait répondre.
11:04 Oui, effectivement, on ne ferme aucune porte, comme on dit aujourd'hui.
11:09 - Justement, Gilles Poirier, au début, effectivement, on regarde toujours du côté du mari,
11:15 on regarde toujours du côté de la famille et des proches, mais c'est comme ça une enquête ?
11:19 - Oui, il faut dire que la victime étant retrouvée un mois plus tard après sa disparition,
11:25 beaucoup d'éléments ont disparu ou ont été difficiles à retrouver,
11:30 notamment dans les enquêtes qui ont été faites dans les différents endroits où se sont rendus Alex et son épouse.
11:38 Pour retrouver des témoins, d'ailleurs, deux portraits robots seront faits.
11:43 Un par le mari, un par des témoins directs, dont il y a des restaurateurs notamment.
11:48 Donc déjà deux portraits robots, déjà difficulté pour voir qui était la personne qui a discuté avec Sabine Darmois.
11:56 - Dans le bar, c'est ça ?
11:57 - Dans un des bars, tout à fait.
11:59 Et puis bon, après, si vous voulez, au niveau de tous les éléments retrouvés,
12:06 notamment dans les affaires sur place, dans le sac à main, on retrouve les clés de la maison de leur appartement.
12:17 Donc c'est les clés du mari.
12:19 Or, lui, au départ, il dit "ah ben non, c'est pas mes clés, c'est ses clés".
12:25 Et puis après, il dit "oui, je me suis trompé, c'est mes clés".
12:27 Enfin, donc, ses clés étaient dans le sac qu'on a retrouvé sur le lieu du crime,
12:31 sur le lieu de la découverte du crime.
12:33 - Effectivement, donc ça occasionne des doutes.
12:37 Alain Cheval, journaliste aux dernières nouvelles d'Alsace, tout ce qu'il raconte, Alex Trubel, est vérifié.
12:43 Parce que quand il vient déposer plainte pour la disparition de sa femme, etc.,
12:47 tout ce qu'il peut raconter, tout ça est valable, il ne ment pas.
12:50 - Tout est vérifié, tout est confirmé, surtout.
12:53 Et puis on sent une personne qui est impliquée dans la recherche,
12:56 puisqu'avant, il vient déclarer la disparition de sa femme le lendemain du fait qu'elle ne rentre pas au domicile.
13:06 Il revient quelques jours plus tard, entre-temps, avec sa fille, ils vont faire le tour de la ville,
13:10 ils vont aller voir ce que les policiers ont fait.
13:12 Il faut dire que son épouse avait une vie un petit peu...
13:14 - Oui.
13:15 - Elle pouvait disparaître plusieurs jours d'affilée, sans donner de nouvelles,
13:18 et revenir sans qu'on lui demande rien du tout.
13:21 - On va y revenir, effectivement, à cette vie un peu bousculée,
13:24 parce que l'enquête, elle va progresser, et un peu plus d'un an après le meurtre,
13:29 le mari va être rattrapé par la justice.
13:32 Sabine Darmoise, l'erreur judiciaire est dans l'ADN.
13:36 Je vois bien que les éléments matériels sont contre moi, mais je n'ai qu'une chose à rajouter,
13:40 je n'ai pas tué ma femme.
13:42 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
13:46 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
13:50 14h30, 15h30, L'heure du crime sur RTL.
13:54 Jean-Alphonse Richard.
13:56 - Au programme, aujourd'hui de l'heure du crime, l'enquête sur le meurtre de Sabine Darmoise.
14:00 Décembre 2002 à Mulhouse, cette mère de famille, 39 ans, a été tabassée à mort, son corps découpé.
14:06 Son mari va se retrouver semaine après semaine au cœur des soupçons.
14:11 Jeudi 2 janvier 2003, une semaine après la découverte du corps de Sabine Darmoise,
14:17 le procureur de Mulhouse, Régis Delorme, ouvre une information judiciaire pour meurtre.
14:22 La police judiciaire se concentre sur les relations et l'environnement familial de la victime,
14:27 même si à ce stade, l'implication du mari semble exclue.
14:30 La petite-fille du couple, 6 ans, a confirmé que son père est resté avec elle à la maison,
14:36 le soir où sa mère n'est pas rentrée.
14:38 Une perquisition conduite au domicile du couple ne livre aucun indice probant.
14:42 Aucune trace de sang n'est détectée dans l'appartement.
14:45 Un couteau qui semble similaire à celui du meurtre est découvert dans le sac de sport sur la scène de crime
14:52 et retrouvé dans la cuisine.
14:54 Sabine Darmoise, qui avait un temps travaillé comme secrétaire de mairie avant de se retrouver sans emploi,
15:00 était passionnée d'ésotérisme, de cartomancie, de voyance.
15:04 "Je pense que je vais mourir bientôt, je vais être tuée", avait-elle confié récemment à une amie.
15:10 Elle n'avait pas pris ces déclarations au sérieux.
15:13 Sabine était une femme vulnérable, pas très heureuse dans sa vie de couple,
15:17 peu méfiante vis-à-vis des personnes qui pouvaient l'aborder,
15:20 une proie facile pour une mauvaise rencontre.
15:23 Vendredi 18 juillet 2003, presque 8 mois après la mort de Sabine Darmoise,
15:29 le laboratoire communique à la juge d'instruction les résultats des expertises génétiques.
15:34 Un ADN masculin non identifié a été retrouvé sur un sachet plastique qui se trouvait dans le sac de sport.
15:40 Il apparaît encore sur des éléments pileux de la victime retrouvée dans ce même sac.
15:45 De l'ADN mitochondrial est détecté également sur des cheveux, dont l'un retrouvé dans la paume de la main de Sabine.
15:53 Ces traces correspondent au profil génétique du mari, Alex Trubel.
15:58 Les policiers décident de continuer discrètement leurs investigations en se concentrant sur le mari.
16:03 Ils apprennent que peu de temps après avoir signalé la disparition de son épouse,
16:08 Alex Trubel a consulté un ophtalmologiste pour une contusion à l'œil gauche.
