• il y a 8 mois
Simone Weber n'est pas une tueuse en série. Elle a été condamnée par la justice pour le meurtre d'un seul homme, son ancien amant. Et acquittée pour le décès suspect de son deuxième mari. Autant d'accusations qu'elle a toujours contesté. Elle aurait pu à jamais demeurer une criminelle ordinaire dont la réputation n'aurait pas dépassé son département de la Meurthe-et-Moselle. Elle est pourtant devenue très vite, et sans doute pour toujours la "Diabolique de Nancy".
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 11 avril 2024

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Transcription
00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:04 Jean-Alphonse Richard.
00:06 Je croyais être acquitté de ce procès pourri.
00:08 Et je pourrais pas oublier si j'avais découpé un Bernard que j'aimais bien.
00:12 Pour moi c'était comme un frère, vous voyez ?
00:14 J'ai pas de secret.
00:15 Bonjour, la voix de Simone Weber.
00:20 Simone Weber, morte ce jeudi 11 avril 2024 à 93 ans dans sa maison de retraite à Cannes,
00:27 celle qu'on avait surnommée la Diabolique de Nancy.
00:30 Y vivait depuis plusieurs années un des noms les plus célèbres de la chronique criminelle.
00:34 Mais pas une tueuse en série.
00:36 Elle avait été condamnée pour le meurtre d'un seul homme, son ancien amant.
00:40 Et acquittée pour le décès suspect de son deuxième mari.
00:43 Autant d'accusations qu'elle a toujours contestées.
00:45 Elle nous avait réservé dans l'heure du crime en 2021 son ultime interview.
00:50 Elle répétait n'avoir jamais assassiné personne.
00:53 Elle se présentait comme une bouc-émissaire.
00:56 En enquête, les policiers et le juge d'instruction, Gilles Bertil,
00:59 ont appris à découvrir ce personnage tout aussi extravagant qu'inquiétant,
01:04 une grand-mère pimpante et apprêtée,
01:07 mais qui évoluait dans un univers peuplé de mensonges, de double vie, de dissimulation,
01:11 d'escroquerie et d'entourloupe.
01:13 Dans ce brouillard, il va falloir du temps pour discerner la femme
01:17 qui a découpé un homme à la tronçonneuse et parvenir à la confondre.
01:21 Qui étiez-vous, Madame Weber ?
01:24 C'est la question que nous posons à celui qui la connaît le mieux, son juge, Gilles Bertil.
01:29 Simone Weber, dans les yeux de son juge, t'as pas l'air de me croire,
01:34 mais quand je suis arrivé chez moi, elle m'attendait avec un fusil.
01:37 L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:41 A tout de suite sur RTL.
01:44 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:48 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:53 Jean-Alphonse Richard.
01:55 Dans l'heure du crime, aujourd'hui, nous revenons sur le parcours de Simone Weber,
01:59 un nom devenu emblématique de la chronique judiciaire
02:02 et qui apparaît à l'été 1985 au détour de la disparition inexpliquée d'un homme
02:07 qu'elle connaissait très bien, c'était son amant.
02:12 Lundi 1er juillet 1985, Patricia Etier est au commissariat de Nancy.
02:17 Elle est venue signaler la disparition de son père, Bernard Etier, 54 ans,
02:22 un employé de l'usine Solvay à Dombasle.
02:25 La dernière fois qu'il a été vu, c'était à l'usine le samedi 22 juin à 5h du matin.
02:30 Il a quitté son poste de nuit pour rentrer chez lui rue Sainte-Barbe à Maxville
02:35 où il vit seul après deux divorces, mais depuis, plus rien.
02:38 Une semaine plus tard, un appel à témoins est publié dans le journal l'Est Républicain
02:42 avec une photo de Bernard Etier.
02:45 Qui a vu cet homme ?
02:46 Corpulence mince, 1m75, cheveux grisonnant, blouson beige, pantalon gris.
02:52 Sa voiture, une Renault 9 de couleur bleue, est également recherchée.
02:56 Les policiers établissent qu'après avoir quitté l'usine,
02:59 Etier est passé de manière impromptue chez une amie qui habite Nancy.
03:04 Il lui a demandé qu'elle l'héberge quelques heures car il ne pouvait pas rentrer chez lui.
03:09 « T'as pas l'air de me croire, mais elle m'attend avec un fusil », a-t-il déclaré.
03:14 Allusion à une ancienne maîtresse, une certaine Simone Weber, 54 ans.
03:19 Il ne veut plus la voir, mais elle s'accroche, le suit partout, le surveille.
03:24 Vers 10h, Bernard repart chez lui, mais Simone Weber est toujours là, immobile.
03:29 « C'est sûr que je vais me faire engueuler », confie-t-il alors à des voisins.
03:33 A 11h45, Bernard Etier et Simone Weber quittent en même temps la maison, chacun au volant de sa voiture.
03:40 Les policiers s'intéressent à cette Simone Weber qui a deux appartements à Nancy,
03:45 avenue de Strasbourg et rue de Kronstadt.
03:48 Mais pas question d'inquiéter tout de suite cette femme,
03:51 dernière personne à avoir vu Bernard Etier vivant.
03:53 On la place sous surveillance, des témoins sont entendus.
03:57 Le chef du personnel de l'usine révèle avoir reçu le 2 juillet,
04:00 l'endemain du signalement de la disparition, un arrêt de travail de Bernard Etier.
04:05 La lettre a été curieusement postée depuis Épinay-sur-Seine, bien loin de Nancy.
04:10 La police interroge le médecin, il décrit un patient, petit, trapu, tout le contraire d'Etier.
04:16 « Il s'agit en fait d'un gendre de Simone Weber,
04:19 elle m'a demandé de me faire passer pour Etier,
04:22 qui avait besoin d'un certificat médical », va témoigner le gendre.
04:26 Les découvertes continuent.
04:28 Les voisins du dessous de Simone Weber au 158, avenue de Strasbourg,
04:33 les époux Haag, racontent que le 22 juin au soir, il y avait un homme chez elle,
04:38 la cinquantaine, mince, ils ne l'ont pas vu ressortir.
04:41 Les Haag se souviennent que la lumière est restée allumée chez Simone toute la nuit,
04:46 vers 22h30 à la fin du film.
04:48 À la télé, ils ont entendu un bruit sourd, comme un corps qui tombe,
04:53 puis un bruit d'aspirateur.
04:55 Le lendemain, dimanche, elle leur a demandé comment fonctionnait un couteau électrique,
05:00 puis vers minuit, les Haag ont aperçu leur voisine en train de descendre un gros sac poubelle noire.
05:05 Elle l'a mis dans le coffre de sa Renault 9.
05:08 Lundi, elle a chargé une quinzaine de sacs dans le coffre de son autre voiture, la Renault 5 rouge.
05:14 Les jours suivants, Simone Weber a nettoyé les escaliers avec une petite brosse
05:19 et a étendu deux petits tapis dans la cour.
