Mardi 21 novembre 2023, SMART BOSS reçoit Christian Leon (PDG, Ericsson France)
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00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:12 Je suis ravie d'accueillir Christian Léon, DG d'Ericsson France.
00:17 Bonjour.
00:18 Bonjour.
00:19 Merci d'avoir accepté cette invitation.
00:20 Alors au menu de l'émission, une première séquence, David rencontre Guglielat où tu
00:24 vas faire face à une start-up et vous allez parler de vos sujets en commun.
00:27 Ensuite, on aura une interview en coulisses où vraiment on va plutôt parler de quotidien
00:32 et des différents moments de ta vie de dirigeant.
00:35 Et on termine là par une interview chrono qui comme son nom l'indique est une série
00:38 de questions réponses très rapides.
00:40 Alors c'est parti.
00:41 C'est parti.
00:42 Et maintenant on passe à la séquence David rencontre Guglielat.
00:45 Et la start-up qui va te faire face, c'est Piconto, donc une solution qui digitalise
00:55 les opérations et instructions de travail.
00:57 Je suis ravie d'accueillir son PDG Emmanuel Toulisse.
01:00 Bonjour.
01:01 Merci pour l'invitation.
01:02 Merci à toi.
01:03 Déjà, qui est David, qui est Guglielat ? Tu m'as fait la blague en rentraînement.
01:06 Mais bon.
01:07 Oui, ça dépend de quel point de vue on se place.
01:10 Mais bon, d'un point de vue business.
01:11 Bon écoute, est-ce que tu peux me dire Emmanuel, qu'est-ce qui se cache déjà un peu derrière
01:18 ce que j'ai dit opération, instruction de travail ?
01:21 Oui, tout à fait.
01:22 Piconto, c'est une solution SAS qui est à destination des industriels pour digitaliser
01:26 leur savoir-faire de production et de maintenance.
01:29 On a pour vocation de remplacer toutes les tonnes de papiers, les classeurs papiers qui
01:33 sont obligatoires dans les usines.
01:35 Quand on a une certification qualité, on doit mettre en place des procédures et des
01:38 modes opératoires pour décrire ces processus.
01:40 On remplace en fait tout ça en donnant une plateforme qui permet d'utiliser le multimédia,
01:45 l'interactivité pour que ces modes opératoires ne deviennent plus un centre de coût, mais
01:49 un réel centre de profit pour pouvoir former les opérateurs en autonomie et les assister
01:52 en fait au quotidien, dans les tâches de maintenance et dans les tâches de production.
01:56 On a suivi un peu la même chose que les recettes de cuisine.
02:00 Il y a 15 ans ou 20 ans, c'était du texte.
02:02 Il fallait déjà être un expert pour pouvoir faire des gâteaux.
02:04 Aujourd'hui, on a des équipements qui pèsent à notre place, qui vont nous guider pas à
02:08 pas.
02:09 On fait exactement la même chose avec les modes opératoires.
02:10 On vient juste se connecter aux machines, aux équipements en temps réel, rajouter
02:14 l'IA, rajouter toute la partie réalité mixte.
02:17 Donc, on arrive vraiment à guider pas à pas et à faire faire des tâches à des opérateurs
02:21 qui ne sont pas forcément formés, donc qui peuvent se former en autonomie.
02:23 Exemple de 2-3 tâches, par exemple ?
02:25 Alors, par exemple, ça peut être de la fabrication des avions chez Airbus, tout simplement.
02:30 Donc, toutes les aérostructures, par exemple, sont fabriquées avec PICOMTO.
02:32 Ça peut être pour la Marine nationale des tâches d'expertise à distance entre les
02:37 différentes bases, donc avec des checklists et avec l'utilisation de la télémaintenance,
02:40 qui est un module de PICOMTO.
02:42 Et ça peut être chez un très grand groupe chimique, des checklists de maintenance et
02:50 checklists de démarrage de production, tout simplement, donc de lignes complètes.
02:53 Est-ce que tu connaissais PICOMTO avant ?
02:55 Non, mais on vient juste de se présenter.
02:58 Les cas d'usage sont vraiment intéressants.
03:00 En fait, ce qu'on voit, c'est...
03:01 En fait, nous, on adresse d'un point de vue Ericsson l'aspect connectivité dans les
03:05 industries avec de la 5G, de la 4G.
03:07 Mais en fait, on voit aussi des expertises en termes d'intégration sur des verticaux.
03:12 Et derrière, en fait, cette plateforme qui permet de connecter les cas d'usage et avec
03:18 de la connectivité, je pense que c'est essentiel dans les industries pour apporter ces solutions
03:23 concrètes.
03:24 Franchement, c'est vraiment du concret.
