• il y a 6 mois
C'est une mort au milieu des vignes qui a tout d'une tragédie grecque. Une mère soupçonnée d'avoir manipulé son fils adolescent pour qu'il tue son père. Une longue emprise psychologique à l'abri des regards, derrière les murs d'un vieux domaine viticole du Haut-Var. Avant d'arriver à cette conclusion, les enquêteurs se sont posés beaucoup de questions sur le décès silencieux de Jean Aprin. Retrouvé sans vie à la toute fin de l'année 2012, de toute évidence terrassé par une crise cardiaque.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 25 juin 2024.

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Transcription
00:0014h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL, Jean-Alphonse Richard.
00:06Ma première impression est que Jean Aprin n'est pas mort tout seul.
00:12Le médecin légiste découvre aucune trace de sang, aucun signe particulier de violence exercée sur la personne de Jean Aprin.
00:19Il évoque une mort qui peut être compatible avec une mort naturelle.
00:24Personnellement, j'ai beaucoup de mal à y croire.
00:27Bonjour, c'est une mort au milieu des vignes qui a tout d'une tragédie grecque.
00:33Une mère soupçonnée d'avoir manipulé son fils adolescent pour qu'il tue son propre père.
00:38Une longue emprise psychologique à l'abri des regards, derrière les murs d'un vieux domaine viticole du Hovar.
00:45Avant d'arriver à cette conclusion, les enquêteurs se sont posés beaucoup de questions sur le décès silencieux de Jean Aprin,
00:52retrouvé terrassé par une crise cardiaque à la toute fin de l'année 2012.
00:57Il va falloir du temps pour remonter le fil d'une histoire familiale faite de secrets, de mensonges, de haine et de cafés empoisonnés,
01:05jusqu'à ce qu'on découvre que le jeune fils aurait été le bras armé de sa mère.
01:11Mais comment Nadine Aprin en serait-elle venue à cette effrayante manipulation ?
01:16Pourquoi avoir décidé de tuer cet homme tranquille ?
01:19Qui a vraiment fait quoi la nuit du crime ?
01:22Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:25Jean Aprin, tué par les siens.
01:27Il y a deux mois, je l'avais retrouvé comme un zombie.
01:30J'ai dû insister pour que sa femme l'emmène à l'hôpital.
01:33L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait divers.
01:37A tout de suite sur RTL.
01:4612h30, 15h30, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:50L'heure du crime.
01:52Dans l'heure du crime aujourd'hui, l'affaire Jean Aprin.
01:55Deux semaines avant la Noël 2012, ce viticulteur tranquille installé dans un magnifique village du Haut-Var
02:02est retrouvé mort dans sa propriété.
02:04Un malheureux accident derrière lequel va peu à peu se dessiner un scénario criminel hors norme.
02:12Jeudi 6 décembre 2012, aux alentours de 14h, Nadine Aprin téléphone à la gendarmerie.
02:18Elle annonce qu'elle vient de découvrir le corps sans vie de son mari Jean Aprin, 48 ans.
02:24Ils gînent non loin de la maison, au milieu des vignes, dans le hangar de leur propriété viticole,
02:29à La Roque-Brussane, à 15 kilomètres de Brignoles.
02:33Nadine Aprin indique qu'elle a déjà appelé le SAMU qui est sur place,
02:37mais le médecin n'a rien pu faire.
02:39Le malheureux était déjà mort depuis quelques heures.
02:42Les gendarmes sont sur place.
02:44L'épouse explique qu'elle s'est inquiétée quand, en fin de matinée,
02:48elle n'a pas vu réapparaître Jean à la maison.
02:51Il avait décidé de passer la nuit dans le hangar pour surveiller le matériel tout neuf qu'il venait d'acheter.
02:57Depuis quelques semaines, des vols sont en effet signalés dans des propriétés du coin.
03:02Son mari était sur ses gardes.
03:04Vers midi, Nadine Aprin s'est rendue chez sa belle-sœur qui habite juste à côté,
03:09mais Jean n'était pas chez elle.
03:11Les deux femmes l'ont trouvée dans le hangar,
03:14couchée en chien de fusil dans le coffre de son break Opel Vectra,
03:18pantalons baissés, pulls relevés.
03:20Le médecin ne constate pas de coups sur le corps, pas non plus de blessures par balles ou armes blanches,
03:25juste une érosion superficielle au cou.
03:28Pas de signe de lutte dans le hangar où rien n'a été volé.
03:32Une bouteille de pastis à moitié vide, deux verres et des mégots sont présents.
03:38Vendredi 7 décembre, l'autopsie conduite à l'Institut Médico-Légal de Nice
03:43précise qu'un œdème pulmonaire est à l'origine du décès.
03:48Le viticulteur, après avoir veillé, a sans doute décidé d'aller se reposer dans sa voiture.
03:53Il souffrait de problèmes cardiaques et a succombé.
03:56Nadine Aprin confirme la mauvaise santé de son époux.
04:00Il était, selon elle, fatigué, stressé.
04:03Il buvait beaucoup trop, un bourreau de travail qui aurait trop tiré sur la corde.
04:08Nadine se dit anéantie par la mort brutale de son mari.
04:11Leur fils, Benoît, 16 ans, est tout aussi choqué.
04:14La dernière fois qu'il a vu son père, c'était mercredi soir, la veille de sa mort.
04:18Il allait bien, comme d'habitude.
04:20Il a pris son petit café après le dîner, puis il est parti au hangar.
04:25Lundi 24 décembre, 15h45.
04:28Les obsèques de Jean Aprin se tiennent dans la petite église de La Roque-Brussane.
04:32Tout le monde connaît les Harpins, des enfants du pays.
04:36Lui était magasinier dans un supermarché.
04:39Elle, fille de viticulteur.
04:41Ils se sont mariés en 1996.
04:44Benoît est né rapidement.
04:46Et il y a trois ans, Jean a repris les rênes de l'exploitation familiale.
04:50Il s'est jeté à corps perdu dans cette affaire.
04:53Au funérail, deux gendarmes en civil observent l'épouse effondrée en pleurs au bord du malaise.
04:58Et le fils en retrait les yeux dans le vague.
05:01Les enquêteurs doutent d'une mort naturelle.
05:03Jean Aprin a en effet été découvert en chaussettes dans sa voiture.
05:08Ses chaussures étaient bien rangées, 25 mètres plus loin dans le hangar.
05:12Or, les chaussettes étaient impeccables.
05:14Aucune trace de poussière ou de terre.
05:17Comme si le corps avait été porté jusque dans le coffre.
05:21Des gendarmes qui se posent aussi des questions sur les malaises à répétition du viticulteur.
05:25Il y a un mois, fin novembre, il a été hospitalisé après être resté deux jours dans un état semi-comateux.
05:33Michel, un de ses amis, se souvient.
05:35Il était comme un zombie.
05:36J'ai dû insister pour que Nadine le conduise à l'hôpital.
05:39Guy, le frère du défunt, se pose aussi des questions.
05:43Il se souvient qu'à la fin des dernières vendanges, Jean a dû être hospitalisé.
05:47Les médecins ont pensé à une intoxication au produit de nettoyage des machines agricoles.
05:53Une autre fois, les deux frères avaient bu ensemble un pastis.
05:57Peu après, il s'était endormi.
05:59De nouvelles analyses toxicologiques sont ordonnées.
06:05Des gendarmes qui cherchent dans le cercle familial et se rapprochent de l'épouse
06:08sans avoir de vues particulières à ce moment-là sur le fils de la famille.
06:13Un coup de théâtre va donner pourtant un violent coup de projecteur
06:16sur la mort du viticulteur.
06:18Une confession qui va bouleverser ce paysage tranquille
06:22et ce village de la Roque-Brussane dans le Haut-Var.