05:23 Dimanche 15 septembre 1985, trois mois après la disparition de Bernard Etier,
05:29 un pêcheur repère une valise qui flotte entre deux eaux dans un bras de la Marne,
05:34 à Poinci, en Seine-et-Marne.
05:36 À l'intérieur, le tronc d'un homme emballé dans une bâche en plastique.
05:40 La police feuillette le fichier des personnes disparues, les photos de la valise circulent.
05:45 Patricia Etier reconnaît formellement ce bagage qui appartient à son père,
05:50 il venait tout juste de l'acheter.
05:52 Le pain qui allestait la valise est analysé, il est couvert d'éclats de peinture bleu ciel,
05:57 couleur qu'on retrouve dans le jardin d'une petite maison
06:01 que possède Simone Weber à Rosière-aux-Salines, en Meurthe-et-Moselle.
06:07 Et trois semaines plus tard, Simone Weber, qui était jusqu'ici sous surveillance, va être arrêtée.
06:12 Les enquêteurs et le juge Thiel vont alors avoir tout loisir de découvrir ce personnage.
06:18 Pour cela, je voudrais qu'on revienne à cette enquête presque souterraine que mène la PJ de Nancy
06:23 autour de la disparition de Bernard Etier.
06:27 Bonjour Gilles Bertil.
06:28 - Bonjour Jean-Alphonse Richard.
06:30 - Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime.
06:34 C'est vraiment un plaisir de vous accueillir.
06:36 Vous êtes juge d'instruction à l'époque pour cette affaire Weber.
06:40 Vous avez écrit de nombreux ouvrages sur le monde judiciaire.
06:43 On a du mal à les compter et à les énumérer.
06:45 - Ah oui, je vais vous aider.
06:47 - Oui, on va citer simplement votre dernier livre.
06:51 C'est celui-ci, c'est "Tueurs en série made in France" publié aux éditions Robert Laffont.
06:57 C'est un des dictionnaires que vous avez écrits sur le crime.
07:01 Il y a plusieurs cas qui sont évoqués et souvent des histoires qu'on ne connaît pas.
07:05 Je tombe là à l'instant, page 501, sur Victor Prévost, "Le boucher de la chapelle".
07:09 Je ne sais pas ce que c'est cette histoire, mais je la lirai avec plaisir.
07:12 Gilles Bertil, revenons à Simone Weber.
07:14 Tout de suite, elle intéresse évidemment la police.
07:18 Vous ne l'avez pas encore vue, Simone Weber.
07:20 Vous la suivez vaguement, vous voyez à peu près qu'elle est en train de se dessiner dans ce décor.
07:24 Mais on s'intéresse à elle parce qu'elle est la dernière à avoir vu vivant Bernard Etier, c'est ça ?
07:28 - Oui, tout à fait.
07:30 Vous avez cité au début de votre intervention cette démarche de Patricia Etier
07:36 qui va signaler à l'hôtel de police,
07:39 c'est d'ailleurs pas la police judiciaire de Nancy que je saisirai,
07:42 mais la sûreté urbaine de Nancy qui va être chargée de cette enquête.
07:48 Alors, entre la date de la disparition, le samedi 22 juin 1985, de Bernard Etier,
07:55 quand on le voit repartir avec sa voiture, suivie par celle de Simone Weber,
08:02 et le 1er juillet, date de la démarche,
08:10 on est dans un flou, on ne sait pas, les institutions ne savent pas.
08:16 Le 1er juillet est ouverte une procédure administrative qu'on appelait à l'époque
08:22 "Recherche dans l'intérêt des familles" et qui s'appelle maintenant
08:24 "Les procédures pour disparition inquiétante"
08:28 et 9 jours après, c'est quand même assez rapide,
08:31 une information judiciaire sera ouverte, c'est celle-là qui me sera confiée.
08:36 Pourquoi ? Parce qu'il y a eu, dès le 2 juillet, comme vous l'avez indiqué,
08:40 ce faux certificat médical, la police va rapidement apprendre
08:45 que le fameux Bernard Etier qui se plaignait de maux de ventre à épiner sur scène,
08:50 n'était pas Bernard Etier, ça ne correspondait ni à la description physique, ni à l'âge,
08:56 et puis d'emblée, la famille de Bernard Etier, ses enfants ou ses soeurs,
09:03 disent qu'ils craignaient véritablement cette femme et qu'ils avaient dit à son entourage
09:08 que s'il lui arrivait quelque chose, c'était dans cette direction-là qu'il fallait chercher.
09:12 Donc dans un premier temps, on va essayer de la suivre,
09:15 elle va faire des demi-tours de sécurité en voiture,
09:20 - Elle se sent un petit peu épiée, c'est ça ?
09:22 - Elle repère les flics, oui, elle les voit,
09:26 et donc elle joue manifestement avec eux,
09:30 et puis surtout, il y a une chose que vous apprêtiez certainement à dire,
09:34 mais dès le 22 au soir, il y a un coup de fil qui arrive chez la maîtresse de Bernard Etier,
09:39 la maîtresse de l'époque, Madame Nuss,
09:42 qui reçoit un coup de téléphone d'un homme qui se fait passer pour un ami de Bernard Etier,
09:47 et qui va lui dire "Bernard ne rentrera pas ce soir,
09:52 votre week-end dans les Vosges où il avait une maison secondaire, une résidence secondaire,
09:57 c'est à part à l'eau parce qu'il a des ennuis, il a une fuite de l'air,
10:00 et il y aura deux autres coups de fil, ne m'interrompez pas sans arrêt Jean-Luc."
10:04 - Je ne vous interromps pas, mais c'est pour dire que...
10:06 - Vous me lancez sur une affaire qui me tient particulièrement à cœur,
10:09 vous le savez, c'est d'ailleurs pour ça que vous m'avez invité.
10:11 - Vous avez une heure pour vous exprimer monsieur le juge.
10:12 Non, simplement, ce que je veux dire par là, c'est que
10:15 Madame Weber ne le lâche pas Etier.
10:19 Ce que disent les proches, elle est toujours là en permanence à Sébastien.
10:22 - Non seulement, elle ne le lâche pas,
10:24 et on verra que par la suite, elle va faire un double des clés de son appartement
10:28 pour s'y introduire en son absence, pour voler du fourrier, voler des talons de chèque.
10:32 Elle a fait faire un double des clés de la voiture de Bernard Etier.
10:39 - C'est ça, la renommée.
10:40 - Et elle va relever à 80 reprises, à peu près,
10:45 dans les six premiers mois de l'année 1984,
10:48 le nombre de kilomètres parcourus par Bernard Etier.
10:51 Donc, quand elle l'interrogeait, il disait "T'as été où ?"
10:54 Elle savait qu'il lui mentait.
10:56 Mais surtout, ce qu'il est important de savoir,
10:59 c'est que la liaison Bernard Etier-Simone Weber,
11:02 qui a commencé fin 1981,
11:04 s'est achevée dans les derniers jours de décembre 1982.
