• l’année dernière
Faut-il se méfier de Tik Tok et demander à ses enfants ou petits enfants de désinstaller cet appli de leur téléphone portable ? La question revient régulièrement.
Car le réseau social chinois, qui rencontre beaucoup de succès auprès des plus jeunes, fait aussi l'objet de beaucoup de critiques.

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Transcription
00:00 ou une formidable source de désinformation ?
00:03 Alors bon, il n'y a pas énormément de discussions en ce qui concerne le résultat.
00:07 - Non, il n'y a pas de fauteux, comme on dit. Vous êtes 219 à avoir voté depuis hier après-midi,
00:11 et à un petit peu plus de 70%, 71% exactement, vous répondez "source de désinformation",
00:17 29% "source d'information".
00:19 Sur Facebook, vous êtes beaucoup à dire "les deux".
00:22 Alors volontairement, on ne vous a pas proposé ce troisième choix de réponse,
00:25 parce que je pense que vous auriez été majoritairement à dire "les deux".
00:28 Ce qui nous intéressait, c'est de savoir quelle était votre perception par rapport aux réseaux sociaux.
00:33 C'est pour ça qu'on ne vous a volontairement pas proposé cette troisième option.
00:37 - On reçoit ce matin Elsa Guiol, journaliste et réalisatrice.
00:41 Je donne le numéro de téléphone quand même, 0467 58 6000 Guillaume,
00:45 parce qu'on veut vous entendre, on veut savoir ce que vous en pensez sur ce sujet.
00:49 - Bonjour Elsa Guiol. - Bonjour.
00:51 - Merci d'être venue nous rejoindre ce matin dans le studio.
00:53 Vous êtes réalisatrice, journaliste, rédactrice en chef de la série "La fabrique du mensonge"
00:58 qui existe depuis 2019 sur France 5.
01:01 Vous avez notamment réalisé un de ses épisodes qui s'appelle "Tik Tok, l'ombre chinoise"
01:07 qui était projeté hier soir à la médiathèque Émile Zola à Montpellier
01:10 à l'invitation du directeurat et de nos collègues de France 3 Occitanie
01:13 dans le cadre de la semaine de l'éducation aux médias.
01:17 Tik Tok, on va en parler avec vous ce matin.
01:20 C'est devenu aujourd'hui le meilleur ennemi de nos ados ou pas selon vous Elsa ?
01:25 Vous qui avez décrypté le phénomène Tik Tok.
01:28 - En tout cas c'est devenu omniprésent dans leur vie, c'est vrai pour la plupart.
01:33 Dès que moi je vais dans des classes ou que je demande aux ados autour de moi,
01:36 ils ont tous, la plupart ont Tik Tok installé, beaucoup depuis le Covid.
01:41 Et effectivement il y a un rapport très addictif qui se crée entre l'utilisateur adolescent et la plateforme
01:48 qui fait qu'ils passent pour la plupart des heures par jour sur Tik Tok
01:53 à regarder des contenus qui durent moins d'une minute chacun.
01:56 - Oui c'est hallucinant, vous avez notamment dans votre documentaire 4 jeunes ados
02:01 qui vont voir, vous leur demandez d'aller voir sur leur portable leur temps d'utilisation du portable.
02:05 C'est parfois entre 6 et 8 heures le week-end et sur ces 6 ou 8 heures il y a 2 heures en moyenne consacrées à Tik Tok.
02:11 - Alors eux, effectivement il y a 4 ados qui racontent un peu leur utilisation de la plateforme dans le film.
02:17 Ils savaient à peu près ce que j'allais leur poser comme question parce que je les avais un peu briefés,
02:20 mais il y avait un truc qu'ils ne savaient pas c'est que j'allais leur demander leur temps d'écran.
02:24 - Ils le découvrent en même temps. - Oui ils le découvrent.
02:26 Donc quand il a fallu qu'ils sortent leur téléphone et qu'ils regardent eux-mêmes leur temps d'écran, c'était voilà.
02:31 Et effectivement ça a atteint des durées incroyables, mais c'est pas...
02:36 pour faire cet exercice avec beaucoup d'ados, encore une fois quand on va dans des classes,
02:41 ils sont pas du tout... c'est pas les seuls en fait, il y en a c'est bien plus.
