C’est ce qui s’appelle avoir la politique dans le sang : à 13 ans, Nicolas Dupont-Aignan collait des affiches pour Jacques Chaban-Delmas ; à 34, parachuté par le RPR à Yerres, ville d’Essonne de plus de 30 000 habitants abimée par le socialisme, il arrachait, à la surprise générale, la mairie à la gauche. Deux ans plus tard, lors des législatives de 1997, il devenait député, réussissant si spectaculairement qu’il fut toujours réélu depuis lors - obtenant en 2022 un sixième mandat. Ses trois candidatures à la présidence de la République furent moins heureuses : après avoir représenté, aussi longtemps qu’il le put, l’aile gaulliste de l’UMP, il finit par fonder son propre parti, Debout la France, entreprenant un long chemin, constant et courageux mais solitaire, pour tenter de renouveler le pari de son seul maître, Charles de Gaulle : "Rassembler les Français sur la France". Y parviendra-t-il un jour ? Est-il un homme politique ou un homme d’Etat ? L’histoire hésite. Lui, peut-être pas. Pour commencer, entreprenons de mieux le connaître...
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00:00:00Générique
00:00:24Bonjour Nicolas Dupont-Aignan.
00:00:27Bonjour Paul-Marie Couteau.
00:00:28Car on dit Dupont-Aignan.
00:00:29Eh oui, j'ai eu du mal à faire respecter cette règle de la langue française.
00:00:33Alors c'est un nom que tout le monde connaît,
00:00:35mais vraiment tout le monde.
00:00:36Dans mon village de Charente,
00:00:39où vous faites comme partout d'ailleurs,
00:00:41c'est intéressant, dans les petites villes et les petits villages,
00:00:44vous faites de meilleurs scores que dans les grandes villes.
00:00:47On vous connaît, on vous connaît en France.
00:00:49Vous avez plusieurs fois été candidat à la présidentielle,
00:00:51c'est une bonne façon de vous connaître.
00:00:52Vous avez écrit beaucoup de livres.
00:00:53Autre façon de vous connaître,
00:00:54une douzaine de livres j'ai compté.
00:00:57Vous avez été maire plus de 20 ans d'une ville d'Essonne,
00:01:03hier, de 30 ou 35 000 habitants.
00:01:05Ce n'est pas une petite ville cette fois.
00:01:08Et puis vous êtes député.
00:01:09Alors là pour le coup, quand vous aurez fini ce mandat,
00:01:12j'ai compté, ça fera 30 ans de députation.
00:01:15C'est une inconstance formidable.
00:01:17C'est la preuve que vous êtes vraiment bien implanté chez vous.
00:01:20C'est pas mal.
00:01:21Ils ont essayé de me tuer souvent.
00:01:23Mais vous n'êtes pas mort.
00:01:24Mais j'ai survécu.
00:01:26Et pourtant, vous n'êtes pas si connu que ça.
00:01:30Je veux dire, dans votre personne même.
00:01:33C'est dommage parce que vous gagnez à être connu.
00:01:35Moi qui vous connais depuis, je ne sais pas, 1935,
00:01:37quelque chose comme ça.
00:01:39Il y a très longtemps que nous vous connaissons.
00:01:41Et j'aimerais que tout le monde vous connaisse,
00:01:44tel que vous êtes,
00:01:45parce qu'il y a une pudeur chez vous,
00:01:47merci de vous plier à cet exercice,
00:01:50qui est désolante
00:01:53parce que tout ce qu'on sait de vous est plutôt de bon alloi.
00:01:57Ce qu'on ne sait pas, c'est que, par exemple,
00:02:02vous êtes un peu né dans le vin, si je puis dire.
00:02:04J'exagère.
00:02:05Mais votre mère, vos grands-parents maternels
00:02:09sont de Châlons-en-Champagne.
00:02:11On pense aux Champagnes.
00:02:12Votre père était courtier en vin,
00:02:14dans une autre région, je pense.
00:02:16Oui.
00:02:17Et vous êtes né à Paris.
00:02:19Je suis un faux parisien, quelque part.
00:02:22C'est-à-dire que côté de ma mère,
00:02:26sa famille était de Châlons,
00:02:29mais surtout de Provence.
00:02:31Son grand-père était horloger à Provence.
00:02:34Horloger.
00:02:35Et son père était un des héros de la guerre de 1914, aviateur.
00:02:39Une péripétie incroyable.
00:02:41Son avion est tombé, si je me souviens bien,
00:02:43et il en est sorti un d'elle.
00:02:45Oui, j'ai la photo dans mon bureau toujours,
00:02:47qui m'accompagne.
00:02:48D'abord, il a eu un petit avion.
00:02:50Pendant la première guerre mondiale.
00:02:52Oui, un petit avion en 1914.
00:02:54Et on a une photo où il a été aller voir ses parents en avion.
00:02:58Un tout petit avion.
00:03:00Au début, l'aviation, pendant la guerre de 1914,
00:03:02c'était une aviation d'observation.
00:03:04Il me racontait, parce que je l'ai connu,
00:03:06il est décédé en 1974,
00:03:08j'avais 11 ans, 13 ans.
00:03:10Donc je me souviens de repas de famille.
00:03:12Un rescapé.
00:03:13Je me souviens de repas de famille
00:03:15où il nous racontait qu'il saluait les aviateurs allemands,
00:03:18parce qu'au début de l'aviation,
00:03:20on se saluait entre aviateurs,
00:03:22on ne se combattait pas.
00:03:24Les avions étaient là pour observer les lignes ennemies.
00:03:27Il y avait une petite solidarité entre aviateurs,
00:03:29puisque c'était des pionniers.
00:03:30Tout à fait.
00:03:31Et puis après, ça s'est durci,
00:03:33il a eu un bombardier,
00:03:35et il a été abattu en vol.
00:03:37Et avec son mécanicien,
00:03:39ils sont chacun montés sur une aile.
00:03:41En vol ?
00:03:42En vol.
00:03:43Alors que l'avion était touché.
00:03:45Ils ont réussi à atterrir.
00:03:47Ils ont été saufs.
00:03:49Les Allemands les ont arrêtés.
00:03:51Ils sont partis,
00:03:52et les Allemands ont été vers l'avion,
00:03:53et l'avion a explosé.
00:03:55Et les Allemands sont morts.
00:03:56Pas tous.
00:03:57Mais alors ils lui ont dit
00:03:58« Pourquoi vous ne nous avez pas prévenus ? »
00:03:59Il a dit « Vous ne nous avez pas demandé. »
00:04:01Et après, il a été mis dans un camp.
00:04:03Mais ce qui est intéressant,
00:04:04et on a les photos,
00:04:05j'ai les photos.
00:04:07Ce camp pour les aviateurs,
00:04:09était un camp pour les officiers aviateurs,
00:04:12qui était une prison en Allemagne,
00:04:15avec un tennis,
00:04:16des pièces de théâtre.
00:04:18Ils étaient traités différemment.
00:04:20C'était des chevaliers,
00:04:21pour les Allemands,
00:04:22les aviateurs.
00:04:24Et ils s'étaient échappés de ce camp.
00:04:26Ils ont creusé un tunnel,
00:04:27et ils s'étaient échappés.
00:04:28Quand même,
00:04:29parce que c'était quand même une prison.
00:04:30Mais c'était une prison.
00:04:31Entre deux parties de tennis, oui.
00:04:32Voilà.
00:04:33Non mais c'est étonnant,
00:04:34j'ai les photos.
00:04:35Et ce qui est intéressant...
00:04:36On est allé très loin de cette chevalerie-là.
00:04:38Et ce qui est intéressant,
00:04:39je vais vous raconter la suite,
00:04:40et après j'ai fini là-dessus.
00:04:41Non, non, allez-y.
00:04:42C'est que pendant la Seconde Guerre mondiale,
00:04:44il a caché chez lui des aviateurs anglais.
00:04:47Avec ma mère,
00:04:48qui avait 20 ans pendant la guerre,
00:04:50la Seconde Guerre mondiale.
00:04:51Et elle, elle faisait du vélo à Paris.
00:04:54Elle était étudiante,
00:04:55et elle passait des messages.
00:04:57Ils n'ont jamais rien dit.
00:04:58Ils n'ont jamais rien demandé.
00:04:59Ils n'ont jamais dit
00:05:00qu'ils étaient dans la Résistance.
00:05:01Personne n'a jamais rien dit.
00:05:02Ils ne l'ont jamais dit.
00:05:03Ma mère me disait juste...
00:05:04Après la guerre même.
00:05:05Oui, bien sûr.
00:05:06Après la guerre,
00:05:07ils disaient,
00:05:08tous ces faux héros,
00:05:09ces Résistants,
00:05:10avec toutes leurs médailles,
00:05:11ils ont fait le travail
00:05:12sans rien dire.
00:05:13Et ce qui est quand même intéressant,
00:05:15c'est qu'un jour,
00:05:16il avait un aviateur anglais chez lui,
00:05:19qu'il logeait
00:05:20quand il passait à Paris et tout.
00:05:22Ils étaient une planque.
00:05:23Et la Gestapo est arrivée avec...
00:05:27Ils ont débarqué.
00:05:29Ils ont frappé à la porte.
00:05:31Et ils ont dit,
00:05:32il y a un aviateur ici.
00:05:34Et mon grand-père s'est pas démonté.
00:05:36Il a dit, il n'y a rien.
00:05:37Et vous ne croyez pas
00:05:38la parole d'un officier français aviateur
00:05:40de la Première Guerre mondiale ?
00:05:42Ça les a impressionnés.
00:05:43Et les types se sont mis au garde-à-vous
00:05:45et sont partis.
00:05:47Et il a sauvé sa peau comme ça.
00:05:49Oui, parce que les représailles
00:05:50lui étaient terribles.
00:05:51Il était mort, facturé.
00:05:52Il était féroce
00:05:53pour quiconque faisait le moindre geste.
00:05:55Et il a réussi,
00:05:56grâce à cette affaire d'aviateur
00:05:58de la Première Guerre mondiale,
00:05:59à sauver sa peau.
00:06:01Mais il était aussi directeur
00:06:02d'une grande entreprise d'électricité
00:06:04où son entreprise d'électricité
00:06:08travaillait sur le mur de l'Atlantique.
00:06:11Et il passait tous les plans à Londres.
00:06:14Donc c'était un type extraordinaire.
00:06:16Il n'a jamais demandé une médaille.
00:06:18Il n'a jamais été décoré.
00:06:20Il n'a jamais voulu écrire quoi que ce soit.
00:06:23Jamais.
00:06:25Et il nous disait
00:06:26je ne faisais que mon travail.
00:06:29C'est étonnant.
00:06:30Politiquement, gaulliste j'imagine ?
00:06:32Non.
00:06:33Politiquement, modéré.
00:06:35Or, j'ai une famille pas du tout politique.
00:06:37PDM ? Progrès et démocratie moderne ?
00:06:39Je ne sais pas.
00:06:40Je ne sais même pas.
00:06:41En fait, je ne sais même pas.
00:06:42Ah oui ?
00:06:43Je ne sais même pas.
00:06:45Très pudique.
00:06:46Parce qu'évidemment,
00:06:48pour ne pas se mettre en valeur
00:06:49quand on a fait ça,
00:06:50il faut quand même être très réservé.
00:06:52Un peu réservé quand même.
00:06:53Un peu austère.
00:06:55Ça ne rigolait pas.
00:06:57Mais pas...
00:06:58Il faisait des puzzles toute la journée.
00:06:59Il avait des insomnies.
00:07:01Et il est mort à 100 ans ?
00:07:02Non, non.
00:07:03C'est mon père qui est mort à 100 ans.
00:07:04Ah oui, c'est votre père.
00:07:05Non, non.
00:07:06Il est mort en 1974.
00:07:08Mais c'est étonnant
00:07:09parce qu'il a vécu des choses incroyables.
00:07:11Ce qui le fascinait le plus,
00:07:12c'est Concorde.
00:07:13Et il regardait la télévision.
00:07:14Je me souviens,
00:07:15quand on était petits,
00:07:16il me dit, tu te rends compte ?
00:07:18J'ai volé en une vie.
00:07:20Je vois Concorde.
00:07:22Et moi, j'ai volé sur un avion à pédales.
00:07:25En bois, avec des cordes.
00:07:28Et ma vie aura symbolisé...
00:07:32Il était né en 1889, je crois.
00:07:35Et il est mort en 1974.
00:07:37Et il voyait une vie,
00:07:38tous les progrès de l'aviation.
00:07:40Alors le problème, c'est qu'en voiture,
00:07:41il nous inquiétait un peu
00:07:42parce qu'il considérait que la ligne blanche
00:07:44était la ligne du milieu,
00:07:45comme pour décoller.
00:07:46Donc on lui disait
00:07:47qu'il fallait mieux se mettre à droite
00:07:48de la ligne blanche.
00:07:49Je lui disais, non, la ligne,
00:07:50c'est pour le centre de mon axe.
00:07:52Ah, c'était vraiment un centriste.
00:07:53Donc, voilà.
00:07:54Mais à part ça,
00:07:55pas d'une famille de politique du tout.
00:07:56Du tout ?
00:07:57Non, pas du tout.
00:07:58Pas du tout.
00:07:59Pas du tout.
00:08:00Et d'ailleurs, un regret.
00:08:01Votre père non plus ?
00:08:02Mon père non plus.
00:08:03Mon père, lui, était dans les vins.
00:08:05Il a été courtier en vin.
00:08:07Il était très, très bon oenologue.
00:08:09Il a été président
00:08:10de la compagnie des courtiers jurés.
00:08:11Alors vous qui ne vivez jamais,
00:08:13c'est un de vos invoibles défauts.
00:08:16J'ai dû faire...
00:08:17Je bois un peu, mais très peu.
00:08:18J'ai dû...
00:08:19Pas assez, pas assez.
00:08:20J'ai dû faire un rejet.
00:08:22Voilà.
00:08:23Non, je ne sais pas.
00:08:24Mais bref.
00:08:25Et puis ma mère, elle,
00:08:26était artiste.
00:08:27Très fine.
00:08:28Très fine.
00:08:29Disons beaucoup.
00:08:30Une grande artiste.
00:08:31Voilà.
00:08:32Originaire de Chalon, en Champagne ?
00:08:34Non, originaire de Paris.
00:08:35Ah.
00:08:36Puisque son père...
00:08:37Chalon, c'est qui ?
00:08:38Chalon, c'était le grand-père de mon grand-père.
00:08:40D'accord, d'accord.
00:08:41C'était quand même...
00:08:42Très loin.
00:08:43Non, non.
00:08:44Mon père, lui, sa famille
00:08:45était des Pieds-Noirs d'Oran.
00:08:47Mais qui était rentré dans les années 30.
00:08:49Et donc, voilà.
00:08:51Qui était complètement différent.
00:08:53Donc une famille française,
00:08:55j'allais dire normale, au sens...
00:08:58Pas riche, mais cultivée.
00:09:01Si je devais résumer.
00:09:02Oui.
00:09:03Pas riche, mais cultivée.
00:09:04C'est-à-dire des gens qui...
00:09:05Vous en avez resté quelque chose.
00:09:06Je sais que vous lisez beaucoup.
00:09:07J'ai lu beaucoup.
00:09:08Ça m'a beaucoup pétonné
00:09:09de la part d'un homme politique,
00:09:10parce que j'en ai fréquenté quelques-uns.
00:09:11Vous êtes un de ceux qui lise le plus.
00:09:13Enfin, je lisais énormément.
00:09:15J'ai lu énormément.
00:09:16Je le sais, puisque vous avez même lu mes livres.
00:09:18Alors ça, je veux dire que c'est très remarquable.
00:09:20Je vous en veux toujours
00:09:21de ne pas avoir achevé le De Gaulle.
00:09:23Achevez.
00:09:24Oui, enfin ça, ça commence à durer.
00:09:26Bon, bref, parce que le premier est remarquable.
00:09:28Il fait du temps.
00:09:29Le premier est remarquable.
00:09:30Non, j'ai beaucoup lu.
00:09:31Je lis moins, obligatoirement.
00:09:33Et ça me manque.
00:09:34Et vous en avez écrit beaucoup, une dizaine.
00:09:36Oui, mais je répète toujours la même chose,
00:09:37donc je commence à être lassé.
00:09:38Et je les ai écrits moi-même, sauf un.
00:09:41Donc, j'y tiens.
00:09:43Pourquoi j'y tiens ?
00:09:44Parce que c'est extrêmement difficile d'écrire
00:09:47quand on est une personnalité politique.
00:09:49Oui.
00:09:50Parce que pour écrire,
00:09:51et vous le savez mieux que moi,
00:09:52il faut le temps, la concentration.
00:09:53Il faut se plonger.
00:09:54Il faut se plonger dedans.
00:09:55Donc, c'est un effort surhumain.
00:09:58Mais il faut le faire
00:09:59parce que ça aide à clarifier ses idées.
00:10:02Et voilà, vous savez ce que disait Emmanuel Berle.
00:10:04Je n'écris pas pour dire ce que je pense,
00:10:06mais pour le savoir.
00:10:08Et bien, c'est exactement ça.
00:10:10Mais on voit que vous écrivez vos livres.
00:10:11Ce ne sont pas des livres d'écrivain.