03:27 Ça fonctionne, c'est en production et ça, c'est important.
03:29 Ce n'est pas des trials.
03:30 Tout à fait.
03:31 Ça fait 10 ans qu'on existe et maintenant, par exemple, Airbus, c'est plus de 4 années.
03:35 Mais on a aussi besoin de vous.
03:36 Alors nous, on vous connaît un peu puisqu'on utilise certains de vos produits avec votre
03:38 marque Cradle Point.
03:39 C'est Big qui nous a mis en relation.
03:41 Et pour nous, c'est très important puisque pendant des années, on a mis beaucoup d'argent
03:44 dans notre roadmap pour pouvoir permettre à nos clients de travailler en totale autonomie
03:48 et d'être déconnectés des réseaux.
03:49 Mais aujourd'hui, avec les usages modernes, on a parlé de l'intelligence artificielle
03:52 ou de la réalité mixte, on est obligé d'être connecté dans les usines.
03:55 Et si on veut une connexion outdoor/indoor qui soit efficace, il faut des produits, en
03:59 fait, pour nos clients qui permettent de le faire.
04:02 Donc ce partenariat avec Cradle Point sur la marine nationale, par exemple, permet du
04:06 coup d'amener cette connectivité un peu partout dans l'usine, à la fois à l'intérieur
04:11 et à l'extérieur, ce qui permet du coup d'élargir complètement les cas d'usage
04:14 qu'on traite avec Picomto.
04:15 Pour l'intelligence artificielle, on ne peut pas embarquer ça dans une tablette, il faut
04:18 des serveurs puissants et il faut à un moment donné un canal entre les deux.
04:20 Et c'est pour ça qu'on a besoin de vous.
04:23 Il y a un autre aspect, donc il y a la connectivité avancée, justement, pour transférer énormément
04:29 de données entre l'utilisateur et le Edge.
04:34 Mais il y a aussi l'aspect sécurité, il y a l'aspect d'être capable de livrer
04:38 le service quoi qu'il arrive, dans des situations, dans des contraintes industrielles.
04:42 Et c'est là où on apporte la 5G qui a été conçue pour ce type de cas d'usage.
04:47 Aujourd'hui, tout le monde veut un peu sa 5G privée dans les entreprises ?
04:51 Alors, les clients commencent à être conscients qu'avoir un réseau efficace et sécurisé,
04:57 c'est important.
04:58 Et aussi, le fait de pouvoir avoir de la 5G hybride, soit complètement privée, soit
05:04 hybride, et de pouvoir couvrir l'intérieur et l'extérieur pour parler français, c'est
05:10 quelque chose qui est quand même sans rupture, c'est quelque chose qui est assez avancé.
05:15 Donc l'idée vraiment intéressante pour eux, c'est d'amener cette connectivité
05:19 avec quelque chose de différent que le Wi-Fi qui est quand même assez limité aujourd'hui.
05:22 Tu confirmes ?
05:23 Je confirme.
05:24 En fait, il y a les cas d'usage, on voit les deux.
05:27 Il y a une notion de résilience, une notion de sécurité où c'est vraiment un réseau
05:31 privé ou un réseau hybride ou un réseau virtuel.
05:34 Il y a aussi une notion de temps pour apporter en fait la solution.
05:38 Avec une tranche hybride, on peut apporter cette connectivité très rapidement.
05:44 Quand les cas d'usage évoluent, on a besoin de situations plus extrêmes en termes de
05:48 connectivité.
05:49 À ce moment-là, on peut passer en réseau privé.
05:51 Donc pour moi, c'est vraiment complémentaire.
05:53 Je confirme ce que tu disais.
05:55 Il y a des nouveaux usages, nouveaux besoins de la part peut-être de vos clients qui émergent.
05:59 Oui, alors il y a une grosse tendance au fond sur les outillages connectés.
06:03 Par exemple, les visseuses connectées pour justement, encore une fois, diminuer le risque
06:08 d'erreur.
06:09 C'est-à-dire qu'on revient à ce qu'on disait sur les recettes de cuisine, c'est
06:12 de s'arrêter, enfin de pouvoir directement au fur et à mesure d'un déroulé opératoire,
06:15 on est en train de monter des pièces dans un avion, de serrer au couple avec le bon
06:18 couple, donc de pouvoir directement de l'instruction et de la tablette aller envoyer le couple
06:22 à la machine.
06:23 La machine va pouvoir serrer au couple et récolter de la part de la machine toutes
06:26 les données qui vont permettre de faire du rapport automatique, de l'amélioration continue,
06:30 mais aussi tout simplement du rapport pour pouvoir livrer la pièce finale.
06:34 Donc ça, c'est une grande tendance au fond.
