• il y a 9 mois
Avec Xavier Driencourt, diplomate, ancien ambassadeur de France en Algérie.

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##LE_FACE_A_FACE-2024-03-12##

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Transcription
00:00 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face à face.
00:05 13h04 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face à face.
00:08 Aujourd'hui André Bercov, vous recevez Xavier Drien,
00:11 court diplomate, ancien ambassadeur de France en Algérie
00:13 et surtout auteur de ce livre "L'énigme algérienne",
00:16 chronique d'une ambassade à Algiers.
00:18 C'est aux éditions L'Observatoire et ça sort aux éditions Alfa,
00:21 c'est l'équivalent des livres de poche de l'édition L'Observatoire.
00:23 Bonjour.
00:24 D'ailleurs un certain général aurait pu dire, je vais m'enrouler vers l'Algérie,
00:28 l'Algérie compliqué avec des idées simples.
00:32 Mais là ce n'était pas l'Algérie à l'époque, c'était autre chose.
00:36 Mais justement, Xavier Drien, bonjour.
00:39 Bonjour.
00:40 Heureux de vous recevoir à nouveau.
00:42 Et vous me lisiez, mais j'aimerais que vous le lisiez,
00:45 hier soir un communiqué de l'Elysée annonçait, enfin espérons,
00:51 la visite d'un certain président algérien.
00:53 Oui, il y a eu un communiqué de l'Elysée vers 19h,
00:58 selon lequel, je le lis, le président algérien Abdelmajid Tebboune
01:02 effectuera une visite d'Etat en France fin septembre, début octobre,
01:07 a annoncé l'Elysée lundi, à l'issue d'un entretien téléphonique
01:11 entre M. Tebboune et le président Macron.
01:14 Cette visite plusieurs fois reportée aura lieu à une date à préciser,
01:19 durant cette période, indique la présidence française.
01:23 Voilà, ce qu'en termes galants ces choses-là sont dites,
01:25 mais rappelons un peu, on en avait un peu parlé,
01:28 c'est que quand même, à plusieurs reprises, au moins trois reprises je crois,
01:32 que le président algérien Tebboune devait venir et que la visite avait été reportée.
01:37 Elle devait avoir lieu en mai-juin dernier,
01:42 et puis elle a été reportée une première fois.
01:44 Il y a eu les émeutes ensuite en juin,
01:47 ensuite on a parlé de l'automne,
01:48 ensuite de la fin de l'hiver ou du début de l'année 2024,
01:54 et puis là, elle est annoncée pour septembre-octobre 2024,
01:59 c'est-à-dire après les Jeux Olympiques.
02:01 D'ici là, il peut se passer beaucoup de choses.
02:04 - Ça peut être Pâques ou la Trinité.
02:06 - Et puis il y a le Maroc, il y a donc tout ça.
02:10 - Alors justement, il y a le Maroc, on va parler de tout cela,
02:13 mais auparavant, j'aurais parlé d'une note que vous avez faite,
02:16 d'un rapport que vous avez fait, d'un fascicule,
02:20 d'une excellente collection, d'un excellent fond d'Appolle,
02:23 la fondation de Dominique Régnier,
02:26 sur cet aveu, ce fameux accord franco-algérien.
02:31 Où en est-on exactement, après toutes les...
02:34 D'ailleurs, les montagnes russes que vous décrivez,
02:36 le mental aussi dans votre livre,
02:39 "Les lignes belgériennes", qui vient de reparaître en poche,
02:42 et qui est vraiment à lire et que je recommande.
02:44 - L'accord franco-algérien de 1968,
02:49 en fait, la fond d'Appolle avait fait plusieurs études
02:52 sur la politique migratoire au Danemark, en Suède, etc.
02:56 et m'avait demandé de faire une étude sur l'accord franco-algérien.
03:01 Donc cette note a été publiée en mai ou juin dernier,
03:05 mai dernier, et puis à l'époque,
03:08 aussi tout l'arc politique d'Edouard Philippe à Éric Zemmour,
03:13 en passant par Nicolas Sarkozy, Gérard Larcher, Éric Ciotti,
03:19 Jordan Bardella, tout le monde a repris cette idée
03:25 de dénoncer ou de mettre fin à l'accord franco-algérien.
03:29 - Et rappelons-le, Xavier Dréencourt,
03:31 pour ceux qui ne le connaissent pas, ou ne le connaissent pas assez,
03:34 il y a quand même une espèce de privilège tout à fait étonnant.
03:37 - Oui, parce qu'il faut reprendre les choses chronologiquement,
03:40 les accords d'Evian prévoyaient la libre circulation des personnes
03:44 entre la France et l'Algérie, tout simplement,
03:47 parce qu'à l'époque, au moment de la négociation des accords d'Evian,
03:51 on pensait que les Pieds-Noirs, les Français d'Algérie,
03:54 resteraient en Algérie.
03:56 Et donc il fallait leur prévoir un régime de libre circulation,
04:00 notamment pour les Français, qui optaient pour la nationalité algérienne.
04:06 - Ce n'était pas selon les accords d'Evian.
04:08 - Mais c'était destiné aux Pieds-Noirs ?
04:10 - Principalement, mais c'était en tout cas un des objets de la discussion,
04:14 puisque c'était un point sur lequel les négociateurs français
04:19 étaient particulièrement vigilants.
04:22 Donc prévoir des droits, des garanties pour les Français d'Algérie.
04:25 Et puis en juillet 1962, tous les Pieds-Noirs sont rentrés en France,
04:29 et donc l'accord de libre circulation ne valait que finalement pour les Algériens.
04:35 - Bien sûr.
04:37 - Et donc on a eu cette situation...
04:39 - Et on n'a rien touché à l'époque ? On n'a pas changé ?
04:41 - Non, il y a eu une situation transitoire entre 1962 et 1967-68,
04:47 et en 68, on a négocié avec l'Algérie un nouvel accord
04:52 qui ne revenait pas sur la libre circulation,
04:55 donc on ne rétablissait pas la libre circulation,
04:58 mais on n'établissait pas le régime de droit commun qu'ont les autres pays,
05:02 et notamment le Maroc et la Tunisie.
05:04 Donc c'est pour cela qu'il y a un certain nombre de privilèges
05:08 accordés aux Algériens,
05:10 qui n'ont pas la libre circulation,
05:13 mais qui ne tombent pas dans le régime de droit commun.