06:25On va voir ça dans la suite de l'heure du crime parce que jusque-là,
06:29c'est un accident, l'hypothèse d'un malheureux accident qui prévaut.
06:35Bonjour capitaine Julien Navarro.
06:39Oui, bonjour Jean-Alphonse.
06:40Merci infiniment d'être avec nous au téléphone de l'heure du crime.
06:43Alors vous êtes aujourd'hui en poste à Mandelieu.
06:46Vous êtes commandant de la communauté de brigade de Mandelieu.
06:49C'est bien ça capitaine Navarro ?
06:51Non, je suis à Nice maintenant.
06:52Ah voilà.
06:53Je suis agent en commandant de compagnie de Nice.
06:54Très bien.
06:55Donc vous avez fait quelques kilomètres un peu plus à l'est pour aller à Nice.
06:59A l'époque, vous étiez enquêteur sur l'affaire de Jean Aprin.
07:03Je crois que vous avez même dirigé cette enquête.
07:07Capitaine Navarro, après tout, il y a cette mort.
07:10Elle paraît totalement naturelle.
07:12Il n'y a pas vraiment de quoi douter.
07:14Il n'y a pas de coups.
07:15Il n'y a pas eu de tir d'armes à feu.
07:17Il n'y a pas de coup de couteau.
07:19On n'a pas l'impression qu'on doit douter de cette mort.
07:23Alors concernant l'examen du corps, effectivement,
07:25il n'y a rien qui puisse laisser paraître un côté non accidentel de la mort.
07:33Ce qui nous a tout de suite sauté aux yeux,
07:36c'est ces fameuses chaussettes dont vous avez parlé.
07:38Les chaussures de Jean Aprin étaient à l'intérieur du cabanon,
07:42cabanon qui entourait d'un terre à deux terres.
07:45Et les chaussettes étaient propres.
07:47Donc à moins d'avoir fait de la lévitation,
07:49vous ne voyez pas comment il avait pu aller dans son véhicule sans salir ses chaussettes.
07:53Il n'y a pas que ça qui nous a sauté à l'aise.
07:57C'était aussi les déclarations, les premières déclarations de Nadine Aprin
08:00qui ne tenaient pas la route.
08:02Le fait que Jean Aprin utilisait un véhicule 4x4 pour se rendre à son cabanon.
08:08Et là, curieusement, on le retrouve dans le coffre du véhicule
08:11qui est en principe utilisé par sa femme.
08:13C'était une Opel Vectra Break.
08:15Et la théorie avancée par Nadine Aprin,
08:22c'était que Jean avait pris le véhicule break pour faire moins de bruit.
08:26Je ne vois pas pourquoi un véhicule break diesel
08:29fait moins de bruit qu'un véhicule 4x4 diesel.
08:32On est d'accord.
08:33Alors à ce moment-là, vous exposez parfaitement les doutes que vous avez.
08:37Evidemment, ça vous interpelle.
08:39Vous vous dites qu'il y a quelque chose derrière qui ne va pas.
08:41Un mot, capitaine Navarro, sur le fils.
08:46Comment est-ce qu'il vous apparaît à ce moment-là, au tout début de l'affaire ?
08:52Il est plutôt en retrait, c'est ça ?
08:56En retrait, absent.
08:58Un comportement...
09:02Alors, on peut l'expliquer par rapport au choc,
09:05la découverte du cadavre de son père.
09:09Mais il est vraiment en retrait, il est absent.
09:12Et Nadine nous dit qu'il n'est pas dans son état normal,
09:15qu'il n'est pas allé au lycée pour des causes de migraine.
09:20Ce qui pourrait être possible.
09:21Bien sûr.
09:22Donc là, tout ça paraît à peu près normal.
09:24Les gendarmes, vous avez l'habitude du terrain.
09:26Vous avez l'habitude des réactions des uns et des autres.
09:28Et de ce genre d'indices qui vous troublent.
09:31Et ça, vous allez regarder de près.
09:33On va voir d'ailleurs que vous allez remonter très vite sur la piste de l'épouse.
09:37Et puis, c'est le fils qui va vous révéler beaucoup de choses.
09:40Mais ça, on va en parler dans un petit moment, dans l'heure du crime.
09:43Bonjour, Romane Mélisse.
09:45Bonjour, Jean-Alphonse.
09:46Merci infiniment d'être vous aussi au téléphone de l'heure du crime.
09:49Vous êtes journaliste, réalisatrice et réalisatrice de l'épisode
09:53Meurtre dans les vignes pour l'émission L'enquête de ma vie.
09:58Qui revient d'ailleurs sur cette enquête.
10:00Ce sont différents épisodes sur différents enquêteurs.
10:03Comme ça, qui ont été marqués par ces enquêtes.
10:06Et vous avez rencontré l'un d'eux dans ce dossier précis.
10:09Romane Mélisse, qui est cette famille ?
10:12Aprin, la victime déjà.
10:14Jean Aprin.
10:15Jean Aprin, c'est un homme du village de la Roque-Brussane.
10:19C'est tout le temps un bosseur.
10:20Il a 40 ans passé.
10:22Il est très apprécié dans son village.
10:25Il est considéré comme quelqu'un de valeur, loyal, un bon gars.
10:29Il a décidé de travailler la vigne puisqu'il avait quelques terres.
10:32Et il s'est lancé dans l'activité viticole.
10:35Et depuis quelques temps, il travaille comme un fou sur son domaine.
10:39Tout de suite, on se dit que cette mort, c'est un accident.
10:41On en parlait avec le capitaine Julien Navarro à l'instant.
10:44Parce que Jean Aprin, on le dit, il a une mauvaise santé.
10:48Il ne va pas très bien, ce monsieur.
10:50Oui.
10:51Ce qui met les enquêteurs en alerte sur son état de santé,
10:56c'est que Nadine Aprin dit que son mari avait une santé fragile
10:59et qu'il a fait quelques séjours à l'hôpital.
11:02Ils ont vu que quelques semaines avant son décès,
11:05il est passé à l'hôpital.
11:07Notamment suite à des gros coups de barre.
11:09Il est ressorti et tout le monde met ça sur le compte.
11:12Un peu d'un burn-out, d'une surcharge de travail.
11:15Sa famille s'inquiète un peu, mais il n'a pas vraiment
11:18de troubles de santé avérés, en tout cas.
11:21Bonjour Maître Eric Scalabrain.
11:25Bonjour Jean-Alphonse.
11:26Merci infiniment d'être avec nous, vous, dans le studio de L'Ordre du Crime.
11:29Vous êtes avocat au barreau de Nice et vous nous avez rejoints dans cette émission
11:32parce que vous êtes l'avocat de Nadine Aprin.
11:35Vous connaissez bien ce dossier.
11:36Vous avez effectivement suivi cette femme jusqu'au procès,
11:39mais ça, on va en parler un peu plus tard.
11:41Présentez-nous Nadine Aprin.
11:43À ce moment-là, elle travaille à l'hôpital, c'est ça ?
11:46Elle est aide-soignante de nuit ?
11:47Oui, effectivement, elle est aide-soignante de nuit.
11:50Elle semble aimer son travail.
11:52Après, c'est vrai, comme il a été rappelé,
11:55que le défunt M. Jean Aprin est quelqu'un de respectable,
12:00unanimement apprécié.
12:02Dans ce village, c'est vrai, on aime bien.
12:04Oui, ça ressort vraiment très bien du dossier.
12:07Il n'y a pas de difficultés particulières.
12:10Surtout, il semble être très agréable avec tout le monde.
12:15Est-ce qu'on note à l'époque qu'il y a des troubles dans ce couple ?
12:20Est-ce que ça ne marche pas ?
12:21Ou bien tout le monde dit qu'ils s'entendent bien,
12:24qu'il n'y a pas d'écho particulier là-dessus ?
