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Anne Fulda reçoit Olivier de Kersauson pour son livre «Avant que la mémoire s'efface» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue, bienvenue à l'heure des livres, Olivier de Kersauson, on ne vous présente pas.
00:06Merci Anne Fulda.
00:07Vous êtes notre marin national.
00:09Trop aimable.
00:10Oui, écrivain, membre de l'académie de la marine, ce qui n'est pas rien, sage des temps modernes.
00:16Vous venez d'écrire un livre, un nouveau livre, Avant que la mémoire s'efface, quelques propos maritimes,
00:21un livre qui est paru aux cherches midi, un livre qui est un peu comme un retour aux fondamentaux,
00:26parce que vous y parlez essentiellement de navigation et de marine,
00:30même si vous évoquez les enseignements que la mer vous a appris.
00:36Alors pourquoi ce choix, pourquoi ce désir de reparler ?
00:41Non, c'est parce que mon éditeur me demande.
00:44Ah, c'est tout ça.
00:45Oui, c'est tout.
00:46Moi, j'ai du mal à faire ça, parce que c'est toujours gênant de parler de ce qu'on connaît,
00:52on n'est pas sûr que ça intéresse.
00:56Il m'a demandé de le faire, je l'ai fait.
00:58Et puis, à un moment donné, c'est bien, de temps en temps, on parle de la mer.
01:01C'est le seul truc que je connais vraiment.
01:03Je connais vraiment, ça m'a toujours vraiment intéressé.
01:05Donc, à travers ça, par moment, tu peux avoir des éclairages
01:09où tu transmets quand même des réalités qui ne sont pas obligatoirement perceptibles
01:13pour les gens qui ne connaissent pas ce monde maritime, ce vrai monde maritime.
01:17Alors, l'éditeur, justement, dont vous parliez, présente ce livre comme votre testament marin.
01:22Oui, parce qu'il est complètement...
01:23Vous en êtes là ?
01:24Vous avez 80 ans, mais vous allez remplir le plan ?
01:26C'est complètement con, ce qu'il dit.
01:27C'est votre éditeur.
01:28Ça n'a aucun sens.
01:30Mais, je ne sais pas, il s'est entiché de cette idée depuis le départ.
01:34Vous savez, les gens, il ne faut pas les contrarier.
01:39Ça lui plaît, il appelle ça comme ça.
01:42Je ne suis pas chatouilleux sur toutes ces choses.
01:45En fait, je m'en fous complètement.
01:46Quoi, du temps qui passe ?
01:47C'est le mot testament qui vous fait tilter ?
01:49Le mot testament, c'est horrible.
01:52Oui, ça semble la messe édite.
01:55Vous n'en êtes pas là.
01:57J'ai fait le mien, quand même.
01:59Ah, ben voilà.
02:00Oui, mais je n'ai pas trouvé ça de très bon goût, d'avoir à le faire.
02:04C'est drôle, hein ?
02:05Mais, est-ce que cette idée de ça peut se finir du jour au lendemain, c'est quelque chose qui vous traverse ?
02:12Oui, c'est une chose que j'ai toujours su et toujours compris.
02:15C'est pour ça que j'ai toujours pensé que la vie était une chance et pas un dû.
02:20Il y a des tas de gens qui pensent que la vie est un dû.
02:23Si tu penses que la vie est un dû, tu es un peu déçu parce qu'elle ne se passe pas comme tu as rêvé.
02:28Si tu penses que c'est une chance, tout est bien.
02:31Tout est magnifique, tout est formidable.
02:33Chaque jour apporte quelque chose qui n'était pas obligatoirement prévu et qui est un événement heureux.
02:42C'est ça qui est bien.
02:44Cet amour de la mer est très lié à votre désir, à votre nécessité de liberté que vous avez ressenti très tôt.
02:53C'est après des années de collège.
02:55Le Grand Larche, c'est attirant, quand même.
02:58Et puis, c'était un monde, moi, qui m'a toujours intéressé,
03:01que c'est un monde où on fait soi-même, on paie les conséquences de son acte,
03:09on est responsable, on est actif et on est, c'est vrai, le mot est galvaudé, mais souvent très libre.
03:17Formidable d'être libre.
03:19Parce qu'un bateau, tu es au milieu de l'océan et tout d'un coup,
03:22il suffit de donner un coup de barre pour aller, au lieu d'aller en Amérique du Nord,
03:27on va en Amérique du Sud ou on va en Afrique.
03:30La décision est immédiate.