05:15 Et c'est pour ça que les Algériens y tiennent particulièrement,
05:18 parce qu'ils ont un régime à part.
05:20 - Mais alors, précisément, par exemple,
05:22 qu'ont aujourd'hui les Algériens vis-à-vis de la France,
05:25 que n'ont pas, par exemple, les Marocains et les Tunisiens ?
05:27 Très précisément, concrètement.
05:29 - Un certain nombre d'avantages sur le certificat de résidence algérien,
05:34 qui est un titre de séjour propre aux Algériens,
05:37 un titre de séjour de 10 ans,
05:39 un certain nombre d'avantages en matière de regroupement familial,
05:42 en matière de conditions ou de non-conditions d'intégration
05:47 dans la société française en cas de regroupement familial,
05:51 un certain nombre de points concernant les étudiants
05:54 qui peuvent transformer leur régime étudiant en visa de commerçant.
05:59 Et donc, voilà, il y a des espèces de passerelles
06:02 entre les différentes situations algériennes
06:06 et l'installation en France.
06:08 - Et justement, ce signe, et regroupement familial,
06:12 vous en parlez également,
06:14 donc, ça rejaillit comment vis-à-vis du Maroc, par exemple ?
06:20 Est-ce que le Maroc reproche à la France, sans le dire peut-être ouvertement,
06:24 ce traitement en faveur de l'Algérie ?
06:27 - Non, à ma connaissance, il n'y a pas de...
06:30 Les Marocains ont obtenu également au fil du temps
06:33 un certain nombre d'avantages qui ne sont pas aussi explicites
06:37 que les avantages accordés aux Algériens dans l'accord de 68,
06:41 mais surtout, le gouvernement algérien tient à cet accord
06:44 qui est leur marque de fabrique,
06:47 qui est quelque chose de spécial pour l'Algérie.
06:49 Donc, c'est un régime particulier,
06:51 et dans une interview qu'il avait faite au Figaro,
06:54 il y a un peu plus d'un an,
06:56 le président algérien avait dit
06:58 "Nous avons droit à 132 années de visa".
07:02 - 132 années de visa, pas mal.
07:04 - Qui correspondait aux 132 années de la colonisation.
07:08 Donc, c'était une formule, ou une façon de dire
07:10 "Nous avons droit à un régime particulier,
07:13 en tout cas pendant 132 années,
07:15 parce que vous nous avez occupés pendant 132 années".
07:18 Donc, vous voyez, c'est très politique, finalement.
07:21 - Mais, quand même, il y a eu une remise...
07:23 Est-ce qu'il n'y a pas eu du côté politique,
07:25 en tout cas du côté des discussions intellectuelles,
07:28 ou universitaires, ou autres, ou diplomatiques,
07:30 mais il n'y a pas eu une mise en question en disant
07:32 "Cet accord spécifique, peut-être qu'on devrait soit l'amender,
07:35 peut-être pas l'abandonner complètement,
07:37 enfin, que ça ne reste pas comme ça".
07:39 - Oui, quand cette note a été publiée,
07:41 il y a eu un certain nombre de réactions
07:44 d'hommes ou de femmes politiques
07:47 qui ont dit, qui ont semblé un peu découvrir la chose.
07:50 - Oui, c'est vrai, ils n'étaient pas seuls.
07:53 - Peu de personnes connaissaient,
07:56 et qui ont demandé l'abrogation,
07:58 donc, de l'accord de 1968,
08:01 à commencer par Édouard Philippe,
08:03 qui est dans la majorité présidentielle.
08:05 - Et il avait demandé l'abrogation.
08:07 - Dès la semaine suivante, dans une interview,
08:09 dans l'Express.
08:11 Et puis, donc, ça a fait la mousse,
08:13 ou la mayonnaise a pris progressivement,
08:16 il y a eu pas mal de débats,
08:19 de discussions publiques ou entre politiques,
08:22 à ce moment-là.
08:24 Et, finalement, à l'automne 2023,
08:28 Mme Borne, Premier ministre, a dit,
08:31 "Nous allons renégocier l'accord avec l'Algérie".
08:35 Donc, c'était, voilà, le constat
08:37 qu'il y avait quelque chose à faire.
08:39 Là-dessus, il y a eu la loi,
08:42 le vote de la loi sur l'immigration,
08:44 il y a eu une proposition de résolution
08:48 du groupe parlementaire LR,
08:51 demandant, le 7 décembre,
08:53 la dénonciation de l'accord franco-algérien,
08:57 et cette proposition a été rejetée à quelques voix.
09:01 Il y a eu ensuite le vote de la loi sur l'immigration,
09:05 et puis, voilà, on est passé à autre chose,
09:07 changement de gouvernement, etc.
09:09 - Donc, effectivement, la question est toujours en suspens,
09:12 mais rien n'a été changé par rapport à l'accord.
09:16 - Rien n'a été changé, rien.
09:18 - On va continuer à parler,
09:20 on va un peu étendre par rapport à ce qui se passe,
09:24 que ce soit en France ou en Algérie,
09:26 avec Xavier Dré en cours,
09:28 après cette toute petite pause.
09:29 - Et avec vous, au 0826 300 300,
09:31 pour réagir ou pour poser toutes vos questions.
09:33 Et je vous rappelle que vous avez aussi en direct
09:35 sur la page Facebook de Sud Radio.
09:37 A tout de suite, sur Sud Radio.
09:38 - Sud Radio, votre attention
09:40 est notre plus belle récompense.
09:42 - C'est vraiment agréable d'entendre une radio aussi joyeuse,
09:45 même que ce soit 7h du matin et le soir, c'est excellent.
09:48 - Sud Radio, parlons vrai.
09:51 - Ici Sud Radio.
09:54 Les Français parlent au français.
09:59 Je n'aime pas la blanquette de veau.
10:02 Je n'aime pas la blanquette de veau.
10:05 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
10:08 - Et dans cette espèce d'aller-retour,
10:11 de bal, de tango, etc.
10:14 entre l'Algérie et le Maroc,
10:16 pour rester dans un domaine que vous connaissez mieux que personne,
10:19 Xavier Dré en cours,
10:21 donc, bon, on reçoit Théboud,
10:24 qui peut d'ailleurs annuler sa visite à la dernière minute,
10:27 c'est déjà arrivé, mais enfin bon, on n'espère pas.