16:14 L'électricien a dit s'être blessé avec un câble sur un chantier,
16:18 mais à un de ses collègues, il a raconté qu'il avait été agressé par plusieurs individus.
16:22 Son employeur indique qu'aucune demande d'arrêt de travail n'a été déposée.
16:27 Mardi 6 janvier 2004, un an après le début de l'enquête, Alex Trubel est placé en garde à vue.
16:33 Les policiers l'interrogent sur la présence de son ADN dans le sac de sport.
16:37 "Je n'ai aucune explication concernant cela", répond-il.
16:40 Sur la présence de son ADN sur un poêle retrouvé dans la paume de l'épouse,
16:44 Trubel indique "je ne sais pas quoi dire, je n'ai rien à répondre,
16:48 je vois bien que les éléments matériels sont contre moi".
16:51 À propos de la curieuse blessure à l'œil, le mari confirme avoir pris un fil électrique en plein visage.
16:57 Il conclut "je n'ai qu'une chose à rajouter, je n'ai pas tué Sabine Darmoise".
17:02 La juge considère que les explications du suspect sont confuses.
17:06 Il a menti à plusieurs reprises.
17:08 Le procureur de Mulhouse parle d'incohérence, de contradiction dans les déclarations du mari.
17:13 Il s'étonne que ce dernier ne se soit jamais constitué parti civil.
17:17 Après 48 heures de garde à vue, Alex Trubel, 43 ans, confondu par l'ADN,
17:22 est mis en examen pour homicide volontaire et il est placé en détention provisoire.
17:27 Alex Trubel qui nie donc avoir tué son épouse Sabine Darmoise, mais personne ne l'écoute.
17:33 Parce que tout semble l'impliquer, l'accabler, ces imprécisions, ces mensonges,
17:38 et surtout cet ADN qui pèse de tout son poids dans la balance.
17:42 Mais on va voir que cette science n'est peut-être pas si absolue et définitive qu'on croit.
17:46 Alors, on a avec nous dans l'heure du crime, l'un de nos invités, maître Alex Civalero,
17:52 avocat au barreau de Mulhouse, avocat d'Alex Trubel dans cette affaire.
17:56 Alors vous, vous rentrez en scène à ce moment-là.
17:59 Le mari, il va en prison, il a été mis en examen, il a nié lors de sa garde à vue.
18:04 C'est l'ADN qui l'accable finalement ?
18:06 Lorsque moi, Alex Trubel me demande de venir assurer sa défense en garde à vue,
18:13 je suis d'ailleurs reçu par monsieur Poirier.
18:16 - Il y a le policier, qui est l'un de nos invités aujourd'hui.
18:19 - Oui, le chef d'enquête, et je rencontre une personne qui est en pleurs,
18:23 qui est complètement démontée.
18:25 Alors, c'est un premier contact qui est important pour la suite des événements,
18:29 puisqu'il me semble que dans l'exercice de notre profession,
18:33 nous pouvons avoir un certain feeling au départ.
18:36 Donc en garde à vue, je rencontre une personne qui est dans un état
18:39 qui me laisse penser que ce qu'il me dit est vrai.
18:43 La suite de la procédure prouvera que je suis pratiquement le seul qui pense ça.
18:48 - Ah oui, parce que là, tout l'accable, il faut dire à votre client.
18:50 Il n'est pas très adroit, il a été maladroit lors de sa garde à vue.
18:53 - Je n'irai pas aussi vite que vous dans les conclusions,
18:56 d'ailleurs c'est ce que j'avais dit à l'époque,
18:58 ne tirons pas de conclusions hâtives,
19:00 tout l'accable, non, oui et non.
19:03 Si on veut bien avoir un regard sur les indices,
19:06 parce que pour être placé en garde à vue, il faut des raisons plausibles,
19:09 de pensées qu'on a commises.
19:11 Ok, on peut être placé en garde à vue,
19:13 mais on vous sortira après à l'issue de la garde à vue
19:15 qu'il a des déclarations incohérentes,
19:18 qu'il ment sur certaines choses,
19:21 bon, il ne veut pas tout dire, vous savez, la garde à vue c'est un état psychologique
19:25 tout à fait particulier, on ne va pas revenir là-dessus,
19:27 ce n'est pas le but de l'émission,
19:28 mais à l'issue de la garde à vue,
19:30 on assemble tous ces petits indices
19:32 et puis on en fait une raison sérieuse de penser que
19:35 le suspect, le coupable, éventuellement...
19:38 - Alors je suis totalement d'accord avec vous,
19:40 Maître Civalero, il y a quand même quelque chose qui pèse,
19:43 et à l'époque, on est là quelques années avant,
19:46 à l'époque l'ADN, ça pèse lourd !
19:50 - Quelle ADN ?
19:51 De quoi on parle devant le juge d'instruction et devant le JLD ?
19:54 On parle de l'ADN mitochondrial.
19:57 - Et celui alors ?
19:58 - Qui sait ?
19:59 Enfin, je me suis penché sur la question très rapidement,
20:02 j'ignorais même le terme de ADN mitochondrial.
20:05 Maintenant, avec 20 années plus tard,
20:07 bien sûr qu'on sait précisément ce que c'est,
20:09 mais à l'époque, il fallait faire la distinction.
20:11 Est-ce que les autorités judiciaires ont fait la distinction
20:14 entre l'ADN nucléaire et l'ADN mitochondrial ?
20:17 - Le mitochondrial, c'est celui de la mer, pour résumer,
20:20 et puis le nucléaire, c'est celui qu'on porte en nous,
20:23 qui est beaucoup plus puissant,
20:24 et qui est une signature absolue, presque.
20:26 On est d'accord.
20:28 A l'époque, on ne sait pas que le mitochondrial
20:30 est aussi fragile, c'est ça ?
20:32 - Oui, une personne sourde peut avoir le même ADN mitochondrial.
20:35 - Donc, en tout cas, l'enquête, la juge s'est lancée là-dedans,
20:40 et elle a estimé que cet homme avait des comptes à rendre,
20:43 et elle a mis en examen.