00:10:12Il n'y en a qu'un.
00:10:13Ça se voit un peu.
00:10:14Mais c'est bien.
00:10:15C'est beaucoup plus authentique.
00:10:17Oui, alors à propos de livres, Nicolas Dupont-Aignan,
00:10:20vous en avez écrit plusieurs.
00:10:22Il y en a un qui m'a une dizaine,
00:10:23ou une douzaine, je crois.
00:10:24Je ne sais plus.
00:10:25Il y en a un qui m'a requis dans le titre.
00:10:29Ce sont les petits qui vont libérer la France.
00:10:33C'est sûr que ce ne sera pas les gros.
00:10:35Il y a quelque chose d'étonnant chez vous.
00:10:38Quand je regardais vos résultats électoraux,
00:10:42vous avez beaucoup, il faut dire,
00:10:45très bien compris les Gilets jaunes.
00:10:48Vous étiez très empathiques avec eux.
00:10:50Certains se sont réclamés de vous.
00:10:53Et vous avez de très bons, je le disais,
00:10:55très bons résultats dans les provinces,
00:10:57beaucoup moins à Paris,
00:10:58d'où vous êtes originaire,
00:10:59et en région parisienne,
00:11:01alors que vous êtes maire d'une ville des Saônes.
00:11:03Il y a quelque chose d'enraciné.
00:11:05C'est pour ça que je pensais à vos parents.
00:11:09Mais on ne voit pas tellement de paysages derrière vous.
00:11:12C'est embêtant.
00:11:13Derrière De Gaulle, on voyait Colombais.
00:11:15Derrière Pompidou, on voyait Momboudi, Flacantal, etc.
00:11:18C'est vrai parce que personnellement,
00:11:20j'ai un amour profond de la France éternelle.
00:11:29J'ai circulé notamment à la recherche des parrainages.
00:11:34J'aime me promener en France,
00:11:37dans ces territoires et tout.
00:11:39Mais je n'ai pas eu la chance d'avoir,
00:11:41ou peut-être la volonté ou le temps,
00:11:44quand on est élu local,
00:11:45tous les week-ends sont dans notre circonscription,
00:11:47dans notre ville.
00:11:48Je n'ai pas eu la chance avec mon épouse
00:11:50de pouvoir acheter une petite maison à la campagne,
00:11:53d'y passer du temps.
00:11:54Donc si vous voulez, je suis...
00:11:55On se rend compte que vous attendez.
00:11:57Oui, mais quand vous êtes maire d'une ville,
00:11:59et j'ai redressé une ville qui était en très grande difficulté...
00:12:01Hier, au sud de les Saônes.
00:12:03Que j'aime profondément, j'y suis toujours.
00:12:05Quand vous êtes député,
00:12:06quand vous voulez ne dépendre que de vous-même,
00:12:09ne pas être dépendant des investitures
00:12:11des partis politiques,
00:12:12et j'ai pu survivre à la solitude politique...
00:12:15Total.
00:12:16Grâce à mon travail,
00:12:18et ce travail, c'est le week-end,
00:12:19ce travail, c'est un travail de terrain,
00:12:22c'est un travail d'écoute,
00:12:24et j'aime ça.
00:12:25Donc vous ne pouvez pas tout faire dans la vie.
00:12:27Vous ne pouvez pas élever une famille,
00:12:29lire, être présent,
00:12:32et en plus, poser devant un clocher
00:12:35et faire de grandes balades.
00:12:36J'aimerais tellement.
00:12:37J'aimerais ce moment.
00:12:38C'est pas pour rien, je le rappelais.
00:12:40Non, mais vous avez raison.
00:12:41Les Colombais, les Mitterrands, les Solutrés,
00:12:43il faut du paysage derrière.
00:12:44Je sais, mais il faut du paysage derrière.
00:12:46C'est très significatif d'ailleurs,
00:12:47parce que ceux qui n'ont pas de paysage,
00:12:48comme Macron ou Sarkozy,
00:12:50on a l'impression que c'est hors sol.
00:12:51Mais c'est pas le paysage qu'il faut derrière,
00:12:53il faut les vraies racines,
00:12:54et moi je les ai.
00:12:55D'ailleurs, c'est pour ça que les habitants
00:12:59des campagnes savent bien qui je suis,
00:13:02le ressentent.
00:13:03Ce que je veux dire,
00:13:04c'est que c'est pas la photo qui fait l'homme.
00:13:06Les racines, elles existent.
00:13:08Et ce pays, notre pays,
00:13:10parce que je déteste ceux qui disent ce pays,
00:13:13ça m'exaspère.
00:13:14Comme s'il y avait une extériorité.
00:13:16Oui, mais ce n'est notre pays.
00:13:19Il est tellement beau,
00:13:21il est tellement exceptionnel.
00:13:25C'est terrible le contraste entre
00:13:28la beauté du pays,
00:13:30la profondeur du pays des Français,
00:13:33et puis la médiocrité
00:13:35de ces dirigeants depuis des années.
00:13:37Et ce qui est terrible,
00:13:38la seule chose qui me fait vraiment de la peine,
00:13:40c'est que pour l'instant,
00:13:41ma carrière politique n'aura été qu'auprès.
00:13:46Qu'en me révoltant,
00:13:48en me cabrant.
00:13:49Contre vos pères.
00:13:50Contre mes pères qui,
00:13:52sous mes yeux,
00:13:54ont détruit mon pays.
00:13:55C'est ça.
00:13:56Notre pays.
00:13:57Sous nos yeux.
00:13:58Et on ne peut pas dire
00:13:59que je n'ai pas essayé de tout faire.
00:14:00Au prix de la solitude,
00:14:02j'ai tout fait.
00:14:03Il m'est même arrivé de vous la reprocher,
00:14:05cette solitude.
00:14:06Oui, mais on ne peut pas me demander.
00:14:07A chaque fois qu'il y a eu un vote
00:14:08qui me paraissait fondamental,
00:14:09j'ai rompu, oui.
00:14:10Oui.
00:14:11Alors on dit les seuls,
00:14:12mais j'allais être caution à Libye de ça.
00:14:14Oui.
00:14:15Je ne pouvais pas.
00:14:16Et en fait,
00:14:17si vous regardez,
00:14:18c'est la même génération que vous,
00:14:20si vous regardez les 40 dernières années politiques,
00:14:23ce n'est que succession d'abandon,
00:14:26de médiocrité.
00:14:28De recul.
00:14:29De recul.
00:14:30Et contrairement à ce qu'on croit,
00:14:32et c'est mon côté inlassablement optimiste,
00:14:35le peuple français,
00:14:37au fond de lui-même,
00:14:39n'est pas comme ça.
00:14:40Ce sont les petits qui sauveront la France.
00:14:42Et oui.
00:14:43Sous titre de votre livre de dominos.
00:14:44Oui, mais rien n'a changé.
00:14:45Et je le pense.
00:14:46Vous savez,
00:14:47quand vous discutez avec les gens,
00:14:48quand vous allez vous balader,
00:14:49quand je vais dans le,
00:14:50je me balade,
00:14:51enfin je me balade,
00:14:52quand je fais mon travail,
00:14:53dans l'ensemble du pays,
00:14:54quand je suis en train par exemple,
00:14:55les gens viennent me parler.
00:14:57Quand je suis dans la rue,
00:14:58les gens viennent me parler.
00:14:59Ah ça j'en témoigne.
00:15:00Et c'est toujours,
00:15:01souvent les petits,
00:15:03qui paradoxalement,
00:15:05sont moins enfermés
00:15:07dans leur
00:15:09préservation
00:15:11de ce qu'ils croient être leurs privilèges.
00:15:13La phrase de Jaurès,
00:15:14la nation c'est le dernier secours des pauvres.
00:15:16Alors attention,
00:15:17ça ne veut pas dire que parce que
00:15:18il y a des gens aisés qui heureusement
00:15:20sont comme nous,
00:15:22effrayés de ce qui se passe.
00:15:24Mais,
00:15:25je veux dire que
00:15:26aujourd'hui,
00:15:27il y a dans le pays,
00:15:28j'en suis convaincu encore,
00:15:30une capacité à rebondir,
00:15:32mais le problème c'est comment
00:15:34on peut parler au français.
00:15:36Et on nous empêche de parler au français.
00:15:38Alors revenons à vous,
00:15:40n'ayez pas la pudeur tout à coup
00:15:42de votre grand-père,
00:15:43revenons à vous.
00:15:44Je signale d'ailleurs que
00:15:45quand vous avez été élu maire d'hier,
00:15:47là aussi j'en témoigne,
00:15:49quand on appelait ensuite
00:15:51la mairie d'hier,
00:15:52c'était en 95,
00:15:53il n'y avait pas encore les portables,
00:15:54il fallait passer par le standard de la mairie.
00:15:56Et quelquefois on attendait,
00:15:58on attendait avec...
00:15:59Douce France.
00:16:00Charles Trenet.
00:16:01Douce France.
00:16:02Et quelquefois,
00:16:03on n'avait pas envie
00:16:05que l'opératrice se presse
00:16:07avec qu'on écoutait Charles Trenet.
00:16:09Mon successeur l'a laissé.
00:16:11Il faut dire son nom.
00:16:13Olivier Clodon.
00:16:15Il sait que s'il l'avait enlevé...
00:16:17Formidable personnage.
00:16:19Je serais parti immédiatement.
00:16:21Alors, donc,
00:16:23vos grands-pères...
00:16:25Pourquoi Douce France ?
00:16:26Parce que c'est la langue française.
00:16:27Et là aussi,
00:16:29alors que toutes ces mairies,
00:16:31toutes ces institutions,
00:16:33toutes ces institutions
00:16:34font partie des musiques de supermarchés
00:16:36anglo-saxonnes.
00:16:38Et ce qui est intéressant,
00:16:40c'est que quand j'ai mis ça en 95,
00:16:41tout le monde a été surpris.
00:16:42Et aujourd'hui,
00:16:43les habitants,
00:16:44quel que soit leur couleur politique...
00:16:45Ils s'en passent plus.
00:16:46Ils s'en passent plus.
00:16:47Ce qui veut dire que les Français
00:16:48aiment la France.
00:16:49Bah oui.
00:16:50On leur interdit.
00:16:51C'est affreux.
00:16:52Et c'est ça qui est important.
00:16:53Et on essaie de la déprécier à leurs yeux.
00:16:54Bien sûr.
00:16:55Alors, est-ce que vos parents
00:16:56étaient comme votre grand-père,
00:16:58pas très politiques ?
00:16:59Pas du tout politiques.
00:17:00J'ai pas l'impression qu'ils l'étaient.
00:17:01Pas du tout.
00:17:04Ils étaient centristes.
00:17:05C'est ça.
00:17:06Centristes, un peu gaullistes,
00:17:07mais pas...
00:17:08En fait,
00:17:09mes parents n'aimaient pas
00:17:10l'esprit de système.
00:17:11Ils étaient très libres.
00:17:12Et ils étaient méfiants
00:17:13vis-à-vis de la politique.
00:17:14Pour eux,
00:17:15la politique,
00:17:16c'était quelque chose de sale.
00:17:17Et quand ma mère a su
00:17:19que je me présentais au municipal,
00:17:21puis aux législatives,
00:17:23elle appelait ma femme
00:17:24tous les matins
00:17:25pour lui dire...
00:17:26Il faut l'en empêcher.
00:17:27Il faut l'en empêcher.
00:17:28Pourvu qu'il soit battu.
00:17:30Ce qui déprimait considérablement
00:17:31ma femme
00:17:32et qui n'arrangeait pas
00:17:33leur relation.
00:17:34Et elle me disait
00:17:35pourquoi ta mère appelle
00:17:36en disant
00:17:37qu'il faut qu'il soit battu.
00:17:38Il a eu la chance
00:17:39d'avoir l'ENA.
00:17:40Alors, en revanche,
00:17:41quand j'ai eu l'ENA,
00:17:42ils étaient d'une fierté absolue.
00:17:43Alors que moi,
00:17:44franchement,
00:17:45quand j'ai vu l'aéropage
00:17:46qu'il y avait dans cette école,
00:17:47j'étais très déçu.
00:17:48Et je me disais
00:17:49mais c'est pas possible.
00:17:50Et donc,
00:17:51je n'avais qu'une idée,
00:17:52c'est d'être élu par le peuple.
00:17:53C'était ma passion
00:17:54depuis l'âge de mes 12 ans.
00:17:55Je passais devant
00:17:56l'Assemblée nationale
00:17:57avec mes parents en voiture.
00:17:58Un jour, j'y serai.
00:17:59Non, je leur disais
00:18:00mais comment je pourrais être là ?
00:18:01Oui, c'est ça.
00:18:02Ce n'était pas un jour,
00:18:03j'y serai.
00:18:04Ce n'était pas un signac
00:18:05Paris à nous deux.
00:18:06Non, ce n'était pas ça.
00:18:07C'était comment moi,
00:18:08le petit bourgeois
00:18:09à l'arrière d'une petite voiture.
00:18:10On n'était pas riches.
00:18:11On n'était pas pauvres.
00:18:12On n'était pas riches.
00:18:13Très bien.
00:18:14Et comment ?
00:18:15Mais comment ?
00:18:16On ne connaît personne.
00:18:17Tu connais, papa,
00:18:18quelqu'un à l'Assemblée ?
00:18:19Ben non, moi,
00:18:20je ne connais personne.
00:18:21De toute façon,
00:18:22ce sont des gens, tu sais.
00:18:23Mais d'où ça vient ça ?
00:18:24Parce que j'ai vu que déjà
00:18:25à 13 ans,
00:18:26enfin en 1974,
00:18:27vous aviez 13 ans.
00:18:28Avant.
00:18:29À peine.
00:18:30Oui.
00:18:31Vous colliez à 13 ans
00:18:32des affiches
00:18:33pour Jacques Chabord-Belmas.
00:18:34Non, j'ai commencé plus tôt.
00:18:35Encore plus tôt ?
00:18:36J'ai commencé plus tôt.
00:18:37J'ai commencé à 12 ans.
00:18:38Et ça a dû à d'où ce virus ?
00:18:39Je ne sais pas.
00:18:40À 12 ans,
00:18:41j'allais en Angleterre
00:18:42avec, vous savez,
00:18:43les voyages.
00:18:44Les échanges.
00:18:45On va apprendre l'anglais
00:18:46en Angleterre.
00:18:47Avec un groupe organisé
00:18:48et j'avais un garçon
00:18:49de 12 ans
00:18:50de ma classe
00:18:51qui était passionné
00:18:52de politique.
00:18:53Et on avait fait,
00:18:54je ne sais pas
00:18:55si vous vous imaginez,
00:18:56en 1972,
00:18:57on avait fait
00:18:58sur des fiches
00:18:59l'exégèse
00:19:00du programme commun
00:19:01de la gauche.
00:19:02Oui, qui sortait
00:19:03à ce moment-là.
00:19:04Voilà.
00:19:05Avec les critiques.
00:19:06Et le débat
00:19:07dans le train
00:19:08pour aller en Angleterre
00:19:09quand tous les gamins
00:19:10pensaient aux petites Anglaises,
00:19:11nous, nous étions
00:19:12avec des fiches
00:19:13et on regardait
00:19:14le programme commun
00:19:15de la gauche.
00:19:16On avait 11 ans et demi
00:19:17pour le programme commun
00:19:18de la gauche.
00:19:20Pour le dévolir ?
00:19:21Oui, pour le dévolir,
00:19:22l'argumenter, etc.
00:19:25Et puis après,
00:19:26je me souviens très bien,
00:19:27j'étais le seul de ma classe,
00:19:29ça devait être au collège,
00:19:314e, un peu avant,
00:19:33même 5e,
00:19:35où je lisais
00:19:36le canard enchaîné
00:19:37tous les mercredis
00:19:38pour avoir des potins
00:19:39d'un monde
00:19:40qui m'était étranger.
00:19:41Et puis,
00:19:42j'avais amené une carte
00:19:43avec les circonscriptions
00:19:44législatives.
00:19:45Et les professeurs
00:19:46et les élèves
00:19:47qui avaient 13 ans
00:19:48se disaient
00:19:49que ce type était fou.
00:19:50Donc,
00:19:51j'étais passionné.
00:19:52Et on avait même
00:19:53un prof
00:19:54qui était un curé,
00:19:56qui était prof d'histoire géo,
00:19:57qui était très intelligent.
00:19:59Et je lui posais
00:20:01des questions,
00:20:02surtout,
00:20:03j'étais passionné d'histoire,
00:20:04je lisais.
00:20:05Et à l'époque,
00:20:06je lisais,
00:20:07ma mère lisait beaucoup
00:20:08à l'époque,
00:20:09c'était la grande époque.
00:20:10C'est l'histoire.
00:20:11Il y avait une émission
00:20:12de radio,
00:20:13ça fait vieux jeu de dire ça,
00:20:14une émission à la radio
00:20:15à France Inter
00:20:16qui s'appelait
00:20:17Castelot,
00:20:18Alain Decaux,
00:20:19Castelot
00:20:20et François Chiappe.
00:20:21Voilà.
00:20:22Et vous imaginez
00:20:23Chiappe.
00:20:24Vous imaginez
00:20:25la tribune de l'histoire
00:20:26d'intellectuels
00:20:27de notre pays
00:20:28et culturel.