12:26Alors, tout dépend sur quel plan on se base.
12:29Si on se base du côté des témoignages,
12:33j'allais dire de l'environnement du défunt,
12:37apparemment, il n'y a aucune difficulté.
12:39En revanche, on peut trouver, j'allais dire,
12:44des petites subtilités, je reste très prudent,
12:47sur 2-3 témoignages où ils disent qu'effectivement,
12:50il y aurait des problèmes, notamment de mémoire.
12:52Une personne qui dit qu'elle aurait subi,
13:00je parle au conditionnel, qu'elle aurait subi des violences.
13:02Il y a une autre personne aussi qui dit qu'il y a une gifle
13:06qui aurait été donnée par le mari, c'est ça ?
13:10Voilà, ça fait partie des histoires qu'on peut raconter.
13:13Mais a priori, encore une fois,
13:15il n'y a pas beaucoup de bruit qui se fait autour de ce couple.
13:18C'est en tout cas ce qu'on peut constater,
13:20à cette époque, dans ce village.
13:21Le fils de la famille va livrer une confession vertigineuse.
13:25Jean, apprends, tu es par les siens.
13:27J'ai dit à ma mère qu'il fallait s'arrêter là.
13:29Elle m'a répondu, tu as commencé, on continue.
13:32L'enquête aujourd'hui de l'heure du crime,
13:34on se retrouve dans un instant sur RTL.
13:47L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Jean, apprends.
13:50Ce viticulteur du Var a été retrouvé sans vie sur sa propriété
13:54début décembre 2012.
13:55Une mort naturelle qui intrigue les gendarmes.
13:57A la fin du mois, le fils du couple,
14:00âgé de 16 ans, vient à la rencontre des enquêteurs.
14:04Dimanche 30 décembre 2012,
14:0624 jours après la découverte du corps de Jean, apprends,
14:09son fils pousse la porte de la gendarmerie.
14:12Un enquêteur avait remarqué depuis quelque temps son air abattu.
14:16Il lui avait conseillé de tout dire,
14:18s'il savait quoi que ce soit.
14:20Benoît va directement au but.
14:22Il raconte avoir participé à l'assassinat de son père
14:26en suivant les instructions de sa mère.
14:28Au soir du 5 décembre,
14:30la famille a dîné tranquillement juste avant avec sa mère.
14:33Il avait pilé dans un mortier des comprimés de somnifères,
14:3648 au total.
14:38Il a versé la poudre dans le thermos à café.
14:41Son père a bu et est allé se coucher.
14:44Benoît a demandé à sa mère d'en rester là.
14:47« Tu as commencé, on continue »,
14:49lui a-t-elle répliqué.
14:51Jean, appreint, est ensuite étouffé avec un coussin
14:53imbibé de Javel et de White Spirit.
14:56Benoît explique que sa mère et lui ont passé une ceinture
14:59sous le cou du père en tirant chacun de leur côté.
15:02Tout en appuyant sur le coussin.
15:04Ils ont rhabillé la victime,
15:06l'ont placée dans le coffre de la voiture,
15:08puis ont roulé jusqu'au hangar.
15:10« Ça m'a fait rigoler.
15:12Je suis passé devant la gendarmerie avec mon père dans le coffre »,
15:15note l'adolescent.
15:17Benoît assure que ce n'est pas la première fois
15:20que sa mère essayait de tuer son mari.
15:22Il raconte qu'un jour, il était rentré à la maison furieux.
15:25Il venait de se disputer avec son père.
15:27« Je vais le tuer », avait-il dit sous le coup de la colère.
15:30Sa mère l'aurait pris ce jour-là au mot.
15:33Depuis, elle n'aurait cessé de le persuader
15:36d'assassiner cet homme qu'elle détestait
15:38et qui faisait, selon elle, du mal à la famille.
15:41Nadine Aprin est interpellée dans la soirée, placée en garde à vue.
15:44Elle ne montre aucun étonnement, ne tremble pas.
15:47« Mon fils raconte n'importe quoi.
15:49Il a de l'imagination », dit-elle.
15:51Nadine Aprin décrit son mari comme un homme violent,
15:54alcoolique qui lui menait la vie dure.
15:56Il l'a forcée à avoir des rapports sexuels il y a dix ans.
15:59Il a tellement secoué leur deuxième fils,
16:02le petit frère de Benoît, encore bébé,
16:04que celui-ci en est mort.
16:06Nadine Aprin finit par admettre qu'elle a participé au crime
16:10pour faire le bonheur de mon fils qui ne le supportait plus, dit-elle.
16:14Benoît a tué, mais elle a voulu le protéger.
16:18« Je n'ai pas voulu lui laisser assumer ses faits jamais.
16:21Je ne l'aurais laissé faire seule », affirme-t-elle.
16:24Après 48 heures de garde à vue,
16:27mère et fils sont mis en examen pour assassinat et incarcérés.
16:32Jeudi 25 avril 2013,
16:34trois mois après les interpellations,
16:36Benoît est entendu par la juge d'instruction de Draguignan.
16:40Il explique que sa mère l'a manipulé pour qu'il haïsse son père.
16:44Peu de temps avant l'assassinat,
16:46elle lui avait raconté la mort de son petit frère,
16:49secoué par son père.
16:51Interrogé, le médecin consulté à l'époque,
16:53démontre pourtant toute pathologie de bébé secoué.
16:57Il assure qu'il s'agissait d'une mort subite du nourrisson.
17:00Benoît ajoute que sa mère lui a révélé que Jean Aprin n'était pas son père biologique,
17:06ce qui va s'avérer exact.
17:08Benoît dit avoir été bouleversé par ces multiples révélations.
17:12Il était dès lors sous influence, sous emprise.
17:15Sa mère l'aurait convaincu que son père était un homme mauvais, méchant,
17:19qui méritait d'être éliminé.
17:24Enquête qui n'est pas terminée, car il va falloir mieux cerner encore la personnalité de la mère
17:28qui ne se reconnaissait pas du tout dans le portrait de manipulatrice dressée par son fils.
17:33Au contraire, elle dit que c'est lui qui a agi.
17:35Elle était là pour l'aider, non pas à la tuer, mais presque à le soutenir
17:39et pour pas qu'il ait tout ce poids sur la conscience.
17:4224 jours, c'est donc le temps mis par le fils pour se rendre chez les gendarmes.
17:48Et on vous retrouve, capitaine Julien Navarro,
17:50parce qu'à l'époque, vous vous dirigez cette enquête sur Jean Aprin.
17:54Ca va très vite cette enquête, capitaine Navarro.
17:58Pourquoi le fils vient vous voir à la brigade de gendarmerie ?
18:04Le fils n'est pas venu spontanément à la brigade de gendarmerie.
18:07Ce qui s'est passé, c'est que le matin même, c'était un dimanche,
18:10dimanche 30 décembre, un enquêteur de la brigade de la Robe-Boussane
18:15a rencontré le fils dans le village.
18:19Et il lui a demandé s'il pouvait passer à la brigade,
18:22parce qu'il avait des choses à lui dire.
18:24Moi, j'étais à la brigade de recherche, on travaillait dessus
18:27et on avait bien identifié que le fils jouait un rôle dans cette affaire.
18:32D'accord.
18:33Et donc, il s'est présenté à 15h à la brigade de la Robe-Boussane.
18:37Et puis, d'une manière, il n'attendait que ça.
18:40D'emblée, il s'est expliqué et tout ce qu'il a expliqué
18:45correspondait aux premiers éléments que nous avions sur l'enquête.
18:49Bien sûr. Alors là, c'est un moment très, très important,
18:51parce qu'effectivement, l'enquête n'est pas pliée, loin de là,
18:55mais enfin, elle avance dans le pas de géant.
18:57Ensuite, vous allez mettre en garde à vue la maman.