20:44 Gilles Poirier, est-ce que vous vous appuyez,
20:47 lorsque vous avez les conclusions de l'ADN,
20:50 vous êtes à l'époque enquêteur de la police judiciaire à Mulhouse,
20:52 et vous menez cette affaire,
20:54 lorsque vous avez les conclusions scientifiques,
20:56 là vous vous dites "c'est bon, on peut y aller",
20:59 et jusque-là, vous n'aviez pas forcément grand-chose sur cet homme ?
21:02 - Naturellement, cet ADN mitochondrial,
21:05 ce qu'on appelle un mythotype,
21:07 était important,
21:09 mais il faut quand même préciser,
21:11 concernant l'ADN,
21:13 que le FNAEG a été créé seulement en 1998 en France,
21:17 avec le décret qui a été fait en 2000,
21:19 et que si les prédécements avaient pu être faits,
21:26 si ce fichier avait pu être créé beaucoup plus tôt,
21:29 on aurait pu déjà raccourcir l'enquête,
21:32 parce qu'il ne faut pas oublier que la personne qui a été par la suite mise en cause,
21:36 la personne plus tard,
21:38 quelques années plus tard, naturellement,
21:40 il faut dire que cette personne avait commis des délits auparavant,
21:44 des délits spécifiques,
21:46 qui auraient pu permettre son fichage au FNAEG,
21:51 et qui auraient raccourci dans l'enquête,
21:54 qu'on a menée en préliminaire,
21:56 puis en commission regatoire,
21:58 et qui auraient pu déjà cibler ce personnage,
22:01 beaucoup plus rapidement,
22:02 et mettre Strubelle hors de cause,
22:04 complètement et rapidement,
22:06 mais par contre,
22:08 il ne faut pas oublier que dans la garde à vue,
22:10 naturellement, il y avait cet ADN,
22:12 mais il y avait d'autres choses,
22:14 il y avait ce couteau identique,
22:16 qui avait été retrouvé dans un des sacs,
22:18 un couteau avec une lame de 12 cm,
22:22 qui a été retrouvé à son domicile,
22:25 il y avait aussi un ticket PMU,
22:29 qui a été retrouvé dans le dos de la victime,
22:31 or, dans les auditions,
22:35 notamment de la petite fille,
22:37 qui a 6 ans et demi,
22:38 elle dit "papa, il jouait des fois,
22:40 il cochait des cases pour mettre des chevaux au PMU",
22:44 alors que Strubelle le conteste complètement,
22:47 on a retrouvé cette histoire de blessure à l'oeil,
22:52 parce qu'il avait été blessé déjà en novembre,
22:55 du temps que sa femme était encore là,
22:57 et après on retrouve, au service de la photo-op,
23:00 une blessure à l'oeil,
23:02 en garde à vue, il ne se rappelle plus de cette blessure à l'oeil.
23:06 - Je suis d'accord, vous dites qu'il y a un faisceau de présomption,
23:09 qui a pu pousser à mettre cet homme en examen,
23:13 Alain Cheval, journaliste de la Dernière Nouvelle d'Alsace,
23:16 il est plutôt maladroit ou menteur, Alex Strubelle ?
23:20 - Je pense qu'il est surtout maladroit,
23:22 et puis il ne se rappelle plus de tout.
23:24 Après, il y a quand même beaucoup d'éléments dans cette enquête
23:26 qui sont à décharge.
23:28 Il y a eu une très bonne enquête,
23:30 on ne remet pas en cause le travail des policiers,
23:32 que ce soit de la PJ, ou que ce soit de la sécurité,
23:35 de la sécurité de la brigade criminelle,
23:38 mais il y a des éléments qui montrent que ça ne peut pas être lui.
23:41 On a récupéré par exemple ses chaussures,
23:42 qui étaient pleines de boue,
23:43 on a fait des comparaisons sur le site où ont été retrouvées les cinq,
23:47 ça ne correspond pas.
23:49 On a un temps pensé qu'il avait repeint,
23:51 parce qu'effectivement il avait fait des travaux de peinture dans son appartement,
23:53 on allait vérifier si effectivement,
23:55 il n'y aurait pas eu une scène de crime dans cet appartement.
23:59 C'était l'utilisation du crimescope,
24:02 une sorte d'ancêtre du luminol,
24:04 il n'y avait rien, il n'y avait pas de traces de sang.
24:06 - Donc il y avait beaucoup d'éléments à décharge,
24:09 c'est ce que vous dites Alain Cheval.
24:11 - Oui, qui n'ont peut-être pas été pris assez en compte.
24:14 À côté de ça, il y a des éléments à charge,
24:16 comme dans le sac de sport.
24:19 - On va y revenir Alain Cheval,
24:21 mais effectivement il y a beaucoup d'éléments qui permettaient
24:23 de faire l'équilibre entre les charges et les éléments à décharge.
24:26 Une chance sur mille que notre homme soit le meurtrier,
24:29 pourcentage négligeable, pas sûr.
24:32 Sabine Darmoise, l'erreur judiciaire est dans l'ADN,
24:35 s'il n'y a pas grand chose dans le dossier,
24:37 il faut en tirer les conséquences, l'enquête de l'ordre du crime.
24:40 Mais si l'époux est innocent,
24:42 qui est donc celui qui partage avec lui une même identité génétique ?
24:46 C'est à suivre. Dans un court instant, restez avec nous sur RTL.
24:50 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
24:54 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
25:00 - Sur les poils et les cheveux retrouvés sur le corps de la victime,
25:03 un ADN mitochondrial, compatible avec celui de son mari,
25:07 mis en examen et incarcéré pendant 14 mois.
25:10 Problème, l'ADN mitochondrial n'est pas parfait.
25:13 Transmis par la mère, il peut être commun à 2% de la population en Europe.
25:18 Retour aujourd'hui dans l'heure du crime,
25:20 sur l'affaire Sabine Darmoise, une mère de famille tabassée,
25:23 retrouvée dépecée en 2002 à Mulhouse,
25:26 après un peu plus d'un an d'enquête, le mari a été mis en examen.