00:20:29Parce que moi,
00:20:30à la maison,
00:20:31en mangeant la soupe,
00:20:32on écoutait
00:20:33cette émission.
00:20:34Et c'est l'histoire
00:20:35la porte d'entrée
00:20:36dans la politique.
00:20:37Oui, mais
00:20:38une famille moyenne française,
00:20:39bourgeoise,
00:20:40mais pas
00:20:41famille
00:20:42bourgeoisie française
00:20:43moyenne.
00:20:44Mais ça, c'est votre mère.
00:20:45Oui.
00:20:47On écoutait
00:20:48et elle lisait
00:20:49George Sand,
00:20:50toutes les lettres
00:20:51de la correspondance
00:20:52de George Sand.
00:20:53Donc, on avait
00:20:5425 volumes.
00:20:55Et donc,
00:20:57on était entouré
00:20:58de livres,
00:20:59mais on écoutait ça,
00:21:00les dossiers de l'écran
00:21:01et on n'avait pas
00:21:02de télévision.
00:21:03Mes parents ne voulaient
00:21:04pas de télévision.
00:21:05Ça s'explique
00:21:06petit à petit.
00:21:07On écoutait
00:21:08à la radio
00:21:09les dossiers de l'écran.
00:21:10Non, les dossiers
00:21:11de l'écran.
00:21:12Comme mes parents
00:21:13n'avaient pas de télévision
00:21:14et que ça me posait
00:21:16parce qu'à 12 ans,
00:21:17j'étais à l'école,
00:21:18tous mes petits camarades
00:21:19avaient la télévision.
00:21:20Et chez nous,
00:21:21on n'avait pas de télévision.
00:21:22Et mes parents disaient
00:21:23mais on a des livres,
00:21:24on n'a pas besoin
00:21:25de télévision.
00:21:28Et puis, ça coûtait
00:21:29trop cher d'acheter une télé.
00:21:30Je ne sais pas pourquoi,
00:21:31ils dépensaient de l'argent ailleurs,
00:21:32mais on n'achetait pas de télé.
00:21:33Ils se plaignaient toujours
00:21:34de ne pas avoir d'argent.
00:21:35Et mon père était terrible
00:21:36là-dessus.
00:21:37Il se plaignait toujours
00:21:38de ne pas avoir d'argent.
00:21:39Il n'avait jamais d'argent.
00:21:40Il ne donnait pas d'argent
00:21:41à ma mère.
00:21:42Enfin, c'était compliqué.
00:21:43C'était horrible.
00:21:45Et alors moi,
00:21:46j'en faisais une affaire.
00:21:47Alors un jour,
00:21:48ma mère a dit
00:21:49écoute, on va louer
00:21:50une télévision.
00:21:51Locatel.
00:21:52Locatel.
00:21:53Locatel, c'était un truc
00:21:54des années 70.
00:21:55Il y avait des outils
00:21:56de télévision à l'époque.
00:21:57Quelquefois, on regardait
00:21:58des matchs de football
00:21:59dans la rue,
00:22:00à travers la vitrine
00:22:01des magasins.
00:22:02On va passer
00:22:03pour des vieux schnocks
00:22:04après l'histoire.
00:22:05Mais non,
00:22:06nos amis de TVL
00:22:07voient très bien
00:22:08de quoi nous parlons.
00:22:09Alors, ils ont loué
00:22:10une télévision pour moi
00:22:11et moi, j'ai regardé
00:22:12l'annualité
00:22:13de l'Assemblée nationale
00:22:14qui, pour la première fois,
00:22:15était retransmise
00:22:16à la télévision.
00:22:17Louée.
00:22:18Louée.
00:22:19Et je regardais
00:22:20les dossiers de l'écran
00:22:21et
00:22:22Mariti Gilbert Carpentier,
00:22:23bien sûr.
00:22:24Vous savez,
00:22:25il avait des variétés.
00:22:26Oui, oui, oui.
00:22:27Guilux.
00:22:28Non.
00:22:29Non, il était débile.
00:22:30Attention,
00:22:31le général de Gaulle
00:22:32aimait beaucoup Guilux.
00:22:33Oui, mais moi,
00:22:34je ne trouvais pas...
00:22:35Il aimait beaucoup
00:22:36Interville et tout ça.
00:22:37Oui, mais en revanche...
00:22:38Le général adorait Interville.
00:22:39Oui, Interville.
00:22:40Et puis, quand même,
00:22:41il y a eu
00:22:42une émission
00:22:43au gouvernement
00:22:44qui était retransmise.
00:22:45Là, j'étais passionné.
00:22:46Et c'est pour ça
00:22:47que j'ai fait, après,
00:22:48j'avais une mobilette
00:22:49et j'ai été au QG de campagne
00:22:50de Chabon-Delmas
00:22:51avec ma mobilette
00:22:52à 13 ans.
00:22:53À 13 ans,
00:22:54on a le droit
00:22:55d'avoir une mobilette ?
00:22:56Eh bien, oui.
00:22:57Où j'avais une mobilette ?
00:22:58Ah non,
00:22:59je ne l'avais peut-être pas
00:23:00à l'époque.
00:23:01C'est après,
00:23:02quand j'étais devant Sciences Po
00:23:03parce que je ne connaissais pas
00:23:04Sciences Po.
00:23:05On m'a dit,
00:23:06il faut que tu fasses
00:23:07Sciences Po.
00:23:08Donc, je n'étais pas
00:23:10pour Sciences Po,
00:23:11des choses comme ça.
00:23:12Et je demande à mes parents
00:23:13c'est quoi Sciences Po ?
00:23:14Ils me disent,
00:23:15je ne sais pas, va voir,
00:23:16regarde dans l'annuaire.
00:23:17Donc, j'ai regardé dans l'annuaire
00:23:18Sciences Po.
00:23:19Rassurez-vous,
00:23:20ce n'est plus rien.
00:23:21Oui, ce n'est plus rien.
00:23:22Et j'ai été,
00:23:23je m'en souviens très bien,
00:23:24devant Sciences Po,
00:23:25regarder,
00:23:26il me disait,
00:23:27il faut que je sois là un jour.
00:23:28Si je veux être député
00:23:29à l'Assemblée nationale,
00:23:30il faut que je sois à Sciences Po.
00:23:31Et puis,
00:23:32j'ai été faire la campagne
00:23:33de Chabon-Delmas,
00:23:34je suis arrivé,
00:23:35j'étais déjà mal barré.
00:23:36Et je me souviens très bien,
00:23:37je vois encore la scène.
00:23:38Il a fait une campagne affreuse.
00:23:39Affreuse.
00:23:40Et je vois la scène
00:23:41de John qui était là,
00:23:42qui dit,
00:23:43ce gamin,
00:23:44je dis,
00:23:45est-ce que je peux avoir
00:23:46un t-shirt, des affiches,
00:23:47qu'est-ce que je peux faire ?
00:23:48J'avais 13 ans.
00:23:49Et on me dit,
00:23:50bon, donne-lui des affiches
00:23:51et des t-shirts,
00:23:52au point où on en est.
00:23:53Je suis rentré chez moi
00:23:54et j'ai collé
00:23:55sur toutes les fenêtres
00:23:56de la maison,
00:23:57comme dans la chambre,
00:23:58dans l'appartement
00:23:59de mes parents,
00:24:00les affiches de Chabon-Delmas
00:24:01pour que tous les voisins voient.
00:24:02Donc il y avait,
00:24:03tout était collé d'affiches.
00:24:04Je suis arrivé dans ma classe.
00:24:05J'ai amené les affiches
00:24:06que j'ai punisées au mur.
00:24:0713 ans.
00:24:08Et ma mère a été convoquée.
00:24:09Et bien, à ce point ?
00:24:10Oui, par le proviseur
00:24:11parce que je ne foutais plus rien.
00:24:12Qui lui a dit,
00:24:13mais votre enfant
00:24:14était un enfant brillant,
00:24:15qui travaillait bien à l'école.
00:24:16Qu'est-ce qui l'étrange ?
00:24:17Il répond plus
00:24:18à aucune interrogation.
00:24:19Il a une crise d'adolescence
00:24:20précoce.
00:24:21Il n'y a plus rien.
00:24:22Il n'y a plus rien.
00:24:23Il n'y a plus rien.
00:24:24Il n'y a plus rien.
00:24:32Et ma mère lui a dit,
00:24:33non, non, il fait la campagne
00:24:34de Jacques Chabordelmas.
00:24:35Et là, il est grand.
00:24:38C'était une grande surprise.
00:24:39Quand même, vos parents
00:24:40ne réprouvaient pas trop, quoi.
00:24:42Mais mes parents,
00:24:43j'ai toujours fait ce que je voulais.
00:24:44Très libéraux, oui.
00:24:45Ça, j'avoue que...
00:24:46Frères et sœurs, je crois.
00:24:47Deux frères très aînés.
00:24:49Donc, ils n'étaient pas du tout
00:24:50dans le coup.
00:24:51Ils ne vivaient pas avec nous.
00:24:52Oui.
00:24:53Petit dernier.
00:24:54Petit dernier,
00:24:55avec son caractère.
00:24:58Lointain, oui.
00:24:59D'accord.
00:25:00D'accord.
00:25:01Et votre mère, donc,
00:25:02disiez-vous, est artiste ?
00:25:04Elle était artiste.
00:25:05Elle faisait des collages
00:25:06de peinture.
00:25:07Mais elle n'a jamais rien vendu,
00:25:08la pauvre.
00:25:09Et puis,
00:25:10elle n'était pas douée pour ça.
00:25:11Non, mais finalement,
00:25:12l'argent n'était pas
00:25:13le grand sujet de la famille,
00:25:14en réalité.
00:25:15Non.
00:25:16Il n'y avait pas grand-chose
00:25:17pour être franc.
00:25:18Pas besoin.
00:25:19On n'avait un pantalon,
00:25:20rien.
00:25:21Oui.
00:25:22On n'achetait rien.
00:25:23C'est une autre époque.
00:25:24C'est la vulgarité,
00:25:25peut-être qu'il faudrait y revenir.
00:25:26Ça change beaucoup de choses.
00:25:27Mais en y réfléchissant,
00:25:28j'ai l'impression
00:25:29que c'est la préhistoire.
00:25:30Je vous raconte un truc
00:25:31qui paraît être la préhistoire.
00:25:32Je ne pense pas
00:25:33être si vieux que ça.
00:25:34Enfin,
00:25:35moi,
00:25:36je n'ai jamais le sentiment
00:25:37de vieillir.
00:25:38Une belle soixantaine.
00:25:39Mais bon,
00:25:40ça, c'est un autre problème.
00:25:41Une soixantaine gaillarde.
00:25:42Mais bon, voilà.
00:25:43Alors, ça,
00:25:44c'est une qualité de ma famille.
00:25:45Il faut être honnête.
00:25:46Mon père,
00:25:47je me suis beaucoup heurté
00:25:48avec mon père.
00:25:49Alors, c'est lui
00:25:50qui est mort à 100 ans.
00:25:51Oui.
00:25:52Et ma mère à 96.
00:25:53À trois mois d'intervalle,
00:25:54d'ailleurs.
00:25:55En 2017.
00:25:57Pendant une campagne électorale,
00:25:58d'ailleurs.
00:25:59Pendant la présidentielle,
00:26:00j'allais voir ma mère à l'hôpital.
00:26:01Je finissais les débats télévisés.
00:26:02Elles étaient très correctes
00:26:03à l'hôpital.
00:26:04Elle avait eu...
00:26:05Elle était Alzheimer.
00:26:06En fin d'Alzheimer.
00:26:07Et je me souviens,
00:26:08après chaque débat télévisé,
00:26:09je finissais la campagne
00:26:10à 11 heures minuit
00:26:11et l'hôpital m'avait autorisé
00:26:12à venir la nuit.
00:26:13La nuit.
00:26:14Donc, je venais la voir.
00:26:15Je lui tenais la main.
00:26:16Je ne savais pas
00:26:17si elle savait que j'étais là.
00:26:18Et elle est morte dans mes bras.
00:26:21C'était étonnant.
00:26:22Entre les deux tours
00:26:23de la présidentielle,
00:26:24dans ce moment si difficile
00:26:25de 2017,
00:26:26est-ce que je soutiens Marine Le Pen ?
00:26:28Est-ce que je la soutiens pas ?
00:26:29Je me souviens,
00:26:30la période était dure.
00:26:31Très difficile.
00:26:32Le parti très divisé.
00:26:34Aujourd'hui, Marine Le Pen
00:26:35est dédiabolisée.
00:26:36Mais à l'époque,
00:26:37il y a 10 ans,
00:26:38soutenir...
00:26:39Enfin, il y a moins de 10 ans.
00:26:40Il y a 6 ans, 7 ans.
00:26:41Soutenir Marine Le Pen
00:26:42au premier tour,
00:26:43c'était un événement.
00:26:44Et...
00:26:45Au deuxième tour.
00:26:46Au deuxième tour,
00:26:47j'étais...
00:26:48Voilà.
00:26:49Mon parti menaçait d'exploser.
00:26:51C'était compliqué.
00:26:52C'était compliqué.
00:26:53Et puis, un jeudi,
00:26:54le mercredi,
00:26:55je vois Marine Le Pen.
00:26:56C'était au lendemain du premier tour.
00:26:58On discute ensemble.
00:26:59On réfléchit à un accord,
00:27:01etc.
00:27:02Et puis, le jeudi,
00:27:04j'arrive au QG.
00:27:05C'était le trou
00:27:06parce que certains menaçaient
00:27:07de démissionner.
00:27:08Enfin, c'était le grand drame.
00:27:10Et...
00:27:11C'était pas encore public.
00:27:12Et puis, tout d'un coup,
00:27:13je me dis,
00:27:14il faut que j'aille voir ma mère.
00:27:15Je pars à l'hôpital,
00:27:16à midi.
00:27:17Je laisse tomber tout le monde.
00:27:18J'arrive,
00:27:19je lui tiens la main
00:27:20et elle meurt dans mes bras.
00:27:21Voilà.
00:27:2210 minutes après.
00:27:23Ah, voilà.
00:27:24Elle avait attendu
00:27:25de savoir que vous étiez là.
00:27:26La preuve, c'est qu'elle savait
00:27:27que vous étiez là.
00:27:28Et puis, c'est là...
00:27:29Et elle a vu le résultat
00:27:30de votre premier tour
00:27:31qui était magnifique.
00:27:32Oui, oui.
00:27:334,5 %.
00:27:34Elle a vu.
00:27:35Je crois qu'elle a compris
00:27:36qu'elle était dans un état...
00:27:37C'était un peu...
00:27:38Votre père l'a vu ?
00:27:39Mon père l'a vu, oui.
00:27:40Mais...
00:27:41Et puis, après,
00:27:42le vendredi,
00:27:43j'ai annoncé
00:27:44mon soutien à Marine Le Pen.
00:27:45Et alors là,
00:27:46c'était un déchaînement de haine
00:27:48comme jamais.
00:27:49Comme jamais, j'ai pu voir.
00:27:50Mais personne ne peut croire aujourd'hui
00:27:52ce qui s'est passé.
00:27:53Des manifestations devant ma mairie,
00:27:55devant ma porte.
00:27:56J'ai dû être sous protection policière.
00:28:01Des démissions partout.
00:28:03Des réseaux qui s'agitaient
00:28:05comme des fous.
00:28:06Parce qu'en fait,
00:28:07on nous dit que c'est quand même...
00:28:08C'est très courageux.
00:28:09C'est quand même moi
00:28:10qui ai donné le déclic.
00:28:11C'est très courageux.
00:28:12Et certains qui m'avaient dit...
00:28:13Enfin...
00:28:14J'avais un petit peu anticipé.
00:28:15Anticipé.
00:28:16À ma très modeste mesure,
00:28:17bien entendu.
00:28:18Il y avait une certaine personnalité
00:28:19qui m'avait dit
00:28:20on te suivra le lendemain.
00:28:22Tintin.
00:28:23Il n'y avait plus personne derrière.
00:28:25Mais je ne le regrette pas à l'instant.
00:28:27Et l'enterrement de ma mère
00:28:28était difficile parce que...
00:28:32C'est la seule fois de ma vie
00:28:33où j'ai eu des paparazzis
00:28:34qui venaient me suivre
00:28:35pour l'enterrement de ma mère
00:28:36parce que c'était quand même
00:28:37assez désobligeant.
00:28:38Mais donc un enterrement
00:28:40sur lequel se précipitent
00:28:42des paparazzis, c'est ça ?
00:28:43Oui.
00:28:44Des photos.
00:28:46Et certains font de l'humour.
00:28:48Oui, Stéphane Guillon
00:28:49qui dit que j'avais tué ma mère.
00:28:51Je l'ai attaqué.
00:28:53J'ai perdu.
00:28:55J'ai même monté en cassation.
00:28:57J'étais jusqu'au bout.
00:29:00Ah, ça explique alors
00:29:02un peu mieux un épisode.
00:29:03Je ne savais pas
00:29:04si nous l'aborderions.
00:29:05Mais pour moi, il a beaucoup compté.
00:29:08Où vous auriez pu jouer
00:29:09un rôle décisif.