06:35 Et l'intelligence artificielle aussi, nos clients aimeraient bien pouvoir avoir des
06:40 chatbots un peu partout qui les aident et qui font tout tout seul.
06:43 Restent les problèmes de sécurité, puisqu'on en a parlé, la cybersécurité, c'est très
06:47 important pour nous.
06:48 Aujourd'hui, quand on utilise chat GPT qui est à la mode, qu'est-ce qu'on fait des
06:52 données, qu'est-ce qu'on envoie comme données propriétaires du client dans, tout
06:55 simplement chez OpenAI.
06:57 Ça, c'est vraiment des aspects qui sont très importants et sur lesquels on n'a pas
07:01 encore beaucoup de choses qui existent en Europe et en France.
07:04 Donc il y a vraiment ce besoin important.
07:06 Je pense que les aspects privés aussi emmènent dans l'industrie des choses intéressantes.
07:10 Reste la limite de la sécurité, de ce qu'on va pouvoir faire réellement avec ces données.
07:15 Pareil sur l'IA.
07:17 Pour l'IA, je pense que l'usage de l'IA dans un secteur industriel, de faire tout
07:25 le processing au niveau de l'utilisateur, c'est hors de prix.
07:28 Il y a beaucoup trop d'informations à gérer, à processer.
07:32 Donc l'intérêt, c'est justement d'avoir cette connectivité et de faire le processing
07:35 au niveau de l'entreprise, au niveau de l'Edge.
07:38 L'IA, ce n'est pas nouveau.
07:40 Ça fait des années qu'on utilise de l'IA.
07:41 Ce qui est intéressant, c'est justement les large language model qui ont été, le
07:45 chat GPT, c'est une des variantes.
07:47 Ça, ça devient intéressant en termes d'assistant.
07:49 Le besoin en connectivité, les cas d'usage que vous apportez, c'est un effet démultiplicatif.
07:57 On pourra l'intégrer, vous allez l'intégrer j'imagine.
08:00 Oui, tout à fait.
08:01 La vision dont vous parlez, l'IA sur l'analyse d'image, existe déjà depuis longtemps.
08:06 Nous, ce qu'on a essayé d'amener aujourd'hui, c'est d'utiliser justement les modèles
08:09 modernes pour pouvoir les transposer dans les tablettes.
08:11 Ne plus avoir des équipements lourds avec des PC en Edge, comme tu le disais, en bord
08:15 de ligne avec des caméras fixes et des usages qui sont limités.
08:18 De ramener ça sur les tablettes, mais du coup, de déporter tous les calculs dans des
08:22 centres de data qui sont plus éloignés.
08:24 Et du coup, là, on a besoin de transmettre la data entre les deux de façon sécurisée
08:28 avec des flux importants.
08:29 Et on a besoin d'efficacité dans les communications.
08:32 Merci beaucoup, Eman Merk.
08:34 Merci à vous pour votre bienvenue dans l'émission.
08:37 Et tout de suite, on passe à la séquence en coulisses.
08:40 Alors, tu as commencé ta carrière comme ingénieur Télécom.
08:47 Oui.
08:48 Est-ce qu'un ingénieur, ça fait un bon DG ?
08:50 Est-ce qu'un ingénieur, ça fait un bon DG ? Au moins, un ingénieur comprend dans le
08:55 milieu de la high-tech, on va dire, les fondamentaux de ce que les équipes font.
08:59 Donc, ça aide.
09:00 Je pense qu'aussi un profil ingénieur, ça permet de comprendre les chiffres.
09:04 Quand on commence à regarder, on va dire un profit and loss, quand on regarde les résultats
09:10 d'exploitation, etc., je pense que ça aide d'avoir un background de chiffres.
09:14 Mais non, c'est loin d'être garantie qu'un ingénieur va devenir un bon DG.
09:18 Et après, il faut aller avoir un petit peu quand même la fibre commerciale un peu pour
09:22 compléter, avoir un profil ?
09:23 Je pense que pour compléter, il y a le côté humain.
09:27 Je pense qu'il y a quand même l'aspect, on va dire, de relation avec les équipes,
09:30 de gestion des équipes, on va dire de leadership.
09:33 Et puis après, il y a le côté aussi, on va dire, plutôt vendeur, capable d'expliquer
09:37 les fondamentaux.
09:38 Alors, avant de parler de ton expérience, Erickson, je vais rapidement parler de ton
09:44 passage dans la marine française, parce que c'est assez atypique quand même.
09:47 Comment est-ce que tu es atterri là-bas ?
09:49 Alors, en fait, pour revenir à l'école d'ingénieur, il y avait une passerelle en
09:53 sortant de l'école d'ingénieur où on pouvait passer.