02:46 Et les adultes aussi c'est pas mal de tester...
02:50 - Pour TikTok ? - Ouais, parfois, les deux en fait.
02:53 - Les deux ? Parce que les adultes se mettent aussi à TikTok ? - Y'en a un peu, ouais.
02:56 - Parce qu'au début, bon c'est une simple... alors vous l'expliquez dans votre film, c'est une simple plateforme de divertissement,
03:00 je crois qu'au début c'est même une plateforme musicale, c'est la fusion de deux applis, ça devient TikTok,
03:05 avec au début des contenus qui sont avant tout des contenus de divertissement,
03:07 sauf que peu à peu ça va glisser vers un véritable outil de propagande, chinois, chinois, il faut le dire.
03:14 - Alors, effectivement depuis le Covid, mais en fait ça date d'avant le Covid,
03:18 c'est juste que nous on ne se rendait pas compte réellement de ce qu'il y avait sur cette plateforme,
03:23 et depuis avant le Covid, il y a effectivement une utilisation de la plateforme,
03:28 elle sert de diffusion, de propagande ou de contenu de désinformation.
03:35 Mais c'est vrai que depuis le Covid en fait, le gouvernement chinois,
03:40 enfin on voit apparaître sur la plateforme des contenus fabriqués par le gouvernement chinois,
03:46 pour influencer le récit.
03:48 - Auxquels n'ont pas accès, c'est ça qui est incroyable, les utilisateurs chinois de TikTok,
03:52 c'est-à-dire qu'il y a une version chinoise épurée, on va dire,
03:55 et une version pour les occidentaux où là on balance de la propagande.
03:58 - En fait ça a même commencé par cette version chinoise qui s'appelle Douyin,
04:01 qui a été créée avant TikTok, et qui est réservée aux chinois,
04:06 où le contenu n'est pas du tout le même, où ils n'ont pas du tout le droit de voir la même chose,
04:11 où le temps d'écran n'est pas le même aussi, il est limité.
04:14 Donc voilà, et après en fait ils se sont dit qu'ils allaient créer,
04:17 vu que ça fonctionnait très bien, qu'ils allaient créer la même chose à l'extérieur de la Chine,
04:23 mais là avec des contenus différents.
04:25 - On rappelle le nombre d'utilisateurs TikTok dans le monde ?
04:28 - Là on est à plus d'un milliard trois je crois.
04:31 - Un milliard trois d'utilisateurs dans le monde.
04:33 - C'est la plus grosse...
04:34 - Et un français sur cinq, c'est ça ? J'ai vu quelque chose comme ça, ouais ?
04:37 - Bah ouais, à peu près, ouais.
04:39 - Alors le côté propagande, vous parliez du Covid,
04:43 alors le Covid ça a été, pardon pour l'expression,
04:46 mais un gros bâton merdeux pour les autorités chinoises,
04:48 mais elles ont su s'en servir, cela dit grâce à TikTok, du Covid,
04:51 parce qu'elles ont renversé, elles ont détourné l'attention,
04:53 et elles ont renversé un peu le truc.
04:55 - Voilà, elles ont essayé.
04:58 Elles ont essayé, je sais pas si ça a vraiment fonctionné,
05:02 mais en tout cas peut-être auprès de leur propre public.
05:06 Mais effectivement, elles ont essayé de se servir de la plateforme
05:08 pour accuser les Américains et dire que c'était les Américains
05:11 qui avaient créé le virus.
05:12 Ça, ça a été un très très gros récit diffusé sur la plateforme.
05:15 - L'Ukraine, au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine,
05:17 vous expliquez aussi dans votre film que ça a servi de propagande
05:20 pas seulement pro-chinoise, mais carrément pro-russe.
05:22 - Ouais, on sait qu'il y a des accords entre les deux pays
05:25 pour diffuser un récit commun,
05:27 et la plateforme est un des outils pour le diffuser.
05:29 Oui, on sait, il y a des documents qui sont écrits
05:32 de contrats entre les deux présidents.
05:35 - Et puis dernière chose avant de prendre un premier appel au standard,
05:37 il y a Pierre qui est en train de patienter,
05:39 c'est encore plus pernicieux, Taïwan, le problème de Taïwan.
05:43 Ils ont essayé d'influer sur les élections du mois de janvier,
05:46 bon, finalement, ils n'ont pas réussi.