00:29:11J'espère que vous le jouerez un jour.
00:29:13Ça va s'en dire.
00:29:15Et à plusieurs reprises,
00:29:17vous avez eu l'histoire
00:29:18et vous aurez, j'espère,
00:29:19l'histoire au bout des doigts.
00:29:21Mais nous sommes en 2017.
00:29:24Vous êtes assez dur
00:29:25avec François Fillon.
00:29:27Il y a les déboires que l'on sait.
00:29:30Et c'est posé la question,
00:29:32pour tout dire, c'est moi
00:29:33qui ai posé la question,
00:29:34vous en avez rendu témoignage
00:29:35un jour dans Valeurs Actuelles,
00:29:38de votre désistement
00:29:39dès le premier tour
00:29:41en faveur de François Fillon
00:29:43pour le secourir
00:29:44face à la Horde.
00:29:45On a compris que la Horde
00:29:47venait de l'étranger
00:29:48et qu'on ne pardonnait pas
00:29:49à François Fillon
00:29:50ses relations avec la Russie.
00:29:51En réalité, c'était ça.
00:29:52On a monté une cabale
00:29:54de l'au-delà des mers,
00:29:55comme disait le Général,
00:29:56pour le discréditer
00:29:57aux yeux des Français.
00:29:59Mais vous savez,
00:30:00vos 4,5%,
00:30:02il suffisait de lui donner
00:30:04le tiers.
00:30:06Là, nous sommes au premier tour
00:30:08pour qu'il passe devant Marine Le Pen.
00:30:10On est arrivé à 20%,
00:30:11Marine Le Pen à 21%,
00:30:12un peu plus.
00:30:14Et ça a failli se faire.
00:30:16Enfin, ça a failli se faire.
00:30:17Mais vous n'avez pas
00:30:18tellement poussé les feux.
00:30:19Enfin, vous aviez des tracas
00:30:20à ce moment-là, je vois.
00:30:21Non, non.
00:30:22C'est pas du tout ça, l'histoire.
00:30:24C'est pas du tout ça.
00:30:25Racontez-nous ça,
00:30:26parce que ça a beaucoup compté.
00:30:27Je vais vous dire là exactement
00:30:28l'histoire.
00:30:29Ça aurait pu changer tout.
00:30:30En tous les cas,
00:30:31empêcher l'élection de Macron.
00:30:32Et ça, je le regrette.
00:30:34Mais les torts
00:30:36n'étaient pas de mon côté.
00:30:38Serge Dassault.
00:30:39C'est vrai.
00:30:40Serge Dassault, un jour, m'appelle.
00:30:42C'était tôt.
00:30:44C'était en janvier.
00:30:46En janvier 2017.
00:30:48Il m'appelle en disant
00:30:49Nicolas, tu es à 1% dans les sondages,
00:30:510,5.
00:30:53Cette candidature n'a aucun sens.
00:30:56Est-ce que tu es prêt
00:30:57à ce que j'organise
00:30:58un rendez-vous avec François Fillon ?
00:31:01C'est pas le bon moment en janvier.
00:31:03Non, mais...
00:31:05C'était peut-être février, d'ailleurs.
00:31:07Mais c'était avant
00:31:09la déclaration
00:31:11de candidature officielle.
00:31:13C'était février, peut-être.
00:31:15Je lui dis, écoute,
00:31:17j'ai pas fondamentalement envie,
00:31:19mais tu as peut-être raison.
00:31:21En tout cas, c'est toujours bien
00:31:23qu'on discute.
00:31:24Mais tu sais, François Fillon
00:31:25ne veut pas me parler depuis des mois.
00:31:27La dernière fois que je l'ai vu,
00:31:28c'était en juillet 2016.
00:31:30Et donc,
00:31:32si tu y arrives,
00:31:34très bien.
00:31:35Et Serge Dassault me dit,
00:31:37je te rappelle.
00:31:38Il ne me rappelle pas.
00:31:39Un jour, je rappelle Serge Dassault.
00:31:41Je lui dis, mais tu m'avais dit
00:31:42que tu voyais François Fillon.
00:31:43Moi, j'étais à 1%, il faut être honnête.
00:31:45Pour finir à 4,5.
00:31:47Oui, mais autour de moi,
00:31:48dans mon équipe,
00:31:49je me souviens qu'on avait fait
00:31:51un comité politique
00:31:52avec un sondeur
00:31:54et qu'il avait cassé le moral
00:31:56de toute mon équipe
00:31:57en disant, le pauvre Nicolas,
00:31:59tu ne dépasseras jamais 1%.
00:32:01Donc, mon équipe
00:32:03n'avait pas le moral.
00:32:04Et j'avais dit, il faut tenir.
00:32:06Mais, je rappelle Serge Dassault,
00:32:08parce que mon équipe me dit,
00:32:09notamment un certain jeune homme
00:32:12qui après est passé chez Marine Le Pen
00:32:14et qui me disait,
00:32:16il faut faire alliance avec François Fillon,
00:32:17il faut rejoindre François Fillon.
00:32:18Un palier de gens,
00:32:19Philippe Tanguy.
00:32:20Il faut rejoindre François Fillon,
00:32:22il faut rejoindre François Fillon.
00:32:23Et donc,
00:32:25c'était assez cocasse,
00:32:27un peu sérieux.
00:32:28Et je dis, non.
00:32:30Nous défendons une pensée,
00:32:32notamment la différence avec François Fillon,
00:32:34elle était sur l'affaire de la souveraineté,
00:32:35puisqu'il m'avait traité de forfaiture
00:32:37quand j'avais dénoncé
00:32:38le traité de Lisbonne, quand même.
00:32:40Donc, c'était quand même une affaire,
00:32:42et vous qui êtes attaché à la souveraineté,
00:32:43fondamentale.
00:32:44Bon, bref.
00:32:45Mais, j'ouvre la porte.
00:32:46On ne fait pas de politique sans alliance.
00:32:48Oui, mais quand même, là,
00:32:50j'avais quitté l'UMP,
00:32:51ne l'oubliez jamais,
00:32:52sur mon refus.
00:32:53Non, on va y revenir.
00:32:54Sur la chose sérieuse,
00:32:55la souveraineté des pays.
00:32:56Le refus du...
00:32:58Bon, bref.
00:32:59La constitution européenne.
00:33:00Mais, j'ouvre la porte.
00:33:02Sincèrement.
00:33:03J'ouvre la porte en me disant,
00:33:04c'est toujours bon de me voir.
00:33:06Et, Serge Lasso me rappelle,
00:33:08en me disant,
00:33:10j'ai échoué,
00:33:11François Fillon m'a répondu,
00:33:13je ne traite pas avec quelqu'un
00:33:15qui fait 0,5%.
00:33:16Alors, attendez,
00:33:17l'épisode auquel je pense,
00:33:19et dont j'étais un peu l'acteur et l'instigateur,
00:33:21se situe deux mois plus tard,
00:33:22c'est-à-dire...
00:33:23Oui, deux mois plus tard,
00:33:24moi, ma campagne était lancée.
00:33:25Et voilà, c'était...
00:33:26Vous ne pouvez pas arrêter un train en marche.
00:33:27Enfin, il y avait un rendez-vous prévu,
00:33:29c'était quinze jours après le Trocadéro,
00:33:31c'est-à-dire vers le 20 mars.
00:33:33C'est trop tard.
00:33:35Mais moi, je n'étais pas digne vis-à-vis des...
00:33:37C'était presque deux mois avant le premier tour.
00:33:39Et je vous avais dit à l'époque,
00:33:41souvenez-vous, que François Fillon...
00:33:42Mais vous n'étiez pas opposé.
00:33:43J'ai...
00:33:44Un rendez-vous était esquissé...
00:33:46Non, un rendez-vous était esquissé rue Frédéric-le-Play,
00:33:48je me souviens.
00:33:50Et vous étiez d'accord pour y aller.
00:33:52Et votre directeur de campagne
00:33:54était d'accord pour y aller.
00:33:55Mais finalement, c'est François Fillon qui a reculé.
00:33:57Ah oui.
00:33:58Donc je vous dédouane.
00:34:00Mais c'était mon obsession...
00:34:02Mais François Fillon, vous savez...
00:34:04Je me souviens très bien de ce débat.
00:34:06Oui, enfin, c'était infiniment mieux qu'Emmanuel Macron.
00:34:08Mais on est tous d'accord.
00:34:10Mais sauf que, vous savez,
00:34:12est-ce que François Fillon voulait gagner ?
00:34:14Je me souviens très bien de François Fillon
00:34:16au débat
00:34:18où nous étions tous organisés par BFM.
00:34:20J'étais à la gauche d'Emmanuel Macron.
00:34:22François Fillon était en face.
00:34:24François Fillon n'était que tout sourire pour Emmanuel Macron.
00:34:26En permanence.
00:34:28Ils étaient complices dans ce débat.
00:34:30Au sens, pas complice, il n'y avait pas d'histoire.
00:34:32Il n'y avait aucune...
00:34:34François Fillon est quelqu'un de droit.
00:34:36Contrairement à ce qu'on croit.
00:34:38Ce qu'on a dit, scandaleusement.
00:34:40Et là, je l'ai défendu.
00:34:42Mais ce que je veux dire, c'est qu'idéologiquement,
00:34:44sur l'Europe,
00:34:46sur la souveraineté,
00:34:48à chaque fois que Macron disait quelque chose
00:34:50ou que Fillon disait quelque chose,
00:34:52ils étaient en accord
00:34:54vis-à-vis de Marine Le Pen
00:34:56ou de moi.
00:34:58Soyons clairs.
00:35:00Et le problème de François Fillon, c'est qu'en politique étrangère,
00:35:02vous avez raison,
00:35:04il avait totalement raison.
00:35:06C'est-à-dire qu'il a été...
00:35:08Tout à fait.
00:35:10En politique étrangère, mais en politique européenne,
00:35:12malheureusement, il était convaincu
00:35:14que l'Union Européenne
00:35:16devait
00:35:18reprendre la souveraineté de la France.
00:35:20Il faut quand même le dire.
00:35:22C'est quand même la question cruciale.
00:35:24C'est tout mon combat politique.
00:35:26Pour vous, c'est le cœur de votre combat.
00:35:28Tout le reste, c'est la littérature.
00:35:30Revenons à vos premières années,
00:35:32après ce petit détour.
00:35:34Je souhaitais le faire.
00:35:36Vous avez donc
00:35:38une passion politique qui tombe...
00:35:40Je croyais du ciel.
00:35:42Non, elle vient de l'histoire.
00:35:44Elle vient de la passion pour l'histoire.
00:35:46Et d'un grand intérêt
00:35:48pour le général de Gaulle aussi.
00:35:50Une passion.
00:35:52Une passion.
00:35:54Vous lisez de Gaulle ?
00:35:56J'ai lu tout.
00:35:58J'ai lu Malraux.
00:36:00J'ai lu Perfit.
00:36:02J'ai tout lu.
00:36:04D'ailleurs, ma femme m'en a marre
00:36:06parce qu'il y a une bibliothèque entière de de Gaulle.
00:36:08Elle me dit...
00:36:10Mais tous les bons français
00:36:12ont de Gaulle.
00:36:14Sauf ceux qui ne l'aiment pas.
00:36:16Prémonceau aussi.
00:36:18J'aime
00:36:20le personnage Prémonceau
00:36:22malgré tous ses défauts.
00:36:24Et ses erreurs.
00:36:26Mais quand même, un grand bonhomme.
00:36:30La dernière année de 1917...
00:36:32Merci Prémonceau.
00:36:36Sauf qu'en 1918,
00:36:38il fallait aller jusqu'en Allemagne.
00:36:42Qui n'a pas fait d'erreur.
00:36:44Qui n'a pas commis d'erreur,
00:36:46en 1917,
00:36:48il fallait aller ressaisir la nation.
00:36:52Vous savez...
00:36:54Heureusement qu'ils ont été là.
00:36:56Heureusement qu'il y avait des grands hommes.
00:36:58Mais il y a des grands hommes.
00:37:00Le problème, c'est que les circonstances
00:37:02ne permettent pas de les faire écœurer.
00:37:04Ou peut-être parce que les grands hommes
00:37:06n'ont pas le courage d'être de grands hommes.
00:37:08Peut-être. En tout cas...
00:37:10Enfin...
00:37:12Moi je vais vous dire, si on part au bout des choses, juste sur ce point.
00:37:15Allons-y.
00:37:16Le problème de fond aujourd'hui, c'est la capacité de parler au français, de casser
00:37:22ce miroir.
00:37:23Le lien.
00:37:24Oui, parce que nous sommes dans un système de propagande jamais vu.
00:37:29Et c'est ça moi, ma hantise, c'est que vous pouvez écrire des livres, vous pouvez
00:37:36avoir la pensée cohérente, on n'est pas parfait bien sûr, mais on a l'impression
00:37:41d'être enfermé dans du verre.
00:37:45Je vous ai amené ça d'ailleurs, vous m'avez demandé de vous amener des objets.
00:37:48Un objet fétiche si on peut dire.
00:37:51Non mais allons-y.
00:37:52Ça vous savez pas qui c'est quoi ? Ça m'a intrigué de vous voir arriver à
00:37:55la maison avec cette boule de verre.
00:37:59En fait ça m'a été remis par les Danois, qui étaient hostiles, qui avaient voté non
00:38:06aux traités européens.
00:38:07Oui, en 92 déjà.
00:38:09Jan Spiterbond.
00:38:10Jan Spiterbond.
00:38:11Ils m'ont invité au Danemark, à Copenhague, je ne sais plus en quelle année, juste après
00:38:16le référendum français.
00:38:17Et ils m'ont offert ça parce que j'avais été l'un quand même des acteurs du non.
00:38:22Celui de Maastricht non ? Vous étiez trop jeune.
00:38:24Non, celui de 2005.
00:38:25La constitution européenne.
00:38:262005.
00:38:27J'étais dans un parti, l'UMP, qui votait oui.
00:38:30Oui, oui.
00:38:31Ça a été la rupture.
00:38:32Ça a été le début de la rupture.
00:38:33Et j'ai fait campagne pour le non et ça re-symbolise une boule de neige.
00:38:39Et ils m'ont dit, on vous offre cette boule parce qu'au début la boule de neige est toute
00:38:45petite et vous avez le courage de la faire et vous ferez boule de neige.
00:38:50Et c'est la valanche.
00:38:51Voilà.
00:38:52Et donc ça j'ai toujours gardé parce que c'est en fait la seule victoire nationale
00:38:57que j'ai eue dans ma vie.
00:38:58Le référendum.
00:38:59J'ai eu des victoires locales législatives extraordinaires.
00:39:01J'ai eu des victoires municipales extraordinaires.
00:39:04J'étais gâté.
00:39:05Six élections législatives remportées, quatre municipales.
00:39:08Vous êtes très aimé dans votre circonscription.
00:39:11Mais j'ai quand même...
00:39:12Et jusqu'à maintenant, je suis un peu frustré au niveau national.
00:39:15Et la vraie victoire...
00:39:16Vous êtes 60 ans.
00:39:17C'est rien.
00:39:18Oui, c'est rien.
00:39:19Mais enfin, c'est frustrant.
00:39:20Parce que j'aimerais convaincre davantage.
00:39:22Mais la vraie victoire nationale, quand on a commencé la campagne du référendum, je
00:39:28m'en souviens très bien.
00:39:29Je vous le vois encore dans l'Assemblée nationale avec Jean-Pierre Raffarin passant
00:39:33devant moi.
00:39:34« Mon cher Nicolas, bon courage, vous ferez peut-être 30 %, vous ferez 30 %, le mépris
00:39:41qu'on a subi.
00:39:42Et puis, le peuple qui vote non.
00:39:44»
00:39:45Ça a été un des plus beaux jours de ma vie politique.
00:39:47Oui, oui.
00:39:48Et ça symbolise qu'on peut...
00:39:50Il ne faut jamais se poser la question de savoir si on est petit.
00:39:53Et puis, j'avais beaucoup reproché à Philippe Séguin.
00:39:57J'ai eu les défauts inverses, peut-être.
00:40:01Parfois, de partir seul et d'aller au combat.
00:40:03De se plier.
00:40:04Mais j'avais beaucoup d'admiration pour Philippe Séguin, avec qui vous le savez bien
00:40:09que j'avais suivi.
00:40:10Notamment, je le sais, mais vous l'avez connu, grâce à moi, chère amie, en 93.
00:40:14Exactement.
00:40:15Mais Philippe Séguin, je lui avais reproché, je lui avais dit d'aller en face à des
00:40:20moments où il aurait dû y aller, sortir de sa coquille, aller devant les peuples.
00:40:27Il s'est évanoui.
00:40:28Et donc, moi, ça m'a beaucoup marqué.
00:40:30À ne pas faire.
00:40:31Exactement.
00:40:32Alors, parfois, j'ai peut-être trop, à l'inverse, été candidat.
00:40:37Non, mais vous êtes allé au combat aussi avec Philippe Devilliers, j'en témoigne.
00:40:40Oui, oui, aux élections européennes de 99.
00:40:43Et nous avions écrit en 2004 un livre en commun, d'ailleurs, Ne laissons pas mourir
00:40:48la France, le citez-vous-le.