09:56 Donc, j'ai passé quelques mois à l'école navale à Brest pour justement avoir un équivalent
10:01 avec un diplôme d'officier de navigation dans la marine nationale.
10:06 Après, j'ai signé un contrat court de deux ans.
10:08 Voilà, en sortant de l'école, j'ai eu un poste sur une frégate à Tahiti pendant
10:17 un an et demi.
10:18 Donc voilà, c'était très bien.
10:19 Dans le Pacifique.
10:20 Plutôt sympathique.
10:21 Et donc, il y a après plusieurs expériences, mais là, je voulais vraiment m'arrêter
10:26 sur ton rôle de dirigeant chez Erickson, qui date, alors tu as été nommé 8 juin
10:30 2023.
10:31 Oui, c'est un petit peu récent.
10:32 Oui, voilà.
10:33 Mais alors, est-ce que tu fais un peu la première chose, peut-être une des premières décisions
10:36 que tu as faites depuis que tu as été nommé ?
10:39 Alors, c'est effectivement très récent.
10:42 La première décision, c'est de changer la façon dont je communique avec les équipes.
10:48 Des choses très concrètes, par exemple, quand on rassemble les équipes dans une salle,
10:54 c'est de ne pas mettre un pied d'estale ou de ne pas mettre… Voilà, c'est de rester
10:59 à hauteur des équipes, d'être assez fluide dans le type de communication.
11:03 Ce qui me correspond, c'est la façon dont j'ai géré mes équipes dans le passé.
11:07 Voilà, c'est des choses concrètes, au jour le jour, d'avoir un style de communication
11:11 différent.
11:12 C'est quoi, ce style de communication ?
11:14 C'est direct, c'est franc, c'est bon.
11:16 Il y a des fois, il y a des nuances, mais ça reste assez au contact.
11:22 Voilà, c'est ce que j'espère, que j'essaie de transmettre avec mes équipes.
11:25 Il faut combien de temps pour qu'un DG qui arrive, qui prend un nouveau poste, soit
11:30 à l'aise ?
11:31 Je pense que dans tous les cas, si j'en juge par rapport à mes postes précédents,
11:38 il faut garder, il faut être toujours capable de se dire, il y a des choses que je ne connais
11:41 pas et il y a des choses qu'il faut que je continue d'apprendre.
11:44 Je pense pas qu'on arrive à un moment où on sait, ça c'est fait, je connais tout
11:48 le périmètre du poste.
11:49 En rentrant sur le poste, j'ai eu des personnes pour lesquelles j'ai travaillé dans le
11:55 passé avec Ericsson, où on a fait le point, où on s'est dit, et je me suis dit, voilà,
11:59 ces compétences, je les ai, ces compétences, je les ai pas.
12:03 Où aller chercher du support pour justement apprendre ? J'ai été assez aussi transparent,
12:09 il y a des sujets, pour le coup, financiers.
12:11 J'ai pas du tout l'horizon pour comprendre les détails.
12:14 J'ai des personnes qui m'aident au jour le jour pour m'expliquer, pour prendre le
12:17 temps et qui sont patients avec moi.
12:20 Il y a un comité de direction qui est là pour ça aussi.
12:22 Oui exactement, mais après il faut aussi avoir l'écoute et il faut être quand même
12:25 capable de se dire, voilà, je le sais pas, merci de me l'expliquer.
12:28 Alors tu couvres aussi pas que la France en fait.
12:31 Tu couvres la Belgique, le Luxembourg, l'Algérie, la Tunisie.
12:34 Alors est-ce que tu répartis ton temps entre tous ces pays ? Comment tu organises ça ?
12:39 Oui, alors, comme tout, pour le coup, c'est mon côté ingénieur.
12:44 Il y a un fichier Excel avec un objectif de répartition de mon temps entre les différents
12:50 pays, entre les différentes catégories de sujets.
12:53 A l'origine en fait, je m'étais dit, je passerais, j'avais en fait réparti mon temps
12:58 en fonction des pays.
12:59 J'y suis pas vraiment, mais l'idée c'est effectivement de passer du temps dans chaque
13:03 pays au contact avec mes équipes.
13:05 Et la Suède, parce que c'est quand même une entreprise suédoise.
13:10 Est-ce que d'ailleurs tu y vas souvent ? Et est-ce qu'il faut absolument s'imprégner
13:14 de la culture suédoise qui doit être, j'imagine, un peu différente, sans rentrer dans les
13:18 clichés bien sûr ?
13:19 C'est différent, c'est effectivement différent.
13:20 Pour le coup, j'y ai été lundi en Suède.
13:23 Je suis rentré mardi matin hier, j'étais en Belgique.