19:01Nadine Apprins.
19:03Alors, elle, elle a un comportement qui va vous surprendre, capitaine Navarro.
19:08Oui. Alors, effectivement.
19:13Pour mettre la maman en garde à vue, on lui tend un piège,
19:16parce qu'elle n'est pas chez elle.
19:18Elle est sur une boîte échangiste sur le bord de mer.
19:24Et nous la contactons par téléphone et nous indiquons
19:27que nous avons une vérification à faire sur le Cabanon.
19:31Et nous lui donnons rendez-vous au plus vite au Cabanon.
19:34Elle est conduite par son beau-frère, le frère de Jean Apprins, Guy.
19:39Et quand ils arrivent sur place, je la prends à l'écart
19:43et je lui notifie, c'est droit.
19:45Je lui indique qu'elle est placée en garde à vue.
19:47Et là, elle nous fait une grande scène de théâtre
19:49où elle lève le bras en appelant son beau-frère en disant
19:52« Guy, il m'emmène » avant que j'emmène dans le véhicule.
19:56Et ensuite, elle est placée en garde à vue pour assassinat.
20:00Je lui explique dès le début que son fils était aussi en garde à vue
20:05pour les mêmes motifs, qu'il est en train de s'expliquer dessus.
20:09Et plutôt que de défendre son fils,
20:13elle dit que son fils a beaucoup d'imagination.
20:15Après, elle ne pensait pas qu'un jour il viendrait à l'acte.
20:19Mais elle met tout sur le tour de son fils.
20:21Et elle, elle se tient à l'écart.
20:23Et en tout cas, elle ne se démonte pas.
20:27Parce qu'on voit bien que vous êtes face à cette femme
20:29mais qu'elle ne dit rien et qu'elle reste assez droite
20:33sur ses certitudes en tout cas.
20:35Romane Mélisse, vous êtes journaliste réalisatrice
20:39pour l'épisode de l'enquête de ma vie avec Meurtre dans les vignes
20:44qui raconte cette histoire.
20:45Et c'est sur Canal+.
20:47Benoît, le fils, lui raconte qu'il a été pris dans un étau avec sa mère.
20:55C'était comme un lavage de cerveau ce qu'il décrit ce garçon.
20:59C'est interprété par nous journalistes et par les gendarmes
21:04comme un lavage de cerveau.
21:05Lui, il raconte que les faits, il est factuel.
21:07Il ne parle pas de lavage de cerveau.
21:09Je pense qu'il est perdu, il est jeune.
21:11Lui, il raconte que sa mère se plaignait que son père n'était pas sympa avec lui.
21:16Elle râlait constamment après lui.
21:18En même temps, lui dit aux enquêteurs qu'il n'a jamais vu son père
21:22lever la main sur sa mère.
21:23Mais sa mère lui dit que c'est dès que tu as le dos tourné que ça dégénère.
21:27Elle va même lui dire, tu sais, ton père, c'est même pas ton père.
21:31Elle lui fait entendre qu'il serait beaucoup plus heureux sans lui.
21:35Et qu'en plus, si elle l'aidait à le supprimer, il ne tuerait même pas son père.
21:40Il tuerait juste le bruit de sa mère.
21:42Et un mot encore Romane Méli sur ce secret qu'elle a révélé à son fils Jean.
21:46Ce n'est pas ton père, vous voulez le dire.
21:49Et puis son mariage qui était en quelque sorte forcé.
21:51Peut-être qu'effectivement, c'est là qu'on peut parler de manipulation.
21:57C'est qu'à partir du moment où elle balance quelque chose d'aussi violent à son fils,
22:02elle sait que ça va forcément déclencher quelque chose.
22:05Peut-être qu'elle le sent.
22:06Elle a essayé de l'entraîner parce qu'on comprend très vite au fil de l'enquête
22:10que les séjours à l'hôpital récent étaient aussi du fait d'un empoisonnement
22:16et des analyses toxicologiques vont être faites, à mon sens, bien trop tard.
22:20Peut-être qu'à ce moment-là, dans ces tentatives,
22:23Benoît n'était pas assez motivé.
22:25Donc il fallait peut-être taper un peu plus fort.
22:28Alors c'est intéressant ce que raconte Romane Mélis.
22:32Maître Eric Scalabrin, vous l'écoutez avec moi.
22:35Vous êtes avocat au Barreau de Nice et vous êtes dans cette affaire l'avocat de Nadine Aprin.
22:39Est-ce qu'elle est là la détestation finalement de votre cliente envers son mari
22:44à travers ce mariage forcé, cet enfant qu'elle a perdu ?
22:48C'est très complexe de répondre à cette question.
22:51Parce que vous imaginez bien que dans un couple déjà aimant,
22:55c'est déjà très difficile de vivre avec l'autre.
23:00Il y a une phrase célèbre qui dit qu'au présent, l'amour est indicatif.
23:06Au futur, il est conditionnel.
23:08Et qu'au passé, c'est compliqué.
23:11Le fait est que là, on est vraisemblablement dans un mariage de commodité.
23:17On imagine qu'à l'époque,
23:21lorsque l'on tombe enceinte,
23:26la difficulté est qu'on est dans l'arrière-pays
23:29et qu'il faut absolument trouver un mari de commodité.
23:35Oui c'est ça.
23:37La fille ne doit pas être enceinte sans mari.
23:40Le garçon en question ne veut pas reconnaître cet enfant.
23:43Donc on va lui trouver un mari.
23:45Qu'est-ce qu'elle vous raconte là-dessus ?
23:47Parce qu'elle va dire longtemps qu'elle a été maltraitée,
23:49et on sait que c'est faux aujourd'hui.
23:51Elle n'était pas si maltraitée que ça par Jean Aprin, je suis désolé.
23:54Il n'y a pas de coups qui ont été remarqués.
23:56Mais elle va dire à son fils, il est violent, il est méchant, il est toxique.
24:01Moi je serais plus circonspect sur cet aspect.
24:04Il y a la vie publique, il y a la vie du village,
24:07et on connaît tous autour de soi des cas
24:11où on a des couples parfaits en apparence
24:14et pourtant personne ne sait ce qui se passe dans l'intimité d'une chambre.
24:18Je vous l'accorde.
24:19De ce point de vue là, moi je garde de grandes réserves.
24:23En revanche, ce qui m'interpelle,
24:26parce que dans le dossier ça transparaît vraiment,
24:30c'est que ce fils est aimé.
24:32Il est aimé autant de la mère que du père.
24:35Et le père fait preuve à l'égard de son fils d'une extrême générosité.
24:40C'est un papa.
24:43Est-ce qu'il a besoin d'être le papa biologique pour être un vrai papa ?
24:46C'est un papa.
24:48Il s'en est occupé comme son fils.
24:51J'allais dire cette instrumentalisation de dire
24:55ce n'est pas mon père donc j'ai agi comme ça.
24:58C'est plus que le limite.
25:00Parce qu'il s'est vraiment comporté comme un papa du début à la fin.
25:03Nadine, l'épouse, va continuer à retenir toute l'attention de la justice.
25:08Jean, apprends, tu es par les siens.
25:10Je regrette d'avoir dit oui à mon fils ce jour-là.
25:13J'espère qu'il me pardonnera.
25:15L'enquête de l'heure du crime, l'épouse est-elle une femme machiavélique ?
25:18Combien compte-t-elle de double vie ?
25:20C'est à suivre dans un court instant sur RTL.
25:2314h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
25:27Jean-Alphonse Richard.
25:29L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard.
25:32Jusqu'à 15h30 sur RTL.
25:34Benoît dit bien qu'il a participé à tout,
25:36mais c'est sa mère qui a déclenché le meurtre.
25:39C'est elle qui est à l'instigation.
25:41C'est elle qui met le départ à l'idée de
25:43débarrassons-nous-en, on va le tuer.