00:40:49Il faudrait que je le relise, parce qu'on n'a pas dit de...
00:40:51C'est une correspondance entre vous et moi, on s'amusait à...
00:40:55Albin Michel avait connu un certain succès, il a été invité par Ardisson, je me souviens.
00:41:01Tout ce qu'on avait annoncé, Philippe Devilliers, Jean-Pierre Chevènement, Philippe Séguin,
00:41:06Charles Pasqua, Jean-Marie Lepède et d'autres, tout ce qui a été annoncé...
00:41:09C'est vrai.
00:41:10Ce qu'on a annoncé et que j'ai suivi, je les ai suivis, puis j'ai repris le flambeau
00:41:15avec d'autres.
00:41:16Tout ce qu'on a annoncé s'est produit.
00:41:19On ne peut pas dire qu'on était des cassants...
00:41:21Y compris ceux de la crise agricole, par exemple, qui déploient ces...
00:41:24C'est pas parce qu'on était des devins, parce qu'on a un cerveau et...
00:41:29Non, parce qu'on a la grille, et la grille, elle a vraiment été donnée pour vous par
00:41:35le général de Gaulle, ça j'en suis sûr.
00:41:37Je pense que vous avez une lecture de l'histoire trégolienne, au fond capétienne, je ne sais
00:41:42pas si vous le reconnaîtrez ou pas, c'est-à-dire l'autorité de l'État contre les féodalités,
00:41:47les féodalités syndicales, les féodalités occultes, les féodalités médiatiques, c'est
00:41:54le moins qu'on puisse dire, l'autorité de l'État face aux féodalités et la souveraineté
00:41:59de la nation face aux hégémonies et aux empires.
00:42:02Mais c'est toute l'histoire de France.
00:42:03C'est ce que j'allais dire, c'est toute l'histoire de France.
00:42:05Et de Gaulle l'a magnifiquement réactualisé.
00:42:08Ceux qui sont faibles face aux féodalités intérieures sont faibles face aux puissances extérieures.
00:42:11Il faudrait peut-être un troisième terme, pour moi le souverainisme est un triptyque.
00:42:15Il y a aussi l'originalité de la civilisation française.
00:42:23En tous les cas, la fidélité de la France à soi-même comme civilisation.
00:42:28Et civilisation chrétienne, en grande partie chrétienne.
00:42:31Parce que vous êtes chrétien aussi, plus ou moins, sans ostentation.
00:42:37Pourquoi sans ostentation ? Parce que je pense que ça relève du privé.
00:42:42Catholique et romain d'ailleurs, je dis chrétien mais catholique.
00:42:44Ça relève du privé.
00:42:46Alors c'est vrai que j'ai été trop pudique mais...
00:42:49Ah oui ?
00:42:50Oui mais je vais vous dire, j'ai une famille...
00:42:52Et merci de l'être moi aujourd'hui pour la première fois.
00:42:55J'ai une famille et j'avais été très marqué par l'étalage des familles dans la vie politique.
00:43:01Notamment, je ne sais pas si vous vous souvenez de ce meeting où j'avais été candidat contre Sarkozy à l'UMP.
00:43:06Et où il y avait son fils qui lui disait bonne chance papa sur un écran géant.
00:43:11Et après que les hommes politiques se plaignent, que les journalistes viennent ausculter leur vie privée.
00:43:18Donc je crois qu'il faut être cohérent.
00:43:20Si on ne veut pas que les journalistes auscultent notre vie privée, il ne faut pas l'étaler.
00:43:24Et en faire commerce.
00:43:26Ah ça vous n'étalez pas la vôtre.
00:43:28Vous avez une femme magnifique qui est avocate mais qui vous aide beaucoup.
00:43:32Deux enfants, deux filles.
00:43:34Mais elles ne veulent pas et elles sont grandes maintenant.
00:43:36J'ai commis qu'une seule erreur, il n'y a qu'un portrait de ma fille.
00:43:39Je venais d'être élu député et le Figaro magazine m'avait demandé un reportage.
00:43:44Et alors on a été dans la forêt à côté de notre maison ailleurs.
00:43:47Ma fille en vélo.
00:43:49Et ma femme est rentrée en me disant
00:43:51Ça suffit.
00:43:52C'est la première et la dernière fois.
00:43:54C'est une connerie, c'est la première et la dernière fois.
00:43:56Je te moine que votre femme a un fameux caractère.
00:43:58Donc elle est d'origine corse.
00:44:00Corse.
00:44:01Moitié corse.
00:44:02Et elle m'a dit, c'est la dernière fois parce que nos enfants ne doivent pas être exposés.
00:44:07Et elle avait totalement raison.
00:44:09Je lui ai dit, tu as raison, c'est la première et la dernière fois.
00:44:12Et j'ai toujours refusé tout.
00:44:15Parfois Valérie a accepté une présidentielle, une photo.
00:44:20Avec elle ?
00:44:21Avec elle et encore elle ne veut pas.
00:44:23Mais je crois que c'est aussi bien.
00:44:25Parce qu'on ne peut pas demander.
00:44:27On ne peut pas faire étalage de sa vie privée.
00:44:29Et après dire, quand ça nous arrange.
00:44:32On montre ses enfants, sa famille.
00:44:34On joue les bons couples.
00:44:36Et quand ça ne nous arrange pas dehors.
00:44:38Là, il faut se mettre aussi à la place de la presse.
00:44:40Vous m'avez raconté, pour retrouver notre fil, que vous alliez de temps en temps à l'Assemblée Nationale.
00:44:44Voir les débats.
00:44:45Ça vous est arrivé alors que vous étiez très jeune.
00:44:48Oui.
00:44:49Encarté au RPR.
00:44:50A quelle année êtes-vous entré au RPR ?
00:44:52Très tard en fait.
00:44:53Je vais être très franc avec vous.
00:44:54Très tard ?
00:44:55Oui, très tard.
00:44:56Je vais vous dire pourquoi.
00:44:57Parce que j'ai une admiration sans borne pour Philippe Séguin.
00:45:01Charles Pasqua Séguin.
00:45:03Mon premier engagement, ça s'appelait Demain la France.
00:45:07Ça s'appelait exactement Demain la France.
00:45:09Demain la France.
00:45:10C'était Chirac-Pasqua.
00:45:11Non, Pasqua-Séguin.
00:45:14Pasqua-Séguin qui avait essayé de faire un coup d'État contre Chirac.
00:45:16En 91.
00:45:17En 91.
00:45:18Je me souviens très bien.
00:45:19Et ça, c'était moi.
00:45:20Au sens.
00:45:21En revanche, Chirac, je n'avais pas.
00:45:24Il faut être honnête.
00:45:25Je n'ai jamais eu d'intôme crochu.
00:45:27Je suis très franc avec vous.
00:45:28Jamais.
00:45:29En revanche, Pasqua-Séguin représentait exactement Demain la France.
00:45:35Les livrets qui avaient été écrits.
00:45:37Je me souviens, ils avaient un siège rue.
00:45:39C'était rue Marignan, je crois.
00:45:41Non, Marignan.
00:45:42Rue Bayard.
00:45:43Non.
00:45:44Enfin, qu'importe.
00:45:45Et c'était mon esprit.
00:45:47C'est-à-dire ce que j'appelle le vrai gaullisme.
00:45:55L'indépendance de la France.
00:45:57Une vision sociale.
00:45:58La souveraineté, etc.
00:46:01Et puis, après Chirac, j'avoue que je n'ai jamais accroché.
00:46:04Mais j'ai adhéré.
00:46:05C'est Philippe Séguin qui m'a dit qu'il faut adhérer.
00:46:08J'ai adhéré très tard.
00:46:09J'ai adhéré en 92 ou 92.
00:46:13Vous aviez 21 ans.
00:46:14Non.
00:46:15Ah oui, 30 ans.
00:46:16Non, non.
00:46:17J'ai adhéré très tard.
00:46:18Je témoigne quand même qu'en 86, pour le premier sommet de la francophonie.
00:46:21C'est-à-dire comme ça qu'on s'est rencontrés.
00:46:24Oui, tout à fait.
00:46:25J'étais passionné par la francophonie.
00:46:28Vous étiez passionné par la francophonie.
00:46:29Et là, 86, vous avez 25 ans.
00:46:31Oui, tout à fait.
00:46:32Avec un de nos amis communs.
00:46:33Oui.
00:46:34Grâce auquel nous nous sommes connus.
00:46:37Vous avez organisé autant de manifestations que possible
00:46:41pour montrer que la francophonie intéressait les jeunes Français.
00:46:44Oui, j'étais à l'école.
00:46:45Ça s'appelait Île-de-France-Avenir.
00:46:47On avait fondé avec un copain une association.
00:46:50Et on faisait des débats.
00:46:52On a toujours été des agitateurs.
00:46:54J'avais même proposé, pour 89,
00:46:56j'avais même imprimé une brochure,
00:46:58je ne sais pas d'où ça venait,
00:47:00pour qu'on ait une exposition universelle en France.
00:47:0389, pourquoi ?
00:47:04Pour le bicentenaire de la Révolution.
00:47:06Passons là-dessus.
00:47:07Moi, j'avais proposé ça.
00:47:09Je voulais une grande exposition universelle.
00:47:11Vous avez un petit côté républicain.
00:47:13Je le dis parfait.
00:47:14Je crois à la synthèse entre le passé millénaire de la France
00:47:18et la République.
00:47:19Comme de Gaulle, d'ailleurs.
00:47:20J'y crois profondément.
00:47:21Et d'ailleurs, ce n'est que la poursuite.
00:47:23Là-dessus, c'est notre différence.
00:47:25Vous êtes arrêté parfois un peu tôt.
00:47:27Non, je déteste comme vous, d'ailleurs,
00:47:30ceux de nos contemporains très nombreux
00:47:32qui font débuter l'histoire de France
00:47:34à la Révolution française au XVIIIe.
00:47:36Il y a une continuité historique
00:47:38avec laquelle il faut se réconcilier.
00:47:40Parce que l'épaisseur de la politique française
00:47:44millénaire,
00:47:45que l'on appelle capétienne,
00:47:47c'est un peu la même chose.
00:47:49Et quelle actualité !
00:47:50L'autorité de l'État face aux féodalités
00:47:52et l'indépendance de la nation
00:47:54face aux empires et aux hégémonies.
00:47:56On est en plein dedans.
00:47:57Et puis, le troisième terme,
00:47:59j'insiste,
00:48:00la continuité de la civilisation française
00:48:02et de la langue française.
00:48:04Autre combat que vous avez,
00:48:06grâce auquel nous sommes connus
00:48:08à l'occasion de présenter la francophonie.
00:48:10Et vous avez mené un combat
00:48:12totalement différent de celui
00:48:14que vous avez mené à l'époque.
00:48:16Vous avez mené un combat
00:48:18totalement solitaire
00:48:20pour que les brevets, par exemple,
00:48:22échappent aux accords de Londres.
00:48:24Jacques Chirac avait résisté
00:48:26et Nicolas Sarkozy a cédé
00:48:28sous la pression de Valérie Pécresse.
00:48:30Ça a beaucoup d'influence.
00:48:32Vous l'aviez vu juste là-dessus.
00:48:34Le fait de pouvoir déposer
00:48:36des brevets en anglais
00:48:38pénalise les entreprises françaises
00:48:40et notamment les petites entreprises
00:48:42qui ne peuvent pas se payer
00:48:44Bref.
00:48:46Études ?
00:48:48Sciences Po, donc ?
00:48:50D'abord, j'ai hésité.
00:48:52Je voulais être architecte.
00:48:54J'ai beaucoup hésité à être architecte.
00:48:56J'avais une passion de l'architecture.
00:48:58Des maisons ?
00:49:00Des immeubles.
00:49:02Pendant toute ma jeunesse,
00:49:04j'ai dessiné des villes, des maisons,
00:49:06des immeubles, etc.
00:49:08C'est pour ça que j'étais très heureux
00:49:10quand j'ai été maire
00:49:12de chasser les promoteurs indélicats
00:49:14et les médiocrités architecturales
00:49:16de ma ville.
00:49:18Donc, les promoteurs
00:49:20n'aimaient pas du tout venir chez nous
00:49:22parce que je leur dis
00:49:24qu'il faut changer ça.
00:49:26C'est le maire qui décide de l'urbanisme.
00:49:28En effet, les promoteurs ne sont pas contents.
00:49:30Pas du tout.
00:49:32Mais on a fait de très belles réalisations.
00:49:34Vous avez restauré la maison Caillebotte, par exemple.
00:49:36J'aime beaucoup l'architecture.
00:49:38J'ai failli être architecte.
00:49:40Donc, j'ai...
00:49:42J'avais vraiment hésité
00:49:44quand j'étais en première terminale
00:49:46à faire de l'architecte.
00:49:48Et puis,
00:49:50la passion de la politique était trop forte
00:49:52donc j'ai fait Sciences Po.
00:49:54Je me suis beaucoup amusé.
00:49:56Ce n'était pas Sciences Po d'aujourd'hui.
00:49:58D'ailleurs, j'ai écrit une lettre au directeur de Sciences Po
00:50:00parce que j'ai reçu, en tant qu'ancien élève,
00:50:02des publicités pour financer Sciences Po.
00:50:04Quand je lis ce qui est écrit,
00:50:06j'ai écrit une lettre sur ce qu'est la République
00:50:08et sur la citoyenneté et l'égalité des citoyens.
00:50:10Mais...
00:50:12Les frais de scolarité sont devenus énormes
00:50:14pour payer une nomenclature affreuse.
00:50:16Les cours en anglais.
00:50:18La majorité des cours sont en anglais à Sciences Po.
00:50:20Attendez, il faut que je vous raconte une anecdote.
00:50:22Je ne sais pas si on peut. Ce n'est pas le genre de l'émission.
00:50:24Bien sûr.
00:50:26J'ai fait un débat à Sciences Po.
00:50:28Il y avait une association qui m'a invité.
00:50:30Des courageuses élèves de Sciences Po.
00:50:32Et alors, je ne comprenais pas, il y avait deux dames
00:50:34à mes côtés et de moi
00:50:36à l'association.
00:50:38Donc, je fais mon marathin.
00:50:40Pourquoi je suis candidat ?
00:50:42La France ? Et tout.
00:50:44Et puis, à la fin,
00:50:46le président de l'association étudiante
00:50:48qui m'avait invité, un peu gêné,
00:50:50dit, maintenant,
00:50:52compte tenu des...
00:50:54des...
00:50:56des demandes de la direction de Sciences Po
00:50:58pour les invités politiques,
00:51:00nous avons deux professeurs de l'Institut
00:51:02qui sont des fact-checkers
00:51:04qui vont nous donner leur avis
00:51:06sur ce que vous avez dit de vrai et de faux.
00:51:08Effrayant.
00:51:10Et alors, j'ai deux personnes
00:51:12dont une
00:51:14d'un autre pays où je n'ai rien contre.
00:51:16Norvégienne, Suédoise ou Hollandaise
00:51:18qui commence à dire, M. Dupont-Aignan
00:51:20n'a pas compris que l'Union Européenne
00:51:22était la libération des peuples.
00:51:24Ses théories sur l'Europe
00:51:26sont démagogiques, populistes
00:51:28et machin.
00:51:30Alors là, je l'ai interrompu tout de suite.
00:51:32Moi, on est en Union soviétique sous Staline.
00:51:34C'est l'école du parti, Sciences Po.
00:51:36C'est la censure. On est où, là ?
00:51:38Alors, tollé d'âme,
00:51:40mais
00:51:42vous n'aurez plus le droit de venir à Sciences Po
00:51:44si je n'ai plus le droit de donner votre... Attendez,
00:51:46c'était pas fini. Et après, l'autre commence,
00:51:48trois minutes après, sur l'écologie.
00:51:50M. Dupont-Aignan ne connaît pas le réchauffement climatique.
00:51:52Il est contre
00:51:54les éoliennes, alors que les éoliennes,
00:51:56c'est génial. J'ai dit, écoute, on arrête.
00:51:58La liberté d'expression,
00:52:01et vous avez arrêté. Je me suis levé, je suis parti.
00:52:03Vous avez fait ça quelques fois.
00:52:05C'était un des exemples de votre chorale.
00:52:07Vous êtes devenu célèbre
00:52:09en engueulant certains journalistes qui dépassent
00:52:11les bornes de la mauvaise foi et de la...
00:52:13Oui, ça m'a joué des tours.
00:52:15Non, c'est très courageux.
00:52:17Aucun homme politique a le courage de faire ce que vous avez
00:52:19fait plusieurs fois, c'est-à-dire de quitter la droite.
00:52:21J'ai fait avec Apathy.
00:52:23Et puis, un certain Cohen aussi.
00:52:25Et puis, j'ai parti de TF1 quand même.
00:52:27Ça, ça a été mon hors de gloire.
00:52:29Je le fais sincèrement parce que c'était tellement injuste.
00:52:31Parce qu'à la présidentielle de 2017...
00:52:33C'est rare pour ceux qui ont ce courage.
00:52:35Oui, mais à la présidentielle de 2017,
00:52:37le débat à 5 où j'ai été exclu,
00:52:41si j'avais été au débat initial,
00:52:43j'aurais pas été à 4,7.