13:27 Pour revenir sur le partage de mon agenda, j'ai vécu en fait quatre ans avec ma famille
13:32 en Suède, pour, c'est en fin de temps le groupe Ericsson, pour, l'objectif c'était
13:38 de comprendre, bon, la culture suédoise, mais surtout la façon de penser du groupe
13:42 Ericsson, ce qu'on appelle la corporate culture, ce qui est très intéressant.
13:47 C'est vrai que ça permet de comprendre comment est-ce que les décisions sont prises, quelle
13:53 est la perspective au niveau groupe, où le temps de décision est beaucoup plus, on va
13:56 dire, long, puisqu'il revient sur le long terme, et aussi de nouer des relations essentielles
14:00 pour mon métier aujourd'hui.
14:03 Alors, j'ai l'impression qu'on ne trouve pas beaucoup d'interviews, de portraits de
14:08 toi ces dernières années, comparé à beaucoup de dirigeants qu'on a reçus ici sur ce plateau.
14:14 Alors, tu es plutôt un dirigeant discret, c'est fait exprès ?
14:16 Alors, déjà, il y a deux aspects.
14:20 Le premier aspect, c'est qu'en fait, j'ai passé la plupart de ma carrière aux US ou
14:23 en Suède, donc il faudrait aller regarder sur des médias américains.
14:28 Ça, c'est un.
14:29 Deux, ça ne m'intéresse pas forcément de mettre Christian Léon en avant, on va dire,
14:33 sur des sujets, parce qu'en fait, il y a énormément de sujets, ce n'est pas moi qui
14:37 fais ou qui ai les connaissances, ce sont les équipes derrière, donc ça m'intéresse
14:41 beaucoup plus de porter un sujet d'une personne qui a fait une différence ou d'une équipe.
14:45 C'est mon style de management.
14:47 Donc ça va rester ?
14:48 Ça ne va pas changer, non.
14:51 Est-ce qu'il faut être une personne, enfin, il faut être très branché tech ou pas quand
14:55 on a la tête d'une boîte télécom ?
14:57 Bon, alors après, connaissant mon profil, je pense que c'est essentiel de comprendre
15:06 les fondamentaux de ce qu'on construit et de la valeur qu'on a créée.
15:09 Au final, tu regardes le groupe Ericsson, c'est 100 000 personnes sur 5 000 personnes
15:14 avec à peu près 30 % des ingénieurs qui font de la R&D.
15:19 Si on ne comprend pas les fondamentaux de ce qu'ils font au jour le jour, de la valeur
15:24 qui est créée, des contraintes et des solutions, je pense que c'est difficile d'être crédible
15:31 vis-à-vis de nos partenaires, de nos clients et aussi en interne.
15:34 Est-ce que tu arrives encore à être émerveillé d'ailleurs par la tech en 2023 ?
15:38 La réponse est oui.
15:41 Alors déjà, avant juin, de par mon poste précédent, j'avais en charge toutes les
15:48 équipes technologiques sur l'Europe, l'Eurasie, l'Amérique latine, donc ça me permettait
15:51 d'avoir une équipe qui me donnait énormément d'infos.
15:54 Mais en fait, c'est de la curiosité et ça, je pense que, enfin, ça revient encore à
16:00 mon fichier Excel de répartition du temps, j'ai gardé, on va dire, une certaine quantité
16:07 d'heures pour continuer à m'informer et ça, c'est plus de la curiosité.
16:12 Par exemple, il y a un blog Ericsson qui est publié toutes les semaines avec des sujets
16:18 très high tech que je m'efforce de lire toutes les semaines et en général, je ne
16:22 comprends pas, donc j'appelle les gens pour essayer d'avoir un petit peu plus de comprens.
16:28 Alors, on a trouvé des photos de toi à Rome dans une salle d'escalade avec des collaborateurs.
16:35 Alors déjà, pourquoi l'escalade et après, pourquoi le faire avec ces collaborateurs?
16:39 Alors là, pour le coup, ça revient exactement à mon style de management.
16:42 Donc, ce sont mes équipes précédentes.
16:45 Rome, je crois que le sujet, c'est tous les chemins remènent à Rome.
16:48 Donc, c'est la première fois que je rencontrais mes équipes physiquement en présence, parce
16:56 que je suis arrivé pendant le Covid dans mon poste précédent, en janvier 2020.
16:59 Donc, je n'avais jamais vu mes équipes qui étaient à travers le monde.
17:02 Et donc, on s'est réunis pour la première fois à la fin du Covid à Rome.
17:07 Et donc, c'est la personne qui était dans mes équipes en charge de l'Italie et de
17:10 toute l'Eurasie qui a organisé l'événement.
17:12 Et un des thèmes, c'était de se dire, c'est juste à côté du Colosseum.