25:46Au programme de l'heure du crime, l'affaire Jean-Apprins.
25:48En décembre 2012, dans le Var,
25:50l'épouse et le fils de ce viticulteur accusé de l'avoir tué.
25:53Le fils assure qu'il était sous influence de sa mère.
25:56Elle seule serait derrière le crime.
25:58Elle dénonce son fils.
25:59Les enquêteurs se demandent qui est vraiment cette femme.
26:04Jeudi 16 mai 2013, 5 mois après son interpellation,
26:07Nadine Apprins est interrogée par la juge de Draguignan.
26:10Elle réaffirme que le projet criminel a germé dans la seule tête de son fils.
26:15Elle nie avoir manipulé ou influencé Benoît.
26:18Elle a simplement voulu l'aider.
26:20Je regrette infiniment de lui avoir dit oui ce jour-là.
26:23J'espère que mon fils me pardonnera, déclare-t-elle.
26:26Les expertises menées sur l'ordinateur de Nadine Apprins
26:29indiquent qu'elle a effectué des recherches sur des poisons,
26:32des produits dangereux.
26:34« À quelle dose le laurier rose est-il mortel ? » questionne l'épouse.
26:38Et encore, l'acétone peut-il être dangereux pour l'être humain ?
26:42Ou bien, dans quels produits utilisés dans l'agriculture y a-t-il du cyanure ?
26:46Sandrine, une ancienne collègue de travail de Nadine,
26:48raconte que cette dernière se plaignait de son mari
26:51et parlait de cyanure, de mororat, d'antigel ou de magnésium.
26:56Les enquêteurs découvrent que Nadine Apprins avait une vie intime très intense.
27:00Elle se désintéressait de son mari
27:02et elle avait de nombreux amants, sept en même temps.
27:05Elle était inscrite sur des sites libertins
27:07et était une habituée d'une boîte échangiste ailleurs.
27:12Jeudi 6 juin, Nadine Apprins est confrontée à Benoît.
27:15La mère affirme qu'elle n'a jamais voulu empoisonner le mari.
27:18Elle a agi à la demande de son fils.
27:21C'est lui qui aurait eu l'idée de la ceinture pour l'étranglement.
27:25« Je tiens malgré tout à dire à mon fils que je l'aime », précise-t-elle.
27:28Lors de la reconstitution, elle s'adresse directement à Benoît
27:31et lui certifie « J'ai dit que tu n'avais rien fait ».
27:34Le fils lui répond « Moi, je dis la vérité ».
27:38Les experts psy évoquent une relation d'emprise de la mère sur son fils.
27:45Une relation d'emprise, c'est vraiment ce que vont dire les psys
27:48et ce que découvrent peu à peu les enquêteurs.
27:50Capitaine Julien Navarro, vous êtes en ligne avec nous dans cette heure du crime.
27:53À l'époque, c'est vous qui menez cette enquête sur Jean Apprins.
27:57Vous avez vu les aveux de ce fils,
28:00l'attitude un petit peu butée de la mère qui n'avoue pas grand-chose.
28:05Qu'est-ce qui se passe dans cette famille ?
28:07Qu'est-ce que vous avez découvert de votre côté ?
28:10Ce que j'ai découvert, enfin ce qu'on a découvert de ce côté,
28:14c'est plutôt le caractère de Nadine Apprins.
28:18Déjà, rien que pendant sa garde à vue,
28:20c'est une personne qui, malgré les charges qui pèsent sur elle,
28:28reste bien souvent souriante pendant sa garde à vue.
28:31On a l'impression qu'elle est complètement déconnectée de la réalité.
28:36Elle ne reconnaît pas les faits.
28:38Elle charge de son fils et au bout de trois heures d'audition,
28:42il est 23 heures, quand je lui demande si elle a faim,
28:45elle me dit oui et puis elle mange avec beaucoup d'appétit,
28:49avec des grands sourires.
28:51On a l'impression qu'elle n'est pas à sa place.
28:53Ce qui m'a troublé, c'est qu'elle avait par contre un regard,
28:56un regard très sombre, malgré qu'elle soit souriante,
28:59qu'elle a un visage plutôt rond,
29:01elle a un regard perçant qui donne l'impression d'être sans vie,
29:07qui n'est pas en phase avec le reste de sa visionnement.
29:17Qu'est-ce qu'elle vous dit, capitaine Navarro ?
29:21Qu'est-ce qu'elle vous dit sur son mari ?
29:24Elle décrit son mari comme un homme alcoolique, violent,
29:29qu'il l'aurait violé,
29:31mais ce sont des faits qui ne sont pas corroborés par son fils.
29:38Son fils dit qu'effectivement,
29:40il s'est toujours plaint d'avoir été violenté par son père,
29:44mais lui n'a jamais rien à constater.
29:46Elle n'a jamais eu la moindre trace.
29:49Elle s'est plaint des méfaits auprès de ses collègues de travail.
29:52J'ai entendu ses anciennes collègues de travail
29:56qui disent qu'elle passait son temps à se plaindre,
29:59à se lamenter de son mari qui était violent et qui l'a violée,
30:02mais dans le même temps,
30:04elle draguait et multipliait les rencontres amoureuses au sein de l'hôpital,
30:10ce qui a même valu d'ailleurs certains soucis au niveau RH.
30:14Il faut dire aussi qu'effectivement,
30:19elle a tenu des propos sur son mari qui sont vraiment très accablants,
30:23puis ensuite elle est revenue un peu en arrière.
30:25C'est un peu compliqué.
30:27Maître Eric Scalabrin, vous êtes avocat au Barreau de Nice,
30:30si vous défendez Nadine Aprin dans cette affaire,
30:33on va aussi parler beaucoup,
30:35c'est important, il faut en dire un mot,
30:37de sa sexualité débridée à cette femme,
30:39parce qu'on va tout raconter sur elle.
30:41Elle est peut-être machiavélique,
30:43elle est peut-être en train de retourner son fils,
30:45elle a peut-être entraîné son fils dans ce meurtre
30:48qu'elle aurait pu commettre directement,
30:50mais elle a choisi de mettre son fils dedans.
30:52Puis il y a ces histoires sexuelles
30:54qui vont être répétées à l'envie.
30:58Tellement répétées à l'envie
31:00qu'elle en perd toute crédibilité.
31:02Et c'est bien ça le problème.
31:04Les mœurs ont évolué.
31:06Mais en fait, c'est ce que disait le marquis de Lampedusa,
31:09il faut que tout change pour que tout reste pareil.
31:11Si on considère un homme
31:13qui sort avec plusieurs femmes,
31:15on va dire que c'est un Casanova,
31:17l'inverse n'est pas acceptable.
31:19Si une femme sort avec plusieurs hommes,
31:21quelle que soit l'intimité du couple,
31:23ce sera une gourgandine, ce sera une femme facile,
31:25ce sera une femme, et par extrapolation,
31:27coupable par définition.
31:29Alors, on va dire ça,
31:31qu'elle a une sexualité débridée, c'est vrai,
31:33on le fréquente une boîte échangiste assidûment,
31:35elle a des amants,
31:37mais ça va peser aussi sur le dossier,
31:39la sexualité qui est évoquée,
31:41donc ça, ça va peser lourd.
31:43Effectivement, comment est-ce qu'elle réagit
31:45à ça lorsque vous la rencontrez ?
31:47Dans quel état elle est ?
31:49Qu'est-ce qu'elle raconte là-dessus ?
31:51Elle dit on dit n'importe quoi sur moi ?
31:53Elle est totalement désemparée,
31:55qu'on ne s'occupe que de cela.
31:57Elle est humiliée,
31:59elle est rabaissée,
32:03elle est complètement désarçonnée.