25:29 Trahi par l'expertise ADN, il ne va cesser de clamer son innocence.
25:34 Mardi 25 mai 2004, la justice refuse de remettre en liberté Alex Trubel,
25:39 qui a déjà passé 4 mois en prison.
25:41 L'ADN, la câble, ainsi que l'écrivent les magistrats.
25:44 Les charges essentielles reposent à ce jour sur les éléments génétiques
25:48 permettant d'attribuer à Alex Trubel les 5 poils et cheveux
25:52 découverts dans un sac de sport et le poil retrouvé dans la paume
25:55 de la main fermée de la victime.
25:57 Même si ces magistrats précisent n'avoir aucune explication cohérente
26:02 sur la présence de l'ADN.
26:04 L'avocat du suspect, maître Alex Civalero, ne baisse pas les bras.
26:08 Il ne cesse de demander d'autres expertises, réinterroger.
26:11 La petite fille du couple maintient que son père n'a jamais quitté le domicile.
26:15 Au soir de la disparition de sa mère, un chef de chantier finit lui
26:19 par se souvenir qu'Alex Trubel avait bel et bien été blessé à l'œil
26:23 par un câble électrique.
26:25 Après un an de prison, le mari est libéré, placé sous contrôle judiciaire.
26:29 S'il n'y a pas grand chose dans le dossier, il faut en tirer les conséquences,
26:33 félicite maître Civalero dans les dernières nouvelles d'Alsace.
26:39 Fin 2007, plus de 5 ans après la mort de Sabine Darmoise,
26:43 les enquêteurs sont informés d'une incroyable découverte.
26:46 Il existe un autre ADN masculin strictement identique à celui d'Alex Trubel.
26:51 Il y avait une chance sur mille qu'un tel cas de figure se produise.
26:55 Cet ADN mitochondrial jumeau est celui du dénommé Pascal Boutrin, 39 ans,
27:01 inscrit depuis quelques mois au fichier des empreintes génétiques, le FNAEG,
27:05 après avoir été impliqué dans une affaire de proxénétisme.
27:08 Il n'a aucun lien de parenté avec le mari suspect.
27:11 Au moment du meurtre de Sabine, Boutrin, habité Mulhouse, au numéro 24 du passage des Alouettes,
27:18 une rue qui donne sur le terrain vague, où le corps dépecé a été retrouvé,
27:23 les policiers arrivent, hélas, trop tard pour interpeller Pascal Boutrin.
27:27 Ce dernier est décédé, il y a quelques mois, le 25 avril, de mort naturelle.
27:32 Ses affaires ont été détruites et l'appartement reloué a été nettoyé de fond en comble.
27:40 Et c'est une découverte qui change tout, même si l'enquête va désormais se pencher sur ce Pascal Boutrin.
27:47 Comment cette similitude est-elle possible ? Et puis, est-ce que cet homme a le profil d'un meurtrier ?
27:52 Maître Alexis Valero, vous êtes avec nous aujourd'hui dans le studio RTL de l'heure du crime,
27:56 avocat au barreau de Mulhouse, et vous avez défendu à l'époque Alex Trubel.
28:00 C'est grâce à vous qu'Alex Trubel a pu sortir de prison, qu'il a pu clamer son innocence,
28:07 mais il n'arrivait pas à se faire entendre. Qu'est-ce qui s'est passé ?
28:11 Vous avez réussi à faire retourner la pression sur l'ADN ?
28:15 - Je ne serais pas aussi prétentieux que ça, en ce qui me concerne le rôle que j'ai joué.
28:19 - Ah tout de même !
28:21 - Moi, je n'ai pas lâché le dossier parce que je croyais en l'innocence d'Alex Trubel.
28:25 Je pense qu'Alex Trubel a été remis en liberté et finalement innocenté pour un motif de hasard.
28:33 Admettons que ce monsieur Bouterin n'eût pas commis d'autres infractions, etc.
28:39 - Il n'était pas officiel, d'accord ?
28:41 - Absolument. Je passais aux assises avec monsieur Trubel, et j'aurais dû plaider pour lui,
28:48 et obtenir si possible son acquittement. Et là, je me pose des questions.
28:53 - C'est très important ce que vous dites.
28:57 - Oui, tout à fait, c'est fondamental.
28:58 - Est-ce que ça veut dire que si le nom n'était pas officier, vous auriez dû voir votre client jugé ?
29:06 - L'innocence d'Alex Trubel est finalement reconnue, elle émerge,
29:11 parce que monsieur Bouterin a eu un comportement délictueux.
29:14 Délictuel, délictueux. Il a commis des infractions.
29:17 Les inscriptions aux fichiers évoluent, et on retrouve son ADN, donc il est innocenté.
29:24 Pour ce motif.
29:25 - Jusque-là, vous n'aviez pas été entendu par la justice ?
29:28 - Non.
29:29 - Qu'est-ce qu'on vous disait ? Vous disiez "non, s'il voulait, il n'y a rien à voir" ?
29:32 - Oui, c'est fondamental ce que vous dites, parce que lorsque la machine judiciaire se met en route,
29:36 elle est très difficile à faire, non pas dérailler, mais arrêter et aller dans un autre sens.
29:41 J'entendais monsieur Cheval parler des éléments à charge et à décharge.
29:46 Je suis désolé, lorsque je sors de garde à vue, je vais plaider la mise en examen ou pas de monsieur Strubel
29:51 et le placement en détention, on ne me parle pas d'éléments à décharge, on me parle que d'éléments à charge.
29:56 On va même jusqu'à me dire "monsieur Strubel ne s'est pas porté partie civile".
30:01 Il a eu un comportement, dans les 8 mois qui ont séparé le décès de sa garde à vue.
30:09 - Ça je suis d'accord, ça ne veut strictement rien dire, parce que si vous vous portez partie civile,
30:13 on va dire "ce n'est pas ce qu'il veut avoir accès au dossier", et si vous ne portez pas partie civile, vous êtes suspect.
30:17 Donc c'était très bizarre de retrouver ça dans le dossier.