17:16 Un des thèmes, c'était de se dire, voilà, on va aller aussi visiter des musées, mais
17:23 regarder en fait de la culture.
17:25 Voilà, ça, c'était le thème à Rome.
17:27 À Paris, c'était la deuxième réunion d'équipe.
17:30 Là, c'est la personne en charge des équipes en France dans mon organisation, qui est un
17:35 sportif avéré, qui nous a dit, on va faire de l'escalade.
17:37 Je me suis dit, ben, pourquoi pas ? Et donc, moment très intéressant, parce qu'en fait,
17:45 il y a un, je crois qu'il était champion du monde d'escalade, qui est venu nous expliquer
17:49 sa façon de gérer les risques, sa façon de se préparer.
17:53 Et du coup, en fait, en équipe, on s'est aussi préparé, on a appris des techniques.
17:58 Voilà, donc c'était aussi une façon très concrète de créer du lire dans les équipes.
18:03 D'ailleurs, tu en fais, toi, du sport à côté, parce que, alors, pareil, pratiquement
18:06 tous les dirigeants qu'on reçoit sont des mordus de sport.
18:08 Ah, putain, oui, non.
18:10 Tu vas pas te dire non.
18:12 Oui, non, non, alors, bon, peut-être, d'un point de vue personnel, en fait, j'ai quatre
18:17 enfants qui sont toujours assez jeunes.
18:19 Donc, je passe énormément de temps avec ma famille.
18:22 En termes de sport, c'est plutôt de l'entretien, plus que, tu vas dire, des sports extrêmes.
18:26 Si j'ai le temps, j'aime bien faire des sports nautiques, voilà.
18:29 Et d'ailleurs, sur ce temps, comment on s'organise quand on est des G comme ça, d'une très
18:34 grosse boîte ?
18:35 On s'organise, il y a une chose importante, c'est quand je suis en famille, en général,
18:44 le téléphone n'est pas posé à côté de moi.
18:46 En général, il est posé quelque part dans la cuisine et il est en mute.
18:49 J'essaye de compartimenter.
18:52 Par contre, le contraire, c'est quand je travaille, je travaille.
18:54 Donc, voilà, j'essaie de prendre la plupart de mes week-ends.
18:58 C'est déjà très bien.
19:00 Et tu parlais des collaborateurs et tu faisais du sport.
19:03 Est-ce que tu es particulièrement proche ou pas des ingénieurs, des profils tech ?
19:09 Est-ce qu'il y a un lien un peu plus fort peut-être ?
19:11 Oui, alors après, le risque, c'est justement de créer une équipe à son image et de se
19:16 retrouver avec que des ingénieurs qui ont fait la marine nationale.
19:19 Pour le coup, ce n'est pas le cas.
19:21 Et ça, c'est quelque chose que j'ai appris quand j'étais aux US, dans mes carrières
19:29 précédentes.
19:30 En fait, j'avais des profils, je ne le savais pas, des profils de non-ingénieurs dans mes
19:36 équipes et je trouvais que c'était très intéressant, leur perspective, leur façon
19:39 d'apporter des sujets vraiment d'une façon différente de penser.
19:43 Et en fait, je me suis rendu compte qu'ils avaient un background différent.
19:47 Et là, je me suis rendu compte que c'est vraiment essentiel dans une cohésion d'équipe
19:52 d'avoir, on va dire, de la diversité, mais surtout en fait en termes de diplôme, d'études
19:57 ou alors de passé.
19:58 Voilà, pas juste des ingénieurs.
20:00 Là, le risque, c'est qu'on va tous réfléchir de la même façon, ce qui n'est pas forcément
20:03 la meilleure.
20:04 Alors, tu as fait une partie de ta carrière, tu disais aux Etats-Unis.
20:09 Est-ce que tu aimerais justement diriger peut-être une filiale peut-être américaine d'une
20:14 boîte française ou une boîte américaine ?
20:17 Est-ce que ça te plairait ?
20:18 Oui, mais ce n'est pas forcément.
20:20 Alors là, comme je viens de prendre mon poste en juin, ce n'est pas forcément la première
20:23 chose à laquelle je réfléchis, pour être honnête.
20:25 Après, on m'a souvent posé la question, on va dire, la façon de travailler aux USA,
20:33 la façon de travailler en Suède, la façon de travailler en France.
20:36 Alors, pour le coup, c'est différent.
20:37 Je pense qu'il n'y a pas de mieux ou de moins bien.
20:41 Enfin, voilà, il y a des points complètement différents.
20:43 C'est important de savoir s'ajuster, mais c'est aussi important de garder la personne
20:49 que je suis en termes de leader, en termes de DG.
20:53 Reste la même, mais avec des ajustements par rapport à la culture derrière.