11:11 Là, on est à la mi-au milieu de l'année 1985.
11:16 C'est-à-dire qu'elle le harcèle, elle le persécute en permanence,
11:20 alors que la liaison est terminée.
11:22 Elle considère donc, dès ce moment-là,
11:25 que Bernard Etier, c'est sa propriété.
11:28 - C'est ça, lui, il lui appartient, c'est sa chose,
11:31 et il n'a pas le droit d'aller voir ailleurs.
11:33 Elle est furieuse quand il a des maîtresses, etc.
11:35 - Les psychiatres appelleraient ça une "chosification".
11:37 Maintenant, on n'utilisait pas encore ces termes pompeux à l'époque.
11:41 - Etier, c'est un homme à femme, il a des maîtresses,
11:43 donc elle ne supporte pas cette situation.
11:46 Alors, j'ai envie de vous dire encore une question, Gilbert Till.
11:49 Toujours se méfier de ses voisins, presque,
11:52 parce que là, les Hagues, eux, ils vont raconter beaucoup de choses
11:56 dans cet appartement, ce qu'ils ont entendu la nuit,
11:58 cette lumière allumée...
12:00 - Mais les Hagues, on était un petit peu méfiant,
12:03 parce que c'était un couple âgé de plus de 70 ans,
12:06 et je m'aperçois, à mon grand effroi, que j'ai largement leur âge.
12:10 - Voilà, donc vous ne méfiez pas de vous-même.
12:12 - J'espère que je serai un peu plus cru que les époux Hagues,
12:15 mais il n'y a pas seulement ceux-là,
12:16 il y a ceux de la rue Sainte-Barbe à Maxiville,
12:18 où un type qui bricole son jardin entend Simone Weber,
12:22 qui est là depuis 5h30 le matin, alors qu'il pleut,
12:25 et dire "il me le payera, il me le payera",
12:28 le même qu'il avait déjà vu entre midi et 14h la veille,
12:33 en train d'attendre Bernard Etier.
12:35 Et un autre voisin, encore, monsieur L, va l'entendre dire,
12:41 dire Bernard Etier, à l'arrivée, au moment où il se rend compte
12:45 de la présence de Simone Weber, donc il est à peu près 11h du matin,
12:50 il dit "qu'est-ce que tu fais encore ici ?"
12:52 et elle, elle lui répond "je te tuerai, je te tuerai, je te tuerai".
12:55 - Donc il y a une vraie détermination, c'est le moins qu'on puisse dire.
12:58 L'ex-maîtresse du disparu va être arrêtée et entraîner tout le monde dans son labyrinthe.
13:03 Simone Weber, dans les yeux de son juge,
13:06 "mon cœur devra-t-il donc toujours être en morceaux ?
13:10 Dieu ne peut pas exister, mon âme est prête à vivre le pire."
13:13 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
13:16 Heure du crime consacrée aujourd'hui à Simone Weber, surnommée la diabolique de Nancy.
13:33 Juin 85, cette femme est suspectée d'avoir fait disparaître son ex-amant, Bernard Etier.
13:39 Elle l'aurait tué, puis aurait découpé son corps à la tronçonneuse.
13:42 Quatre mois plus tard, elle est arrêtée.
13:45 Vendredi 8 novembre 1985, Simone Weber est interpellée par les policiers de Nancy.
13:51 Sa sœur Madeleine, qui habite Cannes, est également placée en garde à vue
13:55 lors de l'enquête.
13:56 D'étranges conversations entre les deux femmes ont été enregistrées.
14:00 Simone y évoque les déboires scolaires d'une petite Bernadette,
14:05 qu'il faut changer d'établissement.
14:07 La Bernadette est en fait le nom de code donné à la Renault 9 du disparu Bernard Etier,
14:13 véhicule entreposé dans un box à Cannes.
14:15 En dépit des indices et des charges, Simone Weber regarde bleu-acier,
14:19 voix mesurée, ne bronche pas.
14:21 Elle a réponse à tout.
14:22 Oui, elle attendait son ex-amant à 5h du matin le 22 juin, mais pas avec un fusil.
14:28 « J'avais besoin de ses services, à propos d'un lavabo bouché,
14:31 je voulais être sûre de le rencontrer », dit-elle.
14:34 À ces deux adresses de Nancy, les enquêteurs ont mis la main sur deux carabines 22 long-rifle.
14:39 Du sang humain est détecté.
14:41 Dans la voiture de Simone Weber, on a encore retrouvé une meuleuse tronçonneuse électrique à disque,
14:48 du matériel professionnel, 6000 tours/minute, matériel qui peut découper la pierre.
14:53 La tronçonneuse avait été louée au magasin de bricolage Utica.
14:57 Elle a été parfaitement nettoyée, mais après démontage,
15:01 les experts ont relevé dans le mécanisme des résidus de chair humaine.
15:07 Dimanche 10 novembre, le juge de Nancy, Gilles Bertil, inculpe Simone et Madeleine Weber.
15:13 Cette dernière sera mise hors de cause quelques semaines plus tard.
15:16 Simone Weber se lamente et nie toute implication dans la mort de Bernard Etier.
15:21 Mais les indices et les preuves s'accumulent.
15:23 Une douille de 22 long-rifle a été retrouvée dans l'appartement de l'avenue de Strasbourg.
15:28 L'ex-amant a probablement été tué d'une balle dans la tête, une tête introuvable,
15:33 puis a été découpée avec la tronçonneuse électrique.
15:37 Nicole, une sœur de Simone Weber, dit l'avoir croisée lors d'un enterrement quelques semaines après la disparition de Bernard Etier.
15:45 Elle a noté son attitude bizarre.
15:47 Elle se retournait tout le temps et se comportait comme si elle était traquée ou surveillée, dit-elle.
15:54 Le juge joint au dossier des mots manuscrits dans lesquels Simone parle de son amour chaotique pour Bernard Etier.
16:00 Leur liaison a commencé en novembre 1981 et s'est achevée fin 1982.
16:05 À ce moment-là, elle note, désabusée, "mon cœur devra-t-il donc toujours être en morceaux ?
16:11 Dieu ne peut exister, mon âme est prête à vivre le pire."
16:14 Auparavant, elle a écrit en parlant de Bernard,
16:17 "comment est-il possible qu'un être soit capable de tant d'inconsciences, de méchanceté et de mépris des choses les plus sacrées et les plus nobles ?
16:25 Les autres maîtresses de son amant sont qualifiées de résidus, de déchets de la société, de pochardes."
16:32 Début 1985, lettre à sa sœur, "ce soir, je vais faire payer à l'autre ce qu'il m'a fait."
16:37 Il apparaît que Simone n'a jamais pardonné à Bernard d'avoir des maîtresses et d'avoir rompu.
16:42 Elle le suivait et vérifiait le compteur de sa voiture pour savoir combien de kilomètres il avait parcouru.