10:30 Et effectivement, vous parliez hors antenne,
10:35 les élections algériennes auront lieu en décembre prochain,
10:38 l'élection présidentielle, on ne sait pas si
10:41 M. Théboud se représente ou pas,
10:44 et effectivement, il faut voir avec l'équilibre avec le Maroc,
10:48 mais au fond, vous parliez dans votre livre,
10:51 vous en parlez dans votre livre,
10:54 de quelque chose qui est à la fois civilisationnel, culturel,
10:58 évidemment économique, politique et autres,
11:01 entre la France et l'Algérie, ça ne va pas se faire d'autres comme ça,
11:04 dans deux ans et plus, si affinités ne se résolvent pas comme ça,
11:07 mais est-ce qu'à votre avis, aujourd'hui,
11:10 avec le recul du fait que vous avez été pendant, je dirais,
11:14 sept ans à deux reprises différentes ambassadeur,
11:17 est-ce qu'on est toujours, très franchement, sur le plan des mentalités,
11:20 des fixations au même endroit, ou même plus ?
11:23 C'est-à-dire, vous savez, l'introduction de l'interpellation de la France
11:27 dans l'âme nationale algérienne, on en avait parlé,
11:30 mais au-delà de ça, au-delà des symboles, de la symbolique,
11:34 est-ce que c'est toujours quand même, je dirais, une espèce de, allez,
11:38 pas de guerre froide, mais de paix froide,
11:41 entre l'Algérie et la France ?
11:43 - Oui, on ne peut pas dire que c'est l'amitié
11:49 entre la France et l'Algérie, c'est une paix,
11:53 effectivement, un peu fraîche depuis quelques mois,
11:56 mais l'histoire des relations entre la France et l'Algérie
12:00 a toujours été sinusoïdale, avec des hauts et des bas,
12:04 c'est le CAC 40, il y a des périodes haussières,
12:07 il y a des périodes baissières, et donc, ça,
12:10 rien que sur le premier quinquennat du président de la République,
12:13 on est passé par des phases haussières et des phases baissières.
12:17 L'ambassadeur d'Algérie, à Paris, a été rappelé
12:20 deux ou trois fois en Algérie, pour consultation,
12:23 après la décision de suspendre les visas,
12:26 après la décision, les déclarations du président de la République
12:29 au journal Le Monde, sur la falsification de l'histoire
12:33 par les Algériens, sur le système politico-militaire algérien,
12:38 donc, voilà, c'est en permanence des hauts et des bas,
12:41 là, on est dans une période d'eau basse, si je puis dire,
12:44 et puis, on imagine qu'avec cette visite,
12:48 on va repartir sur une période haussière,
12:51 mais il faudra faire attention à ce que fera, dira le voisin marocain,
12:57 parce que toute la difficulté de la relation avec l'Algérie,
13:01 c'est un peu les vases communiquants entre France et l'équilibre avec le Maroc.
13:07 - Alors, justement, une question que je voulais vous poser
13:10 par rapport à ce qui se passe aujourd'hui,
13:13 est-ce que l'Algérie, elle en est où ?
13:17 Par exemple, par rapport au basculement qu'on est en train de vivre
13:20 et qui se passera par la jour, je parle par rapport aux BRICS,
13:24 à la dédollarisation, à la montée de ce monde multipolaire,
13:28 que la guerre Russie-Ukraine n'a fait que cristalliser,
13:34 mais qui existait déjà bien avant, avec ce qu'on voit,
13:37 avec le yuan qui prend une certaine place dans un certain nombre de régions,
13:42 on voit l'Arabie Saoudite en train de vendre du pétrole en yuan, etc.
13:46 Je veux dire, l'Algérie, aujourd'hui, par rapport à cela,
13:49 et par rapport à la position de la France,
13:51 par rapport à, et on a vu encore Emmanuel Macron qui est allé assez loin,
13:56 en disant "voilà, il ne faut pas exclure l'envoi de troupes" et autres,
13:59 comment réagissent les Algériens par rapport à cet équilibre
14:04 ou cette naissance d'un monde multipolaire, encore une fois,
14:08 qui en est assez avalbutiment, mais qui est déjà là ?
14:11 - Il y a deux événements qui ont quand même pas mal bousculé la donne diplomatique,
14:16 c'est d'une part la guerre en Ukraine, évidemment,
14:18 qui a entraîné Maroc et Algérie chacun dans un camp,
14:23 et donc, en quelque sorte, solidifié les alliances traditionnelles,
14:27 et l'alliance de l'Algérie avec la Russie,
14:30 le président Tebboune... - Qui a été solidifié ?
14:32 - Le président Tebboune, qui devait venir à Paris au mois de juin dernier,
14:36 il est allé à Saint-Pétersbourg, où il a été reçu par Vladimir Poutine,
14:42 et il a déclaré que Poutine est le plus grand homme de l'humanité.
14:48 - Oui, pratiquement, oui, bien sûr.
14:50 - Donc il y a la guerre en Ukraine qui a consolidé les alliances,
14:55 et puis évidemment, il y a le conflit israélo-palestinien,
14:58 qui est un deuxième élément qui vient compliquer le jeu politique et diplomatique,
15:04 parce que la cause palestinienne est un élément fédérateur au Maghreb,
15:10 et dans les populations musulmanes, y compris au Maroc.
15:16 Donc l'Algérie soutient à fond la Palestine,
15:20 le Maroc également, mais plus prudent,
15:24 parce qu'il a des relations avec Israël, il a signé les accords d'Abraham,
15:29 donc ce jeu diplomatique est compliqué.
15:32 Cela dit, il faut constater que l'Algérie est très isolée diplomatiquement,
15:38 c'est-à-dire que son seul allié, c'est la Russie, mais elle s'est coupée...
15:42 - L'Inde, la Chine, non ?
15:44 - La Chine, oui, la Chine et la Russie, mais la Russie, la Turquie en gros.
15:51 - C'est déjà pas mal.
15:53 - Les pays du Sahel...
15:55 - Ah oui, ne sont pas sur cette...
15:57 - Le Mali a mis à la porte les Algériens,
15:59 et a dénoncé l'accord d'Alger sur la paix au Mali,
16:04 et le Maroc en profite pour s'engouffrer dans la brèche laissée par l'Algérie.
16:09 Donc vous voyez, l'équilibre Maroc-Algérie est en permanence au centre du jeu.