00:52:47Alors, poursuivons
00:52:49le cheminot. Ça devient un peu plus
00:52:51banal, pardon,
00:52:53vous passez l'ENA, vous entrez à l'ENA.
00:52:55J'entre à l'ENA. Alors, pourquoi l'ENA ?
00:52:57Impression spot, c'est normal.
00:52:59Non, je vais vous dire,
00:53:01je vais être très franc.
00:53:03J'aimais l'État quand même.
00:53:05J'avais une idée de l'État.
00:53:07Mais quand j'ai vite fait un stage,
00:53:09j'ai fait un stage en préfecture,
00:53:11puis un stage,
00:53:13enfin bref, des stages, et que j'ai vu l'ENA,
00:53:15j'ai compris que l'État, il n'y avait plus d'État.
00:53:17Je me suis dit, d'abord,
00:53:19je suis trop désobéissant,
00:53:21j'ai trop de liberté de parole, je suis trop politique
00:53:23pour être un bon administrateur.
00:53:25Et vu la déliquescence de l'État...
00:53:27C'était la fin des années 80, ça.
00:53:29J'accepterai jamais. Donc, j'ai très vite compris que j'étais pas
00:53:31fait pour ça. Mais, j'ai fait l'ENA
00:53:33pour très simplement, parce que je me disais,
00:53:35moi,
00:53:37petit français
00:53:39d'un milieu qui connaît rien à la politique,
00:53:41je n'accèderai jamais,
00:53:43je ne pourrai jamais,
00:53:45entre guillemets, accéder à des fonctions politiques,
00:53:47connaître des gens, si je ne
00:53:49ne fais pas cette école. Donc, je l'ai fait pour ça,
00:53:51il faut être honnête. C'était une sorte de brevet.
00:53:53Voilà.
00:53:55J'ai été très déçu,
00:53:57sincèrement. Autant,
00:53:59je me suis régalé à Sciences Po,
00:54:01parce que malgré tout, il y avait
00:54:03une ébullition, on pouvait lire, on pouvait
00:54:05écrire, on pouvait... Autant à l'ENA,
00:54:07j'ai trouvé que c'était une école d'une pauvreté.
00:54:09Et voyez, le plus grave,
00:54:11et je crois que ce qui explique
00:54:13toute la décadence de notre
00:54:15récente époque,
00:54:17de ces deux dernières générations,
00:54:19c'est qu'au fond d'eux-mêmes,
00:54:21dans leur tête, pour eux, la France
00:54:23c'est fini. Et à partir du moment
00:54:25où dans leur tête, la France
00:54:27c'est fini, comment voulez-vous
00:54:29qu'ils puissent
00:54:31se lever contre une
00:54:33ingérence extérieure,
00:54:35contre une féridalité intérieure,
00:54:37contre
00:54:39une immigration massive, dangereuse,
00:54:41parce que pour eux, en fait,
00:54:43on est un État américain.
00:54:45En fait, ils raisonnent,
00:54:47tous ces hauts fonctionnaires, beaucoup, pas tous,
00:54:49il y en a qui sont très bien, attention,
00:54:51mais l'ensemble du milieu
00:54:53raisonne comme s'ils étaient
00:54:55au service du gouverneur de Californie ou de Floride.
00:54:57Mais pas au service
00:54:59du président de l'Allemagne. Ou de l'Allemagne via Bruxelles,
00:55:01enfin, ils ont l'obéissance
00:55:03extérieure chevillée au corps.
00:55:05Ils ont tiré un trait
00:55:07sur la nation.
00:55:09Or, c'est absurde
00:55:11dans le concert
00:55:13des nations, puisque des pays
00:55:15beaucoup plus petits que les nôtres
00:55:17existent et sont fiers d'eux-mêmes.
00:55:19Vous allez au Maroc, vous allez en Suisse...
00:55:21C'est la grande maladie française qui est une maladie des...
00:55:23Mais qui n'est pas nouvelle.
00:55:25Mais qui est en élite, qui sont des oligarchies,
00:55:27tout simplement. Qui ont abandonné.
00:55:29Et ça, je l'ai ressenti,
00:55:31mais vraiment,
00:55:33dès la première semaine à l'ENA.
00:55:35C'est pas que les
00:55:37êtres étaient mauvais,
00:55:39il y avait des gens très bien,
00:55:41mais c'est que, comme
00:55:43l'ensemble avait abandonné,
00:55:45ils se pliaient.
00:55:47Et moi, je ne me suis jamais plié.
00:55:49Alors, quand même,
00:55:51RPR, Pasqua,
00:55:53Séguin, vous rencontrez
00:55:55Séguin.
00:55:57Et vous étiez
00:55:59à l'époque,
00:56:01c'est normal, quand on a fait l'ENA, on va dans un cabinet
00:56:03ministériel. Très vite, vous êtes entré
00:56:05dans un cabinet ministériel.
00:56:07Non, on prend les cabinets
00:56:09qu'il y a, tout simplement.
00:56:11Je crois que vous avez d'abord été chez Michel Barnier, ou je me trompe ?
00:56:13Non, j'ai été chez Bayrou d'abord.
00:56:15Et je vais vous dire pourquoi j'ai été chez
00:56:17Bayrou, parce que ce n'était pas
00:56:19ma couleur politique.
00:56:21C'était Balladur qui venait d'être nommé Premier ministre.
00:56:23Et Xavier Darkos,
00:56:25qui était RPR,
00:56:27que je connaissais,
00:56:29m'appelle en me disant,
00:56:31vous travaillez à la préfecture de la région de France,
00:56:33vous êtes un des vrais spécialistes, à l'époque,
00:56:35qu'on appelait la politique de la ville, des quartiers.
00:56:37Et Bayrou, en tant que ministre de l'éducation,
00:56:39cherche quelqu'un qui connaît
00:56:41cette question des quartiers.
00:56:43Et moi, l'éducation, pour moi,
00:56:45c'est un des d'autres défis.
00:56:47Parce que là aussi, le déclin de la France depuis 30 ans,
00:56:49c'est la dictature
00:56:51pédagogiste au sein de l'éducation,
00:56:53de l'instruction publique.
00:56:55Je préfère le mot d'instruction publique.
00:56:57Parce que c'est mon côté très Troisième République, ça.
00:56:59L'instruction publique.
00:57:01Et donc,
00:57:03je me dis, Bayrou, c'est un centriste,
00:57:05mais je le rencontre,
00:57:07et je trouve qu'il a un grand talent.
00:57:09Il s'est mis des malappris.
00:57:11Et je me dis, pourquoi pas aller avec lui.
00:57:13Il me propose d'être son chef de cabinet.
00:57:15Je vais faire des choses, la politique de la ville.
00:57:17Ça ne dure pas très longtemps.
00:57:19Au bout de 6 mois, j'ai compris.
00:57:21Ça ne se passe pas très bien.
00:57:23Ensuite, vous allez au cabinet de Michel Barnier.
00:57:25Après Michel Barnier, auprès duquel
00:57:27j'avais fait mon stage de l'ENA en Savoie
00:57:29pour les Jeux Olympiques d'hiver,
00:57:31me rappelle, et c'est vrai que je lui avais fait
00:57:33une infidélité en allant chez Bayrou,
00:57:35alors qu'il voulait me prendre.
00:57:37C'est un peu la même eau.
00:57:39À l'époque, il n'avait pas eu
00:57:41la foi révélée de Bruxelles.
00:57:43J'en témoigne.
00:57:45Je lui ai dit franchement
00:57:47ce que j'en pensais.
00:57:49Arrive 1995.
00:57:51Et là, il y a la rivalité Baladur-Chirac.
00:57:53Et cette rivalité Baladur-Chirac
00:57:55ne me plaît pas parce que je n'ai jamais aimé
00:57:57Baladur et je n'ai jamais aimé Chirac,
00:57:59fondamentalement. Et moi, j'étais pour Philippe Séguin.
00:58:01Je me souviens, à l'époque, tout jeune,
00:58:03d'aller voir Philippe Séguin, président de l'Assemblée Nationale,
00:58:06et lui dire « Présentez-vous, mon Dieu ! ».
00:58:08Je sais, on était quelques-uns.
00:58:10Il était à son cabinet à ce moment-là
00:58:12et il n'a pas voulu.
00:58:14Il connaissait la marche arrière, Philippe Séguin.
00:58:16Oui, malheureusement. Paix à son âme,
00:58:18mais c'est vrai.
00:58:20Je dis à Philippe Séguin
00:58:22« Présentez-vous,
00:58:24bousculez les gens politiques ! »
00:58:26Il s'écrase.
00:58:28Avant d'attendre, on attend,
00:58:30et jamais rien ne vient.
00:58:32Prenez-en de la graine.
00:58:34Parfois, j'étais trop pressé.
00:58:36Tout cela pour dire que, en 95,
00:58:38je ne veux pas choisir entre Chirac et Balladur.
00:58:40Barnier choisissait Balladur.
00:58:42Je lui dis « Non, je ne veux quand même pas Balladur.
00:58:44Chirac, je ne veux pas de lien particulier.
00:58:46Et je sentais que ça allait finir
00:58:48en centristes déguisés.
00:58:50Et donc, je dis...
00:58:52Radical-socialisme.
00:58:54Je dis « Ecoutez, moi, tout ça, ça ne m'intéresse pas.
00:58:56Il faut que je sois élu, que je sois libre, indépendant.
00:58:58Je vais me présenter.
00:59:00Vous êtes présenté hier.
00:59:02RPR très correct.
00:59:04Sans racines particulières ailleurs.
00:59:06Et en collant tout de suite au terrain.
00:59:08Il y avait eu, très simplement,
00:59:10dans cette ville, un maire RPR malhonnête
00:59:12qui avait fait des faux
00:59:14en écriture publique
00:59:16entre 1983 et 1989
00:59:18qui avait été balayé
00:59:20par les socialistes
00:59:22par un socialiste très mauvais
00:59:24qui était avant lui, d'ailleurs.
00:59:26Ça faisait 18 ans que cette ville
00:59:28était entre deux maires
00:59:30d'une médiocrité
00:59:32et d'une honnêteté relative
00:59:34et personne ne voulait aller dans cette ville.
00:59:36Le RPR avait cherché des candidats.
00:59:38Personne ne voulait y aller.
00:59:40C'était une circonscription...
00:59:42C'était votre chance.
00:59:44C'était une circonscription socialiste depuis toujours.
00:59:46Michel Bersand qui était élu depuis 18 ans.
00:59:48Et avant, c'était une circonscription communiste
00:59:50avec Corbeil.
00:59:52Et vous arrivez à la conquérir comment ?
00:59:54Très jeune alors, en 95.
00:59:56En 95, j'avais 34 ans.
00:59:58Il m'a toujours suivi dans mes aventures.
01:00:00Puisque je lui dis
01:00:02en novembre 1994
01:00:04Le RPR me propose d'être candidat.
01:00:06Les élections étaient en mars.
01:00:08Les élections étaient le 18 juin.
01:00:10Le RPR me propose
01:00:12d'être candidat là.
01:00:14Est-ce qu'on va aller voir ?
01:00:16Nous n'avions même pas de voiture.
01:00:18Nous commençions juste.
01:00:20J'avais une vieille voiture de mon oncle.
01:00:22On débarqua hier.
01:00:24La ville était dans un état de ruine absolue.
01:00:26Je lui dis
01:00:28on va louer un truc.
01:00:30On a loué un petit appartement.
01:00:32Et puis j'ai été voir les RPR.
01:00:34Ils étaient 8.
01:00:36Il n'y avait plus personne.
01:00:38Et il y avait une dame très courageuse qui s'appelait Nicole Lamotte
01:00:40qui avait été candidate au cantonal.
01:00:42Parce que le RPR était symbole de pourriture là-bas.
01:00:44De malhonnêteté.
01:00:46A cause du maire précédent.
01:00:48Et Michel Barnier a été extraordinaire.
01:00:50J'étais à son cabinet.
01:00:52Et Michel Barnier a accepté de venir
01:00:54pour me donner une sorte de légitimité.
01:00:56Un ministre qui vient.
01:00:58Nous avons loué un vieux garage.
01:01:00C'est un personnage très agréable Michel Barnier.
01:01:02Il faut le dire.
01:01:04Nous avons loué un vieux garage.
01:01:06Ma belle-mère a pris une bombe de peinture
01:01:08et sur un drap a marqué hier ensemble.
01:01:10Ma femme a acheté un pot de fleurs.
01:01:12Il y avait 10 personnes dans la permanence.
01:01:1410 personnes.
01:01:16Je ne connaissais personne.
01:01:18Et on a fait venir le ministre.
01:01:20Il y a eu un article dans le Parisien.
01:01:22Un énarque parachuté.
01:01:24Banal.
01:01:26Libération a fait un petit article en disant
01:01:28que je serais banané au premier tour.
01:01:30Tout le monde rigolait.
01:01:32Et j'ai dit
01:01:34écoutez
01:01:36moi je n'ai plus rien.
01:01:38Je savais que je n'irais dans plus aucun cabinet
01:01:40puisque je n'avais pas envie d'aller avec Balladur
01:01:42ni avec Chirac.
01:01:44La vie de cabinet des petits marquis ne m'intéressait pas.
01:01:46Et je me suis dit
01:01:48je n'ai qu'une solution c'est d'être élu.
01:01:50Et donc j'ai sonné à 8000 portes.
01:01:52Portes à portes.
01:01:548000 portes.
01:01:56On a bossé comme des fous et c'est la boule de neige.
01:01:58On n'a commencé rien.
01:02:00Ça s'est agrégé.
01:02:02J'ai viré tous les anciens
01:02:04qui avaient eu affaire avec
01:02:06les municipalités précédentes.
01:02:08J'ai fait une équipe neuve.
01:02:10Et il y a eu un feeling.
01:02:12Et j'ai été élu quand même au premier tour le 18 juin.
01:02:14A la surprise absolument générale.
01:02:16Ça c'était le coup de théâtre.
01:02:18Alors après j'ai fait que ça.
01:02:20Parce que la ville était en ruine, menacée de surendettement.
01:02:22On investissait énormément dans cette ville.
01:02:24J'ai beaucoup travaillé.
01:02:26L'urbanisme.
01:02:28Reprendre un budget qui était très déficitaire.
01:02:30Des dettes.
01:02:32Au point que j'ai abandonné mon travail.
01:02:34Je me suis consacré pendant un an à que la ville.
01:02:36Ma femme m'a aidé.
01:02:38Vous vous êtes mis en disponibilité.
01:02:40Je me suis mis complètement.
01:02:42C'est de l'héroïsme ça.
01:02:44Mais la ville était vraiment en ruine.
01:02:46Menacée de faillite.
01:02:48Un budget très très endetté.
01:02:50Sous tutelle quasiment.
01:02:52Et donc j'ai refusé la tutelle.
01:02:54Et j'ai dit on va prendre des mesures qui s'imposent.
01:02:56J'ai augmenté fortement les impôts.
01:02:58J'ai réduit fortement les dépenses.
01:03:00J'ai eu des manifestations de 5000 personnes.
01:03:02Ça a été costaud au début.
01:03:04Et voyez ce qui est intéressant.
01:03:06Comme leçon.
01:03:08C'est que parce que j'étais neuf.
01:03:10Parce que je n'avais pas d'attache dans la ville.
01:03:12Parce que je n'étais pas un notable.
01:03:14J'ai pris les mesures qui s'imposaient.
01:03:16Vraiment. De rigueur financière.
01:03:18C'était très dur.
01:03:205000 personnes venant dans la mairie.
01:03:22J'ai ouvert les portes et je suis sorti.
01:03:24Ils me conspuaient.
01:03:26Et j'aurais dit mais venez.
01:03:28C'est chez vous.
01:03:30Moi je prends les mesures pour vous.
01:03:32C'est pas moi qui ai endetté la ville.
01:03:34Et on a retourné la situation.
01:03:36Mais du coup vous êtes élu en 97.
01:03:38Et ce qui est très surprenant.
01:03:40C'est qu'en 97,
01:03:43il y a eu une dissolution.
01:03:45L'élection était prévue pour 98.
01:03:47Je voulais l'investiture législative.
01:03:49Je voulais l'investiture législative.
01:03:51Et tout le monde me disait
01:03:53Michel Berson socialiste
01:03:55est incrusté ici depuis 20 ans.
01:03:57Cette circonscription a toujours été de gauche.
01:03:59Toujours de gauche. Ce centre gauche.
01:04:01Vous n'allez y revenir jamais.
01:04:03D'ailleurs c'est pour ça que personne ne voulait être candidat hier.
01:04:05Parce que personne ne pensait pouvoir
01:04:07gagner une législative.
01:04:09Et puis il y a eu la dissolution.
01:04:13Ça a été très juste pour avoir l'investiture.
01:04:15Entre temps, pour gagner un peu ma vie,
01:04:17Jean-François Mancel
01:04:19m'avait pris comme directeur des études au RPR.
01:04:21Donc j'étais quand même
01:04:23près du coeur du truc.
01:04:25Et Jean-François Mancel m'aimait bien.
01:04:27Et il m'a donné l'investiture.
01:04:29Alors que le maire voisin est trigué
01:04:31pour l'avoir.
01:04:33Et j'ai eu l'investiture
01:04:35mais à rien.