16:47 Le soir de sa disparition, il devait retrouver Monique Nuss, sa dernière compagne.
16:52 Simone Weber avait demandé à un cousin d'appeler Monique pour lui dire que Bernard ne viendrait pas.
16:57 Il avait finalement décidé de passer le week-end à la campagne, dans les Vosges.
17:03 Simone Weber qui nie méthodiquement les accusations, mais qui est inculpée pour la mort de Bernard Etier,
17:09 trop d'indices qui s'accumulent dans le dossier.
17:12 Les enquêteurs et le juge ont le sentiment de tenir celle qui a fait disparaître par rancœur
17:18 cet amant qui lui a faussé compagnie.
17:21 Avec nous dans cette heure du crime, Gilles Bertil, juge d'instruction dans cette affaire Simone Weber
17:26 et auteur de plusieurs ouvrages sur la justice, c'est votre dernier livre,
17:29 "Ces tueurs en série made in France" qui est publié aux éditions Robert Laffont.
17:34 Alors, évidemment toute cette heure est consacrée à Simone Weber et à vous,
17:38 parce que vous fermez, désolé de vous dire ça, mais des années après encore un couple indissociable.
17:43 - Vous me faites peur. - Oui, mais c'est le but aussi.
17:47 On va continuer à se faire peur parce qu'il y a un outil, un objet emblématique dans cette histoire,
17:53 qui fait presque toute l'histoire, c'est cette fameuse tronçonneuse.
17:58 Cette découverte change tout dans cette enquête.
18:00 - Oui, c'est une disqueuse à béton, ce n'est pas une tronçonneuse à chaîne,
18:04 ça c'est pour les films d'horreur.
18:07 C'est une disqueuse à béton, vous l'avez dit, qui a été louée par Simone Weber
18:12 la veille de la disparition de Bernard Hétier.
18:14 On sait que le jour, le soir ou le lendemain de la disparition de Bernard Hétier,
18:20 elle a amené cet outil chez son cousin Roger Lapierre,
18:23 celui qui donne les coups de téléphone fantaisistes à la maîtresse, aux collègues de travail et à l'emploi.
18:29 - Toujours sur demande de Simone Weber.
18:30 - Toujours sur demande de Simone Weber.
18:32 Donc elle lui a demandé d'enlever le disque parce qu'elle n'y arrivait pas.
18:37 Et puis cet appareil, vous l'avez dit aussi,
18:40 l'expertise démontrera, a été entièrement démontée,
18:45 lavée à grand dos, les fils sont détorsadés,
18:47 on va retrouver une substance ocre, une substance humaine,
18:52 que les avocats prétendront être sans doute due à une blessure,
18:56 que l'ouvrière moldave ou...
18:59 - À la fabrication.
19:01 - Au moment de la fabrication.
19:04 Et d'ailleurs la police, quand elle découvre le véhicule de Simone Weber à Nancy,
19:12 voit cet appareil et ne le saisit pas.
19:16 Et quand ils viennent m'en parler au moment du déferlement,
19:19 je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je dis "vous allez déjà le saisir,
19:23 ça va être la première chose".
19:26 Alors effectivement, c'est une affaire qui au départ est tout à fait banale,
19:31 il arrive malheureusement que des femmes tuent leur amant ou leur mari,
19:37 et réciproquement on ne le sait que trop,
19:40 mais c'est le mode de disparition présumé du corps,
19:46 avec ce que vont dire les époux-âgles qui la voient descendre des chattes poubelles,
19:52 avec les voisins du dessus et du dessous qui entendent un bruit sourd,
19:58 et puis après comme un aspirateur cassé qui ne bouge pas,
20:01 tout ça on finit par faire le lien.
20:03 - Le puzzle se met en place, tout rentre dans l'ordre,
20:06 et vous avez bien fait d'avoir ce réflexe de faire saisir cette tronçonneuse disqueuse,
20:11 qui est une des armes du crime.
20:13 - Et surtout qu'elle l'a déclaré voler, et qu'elle en a remboursé le coup.
20:17 Alors on sait qu'elle était très près de ses sous.
20:20 - Exactement, tout ça cadre...
20:22 Alors, Gilles Bertil, c'est important, là vous la voyez cette femme,
20:27 elle est face à vous, vous l'entendez, vous la questionnez,
20:31 quel est votre sentiment ? Comment vous la regardez cette femme ?
20:35 - Je la vois pour la première fois alors qu'elle est en garde à vue depuis une trentaine d'heures.
20:40 Donc je vais classiquement contrôler ce qu'est sa garde à vue.
20:44 Parce que la police me disait "il faut y aller, c'est une vieille femme,
20:49 ça va rapidement se résoudre cette affaire".
20:52 Et j'ai toujours dit, tant qu'on n'aura pas retrouvé la voiture qu'on va retrouver au mois de novembre
20:56 dans un garage à Cannes, louée sous une fausse identité,
21:00 le véhicule de Bernard Etier, j'ai dit "on n'interviendra pas".
21:03 Quand on entend le fameux coup de téléphone du 3 novembre,
21:07 où Simone Weber demande à sa soeur Madeleine, qui se trouve à Cannes,
21:11 de brûler le passeport et le chéquier de Bernard Etier,
21:15 là, on intervient.
21:17 Et surtout, après avoir fait suivre Madeleine Weber,
21:20 on l'a vu aller dans une agence immobilière payer le loyer.
21:24 Donc, à ce moment-là, je fais interpeller Simone Weber à Nancy
21:29 et sa soeur Madeleine à Cannes.
21:31 Et le temps que Madeleine arrive avec les formalités du mandat d'amnés,
21:35 ça va mettre trois jours de plus.
21:37 Mais le 10 novembre, je l'ai déjà vue la veille
21:40 pour une prolongation, ou en tout cas pour un contrôle de garde à vue.
21:44 Et je m'aperçois tout de suite, et les enquêteurs ne me disent pas le contraire,
21:48 qu'elle est particulièrement coriace.
21:50 Et j'allais dire "on ne va pas se précipiter".
21:52 Donc, au bout de 30 heures de garde à vue,
21:54 elle dit toujours qu'elle n'a plus vu le véhicule de Bernard Etier
21:58 depuis qu'elle a changé de route à hauteur de la poste de Max Céville, le 22 juin.
22:04 Alors que c'est elle qui s'est emparée du véhicule de Bernard Etier,
22:08 qu'il a faussement immatriculé,
22:10 qu'il a mis sur différents parkings de Nancy
22:12 avant de l'amener le 17 juillet à Cannes.
22:16 - Gilles Bertil, vous vous dites quoi en la voyant ?
22:18 On vous a dit "les policiers vous ont dit attention à les coriaces", etc.
22:22 On croyait que ça serait une partie de plaisir, mais pas du tout.
22:25 - Oui, mais moi je leur avais dit que ça risquait de ne pas être une partie de plaisir.
22:28 - Moi je voudrais avoir votre regard quand vous la voyez, cette femme.