16:14 - Et la Tunisie est hors-jeu de ce point de vue-là ?
16:16 - La Tunisie n'est pas vraiment partie prenante.
16:19 - Non, bien sûr.
16:20 - Non, c'est Maroc et Algérie qui sont les deux...
16:23 - Et de ce point de vue, par exemple, par rapport à l'Algérie,
16:26 les prises d'opposition de Macron que j'évoquais tout à l'heure,
16:29 sont mal ou bien perçues ?
16:31 Ou c'est pas leur problème ?
16:33 - A ma connaissance, ils n'ont pas réagi.
16:38 Il faut noter que l'Algérie,
16:40 qui pariait beaucoup sur l'intégration dans les BRICS,
16:45 être choisie, vous en faisiez allusion tout à l'heure,
16:48 au mois de juillet dernier, les BRICS n'ont pas choisi, n'ont pas retenu l'Algérie.
16:53 - Alors qu'elle était candidate.
16:54 - Alors qu'elle était candidate.
16:55 - C'est intéressant.
16:56 - Et c'est l'Égypte et l'Éthiopie qui ont été retenues pour entrer dans les BRICS.
17:00 Donc il y a pas mal de reverses...
17:02 - Oui, l'Algérie n'a pas été retenue dans les BRICS.
17:04 - L'Algérie n'a pas été retenue dans les BRICS,
17:06 parce que, sur le plan économique,
17:08 elle ne produit que du pétrole et du gaz.
17:11 Donc ce n'était pas un critère suffisant pour être retenue comme membre des BRICS.
17:18 Donc, sur le plan diplomatique, l'Algérie, elle est brouillée avec le Maroc,
17:22 ils ont rompu les relations diplomatiques,
17:24 elle n'est pas très bien avec les pays du Sahel,
17:27 elle n'est pas franchement bien avec Paris,
17:31 et puis elle n'a pas été retenue dans les BRICS.
17:35 - Mais est-ce qu'elle n'a pas profité, justement, on parlait du pétrole et du gaz,
17:39 est-ce qu'elle n'a pas profité de l'embargo envers les Russes ?
17:43 - Oui, évidemment, mais ça veut dire aussi qu'elle se concentre sur la production de pétrole et de gaz,
17:52 surtout alors que ce n'est pas créateur d'emploi le pétrole et le gaz.
17:57 Je suis allé visiter en Algérie justement pas mal de centres, Assim et Saoud,
18:04 où autre, ce n'est pas du tout créateur d'emploi.
18:07 On appuie sur un bouton, et puis le gaz sort, et puis voilà.
18:12 - Bien sûr, c'est très intéressant cette espèce de paradoxe,
18:17 et on va revenir justement à parler de la situation française par rapport à ça,
18:21 tout de suite après une autre petite pause.
18:24 Et vous aurez la parole au 0826 300 300, vous commencez à réagir sur le Facebook de Sud Radio.
18:30 A tout de suite.
18:33 Sud Radio Bercov dans tous ses états, midi 14h. André Bercov.
18:38 Ici Sud Radio.
18:42 Les Français parlent au français.
18:47 Les carottes sont cuites.
18:49 Les carottes sont cuites.
18:52 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
18:54 - Et avec Xavier Driancourt, ancien ambassadeur de France en Algérie,
18:59 qui connaît effectivement le quai d'Orsay, la diplomatie sur le bout des doigts,
19:05 et pour l'apparution de son livre, en livre de poche et alpha, "L'énigme algérienne".
19:10 Et on a l'impression, si vous voulez justement, où on parlait des BRICS,
19:16 on parlait de tout cela, on parlait effectivement des conflits sur le Proche-Orient,
19:20 ou Russie-Ukraine, et on a l'impression en fait, qu'on ne comprend pas très bien,
19:28 là je parle du huron que nous sommes, des observateurs, on ne comprend pas très bien,
19:36 et on en avait déjà parlé, la ligne française, on a l'impression d'abord que la diplomatie,
19:43 bon on le sait, ne joue plus le rôle qu'elle jouait, et je crois pour moi,
19:47 je ne m'en réjouis pas, et il n'y a pas de quoi s'en réjouir,
19:50 mais surtout, surtout, surtout, on a l'impression qu'il n'y a pas de ligne,
19:55 ou alors, il y a cette ligne par exemple, c'est très clair,
19:58 bon on pense qu'on veut, mais on n'est pas là pour faire un jugement,
20:01 par rapport à la Russie, c'est évidemment une ligne assez, aujourd'hui, tranchée,
20:08 en faveur de l'Ukraine et par rapport à la Russie,
20:11 alors que nous n'avons pas déclaré que je sache la guerre à la Russie,
20:14 par rapport au Proche-Orient, on essaye d'avoir un équilibre qui n'est pas facile, effectivement,
20:20 mais l'impression qu'on a, quand je vous lis, que je vous écoute,
20:25 Xavier de Riencourt, c'est du côté de l'Afrique du Nord,
20:28 on a l'impression qu'il y a eu quelques émeutes, il y a eu des choses, etc.,
20:32 mais au fond, ça ne bouge pas.
20:34 L'Afrique du Nord donne l'impression, mais corrigez-moi si je me trompe,
20:38 de quelque chose, quand je dis qu'il ne bouge pas, c'est-à-dire qu'effectivement,
20:42 je vais vous poser la question par rapport à l'Afrique,
20:44 que la France, elle n'est pas hors-jeu, mais elle est de plus en plus marginalisée.
20:49 Est-ce que c'est exagéré que de dire ça ?
20:52 C'est un point de vue qui est réel.
20:57 Nous sommes de moins en moins présents en Afrique du Nord, comme en Afrique tout court.
21:05 Oui, comme en Afrique noire.
21:07 Je connais moins le Maroc, mais nous sommes présents au Maroc sur le plan économique,
21:12 notamment, plus qu'en Algérie.
21:14 En Algérie, nous avons été écartés sur le plan économique,
21:19 parce que le choix a été clairement fait par le gouvernement algérien
21:23 en faveur de la Chine, en faveur de la Turquie, en faveur de la Corée,
21:30 et même en faveur d'autres partenaires européens.
21:33 La Russie ?
21:34 Oui, encore que la Russie ne fournit pas grand-chose, sauf du blé.
21:39 Nous étions les principaux fournisseurs de blé tendres à l'Algérie.