32:05Romane Mélisse,
32:07vous êtes journaliste, réalisatrice,
32:09et vous réalisez un épisode
32:11de l'enquête de ma vie,
32:13meurtre dans les vignes, qui revient
32:15sur cette enquête. On peut regarder cet épisode
32:17d'ailleurs sur Canal+.
32:19On le répète, mais
32:21au fil des jours et au fil de l'enquête,
32:23on est avec le capitaine
32:25Julien Navarro aussi, qui est l'un de nos invités,
32:27c'est une relation d'emprise
32:29qui se dessine de plus en plus
32:31de la mère sur le fils ?
32:33Ah oui, c'est sûr.
32:35Il y a une manipulation, mais Benoît
32:37ne peut pas l'intellectualiser à ce moment-là.
32:39Lui, il raconte ce qu'il vit.
32:41Mais effectivement, de l'extérieur,
32:43tout laisse à penser qu'elle l'a complètement
32:45manipulée, puisque rien n'a
32:47jamais prouvé que Jean Apprin avait été un mari
32:49violent. Tous les éléments vont plutôt
32:51dans l'autre sens. Par contre,
32:53beaucoup d'éléments en sa défaveur ont été
32:55quand même découverts.
32:57Donc oui, on est dans une manipulation
32:59totale d'un adolescent, et c'est facile
33:01pour une maman de manipuler
33:03son petit garçon.
33:05La mère et son fils vont se retrouver
33:07bientôt devant la cour d'assises.
33:09Jean Apprin, tué par
33:11les siens, avait un ressentiment
33:13massif contre son mari, ressentiment
33:15qui a déteint sur son fils.
33:17L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
33:31Jean-Alphonse Richard.
33:33Retour aujourd'hui
33:35dans l'heure du crime sur l'affaire Jean Apprin.
33:37Un viticulteur du Var retrouvé mort
33:39sur son exploitation en décembre 2012.
33:41Son épouse, son fils mineur,
33:43conjointement accusé de l'avoir
33:45assassiné. L'adolescent dit avoir
33:47été sous emprise. La mère dément.
33:49Trois ans après les faits, ils sont jugés.
33:51Lundi
33:5329 juin 2015.
33:55Nadine Apprin, 49 ans, et son fils
33:57Benoît, 19 ans, sont devant la cour d'assises
33:59de Draguignan. Les audiences sont
34:01couvertes par le huit clôt car Benoît était
34:03mineur, 16 ans, quand l'assassinat
34:05a eu lieu. Trois ans après le
34:07drame, Nadine Apprin est encore et
34:09toujours sur la même position.
34:11C'est son fils qui a tout imaginé et qui voulait
34:13absolument tuer son père.
34:15Elle en veut pour preuve. Les toutes
34:17premières déclarations du fils en garde à vue.
34:19En voici une.
34:21« J'en ai profité pour me débarrasser
34:23des deux. J'étais content que
34:25mon père ne m'emmerde plus.
34:27Et elle, elle était vraiment heureuse.
34:29La mère accuse son fils.
34:31Lequel est de plus en plus mal à l'aise.
34:33Il cherche ses mots, il apparaît perdu
34:35et finit par faire un malaise.
34:37Tout le monde craint alors que le jeune homme
34:39tente de mettre fin à ses jours à l'extérieur
34:41du tribunal. Procès suspendu.
34:43À la reprise,
34:45Nadine Apprin ne revient pas sur ses
34:47propos mais elle décide de garder le silence.
34:49Elle ne s'exprimera plus.
34:51La présidente lit des
34:53déclarations changeantes lors de l'enquête.
34:55Elle ne voulait pas laisser son fils
34:57assumer seul cet acte.
34:59Elle l'a donc aidé à se libérer d'une vie
35:01pénible. Pour le psychologue,
35:03Nadine Apprin a épousé un
35:05homme qu'elle n'aimait pas. Elle avait
35:07développé contre son mari un
35:09ressentiment massif. Ressentiment
35:11qui a influé sur l'attitude
35:13du fils, indique le spécialiste.
35:15La mère serait sans culpabilité,
35:17sans affect. Un psychiatre
35:19voit cette relation entre la mère et son fils
35:21comme extrêmement destructurante.
35:234 juillet,
35:25Nadine Apprin est condamnée 25 ans
35:27de prison. 5 dont
35:294 avec sursis pour Benoît.
35:31Il ressort libre du tribunal.
35:33Et on retrouve dans cette
35:35heure du crime l'un de nos invités, c'est Maître Éric
35:37Scalabrin, avocat au barreau de Nice,
35:39avocat de Nadine Apprin. Maître Scalabrin,
35:41vous êtes à ce procès à Draguignan.
35:43Vous défendez donc Nadine
35:45Apprin. C'est un climat très lourd
35:47qui règne sur ce procès. On n'y est pas, c'est à huis clos.
35:49Vous savez,
35:51la difficulté dans les dossiers
35:53d'assises, c'est la violence
35:55qui est largement sous-estimée.
35:57Un procès d'assises, c'est
35:59d'une violence inouïe.
36:01Quand on est étudiant, on a une image,
36:03je dirais, idéalisée de la justice.
36:05On pense au roi Salomon, on pense à Saint-Louis,
36:07on pense à Thémis,
36:09et on est vraiment dans l'équilibre,
36:11dans la sérénité des débats,
36:13dans le silence des boiseries. Mais en fait, ça ne se passe pas
36:15du tout comme ça. Là, le fait
36:17est qu'on a
36:19quelqu'un qui dépose,
36:23qui fait basculer tout le procès,
36:25et je pense vraiment qu'on est
36:27dans une société de responsabilité
36:29où tout le monde a peur. C'était
36:31palpable, vraiment, pour
36:33toute la cour d'assises, pour l'avocat général,
36:35pour les avocats des partis civils, pour l'avocat
36:37de la défense...
36:38Qui dépose ? C'est le fils, c'est ça ?
36:40Donc c'est le fils qui fait basculer
36:42cette affaire, on est d'accord ?
36:44Il perd complètement ses moyens.
36:46On sent tous, sans exagérer,
36:48qu'il est capable... Mais il ne joue pas la comédie !
36:50Ah non, c'est
36:52vraiment palpable. On sent qu'il est capable du pire.
36:54A tel point, et à tel
36:56enseigne que la Présidente
36:58décide d'ouvrir le parapluie,
37:00à savoir de commanditer
37:02une expertise pour savoir s'il est en capacité
37:04de suivre... On a peur qu'il se
37:06suicide, tout simplement. Tout simplement. On a peur qu'il se
37:08suicide. Et il y a quelque chose d'étonnant, c'est que
37:10la mère, elle l'a dit,
37:12c'est toi, c'est lui qui a tué, elle continue à dire,
37:14et puis là, d'un seul coup, elle va s'arrêter de parler.
37:16Elle va s'enfermer dans le silence.
37:18Mais elle ne s'excuse pas, ou elle ne revient pas
37:20sur ses propos. On est d'accord, Maître ?
37:22Vous savez, la difficulté
37:24de ce dossier, c'est qu'on a 4-5
37:26versions différentes.
37:28Laquelle est la plus crédible ?
37:30Le fait est qu'en se taisant,
37:32parce qu'il ne faut pas oublier que c'est son fils unique,
37:34il ne faut pas oublier que pendant la
37:36reconstitution, après on peut dire tout ce qu'on veut,
37:38pendant la reconstitution, que dit-elle ?
37:40Elle dit à son fils,
37:42c'est acté,
37:44j'ai dit que ce n'était pas toi.
37:46Oui, elle lui dit, tête à tête.
37:48Et la réalité, c'est qu'au procès,
37:50par son silence,
37:52elle valide la thèse
37:54de son fils.