22:31 - Mon regard n'était pas bleuté comme vous avez décrit le sien,
22:35 mais je me suis aperçu rapidement qu'on allait avoir affaire à forte partie.
22:40 Parce qu'on avait la voiture, c'était déjà une chose,
22:43 je dirais que c'était le minimum vital,
22:45 mais après qu'est-ce qui s'était passé ?
22:47 Il n'y avait pas eu de témoin direct,
22:49 et on a pourtant fait, tout de suite après,
22:52 j'ai refait les perquisitions derrière la police,
22:54 mais on savait que la partie allait être difficile,
22:58 simplement on n'imaginait pas qu'elle serait aussi longue, 4 ans et demi.
23:02 - Investigation loin d'être terminée,
23:05 puisqu'une possible seconde victime va apparaître.
23:08 Simone Weber dans les yeux de son juge,
23:11 Marcel avait de grandes qualités de cœur,
23:13 je ne cherchais pas un homme à mettre dans mon lit.
23:15 L'enquête de l'heure du crime, un faux mariage, un héritage convoité,
23:19 après Bernal, qu'est-il arrivé à Marcel ?
23:22 Réponse dans un court instant sur RTL.
23:35 - Il n'y a aucune preuve, c'est un dossier qui est bâti sur des témoignages
23:38 qu'on a sélectionnés, parce qu'ils sont tous plus ou moins contradictoires,
23:41 les uns par rapport aux autres,
23:43 et à partir de ces témoignages dénirants,
23:45 on va échafauder toute l'histoire de Simone Weber.
23:48 Quand on veut transformer quelqu'un en coupable, on arrive à le faire.
23:51 - Au programme aujourd'hui de l'heure du crime,
23:53 le cas Simone Weber expliqué par son juge Gilbert Hill.
23:56 En novembre 96, elle a été inculpée pour le meurtre de son ex-amant,
24:01 elle nie, au cours des investigations, une autre mort étrange
24:04 apparaît dans le sillage de la quinquagénaire.
24:07 En remontant le curriculum vitae de Simone Weber, le juge,
24:11 note qu'en 1980, Simone Weber, alors âgée de 49 ans,
24:15 avait épousé à la mairie de Strasbourg le dénommé Marcel Fixard.
24:19 79 ans, c'était un bel homme, il avait de grandes qualités de cœur,
24:23 « je ne cherchais pas un homme à mettre dans mon lit », dira-t-elle.
24:27 L'homme est brutalement décédé, 14 jours après le mariage, en infarctus.
24:32 Simone a alors hérité de ses biens, notamment la maison de Rosière, aux Salines.
24:37 L'enquête montre que diverses signatures du défunt ont été contrefaites,
24:41 dans les documents officiels, ceux de l'héritage, mais aussi ceux du mariage.
24:45 Un scénario incroyable est mis au jour.
24:48 Marcel Fixard n'était pas l'homme qui s'est présenté au bras de Simone devant M. Le Maire.
24:54 Il s'agissait tout simplement d'un comédien alsacien à la retraite,
24:58 Georges Essling, embauché pour l'occasion par Simone.
25:01 Impossible d'interroger ce faux marié, il est décédé, trois mois après la cérémonie.
25:06 Le juge estime qu'au mieux, Simone Weber a organisé ce mariage bidon
25:11 pour capter à son insu l'héritage de Fixard.
25:14 Au pire, elle l'a tué.
25:15 Elle aurait pu l'empoisonner avec l'un de ses produits,
25:18 retrouvé dans sa pharmacie, en Thalgique, somnifère, mais aussi Digitaline, un stimulant cardiaque.
25:23 Elle en avait acheté deux boîtes, avant la mort de Marcel Fixard.
25:27 Le corps du défunt est exhumé, mais il ne recèle aucune trace de Digitaline.
25:31 Pendant trois ans, les enquêteurs vont continuer à explorer les méandres,
25:35 les recoins de la vie de Simone Weber.
25:37 On s'interroge notamment sur la découverte chez elle de 37 tampons
25:41 dérobés dans des mairies, des cabinets médicaux, des pharmacies.
25:45 Le dossier compte 18 000 pages de procès-verbaux, une soixantaine d'expertises.
25:49 Simone Weber reste stoïque, elle se dit innocente à 23 reprises.
25:54 Elle va demander à être remise en liberté provisoire.
25:58 À 23 reprises, il me demande de remis en liberté.
26:01 J'ajoute à cela 15 pourvois en cassation, 17 appels, etc.
26:05 On ne compte plus.
26:07 Gilles Bertil, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
26:10 Évidemment, c'est un dossier que vous connaissez parfaitement.
26:13 Vous avez passé des mois et même des années avec Simone Weber.
26:17 Vous tombez des nues en découvrant ce vrai faux mariage
26:21 à la mairie de Strasbourg avec Marcel Fixard.
26:24 Parce que là, on est dans une pièce de théâtre.
26:27 - Pendant qu'elle était en garde à vue, il a fallu faire quatre perquisitions.
26:31 La police Tiethaken fait chez Madeleine Weber.
26:34 Mais sur Nancy, il y a trois sites.
26:36 Le 158 avenue de Strasbourg, au lieu présumé du crime
26:40 qui est l'ancien appartement de Madeleine Weber quand elle habitait encore à Nancy.
26:44 La rue de Kronstadt, qui est le véritable domicile de Simone Weber à Nancy.
26:49 Et la maison du fameux Marcel Fixard,
26:52 dont elle a hérité à Rosier-Rosaline,
26:55 donc pas très loin d'Ombal sur Meurthe.
26:59 Alors au fur et à mesure des perquisitions que je vais refaire à deux reprises.
27:02 Une fois au mois de décembre 1985,
27:05 donc dans les jours qui suivent son arrestation.
27:08 Et une autre fois au mois de janvier 1986.
27:12 On va faire des découvertes. Elle gardait tout, cette femme-là.
27:15 On a même retrouvé des bâtonnets de dynamite.
27:18 À l'époque, je fumais beaucoup pendant les perquisitions.
27:21 Et je demandais à un moment aux flics, mais qu'est-ce que c'est que ces trucs-là ?
27:24 Qui se trouvaient sous un lit de journal dans une coquotte minute
27:27 où se trouvaient les timbres humides que vous avez évoquées.
27:30 C'était de la dynamite.
27:32 Les deux armes qui avaient été retrouvées chez elle,
27:35 étaient munies de silencieux.
27:37 Et puis surtout, il y avait des documents,
27:39 des ordonnances volées manifestement,
27:41 chez des médecins en Alsace,
27:44 des faux divers.
27:47 On va commencer par trouver
27:50 une fausse dispense de publication des bans,
27:53 où Simone Weber demande au procureur de la République de Paris,
27:56 de Paris, de Nancy, pardon,
27:58 de pouvoir se marier
28:01 sans publication des bans,
28:04 à Strasbourg, où elle n'habite pas,
28:06 où Marcel Fixard n'a jamais habité.