30:19 - Tout à fait, après tout devient prétexte. Donc c'est dû au hasard.
30:23 - C'est dû au hasard. Gilles Poirier, vous êtes à l'époque enquêteur à la police judiciaire de Mulhouse.
30:27 Là, votre suspect numéro 1, il vous glisse entre les doigts, parce que la charge s'est retournée.
30:34 Quelle est votre réaction lorsque vous apercevez que ce n'est pas son ADN, à cet homme, à Alex Trubel ?
30:41 - Si, c'est bien, l'ADN mitochondrial est donc le même.
30:47 - On est d'accord.
30:48 - Ça fait partie d'un pourcentage très réduit dans la population.
30:52 Et donc l'ADN complet, naturellement, ce n'est pas l'ADN complet.
30:57 Mais il ne faut quand même pas oublier non plus que le comportement de Trubel, c'est vrai que c'était un personnage...
31:04 Vous savez, c'était un couple assez compliqué.
31:08 Elle avait sa vie à elle, elle était invalide depuis quelques années, elle travaillait avant à la mairie de Mulhouse et tout ça.
31:14 Et elle avait un comportement assez compliqué.
31:17 Lui, bon, ça donnait à la boisson, ça donnait aux consommations de hachis, et tout ça.
31:23 On peut même parler, par exemple, que selon un témoignage, sa femme, lors d'une bagarre chez eux,
31:32 elle lui a donné un coup de couteau, après il nous le confirme dans sa garde à vue.
31:36 Donc leur vie n'était pas si simple que ça, tous les deux.
31:42 Et puis bon, tous les éléments...
31:45 On avait fait un voyage, c'est très important, parce que quand on a entendu la famille,
31:50 notamment le fils aîné de Trubel, de son premier mariage, qui avait 20 ans à l'époque,
31:56 nous conduit, nous dit "voilà, je vais vous montrer, mon père m'a emmené à Mulhouse pour chercher une pièce de voiture".
32:03 Et on passe à l'endroit, il nous montre l'endroit où Sabine a été découverte.
32:09 Après, il lui montre un café, où il était avec Sabine.
32:14 Or, on s'aperçoit que ce n'est pas du tout le café, il est très éloigné des cafés où ils étaient tous les deux.
32:21 Après, Trubel a du mal à s'expliquer, donc il dit "oui, je ne sais plus, je me suis trompé ou je ne sais pas".
32:31 C'est ça le problème avec lui.
32:34 C'est un faisceau d'éléments, mais il n'y a pas de preuve, effectivement.
32:37 Il faut quand même bien le reconnaître.
32:39 Et cette ADN, il va exonérer Alex Trubel.
32:43 Un nouveau suspect apparaît donc, dont le portrait va s'avérer des plus sombres.
32:48 Sabine Darmoise, l'erreur judiciaire est dans l'ADN.
32:51 Il avait l'habitude de frapper avec ses poings et ses pieds.
32:54 C'était un cogneur de femmes.
32:55 L'enquête de l'or du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
32:59 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
33:03 Jean-Yvon Sechard.
33:05 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
33:10 Heure du crime consacrée aujourd'hui au meurtre de Sabine Darmoise en 2002 à Mulhouse.
33:14 Son mari a été mis en examen et écroué, placé sous contrôle judiciaire.
33:18 Il nie depuis le début.
33:21 5 ans plus tard, une expertise indique que son ADN mitochondrial est en fait identique à celui de notre homme.
33:29 Début 2008, et alors que le mari de Sabine Darmoise reste mis en examen,
33:34 la police se penche sur le cas Pascal Boutrin, celui qu'on présente comme le jumeau génétique d'Alex Trubel.
33:40 Les enquêteurs veulent savoir si cet homme, décédé depuis quelques mois,
33:43 aurait pu avoir le profil d'un tueur, Pascal Boutrin,
33:46 qui a croisé la route de nombreuses femmes, était connu pour ses violences.
33:50 Il avait l'habitude de frapper ses compagnes.
33:52 Certaines d'entre elles avaient déposé plainte.
33:54 Il fréquentait de préférence des femmes fragiles, vulnérables, isolées,
33:58 en proie à des problèmes dans leur vie de couple.
34:00 Daniel, Brigitte ou encore Nathalie décrivent un individu menaçant
34:04 qui cognait tout ainsi bien avec ses poings qu'avec ses pieds,
34:07 distribuait des gifles et tirait les cheveux.
34:10 Marie-Thérèse parle d'un cogneur de femmes.
34:13 À la période du crime, Pascal Boutrin, soudeur métallier pour une agence d'intérim,
34:17 avait disparu de la circulation.
34:20 Il n'était réapparu que le 30 décembre, 4 jours après la découverte du corps.
34:24 À son employeur, il avait dit avoir eu des problèmes familiaux.
34:28 Mardi 18 novembre 2008, le contrôle judiciaire d'Alex Trubel est levé.
34:33 26 mars 2009, l'électricien bénéficie d'un non-lieu.
34:37 La juge d'instruction indique qu'au terme de l'enquête,
34:40 la participation de Pascal Boutrin au meurtre de Sabine Darmoise est établie.
34:44 Il apparaît en lien direct avec la scène de crime.
34:48 Son profil génétique unique a été découvert dans le sac de sport noir qui lui appartenait.
34:53 Son profil psychologique concorde avec le mode opératoire du crime,
34:58 soit de multiples coups portés à une victime incapable de se défendre, précise la juge.
35:04 Alex Trubel est totalement mis hors de cause.
35:12 - Et effectivement, ce nouveau suspect, j'ai envie de dire, il a un profil idéal.
35:16 Alain Cheval, on vous retrouve, vous êtes journaliste au Dernières Nouvelles d'Alsace.
35:19 C'est vrai que ce Pascal Boutrin des vérifications, on va l'être entreprise, il est mort.
35:23 On ne peut plus le questionner, on ne peut plus l'interroger.
35:26 Mais il a le profil, j'ai envie de dire, très parfait d'un homme surviolent.