37:56Oui, on peut voir
37:58ça comme ça. On peut voir aussi,
38:00peut-être par le réflexe
38:02de lâcheté aussi, parce qu'elle n'a peut-être
38:04pas envie d'en dire plus, et que finalement,
38:06elle reste braquée sur ses positions,
38:08elle ne veut pas reconnaître qu'elle a peut-être porté
38:10les coups fatales à son mari, c'est possible aussi.
38:12Je pense plus que c'est du courage, parce que
38:14le fait est que si on commence
38:16entre guillemets, vous me pardonnerez encore l'expression,
38:18à secouer
38:20le gamin, ça va
38:22très très mal se passer.
38:24On est complètement d'accord, effectivement c'était un jeu très dangereux
38:26et périlleux qui aurait pu mettre
38:28en vie, en danger
38:30la vie de ce jeune garçon.
38:32Capitaine Julien Navarro,
38:34vous aviez mené toute cette enquête
38:36à l'époque, l'enquête
38:38sur Jean Aprin, et c'est vous qui avez
38:40effectivement débusqué ce scénario
38:42qui est pour le moins extraordinaire.
38:44Comment vous le voyez, vous, ce procès
38:46Capitaine Navarro ?
38:48C'est dans la
38:50continuité de ce qu'a fait
38:52du comportement de Nadine Aprin.
38:54Parce que pendant sa garde à vue,
38:56elle ne voulait rien reconnaître au début,
38:58après, elle reconnaissait
39:00certains faits, puis elle revenait derrière.
39:02En fin de compte, contrairement
39:04à Benoît, elle n'a fait
39:06que de changer de version.
39:08Alors que Benoît, dès le début,
39:10il s'est expliqué clairement, tout ce qu'il nous a
39:12indiqué était corroboré
39:14par les éléments retrouvés sur place,
39:16notamment la deuxième perquisition
39:18qui a été faite en sa présence
39:20et qui nous a permis de retrouver
39:22des éléments, un matériel
39:24important.
39:26Oui, la ceinture dans le foyer,
39:28etc.
39:30La ceinture,
39:32l'endroit où ont été pilés
39:34les médicaments.
39:36Tout tenait la route, tandis que Nadine,
39:38elle n'a fait que de changer sa version.
39:40Elle était plus crédible.
39:42Qu'est-ce qu'elle vous inspire à ce procès,
39:44Maître Julien de Lavoreau ?
39:46Cette manière de se refermer ? Parce que devant vous,
39:48elle ne se refermait pas. Elle était peut-être
39:50dans son discours, mais en tout cas,
39:52jamais elle ne s'est arrêtée de parler.
39:54Je pense
39:56qu'elle était acculée et puis
39:58elle savait
40:00qu'elle n'avait plus d'autre échappatoire.
40:02Elle a préféré ne plus rien dire.
40:04Au bout d'un moment,
40:06elle doit s'en rendre compte, quand même.
40:08Bien sûr. Maître Eric Scalabrin,
40:10je vous pose la question, parce que ça a été évoqué pendant
40:12l'enquête, sur le mobile.
40:14On se dit qu'elle détestait son mari.
40:16C'est un possible mobile. On va dire aussi
40:18qu'elle voulait récupérer la propriété, l'argent.
40:20Est-ce que ça vous
40:22est apparu crédible,
40:24ce mobile ?
40:26Ça me paraît un mobile plus que discutable.
40:28Il y a des crimes sans mobile,
40:30et ça apparaît
40:32dans l'instruction qu'elle a déjà
40:34une fortune personnelle. Donc on sait que
40:36financièrement, elle n'est pas tenue.
40:38Est-ce que c'est réellement une motivation pour...
40:40J'ai des doutes.
40:42Lorsqu'elle apprend
40:44sa peine,
40:4625 ans de prison, c'est pas rien.
40:48Elle n'est pas récidiviste,
40:5025 ans de prison, elle n'a jamais connu la prison.
40:52Quelle est sa réaction ?
40:56Une réaction de dignité.
40:58C'est-à-dire ?
41:00Une réaction de courage.
41:02Quels que soient
41:04les reproches que l'on peut lui faire,
41:06le fait est que
41:08il y a une donnée qu'on ne doit jamais oublier.
41:10Son fils sort libre à l'audience.
41:12Et ça,
41:14pour elle, elle a gagné, c'est ça ?
41:16En tout cas, ça la soulage.
41:18C'est ce que vous voulez dire.
41:20Je vais vous parler d'une
41:22chose qui
41:24mériterait
41:26vraiment une réflexion.
41:28Ce qu'on appelle
41:30l'équilibre de Nash, le dilemme du
41:32prisonnier. Deux éléments
41:34à prendre en compte.
41:36On a des réquisitions de 30 ans
41:38à l'égard
41:40de Madame.
41:42Et on a des réquisitions de 8 ans
41:44à l'égard de son fils.
41:46L'équilibre
41:48de Nash,
41:50l'exemple parfait, c'est ce qu'on appelle le dilemme du
41:52prisonnier.
41:54Si on prend deux personnes,
41:56deux personnes qui sont accusées,
41:58si les deux s'accusent,
42:00on sait qu'on est sur une moyenne de
42:0210 ans. Si il y en a un
42:04qui
42:06n'accuse pas,
42:08et l'autre qui est
42:10dénoncé,
42:12on sait qu'on est sur une moyenne,
42:14il y a une personne qui sera épargnée, c'est-à-dire zéro,
42:16et une personne qui prendra 20 ans.
42:18Et si les deux s'accusent, c'est 10 ans.
42:20Donc le fait est
42:22que si le but est d'épargner son fils,
42:24l'objectif est atteint.
42:26L'objectif est atteint, c'est bien ce que vous voulez dire.
42:28Deux condamnés,
42:30mais encore bien des silences et des mystères.
42:32Jean Appreint, tué par les siens,
42:34je suis hanté par l'image de mon père
42:36au point de ne plus pouvoir entrer dans sa chambre.
42:38L'enquête de l'heure du crime,
42:40je vous retrouve tout de suite sur RTL.
42:52Dans l'heure du crime, nous revenons aujourd'hui
42:54sur l'affaire Jean Appreint.
42:56Un viticulteur retrouvé mort en décembre 2012
42:58dans un village du Haut-Var.
43:00Son épouse et son fils de 16 ans condamnés
43:02pour assassinat. La mère aurait
43:04exercé une emprise sur le fils.
43:06Nadine Appreint
43:08n'a pas fait appel de sa condamnation.
43:10Elle n'est jamais revenue sur ses affirmations.
43:12Son fils avait dit
43:14lors de l'enquête, être hanté
43:16par l'image de son père au point
43:18de ne plus pouvoir rentrer dans sa chambre
43:20devant la cour d'assises.
43:22Il avait indiqué qu'il craignait
43:24que sa famille ne lui parle plus.
43:26Benoît n'est pas retourné vivre
43:28dans le Var.
43:30Jean Appreint, victime
43:32d'un assassinat lentement mûri dans son dos,
43:34repose au cimetière
43:36du village de la
43:38Roque-Brussane.
43:40C'est une famille détruite. Ils ont tout perdu.
43:42Ils ont perdu Jean.
43:44Ils ont perdu Nadine, qui était
43:46admise au sein de la famille. Ils ont perdu le gamin.
43:48La voix de maître
43:50Michel Matéhi, avocat
43:52de la famille de Jean Appreint.
43:54Effectivement, c'est une famille dévastée.
43:56Mais comme toujours, dès lors qu'un crime
43:58intervient dans un cercle familial,
44:00tout finit par exploser.
44:02Elles sont, hélas, les victimes
44:04collatérales. On peut les appeler comme ça,
44:06même si le mot est faible.
44:08Romane Mélisse, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
44:10Journaliste, réalisatrice, réalisatrice
44:12de l'épisode Meurtre dans les Vignes,
44:14pour l'émission de Canal+, l'enquête de ma vie.