28:09 Et là, quand on regarde la date de naissance,
28:11 c'est 30 octobre 1915.
28:14 Alors que tous ceux qui ont un peu de culture générale
28:16 savent très bien qu'elle est née en 1930.
28:18 Donc, une femme qui cherche à se vieillir de 15 ans,
28:21 en général, c'est plutôt l'inverse qui se passe.
28:23 Enfin, vous demanderez des explications complémentaires à Sandrine Rousseau.
28:27 Moi, je ne suis pas très spécialiste dans ces choses-là.
28:30 Donc, voilà.
28:31 Elle conserve des faux, des faux, des faux.
28:33 Et les brouillons des faux.
28:35 - Gilles Bertil, vous la voyez cette femme sans arrêt,
28:38 vous allez la voir et la revoir.
28:40 - Je l'ai vu 77 fois.
28:41 Je vous l'ai appelée sans arrêt.
28:43 - 77 auditions de Simone Weber.
28:45 Quand vous lui posez la question,
28:48 il y a ce faux mariage, etc.
28:51 - Elle conteste.
28:52 On va retrouver le témoin du mariage
28:54 qui a été cherché en Alsace.
28:57 Une femme qu'elle connaissait quand elle avait travaillé là-bas,
29:00 qui ne reconnaît pas du tout Marcel Fuxa.
29:04 On lui montre les signatures d'un alphabète
29:06 qui figurent au bas de son acte de mariage.
29:09 On va démontrer aussi par l'audition
29:12 d'un notaire et de sa claire de notaire.
29:17 Ça ne s'invente pas, on est en Lorraine.
29:18 Mademoiselle Mirabel qui va dire,
29:20 mais le type qui est venu signer l'acte d'acquisition
29:25 de la maison de Marcel Fuxa,
29:27 avec paiement hors la vue du notaire,
29:29 ce n'est pas monsieur Fuxa,
29:30 parce que moi je le connais bien.
29:31 Donc, on a ce faux-là.
29:33 Là, on est en janvier 80.
29:34 On a le faux acte de mariage
29:37 et on a des faux testaments
29:39 qui sont de véritables chefs-d'œuvre de falsification
29:42 à partir de véritables écritures de Marcel Fuxa.
29:45 Donc, je termine juste sur ce point.
29:48 Je fais exhumer Marcel Fuxa.
29:50 Madame Rudler, l'experte psychologue, me dit,
29:52 il y a des quantités infinitésimales de digitalines.
29:56 Mais c'est trop petit pour que je puisse affirmer
29:59 qu'il en a été introduit,
30:02 des quantités importantes dans le corps.
30:05 Mais me dit-elle,
30:06 la digitaline se décompose sous l'effet des phénols de décomposition,
30:10 sous l'effet de la putréfaction,
30:13 en eau de ruissellement et en glucose,
30:15 c'est-à-dire en sucre,
30:16 et tout ça est balayé.
30:17 On ne retrouve pas.
30:18 Par contre, ce qu'on va retrouver,
30:20 ce sont des ordonnances falsifiées
30:22 qui nous ont permis d'acheter,
30:23 quinze jours avant le décès de Marcel Fuxa,
30:25 de la digitaline dans des pharmacies de Nancy,
30:28 avec une Simone Webert qui me dit,
30:32 personne n'en a jamais pris chez moi.
30:34 Je n'en ai pas pris,
30:36 Bernard Hétier n'en prenait pas, et voilà.
30:39 Simone Webert nie,
30:40 mais c'est pour les morts de Lexamand et du faux mari
30:44 qu'elle va finalement être jugée.
30:46 Simone Webert, dans les yeux de son juge,
30:48 on voudrait faire croire que j'ai délibérément coupé en morceaux
30:51 un être que j'aimais bien, c'est faux.
30:53 L'enquête aujourd'hui de L'heure du crime,
30:54 on se retrouve tout de suite sur RTL.
30:57 L'heure du crime,
30:58 présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
31:01 Retour aujourd'hui dans L'heure du crime,
31:07 sur Simone Webert,
31:08 inculpée en 1985 pour avoir tué son ex-amant Bernard Hétier,
31:12 soupçonnée d'avoir empoisonné son vrai faux mari,
31:15 Marcel Fuxa, pour toucher son héritage.
31:17 Elle comparait aux assises à l'hiver 91,
31:20 pour ces deux affaires.
31:21 Jeudi 17 janvier 1991,
31:24 cinq ans et deux mois après son arrestation
31:27 pour le meurtre de Bernard Hétier,
31:28 Simone Webert, 60 ans,
31:30 apparaît devant la cour d'assises de La Meurthe et Moselle à Nancy.
31:33 Pimpante, une permanente blonde,
31:35 le regard agile,
31:36 elle sourit au photographe décontracté.
31:39 Elle se veut aux commandes de son procès,
31:41 elle demande à ses avocats de récuser tel ou tel juré.
31:44 Quand les témoins s'expriment,
31:46 elle note scrupuleusement leurs propos,
31:48 ne laisse rien passer.
31:49 Son premier mari vient dire
31:51 qu'elle voulait le faire enfermer dans un asile.
31:53 Il la décrit comme une mauvaise femme.
31:55 Elle l'accuse de toutes les perversions
31:57 et laisse l'ex-époux interloquer.
32:00 Elle se plaint du portrait qui est fait d'elle,
32:02 d'une voix presque plaintive de petite fille.
32:04 Elle dit,
32:05 j'entends tellement de choses abominables,
32:08 de choses déformées.
32:09 Simone Webert, interrogée sur la mort de Bernard Hétier,
32:13 conteste que le tronc repêché dans la marne soit le sien.
32:16 Il fallait trouver un corps à Bernard
32:18 pour me condamner à la prison à vie,
32:20 pire que la peine de mort.
32:22 Elle ajoute avoir de la peine pour Patricia,
32:24 la fille du défunt,
32:25 puis avance d'une voix lasse.
32:27 On voudrait faire croire que j'ai délibérément coupé en morceaux
32:30 un être que j'aimais bien.
32:31 C'est faux.
32:32 Je n'ai jamais assassiné personne.
32:34 Je ne sais pas pourquoi je suis ici.
32:36 La cour ne va pas s'attarder sur l'empoisonnement possible
32:39 de Marcel Fixard.
32:40 Pas de preuve.
32:41 Simone Webert est acquittée pour cette affaire.
32:43 Pour Bernard Hétier,
32:44 elle est cop de 20 ans de prison pour meurtre,
32:46 commis sans préméditation.
32:48 Elle n'a pas assisté au verdict.
32:51 Elle s'est évanouie à la fin des débats
32:53 après avoir prononcé ces mots
32:55 "Je ne suis pas le monstre que vous avez bâti".