35:32 - C'est comme vous le disiez il y a quelques secondes, c'est un connure de femmes.
35:36 Les enquêteurs ont entendu quelques-unes de ses conquêtes, de ses ex-petites amies.
35:41 Elles parlent toutes d'un homme ultra-violent qui frappait au visage,
35:44 comme une signature, celle qu'on retrouve sur la victime du dossier.
35:48 Plusieurs plaintes ont été déposées pour des violences et des menaces de mort.
35:52 Et puis à la lecture des différentes procédures, il apparaît que ce Pascal Boutrin
35:56 avait coutume de frapper ses victimes, mais presque exclusivement au niveau du visage.
36:00 - C'est ça.
36:01 - C'est vrai qu'on se pose des questions.
36:03 Ce dossier, ça sent un peu la faute à pas de chance.
36:07 On arrive trop tard ou on s'oriente sur un présumé coupable qui ne l'est pas.
36:13 Et c'est vrai que ça donne cette impression de ratage.
36:16 - Oui et Alain Cheval dit juste encore un mot, il y a peut-être un effet tunnel aussi,
36:19 parce qu'on s'est concentré sur l'ADN et on n'a pas cherché d'autres suspects finalement
36:23 que le mari à un moment donné.
36:25 - C'est le problème des enquêtes, c'est-à-dire on ouvre un maximum de portes
36:28 et on les referme progressivement.
36:30 Et c'est vrai qu'on est allé chercher loin.
36:32 On sait que Sabine avait fait des séjours en hôpital psychiatrique,
36:36 on allait voir à quel moment elle aurait pu rencontrer des personnes
36:40 qui pourraient éventuellement devenir folles et passer dans un registre meurtrier.
36:46 On a fermé beaucoup de portes, mais on s'est vraiment axé sur Strubel
36:51 qui se défendait je pense très mal, qui était un petit peu peut-être léger dans ses explications.
36:56 Quand on parlait de son fils issu d'un premier mariage
36:59 qui raconte avoir été accompagné, enfin raccompagné son père
37:03 dans la scène de la découverte du cadavre, il revient dessus
37:07 quand bien sûr, il aurait eu des relations avec son ex-femme
37:10 puisque ça a été au cœur du dossier, puisqu'on disait que ça pourrait être immobile.
37:14 C'est-à-dire vouloir reconquérir son ex-femme avec qui il a eu trois enfants
37:18 et pourtant il n'y a rien de tout ça.
37:20 - Il y a beaucoup de maladresse dans ce qu'il dit Alex Strubel,
37:23 mais bon, on n'est pas dans sa tête à ce moment-là.
37:25 C'est compliqué aussi, il n'a jamais eu affaire à la justice,
37:28 c'est très compliqué pour lui.
37:30 Maître Alex Sivalero, vous êtes avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime,
37:34 avocat au baron de Mulhouse et l'avocate d'Alex Strubel.
37:37 Sept ans d'attente pour que Alex Strubel soit blanchi, il y a ce non-lieu.
37:42 Dans quel état d'esprit il a passé ces sept années, votre client ?
37:46 - Ah ben, il est allé de pire en pire, de pire en mal, si je peux me permettre.
37:51 Puisqu'il avait fait huit mois de détention provisoire déjà,
37:55 il a été remis en liberté, c'est déjà une chose, c'est déjà pas mal.
37:59 Mais ensuite, il y a cinq, six ans qui passent, avec toujours ce...
38:02 - L'espèce d'épée de Dac Mowclet, c'est ça ?
38:04 - Oui, c'est un monstre qui vous ronge.
38:07 C'est une expérience qui vous dévore de l'intérieur.
38:13 Et c'est ce qu'il a été, il a été dévoré de l'intérieur.
38:16 - Et vous l'avez soutenu pendant toutes ces années ?
38:19 - Oui !
38:20 - Et bien évidemment, vous avez porté le fer dans ce dossier, c'est très bien.
38:23 Vous l'avez soutenu, vous vous sentez un homme qui peu à peu s'effrite, c'est ça ?
38:27 - Ah ben, il était sur une pente descendante et il n'a pas...
38:30 Je veux dire, il est allé jusqu'au bout, puisqu'il est décédé quelques années plus tard.
38:34 Abus d'alcool, abus de cannabis, on peut le dire.
38:38 Donc, c'est un mâle qui l'a rongé de l'intérieur.
38:42 - C'est ça, donc...
38:43 - Alors, on peut aussi évoquer le non-lieu.
38:46 Et comment a-t-il été informé de ce non-lieu ?
38:49 Ça aussi, c'est une chose dont il ne faut pas dire quelques mots,
38:53 parce que c'est quand même assez scandaleux.
38:55 On vous appelle un jour, on vous dit "il y a une ordonnance de non-lieu,
38:58 on va vous la remettre, venez au bureau".
39:01 Et puis ça dure deux minutes, on vous fait des excuses.
39:04 Deux secondes, et puis au revoir.
39:06 - Pas plus que ça.
39:07 - Pas plus que ça.
39:08 Ça n'a pas changé, je crois.
39:09 - Et ensuite, vous allez quand même saisir, je crois.
39:12 Vous allez demander des compensations.
39:14 - Oui, la première présidente de la Cour d'appel, qui est une juridiction spécifique,
39:17 qui peut l'indemniser pour une détention abusive,
39:20 et pour des conditions, puisqu'il a été mis en examen,
39:23 il a été placé en détention, et ensuite il y a un non-lieu.
39:25 Donc on peut saisir le juge pour avoir quelques euros.
39:28 - Mais ce que vous nous dites, c'est que ça ne répare pas les dégâts psychologiques,
39:32 et même physiques, dans cette affaire.
39:34 - De toute façon, les montants qu'ils ont à nous, ils sont totalement dérisoires.
39:37 - Gilles Poirier, vous êtes à l'époque enquêteur à la police judiciaire de Mulhouse,
39:42 et vous avez mené cette enquête.
39:43 Ce Pascal Boutrin, lorsqu'il apparaît dans le décor jusqu'à son apparition,
39:46 il n'avait pas attiré votre attention ?