01:04:37Parce que tout le monde pensait que personne pouvait gagner cette circonscription.
01:04:39C'est pour ça aussi qu'on me l'a donné.
01:04:41Ensuite, des RPR ont dit
01:04:43que c'est la plus grosse bêtise qu'on a fait de notre vie.
01:04:45Ben la preuve que non.
01:04:47Vous l'avez toujours.
01:04:49Vous avez toujours la circonscription.
01:04:51Oui mais je n'ai pas été obéissant comme ils le souhaitaient.
01:04:53Vis-à-vis du RPR.
01:04:55Vis-à-vis des oligarques.
01:04:57Et donc,
01:04:59j'ai gagné
01:05:01a contrario de toute la France
01:05:03à 75 voix.
01:05:0575 voix.
01:05:07A contrario parce que la dissolution avait ramené...
01:05:09Une majorité sociale.
01:05:11Et voilà comment j'ai été élu.
01:05:13Une circonscription 30 ans plus tard.
01:05:15Vous l'avez toujours.
01:05:17Et circonscription que j'ai conservée
01:05:19très difficilement en 2017.
01:05:21Puisque tous les médias
01:05:23français étaient venus.
01:05:25Faut que je vous raconte quand même
01:05:27ce qui se passe parfois.
01:05:29En 2017, je soutiens Marine Le Pen.
01:05:31J'ai des manifestations organisées par toute la gauche
01:05:33de tout le département, de toute l'île de France.
01:05:35Des reportages
01:05:37malhonnêtes où France Télévisions
01:05:39TF1, RTL, Vienne
01:05:41cherchent évidemment que les gens
01:05:43qui sont contre moi au marché.
01:05:45Ah bah M. Dupoignant l'aimait bien
01:05:47mais il nous a trahis, c'est un fasciste.
01:05:49Ils interviewent
01:05:51évidemment que des gens qui sont hostiles.
01:05:53Il fallait la mort
01:05:55de ce type.
01:05:57Il fallait que le type qui a soutenu Marine Le Pen
01:05:59perde aux législatives.
01:06:01Il fallait qu'il perde.
01:06:03Il fallait qu'il meure symboliquement.
01:06:05Le détachement de la population
01:06:07d'hier est tel que vous êtes réélu.
01:06:09Et le soir des élections
01:06:112017
01:06:13vous aviez des camions
01:06:15télévisés
01:06:17avec des paraboles
01:06:19venus assister à la mort
01:06:21de celui qui avait soutenu
01:06:23Marine Le Pen.
01:06:25Attendez la suite.
01:06:27Je gagne de juste 52%
01:06:29à la surprise générale.
01:06:31Tous les camions
01:06:33de télévision s'en vont.
01:06:35On m'annonce battu sur BFM.
01:06:41Tous les camions s'en vont.
01:06:43Quel système carcéral.
01:06:45Un petit journaliste arrive devant
01:06:47ma permanence
01:06:49à minuit de BFM
01:06:51tout seul.
01:06:53Sur BFM vous m'annoncez battu.
01:06:55C'est quand même gênant, je suis réélu.
01:06:57Il me dit oui c'est pour ça que je suis resté.
01:06:59Je vais essayer de vous faire un duplex.
01:07:01Et à minuit j'ai quand même eu un duplex
01:07:03sur BFM alors là je peux vous dire
01:07:05je me suis payé.
01:07:07Vous m'annoncez battu depuis 20h.
01:07:09Je suis réélu.
01:07:11Mais comme je suis réélu, toutes les télévisions
01:07:13toutes les radios de France sont parties.
01:07:15Le journaliste en question a été censuré.
01:07:17Ça a vraiment été diffusé.
01:07:19Ça a été diffusé.
01:07:21C'est pour vous dire que
01:07:23vous êtes très courageux face au système
01:07:25médiatique.
01:07:27C'est à quel point
01:07:29Vous savez c'est ce qui mène le bal.
01:07:31Oui mais c'est là où je vous dis
01:07:33Les hommes politiques sont à 4 pattes, pas vous.
01:07:35Quand je vous dis que
01:07:37le problème de fond
01:07:39parce qu'il y a des gens qui pensent
01:07:41comme nous entre guillemets
01:07:43et parce que je pense qu'il y a une majorité de français
01:07:45derrière la souveraineté, on l'a vu au référendum.
01:07:47Derrière l'indépendance, derrière la reconstruction
01:07:49de l'état, derrière une justice sociale minimum.
01:07:51Mais le problème de fond
01:07:53c'est ce miroir médiatique
01:07:55qui déforme tout.
01:07:57C'est un des problèmes majeurs.
01:07:59C'est pas un miroir, c'est une
01:08:01machine de propagande.
01:08:03Le système médiatique n'est plus
01:08:05on le voit aujourd'hui à propos de la Russie par exemple
01:08:07et on l'a vu à
01:08:09de multiples reprises sur la question européenne
01:08:11le système médiatique ne joue pas
01:08:13son rôle qui est essentiel en démocratie
01:08:15pourtant et il fait exactement l'inverse.
01:08:17L'inverse.
01:08:19Ce qu'il y a c'est que tous les hommes politiques que j'ai vus s'y soumettent, pas vous.
01:08:21Et ça je vous en félicite.
01:08:23Oui mais je le paye très cher.
01:08:25Parce que vous êtes passé à travers
01:08:27le feu et vous êtes indemne.
01:08:29Oui je suis indemne mais
01:08:31les français
01:08:33ont du mal
01:08:35à connaître le fond de ma pensée
01:08:37de ma personnalité parce que
01:08:39même en 2022 je n'ai eu
01:08:41aucune grande émission politique pour la présidentielle.
01:08:43Aucune.
01:08:45En 2017
01:08:47je ne les ai pas eues non plus et malgré ça
01:08:49on a fait 5%.
01:08:51Mais si j'avais le quart du dixième qu'ont les autres
01:08:53c'est peut-être prétentieux
01:08:55mais au moins on pourrait savoir
01:08:57si en grandeur réelle
01:08:59je peux émerger.
01:09:01Car je pense que je suis au bon centre de gravité
01:09:03entre les républicains
01:09:05qui ont abandonné la souveraineté
01:09:07et le rassemblement national.
01:09:09Vous êtes exactement au centre de gravité de la politique française.
01:09:11Je n'ai pas l'effet de seuil.
01:09:13Philippe de Villiers avait une expression
01:09:15intéressante
01:09:17qui est l'hélicoptère.
01:09:19Il me disait toujours Philippe de Villiers parce qu'il a eu le problème.
01:09:21Alors maintenant il est adulé sur ses news
01:09:23on lui fait une grande émission mais c'est un peu tard.
01:09:25Et ce n'est pas la faute de ses news.
01:09:27Ce que je veux dire c'est qu'il avait un talent.
01:09:29On l'a cassé.
01:09:31Comme Jean-Pierre Chauvinement.
01:09:33Quand il a eu 15% ils l'ont détruit ensuite.
01:09:35J'ai assisté à tout ça.
01:09:37Philippe Séguin
01:09:39Charles Pasqua.
01:09:41Ce que je veux dire c'est qu'il y avait des hommes de valeur
01:09:43qui auraient pu faire quelque chose
01:09:45avec le pays.
01:09:47Ils ont été dégommés.
01:09:49Il est perdu de rencontrer les français.
01:09:51Et l'enjeu
01:09:53pourquoi je me bats
01:09:55pourquoi j'ai créé ma chaîne Youtube
01:09:57pourquoi je me bats sur les réseaux sociaux
01:09:59pourquoi je me bats partout
01:10:01pourquoi j'arrache chaque émission
01:10:03parce que je veux pouvoir avoir cette rencontre
01:10:05avec les français.
01:10:07Je ne veux pas m'avouer vaincu parce que je suis censuré.
01:10:09Nicolas Dupont-Aignan
01:10:11il nous reste une dizaine de minutes
01:10:13mais j'ai un peu insisté sur cette
01:10:15première partie de votre vie
01:10:18et je répète
01:10:20elle gagne à être connue. Votre courage
01:10:22votre ténacité sont louables
01:10:24mais pas assez connues. Vous voilà député.
01:10:26Ensuite arrivent
01:10:28quelques échéances importantes
01:10:30notamment la création
01:10:32de Debout la France
01:10:34Debout la République, pardon, une association
01:10:36qui est au sein du RPR
01:10:38de l'UMP
01:10:40Ah de l'UMP ou déjà du temps de l'UMP
01:10:42non non elle a été créée avant
01:10:44en 99
01:10:46L'UMP c'est 2001
01:10:48Je sais j'en étais mort mon cher
01:10:50Je m'aperçois que le président
01:10:52a moins de mémoire que ses militants
01:10:54Oui en 99
01:10:56je crois que le RPR
01:10:58perd un peu le goulisme
01:11:00Vous quittez le RPR pour entrer
01:11:02au RPF que crée Pasqua
01:11:04et là nous nous retrouvons
01:11:06et ça existe déjà
01:11:08demain la République comme association
01:11:10Debout la République
01:11:12C'est vrai que vous me rappelez tout ça
01:11:14Qu'est-ce qui se passe ? Je suis élu en 97
01:11:16Philippe Séguin est président du RPR
01:11:18Oui
01:11:20Il me nomme d'ailleurs responsable des fédérations
01:11:22et là je suis déniaisé politiquement
01:11:24Je suis à un étage
01:11:26rue de Lille
01:11:28où il y a Philippe Séguin
01:11:30François Fillon, Charles Pasqua
01:11:32Nicolas Sarkozy
01:11:34Voilà
01:11:36et moi
01:11:38et je suis
01:11:40un petit jeune naïf
01:11:42tout tendre
01:11:44tout frais au milieu de Grand Fos
01:11:46alors
01:11:48on peut le dire maintenant c'est très intéressant
01:11:50Philippe Séguin avait de l'affection pour moi
01:11:52je lui avais écrit des discours
01:11:54des morceaux de discours beaucoup moins que vous
01:11:56mais il me demandait des papiers
01:11:58pour voir ce que je valais je pense
01:12:00et puis
01:12:02Philippe Séguin, j'étais responsable des fédérations
01:12:04c'est à dire les nominations
01:12:06Sarkozy avait tout fait
01:12:08pour pas que je sois nommé
01:12:10et Charles Pasqua
01:12:12avait conforté
01:12:14ma nomination
01:12:16parce que
01:12:18il ne voulait pas que Sarkozy
01:12:20il était secrétaire général
01:12:22et c'est de là que
01:12:24Sarkozy a eu
01:12:26une quasi, pas haine mais
01:12:28rejet de moi total
01:12:30parce que j'étais l'obstacle
01:12:32un jour
01:12:34Philippe Séguin me demande de nommer
01:12:36c'était le président, moi j'obéissais à Philippe Séguin
01:12:38Sarkozy me convoque
01:12:40et dit on nomme pas ce type là
01:12:42j'irai voir Philippe quand on ira voir un match de foot
01:12:44et tu vas m'obéir
01:12:46et je lui dis non
01:12:48j'obéis au président
01:12:50et là il s'approche de moi
01:12:52j'ai cru qu'il allait me taper dessus
01:12:54il était rouge écarlate à l'embrassure de la fenêtre
01:12:56il me dit sache que ici c'est moi qui commande
01:12:58que Philippe il n'est que président
01:13:00et lui il est celui
01:13:02vous savez ce qui lui donnait cette assurance
01:13:04alors attendez je vois
01:13:06je me souviens de cette scène extraordinaire
01:13:08et je lui dis
01:13:10mais Nicolas
01:13:12pourquoi tu as peur de moi
01:13:14j'obéis à Philippe Séguin
01:13:16je suis le royal
01:13:18en quoi je te gêne
01:13:20tu es secrétaire général
01:13:22tu as été ministre, tu es connu
01:13:24je ne suis rien
01:13:26pourquoi cette agressivité m'a dégagé
01:13:28il était rouge, il était là
01:13:30et à l'embrassure de la porte j'ouvre encore la scène
01:13:32et il me dit oh tu sais
01:13:34c'est la politique on descend vite
01:13:36on monte vite
01:13:38vous savez ce qui lui donnait cette assurance
01:13:40vous l'avez compris rétrospectivement
01:13:42Nicolas Sarkozy avait choisi Balladur
01:13:44c'était donc déconsidéré
01:13:46mais là c'était après
01:13:48oui je parle de 1995
01:13:50c'était donc déconsidéré
01:13:52lui le grand ambitieux
01:13:54et il a conclu un pacte avec le diable
01:13:56il est devenu au RPR
01:13:58Séguin le savait
01:14:00et a tenté de jouer avec lui contre Chirac
01:14:02mais il savait qu'il avait affaire
01:14:04Séguin m'a dit
01:14:06c'est l'homme des américains Sarkozy
01:14:08ça lui donnait beaucoup d'assurance
01:14:10déjà
01:14:12et il l'a montré plus tard en accédant
01:14:14miraculeusement
01:14:16c'est de là qu'est venu notre conflit
01:14:18originel
01:14:20c'est que j'étais loyal comme homme politique
01:14:22à Philippe Séguin
01:14:24mais Philippe me désavouait systématiquement
01:14:26parce que Sarkozy l'embobinait
01:14:28quand ils allaient voir un match de foot
01:14:30c'est ce qu'il y avait derrière Sarkozy
01:14:32c'est tout
01:14:34avant même ça
01:14:36il y a le traité d'Amsterdam
01:14:381997
01:14:4098
01:14:42début 98
01:14:4497
01:14:46la ratification parlementaire
01:14:4898
01:14:50et là
01:14:52je dis à Philippe Séguin
01:14:54on ne peut pas voter le traité d'Amsterdam
01:14:56c'est la fin de la politique
01:14:58on est obligé, Chirac l'exige
01:15:00mais j'ai dit à Philippe Séguin si vous votez ça
01:15:02c'est contraire à tout ce que vous avez dit
01:15:04ah mais je suis obligé
01:15:06c'était Séguin
01:15:08la marche arrière
01:15:10et je lui dis je voterai contre
01:15:12je vous virerai
01:15:14j'ai voté contre avec Nicolas Cattala
01:15:16nous étions les deux seuls membres
01:15:18de la direction
01:15:20dans l'instant
01:15:22Philippe Séguin m'a téléphoné
01:15:24en me disant Nicolas je vous avais prévenu
01:15:26je suis obligé de vous virer de la direction
01:15:28Chirac l'exige
01:15:30Philippe allez-y
01:15:32je suis jeune député
01:15:34j'étais du noyauté extrême
01:15:36j'ai tout fait pour vous
01:15:38je suis fidèle à mes convictions
01:15:40je suis parti
01:15:42suite à ça je suis resté député RPR
01:15:44Philippe
01:15:46j'étais très fâché contre lui
01:15:48parce que j'avais été le plus fidèle
01:15:50j'étais le premier sacrifié
01:15:52pour obéir à Chirac qui signait un traité
01:15:55c'était le traité d'Amsterdam
01:15:57la libéralisation du droit de l'homme
01:15:59le pire c'est que le dit Séguin était opposé au traité d'Amsterdam
01:16:01et il aurait dû résister
01:16:03et bon bref
01:16:05mais tout ça pour vous dire
01:16:07c'est pourquoi ça a abouti
01:16:09que quand Pasqua et Villiers ont monté leur liste
01:16:11j'ai dit
01:16:13moi basta
01:16:15je vais les soutenir parce qu'ils défendent la souveraineté
01:16:17voilà
01:16:19alors là j'ai quitté le RPR provisoirement
01:16:21et j'ai fondé Debout la République
01:16:23ensuite je suis revenu au RPR
01:16:25parce que l'aventure Pasqua-Villiers
01:16:27a fini en
01:16:29Cerf-Boudin
01:16:31et puis je suis revenu au RPR
01:16:33on a fondé Debout la République
01:16:35en juin
01:16:372006 mois après être entré au RPF
01:16:39vous quittez le RPF
01:16:41bah oui parce que
01:16:43le même jour que moi d'ailleurs
01:16:45nous avons démissionné en même temps
01:16:47moi j'étais élu député dans l'intervalle
01:16:49et nous avons démissionné en même temps
01:16:51on se souvient encore de notre communauté qui est commun
01:16:53on voyait bien que le RPF
01:16:55ne tenait pas la route hélas
01:16:57et à ce moment là vous vous investissez
01:16:59de nouveau dans le RPR
01:17:01dont Jacques Chirac
01:17:03et un certain Monod
01:17:05font l'UMP
01:17:07pour faire un parti centriste
01:17:09c'est l'absorption du gaullisme
01:17:11définitif hélas
01:17:13et c'est la porte ouverte au FN
01:17:15et finalement oui c'est la disparition du RPR
01:17:17c'est la porte ouverte au FN
01:17:19j'ai compris que Jacques Chirac a beaucoup favorisé
01:17:21l'émergence du FN
01:17:23comme Mitterrand l'avait fait
01:17:25et vous vous présentez
01:17:27courageusement ou alors fallait-il partir
01:17:29à ce moment là je ne sais pas
01:17:31contre Alain Juppé qui était destiné
01:17:33à être le premier président de la dite UMP
01:17:35en 2001, là nous sommes en 2001
01:17:37non nous sommes en 2002
01:17:39après
01:17:41il y a un nouveau parti
01:17:43j'étais contre la disparition du RPR
01:17:45j'étais quand même un peu agité
01:17:47j'étais parti quand même au RPF
01:17:49je suis revenu, je n'allais pas repartir tout de suite
01:17:51je me présente
01:17:53face à Alain Juppé
01:17:55et là 15%
01:17:57officiel
01:17:59ah oui c'était plus encore
01:18:01l'ordinateur avait bugué
01:18:03et là j'ai découvert
01:18:05qu'aux deux élections à la présidence de l'UMP
01:18:07ils avaient triché
01:18:09ils avaient triché gravement
01:18:11et c'est pour ça que je suis parti
01:18:13et c'est pour ça que je n'ai jamais pu le prouver totalement
01:18:15si ce n'est que
01:18:17j'avais pris un cabinet d'études informatique
01:18:19pour analyser le système informatique
01:18:21et que le cabinet d'études m'a appelé en disant
01:18:23nous avons reçu un coup de téléphone
01:18:25d'une haute autorité
01:18:27ministérielle
01:18:29nous perdons des commandes de l'état
01:18:31si nous contrôlons le système
01:18:33mais c'était déjà bien 15%
01:18:35c'était bien 15%
01:18:37mais c'était beaucoup plus
01:18:39c'était pas plus pour moi
01:18:41c'était plus contre Juppé
01:18:43c'était pas pour moi
01:18:45j'étais la balle
01:18:47qui était le grand homme de l'absorption du gaullisme
01:18:49qui le détestait
01:18:51et on l'a vu à posteriori
01:18:53et puis après
01:18:55je me suis représenté face à Sarkozy
01:18:57et là Sarkozy m'a reçu
01:18:59dans son bureau du ministère des finances
01:19:01la veille du scrutin
01:19:03je lui ai dit si je suis à moins de 10%
01:19:05ça voudra dire que
01:19:07il y a grosse tricherie
01:19:09j'aurais dû dire 20
01:19:11j'étais autour de 22
01:19:13et là si vous voulez
01:19:15quand vous êtes dans un parti politique
01:19:17qui manipule à ce point
01:19:19pour rien parce que ça n'a aucun sens
01:19:21que je sois à 20, 10 ou 15
01:19:23mais qui à ce point veut écraser tout le monde
01:19:25qui a aucune
01:19:27j'étais en désaccord profond
01:19:29après il y a eu l'affaire 2005
01:19:31le référendum
01:19:33et après le référendum
01:19:35là vous jouez un grand rôle aux côtés de Philippe Devilliers
01:19:37Philippe Séguin en sourdine
01:19:39parce qu'il était vice-président
01:19:41de la cour des comptes
01:19:43et finalement
01:19:45le nom l'emporte
01:19:47mais ça ne sert à rien
01:19:49on est atterré et on entre dans le totalitarisme
01:19:51et pire que ça
01:19:53il y a le traité de Lisbonne
01:19:55et là trop c'est trop
01:19:57je quitte définitivement l'UMP
01:19:59je crée debout la République
01:20:01debout la France comme parti
01:20:03on va aux européennes
01:20:05voilà moi j'ai essayé
01:20:07parce que je ne peux pas faire plus
01:20:09que ce que j'ai fait
01:20:11et j'ai eu des milliers de militants
01:20:13des millions de français qui m'ont soutenu
01:20:15en tout cas j'ai fait ce que je pouvais
01:20:17maintenant c'est pas fini
01:20:19et je persiste à penser
01:20:21qu'il faut une grande coalition patriote
01:20:23pour une vraie alternance
01:20:25vous avez montré l'exemple
01:20:27à nouveau courageusement en tendant la main à Marine Le Pen
01:20:29pour faire barrage à Emmanuel Macron
01:20:31beaucoup plus tard en 2017
01:20:33on est obligé d'enjamber un peu
01:20:35parce qu'après c'est toujours la même chose
01:20:37c'est à dire vous
01:20:39combat solitaire
01:20:41mais pas solitaire
01:20:43j'aime pas le terme
01:20:45vous l'avez reproché un jour
01:20:47mais oui mais vous êtes marrant
01:20:49quand vous partez de l'UMP et que personne ne vous suit
01:20:51de personnalité mais il y a des militants qui viennent
01:20:53qu'est-ce que vous faites ?