05:48 Sauf qu'ils sont en train d'installer,
05:50 dans l'esprit de la jeune génération taïwanaise,
05:52 l'idée que le grand voisin communiste chinois n'est pas aussi dangereux
05:55 qu'on veut bien le dire.
05:56 Et ça c'est très mauvais, parce que ça veut dire qu'on est en train de préparer les esprits
05:59 à une réunification de la Chine, d'une certaine manière.
06:02 - C'est ce que craignent les Taïwanais,
06:04 en tout cas, effectivement, il y a une utilisation de plus en plus importante
06:07 de TikTok chez les jeunes Taïwanais,
06:09 et ce qu'ils voient sur la plateforme,
06:11 c'est des séries de télé chinois,
06:13 des influenceurs chinois,
06:15 des programmes chinois,
06:17 qui effectivement donnent une image de la Chine plutôt sympa.
06:20 Donc eux, ils n'ont pas de raison de se dire que
06:22 c'est pas une bonne chose la réunification.
06:25 - Pour vous, les réseaux sociaux,
06:27 c'est une formidable source d'informations,
06:29 ou de désinformations ?
06:31 Vous pouvez prendre la parole au 0467 58 6000,
06:33 comme le fait ce matin Pierre de Montpellier.
06:35 Bonjour Pierre.
06:37 - Bonjour Franck Bleu.
06:39 - Quel est votre avis sur la question alors ?
06:41 - Moi je pense que, effectivement,
06:43 c'est un très bon moyen d'information,
06:45 et parce que, je voudrais faire le parallèle très rapidement
06:48 avec la presse.
06:50 La presse, c'est un moyen d'information,
06:52 c'est pas parce qu'il y a, je sais pas quoi,
06:54 SIGALA ou Closer, je sais pas,
06:56 qui racontent des choses indifférentes,
06:58 mais si certaines parties de la presse racontent des choses différentes,
07:03 c'est que ça correspond à un besoin.
07:05 Et donc, les réseaux sociaux, c'est un formidable moyen d'information
07:08 qui correspond à des besoins d'influence, de ceci, de cela,
07:13 et c'est... Pardon, excusez-moi.
07:15 - Oui, mais il faut savoir l'utiliser,
07:17 c'est ça que vous vouliez nous dire, Pierre, ce matin.
07:19 - Il faut savoir l'utiliser, mais
07:21 il faut comprendre que si des gens écoutent des conneries,
07:25 c'est parce qu'ils ont besoin d'écouter des conneries.
07:27 - Peut-être aussi, c'est vrai.
07:29 Merci de nous avoir appelés, Pierre, ce matin.
07:32 Il y a aussi deux-trois choses très inquiétantes
07:34 dans votre documentaire "El Zaguiol" sur TikTok.
07:37 Je rappelle, TikTok, l'ombre chinoise, c'est son nom,
07:39 c'est dans le cadre de la série "La fabrique du mensonge" sur France 5,
07:42 qu'on peut découvrir en replay.
07:44 - Oui, c'est en accès libre, gratuit.
07:46 - Oui, absolument.
07:47 Il y a une forme d'incitation au suicide chez les jeunes,
07:50 d'ailleurs votre film se termine par ça,
07:52 avec le témoignage d'une maman française,
07:54 qui est la seule famille française à avoir porté plainte contre TikTok.
07:58 - La première, en tout cas.
08:00 - Peut-être plus la seule maintenant, mais la première.
08:02 Il y a beaucoup de familles qui l'ont fait aux Etats-Unis,
08:03 mais en France, ce n'était pas le cas.
08:05 Cette maman explique que sa fille, petit à petit,
08:08 a basculé dans une dépression à cause du harcèlement scolaire,
08:11 et que TikTok, c'est ça qui est grave,
08:13 lui a proposé des contenus pour lui expliquer comment ça marchait.
08:17 - En effet, elle s'est rendue compte après la mort de sa fille
08:19 en cherchant dans le téléphone,
08:21 et en remontant le fil de son compte TikTok,
08:24 qu'elle avait elle-même posté des vidéos,
08:27 où elle racontait son mal-être,
08:29 et où elle s'adressait à ses copains,
08:31 puis à toute la communauté TikTok,
08:34 et qu'après ça, la plateforme lui a recommandé des contenus
08:39 incitant au suicide,
08:42 ou en tout cas expliquant comment on pouvait se suicider.