39:49 Vous ne l'aviez pas dans votre radar pour cette affaire ?
39:52 - Comme je vous l'ai déjà dit, c'est-à-dire que cet individu qui avait déjà eu beaucoup de problèmes,
39:59 notamment avec des femmes, avec des compagnes,
40:03 il aurait dû, si le fichier ADN avait été, enfin le fichier FNAEG avait été créé beaucoup plus tôt,
40:11 il aurait été assis dedans, et donc son identification aurait été faite très rapidement,
40:18 après la découverte du corps de Sabine Darmoise.
40:21 Ce qui aurait empêché peut-être aussi tout ce qui s'est produit contre Strubelle,
40:25 mais contre Strubelle parce que Strubelle avait aussi...
40:28 Vous savez, Strubelle était un personnage sympathique,
40:32 mais d'un autre côté, il avait beaucoup de problèmes de chitte,
40:35 il procurait du chitte à une de ses filles.
40:37 En 2003, il est licencié, en 2003, en été 2003,
40:41 parce qu'il chatouille sa fille, sa fille avec sa fille qui est quand même...
40:46 - Alors écoutez...
40:47 - Il est licencié parce qu'il est ivre, donc...
40:50 - Mais ça fait partie du portrait du personnage,
40:54 mais il n'y a pas d'implication dans le crime à ce moment-là,
40:58 il n'y a pas de preuve contre lui.
41:00 Le mari est blanchi, il ne va jamais se remettre de cette épreuve.
41:04 Sabine Darmoise, l'erreur judiciaire est dans l'ADN,
41:07 j'ai toujours ce cauchemar qui revient,
41:09 je vois mon épouse me supplier d'aller la chercher.
41:12 L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
41:15 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
41:20 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
41:25 - Dans l'heure du crime aujourd'hui, l'affaire Sabine Darmoise,
41:29 une mère de famille tabassée à mort en 2002 à Mulhouse,
41:32 son mari avait été mis en examen, écroué, puis blanchi 7 ans plus tard
41:36 à la faveur d'un coup de théâtre.
41:38 L'ADN du meurtrier était finalement celui d'un autre homme.
41:43 - Le mari de Sabine Darmoise, l'électricien Alex Trubel,
41:46 a vu sa vie bouleversée par sa mise en cause.
41:49 J'ai toujours ce cauchemar qui revient,
41:52 je vois Sabine me supplier d'aller la chercher, indiquait-il.
41:55 Alex Trubel est décédé en 2015 à 55 ans,
41:59 6 ans après avoir été innocenté.
42:02 - J'ai compris longtemps après que je ne pense pas
42:06 qu'ils ont enquêté sur les faits, ils voyaient que moi.
42:10 Pendant un an, ils m'ont surveillé, ils m'ont traqué sans que je savais.
42:14 Et à partir de là, j'ai compris, ça, c'est pas bon pour moi.
42:18 Ils ne cherchent plus l'assassin, ils l'ont trouvé.
42:22 - La voix d'Alex Trubel dans une interview de nos confrères de France Culture,
42:26 après le non-lieu, le procureur de Mulhouse avait indiqué
42:29 "c'est une expérience qui nous incitera à des prudences supplémentaires".
42:36 - Et on retrouve dans cette heure du crime l'un de nos invités, c'est Gilles Poirier,
42:40 à l'époque enquêteur à la police judiciaire de Mulhouse,
42:42 et qui connaît bien ce dossier, vous l'avez mené, Gilles Poirier, ce dossier.
42:46 Est-ce qu'on a tiré les enseignements de cette histoire ?
42:50 Je le rappelle, à l'époque, il y a une vingtaine d'années,
42:53 l'ADN mitochondrial, on ne savait pas qu'il était aussi fragile.
42:57 Donc est-ce qu'on a tiré les enseignements de cette histoire en matière d'ADN ?
43:00 - Mais naturellement, je vous dis, on est en 2002,
43:03 le décret d'application du FNAEG était en 2000, donc c'était très récent,
43:09 et donc on a pris beaucoup de retard.
43:12 Et ça, c'était important dans les enquêtes, vous savez, l'affaire Guy Georges, par exemple,
43:17 c'est un exemple des femmes encore vivantes, si le FNAEG avait existé à l'époque,
43:22 et nous, ça contrarie naturellement notre enquête.
43:26 Il faut dire que, bon, ce qui était important aussi,
43:29 c'est que le témoignage des gens qui côtoyaient Sabine Darmoise et Strubel,
43:37 notamment dans les débuts de Boisson, n'ont pas pu déterminer...
43:41 D'abord, il y a eu deux portraits de robots,
43:43 on n'a pas pu déjà trouver le nommé Boutrin,
43:48 et puis c'était vague, c'était très vague,
43:52 donc on a des centaines de personnes a été entendues...
43:55 - Attendez, Gilles Poirier, pardon, je vous coupe,
43:58 parce que je comprends bien qu'il y a des doutes,
44:00 et que vous n'êtes pas arrivé à établir tout ça,
44:03 mais je vais vous poser la question que je posais il y a un instant
44:05 à Maître Alex Civalero, et Alain Cheval,
44:09 les journalistes qui sont nos invités aujourd'hui,
44:12 est-ce qu'il n'y a pas eu un effet tunnel ?
44:14 Est-ce que vous ne vous êtes pas laissé emporter par l'image du mari unique suspect ?
44:18 Ça peut arriver !
44:20 - Pas du tout, si on peut reprendre toutes les procédures établies,
44:24 tout le travail établi, on peut voir que les pistes ont été,
44:27 notamment sur les cartes téléphoniques Allo Afrique,
44:30 tous les gens qui côtoyaient le quartier de la cité à Mulhouse,
44:34 du marché à Mulhouse, et tout ça, le maximum,
44:37 les gens qui côtoyaient Sabine Darmois, les hôpitaux psychiatriques,
44:41 beaucoup de gens ont été entendus,
44:43 vous savez, on a eu des lettres anonymes,
44:45 on a eu beaucoup de pistes qu'on a poursuivies,
44:48 je veux dire, Strubelle, pourquoi Strubelle ?
