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Anne Fulda reçoit Bertrand de Saint Vincent pour son livre «Une certaine désinvolture» dans #HDLivres

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00:00 Bienvenue à l'heure des livres Bertrand de Saint-Vincent.
00:03 Alors, on vous connaît, vous êtes journaliste au Figaro, vous êtes écrivain aussi,
00:08 vous avez publié une biographie de Jacques Laurent il y a quelques années, en 1995,
00:14 et d'autres livres, et là vous venez de publier une certaine désinvolture aux éditions du Rocher,
00:21 un livre qui rassemble 19 nouvelles et récits,
00:25 et qui sont tous écrits d'une très jolie plume ciselée, acérée, dénuée d'un humour doux-amère.
00:35 Et ce titre, justement, "Une certaine désinvolture", qui vous va comme un gant,
00:40 est-ce que ce n'est pas une manière de masquer une forme de pudeur ou de timidité,
00:45 cette désinvolture qui vous va bien, comme terme ?
00:49 C'est un état naturel, on va dire, une forme de distance, de détachement par rapport à soi-même,
00:59 par rapport aux autres, et avec un regard un petit peu amusé sur les choses et les êtres,
01:07 qui en cette période un petit peu lourde et grave me semble une nécessité vitale.
01:15 Vous écrivez d'ailleurs joliment "Je promenais ma désinvolture",
01:19 enfin vous, c'est l'écho de votre nouvelle, "comme une écharpe de soie, j'aimais jouer l'indifférence".
01:24 Ça c'est dans une première nouvelle qui s'appelle "Un jeune écrivain prometteur".
01:29 On a envie de vous demander, est-ce qu'il y a quelque chose d'autobiographique,
01:33 parce que vous avez une très belle plume, vous avez écrit des récits, des nouvelles,
01:37 mais vous exercez surtout votre art dans les journaux.
01:41 - Oui, il y a forcément quelque chose de personnel, mais après rien n'est autobiographique.
01:47 Oui, il y a une petite fêlure qu'on a, il est évident que je n'ai pas une œuvre colossale.
01:55 - Il n'est pas trop tard.
01:56 - Mais il n'est pas trop tard, et puis j'ai bien aimé écrire dans les journaux,
01:59 et j'ai bien aimé écrire ces nouvelles.
02:02 Ce qui me motive c'est le style, l'écriture et la manière d'écrire,
02:07 qui est pour moi, en essayant de rester léger,
02:12 tout en montrant qu'on peut être profond avec une certaine légèreté.
02:17 - Avec une certaine légèreté et un goût assez prononcé pour la fréquentation des heureux du monde.
02:23 On a envie de dire, parce qu'on va de la Riviera au cataracte à Aswan,
02:30 on passe par un défilé Chanel, on voit des princesses, Kate Middleton,
02:34 mais aussi Marilyn, qui était la physionomiste des nuits parisiennes.
02:40 C'est un choix.
02:43 D'ailleurs, un critique a écrit incontestablement
02:47 "L'imaginaire de Saint-Vincent flâne du côté ensoleillé du monde,
02:50 peu de transfuges de classe acharnées avangent leur race, pas davantage leur sexe".
02:55 Lecteur, Dany Arnault, amateur de cette littérature contemporaine de la déploration,
03:00 passez votre chemin.
03:01 Effectivement, ce n'est pas votre genre de beauté.
03:03 - J'aime bien les heureux du monde parce qu'en apparence, ils ont tout.
03:07 C'est à partir de ce moment-là qu'ils commencent à m'intéresser.
03:10 C'est parce qu'ils ont tout et s'aperçoivent que finalement,
03:13 il leur manque toujours quelque chose.
03:15 Et c'est là où je trouve que ça devient intéressant.
03:17 Tandis que celui qui n'a rien, c'est facile.
03:19 Il rêve de puissance, de gloire, de beauté, d'argent.
03:23 Tandis que là, ils ont cette faille.
03:26 Et c'est à ce moment-là que j'aime bien les prendre par la main
03:30 et faire un bout de chemin avec eux.
03:32 - Alors, il y a aussi, on voit en filigrane, vos goûts littéraires.
03:35 Alors, il y a évidemment Blondin.
03:37 Blondin, pour qui vous avez une tendresse particulière,
03:40 vous lui consacrez un chapitre qui s'appelle "Une vie à la hussarde", bien sûr.
03:44 Vous-même, vous pensez que vous avez quelque chose d'un hussard ?
03:47 - Un hussard fatigué, un hussard détaché.
03:51 Oui, j'aime bien Blondin.
03:53 J'aime bien cette manière de cacher, de masquer un désespoir assez profond
04:01 sous une fantaisie permanente.
04:04 Il y a une sorte d'élégance.
04:07 Moi, j'aime bien, par exemple, quelqu'un dont je parle, comme Françoise Hardy.
04:12 C'est quelqu'un qui avait tout quand elle a commencé, au début des années 60,
04:16 et qui, malgré tout, chantait des chansons tristes.
04:20 Donc, j'aime bien cette forme d'élégance qu'il y a à être triste quand on a tout.
04:24 - Il y a une autre Françoise aussi que vous aimez bien, c'est Françoise Sagan,
04:27 qui apparaît à plusieurs reprises, que vous dites à un moment.
04:30 Sa gauche était jaguar, quand vous parlez de sa générosité.
04:34 Il y a Sagan, il y a Nourricier aussi, Fitzgerald.
04:37 Ce sont des...
04:39 - Voilà, disons, entre Sagan et Fitzgerald, je me sens très bien.
04:44 - Oui, vous êtes à l'aise.
04:46 - S'il y avait un endroit où siéger, Sagan, c'était elle-même qui le disait.
04:50 Elle rêvait que tout le monde roule en jaguar.
04:52 Et c'est un rêve que je comprends.
04:55 Fitzgerald, c'est la fêlure, bien sûr.
04:58 C'est cette manière, justement, d'approcher les...
05:01 Lui aussi, naviguer au milieu des beautiful people.
05:05 - Et dernière question, aucun écrivain contemporain vivant
05:09 qui pourrait figurer dans le livre de votre ami Frédéric Becbédé,
05:14 son "Dictionnaire amoureux des écrivains contemporains" ?
05:18 - Oui, aucun.
05:20 - Vous, vous n'avez aucun écrivain vivant que vous êtes apprécié ?
05:23 - Ah si, moi...
05:25 - Aujourd'hui ? - Patrick Modiano, j'aime bien Modiano.
05:29 - Cette mélancolie élégante.
05:32 - Voilà, cette mélancolie.
05:34 - En tout cas, vraiment, je vous conseille de lire "Une certaine désaventure".
05:37 C'est donc paru aux éditions du Rocher.
05:39 C'est une très belle plume, très belle écriture.
05:42 C'est signé Bertrand de Saint-Vincent. Merci beaucoup.
05:44 - Merci beaucoup, Anne.
05:47 Sous-titrage Société Radio-Canada
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