21:44 L'Algérie s'est adressée depuis 2-3 ans à la Russie.
21:49 Et nous sommes également en concurrence, ou concurrencés très nettement,
21:53 par l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie.
21:55 Donc il y a un choix qui a été fait sur le plan économique,
21:58 et puis sur le plan culturel, ce qui est très préoccupant,
22:01 et puis sur le plan de la langue française, ce qui est très préoccupant,
22:05 c'est effectivement notre marginalisation, en Algérie en tout cas.
22:10 Le Maroc était moins francophone traditionnellement que l'Algérie.
22:14 Mais l'Algérie, qui est le pays le plus francophone,
22:18 a choisi d'abord l'arabe, c'est sa langue de l'islam,
22:24 la langue qui a été choisie dès 1954 en quelque sorte,
22:28 mais aujourd'hui choisie l'anglais.
22:31 Et un ministre algérien avait même dit que le français,
22:35 c'est la langue des perdants en Afrique.
22:38 - Carrément, il avait repris la langue des perdants.
22:40 - Oui, c'était Chéhébrel Hill qui avait dit cela,
22:43 qui était le ministre du Pétrole pendant une quinzaine d'années,
22:47 ou même une vingtaine d'années, il avait déclaré cela.
22:50 Donc aujourd'hui, il y a sous prétexte que l'internet,
22:54 l'anglais est la langue de l'internet,
22:56 ce serait la langue universelle, etc.
22:59 Il y a eu tout un certain nombre de décisions
23:02 qui éradiquent ou qui éliminent le français
23:07 dans les écoles, dans les universités,
23:09 dans l'administration, et notamment dans les programmes scolaires.
23:13 Donc voilà, c'est très inquiétant,
23:15 et l'ancien diplomate que je suis à Alger
23:19 assiste à cela avec beaucoup de tristesse.
23:22 Nous avons par exemple 5 centres culturels français en Algérie.
23:26 Je me suis battu, avec l'appui du président de la République
23:30 lorsque j'étais à Alger, pour ouvrir des annexes
23:33 de ces centres culturels dans le sud.
23:35 Parce que dans le sud algérien, il n'y a rien.
23:37 À Béchard, à Damanraset, à Drar, dans les villes du sud, il n'y a rien.
23:41 Et donc, je pense, les Wali, les recteurs d'universités
23:45 insistaient pour qu'on ouvre des centres culturels supplémentaires.
23:49 Les Algériens ont toujours refusé.
23:52 Toujours, toujours, toujours, toujours.
23:54 Et nous, nous avons accordé l'ouverture de 2 consulas supplémentaires
23:59 aux Algériens, sans aucune contrepartie.
24:02 Alors que logiquement, on aurait dû menayer cela contre...
24:05 - Mais j'allais vous le dire, ce qui est frappant, en vous écoutant,
24:09 l'absence de réaction des autorités françaises, de la France.
24:14 On laisse faire, on dit "oui, c'est comme ça".
24:17 Vous disiez, vous employez le terme, que je ne reprends pas complètement
24:22 de marginalisation, mais c'est vrai que nous sommes affaiblis, en tout cas.
24:26 Nous sommes, je dirais, tétanisés, un peu.
24:29 - Oui.
24:30 - Tétanisés par... - Sidérés.
24:32 - Sidérés par les éventuelles réactions algériennes,
24:37 les éventuelles réactions des Algériens de France.
24:40 Donc, nos politiques en France hésitent toujours,
24:45 pèsent le pour et le contre, et souvent ne réagissent pas
24:48 par rapport aux initiatives algériennes.
24:50 Quand, au mois de juin dernier, au moment des émeutes,
24:53 l'Algérie, le gouvernement algérien, le ministre des Affaires étrangères
24:56 algérien a publié un communiqué appelant la France à protéger
25:01 les Algériens de France... - Oui.
25:05 - On n'a rien dit. - Qui est quand même...
25:07 - On n'a pas rappelé. - Qui est quand même une espèce d'ingérence
25:09 assez flagrante dans les affaires. - C'est une ingérence dans les affaires intérieures.
25:11 Et si nous, nous avions fait la même chose au moment du Hirak,
25:14 en Algérie, si nous avions appelé le gouvernement algérien
25:18 à protéger les ressortissants français, j'aurais été immédiatement
25:22 convoqué et expulsé. - Est-ce que vous croyez que c'est
25:26 cette peur-là, ou cette appréhension des réactions des Algériens de France,
25:31 qui sont évidemment très nombreuses, comme on a peur des réactions
25:35 de la banlieue si on fait telle ou telle chose,
25:38 est-ce que ça tétanise quelque part aussi les autorités ?
25:42 - Oui, mais c'est pas que cela. Je crois que c'est effectivement quelque chose
25:45 à prendre en compte, mais je crois que le point essentiel,
25:49 c'est que vis-à-vis de l'Algérie, en tout cas, je parle de l'Algérie,
25:54 le Maroc c'est différent, mais vis-à-vis de l'Algérie,
25:57 il y a dans notre classe politique un sentiment de, non pas de culpabilité,
26:03 mais en tout cas, nous sommes... Elle est très... Elle est tétanisée,
26:07 elle est timorée. - C'est toujours le souvenir
26:09 des 52 ans de la guerre d'Algérie, etc. - Mais la gauche comme la droite.
26:13 Les politiques de gauche, parce qu'il y a le souvenir de la guerre d'Algérie,
26:17 de la bataille d'Alger, déposition de François Mitterrand,
26:20 ministre de l'Intérieur, ministre de la Justice à l'époque,
26:23 dans les années 50... - Qui a beaucoup compté d'aller à mort,
26:25 il faut le rappeler, dans les années 50. - Oui, tout à fait.
26:27 En tant que ministre de la Justice, déposition de François Mitterrand
26:31 au moment de la guerre civile algérienne, qui appelait à valider les élections
26:36 qui amenaient les islamistes au pouvoir, alors que les Algériens
26:39 avaient fait un coup d'État pour annuler le second tour des élections.
26:43 Donc, les politiques de gauche sont un peu timorées vis-à-vis de l'Algérie,
26:48 parce qu'il y a tous ces souvenirs. - Et la droite, alors ?
26:50 - Et les politiques de droite, c'est à peu près le même phénomène,
26:53 parce qu'il y a le souvenir également de la guerre d'Algérie,
26:57 je vous ai compris, du général de Gaulle, et puis, juillet 62,
27:03 le rapatriement des Pieds-Noirs et des Harkis.