20:57 Mais travailler dans un écosystème en France, aux USA, en Suède, ça m'avait énormément
21:02 plu.
21:03 Après, il y a des nuances.
21:04 Ce n'est pas le même management, ce n'est pas le même cristal.
21:08 Oui, enfin, après, on reste.
21:09 Je pense qu'il y a des fondamentaux restes.
21:11 Le style, on va dire, assez direct.
21:13 La transparence, ça ne change pas.
21:16 Alors, Éder, j'ai lu que tu pensais en anglais parce que ta femme est américaine.
21:22 Ah, zut, oui.
21:23 Eh oui.
21:24 Est-ce que tu parles anglais au bureau ou pas avec des collaborateurs ?
21:26 Oui, et puis déjà, à la maison, je parle en anglais.
21:30 Pour l'anecdote, dans un milieu professionnel, je pense en anglais et je traduis en français
21:40 si la conversation est en français.
21:43 Dans un milieu familial, je pense en français et après, c'est à voir si je traduis ou
21:49 pas.
21:50 D'accord.
21:51 Est-ce que tu penses d'ailleurs que l'anglais, ça ne devrait pas être la langue un petit
21:56 peu parlée par tous quand on est dans une multinationale ?
21:59 Est-ce qu'on doit encore parler français ?
22:00 Alors, déjà, je pense qu'il y a une nuance.
22:04 C'est qu'en fait, l'anglais qu'on utilise dans un contexte, on va dire, multinational,
22:09 business, ce n'est plus de l'anglais.
22:10 C'est du English business.
22:11 Donc, il y a énormément de termes, ce n'est plus de l'anglais, ce n'est plus de l'américain.
22:15 C'est vraiment assez spécifique.
22:18 Ça permet de se comprendre, ça fonctionne relativement bien.
22:22 Après, quand on travaille en France, on parle 80 % du temps en français, ce qui est normal.
22:27 Est-ce que tu t'es là fixé des objectifs ? Ça fait quelques mois que tu fais des
22:33 G, tu as des objectifs peut-être pour aller la première année sur un fichier Excel ?
22:37 Non, ce n'est pas écrit.
22:40 Oui, c'est en fait quelque chose que j'ai écrit.
22:44 C'est en fait avec ma chef.
22:47 On s'est mis d'accord.
22:48 Voilà les objectifs sur les 12 prochains mois.
22:53 Il y a les objectifs en termes de chiffre d'affaires, etc.
22:57 Mais en termes de changer la culture, d'adapter la culture dans mes équipes, sur les géographies.
23:05 Et ça, c'est avec des choses concrètes sur les 12 prochains mois.
23:08 Et est-ce qu'on peut changer justement la culture d'une très grosse boîte ? Est-ce
23:13 que ça ne doit pas se faire d'ailleurs dès le début ? Après, c'est compliqué de la
23:16 changer.
23:17 Ça se fait, mais ça prend un temps.
23:18 On ne change pas la culture sur un mois, sur un an.
23:21 C'est typiquement des cibles de au moins cinq ans.
23:23 Ça se fait.
23:24 Pour le coup, là, je parle de chez Ericsson, on a ajusté certains points de notre culture
23:32 sur les cinq dernières années.
23:33 Et c'est en cours.
23:35 Et on voit en fait le progrès, mais c'est dans le temps long.
23:39 Ce n'est pas quelque chose qu'il faut continuellement travailler.
23:44 Et ça se fait.
23:46 Alors tu as dit à plusieurs reprises le mot franc.
23:49 J'ai remarqué, est-ce qu'un DG, ça peut toujours être franc ?
23:52 Je pense que c'est important de créer une relation de confiance avec ses équipes.
23:57 Donc si on est toujours dans la nuance, sans être clair, je pense qu'on ne peut pas créer
24:02 des relations de confiance.
24:03 Il y a des choses, il y a des fois, on ne peut pas le dire.
24:05 On peut aussi dire qu'on ne peut pas le dire.
24:08 Il y a des fois, il faut savoir dire, c'est une information que je ne peux pas partager
24:12 ou c'est une information que je n'ai pas.
24:15 Après, donner un temps, une explication.
24:18 Mais par défaut, si on peut, je pense que c'est essentiel d'être franc.
24:22 Et sur la transparence aussi, tu as pas mal répété.
24:25 Oui, c'est la même notion.
24:26 Est-ce qu'il y est lié ? Est-ce qu'on peut être transparent à un moment pour tout ?
24:30 Est-ce qu'il y a une limite quand même à la transparence quand on est dans un très grand groupe ?
24:35 Alors après, en interne, c'est essentiel de ne pas perdre du temps à essayer de comprendre les nuances.