01:20:55on vous dit que vous êtes solitaire
01:20:57je suis solitaire parce que les gens ne sont pas courageux
01:20:59pas les gens en général
01:21:01les leaders
01:21:03on vous connait depuis longtemps
01:21:05on s'est rencontré en 86
01:21:07vous vous êtes beaucoup modifié
01:21:09et il y a chez vous une épaisseur
01:21:11qui n'était pas naturelle
01:21:13parce que votre optimisme
01:21:15et votre jeunesse d'esprit
01:21:17se sont longtemps vues
01:21:19il faut passer à une vitesse supérieure
01:21:21vous avez été
01:21:23déjà trois fois
01:21:25candidat à la présidentielle
01:21:27votre carrière
01:21:29au fond
01:21:31nationale est devant vous
01:21:33je le pense
01:21:35je le souhaite
01:21:37vous avez une grande épaisseur humaine
01:21:39vous aimez l'amitié
01:21:41là aussi je peux en témoigner
01:21:43vous êtes quelquefois
01:21:45vous passez sur
01:21:47des propos cruels
01:21:49j'ai une grande faculté d'oubli
01:21:51qui est une grande force dans la vie politique
01:21:53nous n'avons pas toujours eu des rapports apaisés
01:21:55vous lisez beaucoup disais-je
01:21:57et quand je vous ai demandé de venir avec un livre
01:22:00vous avez choisi à ma grande joie
01:22:02Georges Bernanos
01:22:04que représente
01:22:06Bernanos pour vous
01:22:12le sens
01:22:14le sens oui
01:22:16un sens
01:22:18une profondeur d'esprit
01:22:20contre l'énihilisme
01:22:22et
01:22:24l'espérance et le désespoir surmontés
01:22:26disait-il
01:22:28j'aime cette tension
01:22:30intime
01:22:32qu'il a
01:22:34vous comprenez ce que je
01:22:36oui
01:22:38c'est le curé de campagne
01:22:40c'est pas l'homme des certitudes
01:22:42c'est l'homme du doute surmonté
01:22:44et de la colère
01:22:46une lucidité
01:22:48totale
01:22:50une espérance
01:22:52un monarchiste
01:22:54ça c'est pas moi
01:22:56c'est parfait
01:22:58et alors ce visionnaire
01:23:00qui écrit en 1946
01:23:02la France contre les robots
01:23:04est-ce que c'est pas le grand enjeu aujourd'hui
01:23:06vous tombez pile sur ce qui me
01:23:08motive pour le combat des prochaines années
01:23:10c'est que
01:23:12toute ma vie politique
01:23:14les 30 dernières années ont été un combat
01:23:16pour la liberté de la France
01:23:18la souveraineté du pays
01:23:20mais ce qui a changé en tout cas en moi
01:23:22notamment avec la crise Covid
01:23:24c'est qu'on est passé je crois là
01:23:26à un combat pour la liberté de l'être
01:23:28qui se confond
01:23:30bien sûr avec la liberté de la France
01:23:32mais qui va plus loin
01:23:34et la crise Covid
01:23:36m'a beaucoup fait mûrir
01:23:38parce que là je me suis senti
01:23:40vraiment obligé
01:23:42de dire ce que j'ai dit
01:23:44de faire ce que j'ai dit
01:23:46qui était d'une impopularité totale
01:23:48parce que quand j'ai refusé les injections
01:23:50quand j'ai refusé le confinement
01:23:52ne pas dire vaccin
01:23:54parce que ce n'est pas un vaccin
01:23:56quand j'ai refusé ce qui s'est passé
01:23:58vraiment
01:24:00je peux vous dire que là j'en ai pris
01:24:02encore beaucoup plus plein la figure
01:24:04qu'au moment de Marine Le Pen
01:24:06parce que là c'est la liberté de l'être
01:24:08et on nous prépare
01:24:10une société
01:24:12une société mécanique
01:24:14absolument effrayante
01:24:16désincarnée, déshumanisée
01:24:18avec la fin
01:24:20des libertés individuelles
01:24:22et les français n'ont absolument pas conscience
01:24:24il faut être honnête
01:24:26de ce qui est en train de se présenter
01:24:28c'est ce que dit Bernanos
01:24:30la modernité conduit au totalitarisme
01:24:32et pas n'importe quel totalitarisme
01:24:34Dieu sait que les totalitarismes
01:24:36qui ont labouré le XXe siècle étaient graves
01:24:38mais celui là il est pernicieux
01:24:40jusqu'à l'humanité de l'homme
01:24:42je vous ai apporté aussi
01:24:44une petite chose que j'adore
01:24:46qui ne me quitte jamais
01:24:48le jeu d'été
01:24:50c'est dans une cité
01:24:52une cité de Vigneux
01:24:54qui était
01:24:56la ville la plus populaire
01:24:58de ma ville
01:25:00de ma circonscription avec 46 nationalités
01:25:02différentes
01:25:04c'est un petit enfant autiste
01:25:06qui m'a offert
01:25:08je crois que je l'ai acheté
01:25:10j'ai marqué 300 francs
01:25:12je sais pas
01:25:14à l'époque on parlait en francs
01:25:16je trouve
01:25:18puisque vous parliez de Bernanos
01:25:20cette petite sculpture
01:25:22ne me quitte jamais
01:25:24je la trouve
01:25:26tellement belle
01:25:28sur la fragilité de l'être
01:25:30et en même temps sa force
01:25:32par un enfant autiste
01:25:34d'un quartier populaire
01:25:36et c'est d'une beauté
01:25:38pour moi
01:25:40et ça incarne tout ce qu'on est
01:25:42votre femme Valérie a une grande passion pour les arts plastiques
01:25:44il faut lui rendre hommage
01:25:46pour l'avoir tellement secondé
01:25:48bien conseillé
01:25:50je suis très heureux quand vous me dites quelquefois
01:25:52ah tu me dis ce que Valérie me dit
01:25:54car nous nous tutoyons en réalité
01:25:56dans la vie courante
01:25:58et vous avez aussi
01:26:00apporté des vieux francs
01:26:02ça c'est un militant qui m'a offert ça
01:26:04et hier soir vous m'avez dit
01:26:06il faut apporter des objets qui vous touchent
01:26:08et bien ça c'est toujours près de moi
01:26:10ce sont les francs
01:26:12et c'est pas une nostalgie
01:26:14c'est pas une nostalgie
01:26:16c'est quand un pays
01:26:18perd sa monnaie
01:26:20il n'est plus souverain
01:26:22et on le paye tellement cher
01:26:24et là aussi c'est un combat que je n'ai pas gagné
01:26:26parce que
01:26:28ma première campagne présidentielle
01:26:30je l'ai fait sur la sortie de l'euro
01:26:32et j'ai bien vu que les gens ne comprenaient pas
01:26:34et que les gens ne voulaient pas voir
01:26:36mais ils le verront un jour
01:26:38parce qu'un pays qui n'a pas de monnaie
01:26:40ne peut pas vivre
01:26:42nous avons une grande amie
01:26:44c'est Marie-France Garot
01:26:46nous avons plusieurs fois vu ensemble
01:26:48vous avez été à très bonne école
01:26:50je sais pas
01:26:52mais en tout cas
01:26:54comment exprimer tout ça
01:26:56comment
01:26:58ne pas être dans la nostalgie
01:27:00car je crois que le défi
01:27:02et les défauts
01:27:04que j'ai pu avoir
01:27:06la nostalgie peut être créatrice
01:27:08oui elle peut être créatrice
01:27:10mais nous ne pouvons gagner la bataille
01:27:12regardez l'appel du 18 juin
01:27:14c'est un appel prospectif
01:27:16j'ai obéi à un appel venu du fond des âges
01:27:18dit le général
01:27:20c'est dans l'appel du 18 juin
01:27:22mais après
01:27:24il donne une espérance
01:27:26parce qu'il se plonge d'abord dans l'histoire
01:27:28et le temps long
01:27:30mais il faut qu'on arrive à dire aux français
01:27:32vous avez en vous même
01:27:34la capacité de dire non
01:27:37pour une société meilleure
01:27:39et là c'est plus la liberté de la France
01:27:41qui est en jeu, c'est la vôtre
01:27:43et
01:27:45ce qu'il y a de plus grave
01:27:47le projet d'euro numérique
01:27:49de carnet de santé numérique
01:27:51de passeport numérique
01:27:53de permis de conduire numérique
01:27:55sur la même application
01:27:59c'est la fin définitive
01:28:01de l'être humain libre
01:28:03de l'humanité de l'homme
01:28:05j'allais dire un gros mot
01:28:07mais quand est-ce qu'ils vont comprendre
01:28:09et quand je vois des gamins
01:28:11payer leur baguette avec leur truc
01:28:13bien sûr c'est pratique
01:28:15mais ça encore c'est séparé
01:28:17parce que l'Etat n'a pas le réseau bancaire
01:28:19bien qu'il l'ait demandé le maire
01:28:21mais le jour
01:28:23le jour
01:28:25où on passe à l'euro numérique
01:28:27c'est plus une carte
01:28:29séparée de l'Etat
01:28:31c'est l'Etat qui trace
01:28:33tous les comportements
01:28:35et les achats de consommation
01:28:37c'est notre vie
01:28:39donc c'est le combat
01:28:41que je veux mener
01:28:43pour les années à venir
01:28:45la liberté
01:28:47et la paix
01:28:49alors autre combat
01:28:51l'indépendance de la nation
01:28:53mais ça c'est pas nouveau
01:28:55la France puissance
01:28:57indépendante
01:28:59et d'équilibre face
01:29:01à la folie du totalitarisme
01:29:03atlantique
01:29:05et la folie de l'argent
01:29:07et aux folies de l'islamisme
01:29:09non moins totalitaire
01:29:11et qui s'appellent l'un l'autre
01:29:13on appelle ça l'islamérique
01:29:15et ces abrutis ont toujours rien compris
01:29:17que sans la Russie
01:29:19il n'y a pas de capacité
01:29:21à gérer le Moyen-Orient et l'Afrique
01:29:23et il n'y a pas d'Europe
01:29:25il n'y a pas d'Europe au 21ème siècle
01:29:27vous vous rendez compte tout ce que vous avez à faire
01:29:29ça je le ferai avec beaucoup d'autres
01:29:31heureusement que vous avez beaucoup d'énergie
01:29:33que vous êtes jeune
01:29:35au milieu des politiciens
01:29:37remarquez, contre les élections américaines
01:29:39on a encore de la marge
01:29:41une trentaine d'années
01:29:43au cours des trente ans
01:29:45une vingtaine d'années
01:29:47le compte à rebours a sonné
01:29:49le compte à rebours a sonné
01:29:51pas pour moi seulement mais pour la France
01:29:53c'est surtout ça
01:29:55et je pense que les 3-4 années qui viennent
01:29:57ou les 10 ans qui viennent
01:29:59vont être décisifs
01:30:01alors c'est vrai que
01:30:05mon optimisme parfois
01:30:07me conduisait
01:30:09à ne pas suffisamment gérer le temps long
01:30:11et
01:30:13quand vous regardez l'histoire
01:30:15ce qui paraît interminable pour nous
01:30:17à l'échelle du temps
01:30:19est très réduit
01:30:21mais comme nous avons une vie courte
01:30:23c'est pesant
01:30:25moi j'ai commencé ma vie politique
01:30:27parce que j'ai été élu la première fois en 1995
01:30:29et parlementaire en 1997
01:30:31vraiment j'ai eu
01:30:33le chemin de croix de la descente aux enfers
01:30:35c'est pas le chemin de croix
01:30:37de l'élévation, c'est la descente aux enfers
01:30:39donc j'ai envie
01:30:41que ça réagisse
01:30:43et puis il y en a d'autres derrière aussi qui prennent le relais
01:30:45comme moi j'ai pris le relais
01:30:47soyez calme, impérial
01:30:49soyez
01:30:51une incarnation d'une France indomptable
01:30:53et pensez
01:30:55ce que disait
01:30:57et répétait souvent
01:30:59Mgr Lecomte de Paris
01:31:01l'avenir dure longtemps
01:31:03j'espère que Nicolas Dupont-Aignan
01:31:05votre avenir
01:31:07et consécutivement celui de la France
01:31:09va durer longtemps
01:31:11merci beaucoup pour que vous êtes livré si aimablement
01:31:13merci à vous de faire
01:31:15parler des voies libres
01:31:17et d'être une voie libre
01:31:19et soyons ensemble libres
01:31:21on a l'impression d'être solitaire
01:31:23mais on ne l'est pas
01:31:25il y a des millions de Français derrière
01:31:27nous sommes des millions et des millions de solitaires
01:31:29il faudrait qu'ils se rassemblent sur une incarnation
01:31:31l'Aigue Valaisa
01:31:33l'Aigue Valaisa témoignait
01:31:35qu'au moment des chantiers navals
01:31:37à Gdansk
01:31:39il disait en fait
01:31:41on croyait qu'on était seuls
01:31:43mais on était des millions
01:31:45aujourd'hui nous sommes des millions
01:31:47maintenant il faut que réveiller les Français
01:31:49à bientôt Nicolas Dupont-Aignan
01:31:51merci