32:59 Gilles Bertil est avec nous dans l'heure du crime,
33:02 juge d'instruction dans ce dossier,
33:04 sans doute l'homme qui connaît le mieux au monde,
33:07 Simone Weber,
33:08 "Je ne suis pas un monstre",
33:09 c'est le message qu'elle veut faire passer à ce procès,
33:11 en permanence.
33:12 Pour ma part,
33:13 je n'ai jamais prétendu qu'il s'agissait d'un monstre.
33:16 Ce n'est pas moi qui l'ai appelé la diabolique de Nancy.
33:19 Je crois qu'il faut plutôt se tourner du côté des médias
33:22 pour ce qui concerne cela.
33:24 - Ce n'est pas faux, c'est sûrement là, ce qui est médiatique.
33:26 - Je prends la responsabilité,
33:27 c'est moi qui l'ai inculpé,
33:28 c'est moi qui l'ai écroué,
33:29 c'est moi qui ai résisté, en quelque sorte,
33:32 aux 23 ou 27 demandes de mise en liberté.
33:38 Ma mémoire défaille un petit peu.
33:40 C'est moi qui l'ai renvoyé devant la cour d'assises,
33:43 et ce sont les jurés de la Meurthe et Moselle
33:45 qui composaient la cour d'assises,
33:47 qui l'ont condamné,
33:49 et qui ont donc,
33:50 parce que c'est comme ça que fonctionne la justice,
33:52 qui ont donc eu un avis différent
33:55 que celui de Simone Weber
33:57 sur sa propre innocence ou virginité,
34:01 selon le choix qu'elle voudra faire.
34:04 - Je ne suis pas un monstre,
34:05 est-ce que lors de cette très longue période d'instruction,
34:09 il y a plusieurs années qui sont écoulées,
34:11 est-ce qu'elle a cherché à vous apitoyer ?
34:14 Est-ce qu'elle a multiplié les visages ?
34:17 - Elle a essayé beaucoup de choses,
34:19 il y a des jours où elle était très très aimable.
34:21 J'ai l'habitude de dire qu'on était,
34:23 puisque ça a duré près de 5 ans,
34:25 cette instruction, comme un vieux couple.
34:27 Alors il faut savoir qu'on n'était pas dans une grande intimité,
34:30 parce qu'il y avait toujours au moins 4 ou 5 avocats à ses côtés,
34:33 pour les interrogatoires.
34:35 Au total, elle en a eu 27
34:37 qui se sont succédés,
34:39 et pas des moindres,
34:40 notamment maître Vergès,
34:42 maître Lemaire, maître Pelletier, etc.
34:45 Le contact n'est pas passé avec tous,
34:47 mais maître Garraud, en tout cas,
34:49 elle a été très énergiquement défendue.
34:52 J'entendais encore ce que disait au début de la reprise de l'émission,
34:56 maître Berre,
34:58 c'est tellement facile de dire "vous avez construit un monstre,
35:01 vous avez construit un coupable".
35:03 C'est quand même un métier où on peut toujours dire tout,
35:05 et éventuellement n'importe quoi,
35:07 en disant que si la décision n'est pas satisfactoire pour l'avocat,
35:11 ce sont les juges qui se sont trompés,
35:14 ou qui, pire, ne sont pas de bonne composition.
35:19 - Mais quels sont, Gilbert Thiel, les visages de Simone Weber ?
35:22 - Les visages ? Elle a multiplié un certain nombre d'incidents dans mon cabinet,
35:27 elle a insulté des témoins, les époulage,
35:29 elle a simulé des malaises,
35:31 je faisais venir un médecin légiste
35:33 qui constatait qu'elle était en parfaite santé,
35:35 elle a fait la grève de l'instruction pendant près d'une année,
35:39 elle a déposé une requête en suspicion légitime contre moi,
35:43 qui n'a rien donné non plus,
35:46 et puis, de temps en temps, elle était aimable,
35:49 lorsque je l'amenais à sa demande sur la tombe de ses enfants,
35:53 puisqu'elle avait eu le malheur de perdre deux enfants,
35:56 âgés de moins de 20 ans,
36:00 Catherine qui avait 16 ans,
36:02 et plus tard, un de ses fils,
36:06 qui n'avait pas tout à fait 20 ans,
36:09 qui partait au service militaire et qui s'est suicidé,
36:11 lorsque je l'amenais,
36:13 les gardiennes de prison disaient
36:17 qu'elle leur avait dit "je vais avec mon chéri,
36:20 aujourd'hui je sors",
36:22 et donc elle passait chez le coiffeur.
36:24 Alors, par moments, elle essayait de faire du charme,
36:26 par moments, elle essayait de passer en force,
36:28 j'ai l'habitude de dire qu'on était un peu comme un vieux couple,
36:31 des fois on se discutait peut-être pour pas grand chose,
36:34 et puis d'autres fois ça se passait mieux.
36:36 Mais au fur et à mesure que se déroulait le temps de l'information,
36:41 plus ça se crisperait, à tel point que,
36:43 j'ai voulu faire mon interrogatoire récapitulatif
36:46 qui devait faire 1200 pages,
36:48 il était très très volumineux,
36:49 elle a rompu la joute dès le deuxième jour,
36:52 et puis après je ne l'ai plus revu.
36:54 Enfin presque, puisque je l'ai revu quand même une fois à Rennes.
36:57 - La condamnée retrouve sa prison,
37:00 elle en sortira huit ans plus tard.
37:02 - Simone Weber, dans les yeux de son juge,
37:04 quand je sortirai de prison, je quitterai ce pays pourri.
37:07 L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
37:10 - Dans l'heure du crime aujourd'hui,
37:21 le cas Simone Weber surnommée la diabolique de Nancy,
37:24 elle a été condamnée en 91 à 20 ans de prison
37:27 pour le meurtre de son ancien amant, découpé à la tronçonneuse,
37:30 acquittée pour la mort d'un autre homme,
37:32 huit ans plus tard, elle est libérée.
37:34 Mercredi 17 novembre 99,
37:36 Simone Weber, 69 ans,
37:38 quitte discrètement la prison des femmes de Rennes.
37:41 Elle avait averti qu'après sa libération,
37:43 elle prendrait l'avion pour n'importe où,
37:45 histoire de quitter ce pays pourri.
37:48 Elle va finalement s'installer à Cannes,
37:50 près de sa soeur Madeleine,
37:51 à la mort de celle-ci en 2016.
37:53 Des policiers vérifieront
37:55 si ce décès n'était pas dû à un empoisonnement.
37:58 "Tout cela parce que je m'appelle Simone Weber", dira-t-elle.
38:02 "C'est même pas imaginable,
38:05 même pas imaginable d'exister,
38:08 de voir que les preuves là sous leurs yeux,
38:11 m'aimentent.
38:13 Si vous saviez, tous les gens là,
38:16 innocents, qui sont en prison,
38:19 si j'avais ma grande revolver,
38:21 je me descendrais aussi vite, hein.
