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Anne Fulda reçoit Franck Maubert pour son livre «Bacon, Eclats d’une vie» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Franck Maubert.
00:02 Vous êtes écrivain, journaliste, vous publiez d'ailleurs en dehors de ce livre pour lequel je vous invite un roman qui s'appelle "Une odeur de sainteté"
00:12 et là c'est pour un roman graphique que vous venez nous voir, un roman graphique illustré par Stéphane Manel, ça s'appelle "Bacon éclat d'une vie", c'est paru aux éditions Segers.
00:24 C'est une biographie sur l'un des plus grands peintres contemporains de notre époque, à la vie tourmentée, à la peinture tourmentée tout autant.
00:34 Écrire sur Bacon, sur ce personnage, j'ai l'impression que c'était un peu une évidence pour vous parce que c'est presque un coup de foudre artistique que vous avez.
00:42 Oui, c'est-à-dire que c'est mon troisième livre en fait sur Bacon et il se trouve que je l'ai rencontré en 1983 et c'était quelqu'un de difficile à atteindre.
00:52 Il recevait très peu de monde, surtout pas de journalistes, moi à l'époque j'étais à l'Express.
00:57 Et au bout de trois ans, un jour j'ai reçu un coup de fil en me disant "Monsieur Bacon vous attend", j'allais partir en vacances, je suis allé à Londres le voir, le rencontrer.
01:09 Il m'a accueilli dans son atelier. C'était très rare.
01:12 Oui, c'est ce que vous racontez dans le livre, en décrivant d'ailleurs sa peinture comme, visiblement, qui vous émeut.
01:19 Sa peinture est une décharge brusque, une déflagration émotionnelle à laquelle il est difficile d'échapper lorsqu'elle vous a touché.
01:25 Donc suite à ça, effectivement, vous avez la chance de le rencontrer, ce qui est assez rare.
01:29 Et peu à peu, c'est nous presque une forme d'amitié entre vous, ce que vous racontez. En tout cas, il y a des rencontres auxquelles vous parlez de littérature, il vous entraîne avec lui.
01:38 Oui, c'est-à-dire, amitié, le mot est peut-être un peu fort, mais c'est-à-dire qu'il y a une bonne entente, on va dire, et je ne sais pas pourquoi, ça s'est très bien passé la première fois.
01:47 Il m'a emmené déambuler dans Londres, dans ces lieux un peu que je ne connaissais absolument pas.
01:54 Et je le suivais, évidemment, j'étais un peu, même mal à l'aise, parce que, voilà, et jusqu'au bout de la nuit, quoi, c'était assez étonnant.
02:02 Il était toujours en forme et presque toujours ivre. Et donc, j'en recueillais quand même ses propos sur des bouts de papier.
02:09 Parce que c'est un homme, oui, qui vit dans l'excès. Alors, c'est vrai qu'il rencontrait peu de journalistes, vous avez eu la chance d'en faire partie.
02:17 Il parlait peu de son enfance, mais vous avez reconstitué tout de même son enfance avec ce père autoritaire.
02:25 Le père était assez autoritaire. C'était en Irlande, il était éleveur de chevaux, ce qui est assez ordinaire en Irlande, ce n'est pas la Gacan.
02:34 Et en fait, le problème, c'est que le jour où il a découvert que Bacon était gay, il l'a mis à la porte.
02:45 Il l'a confié à son frère, donc à l'oncle Bacon. Et l'oncle qui l'a emmené dans la tour de l'Europe, dont Berlin.
02:53 Berlin, c'était l'époque vraiment de l'ange bleu. C'était une espèce d'escalade dans le dévergondage, on va dire.
03:02 Oui, alors il a cette vie dans ce Berlin du début du siècle dernier.
03:09 C'est de la légende.
03:10 De la légende. Dans un premier temps, il est décorateur d'intérieur. Et finalement, la peinture, le coup de foudre pour la peinture, c'est en regardant un tableau de Picasso, "Les Baigneuses".
03:20 À Paris, oui. À Paris, quand il découvre à la Galerie Rosenberg, d'ailleurs, ses tableaux, là, il a un coup de foudre et il voudrait être l'équivalent de Picasso.
03:30 Ce qu'il va plus ou moins réussir à faire. Bon, personne n'est l'équivalent de personne, mais en tout cas, il s'est hissé parmi les plus grands, effectivement.
03:37 Il le considère comme parmi les plus grands, mais il y a d'autres influences qui reviennent.
03:42 Oui, il y a Vélasquez, notamment. Mais en fait, il s'inspirait beaucoup de la littérature parce que c'était des images qui surgissaient, surtout à travers les poésies, des grands dramaturges grecques comme Echil.
03:55 Il avait prononcé ce mot qui était d'ailleurs, je pense, je ne vais pas le retrouver ailleurs, une de ses traductions, "l'odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux", qui pourrait être vraiment, qui est notre triste actualité.
04:07 Et il était inspiré par des images très, très violentes, des images réelles découpées dans les journaux ou des magazines ou des vers de grands poètes comme Yitz, comme Eliott et plus les Grecs.
04:23 Il est athée, mais il y a aussi une influence religieuse dans sa peinture. Les papes, la crucifixion.
04:34 La peinture, on sait, était religieuse pendant des siècles et des siècles. Donc, ces papes l'intéressaient beaucoup et il y avait ce côté, les cris aussi, qui étaient inspirés notamment par le fameux cri d'Edouard Mouc.
04:52 Et alors, il y a la Envy, qui, bon, on ne pourra pas s'étendre dessus, qui aussi est marquée par ses amours tumultueuses.
04:58 Très tumultueuse. Oui, il y a eu quand même deux de ses petits amis qui se sont suicidés, donc on peut s'interroger quand même.
05:05 Oui. Et d'ailleurs, il meurt en 92 en rendant visite à l'un de ses jeunes...
05:12 À un amant. Il avait un nouvel amant qui était banquier, je crois. Moi, je ne l'ai pas rencontré, celui-ci, mais les autres non plus, d'ailleurs.
05:19 Mais à Madrid, oui, oui. Donc, il est mort à Madrid.
05:23 En tout cas, c'est vraiment un très beau roman, et visuellement, et d'un point de vue romanesque.
05:29 C'est une belle écriture. Si vous vous intéressez à Bacon, et si vous ne le connaissez pas aussi, ça s'appelle Bacon, Éclat d'une vie.
05:36 C'est paru chez Segers. Merci beaucoup, Franck Maubert.
05:39 Merci à vous.
05:40 [Musique]
05:45 [SILENCE]

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