03:32Dans le monde d'aujourd'hui, il n'y a pas d'immédiateté de la décision, ou très peu.
03:37Si on est en route vers l'Amérique, dans un avion, il faudra se reposer, reprendre un autre...
03:43On va être obligé de parler, tout va être compliqué, expliquer, demander, comprendre.
03:47Parce que là, c'est ça, c'est la porte ouverte à tous les possibles, en fait.
03:53C'est ça que j'aime.
03:54Être marin, vous dites, c'est notamment savoir effectivement décider, trancher.
03:58Il faudrait des marins à la tête de l'État, peut-être ?
04:01Je ne veux même pas en parler.
04:04Ça fait pitié, ça fait pitié aujourd'hui.
04:06Ce qui est quand même tout à fait dramatique, moi je trouve, et insultant,
04:11c'est que tous ces gens-là sont payés par notre travail.
04:14Et je ne trouve pas tout à fait juste qu'ils soient rémunérés, vu la qualité du travail qu'ils font.
04:20C'est même honteux, c'est dégueulasse, c'est honteux.
04:25Alors lorsque vous regardez, vous vous intéressez quand même à ce qui se passe à la France,
04:31alors vous dites toujours que vous n'êtes attaché à aucun lieu.
04:34Aujourd'hui, vous êtes un peu le sage de Tahiti ou vous êtes breton.
04:37Enfin, vous êtes partout et nulle part chez vous, en fait.
04:39Oui, j'ai jamais eu la notion.
04:41Vous avez quand même quelque chose, des racines.
04:42Est-ce qu'un marin peut avoir des racines ou pas ?
04:44Je ne sais pas.
04:45Moi, je ne suis pas spécialiste maritime.
04:48Je suis un peu spécialiste de moi parce que je me supporte depuis 80 années.
04:52Mais c'est tout.
04:53Je n'ai pas de regard là-dessus.
04:56Vous me posez des questions auxquelles je ne peux pas répondre,
05:04parce que je n'en ai pas le savoir, madame...
05:07Fulda.
05:08Non, mais j'allais dire madame la charmante jeune femme.
05:12Oui.
05:13Alors, vous vous êtes juré une chose quand vous aviez 15-16 ans,
05:17ne jamais dire j'aurais aimé.
05:19Ah oui, oui.
05:20Et là, à 81 ans, vous avez tenu promesse.
05:26En fait, vous avez coché toutes les cases.
05:28Il n'y a rien que vous aviez aimé faire et que vous n'avez pas fait.
05:31Il n'y avait pas beaucoup de cases.
05:33Je n'avais pas une ambition énorme.
05:35Je n'avais pas d'ambition, en fait.
05:37Je voulais vivre une vie qui me plaisait.
05:39Et ça a été fait.
05:40De ce côté-là, c'était nickel.
05:42J'ai eu la chance de pouvoir, non pas réaliser mes rêves,
05:46parce que ce n'était pas un rêve, je ne pensais même pas.
05:50J'ai réussi à faire, en dépit de tout,
05:54ça n'a pas été facile, des constructions heureuses de mon existence,
05:58ce qui est une chance énorme.
06:00Je vous dis bravo.
06:02En tout cas, si vous voulez en savoir plus sur cette existence,
06:06sur ce qui fonde cette existence,
06:08sur cette mer qui vous habite toujours,
06:12lisez donc, avant que la mémoire s'efface,
06:14quelques propos maritimes séparés au chemin d'idées.
06:17J'ai l'impression que la mer m'a tout donné,
06:20puisqu'elle m'a rendu excessivement heureux.
06:22J'ai toujours été intéressé.
06:24Je ne me suis jamais ennuyé en mer.
06:26Dernière question.
06:27Il y a autre chose que vous pouvez admirer que la mer ?
06:30Que les beautés autres ?
06:32Que la mer et les femmes, parce que je savais que vous alliez répondre ça.
06:35Notre table qui a été refaite.
06:37Ce qu'il y a dans la mer de formidable,
06:39c'est qu'elle a quelque chose de féminine.
06:42Et c'est que quand elle est fâchée, que ça lui devient l'océan.
06:45C'est pas pareil, non ?
06:47Si vous voulez lire d'aussi jolies réflexions,
06:50je vous conseille ce livre,
06:52Avant que la mémoire s'efface.
06:53Cher Schmidi, merci beaucoup.
06:55J'étais très heureux de participer involontairement à votre culture.
06:58Merci beaucoup.
06:59Merci Anne.

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