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Anne Fulda reçoit Robert Birenbaum pour son livre «16 ans, résistant» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 - Bienvenue à l'Heure des livres, Robert Birenbaum.
00:02 Nous sommes ravis de vous recevoir.
00:05 Vous venez de publier "16 ans, résistants",
00:07 un livre qui est paru chez Stock,
00:09 un livre écrit avec la collaboration d'Antonin Amadeau
00:12 et avec une préface de l'historien Denis Peschansky,
00:14 et un livre qui est absolument passionnant,
00:16 qui raconte à hauteur d'homme
00:19 comment un gamin de 16 ans
00:21 décide de s'engager dans la résistance à Paris.
00:24 Pourquoi avoir décidé de le raconter aujourd'hui
00:27 alors que vous avez 97 ans et demi, comme vous l'avez précisé?
00:31 - Je vous dirais, en vérité,
00:34 j'ai raconté ma vie à déjà un bon moment.
00:37 J'avais fait un mémoire
00:40 du temps où mon épouse était encore vivante.
00:43 C'était, je pense, en 1976.
00:46 J'avais écrit un mémoire dans lequel je commençais en disant
00:51 "Quand on raconte l'histoire,
00:53 il ne faut pas raconter d'histoire."
00:56 Et c'est mon cas.
00:58 Je crois que là, je me suis décidé à rentrer dans le livre du sujet
01:03 parce que mes petites filles et toute la famille
01:06 ont lu mes mémoires il n'y a pas longtemps.
01:09 Et ils m'ont dit "Mais papy, c'est pas possible, il faut que tu écrives.
01:12 C'est magnifique ce que tu racontes."
01:15 C'est mon histoire.
01:17 - Alors, vous racontez notamment comment vous,
01:19 qui êtes français, juif, né de parents français,
01:22 originaire de Varsovie,
01:24 vous avez été marqué, on peut tout à fait l'imaginer,
01:28 par la guerre, l'occupation,
01:30 et notamment comment votre vie bascule à partir de 1942
01:34 lorsque vous devez porter une étoile jaune.
01:36 Donc vous racontez ce que ça signifie dans la vie de tous les jours.
01:38 Vous racontez ce qu'on a vu, ces bars à Pigalle,
01:41 où il y a dans l'entrée...
01:43 - Oui, interdit aux chiens et aux juifs.
01:45 - Et puis il y a cette scène assez folle
01:47 où vous racontez comment vous êtes avec des amis dans la rue
01:50 et il y a des Allemands comme ça qui s'arrêtent
01:53 en fil pour vous gifler.
01:55 Et vous vous dites en fait...
01:56 - J'aurai ma revanche.
01:58 - J'aurai ma revanche.
01:59 - Oui, ça a été le but de ma vie,
02:01 c'était de me venger de ces salopards
02:03 qui m'ont mis à terre,
02:05 qui m'ont clati à une douzaine,
02:08 des jeunes un peu plus vieux que moi.
02:11 Et j'ai trouvé ça, c'était une scène absolument...
02:15 un désastre pour moi.
02:17 - Alors on va à la fin, mais c'est d'autant...
02:18 Pardon, je vous interromps.
02:19 C'est d'autant plus fou que vous racontez qu'à la fin,
02:21 lorsque les choses s'inversent,
02:23 vous vous trouvez dans une situation
02:24 où c'est un jeune Allemand...
02:26 - Absolument.
02:27 - ...qui est battu et menacé de mort
02:29 et que vous empêchez qu'il le soit.
02:31 - Oui, comme j'étais chef de poste,
02:33 j'ai vu de l'endroit où j'étais,
02:35 que mes copains étaient près de l'Ancher en SS,
02:39 qu'ils n'en démordaient pas, le bras levé,
02:41 ils hurlaient à Hitler et ils avaient voulu taper dessus,
02:45 ils n'avaient rien à faire et ils ne pouvaient pas.
02:47 Ils l'auraient bousillé.
02:48 Alors je suis sorti de ma caserne,
02:51 de là où j'étais, de mon poste,
02:54 et je suis venu et je les ai arrêtés.
02:56 J'étais sergent-chef.
02:58 - Alors vous racontez aussi des scènes assez incroyables.
03:01 Comment, notamment, lorsque les soldats allemands
03:03 arrivent à Paris, certains, y compris juifs,
03:06 sympathisent avec eux et ont une forme de...
03:08 presque de sympathie ?
03:10 - C'était pas une sympathie,
03:12 mais vous savez, la langue correspondante.