27:07 Donc, les politiques de droite comme de gauche sont toujours très prudents
27:12 vis-à-vis de l'Algérie, et puis, en fond de tableau,
27:15 il y a la question de l'immigration, aujourd'hui, qui n'existait pas à l'époque,
27:19 mais qui est aujourd'hui très prégnante. - Qui est un enjeu capital des élections.
27:24 - Et qui est un enjeu capital, et nos hommes, nos femmes politiques
27:27 sont toujours très prudents vis-à-vis de l'Algérie,
27:30 et ils savent que tout ce qu'ils diront à Paris sera entendu à Alger,
27:36 et tout ce qu'ils disent à Alger sera écouté, entendu à Paris, à Marseille.
27:43 Donc voilà, il y a la communauté algérienne de France,
27:46 mais c'est pas seulement cela, c'est plus complexe.
27:50 - Mais ce qui est intéressant dans ce que vous dites,
27:52 c'est qu'en fait, nous sommes hantés par nos fantômes.
27:54 - Oui, voilà, et la colonisation, l'histoire de la France en Afrique,
28:01 pas seulement en Algérie, mais l'histoire de la France en Algérie,
28:04 nous poursuit 60 ans après l'indépendance.
28:08 C'est ça qui est absolument fascinant. - Et c'est vrai pour toute l'Afrique,
28:10 l'ancienne Afrique francophone, etc.
28:14 - C'est moins vrai, parce que la colonisation n'a pas été la même,
28:18 ça n'a pas été un département... - Puis l'Algérie, c'était des départements français.
28:21 - C'était des départements, la population française était beaucoup plus nombreuse,
28:25 les pieds noirs existent encore en France, les harkis, les pieds noirs.
28:30 - Bien sûr, bien sûr. - Et tout ce sentiment se transmet
28:33 de génération en génération. - Impressionnant.
28:35 Je crois que nous avons des auditeurs, Estéban.
28:37 - Oui, nous avons Denis qui nous appelle depuis Lyon.
28:39 Bonjour Denis. - Bonjour Denis.
28:41 - Bonjour M. Bercoff, bonjour M. l'Ambassadeur.
28:44 - Bonjour. - Bonjour.
28:46 Voici ma question, elle est simple.
28:47 En 1962, la France et l'Algérie signent un traité de paix,
28:51 enfin, un cessez-le-feu, bref.
28:53 Et l'Algérie, le pouvoir algérien a toujours reproché à la France
28:57 que nous avions commis des crimes monstrueux,
28:59 enfin bref, dans cette guerre qui a duré entre 54 et 62.
29:03 Mais pourquoi, en 1968, la France reprend des travailleurs algériens
29:09 pour venir dans le pays qui les a colonisés, la France ?
29:13 Pourquoi le pouvoir algérien a envoyé des gens de chez eux, de l'Algérie,
29:19 pour venir travailler en France, alors que nous sommes toujours
29:22 le grand méchant loup de l'Afrique et les grands méchants de la colonisation ?
29:27 On pourrait en reparler longtemps. Merci.
29:30 - Ça fait partie des... - Denis Bercoff, oui.
29:32 - Bonjour. Ça fait partie des paradoxes de la relation franco-algérienne.
29:37 Sur l'accord franco-algérien, là, je disais tout à l'heure
29:40 qu'en 1968, on a voulu mettre fin à la partie concernant l'immigration
29:48 issue dans les accords déviants.
29:50 Donc on a voulu mettre fin à la libre circulation
29:53 et trouver un régime qui était plus favorable pour les Algériens,
29:57 mais moins favorable que la libre circulation.
30:00 D'autre part, dans les années 60, nous étions, il faut le rappeler,
30:04 dans les 30 glorieuses.
30:06 Et la France avait besoin de main-d'oeuvre, de main-d'oeuvre illu-migrée,
30:10 de main-d'oeuvre francophone.
30:12 Et l'immigration algérienne est très ancienne.
30:15 Elle remonte dans les premières années du XXe siècle.
30:18 - Pas autant, quand même. Pas autant, si.
30:22 - L'immigration algérienne, et notamment cabile,
30:25 qui était très francophone, francophile, remonte au XXe siècle,
30:31 au début du XXe siècle.
30:33 Et donc voilà, c'est un peu le paradoxe.
30:35 Et aujourd'hui, le paradoxe, c'est que, effectivement,
30:39 nous sommes critiqués, nous, Français,
30:41 comme étant les anciens colonisateurs,
30:44 et comme ayant cette obsession du passé et de la colonisation,
30:49 mais en même temps, les Algériens souhaitent avoir l'immigration en France.
30:55 - Mais Xavier de Réencourt, on ne peut pas aussi...
30:57 Le discours de dire que quand même, la France a apporté un certain nombre de choses,
31:01 je parle même pas des équipements, des soins, etc.
31:04 Le côté positif de la présence française en Algérie,
31:08 qui existe, et on le sait à divers de grèves,
31:11 et qu'il y ait eu des choses terribles, oui,
31:13 et qu'il y ait eu des choses formidables, on l'en tient pas compte.
31:17 - Cher André Bercoff, il faut se rappeler qu'il y a 10 ans,
31:21 non, pardon, il y a 20 ans, en 2005,
31:25 il y a eu une loi votée en France, un amendement,
31:28 l'amendement Van Est, du nom de Christian Van Est, député du Nord,
31:33 qui avait introduit un amendement rappelant que la France
31:38 avait apporté du positif dans la colonisation
31:41 et demandant que les ouvrages scolaires rappellent,
31:45 - Tiennent compte de cela. - Tiennent compte du côté positif de la colonisation.
31:49 Et ça a été un tollé en France comme en Algérie,
31:53 lorsque les historiens, un certain nombre de personnalités,
31:57 ont découvert cet amendement, au point que
32:01 le président de la République n'a pas promulgué l'amendement en question.
32:06 - Qui a été rejeté. - Ça a été, voilà, on a...
32:08 - C'était qui le président de la République ? - C'était Jacques Chirac à l'époque.
32:11 Et c'est le début du fait que les Algériens ont mis sur la table,
32:21 à partir de 2005, la question mémorielle, avec une telle insistance,
32:25 et pas seulement la question mémorielle, mais le terme de repentance
32:29 est apparu dans le discours algérien.