38:23 Parce que si vous saviez,
38:25 comment j'ai été roué,
38:26 roué de poulets à papier comme un mur,
38:29 qu'elles disaient "on te fera crever la Weber",
38:32 les méchancetés que j'ai à longueur de journée.
38:35 J'étais la Simone Weber,
38:37 de la fausse Simone Weber."
38:39 - Et vous avez évidemment reconnu cette voix,
38:42 c'est évidemment celle de Simone Weber.
38:44 Et c'était dans l'heure du crime, en août 2021,
38:47 et c'est à ce jour la dernière interview
38:49 de Simone Weber.
38:51 Gilbert Thiel, vous avez été son juge,
38:54 Simone Weber, vous êtes l'auteur de divers ouvrages
38:57 sur la justice, c'est votre dernier livre,
38:59 je le cite à nouveau, "Tueur" en série "Made in France",
39:01 qui est publié aux éditions Robert Laffont.
39:03 Vous avez gardé un contact avec Simone Weber ?
39:06 - Non, elle m'a écrit pour la dernière fois en 2020,
39:09 j'étais encore adjoint-mère de Nancy,
39:12 et elle voulait bénéficier d'une partie
39:15 de la pension de reversion de son premier mari,
39:18 celui qu'elle avait fait interner
39:20 avec un faux certificat médical.
39:23 J'ai donc transmis cette demande
39:26 au défenseur des droits de Meurthe et Moselle,
39:29 et j'ai répondu à Madame Weber que j'avais transmis cette demande,
39:32 et le défenseur des droits m'a répondu une semaine après
39:35 en disant "ouais, elle nous a déjà demandé ça en 2003,
39:38 elle n'a rien, elle n'a droit à rien".
39:40 Donc j'ai vu qu'elle n'avait pas véritablement changé,
39:43 et qu'effectivement elle avait une grande suite dans les idées,
39:46 même les plus frelatées.
39:48 - Lorsque vous l'interrogez, Simone Weber,
39:50 pendant toutes ces années, vous la voyez, vous la revoyez,
39:52 vous nous avez dit tout à l'heure "77 fois, 77 audiences",
39:56 est-ce que c'est une femme prévisible ?
39:58 Parce que vous finissez par la connaître, vous dites "elle va essayer de me mentir sur toutes les tronches".
40:02 - Et réciproquement, elle finit par me connaître,
40:04 donc elle sait ce qui m'agace, et parmi les choses qui m'agacent,
40:07 elle a très bien compris que
40:10 quand elle... elle avait comme un instinct,
40:13 parce que des fois on me demande s'il était intelligente,
40:15 je disais "elle était plus rusée qu'intelligente".
40:18 Donc quand elle s'apercevait qu'elle avait dit quelque chose,
40:21 qu'elle n'aurait pas dû dire,
40:24 donc elle continuait de parler et de parler.
40:26 Ce qui fait que j'avais dû apprendre à l'époque,
40:28 et c'est un exercice difficile,
40:30 à dicter ce qu'elle venait de dire à mon greffier,
40:33 tout en écoutant ce qu'elle continuait à affirmer.
40:36 Alors je peux vous dire que vous ne tenez quand même pas très très longtemps,
40:39 parce que si je ne notais pas immédiatement,
40:42 mot à mot, ce qu'elle avait dit,
40:44 ces avocats, ils étaient quand même nués autour de moi,
40:47 venaient dire "non, ce n'est pas exactement ce qu'elle a dit,
40:50 c'est exactement ce qu'elle a dit, etc."
40:52 Donc c'était quand même des interrogatoires qui duraient 3 à 4 heures,
40:55 je peux vous dire que je sortais passablement lessivé.
40:58 Puis il y a d'autres fois où elle était beaucoup plus...
41:02 - Sympathique, oui c'est ça. - ...aimable, souriante,
41:04 et puis quand ces avocats partaient en fin d'interrogatoire,
41:08 nous ne parlions pas de l'affaire.
41:11 - Et vous parliez de quoi ?
41:13 - Mais de choses et d'autres.
41:15 Et alors après je lisais bien sûr ce qu'elle disait de moi à sa sœur,
41:19 lorsqu'elle écrivait à sa sœur Madeleine,
41:21 qui avait été remise en liberté,
41:23 qui n'a jamais été condamnée pour la modification des scènes de crime,
41:28 des "mediconex" pour la voiture,
41:30 et bien elle écrivait à sa sœur "oh j'ai vu le poussin aujourd'hui",
41:34 alors le poussin c'était moi, elle ne m'appelait pas mon poussin,
41:36 mais quand elle écrivait "j'ai vu le poussin aujourd'hui avec son affaire des fausses factures",
41:41 je m'occupais à l'époque d'une affaire importante,
41:44 affaire politico-financière, mettre en cause
41:48 le maire de Toul,
41:50 elle disait "je crois qu'il travaille trop, il est crevé, je pense qu'il va bientôt mourir",
41:54 comme quoi elle avait toujours raison Madame Weber,
41:56 parce que je suis encore là.
41:58 Et parfois, une fois elle m'a appelé "Touvier",
42:02 donc là elle s'est fait bien sûr expulser de mon cabinet,
42:05 donc ça voulait dire que ça pouvait monter très haut,
42:08 et descendre très bas, selon la manière de laquelle on considère la chose.
42:13 - Toute dernière question, Gilbert Thill,
42:16 il y a cette photo,
42:18 elle revient, on vous l'a emmené, c'est une reconstitution,
42:21 elle est prise dans le jardin, elle prend des fruits, un arbre, etc.
42:24 Cette photo est extraordinaire,
42:26 parce qu'on se demande si elle n'est pas spectatrice de son propre crime,
42:30 Simone Weber.
42:32 - C'était à l'occasion d'une nouvelle perquisition,
42:35 la fouille du jardin potager de la maison de Rosier Rousseline,
42:39 on se disait peut-être que la tête a été enterrée quelque part,
42:42 on n'a toujours pas retrouvé à ce jour.
42:45 Et comme on était au printemps, il y avait des pêches sur son péché,
42:49 elle m'a demandé si elle pouvait en cueillir,
42:53 je ne voyais pas de raison de m'y opposer,
42:55 mais ça a été mal perçu notamment par des membres de la famille de Bernard Etier
42:58 en disant "c'est quoi, c'est le Club Med, pas de prison là ?"
43:00 Pas tout à fait quand même,
43:02 mais je ne voyais pas pourquoi j'allais lui refuser de consommer
43:05 deux, trois fruits de ce qui avait été son jardin,
43:08 acquis avec l'immeuble dans les conditions que vous avez évoquées tout à l'heure.
43:12 Merci infiniment Gilbert Thil d'avoir été aujourd'hui l'invité de l'Heure du Crime,
43:16 merci à l'équipe de l'émission, rédaction en chef Justine Vignaud,
43:18 préparation Marie Bossard, Priscille De Guéphier, réalisation Béatrice Bessières.
43:22 L'heure du crime présentée par Jean-Alphonse Richart

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