24:41 Je pense que c'est surtout vu la longueur des journées et la charge de travail.
24:46 Je pense que c'est important d'être assez direct.
24:49 C'est un aspect professionnel.
24:53 Il faut rester sur des choses, mettre des nuances si nécessaire, mais en restant transparent.
24:58 Encore une fois, si on perd la relation de confiance,
25:01 à ce moment-là, c'est très difficile d'avoir des cohésions d'équipe,
25:05 d'avoir des équipes qui travaillent tous dans le même but.
25:09 Ça ne fait pas longtemps que tu es là-bas, mais est-ce que tu as déjà un super souvenir ?
25:13 On sait que c'est quelques mois d'Eriksson en France.
25:18 Est-ce que j'ai un super souvenir d'Eriksson en France ?
25:20 On a fait une première réunion d'équipe pour souder les équipes.
25:24 C'était en Champagne, au mois de juillet.
25:26 C'est un super souvenir.
25:27 C'est magnifique la Champagne.
25:29 Je n'y avais jamais été.
25:30 Tu fais Tahiti, la Champagne, je vois que voilà.
25:32 Oui, enfin, un peu plus proche quand même la Champagne.
25:38 Merci beaucoup déjà d'avoir répondu à toutes ces questions sur ta vie.
25:43 Et puis, on va pouvoir passer à la séquence, l'interview chrono.
25:47 Chrono.
25:48 Je ne sais pas si tu le sais, mais tu portes le même nom.
25:55 Tu as un homonyme qui est un champion de moto.
25:58 Est-ce que tu fais de la moto ?
25:59 Pas du tout. Dans les années 70, oui, on en a parlé.
26:03 Est-ce que tu utilises ça de GPT ?
26:05 Non.
26:06 Pas du tout ?
26:06 Ni au travail, ni dans la vie ?
26:07 Non, pour l'instant, je ne m'en sers pas.
26:09 Je pense qu'il y aura des cas d'usage,
26:10 surtout en termes d'assistant personnel.
26:12 Pour l'instant, non.
26:14 Est-ce que tu parles une autre langue que l'anglais ?
26:17 Malheureusement, non.
26:18 J'ai appris en fait de l'allemand.
26:19 Je parlais relativement bien en allemand, mais j'ai tout perdu.
26:22 Voilà, c'est triste, mais c'est le cas.
26:24 Tu es un peu dans la connectivité 5G.
26:26 Tu es plutôt allé travailler sur téléphone, PC, tablette.
26:29 Tu as tout.
26:30 Plutôt PC.
26:33 Après, en téléphone, parce qu'en termes de mobilité,
26:37 mais le plus possible sur PC.
26:40 Est-ce que tu peux me citer une entrepreneuse
26:41 ou une dirigeante française que tu apprécies, qui t'inspire ?
26:45 Une française ?
26:46 Oui.
26:46 Alors là, j'en ai plein de côté américain, qui parle français.
26:50 Allez, dis-le.
26:51 Allez, c'est une personne pour laquelle j'ai travaillé
26:54 quand j'étais aux USA avec Eric Zohn,
26:57 qui est maintenant chez un groupe qui s'appelle Verizon.
27:00 C'est un opérateur de télécom aux USA.
27:02 Elle s'appelle Rima Kreshi.
27:04 Elle est d'origine québécoise.
27:06 C'est vraiment une personne que je respecte énormément
27:09 et qui a une carrière vraiment impressionnante.
27:12 Alors, est-ce que tu es plutôt bureau ou alors télétravail ?
27:17 C'est un vrai sujet dans mes équipes.
27:19 Alors, en fait, pendant plusieurs années,
27:21 j'étais plutôt télétravail parce que, de par mon poste précédent,
27:24 maintenant, c'est plutôt bureau.
27:26 Ça permet aussi de rencontrer mes propres équipes.
27:29 Mais je pense que la balance entre les deux est intéressante.
27:33 Mais il faut passer du temps au bureau,
27:34 parce qu'il faut passer quand même du temps pour se voir.
27:36 Et l'application que tu utilises le plus ?
27:39 Teams.
27:40 D'un point de vue professionnel.
27:42 D'un point de vue personnel, pas forcément.
27:46 C'est plutôt WhatsApp ou des choses comme ça.
27:48 Et alors, tu es plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
27:52 LinkedIn.
27:53 Je n'ai pas TikTok et je n'ai pas Instagram.
27:57 C'est réglé.
27:58 Écoute, merci beaucoup, Christian, d'avoir joué le jeu
28:01 et d'être venu répondre à toutes nos questions.
28:04 Merci à vous d'avoir regardé cette émission
28:06 et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine
28:08 pour un nouveau numéro.
28:10 Au revoir.
28:11 [Musique]