32:32 - Voilà, c'est-à-dire que... - C'est à partir de 2005.
32:34 - C'est intéressant, il y a eu à la fois de l'autre côté un masochisme tout à fait vertueux,
32:39 si je peux me permettre, et puis pour nous c'était l'acte de contrition.
32:43 "Repentez-vous, vous avez fauté, c'est ma faute, c'est ma très grande faute."
32:47 C'est ça, oui, intéressant.
32:49 - On va marquer une dernière pause, d'Ambercoff, dans tous ces états,
32:51 on revient dans un instant après la pub, et puis vous aurez la parole.
32:53 0826-300-300, à tout de suite sur Sud Radio.
33:22 - On va marquer une dernière ligne droite d'Ambercoff dans tous ces états,
33:24 toujours avec Xavier Driancourt qui vient nous voir aujourd'hui,
33:26 l'ancien ambassadeur de France en Algérie,
33:28 et nous avons Olivier qui nous appelle du Val-de-Marne.
33:31 Bonjour Olivier. - Bonjour Olivier.
33:33 - Bonjour Saint-Bercoff, comment allez-vous ? - Ça va bien et vous ?
33:35 - Je suis fié de vous avoir, je ne vous le cache pas.
33:37 Et bonjour Monsieur Driancourt. - Bonjour.
33:39 - Alors moi je vais dire trois choses,
33:41 je suis pour qu'on rompe toute diplomatie avec l'Algérie,
33:45 parce que c'est un jeu de sadomasochisme, etc.
33:48 On se fait battre la coupe à chaque fois,
33:50 et il faut toujours avoir l'espèce de remords mémoriel,
33:54 qu'on les isole diplomatiquement,
33:56 parce que j'ai plus d'affect moi de mon côté,
33:58 de par mon métier avec le Maroc.
34:01 L'Algérie, n'importe quoi, je vous le dis tout de suite,
34:04 secondo, les accords de 68, il faut les dénoncer,
34:09 parce que je prends un exemple,
34:11 ma femme est sud-américaine, elle est chyienne en l'occurrence,
34:13 quand je fais des papiers pour elle,
34:15 que ça soit la renouvellement du type de séjour,
34:18 mais particulièrement pour la CAF, la CNAV,
34:21 il est dit dans les règlements,
34:23 donc il y a plus d'équité, je parle pour les extréméropéens,
34:25 par rapport à l'aspect algérien,
34:27 qu'il faut un nombre de présence sur le territoire,
34:30 d'années de présence, alors que les Algériens,
34:32 ça passe comme une lettre à la poste,
34:34 ils n'ont pas à justifier ça, pour avoir des avantages sociaux,
34:36 que ce soit RSA ou autre.
34:38 Ça veut dire que tous les autres extréméropéens
34:40 pourraient dénoncer, dire à la France,
34:44 pourquoi vous nous traitez ainsi,
34:46 parce que les Algériens, ils ont le droit à tout.
34:48 C'est-à-dire qu'on se retrouve dans une situation
34:51 où les lois administratives de la CNAV,
34:55 mais qui gère la CAF, bien entendu,
34:57 se disent "oui, mais tous les extréméropéens
35:00 ne doivent montrer pas de blanc, sauf les Algériens".
35:03 Donc ça, c'est ça qui n'est pas logique.
35:06 - Olivier, c'est intéressant ce que vous voulez effectivement...
35:09 - Il faut voir, moi j'ai un article, je l'ai trouvé,
35:12 et je voulais, sur un autre point, le dernier point...
35:15 - Allez-y.
35:16 - ... discuter sur Haïti.
35:17 Ce qui se passe à Haïti, c'est en train de se dérouler au Chili en ce moment.
35:20 Pas sur l'attaque de la moneda, du valet présidentiel,
35:24 mais on arrive à un tel point de pré-guerre civile au Chili,
35:28 et ça c'est un sujet qu'il faudrait l'aborder,
35:30 tout comme vous avez parlé de Javier Millaic,
35:32 qui pour moi est vraiment extrêmement bien comme dirigeant argentin.
35:35 - Ah, c'est intéressant.
35:36 Alors Olivier, Olivier...
35:37 - Il faut en discuter là-dessus.
35:38 - Alors écoutez, je vous promets,
35:40 on fait une émission sur le Chili bientôt,
35:42 et on vous appellera.
35:43 - Non, non, mais c'est pas les paroles en l'air.
35:45 Mais je voudrais que Xavier de Riencourt réponde,
35:47 parce que c'est vrai qu'on peut se poser...
35:49 Je suis extra-européen, je vois qu'il y a une seule nation
35:52 qui a des avantages que aucun pays du monde n'a.
35:56 - Oui, mais là on revient aux accords de 68,
36:01 et c'est pour cela que le texte que la Fonde Apolle a publié au mois de mai dernier...
36:07 - Votre texte.
36:08 - Oui, mon texte a eu autant d'échos,
36:10 parce que beaucoup de personnes ont découvert à cette occasion
36:14 que les Algériens bénéficiaient davantage particuliers,
36:19 davantage administratifs, davantage sociaux.
36:22 Effectivement, comme le rappelle cet auditeur,
36:24 il n'y a pas de délai, de condition de délai pour obtenir...
36:27 - La CAF, je le prends tout de suite, l'URSA...
36:30 - Tout de suite, alors que pour les autres nationalités,
36:33 il y a un délai d'un an, disait monsieur.
36:36 - C'est exact, les accords franco-algériens du 27 décembre 68
36:41 sont des accords dérogatoires.
36:43 Alors sur d'autres points, les Algériens sont en retard
36:47 par rapport à d'autres nationalités,
36:49 parce qu'il y a eu une évolution du droit depuis 1968,
36:53 mais sur l'essentiel, ils sont privilégiés par rapport aux autres nationalités.
36:58 - Et juste à votre connaissance, c'est la seule nation qui est privilégiée ?
37:03 - Oui, oui.
37:04 - Intéressant.
37:06 - On a Sandrine qui nous appelle du Tarn-et-Garonne.
37:08 Bonjour Sandrine.
37:09 - Bonjour Sandrine.
37:10 - Oui, bonjour André, bonjour monsieur David Delancourt.
37:13 Oui, alors moi c'est un peu plus gentil par rapport à...
37:17 Je veux dire, c'est très bien ce qu'il a dit l'autre auditeur.