44:16Et ce numéro-là,
44:18évidemment, il revient sur cette affaire.
44:20Appreint, que sont devenus,
44:22Romane, que sont devenus
44:24les acteurs de cette affaire ? Est-ce qu'on le sait ?
44:26Moi, je sais juste
44:28que Benoît,
44:30il veut être le plus loin possible,
44:32tenu le plus loin possible de cette histoire,
44:34de cette médiatisation.
44:36Il a dû énormément souffrir.
44:38On se met tous à la place d'un jeune homme
44:40qui a tué son père, sûrement malgré lui,
44:42qui s'est fait embobiner par sa mère.
44:44Aujourd'hui, il est travaillé
44:46par sa mère, il n'a plus son père.
44:48Et je crois, aux dernières
44:50nouvelles, que ce qu'il voulait, c'était
44:52de reconstruire sa vie, loin de tout ça.
44:54Oui, c'est ça, il voulait absolument oublier.
44:56Évidemment, Benoît, ce n'est pas son vrai prénom,
44:58vous l'avez compris, parce qu'il est mineur à l'époque.
45:00Donc, c'est un prénom
45:02d'emprunt. Évidemment, il n'est pas question de donner
45:04son identité aujourd'hui
45:06et d'aller savoir où il se trouve.
45:08Effectivement, il doit essayer
45:10de refaire sa vie.
45:12Capitaine Julien Navarro,
45:14à l'époque, vous êtes l'enquêteur
45:16en chef sur cette affaire Jean Naprin,
45:18vous dirigez ses investigations, c'est vous
45:20qui avez obtenu les
45:22aveux du fils et puis
45:24ensuite qui avez entendu la mère.
45:26Est-ce que vous avez senti,
45:28à un moment donné, que
45:30cette femme, Nadine
45:32Naprin, était sur le point, peut-être, de vous raconter
45:34une autre histoire ? Peut-être qu'il y avait
45:36des failles qui se dessinaient, est-ce qu'elle allait
45:38peut-être craquer ou pas du tout ?
45:40Non.
45:42Elle n'a pas craqué
45:44à aucun moment.
45:46Elle reconnaissait
45:48les faits qu'on lui présentait, les faits matériels
45:50qu'elle ne pouvait nier et qui avaient
45:52été évoqués par son fils, mais
45:54à aucun moment elle ne parlait spontanément de la
45:56situation. Elle a essayé de se retrancher
45:58derrière des
46:00violences,
46:02des comportements
46:04d'abus
46:06de la part de Jean Naprin
46:08à son encontre, mais rien ne tenait la route.
46:12Elle n'a pas changé d'avis.
46:14Je sais, capitaine, vous n'êtes pas
46:16psychiatre et moi non plus,
46:18mais cette affaire, c'est vraiment un cas d'école
46:20pour les psychiatres, on ne peut pas dire autrement.
46:22Qu'est-ce qui vous a marqué,
46:24vous, dans cette mécanique criminelle ?
46:26Qu'est-ce que vous avez retenu et appris
46:28dans cette histoire ?
46:30Ce qui m'a marqué,
46:32moi, c'était le sang-froid de Nadine Naprin.
46:34Ça, ça m'a marqué.
46:36En tant qu'enquêteur,
46:38j'ai fait beaucoup de garde à vue,
46:40beaucoup de dossiers. Elle avait un sang-froid
46:42qui m'a étonné,
46:44notamment lors de la
46:46garde à vue, parce qu'elle
46:48faisait preuve d'un sang-froid.
46:50Elle n'hésitait pas à balancer
46:52sur son fils
46:54et elle a très peu,
46:56elle a monté peu
46:58d'émotions, en tout cas, pas dans le sens
47:00où on aurait pu le penser.
47:02Concernant le mobile,
47:04bien sûr, on s'est penchés dessus.
47:06Effectivement, le côté financier,
47:08c'est pas vraiment ce qui est sorti.
47:10Ce qui est malheureux, c'est que la seule chose
47:12qu'on a véritablement
47:14vu, c'est que
47:16Jean Naprin était
47:18une entrave à sa liberté sexuelle.
47:22C'est intéressant parce qu'elle voulait
47:24voler de ses propres ailes, finalement, c'est ça ?
47:26Oui, parce que
47:28Jean Naprin, avant de travailler,
47:30c'était seulement depuis
47:32deux ans qu'il avait décidé
47:34de se mettre à son compte
47:36et de retaper ce
47:38cabanon avec le sein de vigne
47:40qu'il voulait avancer.
47:42De ce fait, il était présent tous les jours,
47:44ce qui gênait
47:46Nadine dans son entreprise.
47:48Dans sa vie quotidienne,
47:50ça a été évoqué, je l'ai vu passer dans le dossier.
47:52Maître Eric Scalabrin,
47:54vous êtes avec nous dans le studio de l'Or du crime,
47:56vous êtes avocat au Baroni, vous êtes l'avocat dans cette affaire
47:58de Nadine Naprin, je le répète.
48:00Vous non plus, vous n'êtes pas psy,
48:02je le répète,
48:04mais la psychiatrie a beaucoup de poids,
48:06la psychologie a beaucoup de poids dans ce dossier.
48:08Est-ce que ce n'est pas un assassinat
48:10par procuration, finalement ?
48:12Elle met son fils dans la boucle pour
48:14tuer son mari, parce que
48:16peut-être qu'elle n'a pas le courage de le faire tout simplement
48:18elle-même, et qu'elle a besoin
48:20d'avoir un bras armé.
48:22Vous savez, par rapport aux analyses
48:24psychiatriques
48:26et même des psychologues, pour faire beaucoup d'assises,
48:28j'en suis revenu,
48:30j'allais dire, à la source
48:32primaire, à savoir que je suis
48:34extrêmement prudent, en matière de
48:36psychologie, pour avoir beaucoup lu,
48:38je pense aux travaux de
48:40Marie-France Higouillenne
48:42sur l'abus de faiblesse, sur le harcèlement,
48:44sur l'emprise,
48:46et parfois je vois de telles luttes
48:48entre les psychologues
48:50que j'ai vraiment...
48:52Vous doutez un peu ?
48:54Je relativise, parce que ce qui est certain,
48:56c'est qu'il n'y a jamais de comportement
48:58idéal. Que l'on soit en garde à vue,
49:00ou que l'on soit sur le banc des infamies
49:02aux assises,
49:04quelle que soit l'attitude, quel que soit le profil,
49:06ce sera
49:08une avalanche de reproches.
49:10Romane Mélisse, je termine cette émission
49:12avec vous. Trop de mensonges,
49:14vous pourriez le dire comme ça ? Trop de mensonges
49:16du côté de la mère, c'est ça ?
49:18Visiblement, elle a toujours été mythomane,
49:20que ce soit sur son lieu de travail,
49:22que ce soit dans sa vie,
49:24que ce soit auprès de ses collègues,
49:26et puis auprès des enquêteurs, et puis surtout auprès de son fils.
49:28On est quand même sur un profil
49:30un peu borderline,
49:32et qui est dans l'excès, et qui peut être autodestructeur,
49:34et qui peut être saboteur.
49:36Donc elle fait du mal, oui.
49:38On est beaucoup dans la mise en scène,
49:40dans le cinéma,
49:42et dans le mensonge, a priori.
49:44A priori, il y a toujours un a priori
49:46dans les histoires criminelles.
49:48Merci Romane Mélisse, merci
49:50capitaine Julien Navarro,
49:52Eric Scalabrin d'avoir été aujourd'hui
49:54les invités de l'Hors du Cri. Merci à l'équipe de l'émission,
49:56rédactrice en chef Justine Vignaud,
49:58préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer.
50:00Réalition, réalisation
50:02en direct avec
50:04Nicolas Godet.

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