03:14 Les gars étaient contents d'entendre parler
03:17 un petit peu.
03:19 Nous, on les comprenait, alors que les Français,
03:22 les vrais, ne comprenaient pas la langue.
03:24 Mais moi, personnellement,
03:27 cela, je l'ai regardé dans l'œil.
03:30 Déjà, tout de suite.
03:32 Vous savez, moi, les Allemands,
03:33 je n'ai jamais, jamais, je n'ai jamais supporté.
03:36 - Alors, vous entrez dans la résistance,
03:39 suite à la rafle de la ville,
03:41 et aux paroles de votre tante, Laura,
03:44 dont vous étiez secrètement un peu amoureux.
03:46 - Non, mais bien sûr.
03:47 - Mais surtout, qui vous engage à entrer dans la résistance.
03:51 - Oui, non, mais mon oncle, son mari,
03:53 le frère de mon père,
03:54 venait d'être arrêté pour une action,
03:57 parce que c'était un grand personnage, déjà,
04:00 dans le parti,
04:02 et ma tante faisait partie du Parti communiste.
04:06 Et elle m'a rencontré,
04:08 elle m'a proposé de rentrer dans la résistance.
04:11 Mais je vous signale quand même,
04:12 dans le livre qui s'est écrit, d'ailleurs,
04:14 que la résistance, pour moi,
04:15 elle a commencé le 17 juillet,
04:17 alors que je n'étais pas résistant,
04:19 et que deux copains à moi,
04:21 qui étaient aux jeunesses communistes,
04:23 m'ont demandé de déceler la porte de l'appartement
04:27 qui avait été pris par les Allemands.
04:29 Les parents étaient bien déportés,
04:31 le fils est resté mort, il s'appelle Silbert,
04:33 et Marcel Kaminski,
04:35 eux, ils étaient déjà des jeunes communistes,
04:38 et moi, j'étais rien du tout,
04:40 mais comme on était des copains...
04:42 - Vous les aidez à transporter les morts.
04:43 - Voilà, on a transporté les meubles jusqu'à Bastille.
04:46 - Bon, et c'était déjà dangereux,
04:48 mais après, vous vous ferez des missions,
04:49 d'autres missions, vous distribuez des tracts dans le métro,
04:51 vous racontez comment ça se passe,
04:53 vous étiez des têtes brûlées, vous risquiez votre vie,
04:55 hélas, on n'a pas le temps de le raconter,
04:58 mais enfin, vous racontez vos missions,
05:00 comment, effectivement, vous auriez pu y rester.
05:04 - Oui, c'était très dangereux,
05:06 mais on faisait fil du langine,
05:09 on était un petit peu tête brûlée,
05:12 on ne se rendait pas...
05:14 on avait sûrement très très peur,
05:17 mais on faisait face au destin,
05:20 on savait qu'il fallait se battre,
05:22 et puis voilà, c'était notre but.
05:24 - Alors, dernière question,
05:26 vous êtes notamment ensuite en charge
05:29 de recruter les résistants FTP,
05:31 à quoi reconnaît-on un bon résistant ?
05:34 Et est-ce qu'aujourd'hui, c'est une grille de lecture
05:36 qui vous reste dans la vie, quand vous voyez quelqu'un ?
05:38 Celui-là, il aurait résisté ou pas ?
05:40 - Bien sûr, oui, vous savez, il y a un instinct,
05:43 je pense que je suis, malgré mon grand âge,
05:46 je crois reconnaître dans les gens que je rencontre,
05:50 s'ils sont capables de telle chose ou de telle autre.
05:55 Bon, c'est un don qui m'a été peut-être donné,
05:58 je ne sais pas pourquoi,
06:00 mais oui, j'ai la faculté de reconnaître les gens bien,
06:04 et les gens qui ne me plaisent pas,
06:06 en principe, il doit y avoir une raison.
06:09 C'est un don, peut-être.
06:11 - En tout cas, je vous conseille vraiment
06:13 de lire "16 ans, résistance",
06:15 c'est un très beau livre qui est écrit de manière enlevée,
06:19 qui explique la résistance, vraiment...
06:22 - La vraie résistance.
06:23 - La vraie résistance, oui.
06:25 Et c'est publié chez Stock.
06:27 Merci beaucoup, Robert Birenbaum.
06:28 - C'est moi qui vous remercie.
06:30 Sous-titrage Société Radio-Canada
06:33 [Musique]

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