37:19 Juste, on va essayer de trouver un accord de paix.
37:22 Est-ce que la génération qui arrivera après,
37:25 on va en dire à un moment donné, au niveau algérien,
37:28 parce qu'on sent que la génération qui arrive au niveau français,
37:31 peut-être nos générations futures,
37:33 on y pense souvent,
37:35 eux ils vont en avoir marre,
37:36 ils vont se dire maintenant ça suffit,
37:37 on paie un truc que nous on n'a pas fait.
37:40 Et est-ce que la génération après algérienne va se dire
37:42 maintenant ça suffit vos combats de coq,
37:45 on en a marre aussi,
37:46 parce qu'à un moment donné,
37:47 sans t'entendre, on ne pourra jamais s'entendre.
37:51 Voilà, c'est ma question.
37:53 - Bernard Kouchner, lorsqu'il était ministre,
37:57 avait dit exactement ce que vous venez de dire madame.
38:00 Et puis ça avait été une réaction enflammée en Algérie.
38:04 Comment pouvez-vous considérer, avait-il dit,
38:07 que la génération qui a fait la guerre de l'indépendance
38:10 puisse céder sa place à des plus jeunes ?
38:13 Je crois que, sur le fond, vous avez raison,
38:16 mais il faut savoir aussi que la clé de voûte
38:21 du système politique algérien, c'est quand même l'armée.
38:25 - Et l'armée algérienne, elle estime être la détentrice légitime
38:32 de la guerre d'indépendance, de la guerre d'Algérie,
38:36 et qu'en raison de cette légitimité et du rôle
38:40 qu'elle a joué pendant la guerre,
38:42 c'est à elle de décider qui exercera,
38:45 et dans quelles conditions sera exercée le pouvoir en Algérie.
38:48 - Le pouvoir est exercé bien en cours.
38:49 La guerre d'Algérie s'est terminée il y a plus de 60 ans.
38:53 Donc, aujourd'hui, quand même, il y a des générations.
38:57 - Oui.
38:58 - Bon, est-ce que les jeunes générations, ce sera TR, ce sera...
39:01 Je vous pose la question encore plus brute de décoffrage.
39:04 C'est l'armée qui va décider,
39:05 c'est les gens qui sont en armée qui vont décider ?
39:07 - C'est l'armée qui joue un rôle fondamental
39:09 dans la politique intérieure algérienne
39:12 et qui estime avoir un droit de regard
39:16 sur la vie politique algérienne.
39:18 Et donc, les jeunes générations, effectivement,
39:21 sont tournés vers la France, vers le Canada de plus en plus,
39:25 vers les pays du Golfe,
39:27 parce qu'ils voient bien que la vie en Algérie est compliquée.
39:31 Mais l'armée rappelle toujours que le dogme,
39:34 c'est qu'elle a été la glorieuse armée de libération nationale.
39:38 - Donc, c'est nous le pouvoir, c'est nous la direction,
39:41 c'est nous le gouverneur et les commandes.
39:43 - C'est comme ça que ça se passe, en tout cas, jusqu'à présent.
39:46 Et je ne vois pas de raison que ça change dans l'immédiat.
39:50 La dernière occasion pour changer, c'était pendant le Hirak,
39:53 et on a vu comment ça s'est terminé.
39:55 - Oui, oui, ça a été assez rapide et, je veux dire, autoritaire.
39:59 Mais quand vous disiez, juste un mot,
40:01 vous disiez que ça s'islamise en ce moment, etc.
40:05 Mais il y a eu quand même les années 90,
40:08 où le Front Islamique du Salut a failli prendre le pouvoir,
40:11 enfin, il allait le prendre,
40:13 bon, il y a eu la dissolution, enfin, il y a eu la réaction.
40:17 Est-ce qu'aujourd'hui, à nouveau, est-ce que c'est la même vague que le fils,
40:22 ou ça n'a rien pu avoir ?
40:24 - C'est-à-dire que les islamistes des années 90,
40:28 c'était des barbus réfugiés dans les montagnes,
40:32 des kalachnikovs, des afghans qui revenaient effectivement d'Afghanistan
40:36 et qui ont généré une guerre civile absolument dramatique.
40:40 Bouteflika les a réintégrés dans le jeu politique,
40:43 en leur disant "vous déposez vos armes là,
40:45 et puis vous revenez dans la vie algérienne".
40:48 Et donc aujourd'hui, on n'a pas les mêmes islamistes.
40:51 On a des islamistes notabilisés,
40:54 qui sont insérés dans la société,
40:58 qui ont fait du business, qui se sont enrichis,
41:01 et qui sont aujourd'hui, qui tiennent un discours islamiste,
41:06 mais caché.
41:08 - Oui, enfin modéré, oui.
41:09 - Caché. Et donc, voilà, aujourd'hui, ce sont des islamistes beaucoup plus,
41:13 je ne dis pas plus dangereux, non,
41:15 mais qui sont plus subtilement intégrés dans la société.
41:19 - Ils sont toujours islamistes, mais ils sont dans le système.
41:21 - Voilà. Et ils sont plus ou moins soutenus par l'armée, en fait.
41:24 C'est ça aussi un des paradoxes.
41:26 L'armée qui les a combattus, on a une armée algérienne
41:29 qui est aujourd'hui très proche des islamistes.
41:32 - Donc il peut y avoir après Tebboune...
41:35 - Donc, voilà, il y a beaucoup d'interrogations.
41:38 - C'est le moins que l'on puisse dire, oui, c'est vrai.
41:41 - Bah écoutez, je crois que malheureusement on n'a pas le temps,
41:43 vous êtes très nombreux à nous appeler,
41:46 mais on fera évidemment des émissions sur l'Algérie, sur l'Afrique...
41:51 - À l'occasion de la visite du président algérien, je m'en suis méchant.
41:54 - Ben voilà, voilà, on va faire ça absolument.
41:56 Merci Xavier Driancourt.
41:57 - Merci Xavier Driancourt d'avoir été avec nous.
41:59 Je vous rappelle que vous êtes ancien diplomate et ancien ambassadeur de France en Algérie.
42:04 André Bercoff, on se retrouve demain, entre midi et 14h.
42:07 Et puis tout de suite, c'est Brigitte Léaille sur Sud Radio, à demain.
42:09 - Sud Radio. - Parlons vrai.

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