08:46 - Est-ce que l'algorithme a détecté ça chez cette jeune utilisatrice ?
08:50 - En fait, l'algorithme de TikTok,
08:52 il a quelque chose de beaucoup plus puissant que les autres algorithmes,
08:54 c'est qu'il comprend très très très rapidement
08:57 ce qu'on est en train de regarder,
08:59 et quels sont nos centres d'intérêt à un moment précis.
09:01 Et après, il considère que c'est tout le temps nos centres d'intérêt,
09:03 il ne nous donne pas autre chose.
09:05 Donc, quand tout d'un coup, on est dans un état un peu fragile,
09:07 et qu'on regarde des choses qui peuvent être liées à la dépression,
09:10 au suicide, et bien en fait, il va bombarder les utilisateurs de contenus similaires.
09:14 Voilà, en fait, la plateforme, c'est qu'elle est dangereuse,
09:16 et c'est ça qu'il faut expliquer aux ados,
09:18 parce qu'eux, ils sont dans leur coin, ils se disent "mais moi je regarde des trucs sympas,
09:21 des animaux et des trucs de cuisine".
09:23 - Ou des danses, ou des petites chorés, ou des trucs comme ça.
09:25 - Les danses, c'est un peu fini.
09:27 Mais en fait, ce qu'il faut comprendre,
09:29 c'est que c'est une plateforme qui oriente vos choix,
09:32 et oriente votre perception du monde, en fait.
09:35 Et c'est là où c'est pernicieux.
09:38 - Ça s'appelle donc "TikTok, l'ombre chinoise",
09:41 documentaire que vous avez réalisé, Elsa Guiol,
09:44 je rappelle que vous êtes journaliste, réalisatrice et réélectrice en chef de la série "La Fabrique du mensonge",
09:48 qu'on peut aller revoir en libre accès sur la plateforme France TV,
09:52 et sur l'appli dédiée, c'est très simple.
09:54 En deux minutes, vous l'avez retrouvé,
09:56 donc c'est vraiment très très intéressant.
09:58 Et quand vous dites "La Fabrique du mensonge", je ne sais pas que par rapport aux réseaux sociaux,
10:01 vous parlez aussi de la Russie, vous parlez aussi du Covid,
10:03 enfin il y a plein de films différents sur...
10:05 Mais attention à ce qu'on vous raconte,
10:07 en fait c'est un peu ça l'idée de "La Fabrique du mensonge".
10:09 - C'est d'expliquer comment en fait les fausses informations sont créées,
10:13 qui les créent, comment elles se propagent,
10:15 et aussi de montrer que ce n'est pas juste des petites fake news
10:18 qui circulent sur les réseaux,
10:20 mais que ça a des conséquences dans la vie réelle.
10:22 - Il y a tout un travail derrière, un travail de propagande et de désinformation.
10:25 Merci beaucoup. - Merci à vous, merci.
10:27 - Vous retrouverez cette interview en allant sur notre site internet
10:30 francebleu.fr. Dans un instant les infos d'huit heures,
10:33 et puis ensuite un tout autre sujet.
10:35 Vous allez me dire Guillaume si j'ai bien compris ce dont on va parler tout à l'heure,
10:38 mais en gros il y a une vingtaine d'associations
10:40 qui ont envoyé une lettre aux élus de la métropole de Montpellier
10:43 pour leur dire "bon attendez, maintenant il faut arrêter de construire,
10:46 il faut conserver des terres parce que ça va nous servir pour cultiver,
10:49 de quoi faire manger nos enfants". C'est ça ?
10:51 - Vous avez très très bien compris. Ils demandent effectivement
10:54 de la sanctuarisation des terres agricoles de la métropole.
10:57 On va en parler avec Vincent Nourriga,
10:59 qui est un des co-présidents d'une des associations.
11:01 - Et ça va être très intéressant. Donc juste après les infos de 8 heures sur France Bleu et Rouge,
11:04 et puis on accueillera aussi le boss de la Gazette de Montpellier,
11:07 Jean-Baptiste Decroix, parce que c'est jeudi aujourd'hui,
11:09 c'est jour de sortie.
11:11 [Musique]

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