44:51 Parce qu'il y avait quand même des éléments,
44:53 et puis que soit il ne s'expliquait pas,
44:55 ou alors il s'était trompé,
44:57 ou alors il y a quand même le couteau,
44:59 le petit guépé...
45:01 - Effectivement, tout ça pose des questions.
45:04 Alain Cheval, vous êtes journaliste aux dernières nouvelles d'Alsace,
45:08 je vous pose aussi la question,
45:10 est-ce qu'on n'a pas été un peu aveuglés ?
45:12 Là, on est 20 ans avant,
45:14 donc par cette histoire d'ADN, on se dit qu'à l'époque,
45:16 on se dit que c'est la reine des preuves,
45:18 cette ADN mitochondriale, il nous l'a dit,
45:20 Maître Alex, si Valéro, personne ne sait ce que c'est à l'époque.
45:24 - Oui, heureusement que la technologie,
45:26 les techniques d'enquête ont évolué,
45:28 et moi je reste convaincu qu'aujourd'hui,
45:30 avec les mêmes éléments d'enquête,
45:32 on n'arriverait pas aux mêmes conclusions,
45:34 et Strubelle ferait sans doute une garde à vue,
45:37 et il serait libéré à l'issue de sa garde à vue,
45:39 peut-être placé sous statut de témoin assisté,
45:41 mais jamais de la vie, il se retrouverait en détention.
45:43 Après, juste cette petite phrase qui est importante,
45:46 je pense, pour sa famille,
45:48 c'est que c'est important de dire qu'il ne le connaissait pas,
45:51 il ne connaissait pas celui qui a tué sa femme,
45:53 et que c'est important, c'est peut-être un motif d'apaisement.
45:55 Les deux hommes ne se sont jamais croisés,
45:57 il l'a juste croisé le soir quand il rentrait avec sa fille,
46:00 et que sa femme avait disparu pour aller acheter un petit pain.
46:04 - Oui, dans ce bar, c'est ça.
46:06 - Dans ce bar, mais il ne connaissait pas celui qui allait tuer son épouse.
46:10 Mais moi je reste convaincu qu'aujourd'hui,
46:12 avec les techniques d'investigation,
46:14 et surtout le traçage des hommes violents,
46:16 ce serait impossible, quelqu'un qui est violent,
46:18 être immédiatement fiché, et on retrouve ses empreintes.
46:22 Ça ne pourrait plus se passer comme ça aujourd'hui.
46:24 - Gilles Poirier, vous êtes policier,
46:26 il ne faut jamais perdre de vue l'enquête de terrain.
46:28 C'est bien beau l'ADN, la science, etc., la technologie,
46:31 mais le terrain, le terrain, le terrain ?
46:33 - Mais le terrain a été fait,
46:36 mais vous savez, l'enquête a été très longue,
46:40 et on a essayé d'avoir le maximum,
46:43 mais bon, avec la difficulté des témoignages,
46:46 que ce soit des témoignages directs,
46:48 des témoignages du mari, des témoignages de l'environnement,
46:51 bon, le témoignage de la famille de Strubel,
46:54 des différentes familles,
46:57 malheureusement, on n'a pas pu déterminer
47:02 l'identité de Boutrin plus tôt,
47:05 ce qui nous aurait naturellement beaucoup aidé,
47:09 d'ailleurs, ça aurait épargné beaucoup de travail,
47:12 parce que si l'ADN avait été fiché,
47:15 parce que comme Boutrin était déjà un délinquant
47:17 connu pour des faits graves sur des femmes,
47:19 notamment depuis des années,
47:21 qu'il aurait dû faire partie du fichier du FNAEG,
47:24 du fichier national,
47:26 on n'aurait pas été obligé d'aller si loin.
47:29 - Oui, et ça vous aurait aidé,
47:31 et puis vous auriez pu l'interroger,
47:33 parce que ça c'est capital, il est mort Boutrin, donc évidemment.
47:36 - On aurait pu l'interroger, on aurait pu faire tous les prélèvements,
47:38 parce qu'on a fait des prélèvements dans son appartement,
47:40 naturellement, qui avait été entre-temps,
47:42 puisqu'il était désolé.
47:43 - Mais oui, mais c'était trop tard, c'était trop tard.
47:45 - Voilà, vidé, nettoyé, on a fait des prélèvements.
47:47 - C'est clair, et effectivement, on est passé à côté de cet homme,
47:49 et c'est dramatique.
47:51 Alain Cheval termine cette émission avec vous,
47:53 journaliste aux dernières nouvelles d'Alsace,
47:54 et vous êtes avec nous dans l'heure du crime,
47:56 depuis le début de cette émission.
47:58 Alex Trubel, il est mort, il va le dire,
48:00 presque avant de mourir, dans des conditions épouvantables.
48:03 Nous disait Maître Alex Civalero, son avocat,
48:05 il est mort avec ses cauchemars, cet homme.
48:07 - Oui, effectivement, mais comme le disait très justement Maître Civalero,
48:11 une enquête judiciaire, un placement en garde à vue,
48:14 une mise en examen,
48:16 c'est une chape de plomb qui tombe sur la pierre.
48:18 On se lève et on ne vit qu'à travers ça,
48:21 en attendant une sorte d'épée de Damoclès au-dessus de la tête,
48:25 en ne sachant pas vers quoi on va,
48:27 et si on va se retrouver à devoir se défendre devant les assises.
48:30 Et c'est vrai que sa mort, elle est triste,
48:33 triste pour sa famille, triste pour lui,
48:35 parce qu'il ne méritait pas ça.
48:37 - Il ne méritait pas ça, et évidemment, Alain Cheval, merci beaucoup à vous
48:42 d'avoir été notre invité aujourd'hui dans l'heure du crime,
48:44 ainsi que Maître Alex Civalero, Gilles Poirier,
48:48 merci à l'équipe de l'émission, rédaction en chef Justine Vignon,
48:51 préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer, réalisation Nicolas Gauvin.

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